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Full text of "L'Astronomie : revue mensuelle d'astronomie populaire, de météorologie, de physique du globe et de photographie céleste"

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L'ASTRONOMIE. 


ŒUVRES  DE  CAMILLE  FLAMMAWON 


OUVBAOR    COURORNt    PAR   L'ACADtMII    FRANÇAISB 

ASTRONOMIE  POPULAIRE 

Exposition  des  grandes  découvertes  de  l'Astronomie  moderne;  1  vol.  gr.  in-8*,  illustré 
de  360  figures,  planches  et  chromolithographies,  boixante-dixiéme  mille.  12  fr. 

LES  ÉTOILES  ET  LES  CURIOSITÉS  DU  CIEL 

Supplément  de  l'  «  Astronomie  populaire  » 

Description  complète  du  Ciel,  étoile  par  étoile,  constellations,  instruments,  Catalogues,  etc. 
1  vol.  gr.  in-8%  illustré  de  400  figures,  cartes  et  chromolithographies.  Quarantième  mille.  10  fr. 

LES  TERRES  DU  CIEL 

Voyage  sur  les  planètes  de  notre  système  et  description  des  conditions  actuelles  de  la  vie 

à  leur  surface.  1  vol.  grand  in-8*, 

illustré  de  photographies  célestes,  vues  télescopiques,  400  figures.  QuaraTt/iéme  mille.  10  fr. 

LA  PLURALITÉ  DES  MONDES  HABITÉS 

Au  point  de  vue  de  l'Astronomie,  de  la  Physiologie  et  de  la  Philosophie  naturelle. 

32«  édition,  l  vol.  in-12.  3  fr.  50 

Le  même  ouvrage,  édition  bijou  :  4  fr. 


LES  MONDES  IMAGINAIRES  ET  LES  MONDES  RÉELS 

Revue  des  théories  humaines  sur  les  habitants  des  astres. 
20*  édition.  1  vol.  in-12.  3  fir.  àO. 


HISTOIRE  DU  CIEL 

Histoire  populaire  de  TAstronomie  et  des  différents  systèmes  imaginés  pour  expliquer  l'Univers 
4«  édition.  1  vol.  gr.  in-S,  illustré.  9  fr. 

RÉCITS  DE  L'INFINI 

Lumen.  —  Histoire  d'une  &me.  -^  Histoire  d'une  comète.  —  La  vie  universelle  et  éternelle. 
10*  édition,  i  vol.  in-i2.  3  fr.  50. 


DIEU  DANS  LA  NATURE 

Ou  le  Spiritualisme  et  le  Matérialisme  devant  la  Science  moderne. 
20*  édition.  1  fort  vol.  in- 12,  avec  le  portrait  de  l'auteur.  4  fr. 

CONTEMPLATIONS  SCIENTIFIQUES 

Nouvelles  études  de  la  Nature  et  exposition  des  œuvres  éminentes  de  la  Science  contemporaine 

4«  édition.  1  vol.  in-12.  3  fr.  50. 


VOYAGES  AÉRIENS 

s  scientifiques  en  b{ 
1  vol.  in-12.  3  fr.  50. 


Journal  de  bord  de  douze  voyages  scientifiques  en  ballon,  avec  plans  topographiques. 

'      *.  in-12.  3  fr.  "^ 


LES  DERNIERS  JOURS  D'UN  PHILOSOPHE 

PAR  SIR  HUMPHRY  DAVY 
Ouvrage  traduit  de  l'anglais  et  annoté,  i  vol.  in-12.  3  fr.  50. 


ÉTUDES  SUR  L'ASTRONOMIE 

contemporaine,  recherches 
9  vol.  in-i2.  Le  vol.  2  fr.  50. 


Découvertes  de  l'Astronomie  contemporaine,  recherches  personnelles  de  l'auteur,  etc. 

"  M.  m  "*  ' 


ASTRONOMIE  SIDÉRALE:  LES  ÉTOILES  DOUBLES 

iples  en  mouvement,  contenant  les 
des  mouvements.  1  vol.  gr.  in-8.  8  fr. 


Catalogue  des  étoiles  multiples  en  mouvement,  contenant  les  observations  et  l'analyse 
des  '      '         '    " 


LES  MERVEILLES  CÉLESTES 

la  jeunesse.  89  s 
1  vol.  ln-12.  2  r 


Lectures  du  soir  à  l'usage  de  la  jeunesse.  89  grav.  et  3  cartes  célestes  (38*  mille). 
*      •  ■     --«  iTr.'ih. 


PETITE  ASTRONOMIE  DESCRIPTIVE 

Pour  les  enfants,  adaptée  aux  besoins  do  l'enseignement  par  C.  Delon.  100  flg.  i  fr.  25. 

GRANDE  CARTE  CÉLESTE 

Contenant  toutes  les  étoiles  visibles  à  l'œil  nu,  étoiles  doubles,  nébuleuses,  amas,  etc. 
Grand  format  :  l'",20  sur  0-,90.  Prix  .  6  fr.,  collée  sur  toile  :  12  fr . 

GLOBE  DE  MARS 

Construit  d'après  les  dernières  observations.  Prix  :  4fr.  ;  franco,  5  tr. 


REVUE 


D'ASTRONOMIE 

POPULAIRE, 

DE  MÉTÉOROLOGIE  ET  DE  PHYSIQUE  DU  GLOBE, 


LES    PROGRES    DE    LA    SCIENCE    PENDANT    L   ANNEE; 
PUBLIÉE   PAR 

CAMILLE  FLAMMARION, 

AVEC   LE   COKCOUSS  DBS   PRINCIPAUX   ASTRONOMES   FRANÇAIS   ET    ETRANGERS 


QUATRIÈME  ANNÉE,  1885, 

Illustrée  de  IGO  flgures. 


PARIS, 

6AUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DE    l'observatoire    DE    PARIS, 
Quai  des  Augustins,  55. 

1"  Jauvior  1886. 


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La  Revue  parait  mensuellement,  par  fascicules  de  40  pages,  le  1"'  de  chaque  Mois. 
Elle  est  publiée  en  volume  &  la  fia  de  chaque  année. 


Prix  de  l'abonnement  : 

Paris  :  12  fr.  —  Départements  :  18  fr.  —  Étranger  :  14  fr. 

(  L'abonnement  ne  se  prend  que  pour  un  an,  à  partir  du  !•'  janvier.; 

Prix  du  Numéro  :  1  Ar.  80  c.  chez  tous  les  Libraires  • 

Prix  des  années  parues  : 

Tome  I.  1882  (10  N"  avec  135  figures).  —  Broché  :  10  fr.  Relié  avec  luxe  :  14  fr 

Tome  II.  1883  (12  N"  avec  172  figures).  —  Broché  :  12  fr.  Relié  avec  luxe  :  16  fr. 

ToMEllI.1884  (12  N"  avec  172  figures).  —  Broché  :  12  fr.  Relié  avec  luxe  :  16  fr. 

Tome  IV.  1885  (12  N"  avec  160  figures).  —  Broché  :  12  fp.  Relié  avec  luxe  :  16  fr. 

Un  cartonnage  spécial,  pour  relier  tous  les  volumes  uniformément,  est  mis  à  la  disposition  des 
abonnés,  au  prix  de  2''-,  50. 


4"  Année. 


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N»  1. 


nvier  1885. 


REVUE  MENSUELLE 

D'ASTRONOMIE  POPULAIRE 

DE  MÉTÉOROLOGIE  ET  DE  PHYSIQUE  DU  GLOBE, 

DOlClfANT    LB    TABLEAU   PBBMANBNT    DBS   DiCOUVBBTBS   BT    DBS    PROGRilS   RtALXSâft 
DANS    LA    CONNAISSAlfCB    DB    L'UNIVBRS 

PUBLIEE    PAR 

CAMILLE  FLAMMARION, 

AVBC  LB  CONCOURS  DBS 

PRINCIPAUX  ASTRONOMES  FRANÇAIS  ET  ÉTRANGERS 


CE  NUMÉRO  REMPLACE 
L'ALMANACH  ASTRONOMIQUE  FLAMMARION 

QUI  A  CESSÉ  DE  PARAITRE. 

Il  contient  VAnnusAve  astronomique  pour  Tannée  1885,  l'Agenda  des  observateurs 
pour  tous  les  jours  de  l'année,  les  cartes  des  mouvements  des  planètes, les  aspects 
du  ciel,  occultations  d'étoiles  par  la  Lune,  conjonctions,  rapprochements,  étoiles 
variables,  etc.,  en  un  mot  tout  ce  qui  concerne  Tétudo  pratique  du  ciel. 


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PARIS- 

GAUTHIER-YILLARS,  IMPRIHEUR-LIBRAIRË 

DE    l'observatoire    DE    PARIS, 
Quai  des  Augustins,  55. 


1885 


SOMMAIRE  DD  N»  i   (JANVIER  4885). 

Annuaire  astronomique  pour  l'année  1886,  par  M.  C.  Flammarion  (10  flgures).  —  L.*éclipse 
de  Lune  du  4  octobre,  résultats  des  observations  (2 flgures).  —  Nouvelles  delà  Science. 
Variétés  :Lo tremblement  de  terre  du  27  novembre.  Ombres  observées  sur  le  Soleil,  par  M.  Lan- 
DEhER  (1  figure).  Phénomène  observé  sur  uue  tache  solaire.  Tué  par  un  aérolithe.  La  direction 
des  ballons.  —  Observations  astronomiques,  par  M.  £.  Vimont  (2  figures). 


ARTICLES  SOUS  PRESSE 

POUR  ÊTRE  PUBLIÉS  DANS  LES  PROCHAINS  NUMÉROS  DE  LA  REVUE. 

AMAT.  -^  Construction  des  cadrans  solaires. 

BBAUVAL.  et  GALLY.  —  Eclipses  de  Soleil  et  de  Lune  qui  arriveront  de  Tan  1886 
àranSOOO. 

DETAILLE.  —  L'Astronomie  des  anciens  Eeryptlens. 

ERICSON.  ~  Nouvelle  mesure  de  la  température  du  Soleil. 

FENET.  —  Amas  d'étoiles  et  nébuleuses. 

FLAMMARION.  —  Le  premier  méridien  et  l*heure  universelle.  —  Orisrine  des  constel- 
lations. —  L'Univers  antérieur.  —  Le  point  fixe  dans  l'Univers.  —  Les  mouvements 
propres  des  étoiles.  —  L'origine  et  la  lin  des  mondes. 

GÉRIONT.  —  L'hypothèse  de  Laplace.  —  Les  Instruments  méridiens. 

MATUIESEN  (colonel).  —  Les  marées  et  le  mouvement  de  la  Terre. 

MOUCHEZ  (amiral).  —  L'Observatoire  de  Paris  en  1884. 

Prince  PONIATINN.  —  Archéologie  astronomique. 

ROSSI  DE  GlUSTINIANI.  —  L'Astronomie  des  anciens  philosophes  grecs. 

VAN  SANDTGK*  —  L'Astronomie  chez  les  Javanais. 

VIMONT.  ^  Instructions  pour  l'usage  des  instruments. 

yoUNG.  —  Les  problèmes  actuels  de  l'Astronomie. 


PRINCIPAUX  ARTICLES  PUBLIÉS  DANS.LA  REVUE. 

A.  D'ABBADIE,  de  l'Institut.  —  Choix  d'un  premier  méridien. 

ARAGO  (V.).  —  Le  soleil  de  Minuit. 

BERTRAND  (J.),  de  l'Institut.  —Le  satellite  de  Vénus. 

BOâ  (A.  De),  astronome  à  Anvers.  —  L'Etoile  polaire. 

DAUBRÉÎE,  Directeur  de  l'Ecole  des  mines.  —  Les  pierres  tombées  du  Ciel. 

DENNING  (A.),  astronome  &  Bristol. —Observations  télescoplqaes  de  Jupiter,  de  Vénus, 
de  Mercure. 

DENZA  (P.),  Directeur  de  l'Observatoire  de  Moncalieri.  —  Chute  d'un  uranolithe  en  Italie. 

DETAILLE,  astronome.  —  L'atmosphère  de  Vénus.  —  Nouvelles  mesures  des  anneaux 
de  Saturne.  —  Les  tremblements  de  terre. 

FATE,  Président  du  Bureau  des  Longitudes.  —  Nouvelle  théorie  du  SoleU.  —  Distribution 
des  taches  solaires.  —  Mouvements  lents  du  sol  en  Suisse.  —La  formation  du  sys- 
tème solaire. 

FLAMMARION-  —  Les  carrières  astronomiques  en  France.  —  Conditions  d'habita- 
bilité de  la  planète  Mars.  —  Constitution  physique  des  comètes.  —  Une  genèse  dans 
le  Ciel.  —  Comment  on  mesure  la  distance  du  soleil.  —  Les  étoiles,  soleils  de  rinflni.  — 
D'où  viennent  les  pierres  qui  tombent  du  Ciel  ?  —  Les  étoiles  doubles.  —  Chute  d'un 
corps  au  centre  de  la  terre.  —  La  conquête  des  airs  et  le  centenaire  de  Montgolfler.  — 
Les  grandes  marées  au  Mont  Saint-Michel.  —Phénomènes  météorologiques  obser- 
vés en  ballon.  —  Une  excursion  météorologique  sur  la  planète  Mars.  —  Les  flam- 
mes du  Soleil.  —  Les  illuminations  crépusculaires  et  le  cataclysme  de  Krakatoa.  — 
La  planète  transneptunienne.  —  L'étoile  du  Berger.  —  L'histoire  de  la  Terre.  —  Les 
victimes  de  la  foudre. 

FOREL  (le  Professeur).  —  Les  tremblements  de  terre. 

GAZAN  (Colonel).  —  Les  taches  du  soleil. 

GâRIGNT,  a.stronome.  —  Comment  la  lune  se  meut  dans  l'espace.  —  Ralentissement  du 
mouvement  de  la  Terre.  —  La  formation  du  système  solaire.  —  Etudes  sélénographi- 
ques.  —  L'èquatorial  coudé  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  L'héliométre.  —  La  nais- 
sance de  la  Lune. 

HENRT,  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  Découvertes  nouvelles  sur  Uranus. 

HERSCHEL  (A.-S.).—  Chute  d'un  uranolithe  en  Angleterre. 

HIRN,  correspondant  de  Tlnstitut.  —  Conservation  de  l'énergie  solaire.  —  Phénomènes 
produits  sur  les  bolides  par  l'atmosphère.  —  La  température  du  Soleil. 

HOUZEAU,  Directeur  de  l'Observatoire  de  Bruxelles.  —  Le  satellite  de  Vénus. 

HUGGIN8,  de  la  Société  royale  de  Londres.  —  Les  environs  du  Soleil. 

JAMIN,  de  rinstitut.  —  Qu'est-ce  que  la  rosée? 

JANSSEN,de  l'Institut,  directeur  de  l'Observatoire  de  Meudon.  —  La  photographie  céleste.  — 
Résultats  de  l'écUpse  de  SoleU  du  6  Mai  1883.  "     ^         «  «»i«. 

LEMAIRE-TESTB,  de  l'Observatoire  de  Rio-Janeiro.  —  Choix  d'un  premier  méridien. 

LEPAUTE.  —  Quelle  heure  est-il?  —  Le  temps  vrai,  le  temps  moyen  et  les  cadrans 
solaires.  —  La  chaleur  solaire  et  ses  applications  industrielles. 

LESSEPS  (de).  —  Les  vagues  sous-marines. 

MOUCHEZ  (amiral),  directeur  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  Travaux  actuels  de  l'Observa 
toire  de  Paris.—  L^Observatoire  du  Pic  du  Midi.-  Création  d'une  succursale  de  l'Ob- 
servatoire. 

MOUREAUX  (Th.),  météorologiste  au  Bureau  central.  —  Les  inondations. 

PARMENTIER  (général).  —  Distribution  des  petites  planètes  dans  l'espace. 

PERROTIN,  directeur  de  TObservatoi  re  de  Nice. — La  comète  de  Pons.  »  La  planète  Uranus 

PROCTOR,  astronome  à  Londres.  —  Le  Vésuve  et  ISCHIA. 

RICCd,  astronome  à  l'Observatoire  de  Palerme.  —  La  grande  comète  de  1882.—  La  tache 

rouge  de  Jupiter.  —  Les  taches  du  SolelL 
ROCHE  (J.),  correspondant  de  l'Institut.  —Constitution  intérieure  du  globe  terrestre  — 

Variations  périodiques  de  la  température  pendant  le  cours  de  l'année. 


.N 141885 


ANNUAIRE  ASTRONOMIQUE  POUR  1885. 

Un  jour,  vers  la  fin  d'un  dîner  offert  à  quelques-uns  de  ses  amis  par  un 
membre  de  rAcadémie  française,  dîner  plus  exquis  encore  par  le  caractère 
intellectuel  des  convives  que  par  la  succulence  des  mets  et  l'élégance  artis- 
tique de  la  table  (je  ne  voulais  pourtant  pas  nommer  M.  Legouvé},  un  littéra- 
teur distingué,  également  académicien,  fit  à  un  astronome  subitement  ébahi 
cette  question  inattendue  :  «  Mais  à  quoi  ça  sert-il,  l'Astronomie?  » 

Le  dieu  Vulcain  précipité  du  haut  du  ciel  avec  son  enclume,  dans  une 
chute  qui,  selon  le  rapport  d'Hésiode,  n'aurait  pas  employé  moins  de  neuf 
jours  et  neuf  nuits  pour  franchir  la  distance  du  Ciel  à  la  Terre,  ne  tomba 
pas  de  plus  haut  que  l'astronome  abasourdi.  Seulement,  ici,  la  chute  ne 
dura  guère  que  neuf  secondes.  —  On  en  était  au  café. 

«  En  prenez- vous?  répliqua- 1- il. 

—  Mais  sans  doute. 

—  Eh  bien,  sans  l'Astronomie,  vous  n'en  prendriez  probablement  pas. 

—  Vous  croyez? 

—  J'en  suis  sûr.  Quel  jour  est-ce  aujourd'hui? 

—  Lundi,  7  mai,  assurément. 

—  Eh  bien,  sans  l'Astronomie,  nous  ne  saurions  pas  à  quelle  date  nous 
sommes.  Quelle  heure  est-il  ? 

—  Huit  heures  quarante. 

—  Sans  l'Astronomie,  nous  ne  saurions  pas  régler  nos  pendules.  Avez-vous 
pris  du  Champagne? 

—  Quelle  question! 

—  Le  Champagne,  c'est  du  soleil  en  bouteille.  Savez-vous  qu'il  faut  3060 
degrés  accumulés  par  le  Soleil  sur  une  grappe  de  raisin  pour  donner  du 
vin  potable? 

Janvier  1885.  f 


2  L'ASTUONOiMlE. 

Puis  Tastronome  se  mit  à  expliquer  le  rôle  multiple  et  considérable  que  sa 
science  de  prédilection  remplit  dans  l'ensemble  des  connaissances  humaines. 
A  propos  du  café,  il  rappela  que,  s'il  est  entré  dans  nos  mœurs,  c'est 
parce  que,  dès  le  principe,  il  put  être  transporté  à  des  prix  populaires,  et 
que  c'est  à  l'observation  des  éclipses  des  satellites  de  Jupiter  que  la  naviga- 
tion dut  de  pouvoir  calculer  exactement  la  route  des  navires  par  la  détermi- 
nation des  longitudes  en  mer.  Cette  remarque  fut  pour  lui  l'occasion  de 
rappeler  en  même  temps  que  la  navigation  tout  entière  elle-même  n'exis- 
terait pas  sans  l'Astronomie,  et  que,  sans  elle  également,  le  calendrier,  base 
de  l'histoire,  n'existerait  pas  davantage.  Il  conclut  en  montrant,  au  surplus, 
que,  sans  l'Astronomie,  nous  ne  saurions  même  pas  où  nous  sommes^  sur  quoi 
nous  marchons,  quel  lieu  nous  occupons  dans  l'univers  inlBni,  et  serions 
dans  la  situation  des  voyageurs  qui  voyagent  sans  cartes,  ne  savent  jamais 
où  ils  sont,  et  perdent  ainsi  plus  de  la  moitié  du  plaisir  des  voyages.  Enfin  il 
ajouta  que  si  nous  ne  connaissions  vraiment  ni  la  nature -calorifique  du  Soleil 
ni  la  position  de  notre  planète  dans  le  système  solaire,  ni  la  cause  des  saisons, 
des  années,  des  jours  et  des  nuits,  nous  serions  comparables  à  des  aveugles- 
nés  ou  à  des  plantes  et  n'aurions  sur  la  création  que  des  idées  obscures, 
étroites,  inexactes  et  imparfaites.  On  s'accorda  à  reconnaître  que  l'Astronomie 
nous  touche  beaucoup  plus  intimement  qu'on  ne  le  croit  en  général,  que 
non-seulement  elle  est  la  première  des  Sciences,  mais  encore  que  sa  connais- 
sance, au  moins  élémentaire,  est  indispensable  à  toute  instruction  qui  veut 
être  sérieuse,  complète,  intégrale,  rationnelle. 

On  n'aime  jamais  s'avouer  vaincu,  et  le  spirituel  littérateur  qui  avait  pro- 
voqué cette  discussion  souriait  d'un  air  sceptique. 

€  Mais  mon  cher,  ajouta  l'éminent  académicien,  qui  semblait  avoir  pris  un 
intérêt  particulier  à  la  tournure  de  la  conversation,  c'est  justement  ce  que 
disait  Jean  Reynaud.  »  Ce  nom  estimé  et  vénéré  par  nous  tous  sembla 
une  affirmation  sans  réplique,  et  l'on  se  leva  de  table  pour  se  rendre  au 
billard. 

Certes,  ce  n'est  point  par  un  de  nos  lecteurs  que  la  question  précédente 
aurait  pu  être  posée  ;  nous  n'en  voulons  pour  preuve  que  leur  attachement 
toujours  grandissant  à  cette  Revue  qu'ils  ont  fondée  avec  nous,  et  qu'ils 
soutiennent  de  leur  affection  en  la  répandant  de  plus  en  plus  parmi  leurs 
amis  moins  avancés  dans  la  connaissance  de  la  vérité.  Ils  apprécient  tous 
aussi  bien  que  nous  l'intérêt  perpétuel  qui  s'attache  à  l'étude  de  l'univers,  et 
ils  ont  éprouvé  comme  nous  le  charme  pénétrant  de  ces  excursions  dans  le 
domaine  de  l'infini,  d'où  l'on  revient  toujours  plus  éclairé,  plus  instruit,  plus 
immatériel  et  meilleur. 

Peut-être  l'astronome  auquel  nous  faisions  allusion  tout  à  l'heure  eût-il 


ANNUAIRE  ASTRONOMIQUE  POUR  1885.  3 

été  plus  embarrassé  si  Ton  eût  posé  la  question  en  ces  termes  :  L'Astronomie 
est-elle  plus  agréable  qu'utile  ou  plus  utile  qu'agréable? 

En  efTet,  ici  même,  toutes  nos  excursions  ne  se  ressemblent  pas.  Selon 
l'ancien  adage  latin,  elles  mêlent  en  général  l'utile  à  l'agréable.  Quelquefois 
cependant  c'est  «  l'utile  »  qui  l'emporte  sur  «  l'agréable  »,  à  ce  point  môme 
que  cette  dernière  qualité  doit  s'effacer  complètement  pour  céder  la  place  aux 
exigences  de  la  première.  C'est  ce  qui  arrive  précisément  pour  ce  premier 
numéro  de  l'année,  dans  lequel  il  nous  a  paru  opportun  d'exposer  l'ensemble 
des  faits  astronomiques  qui  doivent  caractériser  l'année  présente.  Chacun 
dès  lors  aura  entre  les  mains  le  tableau  du  ciel  et  vivra,  sans  môme  s'en 
apercevoir,  en  familiarité  perpétuelle  avec  les  aspects  célestes,  comme  le 
citoyen  dans  sa  patrie,  comme  l'habitant  dans  sa  propre  demeure. 

Un  grand  nombre  de  nos  lecteurs  nous  ayant  représenté  que  VAlmanach 
astronomique  Flammarion^  fondé,  l'année  dernière,  par  M.  Eugène  Vimont,  fai- 
sait double  emploi  avec  la  Re\)ue^  et  ayant  manifesté  le  vœu  de  posséder,  dans 
le  numéro  du  !•' janvier  de  chaque  année,  un  exposé  général  des  principaux 
faits  astronomiques  spéciaux  à  l'année  qui  s'ouvre,  ainsi  qu'un  résumé  du 
bilan  astronomique  de  l'année  qui  se  ferme,  il  a  été  décidé  que  l'Almanach 
ne  continuerait  pas  de  paraître,  et  que  le  double  desideratum  auquel  sa  publi- 
cation répondait  serait  réalisé  dans  la  Revue.  M.  Vimont  a  bien  voulu  con- 
sentir à  la  cessation  d'un  ouvrage  qui  lui  était  cher  ;  nous  sommes  heureux 
de  le  remercier  publiquement  ici  de  ce  rare  désintéressement.  Nous  ferons 
nos  efforts  pour  que  les  lecteurs  de  la  Revue  trouvent  désormais  ici  tous  les 
documents  qui  peuvent  leur  être  utiles  ou  agréables  pour  l'étude  du  ciel,  et 
nous  recevrons  avec  reconnaissance  les  remarques  qui  pourraient  nous  être 
adressées  sur  les  lacunes  qui  resteraient  encore  à  combler. 

Exposons  d'abord  l'ensemble  des  faits  qui  caractériseront  l'année  dans 
laquelle  nous  entrons,  et  sur  lesquels  l'attention  des  observateurs  doit  être 
appelée.  Nous  réserverons  les  détails  pour  nos  éphémérides  mensuelles. 

PRINCIPAUX  FAITS  ASTRONOMIQUES  DE  L* ANNÉE  1885. 
\  SOLEIL. 

Le  Soleil  vient  de  traverser  la  période  de  son  maximum  de  taches.  Ce 
maximum  est  certainement  passé  en  ce  moment,  et  dès  le  mois  prochain  nos 
lecteurs  pourront  se  rendre  compte  directement  eux-mêmes  des  fluctuations 
de  l'activité  solaire  durant  le  cours  de  l'année  1884.  Les  taches  comme  les 
explosions  ont  commencé  à  diminuer  en  nombre  et  en  grandeur.  L'étude  de 
la  surface  solaire  n'en  est  peut-être  que  plus  intéressante  encore  à  continuer 


4  L'ASTRONOMIE. 

cette  année,  afin  de  saisir  les  alternances  d'activité^  les  chutes  et  les  retours 
qui  se  produiront.  C'est  comme  une  pulsation  dont  on  étudie  les  symptômes. 
La  période  de  décroissance  de  la  fièvre  est  commencée.  Selon  toute  proba- 
bilité, la  diminution  sera  lente  et  troublée  ;  tandis  que  l'intervalle  de  l'accrois- 
sement s'estétendu  depuis  janvier  1879  {Astronomie,  1884,  p.  139  et  170)  jus- 
qu'en 1884  (nous  connaîtrons  bientôt  l'époque  précise  du  maximum),  c'est- 
à-dire  sur  une  longueur  de  cinq  années  et  quelques  mois,  la  période  de 
décroissance  va  demander  sept  ou  huit  ans,  de  sorte  que  le  prochain  mini- 
mum ne  se  produira  que  vers  1891.  Malgré  les  comparaisons  si  fréquentes 
faites,  aujourd'hui  que  l'attention  de  tous  les  observateurs  est  appelée  sur  ces 
phénomènes,  on  ne  voit  pas  encore  que  ces  fluctuations  de  l'activité  solaire 
agissent  incontestablement  sur  les  allures  de  l'atmosphère  terrestre,  sur  l'état 
météorologique  du  globe.  Mais  il  est  absolument  certain  que  les  variations 
du  magnétisme  terrestre  sont  intimement  liées  avec  celles  de  l'état  physique 
du  Soleil. 

LUNE. 

Le  nombre  des  observateurs  attentifs  et  persévérants  de  la  topographie 
lunaire  s'accroît  fort  heureusement  de  jour  en  jour.  Ce  n'est  que  par  un 
examen  très  scrupuleux  des  moindres  détails  observés  sous  les  différentes 
inclinaisons  de  l'éclairement  solaire  que  l'on  peut  espérer  surprendre  des 
témoignages  de  variation  minéralogique,  chimique  ou  végétale,  et  peut-être 
même  des  témoignages  de  vie  animale.  Tout  ce  que  Ton  écrit  pour  nier  caté- 
goriquement l'existence  d'êtres  vivants  à  la  surface  de  notre  satellite  est 
dénué  de  valeur  scientifique.  Si  rien  ne  prouve  que  la  Lune  soit  actuellement 
habitée,  rien  ne  prouve  non  plus  qu'elle  ne  le  soit  pas.  Il  n'est  nullement 
démontré  que  le  fond  de  ses  vallées  soit  dépourvu  d'atmosphère.  D'après  les 
analogies,  il  semble  que  notre  voisine  soit  arrivée  à  un  âge  relativement  plus 
avancé  que  la  Terre,  et  que  la  vie  y  soit  peut-être  déjà  éteinte.  Mais  les  con- 
ditions physiques  qui  caractérisent  ce  monde  sont  tellement  différentes  de 
celles  qui  caractérisent  le  nôtre,  qu'il  n'est  ni  scientifique  ni  philosophique 
de  s'en  tenir  à  une  étroite  analogie.  Ce  que  nous  devons  désirer  de  mieux  à 
l'heure  présente,  ce  ne  sont  pas  des  paroles  affirmatives  ou  négatives,  mais 
des  actes  ;  et  nous  ne  pouvons  qu'engager  très  vivement  tous  ceux  qui  ont  un 
télescope  ou  une  lunette  à  leur  disposition,  à  choisir  un  point  quelconque 
de  la  Lune,  à  lire  tout  ce  qui  a  été  obtenu  jusqu'à  ce  jour  dans  l'étude  de  ce 
point,  à  s'y  cantonner  et  à  l'observer  avec  toute  l'attention  et  toute  la  rigueur 
possibles.  De  petites  lunettes  peuvent  servir  —  à  condition  qu'il  y  ait  un 
bon  œil  au  bout  —  mieux  que  de  puissants  télescopes  mis  à  la  disposition 
d'observateurs  indifiérents. 


ANNUAIRE  ASTRONOMIQUE  POUR  1885.  5 

ÉCLIPSES. 

Il  y  aura,  en  1885,  deux  éclipses  de  Soleil  et  deux  de  Lune.  Les  deux 
éclipses  de  Soleil  seront  invisibles  pour  la  France;  mais  les  deux  éclipses  de 
Lune  seront  partiellement  visibles,  —  toutefois,  encore  plutôt  en  théorie 
qu'en  pratique. 

La  première  éclipse  de  Soleil  est  une  éclipse  annulaire  et  arrivera  le 
16  mars,  de  3*»26"  à  8*'23"  du  soir.  Le  Soleil,  qui  se  couche,  à  cette  date,  à 
6**  5™  pour  Paris,  sera  par  conséquent  au-dessus  de  notre  horizon  pendant 
une  partie  de  l'éclipsé  ;  mais  l'ombre  de  la  Lune  tombe  sur  l'Amérique  septen- 
trionale et  la  ligne  de  centralité  marche  de  l'Océan  pacifique  au  Groenland; 
la  limite  boréale  de  l'ombre  atteint  même  le  pôle  nord. 

La  deuxième  éclipse  de  Soleil  est  une  éclipse  totale.  Elle  arrivera  le  8  sep- 
tembre, de  6^45"  à  11*»  17°  du  matin,  et,  quoique  le  Soleil  trône  alors  égale- 
ment au-dessus  de  notre  horizon,  sera,  comme  la  précédente,  invisible  pour 
la  France.  L'ombre  de  la  Lune  tombe,  au  contraire  de  la  précédente,  vers  le 
pôle  austral.  La  ligne  de  Téclipse  centrale  commence  non  loin  des  rives  orien- 
tales de  l'Australie,  passe  sur  la  Nouvelle-Zélande  et  va  finir  près  du  pôle  sud. 

Les  deux  éclipses  de  Lune  sont  partielles.  La  première  s'effectuera  le 
30  mars,  dans  l'après-midi  : 

Entrée  dans  la  pénombre l^'SO"  du  soir. 

Entrée  dans  l'ombre 3    8  » 

Milieu  de  Téclipse 4  44  » 

Sortie  de  l'ombre 6  19  » 

Sortie  de  la  pénombre 7  28  » 

A  Paris,  la  Lune  se  lève  ce  jour-là  à  6*» 28™,  de  sorte  que  l'on  ne  pourra 
même  pas  apercevoir  la  sortie  de  l'ombre.  On  remarquera  seulement,  au 
lever  de  la  Lune,  que  le  disque  lunaire  paraîtra  légèrement  assombri  vere  la 
droite.  —  Au  milieu  de  la  totalité,  la  grandeur  de  l'éclipsé  sera  de  0,88,  le 
diamètre  de  la  Lune  étant  un.  Les  contrées  les  mieux  situées  pour  l'obser- 
vation sont  la  Chine,  le  Japon,  Sumatra,  la  Nouvelle-Guinée,  l'Australie. 

La  seconde  éclipse  de  Lune  aura  lieu  le  24  septembre  : 

Entrée  dans  la  pénombre S*»  11"  du  matin. 

Entrée  dans  Tombre 6  24  » 

Milieu  de  Téclipse 7  58  » 

Sortie  de  l'ombre 9  31  :» 

Sortie  de  la  pénombre 10  44  » 

Ce  jour-là,  la  Lune  se  couche,  à  Paris,  à  5**45"*,  avant  l'entrée  dans  l'ombre; 
autrement  dit,  pratiquement,  on  ne  verra  rien  de  l'éclipsé.  Les  pays  les 
mieux  placés  pour  l'observation  sont  Panama,  Guatemala,  le  Mexique,  la  Cali- 
fornie et  l'Est  des  États-Unis.  La  grandeur  de  Téclipse  sera  de  0,78,  le  dia- 
mètre de  la  Lune  étant  un. 


6  L'ASTRONOMIE. 

GRANDES   MARÉES. 

On  sait  que,  dans  nos  régions,  les  grandes  marées  arrivent  un  jour  et  demi 
après  la  nouvelle  et  la  pleine  Lune.  Leur  grandeur  varie  selon  les  distances 
de  la  Lune  et  du  Soleil  et  selon  leur  position  dans  le  cisl.  Les  plus  fortes 
marées  de  l'année  seront  celles  des  9  septembre  (1,08),  11  août  (1,07), 
!•'  février  (1,06),  2  janvier  et  2  mars  (  1,05).  Les  chiffres  entre  parenthèses 
sont  ceux  par  lesquels  il  faut  multiplier  Tunité  de  hauteur  des  ports  pour 
obtenir  la  hauteur  effective  de  la  marée,  en  mètres,  au-dessus  du  niveau 
moyen  de  la  mer.  Ainsi,  au  port  deSaint-Malo,  par  exemple,  l'unité  de  hauteur 
est  5",  68.  Le  10  septembre,  la  marée  s'élèvera  donc  dans  ce  port  jusqu'à 
6™,  13,  c'est-à-dire  qu'il  n'y  aura  pas  moins  de  12",  26  de  différence  entre  la 
basse  mer  et  la  haute  mer.  A  Gran ville  et  dans  la  baie  du  Mont  Saint-Michel, 
la  différence  est  encore  plus  grande.  Ce  sont  les  dates  précédentes  qu'il  faut 
choisir  pour  aller  observer  à  Caudebec  le  phénomène  si  émouvant  du  mas- 
caret, où  l'on  voit  la  Seine  entière,  chassée  par  le  flot  de  mer,  remonter  son 
cours  avec  la  vitesse  du  galop  d'un  cheval,  et,  au  Mont  Saint-Michel,  l'arrivée 
et  le  départ  de  la  mer  dans  l'immense  estuaire  qu'elle  inonde  et  découvre 
deux  fois  par  jour. 

OCCULTATIONS   d'ÉTOILES   PAR    LA   LUNE. 

Dans  le  cours  de  l'année  la  Lune  passera  près  ou  devant  plusieurs  astres 
remarquables. 

Le  1"  décembre,  elle  occultera  la  planète  Uramis.  Immersion  de  la  planète 
derrière  notre  satellite,  à  5^10"  du  matin;  émersion  à  6'» 23". 

Le  2  septembre  et  le  22  novembre,  elle  passera  devant  l'étoile  Aldéharan, 
de  première  grandeur.  A  la  première  date,  le  passage  de  l'étoile  derrière  le 
disque  lunaire  aura  lieu  de  l'»30™  à  2*» 2"  du  matin,  et  à  la  seconde  date,  de 
9''57'"  à  IPS™  du  soir.  Il  n'est  pas  très  rare  que  la  Lune  passe  devant  cette 
brillante  étoile  rouge  du  Taureau,  et  l'on  a  souvent  remarqué  qu'au  moment 
de  l'immersion,  l'étoile  paraît  entrer  dans  lïntérieur  du  disque  lunaire  ou 
être  vue  au  travers.  Ce  phénomène,  qui  avait  d'abord  été  attribué  à  la  réfrac- 
lion  d'une  atmosphère  lunaire,  paraît  être  plutôt  un  effet  optique  causé  par 
la  couleur  de  l'étoile  et  la  réfrangibilité  de  ses  rayons. 

Le  22  février,  la  Lune  passera  tout  près  de  la  môme  étoile,  et  Ton  verra 
plus  loin  que,  d'après  les  calculs  de  M.  Blot,  elle  l'occultera  môme  pour  les 
observateurs  des  bords  de  la  Manche. 

Il  n'y  aura  pas  d'occultations  d'étoiles  de  2**  ou  3*  grandeur,  mais  il  y  en 
aura  plusieurs  de  quatrième  et  de  cinquième.  On  les  trouvera  sur  notre 
agenda,  et  l'on  aura  dans  nos  éphémérides  mensuelles  les  indications  rela- 
tives aux  circonstances  des  occultations  et  les  figures  des  principales. 


ANNUAIRE  ASTRONOMIQUE  POUR  1885.  7 

Il  arrive  souvent,  dans  la  vie  de  chaque  observateur,  ou  môme,  sous  une 
forme  plus  générale,  dans  celle  de  tout  amateur  d'Astronomie,  que,  par  une 
belle  soirée  de  ciel  pur,  on  se  demande  ce  qu'il  peut  y  avoir  d'intéressant  à 
voir  au  ciel  au  moment  précis  où  Ton  y  pense.  Les  jours  ou  les  semaines 
qui  ont  précédé  cette  aspiration  ont  été  interdits  aux  observations,  le  ciel 
était  couvert,  ou  des  affaires  plus  pressantes  nous  en  ont  empochés.  Ne  pour- 
rait-on pas  posséder  un  tableau  chronologique,  un  calendrier,  un  agenda 
quotidien,  où  chaque  jour,  du  premier  coup  d'œil,  on  pût  se  rendre  compte 
de  Tétat  des  choses  célestes?  Sans  doute,  nos  exposés  mensuels  indiquent 
ponctuellement  les  curiosités  astronomiques  spéciales  à  chaque  mois  ;  mais 
elles  ne  sont  pas  inscrites  dans  Tordre  des  jours  et  comprennent  de  nombreux 
détails  dans  lesquels  le  fait  principal  peut  se  trouver  noyé.  Nous  avons 
pensé  que  ce  serait  répondre  à  un  besoin  devenu  très  général  que  de  rédiger 
une  sorte  d'AoENDA  quotidien  contenant  jour  par  jour  les  faits  astronomiques 
de  nature  à  être  observés  par  tous  les  amateurs.  Simple  et  concis,  cet  agenda 
facilitera  notre  «  commerce  intellectuel  »  avec  le  ciel.  En  le  consultant,  on 
se  rendra  compte  à  première  vue  de  la  marche  du  monde  astronomique 
auquel  nous  nous  intéressons. 

On  y  trouvera  :  les  phases  de  la  Lune,  ainsi  que  les  dates  des  apogées  et 
périgées,  les  éclipses  de  Soleil  et  de  Lune,  les  occultations  d'étoiles  par  la 
Lune,  de  la  l"à  la  5*  grandeur  inclusivement  (pour  les  points  de  contact  et  les 
circonstances,  se  reporter  aux  éphémérides  de  chaque  mois);  les  rapproche- 
ments remarquables  et  conjonctions  des  planètes  entre  elles  ou  avec  la  Lune, 
le  Soleil  et  les  étoiles  ;  les  maxima  et  minima  des  étoiles  variables  faciles  à 
observer  (Algol,  quand  le  minimum  arrive  avantminuit),  oBaleine,  x  Cygne, 
R  Hydre,  X  Sagittaire  ;  les  positions,  périhélies,  aphélies,  oppositions  et  plus 
grandes  élongations  des  planètes  ;  les  distances  et  diamètres  du  Soleil  à  l'a- 
phélie et  au  périhélie;  les  plus  grandes  marées,  etc.,  etc. 

La  colonne  concernant  chaque  mois  donne  également  Vétat  du  ciel  étoile 
et  la  situation  des  principales  constellations.  Il  eût  été  démesurément  long 
d'entrer  dans  les  détails  des  curiosités  du  ciel  accessibles  aux  observations 
de  chaque  mois  et  qui  forment  l'objet  d'un  volume  tout  entier  qui  leur  est 
exclusivement  consacré  {les  Etoiles  et  les  Curiosités  du  Ciel),  et  cet  abrégé  suffit 
pour  permettre  de  se  rendre  compte  à  première  vue  de  ce  qu'il  y  a  d'inté- 
ressant à  observer  au  ciel.  Enfin,  on  a  eu  soin  d'indiquer,  comme  complé- 
ment indispensable,  quelles  sont  les  planètes  qui  sont  visibles  et  en  position 
favorable  pour  les  observations.  Nous  avons  fait  nos  efforts  pour  réduire  à 
son  minimum  la  place  typographique  nécessaire  à  l'impression  de  cet 
agenda. 


AGENDA  ASTRONOMIQUE  POUR  1885. 


1. 
2. 
3. 


4.    D 


JANVIER 

Grande  maréo. 

Occultation  de  «  Cancer  (  4*  gr-  )  de  7*  i  1  •• 

à  8*>5"  du  matin;  Ç  en  conjonction 

inférieure  avec  Q. 
^  en  conjonction  avec  C-  Après  minuit, 

à  IS  ZT  à4»2'  au  nord. 


5. 

L 

6. 

M 

7. 

M 

8. 

J 

9. 

V 

10. 

S 

11. 

D 

12 

X  L 

13. 

M 

9  en  conjonction  avec  C-  A.  O"*  soir  Ç 
4*8'  au  sud. 
14.   M   Ç  en  conjonction  avec  C-  A  2''  soir 
5  2*1' au  sud.  Minimum  d' Algol  :ll*l". 


Cf  en  conjonction  avec  C-  A  minuit,  cf  à 
5*42'  au  sud. 

Minimum  d^Âlgol  à7*'jO".  ç  conjonc- 
tion avec  (i  Sagittaire. 


;&'  passe  tout  près  de  l'étoile  p  Lion. 


$  en  conjonction  avec  Ç-  A  10''  matin 
$  à  1*6'  au  nord. 

ï)  en  conjonction  avec  C«  Après  mi- 
nuit, à  î**,  î)  à  3*27'.  $  plus  grande 
élongation  24*51'  0. 

Maximum  de  e  Baleine  (Mira  Ceti). 
Occultation  de  X  Gémeaux  (4*  gr.)  de 
2^37- à  S»» Sb-  du  matin. 


Ciel  étoile. 

Persée.  Cocher.  Andromède. 
Petite  Ourse.  Cophée.  Cassiopéc.  Dra- 
gon. 
Est....    Lion.   Cancer.    Gémeaux.    —    Grande 

Ourse  au  N.-E. 
Sud....    Orion.   Taureau.   Pléiades.   Bélier.   — 

Sirius  au  S.-E. 
Ouest...    Poissons.  Pégase.   Baleine.   —  Cygne 
au  S.-W. 

Planél^s. 
Jupiter,  dans  le  Lion,  à  l'est  de  Régulus. 
Saturne,  dans  le  Taureau,  au-dessous  de  ^. 
Vénus,  étoile  du  matin. 
Mercure,  le  matin  :  26  janvier. 


15. 

J 

#16. 

V 

17. 

S 

18. 

D 

19. 

L 

20. 

M 

21. 

M 

22. 

J 

23. 

V 

î)24. 

S 

25. 

D 

26. 

L 

27.' 

M 

28  «M 

29. 

J 

©30. 

V 

31. 

S 

Zénith . 

Nord. 

1.   D 


2.    L 


FEVRIER 

Très  grande  marée.  —  ^  en  conionc- 
tion  avec  C-  A  7*'  matin  ^  à  4*  9'  au 
nord. 

Occultation  de  d  Lion  (5*  gr.)  de  8** 8"* 
à  9'' S"  du  soir. 


Minimum  d'AlgoI  à  9i>33" 


Minimum  d'Algol  à  6h22">. 

ç  en  conjonction  avec  9-  A  minuit, 
$  à  0*44'  au  sud.  cf  en  conjonction 
avec  O- 

$  aphélie. 

$  et  9  ôQ  conjonction  avec  C-  A  10^ 
matin,  9  &  5*9'  et  $  à  6«  au  sud. 

cT  en  conjonction  avec  £,.  A  4'»  matin 
Cf  à4«30'au  sud. 


^  en  opposition  avec  Q. 
Occultation  de  38  Bélier,  de  7*45-  à 
8»» 26-  du  soir. 

La  Lune  passe  tout  cont  e  Aldcbaran 
1)  en  conjonction  avec  C-  A  S*»  matin 
I)  &3*44'  au  nord. 


Minimum  d'Algol  à  il>'15-. 
Occultation  de  «  Cancer  j4«  gr.)  de  4'*  15- 

à  b^Q'^  du  matin  et  de  o  Lion  (4«  gr.) 

de  8»» 33-  a  8'' 47-  du  soir. 
28.    S    ZT  en  conjonction  avec  C-  A  midi  ^  à 

4«27'  au  nord.  —  cT  périhélie 

ael  étoile. 

Zénith.    Cocher.  Gémeaux.  Taureau.  Persée. 

Nord...    Petite  Ourse.  Céphée.  Dragon. 

Est ....    Vierge.  Lion.  Cancer.  —  Grande  Ourse 

au  N.-E. 
Sud ....    Grand  Chien.  Orion.  —  Hydre  au  S.-E. 
Ouest..    Andromède.  Pégase.  Bélier.  Poissons. 

Planètes. 

Jupiter,  dans  le  Lion,  à  l'est  de  Régulus. 
Saturne,  dans  le  Taureau,  entre  «  et  p. 
Uranus,  dans  la  Vierge,  contigu  à  i). 


3. 

M 

4. 

M 

5. 

J 

a  6. 

V 

7. 

S 

8. 

D 

9  ( 

tL 

10. 

M 

11. 

M 

12. 

J 

13. 

V 

14. 

S 

#15. 

B 

16. 

L 

17. 

M 

18. 

M 

19. 

J 

20. 

V 

21. 

S 

D22. 

D 

23. 

L 

24. 

M 

25irM 

26. 

J 

27. 

V 

©  -  Soleil. 
C  ---  Lune. 
ç  =-  Mercure. 
9  :-  Vénus. 
Cf  =  Mars. 


ABÛÉVIATIONS. 

2r  =  Jupiter. 
î)  =  Saturne. 
0  =  Uranus. 
§  =  Neptune. 
0  =  Nouvelle  lune. 


®  =  Pleine  lune. 

D  —  Premier  quartier. 

@  —  Dernier  quartier. 

tt  =  Lune  apogée. 

•R  =  Lune  périgée. 


AGENDA  ASTRONOMIQUE  POUR  1885. 


MARS 

Minimum  d*Algol  à  S'' 4". 
Grande  marée. 


9  aphélie. 

Occultation  de  o  Balance  (4,5fgr.)  ii>l" 

à  2^12"  matin,  $  en  conjonction  avec 

cr,àt-3'Budà2fc80ir. 


Occultation  de  p*  Sagittaire  (4«  gr.  ),  de 
5*29- à  6^49- matin. 

$  en  conjonction  supérieure  avec  O- 

V  passe  près  de  Régulus. 

Eclipse  annulaire  de  soleil,  de  3i>26"  à 

8"* 23"  du  soir.  Invisible  en  France. 

cT  en  conjonction  avec  C  à  2»  32' à 

G**  matin. 

17.  M   ç  en  conjonction  avec  C-  A  \>  matin, 

Ç  à  1»37'  au  sud. 

18.  M 

19.  J 

20.  Y  Soleil  à  l'équinoxe,  à  lO*»  matin.  Com- 

mencement du  printemps  astronomi- 
que. 

21.  S    $  en  opposition  avec  O.   Minimum 
d'Algol:  9»«46-. 

I)  en  conjonction  avec  C-  A  4''  soir, 
I>  à  3*56' au  nord. 


©  1. 

D 

2. 

L 

3. 

M 

4. 

M 

5. 

J 

6. 

V 

7. 

S 

C    8. 

D 

9« 

L 

10. 

M 

11. 

M 

12. 

J 

13. 

V 

14. 

S 

15. 

D 

•  16. 

L 

22.   D 


3>  23<L 
24.  M 
2b.   M 

26.  J 

27.  V 


Minimum  d'Algol  à  6*35-. 


m:  en  conjonction  avec  C-  A  3*  soir, 
V  à  4*40' au  nord. 
28.    S    9  en  conjonction  avec  cT.  Après  mi- 
nuit, &  3*  matin  9  à  0*36'  au  sud.  — 
$  périhélie. 


29.   D 
<S30.    L 

31.   M 


Eclipse  partielle  de  lune,  de  1*59-  à 
7'' 28-  du  soir.  Lever  £  à  6*28». 


Ciel  étoUé. 

Zénith.    Grande  Ourse.  Gémeaux.  Cocher. 

Nord...    Petite  Ourse.  Céphée.  Cassiopée. 

Est ... .    Vierge.  Chevelure.  Lion.  —  Dragon  au 

N.-E. 
Sud ....    Hydre.  Navire.  Licorne.  Petit  Chien. 
Ouest..    Taureau.   Bélier.   —  Orion  au  S.-W. 

Cassiopée  au  N.-\V. 

Planètes 

Jupiter,  dans  le  Lion,  contigu  à  Régulus. 
Saturne,  dans  le  Taureau,  entre  a  et  p. 
Uranus,  dans  la  Vierge,  à  l'ouest  de  ij. 


AVRIL 


1.  M 

2.  J 

3.  V 

4.  S 

5.  D 
6a  L 

e   7.  M 

8.  M 

9.  J 

10.  V 

11.  S 

12.  D 

13.  L 

14.  M 


$  à  sa  plus  grande  élongation  orien- 
tale: 19»  15'.    • 

Minimum  d'Algol  à  11*28">. 


•  15.  M 

16.  J 

17.  V 

18  t:  S 

19.  D 

20.  L 

:d2i.  M 

22.  M 

23.  J 


24.  V 

25.  S 

26.  D 

27.  L 

28.  M 


(®  29. 
30. 


Minimum  d'Algol  à  8*  17-. 

cT  en  conjonction  avec  Q.  A  6*  matin 
cT  à  0»  12'  au  sud.  A  8*  soir  9  en  con- 
jonction avec  C  0»6'  N. 

Grande  marée.  —  Ç  en  conjonction 
avec  C-  A  7*  matin  Ç  à  6«2i'  N. 

ï)  en  conjonction  avec  C.  Après  mi- 
nuit, à  1*  à  4M' N. 

Occultation  de  \  Gémeaux  (4«  gr.)  de 
11*10- à  11*36- du  soir. 


Occultation  de  x  Lion  (5«gr.)  do  7*3« 
à  7*54-  Boir.  ^  en  conjonction  avec 
Câ7*80ir4«3rN. 

Occultation  de  d  Lion  (5*  gr.)  de  ll*2i'> 
à  12*  15-  du  soir. 


$  en  conjonction  inférieure  avec  Q. 
Ç  en  conjonction  avec  9.  A  7*  soir 
$  à  1-42'  N. 


Ciel  étoUé. 


Zénith . 
Nord... 
Est.... 

Sud.... 
Ouest.. 


Grande  Ourse.  Lion.  —Dragon au  N.-E 
Petite  Ourse.  Céphée.  Cassiopée. 
Bouvier    (Arcturus).    Chevelure.    Ba- 
lance. Vierge. 
Corbeau.  Hydre.  Licorne.  Procyon. 
Gémeaux.  Orion.  Taureau.  Pléiades. 

Planètes. 


Jupiter,  dans  le  Lion,  contigu  à  Régulus. 
Saturne,  dans  le  Taureau,  au-dessous  de  ^. 
Mercure,  le  soir  :  7  avril. 
Uranus,  dans  la  Vierge,  à  l'ouest  de  ij. 

1* 


iO 


AGENDA  ASTRONOMIQUE  POUR  1885 


9  en  conjonction  supérieure  avec  ©. 


MAI 

1.    V 
*2.    S 

;UD 

4.  L 

5.  M 

6.  M 
€    7.  J 

8.  V 

9.  S 

10.  D 

11.  L    ç  aphélie.—  Ç  en  conjonction  avec  $, 

à  1*»15'  N.  à  11"»  soir. 

12.  M 

13.  M    Ç  et  cT  en  conjonction  avec  C-  A  ^^ 

matin,  Ç  à  0«21'  S,  cf  à  2*4'  N.  A  11«» 

Ç  2«27'Sdecr. 
0  14.    J    9  en  conjonction  avec  C-  A.  G"*  soir  9 

à3«4r  N. 
15  s  V 
IG.    S    Grande  marée.  —    If)  en  conjonction 

avec  C.  à  4«2' N  à  S**  soir. 
17*   D 

18.  L 

19.  M  Occultation  de  «Cancer  (4»  gr.)  de  11*  O" 

à  11»» 24™  du  soir. 

20.  M 

S  21 .    J    ^'  en  conjonction  avec  C  à  4*  17'  N  à  3^ 
m  itin. 

22.  V 

23.  S 

24.  D 

25.  L    $  à  sa  plus  grande  élongation  occiden- 

tale 24«  4b'  à  l""  soir. 

26.  M 

27.  M 

©28.    J 


29.  V 

30.  S 
31a  D 


Occultation  de  0  Balance  (4,5  gr.)  de 
2»' 22»  àSi^l^du  matin. 

^  passe  près  do  Régulus. 
Gi«l  étoile. 


Zénith.  Grande  Ourse.  Chiens  de  Oljasse.  Che- 
velure. 

Nord.. .    Petite  Ourse.  Cassiopée.  Céphêe. 

Est..  .  Scorpion.  Balance.  Hercule.  Serpent. 
Bouvier.  Couronne.  —  Lyre  au  N.-E. 

Sud ... .    Hydre.  Corbeau.  Vierge. 

Ouest. .  Cancer.  Gémeaux.  Cocher.  —  Lion 
au  S.-W. 

Planètes. 

Jupiter,  dans  le  Lion,  à  l'ouest  de  Rcgulus. 
Saturne,  dans  le  Taureau,  au-dessous  de  p. 
Mercure,  le  matin  :  25  mai. 
Uranus,  dans  la  Vierge,  à  l'ouest  de  r,. 


L 
M 
M 

J 
V 


JUIN 


Ç  en  conjonction  avec  ^.  A  7*'  soir, 
Ç  à  1*6'  S. 


e    6.    S 


7.   D   Minimum  de  x  Cygne.  9  en  conjonction 
avec  ï).  A  10"»  soir  9  à  1»32'  N. 


8. 

L 

9. 

M 

10. 

M 

O'  en  conjonction  avec  îJ.A  11»*  soir 
CT  à  1»29'  N.  Après  minuit,  àl''  cT  en 
conjonction  avec  C  à  3*51'  N. 

11. 

J 

^  en  conjonction  avec  C.  ^^  soir  à 
2*47' N. 

#12. 

V 

13  T 

S 

î)  en  conjonction  avec  C  ^  6''  matin  m 
4»  3'  N.  A  5*»  soir  9  ©n  conjonction 
avec  Cl  à5«48'N. 

14. 

D 

Grande  marée. 

15. 

L 

IG. 

M 

17. 

M 

ÎT  en  conjonction  avec  C»  à  ^"^  soir 
à3«4VN. 

18. 

J 

D  19. 

V 

20. 

S 

21. 

D 

Soleil  au  solstice,  à  7»»  matin.  Commen- 
cement de  Tété  astronomique. 

22. 

L 

^3. 

M 

24. 

M 

Ç  périhélie,  conjonction  avec  ï)  a 
1*41' N.  à  4k  matin. 

25. 

J 

26. 

V 

9  périhélie. 

®  27. 

.  S 

ç  en  conjonction  supérieure  avec  ©. 

28. 

D 

29. 

L 

30. 

M 

Ciel  étoile. 

Zénith .    GrandeOurse.  Bouvier.  Cœur  de  Charles. 

Nord...  Petite  Ourse.  Céphée.  Cassiopée.  — 
Cygne  au  N.-E. 

Est Sagittaire.  Scorpion.  Aigle.  Lyre.  Her- 
cule. Couronne.  —  Ophiuchus  au  S.-E. 

Sud Vierge.  Arcturus.  Balance.  Corbeau. 

Ouest..  Lion.  Cancer.  Castor  et  Pollux.  —  Ca- 
pella  au  N.-E. 

Planètes. 

Jupiter,  dans  le  Lion,  contigu  à  Régulus. 
i   Uranus,  dans  la  Vierge,  entre  p  et  r,. 


AGENDA  ASTRONOMIQUE  POUR  1885. 


i\ 


1 

M 

2 

J 

3 

V 

4. 

S 

C    5. 

D 

6. 

L 

7. 

M 

8. 

M 

9. 

J 

10. 

V 

llie  S 

#12. 

D 

13. 

L 

14. 

M 

15. 

M 

16. 

17. 

V 

18. 

S 

»19. 

D 

20. 

L 

21. 

M 

22. 

M 

23. 

J 

24  « 

V 

25. 

S 

26. 

D 

©27. 

L 

28. 

M 

29. 

M 

30. 

J 

31. 

V 

JUILLET 


Soleil  à  l'apogée  ou  Terre  à  Taphélie  : 
Distance  ©  =  150516000^».  Diamè- 
tre =3r32'. 

Minimum  d'AlgoI  à  11*50". 

Appulse  de  {*  Poissons  (  5«  gr.  )  de  2»» 46'» 

du  matin,  à  1'?  du  bord  lunaire. 
Minimum  de  X  Sagittaire. 
Minimum  d'AIgol  à  8»' 44-. 
cT  en  conjonction  avee  C»  à  5«7'  N  à 

g*  soir. 
î}  en  conjonction  avec  C»  à  4«7'  N  à  11*» 

soir.  Maximum  X  Sagittaire. 

^  passe  près  de  p  du  Lion. 

Grande  marée.  —  Ç  on  conjonction 
avec  C  à  5«39'  N  a  midi,  ç  en  con- 
jection  avec  C  à  5«22'  N  à  3»»  soir. 

Minimum  de  X  Sagittaire. 

?r  en  conjonction  avec  C.  '^  3»  7'  N,  à 
7*  matin. 

$  on  conjonction  avec  9  à  0«  U'  S  à  2»' 
soir.  Maximum  X  Sagittaire. 


ï)  contigu  à  ri  des  Gémeaux. 
Minimum  de  X  Sagittaire. 


Maximum  de  X  Sagittaire. 
^  en  conjonction  avec  Rêgulus,  à  0«  12' 
au  sud,  à  7"»  matin. 


Minimum  d'AIgol  à  10»'26-.  Minimum 
X  Sagittaire. 


Maximum  de  X  Sagittaire. 


Ciel  étoUé. 


Zénith. 
Nord... 


Est. 


Dragon.  Hercule.  Bouvier. 

Petite  Ourse.  Cassiopée.  Capella  à  l'iio- 

rizon. 
Dauphin.  Flèche.  Aigle.  Cygne.  Véga. 
Capricorne.  Sagittaire  au  S.-E. 
Sud....    Couronne.    Serpent.    Ophiuchus.    Ba- 
lance. Scorpion. 
Ouest..    Grande  Ourse.  Cœur.  Chevelure.  Lion. 
Vierge. 

Planètes. 

Jupiter,  dans  le  Lion,  à  l'est  de  Régulus. 
Vénus,  étoile  du  soir. 
Uranus,  dans  la  Vierge,  entre  p  et  »|. 
Saturne,  se  lève  à  2«'35'»  le  15.  Gémeaux. 


1.  S 

2.  D 
€    3.  L 

4.  M 

5.  M 


6.    J 


7. 

V 

SicS 

9. 

D 

#10. 

L 

11. 

M 

12.  M 

13.  J 

14.  V 

15.  S 

16.  D 
3  17.  L 

18.  M 

19.  M 

20.  J 
21a  V 


22.  S 

23.  D 

24.  L 

)25.  M 

26.  M 

27.  J 

28.  V 

29.  S 

30.  D 

31.  L 


AOUT 


Minimum  de  X  Sagittaire. 

ï)  en  conjonction  avec  j*  Gémeaux,  à 

0«4'  au  sud  à  b^  soir.  —  Ç  à  sa  plus 

grande  élongation  E.  :  27«2r. 
d"  en  conjonction  avec  î)  et  n  Gémeaux. 

Ç  aphélie. 
Maximum  de  X  Sagittaire. 
$  en  conjonction  avec  Q  à  3«42'  S  à 

5*»  soir. 


Très  grande   marée.  —  Minimum  de 

X  Sagittaire. 
ç  en  conjonction  avec  C  à  9»»  matin, 

à  1*55'  S  et  9  id.  à  midi,  à  2o  13'  N. 

Maximum  de  X  Sagittaire. 


Minimum  d'AIgol  à  12»»  9«. 
Minimum  de  X  Sagittaire. 

Minimum  d'AIgol  à  8'» 57». 
Occultation  de  ?*  Sagittaire  (4»  gr.)  de 

i2«»47»  à  son  coucher.  Maximum  de 

X  Sagittaire. 


^  en  conjonction  avec  § ,  à  0»  13'  N  j 

2>»  soir. 
Minimum  de  X  Sagittaire. 


Maximum  de  X  Sagittaire. 


Zénith. 
Nord... 

Est ... . 

Sud.... 
Ouest.. 


Ciel  étoUé. 

Tête  du  Dragon.  Véga.  Hercule. 

Petite  Ourse.  CapeUa  à  l'horizon.  An- 
dromède et  Cassiopée  au  N.-E. 

Cygne.  Aigle.  Dauphin.  Pégase.  Ver- 
seau. Poissons. 

Sagittaire.  Scorpion.  Ophiuchus. 

Couronne.  Bouvier.  Cœur.  Chevelure.  — 
Gr.  Ourse  au  N.-W. 


Planètes. 

Vénus,  étoile  du  soir.  Partie  éclairée  =  0,88. 
Mercure,  le  soir  :  5  août. 
Mars  se  lève  à  1*  du  matin  le  15.  Gémeaux. 
Saturne  se  lève  à  2»'35«  le  15.  Gémeaux. 


12 


AGENDA  ASTRONOMIQUE  POUR  1885. 


t. 

M 

€ 

2. 

M 

3. 

J 

4. 

V 

5. 

S 

6« 

cD 

7. 

h 

• 

8. 

M 

9.   M 


SEPTEMBRE 

Occultation  de  «*  et  9*  Taureau  de  son 
lever  à  10*>  56".  Minimum  de  e  Baleine. 

Occultation  d'Aldéb&r&n  (!'•  gr.)  de 
1*30"  à  2*2-  du  matin,  Ç  en  conjonc- 
tion inférieure  avec  O. 

|>  en  conjonction  avec  C  à  4»17'  N  à 
3**  matin.  Maximum  de  X  Sagittaire. 

CT  en  conjonction  avec  C  ^  &*33'  N  à 
7*»  matin. 

Maximum  de  R Hydre  (4,7)  [min.  =  10,0]. 

Éclipse  totale  de  soleil,  de  6*45~   à 

il*  17"  matin.  Invisible  en  France. 

^  en  conjonction  avec  O  et  C* 
Plus  grande  marée  de  Tannée.  Âlgol  : 

10»'40-. 
Rencontre  de  Ç  avec  TÈpi  de  la  Vierge. 
Ç  en  conjonction  avec  Ct  à  2«27'  S  à 

10*  matin.  Maximum  X  Sagittaire. 
Minimum  d'Algol  à  7'' 29"». 


Minimum  de  X  Sagittaire. 


$  à  sa  plus  grande  élongation  occiden- 
tale 17*51'.  Maximum  X  Sagittaire. 

5  périhélie. 

Soleil  à  l'équinoxe  à  9*  soir.  Commen- 
cement do  Tautomne  astronomique. 

Éclipse  partielle  de  Lune,  de  5*11»  à 
10*  44"  du  matin.  Coucher  C  À  5*45«. 

Occultation  de  yt,  Poissons  (5*  gr.)  de 
8*16- à  9*17- du  soir. 

Ç  en  conjonction  avec  ^,  à  0*52'  N,  à 

9*  matin. 
Occultation  de  t  Taureau  (4*  gr.)  de 

11*55- à  minuit  47-. 
Appulse  de»'  Taureau  (4«  gr.)  à 5*21» 

du  matin,  à  0',2  du  bord  lunaire. 

Ciel  étoUé. 

Cygne.  Lyre.  Céphée. 
Petite  Ourse.  Capella  au  N.-E.,  Persée, 
Cassiopée. 

Est Gémeaux.  Taureau.  Bélier.  Andromède. 

Pégase. 
Sud. . . .    Aigle.  Sagittaire.  Capricorne.  Verseau. 

Fomalhaut  &  Thorizon. 
Ouest. .    llercule.  Couronne.  Bouvier.  Vierge. 

Planètes. 

Saturne  se  lève  à  10*56-  le  15.  Gémeaux. 
Vénus,  étoile  du  soir.  Partie  éclairée  =  0,81. 
Mercure,  le  matin  :  18  septembre. 
Mars  se  lève  à  minuit  48-  le  !•',  sous  ^Castor  et 
PoUux. 


10. 

J 

11. 

V 

12. 

S 

13. 

D 

14. 

L 

15. 

M 

»16. 

M 

17.  J 

18. 

V 

19. 

S 

20. 

D 

21. 

L 

22. 

M 

23. 

M 

®24. 

J 

25. 

V 

26. 

S 

27. 

P 

28. 

L 

29. 

M 

30. 

M 

Zénith 

.    ( 

Nord. 

.    ] 

Est.... 

.    ( 

OCTOBRE 

CE  i*  J  Occultation  de  x  Gémeaux  (4*gr.)  de 
minuit  46-  à  1*37-.  |)  en  conjonction 
avec  C  :  4«  15'  N  à  11*  matin. 

2.  V  Minimum  d*Algol  à  9*11-.  Maximum 
X  Sagittaire. 

3is  S  cf  en  conjonction  avec  C  •  5*4'  N  à 
7*  soir. 

4.  D 

5.  L    $  en  conjonction  avec  $:  2*1'  N  à 

2*  matin. 

6.  M  ^  en  conjonction  avec  C  '•  1*25'  N  à 

5*  soir. 

7.  M   $  en  conjonction  avec  C  -  0*29'  N  à 

8*  soir. 
•   8.    J 

9.  V  Grande  marée.  Maximum  X  Sagittaire. 

10.  S 

11.  D    9  en  conjonction  avec  C-  6*23'  S  à 

midi. 

12.  L 

13.  M  Minimum  de  X  Sagittaire. 

14.  M 

15  «  J  $  en  conjonction  supérieure  avec  Q. 
—  ç  aphélie. 

9  16.   V  Maximum  de  X  Sagittaire. 

17.  S 

18.  D  Rencontre  de  9  avec  Antarès. 

19.  L  I)  périhélie. 

20.  M 

21.  M  ^  passe  près  de  p  de  la  Vierge. 

22.  J  Minimum  d'Algol  à  10*53». 
©23.   V 

24.  S 

25.  D   Minimum  d'Algol  à  7*42». 

26.  L 

27.  M 

28  «  M  |>  en  conjonction  avec  C  '•  4*8'  N  à 

5*  soir. 
29.    J 
C30.   V 
31.    S 

Ciel  ètoUè. 

Zénith.    Cygne.  Céphée.  Cassiopée. 

Nord.. .  Petite  Ourse.  Dragon.  Grande  Ourse.  — 
Cocher  au  N.-E. 

Est Cancer.    Gémeaux.    Bélier.    Pléiades. 

Andromède.  Persée.  —  Aldébaran  se 
lève. 

Sud Pégase.  Verseau.  Capricorne.  Fomal- 
haut. 

Ouest..  Lyre.  Hercule.  Couronne.  Ophiuchus. 
Sagittaire. 


Planètes. 


Saturne,  dans  les  Gémeaux,  sous  ■. 
Vénus,  étoile  du  soir.  Partie  éclairée  =  0,72. 
Mars,  dans  le  Cancer. 
Jupiter,  étoile  du  matin. 


AGENDA  ASTRONOMIQUE  POUR  1885. 


43 


1.  D 

2.  L 

3.  M 

4.  M 

5.  J 
#    6.  V 

7.  S 

8.  B 
».  L 

10.  M 


NOVEMBRE 

cf  en  conjonction  avec  C  :  4*16'  N  à 
4^  matin. 

$  aphélie.  ^  en  conjonction  avec  C  ' 
0»52'Nàltfcmatin. 


$  en  conjonction  avec  C  ^  6«  16'  S  à 
9»'  soir. 


9  en  conjonction  avec  C'  7*49'  S  à 
8^  soir. 
11.   M  Minimum  d*Âlgol  à  minuit  35*.  Ç  près 
1  Sagittaire  (2|gr.). 


Minimum  d'ÂigoI  à  9^24». 


12  a  J 

13.  V 

9  14.  S 

15.  D 

16.  L    1$  en  opposition  avec  O. 

17.  M  Minimum  d'Algol  à  6i>  13". 

18.  M 

19.  J 

20.  V 

:i.  s 

®  22.  D   Occultation  de  ft'  et  •*  Taureau  (4«gr.) 
de  6^36-  à  7»'21-,  et  d'Aldébaran  de 
9^57- à  11*8-. 
23.    L   Grande  marée. 

24 «M   î)  en  conjonction  avec  C  •  3*59'  N  â 
11**  matin. 

25.  M 

26.  J 

27.  V 

28.  S 

C  29.   D   cT  en  conjonction  avec  £:  3*23'  N  à 
9*  matin. 
30.   L   :^  en  conjonction  avec  C  ^  Oo20  N  à 
lissoir.  $  à  sa  plus  grande  élonga- 
tion2M4'E. 


Ciel  étoUé. 

Zénith.    Cassiopée.  Andromède.  Persée. 

Nord  . .  Petite  Ourse.  Céphée.  Dragon.  Grande 
Ourse. 

Est —  Lion.  Cancer.  Gémeaux.  Cocher.  Tau- 
reau .  Pléiades.  —  Orion  se  lève. 

Sud....  Pégase.  Bélier.  Verseau.  Poissons.  Ba- 
leine. Fomalhaut. 

Ouest..  Cygne.  Aigle.  Lyre.  —  Capricorne 
au  S.-W. 


Planètes. 

Saturne,  dans  les  Gémeaux,  entre  t  et  |a. 
Vénus,  étoile  du  soir.  Partie  éclairée  =  0,61. 
Mercure,  le  soir  :  30  novembre. 
Mars,  dans  le  Lion.  Partie  éclairée  =  0,90. 
Jupiter,  étoile  du  matin. 


1.  M 

2.  M 

3.  J 


4, 

5 

•    6, 


V 
S 
D 

7.  L 

8.  M 


DECEMBRE 

Occultation  d'Uranus  (6«gr.)  de5i>10'" 
à6*>23'-dumatin. 


Occultation  de  %  Vierge  (4,5  gr.)   do 

4»'28"à5k8-dumatin. 
Minimum  d'Algol  à  li>>17'-.    . 


Minimum  d'Algol  à7i>55". 
ç  en  conjonction  avec  C  :  6*3'  S  à 
6*  matin. 
9.   M  9  à  sa  plus  grande  élongation  orien- 
tale 47«16'.  ^  contigu  à  ii  Vierge. 
10  «  J    9  en  conjonction  avec  C'  5*56'  S  à  11<* 
soir.  Algol  :  4*>44". 


11. 
12. 
13. 
D  14. 
15. 
16. 


17.  J 

18.  V 

19.  S 

20.  D 

©21.  L 
22«M 

23.  M 

24.  J 

25.  V 

26.  S 

27.  D 


$  périhélie. 

9  en  conjonction  inférieure  avec  Q. 

Appulse  de  y  Taureau  |4«gr.)  à  4''24" 
du  matin,  à  2',3  du  bord  lunaire. 

Soleil  au  solstice  à  3^  soir.  Commence- 
ment de  rhiver  astronomique. 

ï)  en  conjonction  avec  C  ^  3*58'  N  à 
5^  matin. 

Grande  marée. 

Minimum  d'Algol  à  minuit  49". 


I>  en  opposition  avec  O. 
Occultation  de  x  Lion  (5*  gr.)  de 6^1"* 
à  7»» 4-  matin.  Algol  :  9^38-  soir. 
@  28.    L   ÎT  en  conjonction  avec  C  :  0«5'  S  à 
9^  matin. 

29.  M  Occultation  de»  Vierge  (4,5  gr.)  de  4>>  16- 

h  5i>28«  du  matin. 

30.  M   Minimum  d'Algol  à  6^27-. 

31 .  J    Soleil  au  périgée  ou  Terre  au  périhélie  : 

Distance  O  =  145  525000^».  Diamè- 
tre =32'36'. 

Ciel  étoUé. 

Zénith.    Persée.  Andromède.  Cassiopée.  Bélier. 
Nord...    Petite  Ourse.  Céphée.  Dragon.  Grande 

Ourse. 
Est ... .    Capella.  Lion.  Cancer.  Gémeaux.  Pro- 

cyon.  Taureau.  Orion. 
Sud....    Poissons.  Baleine.  Eridan.  —  Verseau 

au  S.-W. 
Ouest. .    Capricorne.  Pégase.  Cygne.  —  Véga  au 

N.-W. 

Planètes. 

Jupiter,  se  lève  à  minuit  à  la  fin  du  mois. 
Saturne,  en  plein  sud   le  soir,  au-dessous   de 

p  Taureau. 
Vénus,  étoile  du  soir.  Partie  éclairée  =  0,47. 
Mars,  dans  le  Lion.  Partie  éclairée  =  0,90. 


14 


L'ASTRONOMIE. 


PLAJ^ÈTES. 

Nous  inscrirons  les  planètes  dans  Tordre  de  Tintérêt  qu'elles  offrent  aux 
observateurs,  en  commençant  par  les  plus  importantes.  Comme  il  s'agit 
surtout  ici  d'observations  à  faire  à  l'aide  d'instruments  de  moyenne  puis- 
sance, à  l'aide  de  jumelles  ou  môme  à  l'œil  nu,  c'est  l'ordre  de  leur  éclat  qui 
les  caractérise  au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  et  aussi  les  époques  de  leur 
visibilité.  Nous  suivrons  ici  cet  ordre  logique  et  tout  humain. 

Jupiter. 

Le  monde  le  plus  considérable  de  tout  notre  système  solaire  est  actuelle- 
ment dans  une  excellente  position  pour  être  observé  par  les  astronomes  de 
la  Terre.  Le  15  janvier,  il  se  lève  à  S^  du  soir,  passe  au  méridien  à  3**  du 

Fig.  1. 


S     E     X     T     A 


xn 


XI 


Marche  et  po:^itioiis  de  la  planète  Jupiter  pendant  l'année  188j. 

matin,  et  de  jour  en  jour  avance  dans  son  lever  et  dans  son  passage  au  méri- 
dien. 11  brille  donc  en  plein  sud,  traversant  le  méridien  à  une  grande  hau- 
teur, le  1*'  février  à  î'^ST^du  matin,  le  15  à  minuit  35";  le  !•'  mars  à  li*'29", 
le  15  à  10'»27'»;  le  1"  avril  à  9M5-,  le  15  à  8M8»;  le  1"  mai  à  7M5»,  le  15  à 
6>»23"»;  le  1"  juin  à  5»»22'»,  le  15  à  4''35".  Le  1*' juillet,  il  se  couche  à  lO'^ST'», 
et  le  15  à  9"*  47".  Dès  lors  il  disparaît  au  crépuscule. 

On  voit  donc  que  sa  période  de  visibilité  s'étend  sur  l'hiver,  le  printemps 
et  même  une  partie  de  l'été.  Il  trône  dans  la  constellation  du  Lion,  va  passer, 
le  20  janvier,  tout  près  de  l'étoile  p,  de  4»  grandeur,  à  1^6'  seuloment  au 
nord,  rétrogradera  vers  Régulus  qu'il  atteindra  le  15  mars.  Ce  jour-là,  dans 
la  matinée,  la  belle  planète  passera  à  50'  seulement  au  nord  de  l'astre  du 


ANNUAIRE  ASTRONOMIQUE  POUR  4885.  15 

Lion.  Continuant  sa  marche,  elle  rétrogradera  jusqu'au  22  avril,  s'arrêtera 
au-dessus  de  Tétoile  v  du  Lion,  puis  reviendra  sur  ses  pas,  repassera  au  nord 
de  Régulus  le  30  mai  à  10**  du  matin,  à  41'  seulement,  repassera  également 
au-dessus  de  p  le  12  juillet,  et  continuera  sa  marche  directe  vers  Test  pour 
atteindre  p  de  la  Vierge  le  21  octobre,  tj  le  9  décembre  et  s'approcher  de  y  au 
commencement  de  1886.  Le  21  octobre,  Jupiter  sera  redevenu  étoile  du 
matin,  se  levant  dès  3**30",  et  le  9  décembre,  il  se  lèvera  dès  P.  On  pourra 
donc  observer  ces  deux  rapprochements  remarquables.  Dans  la  soirée  du 
21  octobre,  la  distance  des  deux  astres  descendra  à  25',  Jupiter  passant  au 
nord  de  p.  Le  9  décembre,  à  10**  du  soir,  la  distance  entre  la  planète  et 
l'étoile  Y)  s'abaissera  à  dix  minutes  d'arc. 

Indépendamment  des  remarques  à  faire  sur  les  configurations  changeantes 
des  quatre  satellites  de  la  planète,  sur  les  éclats  de  ces  satellites,  etc.,  on 
s'intéressera  toujours  à  observer  et  à  dessiner  l'aspect  de  la  planète  elle- 
même,  ses  bandes  équatoriales,  ses  taches  et  ses  nuages.  L'immense  tache 
rouge  visible  depuis  1878  paraît  être  à  peu  près  effacée.  Ce  vaste  monde  est 
actuellement  le  siège  de  transformations  nouvelles  à  sa  surface  et  dans  son 
atmosphère.  Tous  les  documents  relatifs  à  son  observation  et  les  dessins  de 
son  aspect  actuel  seront  donnés  dans  la  Revue. 

Saturne. 

La  merveille  de  notre  système  se  présente  dans  sa  position  la  plus  favo- 
rable aux  observations,  offrant  à  nos  yeux  son  système  d'anneaux  dans  sa 
perspective  d'ouverture  maximum.  Saturne  brille  actuellement  tous  les  soirs 
dans  la  constellation  du  Taureau,  en  même  temps  que  Jupiter  illustre  le 
Lion,  passant  au  méridien  à  10"*  du  soir.  Aussi  est-il  en  ce  moment  l'objet  de 
l'étude  attentive  des  astronomes.  Comme  Jupiter,  ses  heures  d'observation 
vont  avancer  de  jour  en  jour.  Les  passages  au  méridien  auront  lieu,  le 
1«'  février  à  8»»17°»,  le  !•'  mars  à  6»'27'",  le  1*'  avril  à  4»» 32»,  le  1"  mai  à  2»» 46"  ; 
il  se  couche  le  1"  mai  à  10**  40"  et  le  15  à  9**  50™.  Dès  lors  il  descend  dans 
Téclairement  du  crépuscule  et  disparaît  de  notre  sphère  d'observation  pour  ne 
reparaître  qu'en  automne.  Le  1"  octobre  il  se  lèvera  à  9**  56°  et  passera  au 
méridien  à  5**54°  du  matin;  le  15  il  se  lèvera  à  9** 3°,  et  atteindra  son  point 
culminant  à  5**  ;  le  1"  novembre  lever  à  7**  55°  et  passage  au  méridien  à 
3**  53°,  le  15  à  7**  et  2'*  56°;  le  1"  décembre  lever  à  5°  50°  et  passage  au 
méridien  à  P50°;  le  15,  4**51°  et  minuit  50°;  le  1"  janvier  1886,  le  passage 
au  méridien  arrive  avant  minuit,  à  1P33°. 

La  belle  planète  trône  au-dessous  de  Tétoile  p  du  Taureau,  do  2*  grandeur, 
rétrograde  vers  l'ouest  jusqu'au  17  février,  puis  prend  son  mouvement  direct 
vers  l'est  pour  s'avancer  vers  les  Gémeaux.  Elle  arrivera  le  9  mai  près  de 


16  L'ASTRONOMIE. 

l'étoile  121  Taureau,  de  6«  grandeur,  le  20  juin  près  de  Tétoile  132,  et  le 
30  près  de  Propus,  la  première  des  Gémeaux. 

Continuant  son  cours,  elle  passera  le  20  juillet  prescjue  sur  Tétoile  tj,  de 
3®  grandeur.  Ce  jour-là,  à  7**  du  soir,  le  centre  de  la  planète  ne  sera  qu'à 
29^,5  au  sud  de  Tétoile,  le  diamètre  de  la  planète  sera  de  15'',  2,  le  grand  axe 

Fig.  2. 


VK 


,^Jf^ 


EAU 


"^^ 


.di^Ban^ 


.AU 


Marche  et  positions  de  la  planète  Saturne  pendant  Tannée  1885. 

de  Tanneau  de  37*,8  et  le  petit  axe  de  16^,8.  Cette  conjonction  serait  fort  inté- 
ressante à  observer;  à  cette  date  la  planète  se  lève  à  2**  18"*  du  matin  et 
passe  au  méridien  à  10*».  Elle  arrivera  le  6  août  sur  fx  des  Gémeaux,  de  même 
grandeur,  et  sur  Mars.  Continuant  son  cours  céleste,  elle  suivra  la  même 
direction  jusqu'au  20  octobre,  s'arrêtera  et  rebroussera  chemin  pour  rétro- 
grader vers  Touest  jusqu'à  la  fin  de  Tannée. 


GRANDEURS  PERSPECTIVES   DE  L* ANNEAU  A  SON  MAXIMUM  D'OUVERTURE. 


!•'  décembre 
20  décembre 

8  janvier 

28  janvier 

17  février 

9  mars 

29  mars 

18  avril 
8  mai 

17  juin 

7  juillet 
16  août 

5  septembre 
15  octobre 

4  novembre 
24  novembre 
14  décembre 
1»' janvier 


1884 
1884 
1885 


1886 


Anneau 
Grand  axe. 

46',44 

46,54 

45.93 

44,75 

43,25 

41,68 

40,22 

39,01 

38,12 

37,35 

37,50 

38,84 

39,99 

42,95 

44,48 

45,75 

46,51 

46,57 


extérieur. 
Petit  axe. 

20',80 

20,90 

20,68 

20,19 

19,56 

18,90 

18,29 

17,76 

17,34 

16,84 

16,77 

17,01 

17,34 

18,41 

19,09 

19,76 

20,27 

20,48 


Anneau 
Grand  axe. 

30',88 

30,95 

30,54 

29,76 

28,76 

27,71 

26,75 

25,94 

23,35 

24,84 

24,94 

25,83 

26,59 

28,56 

29,58 

30,43 

30,93 

30,98 


intérieur. 
Petit  axe 

13',83 

13,90 

13,75 

13,43 

13,01 

12,57 

12,16 

11,81 

11,53 

11,20 

11,15 

11,31 

11,53 

12,24 

12,69 

13,14 

13,48 

13,63 


Diamètre 

polaire 

du  globe. 

18%  0 

18,6 

18,4 

18,0 

17,4. 

16,8 

16,2 

15,7 

15,4 

15,0 

15,1 

15,6 

16,0 

17,2 

17,8 

18,4 

18,6 

18,7 


ANNUAIRE  ASTRONOMIQUE  POUR  1885.  17 

On  voit  que  nous  sommes  actuellement,  depuis  le  mois  de  décembre,  au 
maximum  d'ouverture  des  anneaux.  Les  variations  sont  dues  aux  change- 

Fig.  3. 


Maximum  d'ouverture  des  anneaux  de  Salurneen  1885  et  variation  générale  de  leur  perspective. 

ments  de  position  de  la  Terre  dans  le  cours  de  Tannée.  Dans  un  an  nous 
retrouverons  à  peu  près  les  mêmes  aspects;  mais  la  perspective  va  changer 

Fig.  4. 


Esquisse  géométrique  pour  le  maximum  d'ouverture  des  anneaux. 
;(Écliollo:2"  =  r.) 

et  la  largeur  apparente  du  système  va  diminuer,  à  partir  de  Tannée  pro- 
chaine, jusç[u*en  1891-1892,  époque  à  laquelle  ces  curieux  anneaux  ne  se 


48 


L'ASTRONOMIE. 


présenteront  plus  à  nous  que  par  la  tranche,  comme  il  est  arrivé  en  1862 
{voir  fig.i). 

La  fig.  4  donne  les  proportions  géométriques  précises  du  système  d'an- 
neaux, à  son  maximimi  d'ouverture  (décembre  1884.  —  janvier  1885),  à 
Téchelle  de  2»"  pour  T.  La  Revue  publiera  les  dessins  de  Taspect  téle- 
scopique  actuel. 

Le  système  des  satellites  se  présente  également  dans  sa  largeur  maximum. 
Nous  en  reproduisons  le  diagramme,  d'après  M.  Marth  {The  Ob8ervatory).Le 

Fig.  5. 


Inclinaison  actuelle  des  orbites  des  satellites  de  Saturne. 


satellite  le  plus  éloigné  n'a  pu  être  inséré  dans  le  tableau  à  cause  de  sa  grande 
distance. 

Vénus. 

Vénus  est  encore  étoile  du  matin;  elle  se  rapproche  du  Soleil,  et  le  4  mai 
prochain  elle  passera  derrière  lui.  Dès  le  commencement  de  juin,  elle  se 
dégagera  lentement  des  rayons  de  Tastre  du  jour,  retardant  graduellement 
sur  lui,  passant  au  méridien,  le  15  juin  à  midi  49",  le  1"  juillet  à  l^'ll". 
A  partir  de  cette  époque  on  pourra  l'observer  comme  étoile  du  soir.  Le 
15  juillet,  elle  se  couche  à  9**2",  soit  une  heure  après  le  Soleil.  Le  1"  août  elle 
se  couche  à  8** 40",  P3"  après  le  Soleil;  et  se  couche  le  1"  septembre  à 
7M3",  1»»2'»  après  le  Soleil;  le  1«' octobre  à6>»52",  1M5"  après  le  Soleil; 
le  1"  novembre  à  6*»36",  avec  un  retard  de  deux  heures,  et  le  1"  décembre 
à  7^20",  avec  un  retard  de  3^16".  Elle  arrive  le  8  à  sa  plus  grande  élongation 
du  Soleil.  C'est  l'époque  la  plus  favorable  pour  son  observation.  Son  disque, 
qui  était  circulaire  en  mai,  commence  à  montrer  une  phase  sensible  dès 


ANNUAIRE  ASTRONOMIQUE  POUR  1885. 


19 


juillet,  et  la  portion  éclairée  diminue  de  plus  en  plus.  En  décembre  l'aspect 
de  la  planète  rappellera  celui  de  la  Lune  en  quadrature.  Nous  avons  repré- 
senté ces  phases  (fig.  6)  à  Téchelle  de  1"'"  pour  2*. 
Construisons  la  carte  de  son  mouvement  pendant  sa  période  de  visibilité, 

Fig.  6. 


Phases  de  Vénus  en  1885. 
(Échelle  :]••  =  2'.) 

soit  du  1"  juillet  au  31  décembre,  ou  plutôt  commençons-la  dès  le  7  juin,  car 
ce  joui*-là  elle  passe  tout  près  de  Saturne  ;  malheureusement  cette  conjonc- 
tion sera  bien  difficile  à  observer,  môme  à  l'aide  d'une  lunette,  car  elle  se 
produira  à  une  faible  distance  du  Soleil,  et  les  deux  planètes  se  couchent  à 

Fig.  7. 


^SS^PS, 


Marche  et  positions  de  la  planète  Vénus  pendant  Tannée  1885. 

8**36"  et  8**42",  c'est-à-dire  trente-huit  minutes  seulement  après  le  Soleil. 
Pendant  le  jour,  Saturne  eàt  trop  pâle  pour  être  observable.  Vénus  arrivera 
le  27  juillet  près  de  Régulus,  à  P22'  au  nord.  Elle  atteint  Jupiter  le  6  août. 
Mais  tous  ces  rapprochements  auront  lieu  pendant  le  jour.  Rapidement  elle 
traversera  les  constellations  du  Lion,  de  la  Vierge,  de  la  Balance,  du  Scorpion, 
du  Sagittaire  et  du  Capricorne  pour  entrer  dans  le  Verseau  le  1*'  janvier  1886. 


20  L*ASTUONOMIB. 

Notons  le  long  de  cette  marche  quelques  rapprochements  intéressants  : 

VÉpi  de  la  Vierge  de  !*•  grandeur le  10  septembre. 

Antarès  de  !'•  grandeur le  18  octobre. 

X  Sagittaire,  de  2*  grandeur le  11  novembre. 

Mercure. 

Toujours  presque  perdue  dans  les  rayons  du  Soleil,  cette  planète  si  proche 
de  Tastre  central  ne  devient  visible  pour  nous  qu'à  ses  plus  grandes  élon- 
gations,  qui  arriveront  aux  époques  suivantes  : 


26  janvier,     plus 

grande  élongation  du  matin. 

7  avril 

—               —             soir. 

25  mai 

—               —             matin. 

5  août 

—                —             soir. 

18  septembre 

—                —             matin. 

30  novembre 

—                —             soir. 

C'est  à  ces  époques  que  Ton  pourra,  pendant  ime  huitaine  de  jours  en 
moyenne  de  part  et  d'autre  des  dates  inscrites,  découvrir  Tastre  de  Mercure, 
étoile  de  première  grandeur  presque  eflfacée  dans  la  lumière  des  crépuscules 
du  matin  et  du  soir. 

Il  n'y  a  guère  à  espérer  observer  de  rapprochements  de  Mercure  avec  les 
planètes  ou  les  étoiles,  à  cause  de  la  rareté  des  circonstances  qui  permettent 
de  l'observer  lui-môme.  Ses  conjonctions  avec  la  Lune  sont  un  peu  moins 
interdites  à  l'observation;  elles  ont  été  signalées  plus  haut.  On  trouvera  ses 
levers,  couchers,  écarts  du  Soleil»  dans  nos  instructions  mensuelles. 

Mars. 

La  planète  la  mieux  située  pour  nos  observations,  celle  dont  l'étude 
géographique  et  météorologique  est  la  plus  facile,  se  trouve  actuellement 
éloignée  en  des  parages  inaccessibles.  Elle  passe  derrière  le  Soleil  le  1 1  février. 
Revenant  lentement  vers  notre  séjour,  elle  redeviendra  accessible  à  nos 
observations  à  partir  du  mois  d'août.  Le  15  de  ce  mois,  elle  passe  au  méridien 
à  9**  du  matin  et  se  lève  à  1*».  C'est  la  section  de  son  orbite  la  plus  éloignée  de 
l'orbite  terrestre  que  nous  pouvons  observer  ces  années-ci,  et  c'est  son  hémi- 
sphère boréal,  qui,  comme  on  le  sait,  justement  à  cause  de  cette  coïncidence, 
est  le  moins  connu.  Les  observations  peuvent  être  fécondes  pendant  l'au- 
tomne et  l'hiver  prochain.  Le  1"  septembre,  Mars  se  lève  à  minuit  48",  et 
passe  au  méridien  à  8*»46";  le  1"  octobre,  lever  à  minuit  27",  passage  au 
méridien  à  8*» 5";  le  !•'  novembre,  lever  à  minuit,   méridien  à  7*»  13»;  le 


j 


ANNUAIRE  ASTRONOMIQUE  POUR  1885.  21 

1"  décembre,  lever  à  11»»23",  méridien  à6M2»;  le  1"  janvier  1886,  lever  à 
10*»25",  méridien  à  4*»52".  Distanœs  à  la  Terre  : 


1*'  septembre 

300  millions  de  kilomètres 

!•'  octobre 

272       - 

— 

!•'  novembre 

237       — 

— 

!•'  décembre 

198       - 

— 

!•'  janvier  1886 

156       — 

— 

Il  arrivera  le  3  décembre  en  quadrature  avec  la  Terre  et  aura  un  dixième 
de  son  disque  d'entamé.  Il  n'atteindra  son  opposition  derrière  nous  relative- 
ment au  Soleil  que  le  6  mars  1886.  Alors  il  passera  au  méridien  à  minuit  et 
se  retrouvera  en  position  favorable  pour  nos  observations. 

Traçons  également  son  cours  pour  sa  période  de  visibilité.  Le  V  sep- 

Fig.  8. 


:xi 


IX 


vni 


Marche  et  positions  de  la  planète  Mars  pendant  Tannée  1885. 

tembre,  il  sera  visible  dans  la  constellation  des  Gémeaux;  le  12  il  arrive 
juste  sur  l'alignement  de  Castor  et  PoUux;  le  28,  il  passe  près  de  S  du  Cancer, 
à  1**  au  nord;  le  4  novembre,  il  passe  également  à  1<>  au  nord  de  Régulus  et 
le  16  à  2°  au  nord  de  p  du  Lion.  Il  s'approche  de  Jupiter  mais  ne  l'atteindra 
pas  :  le  31  décembre  il  reste  encore  entre  eux  une  différence  de  quarante- 
huit  minutes  en  ascension  droite.  On  suivra  facilement  ce  cours  sur  notre 
fig,  8.  Mars  passera  le  6  août  à  1^20'  au  nord  de  Saturne  (justement  près 
de  jA  Gémeaux)  ;  mais  il  n'atteindra  pas  Jupiter. 

Uranns. 

La  planète  Uranus  arrive  en  opposition  le  20  mars.  C'est  donc  là  Tépoque 
la  plus  favorable  pour  son  observation.  Elle  habite  la  constellation  de  la 
Vierge,  au  sein  de  laquelle  elle  se  déplace  lentement.  Le  l^'  janvier,  elle  se 
trouve  à  deux  minutes  de  temps  seulement  à  droite  ou  à  l'ouest  de  l'étoile  t^. 


22 


L'ASTRONOMIE. 


dont  elle  va  s'écarter  jusqu*ea  juin  (voir  la  carte  ci-dessous).  Puis,  elle  re- 
viendra vers  Test  et  atteindra  cette  même  étoile  le  30  septembre,  la  dép^assera 
et  arrivera  au  commencement  de  Tannée  au-dessous  de  la  belle  étoile  dou- 
ble Y-  Le  !•'  janvier  :  lever  à  11  *" 24"  du  soir;  passage  au  méridien  à  5*»28"'  du 
matin.  Le  1*'  février,  lever  à 9*» 20"*  du  soir;  passage  au  méridien  à  3*" 25"  du 
matin.  Le  1"  mars,  lever  à  7»» 25»;  méridien  à  P32".  Le  1^'  avril,  lever 
à  5^16"  ;  méridien  à  ll'>2i".  Le  l"mai,  passage  au  méridien  à  9^19",  coucher 
à  3*» 30"  du  matin.  Le  1"  juin,  passage  au  méridien  à  7^  15"  ;  coucher  à  P27". 

Fig.  9. 


X 

i SB 

XI        -1 

/ 

/ 

\                                                                           C 

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xm                                         xo. 

XI              1 

Marche  et  positions  de  la  planète  Uranus  pendant  l'année  1885. 

Le  1"  juillet,  coucher  à  11*'25",  et  le  1®'  août  coucher  à  9*'25".  La  période  la 
plus  favorable  est  donc  février-juillet. 

Jupiter  arrivera  vers  p  de  la  Vierge  le  21  octobre  et  le  9  décembre  vers  tj, 
mais  n'atteindra  pas  Uranus. 

Neptune. 

La  planète  télescopique  Neptune  plane  dans  le  Bélier.  Elle  sera  en  opposi- 
tion le  15  novembre.  Avant  cette  date  nous  publierons  la  carte  des  étoiles 
qui  Tavoisinent,  afin  que  ceux  qui  auraient  la  curiosité  de  la  voir  une  fois, 
puissent  la  trouver  et  la  reconnaître. 

Gérés.  —  Pallas.  —  Junon.  —  Vesta. 

On  trouvera  dans  nos  éphémérides  mensuelles  les  positions  des  petites 
planètes  aux  époques  favorables  pour  leur  observation. 

Tels  sont  les  principaux  caractères  astronomiques  de  Tannée  qui  vient  de 
commencer.  On  voit  qu'ils  ne  manquent  ni  d'intérêt  ni  de  variété.  En  les 
connaissant,  en  les  suivant,  de  loin  ou  de  près,  on  se  tient  en  relation  avec 


L;ÈCLIPSE  DE  LUNE  DU  4  OCTOBRE.  23 

la  marche  de  Tunivers  dont  nous  faisons  partie  intégrante,  on  ne  reste  pas 
isolé  en  dehors  de  la  réalité,  on  vit,  en  un  mot,  en  harmonie  avec  la  nature. 
Nous  avons  la  conviction  que  cet  exposé  général,  qui  contient,  nous  l'espé- 
rons, tous  les  faits  essentiels,  sera  favorablement  acccueilli  par  nos  lecteurs  et 
comblera  définitivement  Fimportante  lacune  qui  nous  a  été  tant  de  fois 
signalée.  Notre  plus  vif  désir  est  de  voir  cet  annuaire  devenir  de  plus  en  plus 
complet  chaque  année,  et  ce  sera  l'œuvre  de  nos  lecteurs  qui  voudront 
bien  nous  signaler  ses  imperfections  et  leurs  désirs. 

Ce  n'est  d'ailleurs  qu'une  «gum«  générale.  Elle  ne  remplace  pas  les  instruc- 
tions mensuelles  de  la  Revue,  mais  elle  donne  une  première  idée  des  mouve- 
ments célestes  et  de  leurs  relations  avec  la  Terre.  Les  détails  indispensables 
aux  observateurs  insérés  Tannée  dernière  dans  VAlmanach  astronomique 
seront  publiés  ici  chaque  mois  par  M.  Vimont,  avec  toutes  les  données  néces- 
saires pour  l'étude  pratique  du  ciel. 

Camille  Flammarion. 


L'ÉCLIPSÉ  DE  LUNE  DU  4  OCTOBRE  1884. 

Aux  documents  publiés  dans  la  Revue  de  novembre  1884,  il  importe  d'en 
ajouter  ici  quelques-uns  qui  mettent  en  évidence  certaines  particularités  nou- 
velles et  inattendues. 

Et  d*abord,  l'aspect  de  la  Lune  totalement  éclipsée  n'a  pas  été  le  même  pour 
tous  les  pays.  Cette  conclusion  est  assez  singulière,  mais  il  est  impossible  de  s'y 
soustraire. 

Notre  attention»  d'abord  appelée  sur  ce  point  par  la  diversité  des  documents 
dus  à  nos  correspondants,  a  été  arrêtée  tout  spécialement  par  la  communication 
suivante  de  M.  Mullen,  astronome  à  Copenhague  : 

ff  Ici,  la  Lune  a  été  sensiblement  colorée  pendant  quelques  moments  de  la 
totalité.  N'ayant  pas  eu  plus  tôt  l'occasion  d'observer  soigneusement  une  grande 
éclipse  de  Lune,  je  ne  connaissais  cette  couleur  que  d'après  les  images  et  m'atten- 
dais à  la  voir  assez  sombre;  mais  immédiatement  après  le  commencement  de  la 
totalitéftout  le  disque  lunaire,  alors  parfaitement  visible,  est  devenu  rouge-cuivre 
d'une  teinte  claire  très  prononcée;  cette  nuance  n'a  duré  que  quelques  moments, 
peut-être  seulement  une  à  deux  minutes  (je  n'ai  pas  noté  la  an  de  ce  phénomène, 
croyant  que  la  disparition  n'était  que  provisoire),  et  ne  s  est  pas  répétée  pendant 
tout  le  reste  de  l'éclipsé.  M™«  MuUen,  qui  observait  avec  moi,  la  qualiâa  couleur 
de  rouille  :  nous  avons  la  \nie  normale.  Je  dois  ajouter  que  j'ai  grand'peur  d'être 
dupé  par  mes  sens  et  que  je  suis  absolument  sûr  de  ce  que  j'ai  vu. 

a  MM.  Pechûle  et  Schjellerup  n'ont  pas  fait  cette  observation.  Cependant 
M.  Pechûle  m'engagea  alors  à  vous  communiquer  ce  que  j'avais  vu,  ajoutant 
qu'il  faudrait  bien  se  rendre  à  l'évidence,  si  des  expériences  concordantes  con- 


24  L'ASTRONOMIE. 

stataient  qu'une  éclipse  de  Lune  n'était  pas  tout  à  fait  identique,  vue  de  par- 
tout. Dès  lors,  je  voulus  avoir  quelques  autres  témoignages  et  as  insérer  dans 
les  journaux  une  demande  générale  de  me  faire  savoir  Taspect  de  la  Lune  pen- 
dant la  totalité,  naturellement  sans  dire  la  nuance  que  j'avais  vue.  L^éclipse 
du  4  octobre  n'a  pas  excité  beaucoup  d'attention  en  Danemark,  surtout  parce  que 
le  malheureux  incendie  du  palais  royal  de  la  veille  au  soir  occupait  tous  les 
esprits.  Je  n'ai  reçu  que  sept  réponses  à  ma  demande.  Toutes  sans  exception 
constatent,  dans  des  termes  très  variés,  la  couleur  jaune,  rouge,  rougeâtre,  etc., 
plus  ou  moins  accentuée,  de  la  Lune  totalement  éclipsée.  Il  est  assez  remarquable 
que  les  trois  observateurs  qui  demeurent  à  Copenhague  (comme  moi)  ont  vu  la 
Lune,  à  ce  qu'il  semble,  le  plus  colorée,  tandis  que  les  quatre  autres,  dans  les 
provinces,  appellent  la  couleur  faible.  M.  Forvald  Kohi,  observateur  très 
exercé,  qui  demeure  dans  le  Jylland  où  il  a  un  observatoire  privé,  me  commu- 
nique un  extrait  de  son  journal  d'observation  où  il  est  dit  entre  autres  :  «  Pen- 
dant la  totalité,  la  Lune  est  vue  sans  interruption  dans  une  teinte  mate  grisâtre 
avec  une  nuance  rougeâtre  extrêmement  faible.  »  M.  H.,  avocat  à  Rouders 
(Jylland),  relate  que  la  moitié  ouest  du  disque  lunaire,  quand  la  totalité  com- 
mença, a  devenait  luisante  avec  des  taches  sombres  comme  un  charbon  ardent 
mat.  » 

«  En  admettant  ainsi  comme  certain  —  et  personnellement  j'y  suis  forcé  —  que 
la  Lune  a  été  vue  colorée  pendant  Téclipse,  mais  que  lacoloratiouy  même  dans  le 
petit  Danemark,  a  paru  très  différente  en  nuances  et  en  mtensité,  il  me  semble 
évident  que  la  cause  de  ces  divergences  doit  être  uniquement  atmosphérique. 
Le  ciel  a-t-il  été  couvert  presque  partout  ailleurs  de  couches  supérieures  qui 
interceptaient  les  rayons  rouges,  ou  bien  notre  atmosphère  a-t-elle  seule  été 
favorable  pour  le  passage  de  ces  rayons?  je  veux  dire  :  est-il  possible  que  la  Lune 
réellement  n*ait  pas  été  rouge,  mais  que  tous  les  rayons  non  rougeâtres  n'aient  pu 
pénétrer  jusqu'à  nous  ? 

a  Kj.  MuLLEN.  I) 

Ainsi,  tandis  que  la  Lune  totalement  éclipsée  a  été  vue  d'un  ton  gris  sombre  et 
sans  coloration  &  Paris,  Meudon,  Juvisy,  Argentan,  Gien,  Bayonne,  Toulouse, 
Saint-Émilion,  Vaucluse,  Guéret,  Saint-Jouin,  Réthel,  Laroche-Bernard,  Jaén 
(Espagne),  etc.,  par  des  observateurs  très  attentifs  (on  pourrait  sans  doute  y 
joindre  les  observatoires  de  Toulouse  et  Lyon,  leurs  relations  étant  absolument 
muettes  sur  l'aspect  de  la  Lune  pendant  l'éclipsé),  elle  a  été  vue  manifestement 
colorée  en  rouge  à  Copenhague  et  dans  une  partie  du  Danemark.  Il  faut  donc 
admettre  que  l'état  optique  de  l'atmosphère  joue  un  rôle  sensible  dans  les  appré- 
ciations des  observateurs. 

Il  y  a  même  des  points  où,  probablement  à  cause  d'une  certaine  opacité  de 
l'atmosphère,  notre  satellite  a  presque  entièrement  disparu.  A  Paris  et  dans  ses 
environs,  nous  l'avons  presque  tous  comparé  à  une  pâle  nébulosité,  aux  Pléiades 
vues  indistinctement,  à  la  nébuleuse  d'Andromède,  etc.  M.  de  Cran,  à  Laroche- 
Bernard,  déclare  qu'au  commencement  de  la  totalité  «  il  était  tout  à  fait  impos- 


L^ÉCLIPSE  DE  LUNE  DU  4  OCTOBRE.  25 

sible,  soit  à  Tœil,  soit  à  la  luDette,  d'apercevoir  la  Lune,  et  qu'elle  avait  disparu 
si  complètement  que,  sans  points  de  repère  des  étoiles  voisines,  on  n'aurait  pu 
trouver  sa  place  dans  le  ciel.  »  De  Rethel,  M.  Paille  écrit  :  «  Le  disque  lunaire 
se  détachait  à  peine  dans  le  ciel  ;  une  teinte  grise  un  peu  transparente  le  faisait 
seule  découvrir  à  l'œil  nu,  et  encore  fallait-il  en  être  prévenu.  »  De  Saint-Jouin, 
M.  DuvAL  :  «  Après  la  totalité,  la  Lune  se  distinguait  à  peine;  elle  n'était  pas 
rougeâtre  comme  en  1877.  »  De  Passy,  M.  Zacgone  :  «  La  Lune  n'ayant  pas  paru 
rouge,  la  circonférence  de  la  Terre  ne  devait-elle  pas  être  couverte  de  nuages 
gênant  la  réfraction  des  rayons  solaires?  »  De  Guéret,  M.  Martin  ;  «  Grande 
différence  avec  1877  !  le  gris  domina  dans  les  teintes  des  diverses  phases;  le  mo- 
ment le  plus  saisissant  a  été  le  début  de  la  totalité  :  la  Lune,  avec  ses  tons  de 
nacre  sombre,  ne  ressemblait  plus  à  un  astre  du  ciel  et  paraissait  toute  proche.  » 
De  Cheval-Blanc  (Vaucluse),  M.  Perrotet  des  Pins  :  o  La  Lune,  d'un  clair 
.  obscur  au  milieu  du  ciel  complètement  noir,  était  à  peine  visible.  »  A  l'Observa- 
toire de  Meudon,  M.  Trouvelot  a  trouvé  le  disque  éclipsé  «  sans  aucune  colora- 
tion rougeâtre.  »  De  Toulouse,  M.  Audemarb-Luxeul  écrit  :  «  Ciel  d'une  pureté 
parfaite;  aucune  trace  de  coloration  rougeâtre.  »  De  Jaën  (Espagne),  MM.  Folache, 
Ildbfonso  Gonzalez,  les  membres  de  la  Société  scientifique  Flammarion  et  plus 
de  150  visiteurs  se  sont  accordés  à  comparer  le  disque  lunaire  à  une  nébulosité 
gris  blanCf  du  ton  de  la  Voie  lactée,  ne  rappelant  en  rien  la  coloration  rouge  des 
éclipses  de  juillet  1870  et  août  1877.  Un  dessin  représente  cette  blancheur  allant 
en  augmentant  du  Sud-Est  au  Nord-Ouest.  — A  l'Observatoire  de  Paris,  M.  Tré- 
pied l'a  trouvée  pâle,  uniforme  et  a  décidément  bleue.  »  —  A  Lons-le-Saunier, 
M.H.GAUTHiER-ViLLARSl'ajugée  d'un  jaune  de  bronze.  —  De  Muges,  M.  Courtois 
écrit  :  «  A  l'œil  nu,  elle  était  presque  invisible  et  donnait  moins  de  lumière  que 
les  étoiles  du  carré  de  Pégase;  au  télescope  on  distinguait  une  lumière  cendrée 
peu  intense  et  légèrement  rougeâtre,  mais  bien  moins  prononcée  que  celle  des 
éclipses  des  27  février  et  23  août  1877.  »  De  Bayonne^  M.  Daguin  :  «  Sans 
disparaître  complètement  à  la  vue  simple,  la  Lune  semblait  une  tache  nébuleuse 
bleu  cendré  tirant  un  peu  sur  le  rouge  suie,  dont  l'éclat  était  peu  supérieur  à  celui 
de  la  nébuleuse  d'Andromède  vue  à  l'œil  nu.  »  Aux  îles  Canaries,  M.  Aquilino 
G.  Barba,  a  observé  une  teinte  d'un  gris  d'azur  dans  la  pénombre,  entre  la  partie 
sombre  et  la  région  non  éclipsée,  phénomène  qui,  dit-il,  aurait  pu  facilement  passer 
inaperçu,  car  il  n'était  pas  prévu. 

Déjà  se  manifestent  ici  les  diversités  d'appréciations  personnelles  aux  yeux  des 
observateurs.  La  comparaison  des  nombreux  documents  dus  au  zèle  scientifique 
de  nos  lecteurs  nous  convainc  qu'il  n'y  a  peut-être  pas  deux  observateurs  qui 
aient  vu  l'éclipsé  de  la  même  façon.  D'autre  part,  tous  ne  l'ont  pas  analysée 
avec  les  mêmes  soins.  Voici,  par  exemple,  certaines  particularités  dignes  d'être 
mentionnées  : 

a  9** 25" 30*.  Nous  distinguons  très  bien  à  l'œil  nu  le  disque  entier,  dont  la  teinte  reste 
gris  fer  et  ne  présente  pas  trace  de  coloration  rouge. 


26  L'ASTRONOMIE. 

€  9''5i".  La  partie  nord  supérieure  paraît  plus  éclairée  que  le  reste.  Le  haut  (le  bas 
dans  la  lunette)  s'éclaircit  de  plus  en  plus. 

«  10''25".  Le  côté  oriental  devient  très  clair.  Puis  il  redevient  sombre.  Ces  éclaircisse- 
ments et  ces  assombrissements  se  succèdent  plusieurs  fois. 

«  Madame  de  Nevil,  à  Saint-Émilion.  » 

«  9''34".  La  moitié  occidentale  est  plus  claire  que  la  partie  orientale.  Les  mers  sont 
toutes  visibles;  la  région  qui  se  trouve  au-dessus  de  la  mer  du  Froid  et  du  golfe  de  la 
Rosée  est  plus  brillante  que  Tycho. 

a  Q**  55".  Le  segment  lumineux  est  plus  large  et  s'étend  sur  toute  la  région  montagneuse 
du  N.N.O. 

a  10''0'".  Disque  très  sombre.  C'est  à  peine  si  l'on  distingue  les  mers.  Mer  des  Nuées 
toujours  la  plus  noire. 

«  lO'^lS".  Une  bande  sombre  qui  rappelle  celle  de  Mercure  s'étend  du  N.E.  au  S.O., 
ayant  pour  limites  Tycho  et  Gassendi  d'un  côté  et  Possidonius  de  l'autre. 

«  10^23".  Cette  bande  est  encore  plus  sombre. 

«  10^37".  Un  segment  rouge  se  manifeste  au  S.E. 

«  10''56"".  Unegibbosité  d'un  gris  roux  s'étend  jusqu'au  golfe  du  Centre. 

«  11^2".  Un  croissant  bleuâtre  clair  commence  à  paraître  au  N.E.  et  annonce  que  la 

totalité  va  finir. 

«  Guillaume,  à  Perronas  ». 

«  9''50".  Lune  très  obscure,  pourtant  nette;   on  voit  clairement  Tycho,  Copernic. 

Platon,  Grimaldi.  Mais  le  brillant  Aristarque,  qui  est  toujours  le  point  le  plus  blanc  de 

la  Lune,  a  entièrement  disparu. 

a  GuiOT,  à  Soissons.  » 

«  A  9*'44",  l'éclipsé  étant  totale  depuis  un  quart  d'heure,  on  remarque  un  croissant 
rougeâtre  à  droite  et  en  haut(N.O.)  du  disque  lunaire;  je  pensai  que  ce  croissant  était 
dû  à  la  moindre  épaisseur  de  la  couche  d'ombre  arrivant  sur  la  Lune. 

«  A  10**,  ce  pâle  éclairement  faisait  le  tour  entier  de  la  Lune,  ce  qui  confirme  l'expli- 
cation précédente. 

a  A  10"'35",  la  région  sud-est  prit  une  teinte  plus  rouge  et  plus  claire,  et  la  partie 

opposée  s'assombrit  de  plus  en  plus. 

«  Maurice  Jacquot,  au  Havre.  » 

f  Pendant  la  totalité,  l'éclipsé  est  restée  constamment  visible,  les  mers  de  la  Tranquil- 
lité, de  la  Sérénité,  l'Océan  des  Tempêtes,  etc.,  se  distinguent  facilement.  On  a  une 
idée  fort  nette  de  la  sphéricité  du  satellite.  Une  lumière  relativement  vive  se  remarque 
sur  le  bord  supérieur  à  droite  et  à  gauche  avec  mobilité  dans  l'éclat;  tantôt  la  lumière 
était  plus  vive  à  droite  et  tantôt  à  gauche,  tantôt  au-dessus,  le  bord  inférieur  a  toujours 

été  moins  éclairé. 

a  Berqe,  à  Romorantin.  » 

En  France,  comme  en  Danemark,  plusieurs  observateurs  ont  noté  une  teinte 
rougeâtre.  M.  Bruguière  écrit  de  Marseille  :  «  Pendant  toute  la  durée  de  la  tota- 
lité, la  Lune  est  restée  visible.  A  l'œil  nu,  elle  offrait  un  aspect  rougeâtre;  à  la 
jumelle,  la  nuance  était  moins  marquée,  et,  dans  la  lunette,  il  n'y  avait  plus  de 
coloration  »  (»).  M.  le  D»*  do  Croupet  écrit  de  Soumagne  :  «  A  9*» 37™,  l'éclipsé  est 

(•)  A  l'Observatoire  de  Marseille,  MM.  Stéphan  et  Borrelly  ont  fait  les  remarques 
suivantes  :  «  Pendant  cette  éclipse,  l'ombre  a  été  d'un  noir  foncé  remarquable.  A  peine 


L'ÉCLlPSE  DE  LUNE  DU  4  OCTOBRE.  27 

totale,  la  lumière  rosée  est  difficile  à  distinguer  à  Tœil  nu;  avec  la  lunette,  la 
teinte  du  côté  est  est  rose-pâle,  tandis  que  celle  du  côté  ouest  est  plus  sombre.  » 
M.  Thore,  à  Dax,  a  fait  entre  autres  les  remarques  suivantes  :  «  Le  disque 
éclipsé  est  décidément  coloré  en  rouge  brun;  cette  apparence  se  perçoit  avec  tous 
les  instruments  (télescopes  Foucault  de  On»,30  et  de  0°»,i6,  chercheurs,  etc.;  mes 
deux  collaborateurs  le  constatent  avec  moi  :  il  n'y  a  pas  de  doute  possible. 
A  10^40™,  le  bord  oriental  commence  à  s'éclairer,  l'éclipsé  totale  est  terminée;  la 
partie  éclipsée  présente  toujours  la  coloration  rouge  violacée  sombre.  »  Dès  le 
commencement  de  Téclipse,  une  remarque  analogue  avait  été  faite  :  a  A  S'»  9"»,  la 
partie  la  plus  sombre  de  la  pénombre  paraît  légèrement  colorée  en  fauve  (teinte 
enfumée).  Cette  coloration  gagne  insensiblement  le  reste  du  disque  lunaire.  » 
M.  Lange  de  Ferrières,  à  Rupt  :  «  Jusqu'au  milieu  de  la  totalité,  le  bord  occi- 
dental de  la  Lune  est  resté  plus  éclairé  que  le  bord  oriental.  On  n'a  pas  cessé  de 
voir  le  disque  lunaire  :  sa  teinte  était  rougeâtre,  mais  bien  moins  colorée  que 
dans  réclipse  du  23  août  1877.  »  M.  RAFFARD,à  Gien  :  «  Avant  la  totalité,  la  partie 
éclipsée  est  rouge  marron  sombre,  bordée  d'une  teinte  bleu  cendré;  pendant  la 
totalité,  la  Lune  est  à  peine  visible.  »  M.  GUxNZIger,  à  Saint-Mandé  :  «  La  partie 
éclipsée  semble  légèrement  rougeâtre  ;  pendant  la  totalité,  la  Lune  paraît  plus 
petite,  échancrée  au  sud.  »  M.  Ginieis,  à  Saint-Pons  :  a  Pendant  la  totalité, 
à  9^35™,  le  disque  est  d'un  rouge  sombre,  le  bord  N.-O.  plus  clair  que  le  centre 
(un  dessin  représente  sous  un  aspect  remarquable  ce  bord  clair,  en  haut  et  à  droite 
du  disque).  —  9*» 50"»  :  il  devient  plus  sombre.  —  10*»  :  la  Lune  offre  à  l'œil  nu 
l'aspect  d'une  nébulosité  rougeâtre  elliptique  dont  le  grand  axe  va  du  N.-E. 
au  S.-O.,  l'éclat  total  étant  celui  d'une  étoile  de  2e  grandeur.  —  10*»  15™  :  l'éclat 
descend  à  la  3«  grandeur,  et  l'on  ne  distingue  plus  rien  sur  le  disque.  —  10^45™  : 
le  bordN.-E.  devient  d'un  rouge  pâle,  et  la  fin  de  la  totalité  approche.  — lO'»  52»;  le 
bord  E.-N.-E.  devient  jaune  clair  :  fin  de  la  totalité.  »  M.  A.  Fontaine,  à  Précy-sur- 
Oise  :  «  A  10*>30n>,  le  disque  est  rougeâtre  et,  vers  sa  partie  inférieure,  d'une 
teinte  plus  sombre,  presque  couleur  de  fer.  »  —  A  Grenoble,  M.  E.  Aurel  a 
constaté  que,  quoique  la  coloration  rouge  ait  été  beaucoup  moins  prononcée 
que  dans  l'éclipsé  de  1877  (ce  que  l'auteur  attribue  aux  différences  atmosphé- 
riques), elle  n'en  est  pas  moins  certaine.  L'observation  a  été  faite  à  213™  d'alti- 

le  premier  contact  avait-il  lieu,  que  la  portion  éclipsée  du  disque  devenait  invisible, 
même  dans  un  télescope.  C'est  seulement  à  l'approche  du  deuxième  contact  que  le  pour- 
tour lunaire  a  commencé  à  se  montrer  dans  son  entier  avec  une  faible  teinte  ;  cette  sorte 
de  lueur  cendrée  a  persisté  pendant  toute  la  totalité,  mais,  aussitôt  après  le  troisième 
contact,  la  partie  située  dans  Tombre  s'est  effacée  de  nouveau. 

a  A  l'œil  nu,  l'échancrure  noire  semblait  presque  aussi  nettement  délimitée  que  dans 
une  éclipse  de  soleil,  et  pendant  toute  la  période  de  totalité  la  Lune  cessa  d'être  visible; 
il  ne  subsistait  qu'une  petite  nébulosité,  d'un  faible  éclat,  où  un  observateur  non  pré- 
venu aurait  été  dans  l'impossibilité  de  soupçonner  la  présence  de  la  Lune. 

9  Quant  à  la  teinte  rouge,  si  fréquemment  signalée  à  l'occasion  des  éclipses  anté- 
rieures, elle  a  presque  complètement  fait  défaut;  c'est  seulement  un  peu  après  le 
troisième  contact  qu'elle  a  apparu  d'une  manière  éphémère  et  avec  très  peu  d'intensité.  » 


28  L'ASTRONOMIE. 

tude,  à  travers  des  éclaîrcies,  et  la  coloration  s'est  manifestée  à  partir  de  9^55», 
heure  à  laquelle  les  \^  du  disque  étaient  éclipsés.  La  nuance  était  rose-pStle. 

De  cet  ensemble  de  témoignages  nous  pouvons  conclure  : 

1«  Pendant  les  éclipses  totales  de  Lune,  même  lorsqup  notre  satellite  traverse 
le  centre  du  cône  d'ombre  de  la  Terre,  comme  c'était  le  cas  le  4  octobre  dernier, 
la  réfraction  de  la  lumière  solaire  à  travers  Fatmosphère  terrestre  atteint  jusqu'au 
centre  du  disque  lunaire,  l'intensité  lumineuse  diminuant  à  partir  des  bords  du 
cône  d'ombre. 

2<»  La  diminution  de  cette  intensité  n'est  pas  régulière.  Un  effet  de  contraste 
empêche  d'en  saisir  la  variation  dans  le  voisinage  même  du  bord  du  cône.  Mais, 
pendant  la  totalité,  les  régions  du  disque  lunaire  les  plus  voisines  des  bords  du 
cône  sont  moins  obscures  que  les  régions  centrales. 

3^  Le  degré  d'obscurcissement  et  la  coloration  due  à  la  réfraction  de  la  lumière 
ne  sont  pas  les  mêmes  pour  des  éclipses  de  même  situation  géométrique.  Cette 
différence  doit  être  due  à  l'état  de  transparence  et  d'hygrométrie  de  l'atmosphère 
autour  du  disque  terrestre  vu  de  la  Lune. 

4<»  Il  y  a,  dans  cet  obscurcissement  produit  par  l'écran  terrestre,  des  variations, 
des  fluctuations  dues  à  des  variations  de  transparence  dans  notre  propre  atmo- 
sphère. 

50  L'appréciation  du  degré  d'obscurcissement  et  de  coloration  varie  suivant 
l'état  de  l'atmosphère  au  point  où  l'on  observe,  selon  le  contraste  offert  par  les 
nuages  et  les  objets  visibles,  suivant  qu'on  observe  à  l'œil  nu  ou  à  l'aide  d'instru- 
ments (et  suivant  ces  instruments  eux-mêmes)  et  beaucoup  aussi  suivant  les  yeux 
et  le  jugement  des  observateurs.  —  Cette  appréciation  paraît  tout  aussi  diversifiée 
que  celle  des  événements  politiques  jugés  par  chaque  individu  d'après  son  édu- 
cation personnelle. 

Pour  compléter  tout  à  fait  cette  relation,  il  nous  reste  à  parler  des  irrégularités 
observées  le  long  de  l'ombre  de  la  Terre. 

Comme  nous  l'avons  vu  (novembre,  p.  405),  M.  de  Boé,  à  Anvers,  a  signalé  une 
surélévation  qui  aurait  atteint  son  maximum  à  9*^20»  et  aurait  correspondu  au 
moment  où  le  relief  des  Andes  se  trouvait  juste  sur  le  contour  de  la  Terre  et 
projetait  son  profil  sur  la  Lune.  Au  milieu  de  la  phase,  quand  l'océan  Pacifique 
arriva  sur  le  contour,  l'ombre  serait  redevenue  régulière.  On  a  également 
remarqué  (MM.  Lamey,  à  Grignon,  Jacquot,  au  Havre,  Niesten,  à  Bruxelles,  etc.) 
diverses  irrégularités  sur  le  contour  de  l'ombre,  qui  ont  été  attribuées  soit  à  des 
montagnes  terrestres,  soit  à  des  couches  de  nuages,  soit  à  la  chute  de  l'ombre 
sur  les  reliefs  variés  de  la  Lune  elle-même.  M.  Lamey  s'est  principalement  occupé 
de  cette  question  et  voici  ses  conclusions  : 

c  En  assimilant  à  des  arcs  de  cercle  les  courbes  apparentes  formées  par  l'inter- 
section du  globe  lunaire  avec  le  cône  d'ombre  de  la  Terre,  j'ai  trouvé  que  les 
rayons  de  ces  cercles  variaient  considérablement,  au  moins  de  2  à  1,  alors  que 
la  Lune  était  entamée  dans  le  rapport  de  |-  à  j  de  son  rayon.  Cette  variation  ne 
parait  pas  progresser  régulièrement,  au  fur  et  à  mesure  de  l'entrée  du  satellite 


L'ÉCLIPSÉ  DE  LUNE  DU  4  OCTOBRE. 


29 


dans  Tombre,  le  rayon  de  l'arc  de  cercle  se  remettant  à  croître  à  l'approche  de  la 
région  centrale  du  disque  ;  c'est  du  moins  ce  qui  résulte  de  plusieurs  tracés  obte- 
nus dans  la  soirée  du  4  octobre  dernier,  en  profitant  des  éclaircies  de  courte 
durée  que  le  ciel  présentait  à  Grignon. 

«  Ces  grandes  variations  de  courbure  doivent  être  principalement  attribuées 
à  ,ce  fait,  que  la  silhouette  de  notre  planète  se  projette  sur  une  surface  sphé- 
roTdale,  qui  ne  saurait  être  assimilée,  au  point  de  vue  des  apparences,  à  une 
surface  plane  perpendiculaire  au  rayon  visuel.  La  plus  simple  expérience  suffit 
du  reste  pour  s'en  convaincre. 

«  Outre  ces  variations  dans  la  courbure  générale,  la  limite  d'ombre  et  de  lumière 


FIg.  10. 


Fig.  11. 


Hémisphère  terrestre  tourné  vers  la  Lune 
au  miUeu  de  réclipse. 


Hémisphère  terrestre  tourné  vers  le  Soleil 
au  milieu  de  l'éclipsé. 


présente  ça  et  là  de  petites  sinuosités,  qui  persistent  souvent  pendant  plusieurs 
minutes;  elles  ne  peuvent  être  attribuées  aux  aspérités  montagneuses  de  la 
Terre  ;  car,  lorsque  l'on  compare  les  variations  do  ces  sinuosités  avec  les  inéga- 
lités du  sol  lunaire  sur  lesquelles  elles  se  projettent,  on  constate  une  corrélation 
évidente.  Ainsi,  dans  la  première  phase  d'entrée  d'une  éclipse,  les  sinuosités  con- 
vexes et  proéminentes  du  côté  de  la  lumière  correspondent  aux  parties  de  la 
courbe  d'ombre  qui  descendent  une  côte.  Ces  mêmes  sinuosités  deviennent,  au 
contraire,  concaves  et  rentrantes,  quand  la  courbe  vient  à  monter  une  pente 
inclinée.  Ce  phénomène  est  surtout  visible  dans  les  régions  très  accidentées  du 
sol,  par  exemple  lorsque  la  ligne  d'ombre  traverse  les  mers  des  Crises  et  de  la  Sé- 
rénité. Les  ondulations  de  l'ombre  dénotent,  au  centre  de  ces  vastes  plaines,  une 
grande  dépression,  tandis  que  les  régions  montagneuses  avoisinantes  montrent 
une  surélévation  concentrique  très  accentuée,  eu  égard  au  niveau  moyen  du  sol 

lunaire.  » 

Le  D'  Lescarbault,  qui  a  observé  l'éclipsé  à  son  Observatoire  d'Orgères,  a  fait 
les  remarques  suivantes  :  «  L'ombre  n'est  pas  trop  diffuse  sur  son  contour,  mais 
il  m'est  impossible  de  constater  si  elle  s'écarte  de  la  figure  d'un  arc;  et,  comme 


30  L'ASTRONOMIE. 

la  lune  est  sphérique,  et  non  pas  plane,  il  en  résulte  que  le  cône  d'ombre  projeté 
sur  sa  surface  doit  y  dessiner  une  ligne  courbe  de  moindre  courbure  à  Tendroit 
le  plus  saillant  de  notre  satellite. 

«  Le  rayon  de  cet  astre  étantexcessivement  petit,  relativement  à  sa  distance  au 
Soleil,  l'efifet  est  sensiblement  nul,  et  la  base  du  cône  d'ombre,  au  lieu  de  passer 
par  le  centre  de  la  Lune,  ayant  un  diamètre  à  peu  près  quatre  fois  aussi  grand 
que  celui  de  cette  dernière,  il  me  paraît  bien  difficile,  vu  l'indécision  de  la  limite 
entre  l'ombre  et  la  pénombre,  de  dire  si  Tare  de  l'ombre  sur  la  Lune  s'écarte 
de  la  forme  d'un  arc  de  cercle. 

«  Longtemps  avant  la  totalité,  l'ombre  était  d'un  bleu  noir  bien  évident  (entre  le 
bleu  et  l'indigo),  avec  une  bordure  presque  noire,  de  2'  de  largeur  environ,  qui 
disparut  vers  lO*»  du  soir.  Pendant  ce  temps,  aucun  détail  n'est  visible  sur  le  disque 
lunaire.  Cependant,  les  bords  des.  cirques,  que  je  n'avais  pas  le  temps  de  recon- 
naître^à  cause  du  passage  fréquent  des  vapeurs,  étant  obliques  sur  la  surface  géné- 
rale et  réfléchissant  de  la  lumière  vers  nous,  il  en  résultait  que  le  contour  de 
l'ombre  présentait  de  petites  échancrures  assez  nombreuses  et  bien  appréciables.  » 

Ces  considérations  sont  dignes  d'attention  et  ont  leur  valeur  intrinsèque;  mais 
elles  n'empêchent  pas  que  le  profil  des  Andes  ou  des  Cordillères  ne  puisse  être 
perceptible  sur  le  contour  de  l'ombre  terrestre  :  ce  relief  atteignant  la  i440<'  partie 
du  diamètre  de  la  Terre  serait  représenté  par  une  boursoufflure  de  1«™  sur  un 
cercle  de  1™,44;  c'est  fort  minime,  assurément,  mais  ce  n'est  pas  insensible,  et 
M.  de  Boô  nous  écrivait  le  lendemaiù  de  Téclipse  qu'on  le  devinait  plutôt  qu'on 
ne.  le  constatait,  «  comme  on  devine  la  ressemblance  d'une  personne  sur  sa  sil- 
houette noire  ». 

Nous  avons  représenté  {fig,  10  et  il)  les  deux  hémisphères  terrestres  tournés 
l'un  vers  la  Lune,  l'autre,  diamétralement  opposé,  vers  le  Soleil,  au  milieu  de  la 
totalité,  c'est-à-dire  àiO^^lS".  L'hémisphère  obscur  tourne  de  la  gauche  fvers  la 
droite,  et  la  France,  qui  se  trouvait  près  de  l'horizon  au  commencement  de  l'éclipsé 
(8^25™),  s'était  avancée  jusqu'au  méridien  central  à  la  fin  (li*»58").  D'après 
M.  Procter,  auquel  nous  devons  ces  deux  projections,  la  surélévation  observée 
avant  la  totalité  par  M.  de  Boë  n'aurait  pu  être  causée  par  les  Cordillères,  mais 
par  des  nuages  situés  au-dessus  du  Brésil  ou  de  la  Guyane,  au  point  a. 

11  nous  reste  encore  à  dire  un  mot  de  la  bordure  de  l'ombre,  que  nous  avons 
tout  particulièrement  étudiée  à  Juvisy,  que  le  D»*  Lescarbault  a  remarquée  à 
Orgères,  comme  on  vient  de  le  voir,  que  beaucoup  d'observateurs  ont  constatée 
d'autre  part,  et  que  l'on  s'est  accordé  comme  nous  à  évaluer  à  2'  d'épaisseur.  Il 
nous  semble  que  cette  bordure  transparente  ne  pouvait  être  que  l'ombre  de  notre 
atmosphère.  Son  épaisseur  étant  le  34«  du  diamètre  de  la  Terre  indiquerait  donc 
que,  jusqu'à  370^"»  de  hauteur  (en  nombre  rond),  Tatmosphère  terrestre  est  assez 
dense  pour  porter  ombre  et  former  contraste  avec  la  complète  transparence  de 
l'espace. 

C.  F. 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  31 

NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS. 

Le  tremblement  de  terre  du  27  novembre.  —  Le  jeudi  27  novembre,  à 
1  lh5m  du  soir,  on  a  ressenti  à  Nice,  dans  les  Alpes,  jusqu'au  delà  de  Turin  à  Test, 
jusqu'à  Marseille  à  l'ouest  et  jusqu'à  Lyon  au  nord,  un  tremblement  de  terre 
d'une  étendue  remarquable  et  digne  d'être  consigné  ici  en  dehors  du  cadre  des 
tremblements  de  terre  généraux  dont  la  Revue  publie  le  relevé  chaque  année. 

Parmi  les  diverses  relations  que  nous  avons  reçues  de  Nice,  nous  résumerons 
d'abord  ici  celle  que  nous  devons  à  l'obligeance  de  M.  le  baron  de  Beauretour, 
observateur  attentif  du  phénomène,  a  La  première  secousse  a  été  très  faible,  la 
seconde,  beaucoup  plus  forte,  a  paru  nous  soulever  de  deux  à  trois  centimètres; 
une  petite  balance  (pèse-lettres)  a  ondulé  plusieurs  fois  en  touchant  le  plateau  qui 
la  supporte,  un  thermomètre  a  fait  entendre  huit  oscillations  à  son  point  de  sus- 
pension ;  nos  voisins  ont  eu  une  pendule  arrêtée  et  des  sonnettes  en  mouvement. 
Au  théâtre  français,  le  lustre  du  centre  a  été  ébranlé  visiblement,  au  point  de 
produire  une  légère  panique.  Cette  secousse  très  forte  paraît  avoir  duré  trois 
secondes.  Elle  n'a  produit  aucun  dégât,  même  pas  la  plus  légère  crevasse  dans 
les  plus  fragiles  constructions,  ce  qui  indiquerait  un  soulèvement  d'ensemble  et 
non  partiel.  Nice  est  depuis  longtemps  en  pleine  crise  de  sécheresse.  Baromètre  : 
0°»,771,  en  ville,  presque  au  niveau  de  la  mer.  » 

De  l'Observatoire  du  Mont  Gros,  situé  à  380°>  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  et 
à  6^"»  de  Nice,  M.  Perrotin  a  fait  les  remarques  suivantes  :  Il  était  à  l'équa- 
torial,  occupé  à  observer  les  satellites  de  Saturne,  lorsqu'il  vit  la  planète  qu'il 
tenait  sous  le  fil  mobile  du  micromètre,  osciller  d'une  manière  insolite  de  part 
et  d'autre  du  fil,  en  décrivant  des  arcs  de  10'  à  15'  d'amplitude.  Le  phénomène 
dura  environ  quinze  secondés.  Il  fut  accompagné  de  craquements  dans  le  plancher 
de  la  salle.  Il  ne  faisait  pas  de  vent.  M.  ThoUon  remarqua  des  manifestations  du 
même  genre  dans  la  chambre  où  il  se  trouvait.  Les  enregistreurs  magnétiques 
ont  subi  des  oscillations,  non  magnétiques,  dues  aux  trépidations  du  sol. 

Ce  tremblement  de  terre  s'est  fait  sentir  dans  tous  les  environs  de  Nice,  à 
Cagues,  Biot,  Antibes,  Cannes,  Menton,  dans  toutes  les  Alpes  maritimes  et  fort 
au  delà,  comme  nous  allons  le  voir.  De  Menton  M.  Neisz  écrivait  à  La  Science 
pour  tous  : 

«  Mon  lit  est  placé  de  manière  que  la  tête  se  trouve  vers  le  nord.  A  U*>, 
je  l'ai  senti  se  soulever  du  côté  gauche,  et  j'ai  été  bercé  pendant  six  secondes. 
Pendant  les  trois  secondes  qui  ont  suivi,  la  trépidation  était  tellement  forte,  que 
je  me  demandais  si  je  n'allais  pas  être  jeté  hors  du  lit.  A  côté  de  moi,  se  trouve 
un  appartement  vide  dont  les  portes  ont  été  repeintes.  Une  de  celles-ci  n'était 
pas  fermée  au  loquet,  mais  la  peinture  de  U  porte  s'était  collée  aux  montants.  La 
déchirure  s'est  produite  en  ce  moment,  la  porte  s'est  ouverte  avec  bruit.  Le  sou- 
lèvement de  la  terre  a  donc  eu  lieu  du  côté  de  l'Est.  Pendant  les  secondes 
10,11, 12  et  13,  les  mouvements  ont  diminué,  mais,  pendant  les  secondes  14  et  15, 
c'est  la  tête  qui  a  été  soulevée,  le  mouvement  s'est  donc  produit  au  Nord.  Deux 


U  L'ASTRONOMIE. 

minutes  après,  j'ai  entendu  la  mer  bruire  fortement  pendant  une  dizaine  de 
minutes^  et  puis  tout  est  redevenu  tranquille.  Le  phénomène  avait  cessé.  La 
secousse  venant  du  Nord  n'a  pas  été  aussi  forte  que  pendant  les  secondes?,  8  et  9; 
mais  plus  forte  que  les  premières.  » 

De  Marseille,  M.  Bruguière  nous  adressait  la  relation  suivante  : 

«  La  première  secousse  a  été  ressentie  dans  notre  ville  à  11^5™,  l'oscillation  a 
duré  cinq  à  six  secondes  environ  ;  puis,  après  une  minute  d'arrêt,  une  nouvelle 
secousse  s'est  fait  sentir.  La  direction  des  oscillations  était  de  l'Est  à  l'Ouest. 

<c  Fait  très  curieux,  le  tremblement  de  terre  n'a  pas  eu  la  même  intensité  sur 
tous  les  points  de  la  ville;  les  secousses  ont  été  plus  accentuées  dans  toute  la 
partie  située  à  l'Est  de  l'axe  formé  par  la  rue  de  Rome  et  ses  prolongements,  et 
elles  se  sont  plus  particulièrement  fait  sentir  sur  le  versant  occidental  de  la 
plaine  Saint-Michel.  On  nous  signale  les  rues  de  la  Palud,  du  Loisir,  du  Vieux- 
Chemin-de-Rome,  comme  ayant  ressenti  les  secousses  les  plus  fortes. 

a  Quoique  aucun  accident  ne  se  soit  produit,  les  secousses  ont  été  assez  vives 
pour  imprimer  aux  meubles  un  mouvement  de  trépidation;  des  chaises  ont  été 
renversées;  plusieurs  personnes  couchées  ont  ressenti  un  léger  balancement; 
quelques  pendules  se  sont  arrêtées;  les  sonnettes  ont  tinté;  enfin  les  vitres 
vibraient  comme  quand  il  tombe  du  grésil.  A  l'Observatoire  ces  secousses 
ont  été  parfaitement  constatées,  et  divers  instruments  en  ont  subi  l'influence.  » 

A  Grenoble,  trois  secousses  assez  violentes  se  sont  fait  sentir,  paraissant  se 
diriger  du  Nord  au  Sud.  Au  théâtre,  une  panique  de  courte  durée  s'est  emparée 
des  spectateurs.  Dans  un  certain  nombre  de  maisons,  et  surtout  aux  étages  supé- 
rieurs, les  murs  et  les  plafonds  se  sont  lézardés;  les  meubles  ont  changé  de 
place,  les  sonnettes  ont  tinté,  et  les  pendules  se  sont  arrêtées.  Il  n'y  a  eu  aucun 
accident. 

A  Draguignan,  le  tremblement  de  terre  a  été  ressenti  par  un  grand  nombre  de 
personnes,  mais  a  été  assez  faible. 

A  Voiron,  dans  Tlsère,  le  phénomène  s'est  composé  d'une  trépidation  qui  a 
duré  environ  douze  secondes  et  a  été  suivie  de  quatre  ou  cinq  fortes  oscillations 
dirigées  du  sud-est  au  nord-ouest,  pendant  lesquelles  on  a  entendu  une  espèce 
de  grondement  qui  ressemblait  à  un  fort  coup  de  vent. 

A  Saint-Marcellin,  dans  le  même  département,  on  a  ressenti  une  forte  secousse 
qui  a  duré  quatre  secondes,  fait  vibrer  les  vitres  et  réveillé  en  sursaut  un  grand 
nombre  de  personnes.  A  Vienne,  les  trépidations  ont  eu  la  même  durée,  mais  ont 
été  moins  fortes. 

Au  même  moment,  plusieurs  secousses  ont  été  ressenties  à  Chambéry  et  dans 
les  communes  voisines.  Puis,  vers  3*^  du  matin,  il  s'en  est  produit  une  autre 
extrêmement  forte  qui  a  été  accompagnée  d'une  détonation  semblable  à  un  in- 
tense coup  de  canon.  On  a  cru  à  une  explosion  ou  à  l'écroulement  d'une  maison. 

Vers  6^,  un  éboulement  considérable  s'est  produit  sur  la  ligne  du  Mont-Cenis, 
non  loin  de  la  station  de  la  Praz.  D'énormes  blocs  de  pierre  s'étant  détachés  des 
rochers  abrupts  des  montagnes  de  la  Maurienne,  ont  été  projetés  près  de  la  gare, 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  33 

ont  franchi  la  voie  et  sont  allés  se  précipiter  avec  un  fracas  épouvantable,  dans 
la  rivière  de  l'Arc.  Des  poteaux  télégraphiques  ont  été  brisés  ;  la  voie  s*est  trouvée 
complètement  obstruée,  de  sorte  que  les  communications  entre  la  France  et  Tltalie 
ont  dû  être  un  moment  interrompues.  On  attribue  cet  énorme  éboulement  aux  trépi- 
dations produites  par  le  tremblement  de  terre  ressenti  dans  toutes  ces  montagnes. 

A  Lyon,  M.  Rigod,  président  de  la  Société  astronomique  du  Rhône,  signale 
deux  secousses  à  cinq  minutes  d'intervalle,  La  première,  si  légère  qu'elle  res- 
semblait à  un  froissement  de  papier;  la  seconde,  plus  forte,  de  deux  secondes  et 
demie  environ,  et  dans  la  direction  sud-nord. 

A  Saint-Etienne,  M.  Laur  a  fait  la  remarque  que  le  baromètre,  qui  était 
depuis  longtemps  fort  élevé  (770"°»),  est  descendu  à  745™™  précisément  au  moment 
du  tremblement  de  terre. 

Dans  le  canton  de  Genève,  trois  secousses  successives,  à  cinq  minutes  d'inter- 
valle Tune  de  l'autre,  ont  été  remarquées  vers  11^  du  soir,  ainsi  qu'à  Lausanne. 

Ce  même  tremblement  de  terre  a  été  ressenti  jusqu'à  Turin.  La  secousse  a  été 
assez  forte,  maison  n'a  signalé  aucun  dégât.  Le  phénomène  a  été  observé  à  Suse, 
à  Moncalîeri  et  dans  toute  la  vallée  du  Pô. 

Il  y  a  eu  deux  tremblements  de  terre  au  moins  dans  cette  nuit,  le  premier  à 
li'^S™,  le  second  vers  deux  ou  trois  heures  du  matin,  en  Savoie,  lequel  s'est 
propagé  jusque  dans  la  Haute-Marne.  Les  habitants  des  villages  de  Vauxbons, 
Ormancey,  Marac,  Villiers-sur-Suize,  Luzy,  etc.  ont  été  réveillés  par  un  bruit 
étrange  qui  a  duré  près  d'une  minute  et  qui  avait  de  l'analogie  avec  celui  de 
l'écroulement  sourd  d'une  maison  ou  d'un  coup  de  canon  lointain. 

Ces  deux  tremblements  de  terre,  assez  violents  pour  nos  contrées,  avaient  été 
précédés  d'une  légère  secousse  ressentie  le  dimanche  23  à  4^  de  l'après-midi,  en 
différents  quartiers  de  Nice.  Les  meubles  ont  été  agités  pendant  quelques 
secondes  et  il  y  a  eu  un  moment  d'inquiétude  dans  un  certain  nombre  de 
maisons.  Comme  M.  Van  Sandick  le  faisait  remarquer  dans  sa  relation  de 
l'éruption  de  Krakatoa,  ce  sont  les  personnes  couchées,  surtout  aux  étages  supé- 
rieurs, qui  se  trouvent  dans  les  meilleures  conditions  pour  ressentir  ces  légers 
mouvements  du  sol;  aux  rez-de-chaussée  ils  sont  moins  sensibles;  dans  le  bruit 
de  la  rue,  à  cheval  ou  en  voiture,  on  ne  les  remarque  pas. 

Le  lendemain  lundi,  à  Gratz  en  Styrie,  on  a  ressenti  plusieurs  secousses. 

Il  est  probable  que  ces  mouvements  du  sol  ont  eu  pour  cause  un  tassem»int  à 
la  hase  des  Alpes. 

Ombres  observées  sur  le  Soleil.  —  Je  me  fais  un  plaisir  de  vous  transmettre 
une  observation  qui  confirme  les  intéressantes  observations  de  M.  Trouvelot  sur 
Tombre  des  facules. 

Aujourd'hui,  14  décembre  1884,  observant  le  Soleil  à  0*»25%  j'ai  remarqué,  sur 
le  côté  oriental  d'une  tache  entourée  de  facules,  et  située  assez  près  du  bord  oriental 
de  l'astre,  (à  58'),  partant  en  des  conditions  très  favorables  pour  ce  genre  de  recher- 
ches, une  ombre  très  accentuée,  projetée  évidemment  par  une  facule  saillante 


34 


1/ASTRONOMIE. 


située  juste  au-dessus  et  en  ayant  exactement  la  forme.  La  fîg,  12  en  est  la  repro- 
duction fidèle. 
Le  grand  diamètre  de  la  tache,  mesuré  sur  l'écran,  était  de  50'.  L'instrument  dont 

Fig.  i2. 


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-v^'\;:^^V\^yt;"''";v  ' 


^^r■/^^ 


Ombre  observée  sur  le  bord  d*une  tache  solaire. 
je  me  suis  servi  est  mon  réfracteur,  dont  l'objectif  de  108»»™  possède  un  pouvoir 
séparateur  de  r,2.  Grossissement  employé  =  150  fois.  Scintillation  presque  nulle. 

José  J.  Laxdkrer. 

Astronome  à  Tortose,  Espagne. 

Phénomène  observé  sur  une  tache  solaire.  — Le  il  octobre  1884,  à  midi,  j'ai 
observé  le  Soleil  avec  une  lunette  de  108  millimètres,  pourvue  d'un  grossissement 
de  cent  fois.  La  tachCy  ou  plutôt  le  groupe,  se  composait  d'une  tache  principale, 
suivie  par  une  traînée  de  larges  pénombres  avec  de  très  petits  noyaux.  La  tache 
principale  offrait  la  particularité  suivante  :  au  Sud  et  sur  la  pénombre,  on  voyait 
un  objet  très  brillant,  de  forme  à  peu  près  elliptique  et  qu'on  eût  pu  prendre  non 
pour  un  noyau  de  tache,  mais  pour  un  noyau  lumineux.  Était-ce  une  ouverture 
dans  la  pénombre,  laissant  voir  en  bas  la  surface  du  Soleil?  Était-ce  une  facule 
sur  la  pénombre?  ou  bien,  ce  qui  est  plus  probable,  n'était-ce  pas  une  éruption 
de  matières  solaires  flottantes  dans  l'atmosphère  de  l'astre  du  jour?  Près  du  bord 
oriental,  on  remarquait  une  large  facule  qui  m'a  semblé,  à  plusieurs  reprises,  por- 
ter ombre. 

Le  12  octobre,  à  1*>  de  l'après-midi,  la  tache  brillante  affecta  la  forme  d'une 
queue  de  comète.  On  voyait  très  distinctement  à  côté  une  ombre  qui  semblait  pro- 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  35 

jetée  par  cette  sorte  de  nuage  lumineux,  La  pénombre  environnante  était  plus 

obscure  que  tout  le  reste  qui  enveloppait  la  tache  noire  principale.  Je  crois  bien 

qu'il  s'agit  ici  d'une  formidable  explosion  solaire. 

Le  13  octobre,  à  midi,  plus  de  trace  de  la  tache  lumineuse,  A  la  place  qu'elle 

occupait,  on  distinguait  deux  petits  noyaux  obscurs.  Ces  noyaux  font  croire  à  des 

cavités  laissées  dans  la  masse  du  Soleil  par  suite  d'une  violente  explosion  de 

matières  incandescentes. 

Narciso  de  Lacerda. 
Astronome  à  Lisbonne. 

Tnépar  nn  aérolithe.  —  On  mande  de  Hot  Springs,  Arkansas,  le  25  novembre, 
au  Courrier  des  États-Unis  : 

«  Julius  Robb,  fermier  du  comté  de  Montgomery,  a  été  tué  instantanément  ce 
matin  par  un  météore  qui,  dans  sa  chute,  a  coupé  net  une  grosse  branche  d'arbre,  a 
pénétré  ensuite  dans  une  épaule  du  fermier,  en  lui  traversant  le  corps  de  part  en 
part,  et,  obliquement,  s'est  enfoui  profondément  dans  la  terre.  Le  projectile  céleste 
a  été  déterré  dans  la  journée.  C'est  une  pyrite  du  volume  d'une  tasse  à  thé 
L'incident  alarme  grandement  les  habitants  de  la  localité.  » 

(Nous  serions  reconnaissants  à  nos  lecteurs  de  cette  région  de  vouloir  bien  nous 
dire  si  le  fait  est  authentique.  ) 

LêA  directioii  des  ballons.  —  Le  8  novembre  dernier,  MM.  les  capitaines 
Renard  et  Krebs  ont  renouvelé  avec  plein  succès  leur  expérience  du  9  août  {voir 
V Astronomie,  p.  361).  Le  vent  soufflait  avec  une  vitesse  de  %^^  à  l'heure.  Le 
navire  aérien  a  marché  avec  une  vitesse  effective  de  25"^" ,  et,  comme  dans  la 
première  expérience,  est  revenu  à  son  point  de  départ.  Le  moteur  électrique, 
qui  dans  les  deux  premières  expériences  avait  donné  une  vitesse  de  5",  50  par 
seconde,  en  donne  maintenant  une  de  l"'. 

En  présentant  ce  nouveau  résultat  à  l'Académie,  M.  Hervé-Mangon  ajoute  : 
«  Le  problème  de  la  direction  des  ballons  est  aujourd'hui  pratiquement  résolu. 
Les  plus  sceptiques  ne  peuvent  plus  élever  un  doute.  La  France  possède  dès 
aujourd'hui  un  petit  navire  de  l'air;  elle  fera  construire,  dès  qu'elle  le  voudra,  le 
vaisseau  de  ligne  de  l'Océan  aérien  ». 


OBSERVATIONS   ASTRONOMIQUES 

A  FAIRE  DU  15  JANVIER  AU  15  FÉVRIER  1885. 
Principaux  objets  célestes  en  évidence  pour  Tobservation. 

1»    CIEL    ÉTOILE  : 

Pour  l'aspect  du  ciel  étoile  durant  cette  période  de  l'année,  et  les  curiosités  de 
la  voûte  céleste,  se  reporter  soit  aux  cartes  publiées  dans  la  première  année  de 
la  Revue,  soit  aux  descriptions  données  dans  les  Étoiles  et  les  Curiosités  du  Ciel, 


36  L'ASTRONOMIE. 

pages  594  à  635.  C'est  à  cette  époque  de  l'année  que  le  ciel  resplendit  du  brillant 
aspect  de  ses  plus  magnifiques  richesses.  Saturne  et  Jupiter  augmentent  encore, 
par  leur  vif  éclat,  la  beauté  des  nuits  sereines. 

2»  SYSTÈME  SOLAIRE   : 

Soleil.  —  Le  15  janvier  1885,  le  Soleil  se  lève  à  7*>5i™  du  matin  et  se  couche 
à  4*» 30™  du  soir;  le  1«"  février,  Tastre  du  jour  se  montre  au-dessus  de  l'horizon 
de  Paris  à  7*» 32™  du  matin,  pour  disparaître  au-dessous  à  4*» 56™  du  soir;  enfin,  le 
lever  a  lieu  à  7*»iO°»  du  matin  le  15  février  et  le  coucher  à  5*»  19"  du  soir.  La  durée 
du  jour  est  de  8^39«»  au  15  janvier,  9*»24n»  le  1«'  février  et  10*>9™  le  15  février.  Les 
jours  augmentent,  dans  cet  intervalle  d'un  mois,  de  41™  le  matin  et  de  49»  le  soir, 
soit  i»»30"  au  total. 

La  difl'érence  entre  la  longueur  des  matinées  et  celle  des  soirées  va  également 
en  croissant  :  le  15  janvier,  matinée  4^9™,  soirée  4*>30n»,  différence  21»;  le  !•*•  février, 
matinée  4*» 28™,  soirée  4^56™,  différence  28",  et  le  15  février,  matinée  4*» 50™,  soirée 
5'>I9™,  différence  29™. 

Vers  la  mi-janvier,  la  température  moyenne  terrestre  atteint  son  minimum  en 
France.  C'est  à  ce  moment  que  l'écart  entre  la  chaleur  que  nous  recevons  du 
Soleil  et  celle  que  nous  perdons  par  le  rayonnement  atteint  sa  plus  grande 
valeur.  Puis  l'équilibre  établi  entre  la  perte  et  le  gain  se  trouve  de  nouveau 
rompu  au  profit  du  gain;  la  chaleur  reçue  chaque  jour  va  en  augmentant,  car  le 
Soleil  s'élève  rapidement  au-dessus  de  l'horizon. 

La  déclinaison  australe  du  Soleil  est  de  21o2'  au  15  janvier  et  de  12° 30'  au 
15  février,  ce  qui  donne  un  accroissement  de  8o32'. 

La  lumière  zodiacale  est  fort  belle  à  observer  chaque  soir,  à  l'Ouest,  peu  après 
le  coucher  du  Soleil. 

Lune.  —  Notre  satellite  se  trouve  toujours  dans  les  meilleures  conditions  pour 
l'observation,  car  c'est  à  cette  époque  de  l'année  que  la  Lune  atteint  sa  plus 
grande  hauteur  :  59*34',  le  27  janvier. 

Le  16  janvier,  jour  de  la  Nouvelle  Lune,  on  pourra  distinguer  avec  une  jumelle 
marine,  si  le  ciel  est  d'une  pureté  parfaite,  le  mince  croissant  lunaire,  moins  de 
neuf  heures  après  la  néoménie.  Mais  ce  ne  sera  guère  que  dans  les  pays  méri- 
dionaux que  cette  étude  pourra  être  faite. 

Occultations  et  appulae  visibles  à  Paris, 

Deux  occultations  et  une  appulse  seront  observables  dans  la  première  moitié 
de  la  nuit  depuis  le  15  janvier  jusqu'au  15  février  1885.  Nous  leur  avons  ajouté 
celle  de  X  Gémeaux,  qui  aura  lieu  le  matin,  parce  que  l'étoile  est  do  4«  grandeur. 

!•  e  Poissons  (5,5  grandeur),  le  22  janvier,  de  5M5-  à  6''58-  du  soir.  La  disparition 
se  produit  à  l'Est,  à  !?•  au-dessus  du  point  le  plus  à  gauche,  et  la  réapparition  au  Sud, 
à  22»  à  droite  du  point  le  plus  bas  dn  disque  lunaire.  L'occultation,  visible  dans  l'Eu- 
rope occidentale,  est  représentée  {pg,  13). 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES. 


37 


2*  B.A.G.  1526  (6*  grandeur),  le  26  janvier,  à  7»'41-  du  soir.  Simple  appulse  à  0',4  du 
bord  de  la  Lune.  Le  point  du  limbe  de  notre  satellite  dont  l'étoile  s'approche  le  plus  est 
situé  à  5"  à  droite  du  point  le  plus  bas.  Les  observateurs  qui  habitent  au  Sud  de  Paris 
verront  Tétoile  d'autant  plus  éloignée  du  disque  lunaire  qu'eux-mêmes  sont  plus  éloignés 
de  la  capitale.  Dans  le  Nord  de  la  France,  môme  à  quelques  kilomètres  de  l'Observa- 
toire national,  en  Belgique,  en  Hollande  et  dans  les  Iles  Britanniques,  il  y  aura  occul- 
tation complète.  La  durée  de  cette  occultation  sera  d^autant  plus  longue  pour  l'astro- 
nome que  son  lieu  d'observation  sera  plus  éloigné  de  Paris.  C'est  ainsi  qu'à  Londres, 
la  durée  du  phénomène  sera  de  trente-six  minutes. 

Z*  X  Gémeaux  {\*  grandeur),  le  29  janvier,  de  2''37-  à  3''35"'  du  matin.  L'étoile  disparaît 
dans  la  partie  de  gauche  du  disque  lunaire,  à  42*  au-dessus  du  point  le  plus  oriental  et 


Fig.  13. 


Fig.  14. 


Occultation  de  e  Poissons  par  la  Lune, 
le  22  janvier,  de  5»»  45-  à  6»'58-  du  soir. 


Occultation  de  d  Lion  par  la  Lune, 
le  !•'  février,  de  8''9"  à  9*  5*  du  soir. 


reparait  à  droite,  à  21**  au-dessous  du  point  le  plus  occidental  du  limbe  de  la  Lune. 
Cette  observation  pourra  être  faite  dans  la  plus  grande  partie  de  l'Europe. 

4*  d  Lion  (5*  grandeur),  le  1"  février,  de  8''9'"  à  9*'5'"  du  soir.  La  disparition  de  l'étoile 
a  lieu,  comme  le  montre  la  fig.  14,  à  20*  à  gauche  du  point  le  plus  au  Sud,  et  la  réap- 
parition à  44*  au-dessous  et  à  droite  du  point  le  plus  au  Nord  du  disque  de  la  Lune. 


Occultations  diverses. 

Les  nombreux  lecteurs  de  la  Revue  pourront  encore  observer,  selon  les  contrées 
de  l'Europe  et  de  l'Afrique  qu'ils  habitent,  les  occultations  suivantes  : 

1*  Aldébaran  (l'*  grandeur),  le  26  janvier,  vers  ll^'SO"  du  matin,  heure  de  Paris,  temps 
moyen.  Cette  brillante  étoile  est  occultée  pour  la  première  fois  de  l'année  par  le  disque 
de  la  Lune.  Malheureusement,  en  France,  nous  ne  pourrons  admirer  ce  curieux  phéno- 
mène, parce  que  le  centre  de  la  Lune  sera  à  1*3'  au  nord  de  l'étoile.  Mais  dans  le  Nord 
de  la  Russie  et  des  États  Scandinaves,  l'observation  sera  très  facile  et  fort  intéressante. 

2*  a  Cancer  (4*  grandeur),  le  30  janvier,  vers  5'*40*  du  soir.  Dans  tout  le  Nord  de 
l'Europe,  on  pourra  étudier  le  passage  du  disque  lunaire  sur  cette  belle  étoile. 

3*  Ubands,  le  3  février,  vers  8''40-  du  matin,  temps  moyen  de  Paris.  Le  phénomène 


38  L'ASTRONOMIE. 

de  Toccultation  d*une  planète  par  la  Lune  est  fort  rare.  Nous  ne  pourrons  que  voir,  au 
matin,  dans  le  champ  de  la  lunette,  les  deux  astres  assez  rapprochés,  à  1*30'  environ. 
Pour  nous,  la  planète  sera  au  Nord  du  disque  de  notre  satellite.  Les  habitants  de  la 
République  Argentine,  de  la  Patagonie  et  du  Chili  pourront  seuls  étudier  cette  occul- 
tation. 

Le  29  janvier,  à  2*>  du  matin,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  périgée  : 
363  200"^»,  diamètre  lunaire  =  33' 10',  8. 

Le  9  février,  à  minuit,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  apogée  :  405  000^"»  ; 
diamètre  lunaire  =  29' 31  ",4. 

Mercure.  —  La  planète  Mercure  est  toujours  visible  le  matin,  dans  le  ciel  de 
rOri«nt,  plus  d'une  heure  avant  le  lever  du  Soleil.  Ce  sont  là  d'excellentes  con- 
ditions pour  l'observation  de  la  rapide  planète. 

Jours.  Lever.  Passage  Méridien.      Différence  Soleil.    Constellation. 

15  Janvier 6»»  18-  matin.      10*»41"  matin.  l''33-         Sagittaire. 

19  »)        6  12         »  10  31         »  l  35  » 

23       -        6  10         «  10  27         «  1  33 

27        » 6  14  »  10  28  M  l  25 

31        »        6  18         »  10  32         ).  1  16  » 

4  Février 6  23         b  10  38         .  15  » 

Le  mouvement  de  Mercure  ne  cesse  d'être  direct  durant  son  trajet  à  travers  le 
Sagittaire.  Le  28  janvier,  vers  11*>30™  du  soir,  la  planète  sera  visible  en  Turquie 
et  en  Perse,  à  48'  au  sud  de  l'étoile  de  3,5  grandeur  ?c  du  Sagittaire. 

Le  24  janvier,  vers  10*»  du  matin,  Mercure  et  Vénus  seront  visibles  dans  le 
champ  d'une  même  lunette,  Mercure  étant  à  1<»6'  au  nord  de  ïétoile  du  matin. 
Ce  phénomène  sera  très  intéressant  à  étudier.  C'est  le  26  janvier,  vers  4*»  du 
matin,  que  la  planète  Mercure  atteint  sa  plus  grande  élongatîon  occidentale  :  elle 
se  montre  alors  à  24°  51' du  Soleil.  Le  H  février,  à  minuit,  la  planète  se  retrouve  en 
conjonction  avec  Vénus,  et  à  44'  seulement  au  sud  de  cette  dernière.  Si  le  temps 
est  bien  clair,  les  deux  astres  pourront  être  vus  dans  le  champ  d'une  même 
jumelle  marine.  . 

Au  16  janvier,  le  diamètre  de  Mercure  est  de  8",  2  et  de  6'  au  lo**  février. 

VÉNUS.  —  V étoile  du  matin  perd  de  son  éclat,  son  diamètre  n'est  plus  que  de 
ir  au  l*"*  février,  tandis  que  les  -^  de  son  disque  deviennent  déjà  visibles.  La 
planète  s'éloigne  rapidement  de  nous.  Il  faut  donc  se  hâter  de  l'observer. 

Jours.  Lever.  Passage  Méridien.      Différence  Soleil.    Constellation. 

20  Janvier 6^13-  matin.      10»'21-  matin.  l''33-         Sagittaire. 

26       »        6  20         >  10  30         »  1  20  » 

1"  Février 6  25         »  10  39         »  17  » 

7        »        6  27  »  10  47         ».  0  57  »> 

13        »        6  28         »  10  55         »  0  46  » 

Le  17  janvier,  Vénus  sera  en  coiyonction  avec  l'étoile  de  4®  grandeur  \l  Sagit- 
taire, à  i^  seulement  au  sud  de  l'étoile.  Le  24  janvier  et  le  11  février  la  planète 
se  trouvera  encore  en  conjonction  avec  Mercure. 

Mars.  —  Toujours  invisible. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  39 

Petites  planètes.  —  Cérès  continue  à  se  présenter  dans  d'excellentes  condi- 
tions pour  Tobservation  et  est  de  plus  en  plus  facile  à  reconnaître  à  l'œil  nu. 

Jours.  Lever  de  Gérés.  Pus&go  Méridien.  Constellation. 

17  Janvier il'»  5"  soir.  5''34"  matin.  Vierge. 

22       »  10  50  »  5  18         »  » 

27        »        10  32  »  5    2 

l"Février 10  15  »  4  45         »  »> 

6        »        9  56  »  4  27          >.  o 

11        »        9  37  »  4    9         »  » 

Coordonnées  au  3ljanv.  :    Ascension  droite...     13''31".    Déclinaison...      4*54'N. 
»  11  févr.  :  »  «  13  34  »  5  18  N. 

Au  31  janvier,  Cérès  est  éloignée  de  30Q  millions  de  kilomètres. 
Pallas  est  toujours  intéressante  à  observer,  le  soir,  vers  minuit,  soit  à  l'œil  nu, 
soit  à  l'aide  d'une  lunette  astronomique  munie  d'un  faible  oculaire. 

Joars.  Lever  de  Pallas.  Passage  Méridien.  Constellation. 

17  Janvier 11"»  11-  soir.  4''23'"  matin.  Corbe.au. 

22       w        10  51  »  4    7         »  Vierge. 

27        »        10  28  «  3  49          «  » 

!•' Février 10    6  «  3  31         »»  »» 

6       »        9  40  »  3  11          »  » 

11        »        9  15  »  2  52         «  » 

Coordonnées  au  31  janv.  :    Ascension  droite...    12'' 17".    Déclinaison...      9*23' S. 
»  10  févr.  :  »  »  12  18  »  6  51  S. 

Le  3!  janvier,  la  distance  de  Pallas  est  de  210  400  000"^™. 
Junon  se  rapproche  très  vite  de  la  Terre  et  peut  être  découverte  aisément  avec 
ane  jumelle  marine. 

Joars.  Lever  de  Junon.  Passage  Méridien.         Constellation. 

17  Janvier 0*'44'"  matin.  ô*"  15-  matin.  Vierge. 

22        »        0  28         »  5  59         »  » 

27       »        0    9         »  5  42         »  » 

l"Février 1150      soir.  5  25         »  » 

6        »        11  32         »  5    7.         »  » 

11        »        11  13         »  4  50         »  » 

Coordonnées  au  31  janv.  :    Ascension  droite...    14'' 11".    Déclinaison...      6»55' 8. 
»  10  févr.  :  »  »  14  15  »  6  31  S. 

La  distance  de  Junon  à  la  Terre  est  de  412  millions  de  kilomètres,  au  31  janvier. 
Vesta  s'éloigne  de  nous  et  son  étude  est  devenue  presque  impossible.  Le  21 
janvier,  cette  petite  planète  se  couche  à  8*»  22™  du  soir. 

Coordonnées  au  21  janv.  :    Ascension  droite...    23'' 14".    Déclinaison...    10*58' S. 

Jupiter.  —  Jupiter  brille  toujours  du  plus  vif  éclat  pendant  chaque  soirée.  Il 
faut  profiter  de  ces  conditions  si  favorables  pour  étudier  cette  belle  planète,  ainsi 
que  les  occultations  ou  éclipses  de  ses  satellites. 

Le  l»*"  février,  à  7*»  du  matin,  Jupiter  sera  en  conjonction  avec  la  Lune,  à  4» 9' 
au  nord  de  notre  satellite.  Ce  même  jour,  le  diamètre  de  la  planète  sera  de  41',  6. 


40  L'ASTRONOMIE. 

Jours.  Lev«r.  Passage  Méridien.  Constellation. 

17  Janvier 7'' 43"    soir.  .   2'' 41*;' matin.  Lion. 

21  »        7  25         »  224'        »  » 

25        »        7    7         »  2    7  »  » 

29        M        G  48  »  l  50         »  » 

2  Février 6  30  »  1  32  »  » 

G        »        6  11  »  1  15  »  » 

10  M        5  54  »  0  57  »  » 

14      .  »         5  35  »  0  39  M  » 

Le  20  janvier,  Jupiter  passe  à  moins  de  58'  au  nord  de  l'étoile  de  4°  grandeur 
p  Lion.  Le  mouvement  de  la  planète  est  toujours  r<?trograde. 

Éclipses  des  satellites  de  Jupiter. 

18  Janv 10*57»"  soir.  Immersion  du  1«'  satellite  éclipsé. 

26  »    0  49  »  Immersion  3  b  » 

27  »    9  42  soir.                  »  2  »  » 

2    Fév 10  17  soir.                   u  4  »  » 

»      »    9  11  soir.  Immersion  1  »  » 

4      »    0  19  matin.                 »  2  »  » 

9      »    7    3  soir.                   »  3  »  » 

10      »    11    5  »  »  1  »  » 

Saturne.  —  Étudier  cette  planète  et  ses  merveilleux  anneaux  avec  une  lunette 
astronomique  munie  d'un  fort  grossissement. 

Jours.  Passage  M<!ridicii.  Coacher.  Constellation. 

17  Janvier 9'»19"'    soir.  5'' 10"  matin.  Taureau. 

22  »        8  58  9  4  49  »  » 

27        »        8  38         »  4  29         »  » 

!•' Février 8  17         »  4  13         »  » 

6        J»         7  57  »  3  52  »  » 

11  .        7  37         »  3  32         «  1) 

Le  27  janvier,  vers  2^  du  matin,  Saturne  se  trouve  en  conjonction  avec  la  Lune, 
à  une  distance  de  3o27'  au  nord  de  notre  satellite. 

Le  diamètre  de  Saturne  est  donné  plus  haut  (p.  16). 

UiiANUS.  —  Les  personnes  douées  d'une  bonne  vue  peuvent  apercevoir  à  l'œil 
nu  cette  planète  qui  brille  de  l'éclat  d'une  étoile  de  G°  grandeur. 

Jours.                                Lever.  Passage  Méridien.  Constellation. 

17  Janvier 10''20-  soir.  4''25"  matin.  Vibrqe. 

22        »        10    0  »  4    5         »  > 

27        »        9  40  »  3  45         »  » 

l-'Février 9  19  »  3  25         »  » 

6        »        8  59  »  3    5         »  » 

Il        »         8  39  »  2  45          .  s 

Uranus  a  un  mouvement  rétrograde  et  son  diamètre  est  de  4',  2  au  !««■  février. 
La  planète  se  tient  constamment  au  sud-ouest  de  l'étoile  de  3,5  grandeur?)  Vierge. 

Coordonnées  au  1*' févr.  :      Ascension  droite...     12*' 11-,    Déclinaison...    0*21' S. 

En  ajoutant  chaque  mois  ces  documents  à  ceux  qui  sont  publiés  plus  haut  dans 
ïannuaire  astronomique  et  l'agenda,  on  a  entre  les  mains  toutes  les  données 
relatives  à  l'étude  pratique  du  ciel,  Eugène  Vimont. 


CORRESPONDANCE. 


OU  104*  38"  54',  et  ces  incorrections  peuvent  avoir  leurs  inconvénients,  surtout  lorsqu'il 
s*agit  de  petites  quantités. 

Brillant  bolide,  —  M.  Max  Hollnack,  à  Bordeauît.  a  observé,  le  4  décembre,  à  &"  43" 
du  soir  (heure  de  Paris),  un  bolide  marchant  du  S.-S.-O.  à  E.-N.-E.  dont  la  trajectoire 
a  pu  être  dessinée  de  a  de  la  Baleine  à  n  d'Orion.  Le  météore  était  blanc  bleuâtre  et  a 
augmenté  rapidement  d'éclat,  jusqu'à  surpassr  de  6  à  8  fois  celui  de  Saturne.  La  carte 
de  sa  trajectoire  est  très  précise,  et  si  nous  en  avons  une  seconde,  d'un  autre  point,  la 
hauteur  du  bolide  pourrait  être  calculée. 

M.  Dauvillier,  à  Ghuisnes,  signale  l'apparition  d'un  magnifique  bolide,  le  25  octobre 
à  8**  du  soir.  Le  météore  a  éclaté  dans  le  ciel  comme  une  immense  fusée,  causant  une 
grande  frayeur  à  quelques  habitants  qui  crurent  leur  habitation  en  feu. 

M.  G.  Vi.\N,  secrétaire  de  la  Société  Scientifiq^ue  Flammarion  à  Marseille,  signale  la 
réapparition  des  remarquables  lueurs  crépusculaires  qui  ont  tant  attiré  l'attention  Thiver 
dernier.  On  les  signale  également  du  Havre  et  de  Jersey  à  la  date  des  9,  10,  11  et 
12  décembre. 

M.  JÉSUS  MuNOz  Zbbar,  directeur  de  l'Observatoire  de  Caracas  (Venezuela).  —Veuillez 
recevoir  nos  plus  cordiales  félicitations.  Nous  suivrons  avec  le  plus  grand  intérêt  la 
marche  de  vos  travaux  astronomiques,  et  celle  de  TObservatoire. 

M.  BiDER,  à  Madagascar.  —  Il  n'y  a  aucune  étoile  de  première  grandeur  dans  cette 
région  du  ciel.  Nous  ne  pourrions  vous  répondre  que  si  vous  nous  envoyiez  un  dessin 
par  alignement  avec  les  autres  étoiles. 

M.  Dadvillier,  à  Ghuisnes.  —  Vous  serez  prochainement  renseigné  sur  l'instrument 
dont  vous  parlez. 

M.  Joseph  Rousseau.  Directeur  de  VUnion  Scientifique^  à  Amiens.  —  Merci  du  docu- 
ment que  vous  nous  adressez.  Il  est  en  effet  très  remarquable  qu'en  1722  un  savant  dis- 
tingué, Hartsoêker,  ait  déclaré  que  la  seule  gravitation  ne  sumsait  pas  à  expliquer  le 
système  du  Monde,  mais  qu'il  y  faudrait  co'^'îevoir,  au  moins  &  l'origine,  des  mouvements 
giratoires  rappelant  les  tourbillons  de  Des   Qtes,  thèse  aujourd'hui  soutenue  par  M.  Faye. 

M.  Gh.  Molle,  à  Evreux.  —  Votre  ler^  a  été  adressée  à  M.  Gunziger,  qui  voudra 
bien  vous  donner  les  renseignements  qu  ^ 'vous  désirez  avoir  sur  sa  lunette  de  81"". 

M.  Gh.  DupuY,  îk  Nyons,  a  observé  une  traînée  de  feu  remarquable  le  3  novembre  vers 
Q*"  du  toir.  Partie  d'auprès  e  de  l'Aigle,  cette  traînée  est  allée  se  perdre  à  l'horizon  dans 
la  constellation  du  Sagittaire,  en  augmentant  de  largeur  vers  la  fin  de  sa  course  :  on  a 
estimé  cette  largeur  finale  à  5*.  Le  môme  observateur  propose  d'adapter  une  mire  phos- 
phorescente aux  petites  lunettes  ;  cette  idée  paraît  mériter  d'attirer  rattention. 

M.  Belin,  à  Alger.  —  La  théorie  de  M.  Darwin  n'a  été  donnée  qu'à  titre  d'hypothèse. 
Chacun  est  libre  de  ne  pas  l'accepter.  Tout  ce  qu'on  peut  affirmer,  c'est  que  les  calculs 
qui  ont  servi  à  la  former  sont  exacts.  Quant  au  reproche  que  vous  lui  adressez  de  ne  pas 
rendre  compte  de  ce  fait  remarquable  aue  la  Lune  nous  tourne  toujours  la  même  face, 
il  n'est  nullement  fondé.  Laplace  avait  déjà  démontré  que  cette  circonstance  est  due  aux 
marées  produites  anciennement  par  la  Terre  sur  la  Lune.  Au  reste,  relisez  le  troisième 
alinéa  de  la  page  428.  ' 

M.  Racinet,  à  Alençon.  —  Veuillez  recevoir  nos  vifs  remerciements.  Mais  comme 
déjà  nous  l'avons  dit  plusieurs  fois  ici^  le  projet  est  ajourné  et  cette  Revue  a  été  créée 

{>our  réunir  d'abord  les  amis  d'Uranie.  Vous  avez  raison;  le  carré  de  23 200  est  538240000; 
'erreur  n'avait  pas  encore  été  signalée.  Merci. 

M.  Evotte,  à  Vincennes.  —  L'Ouvrage  sur  lequel  vous  nous  demandez  des  renseigne- 
inents  à  propos  de  la  date  de  la  création  du  monde  est  du  siècle  dernier.  Vous  trou- 
verez un  calcul  analogue,  de  l'astronome  Hévélius.  dans  cette  Revue,  novembre  1884 
page  432,  et  des  études  sur  l'Histoire  de  la  Terre  dans  les  numéros  de  septembre  et 
octobre. 

Société  scientifique  Flammarion,  à  Jaên  (Espagne).  —  MM.  Beauval  et  Gally 
doivent  publier  prochainement  dans  la  Revue  le  degré  et  les  lieux  de  visibilité  de  toutes 
les  éclipses  qui  auront  lieu  à  dater  de  ce  jour  et  jusqu'à  la  fin  du  vingtième  siècle;  vous 
aurez  dans  cette  liste  celle  du  28  mai  1900  et  ses  circonstances  pour  TEspagne. 

Un  abonné,  à  Golmar.  —  L'auteur  de  V Atmosphère  espère  toujours  prendre  très 

8rochai«ement  le  temps  de  relire  cet  Ouvrage  et  d'en  donner  une  nouvelle  édition.  — 
in  nous  a  demandé  de  publier  la  Revue  tous  les  quinze  jours:  c'est  le  surcroît  de  frais 
qui  nous  fait  hésiter.  Tous  les  abonnés  ne  supporteraient  probablement  pas  une  aug- 
mentation. 

M.  A.  L.,  à  Toulouse.  --  La  température  de  l'espace  paraît  être,  d'après  les  déduc- 
tions de  la  Thermodynamique,  de  270*  au-dessous  de  zéro.  Nous  ne  connaissons  pas  d'Ou- 
vrages consacrés  à  ce  sujet  spécial.  On  peut  consulter  avec  fruit  La  Chaleur  de 
Tyndall  et  les  belles  études  de  M.  Hirn. 

Un  abonné  de  l'île  de  Jersey.  —  Nous  répondrons  prochainement,  dans  la  Revue  à 
votre  question  d'un  intérêt  si  général.  —V Atmosphère  n'est  pas  encore  réimprimée  'le 
temps  manquant  absolument  à  l'auteur  pour  la  relire.  La  10»  édition  de  Lumen  vient' de 

Saraître  :  Récits  de  l'Infini.  Remerciements  pour  le  curieux  diagramme  du  tremblement 
e  terre. 

M.  M.-H.,  à  Bordeaux.  —  Les  sociétés  scientifiques  sont  difficiles  à  fonder,  plus  dif- 
ficiles encore  à  rendre  viables  et  durables  par  elles-mêmes  On  rencontre  mille  obstacles 
imprévus,  venant  principalement  des  personnes  qui,  à  priori,  sembleraient  devoir  être 
les  premières  à  s'unir  à  nous  pour  l'instruction  publique  et  le  progrès.  Le  feu  sacré 
le  dévouement  impersonnel,  une  persévérance  infatigable,  sont  les  conditions  indis- 
pensables chez  le  promoteur,  lequel,  malgré  tout,  peut  encore  rester  isolé  ou  être  aban- 
donné aux  instants  critiques. 

M.  MuLLER,  à  Lisclert  (Belgique).  —  Nous  ne  conseillons  pas,  en  général,  les  téle- 
scopes de  préférence  aux  lunettes,  parce  qu'ils  peuvent  se  détériorer  plus  facilement  et 
que  la  réargenture  est  un  procédé  fort  délicat.  M.ais.  pour  un  savant  très  soigneux  on 
peut  les  conseiller,  d'autant  plus  qu'à  prix  égal  1  instrument  est  plus  puissant.  Vous 
pourriez  choisir  le  type  indiqué  dans  les  Etoiles,  page  685. 


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Paris.  —  Imp.  Gauthier- Villars,  55,  quai  des  Grands-Augustins. 


4*  Année. 


FEB16'885  N»2. 


Février  1885. 


REVDE  MENSUELLE 

D'ASTRONOMIE  POPULAIRE 

DE  MÉTÉOROLOGIE  ET  DE  PHYSIQUE  DU  GLOBE, 

DOlfNAlfT    LB    TABLKAU    PBUMAFIBNT    0B8    DftCOUVBRTBS    BT    DBS    PKOQtLÈB    RÂALIftÉS 
--  DANS    LA    COlfNAlSSAMCB    DB    L'UNlVBAd 

PUBLIÉE    PAR 

CAMILLE  FLAMMARION, 

AVBC  LB  CONCOURa  0B8 

PRINCIPAUX  ASTRONOMES  FRANÇAIS  ET  ÉTRANGERS 


ABONNEMENTS  POUR  UN  AN: 

Paris  :  12  fr.  —  Départements  :  13  fr.  —  Étranqer  :  14  fr. 

Paix  du  Numéro  :  1  fk*.  20  o. 

La  Rbvub  paraît  le  1*''  de  chaque  Mois. 


^  PARIS. 


GAUTHIER-VILLâRS,  IMPRlMËUR-LlBRAlRË 

DE    l'observatoire    DE    PARIS, 
Quai  des  Augustins,  55. 

1885 


SOMMAIRE  DO  N«  2   (FÉVRIER  1885). 

Ob<ierva:îon4  nouv^Uet  aur  Satarae  et  aar  ■•■  aaadaiz,  par  M.  ll^xiiv  Piivrr,  a»lro- 
iiomo  à  Brigliton  (2  IIîçupo»).  ^Photographie  directe  d'un)  trombi  d  figure).  —  Archéo- 
logie astronomique,  par  le  Prince  Paul  Poxtiatinx  (I  flguro).  -^  Gonsf  ractlon  des  cadrans 
solaires,  par  M.  Uenhy  Amat  (6  figures).  —  La  condensation  de  la  nébalense  solaire  dans 
rhypothète  de  Laplace,  par  M.  Maurice  Foucaé.  —  Les  tremblements  déterre  de  l'Es- 
pagne, par  M.  C.  Flammarion  (2  figures).  —  Nonvelles  de  la  Science.  Variétés  :  l/éclipse 
de  Lune.  Nuages  singuliers.  La  comète  d'Encke.  Visibilité  de  Mercure.  La  lumière  zodiacale. 
Lefi  occultations  d^Aldcbaran.  Recherches  photometriques  sur  Tanneau  de  Saturne.  Tn  nou- 
veau pied  d'équatorial  à  la  portée  de  toutes  les  bourses.  —  Obserratlons  astronomiques, 
par  M.  E.  Vimont  (2  figures).  Occultation  d'Aldébaran,  par  M.  Blot  {I  figure). 


PRIN CIPAUX  ARTICLES  PUBLIÉS  DANS  LA  REVUE. 

A.  D'ABBADIE,  de  l'Iostitut.  —  Choix  d*an  premier  méridien. 

ARAGO  (V.).  —Le  soleU  de  Minait. 

BERTRAND  (J.),  de  l'Institut.  ~Le  satelUte  de  Vénns. 

BOB  (A.  De),  astronome  à  Anvers.  —  L*Etoile  polaire. 

DAUBRÉE,  Directeur  de  l'Ecole  des  mines.  —  Les  pierres  tombées  dn  Ciel. 

DENNING  (A.),  astronome  à  Bristol.  —  Obserratlons  télescopiqnes  de  Jupiter,  de  Vénns, 
de  Mercure. 

DENZA(P.),  Directeur  de  l'Observatoire  de  Moncalieri.  —  Chute  d*un  uranoUthe  en  Italie. 

DETAILLE,  astronome.  —  L'atmosphère  de  Vénus.  -«  Nouveiles  mesures  des  anneaux 
de  Saturne.  —  Les  tremblements  de  terre. 

FATE,  Président  du  Bureau  des  Longitudes.  >-  NouTcUe  théorie  du  Soleil.  —  Distribution 
des  taches  solaires.  —  Mouvements  lents  du  sol  en  Suisse.  —La  formation  du  sys- 
téme  solaire. 

FLAMMARION  —  Les  carrières  astronomiques  en  France.  ^  Gon'lltions  d'habita- 
bilité de  la  planète  Mars.  —  Constitution  physique  âêm  comètes.  —  Une  genèse  dans 
le  ciel.  —  Comment  on  mesure  la  distance  du  soleil.  —  Les  étoiles,  soleils  de  rinllni.— 
D*où  ▼iennent  les  pierres  qui  tombent  du  Ciel?  —  Les  étoiles  doubles.  —  Chute  d'un 
corps  au  centre  de  la  terre  —  La  conquête  des  airs  et  le  centenaire  de  Montirolfler.  — 
Les  grandes  marées  au  Mont  Salnt-Mlchel.  —  Phénomènes  météorologiques  obser- 
vés en  ballon.  —  Une  excursion  météorologique  sur  la  planète  Mars.  —  Les  flam- 
mes du  Soleil.  —  Les  illuminations  crépusculaires  et  le  cataclysme  de  Krakatoa.  — 
La  planète  transneptunienne.  —  L*è  toile  du  Berger.  —  L'histoire  de  la  Terre.  —  Les 
vicâmes  de  la  foudre. 

FORBL  (le  Professeur).  —  Les  tremblements  de  terre. 

6AZAN  (Colonel).  —  Les  taches  du  soleil. 

6ÉRIGNT,  astronome.  —  Comment  lia  lune  se  meut  dans  Tespace.  —  Ralentissement  du 
mouvement  de  la  Terre.  —  La  formation  du  système  solaire.  —  Etudes  sélènographi- 
ques.  —  L'èquatorlal  coudé  de  robservatolre  de  Paris.  —  L'héllomètre.  —  La  nais- 
sance de  la  Lune. 

HENRY,  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  Découvertes  nouvelles  sur  Uranns. 

HERSGHEL  (A.-S.).—  Chute  d*un  uranoUthe  èji  Angleterre. 

HIRN,  correspondant  de  rinstitut.  —  Conservation  de  Ténergie  solaire.  —  Phénomènes 
produits  sur  les  bolides  par  Tatmosphère.  —  La  température  du  Soleil. 

HOUZEAU,  Directeur  de  l'Observatoire  d^  Bruxelles.  —  Le  satellite  de  Vénus. 

HUGGINS,  de  la  Société  royale  de  Londres.  —  Les  environs  du  Soleil. 

JAMIN,  de  rinstitut.  —  Qu*e8t-ce  que  la  rosée  ? 

JANSSEN,de  rinstitut,  directeur  de  l'Observatoire  de  Meudon.  —  La  photographie  céleste.  -> 
Résultats  de  r éclipse  de  SoleU  du  6  Mai  1888. 

LEM  AIRE-TESTE,  de  l'Observatoire  de  Rio-Janeiro.  —  Choix  d*un  premier  méridien. 

LEPAUTE.  —  Quelle  heure  est-il?  —  Le  temps  vrai,  le  temps  moyen  et  les  cadrans 
solaires.  —  La  chaleur  solaire  et  ses  applications  Industrielles. 

LESSEPS  (de).  — Les  vagues  sous-marlnes, 

MOUCHEZ  (amiral),  directeur  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  Travaux  actuels  de  TObserva 
toire  de  Paris.  —  ^Observatoire  du  Pic  du  Midi.  —  Création  d*une  succursale  de  l*Ob- 
servatoire. 

MOUREAUX  (Th.),  météorologiste  au  Bureau  central.  —  Les  Inondations. 

PARMENTIER  (général).  —  Distribution  des  petites  planètes  dans  Fespace. 

PERROTIN,  directeur  de  TObservatoire  de  Nice. — La  comète  de  Pons.  —  La  planète  Uranns 

PROCTOR,  astronome  à  Londres.  —  Le  Vésuve  et  ISCHIA. 

RICCd,  astronome  à  TObservatoire  de  Palerme.  —  La  grande  comète  de  1882.—  La  tache 
rouge  de  Jupiter.  —  Les  taches  du  Soleil. 

ROCHE  (J.),  correspondant  de  rinstitut.  —Constitution  intérieure  du  globe  terrestre.  — 
Variations  périodiques  de  la  température  pendant  le  cours  de  Tannée. 

SCHIAPARELLI,  directeur  de  l'Observatoire  de  Milan.  —  Les  canaux  de  la  planète  Mars 

TACCHINI,  directeur  de  l'Observatoire  de  Rome.  —  Statistique  des  taches  solaires. 

THOLLON,de  l'Observatoire  de  Nice. —Mouvements  sidéraux.  —  Éruptions  dans  le  Soleil 

TROUVELOT,  de  l'Observatoire  de  Meudon.  —  La  comète  de  Pons.  —  Ombres  observées 
sur  le  Soleil.  —  La  planète  Mars  en  1884. 

VIGAN,  ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées.  —  Les  marées  de  la  Méditerranée. 

VIMONT.  —  Observations  astronomiques  de  chaque  mois. 


Les  communications  relatives  à  la  rédaction  doivent  être  adressées  à  M.  C.  Flammarion,  Direc' 
leur  de  la  Revue,  86,  avenue  de  FObservatoire,  à  Paris,  ou  à  robservatoire  de  Juvisy 
ju  bien  k  M.  Gérigny,  Secrétaire  de  la  Rédaction^  41,  rue  du  Montparnasse ,  à  Paris. 


^l&n  du  Journal  comporte  une  grande  variété  d'articles.  Chaque  Numéro  con^ 

^  descriptions  de  science  populaire  rédigées  pour  les  lecteurs  qui  ne  font  pas 

ion  de  science,  pour  les  gens  du  monde  en  général;  des  études  plus  appro- 

destinées  aux  astronomes  amateurs;  et  des  recherches  intéressant  les 

urieux  de  pénétrer  de  plus  en  plus  les  grands  problèmes  de  la  nature. 


FEBldiJSS 


—  L'ASTRONOKIB.  — 


41 


OBSERVATIONS  NOUVELLES  SUR  SATURNE  ET  SES  ANNEAUX. 

La  coïncidence  d'une  position  favorable  de  Saturne  avec  une  succession  de 
plusieurs  nuits  pendant  lesquelles  les  images  se  sont  montrées  remarquable- 
ment bien  définies  est  la  principale  raison  qui  m'a  décidé  à  publier  le  résul- 
tat de  nombreuses  observations  effectuées  pendant  les  mois  de  janvier,  février 


Fig.  15. 


Satubne,  le  11  février  1884,  d'après  les  observations  de  M.  Pratt. 


et  mars  1884.  Les  circonstances  les  plus  favorables  se  sont  présentées  dans 
la  nuit  du  11  février  où  j'ai  pu  retrouver  tous  les  détails  que  j'avais  déjà 
notés  précédemment. 

Le  dessin  que  je  fis  à  cette  date  a  été  construit  d'après  des  mesures  micro- 
métriques;  il  est  reproduit  ici,  en  plus  petit,  par  la  fig.  \o,  (Échelle': 
2"",2  =  r.) 

L'instrument  qui  m'a  servi  est  un  télescope  de  Newton  de  0",206  d'ouver- 
ture, monté  équatorialement  et  muni  d'un  mouvement  d'horlogerie.  Le  mi- 
roir, construit  par  M.  With,  donne  des  disques  d'étoiles  remarquablement 
petits,  et  le  prisme  à  réflexion  totale  est  également  d'une  construction  par- 
FÉVEiBR  1885.  2 


42  L'ASTRONOMIE. 

faite.  J'ai  employé  des  grossissements  de  370,  450  et  500  fois,  le  plus  souvent 
les  deux  derniers.  Toutes  les  observations  de  couleur  ont  été  faites  à  l'aide 
d'une  lunette  achromatique  de  Browning  grossissant  450  fois. 


LE   GLOBE 

—  Le  11  février,  l'inclinaison  de  l'axe  du  côté  de  la  Terre  était  assez 
grande  pour  laisser  voir  plus  de  20*  de  latitude  au  delà  du  pôle  sud,  le  paral- 
lèle de  70®  de  latitude  australe  se  trouvant  juste  en  contact  intérieur  avec  la 
partie  australe  du  bord. 

La  partie  australe  du  bord  du  globe  recouvrait  exactement  la  division  noire 
entre  les  deux  anneaux  (division  de  Cassini). 

Le  bord  du  disque  paraissait  généralement  un  peu  plus  sombre  que  les 
régions  plus  centrales;  mais  la  limite  même  du  bord  se  montrait  certaine- 
ment, quoique  très  délicatement,  estompée,  indiquant  ainsi  rapproche  voisine 
de  la  phase. 

Position  des  bandes  sombres.  —  Des  changements  se  produisent  sans  doute 
dans  la  forme  et  la  disposition  des  bandes  qui  sillonnent  le  disque;  mais,  à  la 
suite  d'un  examen  minutieux  et  assidu,  je  suis  forcé  de  conclure  que,  malgré 
les  aspects  variés  que  la  planète  nous  présente,  des  modifications  réelles  et 
certaines  ne  sont  à  coup  sûr  ni  fréquentes  ni  rapides.  Toutes  les  fois  qu'une 
petite  altération  m'a  paru  se  produire  dans  la  forme  ou  la  position  des  bandes, 
j'ai  reconnu  plus  tard  que  l'aspect  habituel  ne  manquait  pas  de  se  retrouver  à 
l'aide  d'une  observation  plus  soigneuse  favorisée  par  une  meilleure  défini- 
tion. 

Autrefois,  pendant  la  période  où  le  pôle  Nord  était  tourné  vers  la  Terre, 
j'avais  déjà  remarqué  le  même  arrangement  régulier  des  bandes  de  l'hémi- 
sphère boréal.  Depuis  Tépoque  où  le  pôle  Sud  de  la  planète  a  commencé  à  se 
montrer  du  côté  de  la  Terre,  f  ai  constamment  retrouvé  une  disposition  des  bandes 
australes  semblable  à  celle  des  bandes  boréales,  mais  dans  l'ordre  inverse  de  celui 
que  présentait  l'autre  hémisphère. 

Enfin,  à  l'époque  où  l'anneau  se  montrait  par  la  tranche,  les  deux  systèmes 
symétriques  de  bandes  ont  pu  être  observés  simultanément;  les  positions 
qu'elles  occupaient  se  sont  montrées  symétriques  aussi  loin  qu'on  pouvait  les 
suivre  au  Nord  et  au  Sud  de  l'Equateur. 

Pour  faciliter  la  comparaison  des  observations  futures,  j'ai  désigné  les 
bandes  par  les  lettres  grecques  a,  p,  etc.,  affectées  du  signe  -h  pour  Thémi- 
sphère  boréal,  et  du  signe  —  pour  l'hémisphère  austral,  en  suivant  Tordre 
alphabétique  à  partir  de  l'Equateur. 


OBSERVATIONS  NOUVELLES  SUR  SATURNE  ET  SES  ANNEAUX.  43 

La  zone  équatoriale  m'a  toujours  paru  d'une  teinte  uniforme,  sans  détails  ni 
taches  d'aucune  espèce;  elle  s'étend  ainsi  à  la  même  distance  de  part  et 
d'autre  de  l'équateur  jusqu'à  la  latitude  de  10°.  C'est  de  beaucoup  la  partie  la 
plus  brillante  du  globe  :  elle  se  montre  d'une  couleur  crème. 

—  a  Cette  bande,  la  première  au  Sud  de  l'équateur,  est  la  plus  intéressante 
de  toutes  par  son  caractère  varié.  La  position  de  son  bord  boréal,  telle  qu'elle 
résulte  des  mesures  micrométriques,  est  par  10*  de  latitude  Sud.  Sa  teinte 
générale  est  d'un  brun  rougeâtre;  mais,  sur  un  quart  environ  de  sa  largeur 
totale,  près  du  bord  boréal,  la  coloration  devient  assez  intense  pour  former 
une  étroite  ligne  sombre.  Le  reste  de  la  largeur,  du  côté  Sud,  est  d'un  ton 
adouci  et  variable;  on  y  remarque  souvent  des  taches  sombres  en  forme  de 
jets  de  fumée.  Le  11  février,  j'ai  compté  six  de  ces  taches,  parmi  lesquelles 
trois  étaient  bien  évidentes. 

—  p,  la  bande  sombre  suivante,  du  côté  du  Sud,  est  de  la  môme  teinte  que 
la  première,  mais  un  peu  plus  claire.  Elle  est  aussi  ondulée,  mais  d'une  façon 
beaucoup  moins  distincte.  Ces  ondulations  sont  surtout  visibles  sur  le  bord 
boréal  qui  paraît  être  la  contre  partie  de  —  a;  mais,  contrairement  à  cette 
dernière,  elle  ne  renferme  pas  de  taches  sombres. 

—  Y  est  une  bande  encore  plus  faible,  située  bien  plus  loin  vers  le  Sud  ;  son 
bord  boréal  est  généralement  le  mieux  défini. 

—  8,  la  quatrième  et  dernière  bande,  est  plus  large  que —  y,  plus  difficile  à 
voir,  et  ses  bords  sont  moins  bien  définis.  Ces  deux  dernières  bandes  sont 
tellement  faibles  qu'elles  sont  généralement  invisibles,  à  moins  que  l'atmo- 
sphère ne  présente  une  transparence  exceptionnelle.  Dans  ces  occasions  favo- 
rables, je  les  ai  toujours  aperçues,  et,  autant  qu'il  est  possible  d'en  juger,  leur 
couleur  générale  est  la  même  que  celle  des  autres  bandes. 

Entre  chacune  de  ces  quatre  band'es,  ainsi  qu'au  sud  de  —  8  se  trouvent 
des  zones  plus  brillantes,  d'une  couleur  jaune  brun  pâle;  chacune  d'elles  vient 
se  fondre  plus  ou  moins  doucement  avec  les  bandes  obscures,  et  leur  teinte 
générale  est  plus  sombre  que  celle  de  la  brillante  zone  équatoriale. 

La  région  polaire  qui  se  montre  entièrement  à  la  vue  ne  présente  aucune 
limite  définie;  elle  s'estompe  très  doucement  avec  la  zone  qui  l'entoure, 
dont  elle  se  distingue  par  sa  teinte  plus  sombre;  tandis  que  près  du  bord  du 
disque,  elle  contraste  avec  le  bord  austral  plus  obscur  encore.  La  couleur 
générale  est  gris  bleu. 

4-  a  De  chaque  côté  du  globe,  les  extrémités  de  cette  bande  apparaissent 
au-dessus  du  bord  de  l'anneau  C  avec  lequel  il  est  facile  de  les  confondre  à 
moins  que  la  définition  ne  soit  excellente.  Dans  ce  cas  on  peut  reconnaître 
que  l'étendue  actuelle  de  la  zone  équatoriale  au  nord  de  l'équateur  est  à  peu 
près  la  même  qu'au  sud. 


44  L'ASTRONOMIB. 


LES  ANNEAUX 


Uanneau  extérieur  est  désigné  par  A,  celui  du  milieu  par  B,  Tintérieur 
transparent  par  C. 

A.  —  La  ligne  noire  observée  sur  cet  anneau,  et  connue  sous  le  nom  de 
Division  éCEncke^  était  très  facilement  visible  pendant  les  mois  de  février  et 
de  mars;  quelquefois  même,  elle  s'est  montrée  exceptionnellement  distincte, 
comme  je  l'avais  déjà  remarqué  à  plusieurs  reprises  pendant  Tannée  1883. 
Elle  ne  m*a  jamais  présenté  l'apparence  d'une  simple  ligne  nettement 
définie  se  détachant  sur  un  fond  d'une  teinte  uniforme,  comme  on  l'a  plu- 
sieurs fois  figurée.  Je  l'ai  toujours  vue  très  étroite  et  grise,  semblable  à  une 
ligne  d'ombre  très  délicatement  estompée  dont  la  teinte  devient  parfois  plus 
ou  moins  obscure.  J'estime  que  ce  n'est  pas  une  division  complète,  et  qu'elle 
n'occupe  pas  toujours  la  même  position  sur  l'anneau.  L'éclat  de  la  zone  exté- 
rieure de  A  commence  à  diminuer  vers  le  milieu,  et  la  teinte  se  fonce  de 
plus  en  plus  à  mesure  qu'on  s'approche  de  la  division  d'Encke.  Il  est  remar- 
quable que  le  même  phénomène  se  reproduit  sur  la  zone  intérieure  quand 
on  s'approche  de  la  division  de  Cassini.  Ces  apparences  d'ombre  ou  de  quelque 
autre  nom  qu'on  veuille  employer  pour  les  désigner  sont  tout  à  fait  dignes 
de  remarque.  Le  22  novembre  1881,  la  division  d'Encke  se  trouvait  juste  au 
milieu  de  A  ;  mais  l'apparence  striée  que  présentait  l'ombre  qui  la  borde, 
dans  les  moments  où  les  images  étaient  le  plus  nettes,  semblait  indiquer 
avec  une  grande  probabilité  l'existence  de  plusieurs  lignes  de  même  nature 
que  cette  division.  Pendant  plusieurs  nuits  du  mois  de  janvier  1884,  cette 
division  m'apparut  sûrement  en  dehors  du  milieu  de  A  du  côté  de  l'exté- 
rieur, tandis  que  d'autres  fois  je  dus  conclure  après  une  observation  minu- 
tieuse qu'elle  se  trouvait  en  dehors  du  milieu  sur  l'une  des  anses  de  l'anneau, 
et  juste  au  milieu  sur  l'autre. 

La  Division  de  Cassini,  ou  grande  séparation  entre  l'anneau  A  et  l'anneau  B, 
m'a  toujours  paru  très  sombre  ;  mais,  dans  les  conditions  les  plus  favorables,  je 
ne  l'ai  jamais  vue  d'un  noir  absolu,  comparable  à  l'ombre  du  globe  sur  l'anneau. 

B.  —  Depuis  la  zone  extérieure  de  cet  anneau,  qui  est  toujours  très  bril- 
lante, la  teinte  va  le  plus  souvent  en  se  dégradant  doucement  et  légèrement 
jusqu'au  bord  intérieur,  qui  paraît  très  sombre,  sans  la  moindre  indication 
de  taches  ou  de  détails  quelconques.  Pourtant,  en  quelques  circonstances, 
j'ai  vu  de  très  légères  irrégularités  dans  cette  dégradation  progressive  de  la 
teinte.  Le  11  février,  dans  l'intérieur  de  la  zone  brillante  extérieure,  on  en 
voyait  une  un  peu  plus  sombre;  dans  l'intérieur  même  de  celle-ci  l'éclat  se 
trouvait  légèrement  augmenté  sur  une  très  petite  largeur;  et  dans  cet  espace 
même,  la  teinte  s'assombrissait  graduellement  du  côté  de  l'intérieur.  Avec 


OBSERVATIONS  NOUVELLES  SUR  SATURNE  ET  SES  ANNEAUX.  45 

de  forts  grossissements,  le  bord  intérieur  de  cet  anneau  paraît  si  mal  défini 
et  tellement  confondu  avec  G  qu'il  n'est  pas  facile  de  préciser  où  se  trouve  la 
limite  entre  les  deux  anneaux.  Malgré  tout  le  soin  que  j*ai  mis  à  scruter 
cette  région,  je  n'ai  jamais  pu  découvrir  de  division  entre  eux  deux.  La  teinte 
générale  de  B  est  d'un  gris  bleu. 

G.  —  La  couleur  générale  de  cet  anneau  m'a  paru  être  le  gris  d'ardoise 
mêlé  de  pourpre  sur  les  anses.  Le  bord  intérieur  se  montre  très  nettement 
défini,  et  cet  effet  est  sans  doute  augmenté  par  le  contraste  subit  que  produit 
le  noir  du  ciel  à  travers  le  vide  de  l'anse.  La  teinte  générale  s'obscurcit  gra- 
duellement, mais  très  certainement,  de  l'extérieur  à  l'intérieur,  excepté  à 
Fendroit  où  l'anneau  recouvre  le  disque  de  la  planète.  Alors  c'est  l'inverse 
qui  se  produit,  la  région  intérieure  paraissant  la  plus  brillante,  tandis  que 
le  bord  extérieur  est  indistinct  et  diffus  comme  s'il  était  à  demi  transparent. 
Sur  toute  sa  largeur,  l'anneau  est  visible  devant  le  globe  de  Saturne,  et 
celui-ci  se  voit  au  travers,  sur  toute  la  largeur  également,  à  l'exception  pour- 
tant d'une  zone  très  étroite  contiguë  au  bord  extérieur.  U  est  à  remarquer 
que  le  U  février,  et  dans  d'autres  occasions,  cet  anneau  s'est  montré  plus 
brillant  et  un  peu  plus  étroit  dans  l'anse  occidentale  que  dans  l'anse  orien- 
tale, comme  je  l'ai  représenté  sur  le  dessin.  Quand  les  images  sont  très 
bonnes,  une  sorte  de  granulation  se  montre  distinctement  sur  toute  son 
étendue,  comme  si  ses  dernières  particules  s'étaient  agglomérées  en  groupes 
juste  assez  volumineux  pour  être  aperçus  de  temps  à  autre  d'un  seul  coup 
d'œil.  Mais  cette  apparence  n'est  nullement  persistante,  et  il  est  certainement 
impossible  de  la  représenter  par  une  teinte  d'aquarelle  uniformément  déposée. 

Excentricité  des  anneaux  par  rapport  au  globe. — Quand  j'observai  le  il  février 
la  différence  de  largeur  entre  les  deux  anses  de  G,  je  remarquai  que  le  bord 
intérieur  de  l'anse  occidentale  paraissait  un  peu  plus  près  du  globe  que  celui 
de  l'anse  orientale.  Le  29  février,  à  9**,  cette  excentricité  se  montra  du  môme 
côté,  mais  beaucoup  plus  accentuée  que  je  ne  l'avais  jamais  observée.  Le 
2  mars,  à  9^  l'excentricité  paraissait  moyenne  entre  les  deux  valeurs  qu'elle 
avait  atteintes  aux  deux  dates  précédentes. 

Ombre  du  globe  sur  les  anneaux,  —  Plusieurs  fois,  pendant  le  mois  de 
février,  j'examinai  soigneusement  cette  ombre  à  cause  de  sa  forme  particu- 
lière. Elle  se  montrait  touchant  ou  couvrant  la  division  de  Cassini  qu'elle 
suivait  en  tournant.  Le  bord  oriental  de  l'ombre  reproduisait  exactement  le 
contour  du  globe  jusque  près  de  la  division  de  Cassini  où  il  se  recourbait 
rapidement  vers  l'Est  avant  d'atteindre  cette  division.  Aucune  trace  d'ombre 
n'était  visible  sur  l'anneau  A. 

Section  probable  des  anneaux.  —  L'épaisseur  des  anneaux  est  extrêmement 
exiguë  ;  leur  surface  n'est  pas  parfaitement  plane. 


46  L'ASTRONOMIE. 

La  forme  générale  de  ces  surfaces  est  indiquée  par  mes  observations  de 
Tombre  du  globe.  Après  avoir  répété  ces  observations  pour  toutes  les  posi- 
tions des  anneaux,  j'ai  essayé  d*en  déterminer  la  forme  d'une  manière 
approchée,  en  discutant  les  dessins  observés,  et  en  les  comparant  avec  dif- 
férents modèles  du  globe  et  des  anneaux  que  j'avais  construits  à  l'échelle  et 
que  j'exposais  à  la  lumière  solaire.  Le  résultat  de  cette  étude  est  qu'il  n'y  a 
qu'une  seule  forme  qui  permette  de  donner  aux  ombres  artificielles  la  figure 
observée  sur  les  ombres  réelles. 

La  section  ainsi  déterminée  est  représentée  (fig.  16). 

Constitution  des  anneaux.  —  L'observation,  aussi  bien  que  l'analyse  mathé- 
matique, indique  que  la  matière  dont  sont  composés  les  anneaux  est  à  l'état 
de  courants  circulaires  de  particules  solides. 

On  a  bien  souvent  observé  depuis  Short  et  Kater  jusqu'à  l'époque  actuelle 
que  l'anneau  extérieur  A  montre  une  tendance  plus  marquée  que  les  autres 
à  la  disposition  en  stries.  J'ai  pu  constater  cette  circonstance  avec  une  évi- 
dence extraordina^ire,  le  22  novembre  1881,  et  plusieurs  fois  depuis.  De 

Fig.  m. 

B  I    ,     ^,  ,      , 

Section  probable  des  anneaux  de  Saturne. 

môme,  mais  seulement  à  une  époque  récente,  on  a  remarqué  que  l'anneau 
intérieur  C  paraissait  présenter  la  tendance  la  plus  marquée  vers  la  granu- 
lation. 

Les  observations  ont  aussi  montré,  par  l'étude  des  ombres  du  globe,  que 
la  plus  grande  épaisseur  de  chaque  anneau  se  trouve  auprès  de  son  bord  externe. 

A  ces  résultats  d'observation  on  peut  ajouter  la  considération  que  la 
portion  extérieure  de  l'anneau  est  sans  doute  occupée  par  les  particules  les 
plus  volumineuses  et  les  plus  lourdes,  et  qu'au  contraire  les  particules  les 
plus  petites  et  les  plus  légères  composent  les  régions  intérieures. 

De  cette  étude  attentive  je  crois  pouvoir  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

Le  maximum  d'éclat  coïncide  avec  le  maximum  d'épaisseur,  près  du  bord 
extérieur  de  B. 

Le  maximum  d'obscurité  de  teinte  coïncide  avec  la  région  la  plus  mince 
qui  est  le  bord  intérieur  de  C. 

La  plus  grande  tendance  à  la  disposition  en  stries  coïncide  avec  la  position 
des  particules  les  plus  lourdes  en  A. 

La  plus  grande  tendance  à  la  granulation  coïncide  avec  la  position  qu'oc- 
cupent probablement  les  particules  les  plus  légères,  dans  l'anneau  intérieur  C. 

De  ces  remarques,  on  peut  inférer  que  la  matière  qui  compose  l'anneau  B  # 


PHOTOGRAPHIE  DIRECTE  D'UNE  TROMBE.  47 

est  moins  propre  que  celle  des  autres  anneaux  à  prendre  nettement  le  carac- 
tère de  la  granulation  ou  de  la  stratification,  et  conclure  que  les  influences 
de  la  gravité  qui  agissent  sur  le  système  des  anneaux  produisent  lentement, 
mais  continuellement,  toutes  ces  variations  d'éclat,  de  couleur  et  de  structure 

qu'il  nous  est  donné  d'observer. 

Henry  Pratt, 

Astronome  à  Brighton, 
Membre  de  la  Société  Royale  astronomique  de  Londres 


PHOTOGRAPHIE  DIRECTE  D'UNE  TROMBE. 

M.  Holden,  le  savant  Directeur  de  l'Observatoire  Washburn  (Madison, 
Wisconsin),  a  bien  voulu  nous  communiquer  la  photographie  directe  d'une 
trombe,  qui  est  passée,  le  28  août  dernier,  à  4  heures  de  Taprès-midi,  a  35''"  à 
rOuest  de  la  ville,  marchant  dans  la  direction  du  Sud-Est  avec  une  vitesse  de 

Fig.  17. 


Trombe  observée  aux  Etals-Unis,  diaprés  une  photographie. 

64^"*  à  l'heure.  Emportée  par  cette  vitesse  effroyable,  la  trombe  a  détruit  sur 
son  passage  tout  ce  qu'elle  y  a  rencontré:  arbres,  maisons  et  habitants,  sur  une 
largeur  de  90"  environ.  Nous  reproduisons  (fig.  17)  ce  document  intéressant, 
la  première  photographie  de  ce  genre  qui  existe,  certainement. 

Le  tornado  attaque  le  sol  par  son  extrémité  inférieure  ;  ses  gyrations  violentes 
y  soulèvent  des  torrents  de  poussière,  lançant  autour  de  lui  tous  les  objets 
plus  ou  moins  légers  qu'il  a  frappés  et  détachés  du  sol. 


48  L'ASTRONOMIE. 

ARCHÉOLOGIE  ASTRONOMIQUE. 

Monsieur  le  Directeur, 

Vos  recherches  sur  les  changements  de  forme  des  constellations  par  les  mou- 
vements propres  des  étoiles  et  vos  études  sur  TAstronomie  ancienne  m'engagent 
à  vous  soumettre  le  fac-similé  d*un  dessin  astronomique  fait  sur  un  polissoir  en 
ardoise  trouvé  dans  mes  terres  de  Bologoë,  près  du  lac  de  ce  nom,  dans  la  couche 
néolithique. 

Cet  antique  objet  du  temps  de  l'âge  de  pierre,  datant  d'une  époque  inconnue, 
porte,  comme  on  le  voit  sur  ce  dessin  (de  grandeur  naturelle),  les  sept  étoiles 
caractéristiques  du  Septentrion,  ainsi  que  d'autres  étoiles  qui  me  paraissent 

Fig.  18. 


( 

Étoiles  de  la  G<*?0upse. 

,      de. 

LévHers. 

W 

.       du 

Bouvier. 

\ 

M       du 

Dpa|bn. 

\ 

B 

Étoiles  du  nord  gravées  sur  un  polissoir  du  temps  de  l'âge  de  pierre,  trouvé  en  Russie. 

appartenir  d'abord  à  la  Grande  Ourse  elle-même,  ensuite  aux  Chiens  de  Chasse, 
au  Bouvier  et  au  Dragcn. 

L'étoile  Ç  de  la  Grande  Ourse  est  marquée  double,  et  il  en  est  de  même  de 
l'étoile  a  des  Chiens  de  chasse.  L'étoile  a  de  la  Grande  Ourse  est,  comme  les 
deux  dont  je  viens  de  parler,  plus  grosse  que  les  autres. 

Il  y  a,  entre  a  et  S,  entre  5  et  s,  et  près  de  Ç,  trois  étoiles  assez  grosses  que  Ton 
ne  voit  plus  au  ciel.  Les  autres  sont  plus  petites.  Ces  diverses  étoiles  ont-elles 
changé  de  grandeur  depuis  les  temps  préhistoriques  ? 

La  configuration  des  sept  étoiles  du  Chariot  est-elle  une  inexactitude  de  l'ou- 
vrier préhistorique,  ou  correspondrait-elle  à  une  figure  réelle  remontant  à  une 
époque  très  reculée  ? 

La  ligne  AB  peut  marquer  l'horizon.  La  ligne  CD  n'indiquerait-elle  pas  la  direc- 
tion du  pôle  à  l'époque  où  les  étoiles  X,  x  du  Dragon  étaient  polaires? 

Les  autres  étoiles  gravées  ont-elles  jamais  été  visibles  à  l'œil  nu  ? 

L'étude  du  Ciel  paraît  avoir  été  apportée  en  Russie  par  les  proto-Scythes.  Ces 
étoiles  ne  sont-elles  pas  mieux  visibles  en  d'autres  contrées  de  la  migration  asia- 
tique? 

Veuillez  agréer,  etc.  Prince  Paul  Pontiatinn. 

La  communication  précédente  est  du  plus  haut  intérêt,  et  nous  remercions  le 


ARCHÉOLOGIE  ASTRONOMIQUE.  49 

prince  Pontiatinn  de  nous  Tavoir  adressée.  Elle  soulève,  en  effet,  plusieurs  pro- 
blèmes. 

Et  d^abord,  la  forme  des  constellations  changeant  avec  le  temps,  on  a  pu  voir, 
dans  notre  Astronomie  populaire  (p.  794),  quelle  était  la  disposition  des  sept 
étoiles  du  Chariot  il  y  a  cinquante  mille  ans,  et  quelle  elle  sera  dans  cinquante 
mille  ans.  Si  un  dessin  de  la  Grande  Ourse  avait  été  fait  il  y  a  cinquante  mille  ans, 
quarante  mille  ou  seulement  vingt-cinq  mille,  il  différerait  assez  de  nos  dessins 
actuels  pour  que  nous  puissions  lui  assigner  une  date  approchée.  Les  mouve- 
ments propres  dont  ces  sept  étoiles  sont  animées  ont  pour  effet  principal  de 
relever  de  siècle  en  siècle  l'étoile  tj  vers  le  prolongement  de  la  ligne  presque 
droite  et  peu  variable  SsJ,  et  de  l'éloigner  des  six  autres,  auxquelles  elle  est,  du 
reste,  étrangère  par  son  origine.  Or  on  peut  remarquer  que,  sur  le  dessin  du 
polissoir,  la  position  de  l'étoile  t^  n'est  pas  très  différente  de  sa  position  actuelle, 
pas  plus  que  celle  de  a,  dont  le  mouvement  propre  est  également  contraire  à 
celui  des  cinq  autres.  Donc,  à  ce  point  de  vue,  aucune  date  ne  peut  être  donnée 
par  l'Astronomie  pour  l'époque  de  ce  dessin.  Un  berger  pourrait  encore  aujour- 
d'hui le  faire  précisément  tel  qu'il  est  là. 

Voyons  maintenant  les  deux  étoiles  marquées  doubles,  Ç  de  la  Grande  Ourse  et 
a  des  Chiens  de  chasse.  Que  la  première  le  soit,  cela  n'a  rien  de  surprenant, 
puisque  toutes  les  bonnes  vues  distinguent  Alcor  à  côté  de  Mizar  (  Alcor  n'est  pas 
à  sa  place,  mais  il  n'y  a  pas  lieu  d'être  trop  exigeant).  Quant  à  a  des  Chiens  do 
chasse,  elle  est  bien  vraiment  une  étoile  double,  mais  il  est  impossible  à  l'œil  nu 
d'effectuer  le  dédoublement.  Elle  se  compose  d'une  étoile  de  3,2  et  d'une  de  5,7. 
Celle-ci  serait  perceptible  à  l'œil  nu  si  elle  n'était  pas  éclipsée  dans  les  rayons 
de  oc;  mais  sa  distance  est  de  20^,  et  il  faudrait  que  cette  distance  fût  au  moins 
dix  fois  plus  grande  pour  permettre  la  séparation  à  l'œil  nu.  Or,  dans  l'antiquité, 
le  compagnon  a-t-il  été  plus  éloigné  que  de  nos  jours  de  l'étoile  principale?  Non. 
Depuis  plus  d'un  siècle  que  nous  avons  les  yeux  fixés  sur  ce  couple,  l'écartement 
.  de  20'  n'a  pas  varié.  Un  siècle  n'est  rien  sans  doute;  mais  ce  couple  forme  un 
système  physique  emporté  dans  le  ciel  par  un  mouvement  propre  très  rapide,  et 
les  deux  composantes  marchent  d'un  commun  accord.  Donc  le  compagnon  n'a 
jamais  été  visible  à  l'œil  nu.  Sans  doute  l'allongement  de  l'étoile  sur  le  dessia 
avait  une  autre  signification.  Nous  ne  pouvons  guère  admettre  l'existence  d'in- 
struments d'optique,  tous  les  documents  anciens  s'accordant  pour  prouver  que  le 
verre  n'a  été  appliqué  pour  la  première  fois  aux  observations  célestes  qu'au 
commencement  du  xvii«  siècle,  et  celui-ci  ne  présentant  point  les  caractères 
d'une  précision  scientifique. 

L'étoile  qui  est  marquée  sur  le  prolongement  de  Sy  Grande  Ourse  est  l'étoile  x* 
Celle  qui  est  au-dessus  de  a  est  X  du  Dragon  et  sa  voisine  de  gauche  est  x  de  la 
même  constellation.  Les  trois  voisines  de  t^,  à  gauche,  sont  8,  x  et  t  du  Bouvier. 
Au-dessous  de  t),  près  du  bord,  ce  doit  être  X  Bouvier.  Entre  a  Chiens  de  chasse 
et  X  Grande  Ourse,  la  première  est  probablement  8  des  Chiens  de  chasse.  Les 
autres  ne  peuvent  pas  être  identifiées;  il  n'y  a  même  pas  d'étoiles  de  6«  et  7«  gran- 


50  L'ASTRONOMIE. 

deur  aux  positions  gravées,  et  des  étoiles  qui  existent  au  ciel  ne  sont  pas  indi- 
quées. Le  document,  d'ailleurs,  no  présente  pas  de  caractère  scientifique  déter- 
miné. C'était  peut-être  une  amulette  des  premiers  pasteurs.  La  représentation 
des  sept  astres  du  Septentrion  n'est  pas  rare  chez  les  anciens.  En  visitant,  il  y  a 
une  dizaine  d'années,  les  solitudes  bretonnes  des  environs  de  Guérande  et  du 
bourg  de  Batz,  nous  avons  remarqué  sur  les  rochers  un  grand  nombre  de  dessins 
faits  par  trous  sur  les  rochers,  parmi  lesquels  on  reconnaît  entre  autres  la  Grande 
Ourse  et  Cassiopée.  Nous  possédons  au  musée  de  l'Observatoire  de  Juvisy  un 
ancien  sabre  d'exécuteur  japonais,  près  de  la  garde  duquel  sont  gravées,  d'un 
côté,  la  Grande  Ourse,  et  de  l'autre,  Cassiopée.  Ce  sont  là  des  représentations  pri- 
mitives, dont  ridée  toute  naturelle  est  directement  inspirée  par  le  spectacle  du 
ciel.  Que  l'artiste  qui  s'est  complu  à  représenter  ces  étoiles  sur  la  pierre  ou  sur 
le  bronze  y  ait  ajouté  des  points  qui  n'existent  pas  au  ciel,  on  ne  saurait  en  tirer 
de  conjectures  en  faveur  de  changements  arrivés  dans  l'Univers. 

L'aspect  de  la  Grande  Ourse  et  de  toute  cette  région  du  ciel  est  le  même  pour 
tous  les  pays  du  Nord,  depuis  la  France  jusqu'au  détroit  de  Behring. 

La  ligne  joignant  a  à  X,  qui  est  à  peu  près  parallèle  à  la  ligne  CD,  aboutissait 
au  pôle  nord  au  commencement  de  notre  ère,  et  la  ligne  menée  de  a  à  x  douze  siè- 
cles avant  notre  ère.  Si  donc  on  considérait  la  ligne  CD  comme  indicatrice  du  nord, 
le  document  ne  remonterait  pas  au  delà  du  commencement  de  Tère  chrétienne. 

Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  là  un  document  rare  et  intéressant  (  unique  jusqu'à  pré- 
sent à  notre  connaissance)  et  Ton  ne  saurait  trop  remercier  ceux  qui  découvrent 
ces  vestiges  des  âges  disparus  de  les  faire  connaître,  afin  qu'étant  publiés  ils 
apportent  leur  élément  au  progrès  général  des  connaissances  humaines. 

CA&dLLE  Flammarion. 


CONSTRUCTION  DES  CADRANS  SOLAIRES. 

Nous  recevons  de  M.  âmat,  ancien  député  des  Bouches-du-Rhône,  membre 
de  la  Société  scientifique  Flammarion  de  Marseille,  auteur  du  monument  cosmo- 
graphique que  tous  les  amis  de  la  Science  admirent  au  jardin  de  la  Bourse  de 
Marseille,  un  exposé  très  concis  et  tout  à  fait  pratique  sur  la  construction  des 
cadrans  solaires.  Nous  sommes  heureux  de  lui  donner  place  dans  cette  Revue  : 
ce  travail  répond  aux  vœux  d'un  très  grand  nombre  de  lecteurs. 

Existe-t-il  un  procédé  simple  et  facile  pour  établir  des  cadrans  solaires?  Ce  qui 
est  facile  aux  uns  est  difficile  à  d'autres.  Le  travail  aplanit  les  difficultés. 

L 

Il  suffit  des  premières  notions  de  cosmographie  pour  comprendre  que  si  Ton 
prenait  comme  cadran  le  plan  de  l'équateur  terrestre  et  comme  style  l'axe  du 
monde,  le  Soleil  y  marquerait  les  vingt-quatre  heures  de  la  journée  en  divisant 
le  cercle  en  vingt-quatre  arcs  égaux,  de  15o,  ayant  leurs  sommets  au  centre, 
au  point  d'insertion  de  l'axe. 


CONSTRUCTION  DES  CADRANS  SOLAIRES.  51 

Cette  hypothèse  est  moins  difficile  à  réaliser  qu'il  ne  le  semble.  D'abord,  point 
n*est  besoin  de  donner  à  votre  cadran  usuel  un  diamètre  de  12750^  comme  celui 
de  la  Terre;  s'il  vous  suffit  d'un  mètre  ou  d'un  décimètre,  le  tracé  des  lignes 
horaires  restera  le  même. 

Il  n'est  pas  nécessaire  non  plus  que  votre  cadran  soit  précisément  à  l'équateur. 
Les  effets  et  le  tracé  ne  seront  pas  changés,  quand  même  il  en  serait  éloigné  de 
quelques  mètres,  ou  de  quelques  milliers  de  kilomètres,  cette  distance  n'étant 
qu'une  quantité  négligeable  comparativement  aux  148  millions  de  kilomètres  qui 
nous  séparent  du  Soleil. 

Vous  pouvez  opérer  en  un  point  quelconque  de  la  Terre  ;  pourvu  que  votre 
cadran  soit  parallèle  à  l'équateur  et  votre  style  parallèle  à  l'axe  du  monde,  vous 
vous  considérerez  comme  étant  à  l'équateur,  et  vous  tracerez  vos  lignes  en  con- 
séquence, angles  égaux,  de  15*  pour  les  heures,  de  7»30'  pour  les  demi-heures,  et 
ainsi  de  suite. 

II. 

Si  donc  vous  désirez  un  cadran  équatorial,  vous  n'avez  qu'à  l'incliner  sur 
votre  horizon  d'un  angle  complémentaire  de  la  latitude,  et  à  le  traverser  perpen- 
diculairement par  un  style  destiné  à  y  marquer  l'heure  sur  ses  deux  faces,  l'une 
d'hiver,  l'autre  l'été,  selon  que  le  Soleil  est  dans  l'hémisphère  austral  ou  dans 
l'hémisphère  boréal. 

Pour  qu'il  fonctionne,  il  suffit  de  le  poser,  en  en  dirigeant  le  style  vers  le  Nord. 
Une  bonne  montre,  un  chronomètre  et  une  table  de  l'équation  du  temps  vous 
indiqueront  à  midi  vrai  le  plan  du  méridien,  par  l'ombre  du  style  perpendiculaire 
au  cadran.  Vous  ajusterez  le  style  dans  ce  plan,  et  vous  lui  donnerez  l'inclinaison 
voulue  en  l'abaissant  sur  l'horizon  d'un  angle  égal  à  la  latitude  de  la  localité.  A 
Paris,  le  style  fait  avec  l'horizon  un  angle  de  J8<»50',  à  Marseille  de  43»  18',  à  Alger 
de  360  47'. 

Le  même  cadran  équatorial  est  apte  à  fonctionner  sur  tous  les  points  du  globe 
il  n'y  a  dans  chaque  localité  qu'à  incliner  le  style  sur  l'horizon  d'un  angle  égal  à 
la  latitude. 

III. 

Mais  ce  n'est  pas  un  cadran  équatorial  que  l'on  demandera  le  plus  souvent. 

La  page  ci-contre  fournit  le  moyen  d'établir,  sans  beaucoup  de  préparation 
ni  d'appareils  scientifiques,  un  cadran  solaire  sur  une  surface  quelconque,  verti- 
cale^ horizontale  ou  inclinée;  méridionale,  déclinante  ou  septentrionale;  plane, 
arrondie  ou  anfractueuse. 

Il  s'agit  uniquement  de  poser  le  style  à  la  place  où  on  le  veut,  en  bien  obser- 
vant ces  deux  conditions  :  qu'il  soit  dans  le  plan  du  méridien  et  qu'il  forme  avec 
l'horizon  un  angle  égal  à  la  latitude. 

Le  style  ainsi  définitîvement  posé,  il  n'y  a  plus  rien  à  faire  qu'à  attendre  le  pre- 
mier jour  de  soleil,  et  à  tracer,  d'après  une  bonne  montre  aux  indications  de  la- 
quelle vous  ajouterez  l'équation  du  temps  pour  convertir  le  temps  moyen  en 


52 


L'ASTRONOMIE. 


temps  vrai,  les  lignes  horaires  telles  que  le  Soleil  les  marquera  lui-même  par 
l'ombre  du  style. 

Ce  tracé  de  cadran  sera  et  restera  exact  pour  to^jours,  d'autant  plus  exact 
qu'on  aura  apporté  plus  d'attention  et  de  soin  dans  les  courtes  opérations  décrites. 
L'ombre  du  style  s'allongera  ou  s'accourcira  suivant  les  saisons,  suivant  la  décli- 
naison du  Soleil,  mais  elle  reviendra  au  même  jour,  à  la  même  heure,  recouvrir 
la  même  ligne  horaire. 

IV. 

Mais,  dites-vous,  je  voudrais  dessiner  les  lignes  horaires  dans  le  silence  et 
le  recueillement  de  mon  bureau,  sur  ma  table  de  travail,  et  non  sous  la  dictée  du 
Soleil.  Vous  le  pourrez  parfaitement;  voici  un  procédé  assezsimple.  Il  faut  tou- 
jours qu'on  vous  donne  la  latitude  et  la  déclinaison  du  cadran,  puisque  les  angles 
du  dessin  en  dépendent. 

Prenons  le  cas  le  plus  fréquent  :  un  mur  vertical,  d'un  azimut  inconnu, 


Fig.  19. 


Fig.  20 


Mur  vertical. 


Planche  horizontale. 


celui  d'une  maison  à  la  ville  ou  à  la  campagne  :  telle  est  la  place  où  d'ordi- 
naire on  songe  à  établir  un  cadran. 

Tracez-y  une  droite  verticale  PM  (fig.  19);  ce  sera  la  ligne  horaire  de  midi. 

Vers  le  milieu  de  cette  verticale,  au  point  H,  appliquez  contre  le  mur  une 
planche  horizontale. 

Âmidi  vrai,  marquez  sur  cette  planche  l'ombre  aboutissant  à  la  droite  verticale, 
à  la  lettre  H,  ombre  projetée  par  un  fil  à  plomb  tendu  entre  la  planche  et  le  Soleil. 

Cette  ombre,  cette  ligne  SH,  est  votre  méridienne  horizontale  [fig.  20). 

Plantez  le  style  sur  un  point  quelconque  P  de  l'horaire  verticale.  Il  faut  que 
le  style  aboutisse  à  la  méridienne  horizontale  HS,  et  qu'il  fasse  avec  elle  un  angle 
égal  à  la  latitude  de  la  localité.  Le  point  que  nous  avons  appelé  S  (flg.  20)  est  celui 
de  la  méridienne  où  aboutit  ainsi  le  style. 

De  ce  point  8  tirez  sur  la  planche  une  perpendiculaire  S6  à  la  méri- 
dienne SH,  et  prolongez-la  jusqu'au  mur,  où  vous  marquez  son  point  de  con- 
tact 6. 

Maintenant,  de  ce  même  point  S,  abaissez  dans  le  plan  vertical  du  méri- 


CONSTRUCTION  DES  CADRANS  SOLAIRES. 


53 


dien  (fig,2i)  une  perpendiculaire  SM  au  style  SP,  et  faites  descendre  cette  droite  SM 
jusqu'à  la  rencontre  du  mur,  jusqu'à  l'horaire  verticale,  où  vous  marquez  le  point 
d3  contact  U(fig,  19  et  21). 

Les  quatre  lignes  ainsi  obtenues  dans  le  plan  méridien,  PM,  SH,  PS  et  SM,  en 
donnent  la  coupe  dessinée  (fig,  19). 

Pour  tracer  SM,  vous  appliquez  contre  le  mur  le  triangle  PHS  (fig,  19),  en  le 
faisant  tourner  comme  sur  une  charnière  autour  de  PH. 

S'il  vous  plaît  de  vérifier  par  la  Trigonométrie  la  longueur  S  M,  tangente  du 


Fig.  21. 


/ 


.  Coupe  selon  le  plan  méridien. 

rayon  PS,  l'angle  P,  complémentaire  de  la  latitude,  c'est-à-dire  à  Paris  de  41ol0', 
vous  donne  pour  logarithme  9,94171  et  pour  nombre  0,8744;  la  longueur  de  SM  y 
sera  donc  les  874  millièmes  du  style  PS. 

Tirez  sur  le  mur  par  les  deux  points  de  contact  M  et  6  une  droite  indéfinie,  qui 
sera  l'équinoxiale  (/ig.  21). 

La  coupe  selon  MS6  (/i^f.  22)  est  parallèle  à  Téquateur  et  nous  présente  un 

Fig.  22. 

I  1'^  ' 


6.J 


Coupe  parallèle  à  Téquateur 

cadran  équatorial  desservi  par  le  même  style  PS.  Nous  connaissons  de  cet  équa- 
tonal  les  deux  lignes  horaires,  de  midi,  SM,  et  de  6»»,  S 6.  Son  style,  son  centre 
de  figure  est  en  S. 

Pour  en  compléter  le  dessin  plus  commodément,  rabattons-le  sur  le  mur,  en  le 
faisant  tourner  autour  de  l'équinoxiale  M 6  comme  sur  une  charnière. 

A  cet  effet,  de  M,  avec  un  rayon  égal  à  MS,  et  de  6  avec^un  rayon  égal  à  68, 


54 


L'ASraONOMIE. 


traçons  deux  arcs  de  cercle,  qui  se  couperont  en  G,  centre  de  figure  de  Téquato- 
rial  ainsi  rabattu  (fîg.  23). 
Ses  lignes  horaires  formeront  des  angles  égaux  ayant  leur  sommet  commun 

Fig.  23. 


Le  mur. 

en  C.  Les  deux  déjà  tracées,  CM  et  C6,  midi  et  six  heures,  font  un  angle  droit, 
puisqu'elles  sont  à  six  heures  Tune  de  l'autre 

Un  grand  cercle,  ayant  C  pour  centre  (fig.  24),  nous  sert  à  mesurer  nos  angles 
de  15o  pour  l'heure,  de  T^SO'  pour  la  demi-heure,  de  15'  pour  la  minute. 

Nous  faisons  aboutir  toutes  les  lignes  horaires  de  l'équatorial  à  la  droite  équi- 
noxiale  sur  laquelle  nous  en  marquons  tous  les  points  de  contact. 

Enfin,  du  style  P  planté  dans  le  mur,  nous  abaissons  des  droites  sur  tous  ces 

Fig.  24. 


Cadran  vertical  Sud-Ouest 

points  de  contact  de  l'équinoxiale.  Ce  sont  les  lignes  horaires  cherchées  pour  le 
Cadran  vertical. 

Notre  dessin  étant  complet,  nous  effaçons  le  cadran  équatorial ,  tracé  en  poin- 
tillé, dont  nous  n'avons  plus  besoin,  et  nous  donnons  aux  lignes  horaires  du 
vertical  les  longueurs  qui  nous  conviennent. 


LA  CONDENSATION  DE  LA  NÉBULEUSE  SOLAIRE.  55 

V. 

Souvent  on  tiendra  à  ce  que  le  cadran,  qui  marque  toujours  l'heure  temps  vrai, 
marque  aussi  l'heure  temps  moyen,  Theure  des  horloges,  celle  qui  est  en  usage 
dans  les  relations  du  monde.  Elles  ne  concordent  que  quatre  fois  l'an,  et  leur 
différence,  graduée  d'un  jour  à  l'autre  selon  Tellipse  de  l'orbite  terrestre  et  la 
vitesse  de  translation,  s'élève  à  plus  de  seize  minutes  le  3  novembre. 

On  peut  faire  marquer  au  cadran  Theure  de  midi  temps  moyen  en  traçant  le 
long  de  l'horaire  midi  une  sorte  de  8  très  allongé,  nommé  Méridienne  du  temps 
moyen.  Un  8  analogue  pourrait  de  même  s'adapter  à  toutes  les  heures.  La  des- 
cription du  procédé,  qui  comprend  le  tracé  des  hyperboles  quotidiennes,  nous 
entraînerait  un  peu  loin. 

Au  Physiorama  de  Marseille,  quoique  nous  ayons  mis  la  méridienne  du  temps 
moyen  sur  l'un  des  douze  cadrans,  nous  avons  néanmoins  gravé  un  résumé  en 
vingt-cinq  lignes  des  différences  du  temps  moyen  au  temps  vrai,  afin  qu'on  puisse 
y  régler  sa  montre  à  toute  heure,  en  ajoutant  ou  retranchant  l'équation  du 
temps. 

Une  table  de  ces  différences  est  en  effet  l'accessoire  obligé  du  cadran  solaire, 
si  l'on  n'est  pas  disposé  à  se  contenter  d'un  à  peu  près  de  quelques  minutes,  et  si 
Ton  ne  veut  pas  prendre  la  peine  d'y  tracer  le  8  rectificatif.  Cette  table  de 
l'équation  du  temps  a  été  publiée  dans  cette  Revue,  septembre  1882,  page  244^  pour 
toutes  les  années,  simples  ou  bissextiles. 

Henri  Amat. 


LA  CONDENSATION  DE  U  NÉBULEUSE  SOLAIRE 

DANS  L'HYPOTHfiSE  DE  ULPLAGE. 

Aucune  des  personnes  qui  s^intéressent  aux  travaux  des  astronomes  français, 
n'ignore  que  M.  Faye  vient  de  publier  un  livre  des  plus  intéressants,  où  il  passe 
en  revue  les  principales  théories  cosmogoniques  par  lesquelles,  aux  différentes 
époques  de  l'histoire,  on  a  cherché  à  se  rendre  compte  de  la  formation  du  monde 
qui  nous  entoure  (>).  Ce  n'est  pas  à  nous  qu'il  appartient  de  faire  l'éloge  des 
ouvrages  de  M.  Faye  et  ce  serait  faire  injure  aux  lecteurs  de  V Astronomie  que 
de  leur  rappeler  les  qualités  de  science,  de  style  et  d'érudition  qu'ils  ont  pu 
tant  de  fois  apprécier  par  eux-mêmes  dans  les  nombreux  ouvrages  de  l'éminent 

(•)  H.  Faye,  membre  de  l'Institut.  —  Sur  Vorigine  du  monde.  In-8%  1884  (Paris, 
Gauthier- Yillars).  -^  Nous  ferons  des  réserves  expresses  sur  les  théories  excessives 
émises  par  M.  Faye  à  propos  de  la  Pluralité  des  mondes  :  pour  répondre  à  plusieurs 
centaines  de  lettres,  notre  devoir  sera  de  les  réfuter  ici  même.  Mais  cette  réfutation 
est  déjà  toute  faite  dans  les  Terres  du  Ciel,  et  nous  n'avons  pas  un  mot  à  y  retrancher 
Nous  en  aurons  plusieurs  à  ajouter,  malgré  tout  le  respect  et  toute  la  sympathie  que 
nous  éprouvons  pour  le  vénéré  Président  du  Bureau  des  longitudes.  G.  F. 


56  L'ASTRONOMIE. 

astronome;  mais,  comme  ce  livre  ne  peut  manquer  d'attirer  l'attention  des  lec- 
teurs, [nous  croyons  utile  de  préciser  certaines  considérations  mécaniques  qui 
jouent  un  grand  rôle  dans  les  critiques  que  fait  M.  Fa^^e  des  théories  de  ses 
devanciers,  d'autant  plus  que  des  considérations  semblables  nous  ont  suggéré 
des  réflexions  qui  ont  été  jugées  assez  intéressantes  pour  être  présentées  à 
l'Académie  des  Sciences  dans  une  de  ses  dernières  séances. 

Il  y  a,  dans  l'Ouvrage  dont  nous  parlons,  un  théorème  de  Mécanique  dont  l'af)- 
plication  se  présente  à  chaque  instant.  C'est  le  théorème  du  Moment  des  quan- 
tités de  mouvement.  Voici  exactement  en  quoi  il  consiste  :  Prenez  à  un  instant 
quelconque  la  vitesse  de  chaque  molécule  du  système  solaire  et  projetez-la  sur 
un  plan  arbitraire,  mais  fixe  pour  tout  le  système  et  pour  toute  la  durée,  et  que 
vous  ferez  passer  par  le  centre  du  Soleil.  Multipliez  cette  projection  par  la  masse 
de  la  molécule  correspondante  et  le  produit  par  la  distance  de  cette  projection  au 
centre  du  Soleil  ;  enfin  faites  la  somme  des  produits  ainsi  obtenus  pour  toutes  les 
molécules  du  système.  La  somme  que  vous  trouverez  ainsi  doit  rester  absolu- 
ment constante  quelles  que  soient  les  modifications  que  puisse  subir  le  système. 

Ce  théorème  est  d'une  importance  capitale  :  il  tient  à  ce  que  le  Système  Solaire 
ne  subit  pas  d'autres  influences  que  les  actions  mutuelles  de  ses  parties,  de  sorte 
que  toutes  les  forces  qu'on  y  rencontre  ou  bien  passent  par  le  centre  du  Soleil, 
ou  bien  sont  deux  à  deux  égales  et  opposées  comme  actions  et  réactions  de  deux 
points  des  masses  planétaires.  La  somme  qui  doit  ainsi  rester  constante  s'appelle 
somme  des  moments  des  quantités  de  mouvement. 

On  conçoit  évidemment  que  cette  somme  ne  soit  pas  aisée  à  calculer.  On  peut 
cependant  en  avoir  assez  facilement  une  valeur  approchée,  et  en  tous  cas  une 
limite  supérieure.  Il  faut  tenir  compte  du  mouvement  des  planètes  et  de  leurs 
satellites  autour  du  Soleil,  et  du  mouvement  de  rotation  de  celui-ci.  Or,  les  pla- 
nètes circulent  à  peu  de  chose  près  dans  le  plan  dé  l'équateur  solaire;  on  peut 
supposer  qu'elles  restent  dans  ce  plan  et  prendre  alors  ce  plan  pour  plan  fixe  de 
projection.  On  peut  aussi  supposer  toute  la  [masse  de  chaque  planète  et  de  ses 
satellites  condensée  au  centre  de  gravité  commun  du  petit  système,  on  peut  enfin 
supposer  les  orbites  circulaires;  on  simplifiera  ainsi  le  calcul  sans  altérer  nota- 
blement le  résultat.  Or  les  masses  des  planètes  sont  connues  ainsi  que  leur 
vitesse  et  leur  distance  au  Soleil.  On  trouve  de  la  sorte  les  résultats  suivants,  en 
prenant  pour  unité  de  temps  le  jour  moyen,  pour  unité  de  longueur  la  longueur 
du  rayon  de  l'orbite  terrestre,  et  pour  unité  de  masse  la  masse  du  Soleil  : 

Ç  2  wx 0,000 000 000 3 

*9  2  itx  0,000  000  005  6 

Ô  2  11X0,000  000  008  4 

cf  2  11X0,000  000  0011 

^  2  ic  X  0,000  005  950  0 

ï)  2  11X0,000002  396  0 

IS^  2  11X0,000000  488  3 

«  2  1CX  0,000  000  761  9 

Dont  la  somme  est  :    2  ic  x  0,000  009  611  6 


LA  CONDENSATION  DE  LA  NÉBULEUSE  SOLAIRE.       57 

Pour  le  Soleil  le  calcul  est  bien  plus  difficile;  la  difficulté  tient  uniquement  à 
ce  que  nous  ne  savons  pas  comment  la  matière  se  trouve  répartie  dans  son  inté- 
rieur. Nous  avons  d'excellentes  raisons  pour  penser  que  les  régions  centrales 
sont  beaucoup  plus  denses  que  les  zones  superficielles,  mais  nous  ignorons  tota- 
lement suivant  quelle  loi  les  densités  s'y  succèdent  du  centre  à  la  surface.  Il  faut 
faire  une  hypothèse  pour  entreprendre  le  calcul.  Or  la  supposition  la  plus  simple 
consiste  à  considérer  le  Soleil  comme  une  sphère  homogène.  Remarquons  que 
cette  supposition  nous  fera  trouver  un  nombre  trop  grand.  En  effet,  supposer 
homogène  une  masse  qui  est  réellement  condensée  vers  son  centre,  revient  à 
transporter  des  molécules  à  une  distance  plus  grande  du  centre.  Or,  le  Soleil 
tournant  sur  lui  -même  d'un  mouvement  d'ensemble,  les  molécules  ainsi  trans- 
portées, outre  qu'elles  deviennent  plus  distantes  de  l'axe  de  rotation,  se  trouvent 
par  cela  même  animées  d'une  vitesse  plus  rapide,  ce  qui  augmente  nécessaire- 
ment le  produit  que  nous  voulons  calculer.  Dès  qu'on  suppose  le  Soleil  homogène, 
le  calcul  se  réduit  à  un  problème  très  simple  do  calcul  intégral,  et  Ton  trouve 
facilement,  puisqu'on  connaît  la  vitesse  de  rotation  du  Soleil,  le  nombre  : 

2  «x  0,000  000  353  8 

On  remarquera  que  ce  nombre  est  environ  30  fois  plus  petit  que  le  précédent. 

En  rajoutant  au  précédent,  on  a  finalement  pour  le  moment  total  des  quan- 
tités de  mouvement  du  système  solaire  tout  entier  : 

2  îix  0,000  009  965  4 

On  pourrait  objecter  que  nous  avons  négligé  les  petites  planètes  et  une  foulo 
de  masses  inconnues  qui  peuvent  circuler  autour  du  Soleil.  Mais  la  masse  totale 
des  petites  planètes  est  tout  à  fait  insignifiante,  et,  quant  aux  corps  inconnus,  il 
est  peu  vraisemblable  qu'il  en  existe  des  masses  bien  considérables.  Du  reste  le 
tableau  précédent  montre  que  les  grosses  planètes  ont  seules  quelque  importance 
dans  le  résultat  définitif,  si  bien  que  nous  aurions  pu  nous  dispenser  de  calculer 
les  nombres  relatifs  à  Mercure,  Vénus,  la  Terre  et  Mars.  Enfin  la  supposition 
d'un  Soleil  homogène  a  augmenté  le  résultat.  La  seule  objection  sérieuse  qu'on 
pourrait  élever  contre  le  nombre  précédent  résiderait  dans  la  supposition  do 
l'existence  d'une  ou  plusieurs  grosses  planètes  situées  au  delà  de  Neptune.  Mais 
on  verra  par  la  suite  que  nous  n'avons  pas  à  nous  inquiéter  pour  notre  objet  des 
planètes  extraneptuniennes  si  elles  existent,  car  dans  l'hypothèse  de  Laplace 
ces  planètes  auraient  été  formées  avant  Neptune,  et,  pour  restreindre  notre  étudo 
aux  planètes  connues,  nous  prendrons  la  nébuleuse  à  l'époque  où  elle  a  abandonné 
l'anneau  qui  devait  constituer  la  planète  Neptune  (»). 

(•)  En  réalité,  l'hypothèse  de  Texistence  des  planètes  extraneptuniennes  de  masses 
considérables  donnerait  lieu  à  une  discussion  un  peu  plus  détaillée.  Les  personnes 
auxquelles  la  Mécanique  céleste  n'est  pas  absolument  étrangère  reconnaîtront 
facilement  que  les  distances  moyennes  de  ces  planètes  n'ayant  pu  varier  sous  l'action 
des  perturbations  planétaires,  leur  moment  de  quantités  de  mouvement  est  resté  inva- 
riable, de  sorte  qu'une  pareille  hypothèse  ne  modifierait  en  rien  les  raisonnements  et 
les  conclusions  qui  suivent. 


58  L'ASTRONOMIE. 

Le  nombre 

2  ic  X  0,000  009  965  4 
OU  approximativement 

2irx0,000  0l 

doit  donc  être  considéré  comme  représentant  une  limite  supérieure  du  moment 
total  des  quantités  de  mouvement  du  Système  Solaire  limité  à  Neptune.  A  aucune 
époque  de  son  histoire  ce  système  n'a  pu  posséder  un  moment  supérieur.  Or.  si 
nous  voulons  calculer  ce  qu'était  le  moment  des  quantités  de  mouvement  de  la 
nébuleuse  solaire  quand  elle  s'étendait  jusqu'à  l'orbite  de  Neptune  et  tournait  sur 
elle-même  avec  la  vitesse  angulaire  actuelle  de  cette  dernière  planète,  il  nous 
faut  faire  une  hypothèse  sur  sa  constitution.  En  la  supposant  homogène,  le  calcul 
se  fera  facilement  car  on  en  connaît  la  masse,  qui  est  à  peine  supérieure  à  celle 
du  Soleil,  la  vitesse  de  rotation  qui  est  la  même  que  la  vitesse  angulaire  de  révo- 
lution actuelle  de  Neptune,  et  les  dimensions  puisqu'elle  s'étendait  alors  jusqu'à 
l'orbite  actuelle  de  Neptune.  On  trouve  : 

2  it  X  0,006 

résultat  600  fois  plus  grand  que  le  précédent  et  17  000  fois  plus  grand  que  celui 
qui  correspond  au  Soleil.  Si  tel  avait  été  le  moment  primitif  de  la  nébuleuse,  il 
devrait  se  retrouver  aujourd'hui  presque  entier  dans  le  Soleil  puisque  le  mouve- 
ment des  planètes  n'en  renfermerait  que  la  600«  partie,  et  le  Soleil  tournerait 
par  conséquent  aujourd'hui  17  000  fois  plus  vite  qu'il  ne  le  fait  réellement. 

Il  faut  donc  changer  les  données  du  calcul  relatif  à  la  nébuleuse  jusqu  à  ce  que 
le  résultat  devienne  600  fois  plus  petit.  Or  on  ne  peut  songer  à  diminuer  ni  la 
masse,  ni  la  vitesse  qui  sont  bien  connues.  Il  ne  reste  donc  plus  d'autre  moyen 
que  de  supposer  que  la  nébuleuse  primitive,  loin  d'être  homogène,  était  déjà  for- 
tement condensée  vers  le  centre  :  nous  avons  déjà  fait  remarquer  à  propos  du 
Soleil  qu'une  condensation  vers  le  centre  aurait  pour  effet  de  diminuer  le  moment 
total  du  mouvement. 

Si  donc  on  veut  conserver  l'hypothèse  de  Laplace,  il  faut  de  toute  nécessité 
concevoir  la  nébuleuse  primitive  comme  étant  déjà  très  fortement  condensée 
vers  son  centre  à  l'époque  de  la  formation  de  Neptune.  On  peut  même  démontrer 
à  priori,  en  s'appuyant  sur  la  troisième  loi  de  Kepler,  et  sans  aucun  calcul  mé- 
canique, que  depuis  l'époque  où  le  premier  anneau  équatorial  a  été  abandonné, 
la  constitution  de  la  nébuleuse  a  constamment  progressé  dans  le  sens  de  Thomo- 
généïté,  sans  quoi  la  nébuleuse,  au  lieu  de  se  contracter  par  le  refroidissement, 
se  serait  désagrégée.  Nous  sommes  ainsi  conduits  à  nous  représenter  la  suc- 
cession des  événements  de  la  manière  suivante.  La  nébuleuse  a  pu  être  homo- 
gène à  l'origine  première  de  notre  monde;  elle  était  animée  d'un  mouvement  de 
rotation  extrêmement  faible.  Peu  à  peu  il  s'est  produit,  en  même  temps  qu'une 
contraction  générale  de  la  masse,  une  condensation  centrale  considérable  qui  a 
accéléré  la  rotation  jusqu'au  moment  où  la  force  centrifuge  équatoriale  est  devenue 
égale  à  la  gravité.  Alors  s'est  détaché  le  premier  anneau  ;  mais,  depuis,  la  conden- 


LA  CONDENSATION  DE  LA  NÉBULEUSE  SOLAIRE.  59 

sation  centrale  a  cessé  de  faire  des  progrès  :  ce  sont  les  régions  les  plus  super- 
ficielles qui  se  sont  contractées,  de  manière  que  la  constitution  générale  de  la 
nébuleuse  devenait  de  plus  en  plus  homogène.  La  nébuleuse  a  pu  se  contracter 
ainsi  sans  abandonner  de  nouveaux  anneaux  jusqu'à  ce  que  la  condensation  eût 
atteint  des  couches  assez  profondes  pour  ralentir  cette  progression  vers  l'homo- 
généïté  et  déterminer  la  séparation  d'un  nouvel  anneau,  après  quoi  les  mêmes 
actions  se  sont  reproduites  plusieurs  fois  dans  le  même  ordre  jusqu'à  nos  jours. 
En  un  mot  il  faut  concevoir  la  nébuleuse  comme  formée  d'une  masse  centrale 
environnée  d'une  atmosphère  immense  et  très  légère  ;  c'est  la  contraction  des 
couches  superficielles  qui  produisait  la  contraction  totale  de  la  nébuleuse  et  c'est 
la  condensation  des  couches  profondes  qui  déterminait  l'abandon  des  anneaux 
équatoriaux.  En  tous  cas  les  planètes  se  sont  formées  uniquement  aux  dépens  de 
l'atmosphère,  C'est  bien  ainsi  du  reste  que  le  concevait  Laplace  quoique  le  degré 
considérable  de  la  condensation  centrale  paraisse  lui  avoir  échappé. 

Jusqu'ici  il  n'y  a  rien  qui] puisse  prêter  à  une  objection  sérieuse  contre  la 
théorie  du  grand  géomètre;  mais  voici  qui  est  plus  grave.  On  peut  se  proposer 
de  calculer,  non  pas  la  masse  totale  de  l'atmosphère  de  la  nébuleuse  primitive, 
mais  une  limite  supérieure  de  cette  masse.  Nous  connaissons  en  effet  la  masse, 
la  vitesse  et  le  moment  des  quantités  de  mouvement  de  cette  nébuleuse,  à  l'é- 
poque, choisie  pour  instant  initial,  où  s'est  détaché  l'anneau  qui  a  formé  Neptune. 
Nous  ignorons  la  loi  de  distribution  de  la  matière  à  son  intérieur.  Or  le  moyen 
d'assurer  la  plus  grande  masse  possible  à  l'atmosphère  consiste  évidemment 
à  supposer  le  noyau  central  extrêmement  petit,  parce  qu'alors,  son  moment  des 
quantités  de  mouvement  étant  négligeable,  ce  sera  le  mouvement  de  l'atmo- 
sphère seule  qui  devra  constituer  ce  moment  tout  entier,  et  l'on  pourra  ainsi 
répartir  dans  les  régions  les  plus  éloignées  de  l'axe  la  plus  grande  quantité  pos- 
sible de  matière.  Dans  cette  hypothèse  extrême,  le  problème  est  complètement 
déterminé  et  l'on  trouve  que  la  masse  totale  de  l'atmosphère  dépasse  à  peine  un 
millième  et  demi  de  la  masse  totale. 

C'est  cette  masse  qui  seule  aurait  dû  concourir  à  la  formation  des  planètes- 
Mais  la  masse  seule  de  Jupiter  est  presque  la  millième  partie  de  la  masse  totale 
du  système  solaire.  Il  faudrait  donc  admettre  que  toute  Vatmosphère  s'est  pro- 
gressivement réduite  en  planètes,  ce  qui  paraîtra  bien  invraisemblable  puisque 
les  régions  situées  à  quelque  distance  de  l'équateur  n'ont  point  concouru  à  la 
formation  des  anneaux.  Remarquons  enfin  que  l'hypothèse  de  la  présence  de 
masses  inconnues  considérables  dans  le  système  actuel  ne  modifierait  point  cette 
conclusion,  car,  si  elle  permet  d'augmenter  la  masse  de  l'atmosphère,  elle  aug- 
mente en  même  temps  la  masse  dont  il  faut  expliquer  la  formation. 

Est-ce  à  dire  que  les  résultats  précédents  soient  la  condamnation  formelle  de 
l'hypothèse  de  Laplace?  Nous  no  le  pensons  pas,  car  il  ne  serait  pas  impossible 
de  concevoir  qu'une  foule  de  circonstances  accessoires  aient  pu  modifier  la 
marche  des  phénomènes^  de  manière  à  concilier  nos  résultats  avec  une  théorie 
aussi  célèbre  et  aussi  populaire.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que  les  choses  ne  se 


60  L^ASTRONOMTE. 

sont  pas  passées  aussi  simplement  que  paraissait  le  croire  Tillustre  auteur  de 
la  Mécanique  céleste. 

En  tous  cas,  les  réflexions  qui  précèdent  font  ressortir  une  différence  capitale 
qui,  outre  plusieurs  autres,  distingue  les  deux  théories  de  Laplace  et  de  M.  Faye. 
Dans  la  première,  on  vient  de  le  voir,  la  nébuleuse  solaire  était  formée  d'un 
noyau  entouré  d'une  vaste  atmosphère  qui  en  se  condensant  peu  à  peu  a  amené 
la  masse  dans  un  état  voisin  de  l'homogénéïté.  D'après  les  idées  de  M.  Faye,  au 
contraire,  la  nébuleuse,  primitivement  homogène,  est  restée  dans  cet  état  long- 
temps après  la  formation  de  Neptune;  ce  n'est  qu'à  l'époque  de  la  formation 
d'Uranus  que  la  condensation,  et  la  chute  vers  le  centre  des  matériaux  voisins 
de  la  surface  ont  commencé  à  produire  un  noyau  dont  la  masse  a  peu  à  peu 
absorbé  celle  de  presque  tout  le  système,  à  l'exception  des  traces  qui  peuvent 
encore  subsister  sous  la  forme  d'une  vaste  atmosphère  répartie  autour  du  Soleil. 
Ce  n'est  pas  à  nous  qu'il  appartient  de  décider  entre  les  deux  hypothèses.  Chacun 
appréciera  leur  degré  relatif  de  vraisemblance,  et,  du  reste,  il  faut  espérer  que 
l'avenir  et  les  progrès  de  la  Science  nous  apporteront  quelque  jour  une  solution 

définitive. 

Maurice  Fouché. 


LES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE  DE  L'ESPAGNE. 

Après  les  catastrophes  lamentables  d  Ischia  et  de  Krakatoa,  voici  aujourd'hui 
les  tremblements  de  terre  de  la  péninsule  espagnole  qui  appellent  de  nouveau 
notre  attention  sur  l'état  d'instabilité  de  la  planète  où  nous  vivons.  Ce  n'est  pas 
sans  raison  que  cette  Revue  des  progrès  de  la  Science  a  compris  dans  son  cadre 
la  Météorologie  et  la  Physique  du  globe,  car  la  connaissance  de  l'atmosphère  et 
la  connaissance  delà  Terre  font  partie  intégrante  de  la  connaissance  générale  de 
rUnivers;  et  ce  qui  se  passe  sous  nos  pieds  ne  nous  intéresse  pas  moins  que  ce 
qui  se  passe  sur  les  autres  mondes.  L'étude  de  la  Terre  nous  touche  même  d'un 
peu  plus  près  que  celle  du  Ciel;  mais  elle  fait  partie  de  l'étude  du  Ciel,  et  si 
l'Astronomie  se  taisait,  les  géologues  et  les  physiciens  seraient  aussi  embarrassés 
que  les  philosophes  pour  la  solution  de  la  plupart  des  problèmes  qui  caracté- 
risent leurs  Sciences  de  prédilection.  Voilà  pourquoi  il  importe  pour  chacun  de 
nous  de  ne  rester  étranger  à  aucun  des  événements  importants  de  l'étude  de 
l'Univers;  toutes  les  Sciences  se  touchent;  dans  la  nature,  il  n'y  a  ni  Astronomie, 
ni  Météorologie,  ni  Physique,  ni  Chimie,  ni  Physiologie,  ni  espèces  minérales,  végé- 
tales ou  animales  ;  toutes  les  classifications  sont  dans  notre  esprit  ;  en  réalité,  l'étude 
de  l'univers  est  une,  et,  tout  en  la  considérant  par  ses  divers  aspects,  notre  but, 
inconscient  ou  connu,  est  de  nous  élever  d'un  degré  de  plus  dans  la  connais- 
sance de  la  réalité. 

Déjà  la  statistique  annuelle  des  tremblements  de  terre  que  nous  avons  publiée 
pour  1883  a  mis  en  évidence  l'agitation  incessante  du  sol  de  notre  planète.  Celle 
que  nous  allons  prochainement  publier  pour  l'année  1884,  et  qui,  grâce  au  zèle 


LES    TREMBLEMENTS   DE  TERRE  DE  L'ESPAGNE.  61 

scientifique  et  à  l'obligeance  de  nos  abonnés  sera  beaucoup  plus  complète  que  la 
précédente,  montrera  cette  agitation  quotidienne  sous  un  aspect  plus  frappant 
encore.  Mais  qu'est-ce  que  ces  relevés  dans  l'ensemble  du  globe?  Les  trois  quarts 
de  notre  planète  sont  couverts  d'eau  ;  les  solitudes  glacées  du  pôle  Nord  comme 
du  pôle  Sud  dorment  inconnues;  une  notable  partie  de  l'Afrique  et  de  l'Amérique 
reste  encore  sans  relations  avec  le  monde  civilisé.  Par  conséquent,  si  déjà^  grâce 
AUX  documents  recueillis  dans  les  journaux  des  divers  pays  ou  signalés  par  nos 
lecteurs,  nous  arrivons  à  constater  que  pas  un  seul  jour,  pour  ainsi  dire,  ne  se 
passe  sans  tremblement  de  terre,  comme  il  ne  s'agit  ici  que  des  mouvements  du 
sol  assez  intenses  pour  pouvoir  être  remarqués  de  tout  le  monde,  nous  devons  en 
conclure  que,  non  seulement  pas  un  seul  jour,  mais  pas  une  heure  ne  se  passe 
sans  que  notre  île  flottante  soit  plus  ou  moins  agitée  dans  sa  propre  consti- 
tution. 

Les  instruments  destinés  à  enregistrer  ces  mouvements  du  sol  ne  sont  pas 
encore  assez  nombreux,  assez  disséminés  à  la  surface  des  continents  pour  que 
la  proposition  qui  vient  d'être  posée  soit  établie  de  fait.  Mais  nous  pouvons 
la  tenir  comme  incontestable  d'après  les  bases  incomplètes  de  la  statistique 
seule. 

Les  323  volcans  actifs  qui  existent  actuellement  à  la  surface  de  la  Terre;  la  con- 
liensation  graduelle  et  la  diminution  de  volume  du  globe  terrestre  à  mesure  qu'il 
perd  sa  chaleur  primitive  originaire;  les  rides  et  les  plissements  qui  en  résultent; 
les  affaissements  de  terrains  produits  par  l'action  de  l'eau  qui  délaye  et  désagrège 
les  couches  souterraines;  les  anciennes  voûtes  qui  se  disloquent  et  s'écroulent  à 
la  base  des  montagnes;  les  décompositions  chimiques  qui  se  produisent  dans  les 
terrains  houillers  et  dans  les  mines  de  sel;  les  vapeurs  qui  se  forment  lorsque 
l'eau  atteint  les  roches  chauffées  à  une  haute  température  et  les  efforts  qu'elle 
fait  pour  s'échapper;  l'influence  attractive  delà  Lune  et  du  Soleil  sur  les  couches 
liquides  ou  pâteuses  qui  peuvent  exister  à  une  certaine  profondeur  dans  Tinté- 
rieur  du  sol;  les  variations  brusques  de  pression  barométrique  donnant  tout  à 
coup  une  plus  grande  intensité  relative  à  la  pression  des  vapeurs  et  des  gaz  inté. 
rieurs  ;  réchauffement  perpétuel  de  la  Terre  par  le  Soleil ,  pénétrant  le  sol  à  diverses 
profondeurs  et  avec  des  vitesses  de  propagation  divewses,  dépendant  de  la  lati- 
tude et  de  la  nature  des  terrains;  le  mouvement  de  rotation  de  la  Terre  sur  elle- 
même,  donnant  naissance  à  une  force  centrifuge  qui  décroît  de  l'équateur  aux 
pôles  :  ce  sont  là  des  causes  distinctes  qui  agissent  toutes  pour  modifier  constam- 
ment la  figure  de  la  Terre  et  faire  varier  sans  cesse  la  configuration  de  sa  sur- 
face. 

Nous  ne  pensons  plus  aujourd'hui  que  notre  planète  soit  une  fournaise  incan- 
descente, une  boule  de  lave  liquide  recouverte  d'une  mince  pellicule,  un  océan 
de  feu  sur  lequel  Técorce  solide  flotterait  comme  un  mince  radeau.  Plusieurs  rai- 
sons ont  modifié  les  opinions  de  la  Science  moderne  à  l'égard  de  cet  important 
problème  de  la  constitution  intérieure  de  notre  planète. 

Arago,  parlant,  en  pleine  Académie  des  Sciences,  le  16  décembre  1850,  de  la 


02  LASTRONOMIE. 

température  excessive  que  devait  avoir  le  centre  de  la  Terre  dans  l'hypothèse 
discutée  par  Fourier  et  Poisson  d'un  accroissement  d'un  degré  par  trente  mètres 
de  profondeur,  fait  remarquer  que  cette  température  «  surpasserait  deux  millions 
de  degrés  ;  »  que  les  matières  soumises  à  cette  température  seraient,  suivant 
Poisson,  à  l'état  de  gaz  incandescent  et  qu'il  en  résulterait  une  force  élastique  à 
laquelle  la  croûte  solidifiée  du  globe  ne  saurait  résister  (*)•  Arago  ne  se  décide 
pas  lui-même,  mais  il  revient  sur  le  même  chiffre  dans  son  Astronomie  populaire, 
où  l'on  peut  lire  la  déclaration  suivante  :  a  Les  matières  de  l'intérieur  du  globe, 
en  admettant  la  proportionnalité  de  l'accroissement  de  la  température  avec  la 
profondeur,  auraient,  il  est  vrai,  vers  le  centre,  une  température  qui  surpas- 
serait deux  millions  de  degrés  (*).  »  Ce  chiffre  a  été  reproduit  par  un  grand 
nombre  d'ouvrages  classiques  sans  qu'on  se  soit  aperçu  qu'il  était  le  résultat 
d'une  grave  erreur,  car  il  est  tout  simplement  dix  fois  plus  grand  que  le  nombre 
qu'il  prétend  représenter.  En  effet,  le  rayon  de  la  Terre  est  do  6371000  mètres, 
Or  ^^W"  =  212367,  et  non  pas  2000000. 

C'est,  en  nombre  rond,  à  deux  cent  mille  degrés,  et  non  pas  à  deux  millions, 
que  devrait  s'élever  la  température  du  centre  de  la  Terre  si  l'accroissement  se 
continuait  régulièrement  de  la  surface  jusqu'au  centre.  Mais  nous  ne  pouvons  pas 
plus  admettre  le  dernier  chiffre  corrigé  que  le  premier,  car,  à  ce  degré  de  chaleur, 
l'intérieur  du  globe  serait  entièrement  liquide,  et,  deux  fois  par  jour,  nous  senti- 
rions une  marée  formidable  nous  passer  sous  les  pieds;  la  stabilité  des  continents 
et  des  mers  serait  compromise,  les  mouvements  du  sol  seraient  beaucoup  plus 
intenses  qu'ils  ne  le  sont  encore,  et  le  mouvement  de  précessi(fti  et  de  nutation, 
causé  par  les  attractions  combinées  de  la  Lune  et  du  Soleil  sur  le  renflement 
équatorial  de  notre  planète,  serait  tout  différent  de  ce  qu'il  est  en  réalité. 

D'autre  part,  les  considérations  déduites  de  l'aplatissement  du  sphéroïde  ter- 
restre, de  la  densité  moyenne  du  globe  et  de  celle  de  ses  couches  extérieures,  de 
la  pression  formidable  (plusieurs  millions  d'atmosphères)  que  la  planète  subirait 
en  son  centre  si  elle  était  fluide,  conduisent  à  conclure  (')  que  la  Terre  doit  être 
ou  solide  ou  pâteuse,  mais  non  liquide. 

D'autre  part  encore,  les  observations  thermométriques  directes  ne  montrent 
pas,  comme  on  l'enseigncparfois,  un  accroissement  régulier  et  graduel  de  tem- 
pérature à  mesure  qu'on  pénètre  plus  profondément  dans  l'écorce  du  globe.  Dans 
un  exposé  comparatif  de  toutes  les  observations  faites,  que  nous  publierons  pro- 
chainement ici,  nous  avons  classé  les  résultats  dans  l'ordre  proportionnel  des 
accroissements,  et  l'on  verra  qu'en  certains  terrains^  la  proportion  n'estque  de  13, 
15  ou  20  mètres  par  degré  centigrade,  tandis  qu'en  d'autres  points,  elle  s'élève 
à  60,  70,  100  et  même  109  mètres  pour  le  môme  accroissement.  La  constitution 
des  terrains  joue  un  grand  rôle  non  seulement  dans  la  transmission,  mais  peut- 
être  surtout  dans  la  production  de  cette  chaleur  interne.  Enfin  la  proportion  de 

(')  Arago,  Notices  biographiques  :  Poisson,  p.  643. 
(')  Arago,  Astronomie  populaire,  tome  III,  p.  252. 
(•)  Roche,  Revue  mensuelle  d'Astronomie,  tome  II,  p.  200  et  248. 


LES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE  DE  L'ESPAGNE.  63 

raccroissement  de  température  n'augmente  pas  avec  la  profondeur;  souvent 
même  elle  diminue,  ce  qui  conduit  encore  à  rejeter  dans  le  domaine  de  l'hypo- 
thèse les  hautes  élévations  de  température  adoptées. 

C'est  ce  qui  fait  que  nous  ne  pouvons  plus  aigourd'hui  considérer  notre  planèto 
comme  un  globe  liquide  incandescent  enveloppé  d'une  mince  écorce  soumise  à 
tous  les  effets  de  sa  réaction  intérieure,  et  c'est  ce  qui  rend  moins  simple  et 
moins  facile  l'explication  des  tremblements  de  terre  comme  des  volcans.  Lorsque 
les  volcans  étaient  regardés  comme  des  cheminées  ouvertes  jusqu'à  la  fournaise 
intérieure,  on  pouvait  voir  en  eux  des  soupapes  de  sûreté  contre  l'explosion  de 
la  chaudière ,  et  lorsque  ces  soupapes  étaient  fermées,  les  tremblements  de  terre 
n'étaient  autres  que  les  effets  des  efforts  accomplis  par  la  pression  intérieure 
contre  les  parois  de  l'immense  chaudière.  Désormais,  les  volcans  ne  viennent 
plus  pour  nous  des  profondeurs  incandescentes  du  globe,  mais  de  quelques  kilo- 
mètres seulement;  leurs  laves  n'ont  pas  la  haute  température  qui  leur  était  attri- 
buée^ les  tremblements  de  terre  qu'ils  occasionnent  sont  locaux  et  de  peu 
d'étendue,  et  il  y  a  des  tremblements  de  terre  étrangers  aux  volcans,  dont  les 
causes  doivent  être  cherchées  non  dans  la  constitution  intérieure  de  la  terre, 
mais  dans  les  phénomènes  géologiques  qui  sont  en  œuvre  dans  la  modification 
incessante  de  l'écorce  du  globe  et  qui  ont  agi  et  continuent  d'agir  dans  la  forma- 
tion des  montagnes  {^).Ce  sont  ces  causes  que  nous  avons  énumérées  tout  à 
l'heure. 

Quelle  est  celle  qui  est  principalement  en  œuvre  dans  les  tremblements  de 
terre  qui  agitent  l'Espagne  depuis  un  mois? 

Les  secousses  ont  commencé  dès  le  22  décembre.  La  première  notification  que 
nous  en  ayons  reçue  est  datée  des  îles  Açores  et  due  à  M.  Francisco  Chaves  e 
Mello.  «  Le  22 ,  à  2*»  15«  du  matin,  nous  écrit  notre  savant  correspondant  (  *  ) ,  j*ai 

(«)  Voy,  FoREL,  Revue  d'Astronomie,  tome  II,  p.  449  et  tome  III,  p.  13. 

(')  Nos  lecteurs  seront  toujours  bien  inspirés  chaque  fois  qu'ils  nous  enverront  l'ob- 
servation d'un  phénomène  quelconque,  tremblement  de  terre,  ras  de  marée,  trombe, 
coups  de  foudre,  bolide,  aurore  boréale,  lumière  zodiacale,  taches  solaires,  occultation, 
étoile  double,  étoile  variable,  phases  de  Vénus,  aspect  de  Jupiter,  géographie  lu- 
naire, etc.  On  croit  souvent  que  cette  notification  est  inutile  «  parce  que  les  journaux, 
scientifiques  ou  autres,  eh  parleront  »;  mais  les  journaux  peuvent  passer  inaperçus,  et 
d'ailleurs  ils  sont  loin  d'être  toujours  exacts.  C'est  là  de  la  part  de  nos  lecteurs  un  acte 
de  dévouement  à  la  Science,  car  d'une  part,  comme  nous  recevons  plus  de  six  mille 
lettres  par  an,  nous  sommes  dans  l'impossibilité  matérielle  d'y  répondre,  et  d'autre 
part,  les  documents  envoyés  peuvent  n'être  pas  immédiatement  utilisés  et  publiés. 
Aussi,  nous  le  répétons,  est-ce  là  du  dévouement.  Mais  lorsqu'on  sait  qu'il  suffit  parfois 
d'une  simple  observation  pour  compléter  l'élucidation  d'un  problème,  combien  ne  doit- 
on  pas  être  heureux  de  savoir  que  l'on  apporte  ainsi  sa  pierre  à  l'édifice  toujours 
grandissant  des  connaissances  humaines!  Dans  quelques  années,  la  seule  inspection 
des  sujets  traités  dans  cette  Revue  montrera  que  nos  correspondants  et  nos  observa- 
teurs astronomiques  auront  plus  fait  gratuitement  pour  la  Science  que  la  plupart  des 
fonctionnaires  officiels  et  les  millions  enlevés  au  budget  par  certains  établissements  de 
l'État.  ^-  F- 


64  L'ASTRONOMIE. 

ressenti  à  mon  observatoire  un  violent  tremblement  de  terre.  Il  s'est  manifesté 
par  deux  secousses  dont  la  durée  totale  a  été  d'environ  quinze  secondes.  Il  n'y  a 
pas  eu  de  désastres  ni  de  victimes.  Ce  tremblement  s'est  fait  sentir  dans  toutes 
les  îles  de  l'Archipel  des  Açores  ainsi  qu'à  Madère.  Je  me  fais  un  devoir  de  vous 
adresser  ces  documents,  pensant  que  peut-être  ils  ne  seront  pas  sans  utilité.  » 

De  Lisbonne,  M.  de  Lacerta  nous  écrit  que  la  secousse  a  été  ressentie  à  3*'29"> 
(lu  matin  et  signale  la  coïncidence  avec  les  grandes  taches  solaires  visibles  à 
l'œil  nu  et  avec  une  tache  remarquable  sur  Jupiter. 

D'autres  lettres  nous  apprenaient  que  ces  mêmes  symptômes  prémonitoires 
étaient  remarqués  à  Vigo,  à  Pontevedra  et  dans  presque  toutle  Portugal  ainsi 
qu'en  Galice.  Le  24,  de  légères  oscillations  à  Séville.  Ce  n'étaient  là  que  des 
signes  avant-coureurs  d'un  tremblement  de  terre  d'une  violente  intensité  et 
dont  les  conséquences  devaient   être  terribles.   Il  commença  le  25  décembre. 

«  La  première  secousse,  nous  écrit  M.  Félix  Vallaure,  de  Linarès,  a  eu  lieu 
à  8*'53«  du  soir,  et  la  seconde  à  ll*»44«».  La  première  a  été  d'une  violence  singu- 
lière. Sa  direction  semblait  être  de  l'Ouest  à  l'Est.  Les  vibrations  durèrent  plu- 
sieurs secondes.  Je  me  trouvais  avec  dès  amis  dans  la  salle  à  manger,  lorsque 
nous  entendîmes  un  bruit  pareil  à  celui  d'une  voiture  qui  s'approche.  Soudain 
une  forte  secousse  nous  balança,  comme  dans  un  navire,  et  mit  en  commotion 
avec  grand  tapage  le  mobilier,  verres,  etc.,  et  fit  osciller  la  lampe  à  gaz  qui 
resta  pendant  vingt  secondes  à  peu  près  dans  un  mouvement  oscillatoire  très 
marqué.  Nous  pensâmes  tout  de  suite  que  la  maison  allait  s'écrouler,  et  nous  primes 
le  temps  de  discuter  s'il  serait  mieux  de  sortir  dans  la  rue  que  de  rester 
enfermés.  Nous  nous  décidâmes  pour  l'affirmative,  et,  pendant  tout  ce  temps,  le 
tapage  et  les  vibrations  continuaient.  Pour  moi,  je  regardais  ma  montre  afin  de 
prendre  l'heure  :  j'ai  compté  six  secondes  pendant  lesquelles  tout  se  mouvait,  y 
compris  nous-mêmes,  après  le  temps  déjà  perdu  pendant  la  discussion.  Je  ne 
doute  point  que  l'onde  (ou  vague)  souterraine  n'ait  passé  instantanément,  mais 
les  vibrations  qu'elle  produisit  durèrent  assez  longtemps.  Une  fois  le  tremble- 
ment fini,  toute  la  ville  se  mit  en  mouvement,  sortant  des  maisons  pour  se 
raconter  les  impressions.  Il  y  a  eu  beaucoup  de  saisissements  et  de  pleurs  parmi 
les  femmes.  Des  oiseaux  sont  tombés  dans  leurs  cages.  On  signale  quelques  dégâts 
matériels  dans  les  balcons,  cheminées,  plafonds,  etc.,  mais  heureusement  pas  de 
victimes. 

Linarès  est  assez  éloigné  du  centre  d'ébranlement,  situé  près  d'Alhama.  Si 
l'on  examine  la  carte  de  l'Espagne,  on  remarque,  dans  le  sud  de  la  Péninsule, 
une  chaîne  de  montagnes  qui  part  des  bords  de  la  mer,  à  Cadix,  pour  se  diriger 
vers  l'est  sur  Grenade,  Murcie,  Valence  et  les  îles  Baléares.  Cette  chaîne  de 
montagnes  est  un  massif  de  l'époque  secondaire  (terrains  jurassique  et  crétacé) 
qui  comprend,  au  Nord,  Cadix,  Xérès,  Séville,  Cordoue,  Jaôn,  Linarès,  Valence,  et, 
au  Sud,  Antequera,  Malaga,  Vclez,  Periana,  Torrox,  Almunacar,  Motril,  Alhama, 
Albunuelas,  Jayeua,  Grenade  et  Capileira,  dans  la  Sierra  Nevada.  Ces  couches  sont 
plissécs,  contournées,  brisées  par  de  nombreuses  failles,  et  souvent  traversées 


LES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE  DE  L  ESPAGNE.  65 

par  des  roches  éruptives  anciennes  et  modernes.  On  y  rencontre  un  très  grand 
nombre  de  sources  thermales.  Les  fies  Baléares  sont  dans  le  prolongement  de 
cette  zone,  et  Ton  remarque  sur  leurs  côtes  des  saillies  entre  lesquelles  il  existe, 
à  plus  de  80»  au-dessus  de  la  mer,  du  terrain  quaternaire  marin  en  couches 
horizontales.  Ces  îles  ont  donc,  depuis  la  période  quaternaire,  été  exhaussées  de 
plus  de  iOO>»,  et  cet  exhaussement  a  été  limité  au  Sud  et  au  Nord  par  des  frac- 
tures, qui  se  trouvent  précisément  dans  le  prolongement  des  zones  de  disloca- 
tions dont  nous  venons  de  parler. 

C'est  à  Alhama,  à  Albunuelas,  à  Périana,  à  Alhuquerque,  à  Arenas  del  Rey  que 
les  secousses  ont  été  les  plus  désastreuses.  La  ville  d*Alhama,  qui  était  perchée 
comme  un  nid  d'aigle  sur  le  sommet  d'une  montagne  escarpée,  est  entièrement 
renversée.  Le  village  de  Périana  a  été  écrasé  par  une  montagne  qui  s'est  éboulée 
sur  lui.  La  première  secousse,  celle  do  8^53"»,  qui  a  été  Tune  des  plus  violentes 
et  a  jeté  la  terreur  parmi  toutes  les  populations,  a  été  suivie  d'un  grand  nombre 
d'autres;  du  25  décembre  au  18  janvier,  il  ne  s'est  peut-être  pas  passé  un  seul 
jour  sans  oscillations  plus  ou  moins  fortes.  Cette  première  secousse  a  été  res- 
sentie jusqu'à  Madrid,  où  elle  n'a  guère  produit  d'autres  effets  que  de  faire  osciller 
les  objets  suspendus,  et  il  paraîtrait  même  qu'elle  s'est  propagée  jusque  sous  le 
sol  de  l'Angleterre,  car  un  correspondant  du  Journal  anglais  Nature  écrit  qu'il 
a  ressenti,  vers  10"*  20™,  un  choc  lui  rappelant  de  si  près  ce  qu'il  avait  déjà  éprouvé 
à  Naples,  que  l'idée  d'un  tremblement  de  terre  lointain  lui  vint  immédiatement  à 
l'esprit. 

MM.  FoLACHÉ,  Président  do  la  Société  scientifique  Ftammarion,  de  Jaôn,  et 
M.  Ildefonso  Gonzalez,  Secrétaire  de  la  même  Société,  ont  bien  voulu  nous 
transmettre  tous  les  documents  relatifs  à  ce  grand  événement  géologique.  Nous 
résumerons  aussi  brièvement,  aussi  complètement  que  possible,  ces  descriptions 
si  intéressantes  à  tous  les  points  de  vue,  et  parfois  si  dramatiques  au  point  de 
vue  de  l'humanité. 

A  Madrid,  l'émotion  fut  légère.  La  journée  avait  été  froide,  mais  belle  et 
ensoleillée  pour  cette  saison  de  l'année.  La  nuit  était  claire,  mais  moins  étoilée 
que  de  coutume,  et  un  vent  glacial  faisait  hâter  le  pas  aux  rares  passants.  Bien 
des  joyeuses  réunions  dans  la  capitale  furent  brusquement  interrompues  par  les 
deux  secousses  qui  se  firent  sentir,  d'une  façon  très  inégale,  dans  différents 
quartiers,  à  neuf  heures  moins  sept  minutes,  et  l'on  put  constater  ensuite  l'arrêt 
des  pendules,  dont  la  plupart  cessèrent  de  se  mouvoir  au  même  moment. 

A  Grenade,  la  secousse  fut  d'une  violence  inouïe  ;  il  y  eut,  coup  sur  coup, 
plusieurs  fortes  oscillations  suivies  de  trépidations.  L'émotion  fut  indescriptible 
et  tout  le  monde  devint  comme  affolé.  La  panique  ne  ût  qu  augmenter  dès  que  le 
gouverneur  de  la  ville  donna  l'ordre  aux  habitants  de  ne  pas  rester  la  nuit  dans 
leurs  maisons  et  de  camper  sur  les  promenades  et  les  places  publiques. 

On  alluma  de  grands  feux  et  la  ville  se  transforma  en  un  immense  campe- 
ment où  chacun  s'installa  du  mieux  qu'il  put  en  attendant  les  événements. 

De  onze  heures  du  soir  à  trois  heures  du  matin,  huit  secousses  se  produis 


66  L'ASTRONOMIB. 

sirent,  dont  deux  assez  fortes;  mais  sans  cependant  égaler  la  première  en  inten- 
sité ni  en  durée. 

Les  secousses  se  continuèrent  pendant  les  jours  suivants.  Le  30,  le  bâtiment 
de  l'Université,  qui  renferme  le  musée,  Thôpital  et  la  prison,  ainsi  que  le  palais 
du  capitaine  général  ont  été  ébranlés  par  de  nouvelles  secousses.  La  population 
continua  à  passer  les  nuits  autour  de  feux  allumés  sur  les  places  et  aux  envi- 
rons de  la  ville. 

A  Malaga,  la  panique  a  causé  de  nombreux  accidents  de  personnes  qui  ont  été 
blessées  en  se  sauvant.  Près  de  deux  cent  trente  maisons  ont  été  détruites,  entre 
autres  les  couvents  de  TAngel,  de  San  Relino^  des  Martyrs,  les  églises  del  Espiretu- 
Santo  et  de  Saint-Rome.  La  tour  de  la  cathédrale  s'est  effondrée. 

La  population  s'est  réfugiée  sur  les  places,  dans  les  bateaux  de  la  baie  et 
malgré  une  pluie  battante  et  le  froid,  loin  de  leurs  demeures,  aux  environs  de  la 
ville.  Dans  la  prison,  les  prisonniers,  terrifiés,  menacèrent  de  briser  les  portes 
de  la  geôle  et  refusèrent  de  se  rendre  dans  leurs  dortoirs;  on  les  laissa  camper 
dans  la  cour. 

A  Priego  de  Cordova,  il  y  avait  plus  de  mille  personnes  dans  le  théâtre  de  la 
ville.  A  la  première  oscillation,  les  spectateurs  épouvantés  se  levèrent  en  masse 
et  essayèrent  de  gagner  les  issues.  La  bousculade  fut  terrible  ;  plusieurs  sautèrent 
par  les  fenêtres;  des  enfants  furent  étouffés,  et  Ton  compta  trente  personnes 
grièvement  blessées. 

La  province  de  Grenade  a  été  la  plus  éprouvée;  mais  tous  ses  monuments 
hispano-arabes  ont  échappé,  avec  des  dommages  insignifiants.  Dans  le  chef-lieu, 
à  Grenade  même,  il  y  a  eu  des  dégâts  dans  les  toitures,  dans  les  maisons  de 
TAlameda,  dans  les  cercles  et  les  édifices  de  TÉtat;  les  prisonniers  du  bagne, 
les  malades  de  l'hôpital  ont  été  secoués  et  alarmés,  mais  le  vieil  Alhambra  a 
bravé  les  secousses.  A  Grenade  encore  plus  qu'à  Malaga,  la  population  effrayée 
s'est  obstinée  k  rester  dehors  et  a  été  vivement  impressionnée  par  les  secousses, 
le  26  et  le  27. 

Les  nouvelles  des  contrées  rurales  autour  de  Grenade  sont  terrifiantes.  Ainsi, 
à  Alhama  de  Grenade,  on  a  retiré  des  décombres  de  la  moitié  de  cette  petite  ville 
trois  cents  cadavres,  et  à  Albunuelas  quatre-vingt-dix-huit  cadavres  et  deux 
cents  blessés.  On  cite  plus  de  trente-cinq  villes  ou  villages  où  Ion  a  retiré  des 
maisons  à  moitié  détruites,  des  quantités  de  cadavres  et  de  blessés. 

A  Alhama,  la  population  dut  camper  sur  la  place  publique,  les  âges  et  les  sexes 
confondus,  les  religieuses  du  couvent  des  Franciscaines  mêlées  aux  forçats,  et 
adressant  ensemble  des  prières  ferventes  à  la  providence  divine.  Les  maisons  qui 
bordaient  le  Tage  se  sont  toutes  écroulées  et  leurs  ruines  sont  englouties  au  fond 
des  eaux. 

La  ville  d'Albuquerque  a  été  détruite  par  les  tremblements  de  terre  du  26  au  27, 
toutes  les  autorités  de  la  ville  ont  péri. 

Cent  quatre-vingt-douze  cadavres  ont  été  retrouvés  le  lendemain,  à  Alhama. 
Le  nombre  des  maisons  détruites  dépasse  mille. 


LES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE  DE  L'ESPAGNE. 


67 


Un  phénomène  extraordinaire  s'est  produit  h  Grenade  le  lendemain  du  trem- 
blement de  terre;  le  ciel,  quoique  sans  nuages,  était  sillonné  de  nombreux 
éclairs. 

A  Guejar  Sierra,  il  s'est  passé  un  curieux  phénomène.  Une  demi-heure  avant 
la  première  oscillation,  on  entendit  un  bruit  formidable  qui  jeta  Talarme  parmi 
les  habitants.  Les  rochers  qui  couronnent  la  montagne,  ébranlés  par  la  secousse, 
s*entre-choquèrent  et  produisirent  un  fracas  qui  fit  trembler  les  plus  intrépides. 
Un  des  plus  gros  rochers  tomba  du  haut  de  la  montagne  dans  la  rivière,  et  au 
même  moment  les  maisons  oscillèrent  sur  leur  base. 

Les  églises,  les  casernes  d'Estepona  et  d'Antequera  tombèrent  en  ruine,  de 
même  que  celles  d'Alfaternajo,  où  deux  cents  maisons  disparurent  sous  terre. 

Le  spectacle  offert  par  les  ruines  d'Albunuelas  est  indescriptible.  Les  habitants 

FIg.  23. 


tfl  irembteniBnt  dste^'rç  %VA  tm.it  ««t**- Juiqu  tn  ftntfî*terrp  «  w^^  Dantmirk 


Extension  du  tremblement  de  terre  :  Açores,  Portugal,  Espagne,  France,  Italie,  Autriche.' 

errent  parmi  les  décombres  cherchant  à  retrouver  la  trace  de  leurs  chers  morts, 
parmi  lesquels  on  cite  le  curé,  un  journaliste,  le  maire,  la  nièce  du  curé  qui  a 
assisté  à  Tagonie  de  son  oncle.  Le  presbytère  s*étant  effondré,  celui-ci  fut  ense- 
veli, tandis  que  la  jeune  fille  était  prise  jusqu'à  la  ceinture  au  milieu  des  pierres, 
des  briques  et  des  gravats.  Pendant  une  demi-heure,  elle  entendit  le  prêtre  dire 
des  prières  à  mi-voix;  puis,  tout  bruit  cessa;  le  malheureux  avait  expiré.  Elle- 
même,  la  nièce  du  curé,  transportée  à  Saleses,  n'a  pas  tardé  à  rendre  le  dernier 
soupir,  des  suites  de  ses  blessures  et  de  son  épouvante. 

On  a  compté  trois  cents  morts  sur  1,900  habitants.  Aux  premières  secousses, 
la  femme  d'un  des  principaux  négociants  de  la  ville,  la  senora  Rodriguez,  était 
sortie  de  son  appartement  et  s'était  réfugiée  dans  la  cour  de  la  maison;  mais  au 
même  moment  la  maison  et  les  murs  de  la  cour  s'écroulèrent,  et  la  malheureuse 
femme  fut  ensevelie  jusqu'aux  épaules  sous  les  décombres.  A  demi  écrasée,  elle 
est  restée  dix-huit  heures  dans  cette  horrible  position;  et  cependant,  quand  les 


08 


L'ASTRONOMIK. 


secours  arrivèrent  dans  la  ville,  elle  eut  encore  la  force  de  crier  et  d'attirer  l'at- 
tention des  ouvriers,  qui  parvinrent  à  la  dégager. 

On  évalue  à  plus  de  150  le  nombre  des  enfants  morts  en  Andalousie  par  suite  de 
la  catastrophe. 

A  Guevejar  s*est  produit  un  phénomène  géologique  des  plus  bizarres.  Le 
village,  construit  sur  des  terrains  mouvants,  est  descendu  lentement  dans  le  fond 
de  la  vallée.  Une  crevasse  très  profonde,  de  4^"»  de  long  s'est  produite  dans  les 

Fig.  26. 


,     6?Oii0gc<ù>JhHs 


yj  fC^^^P^  *^^^zr 


1* 


^  YUtmeivilli^nitnM. 

•  Viln  «tv4l«^  éb»ul4s  cr<v>Mfc»  eu  nitiMftcn  partie. 


E  MonrEU  Se 


Zone  d'intensité  maximum  en  Espagne. 

environs.  Un  vieil  et  gros  olivier  planté  dans  Taxe  de  la  crevasse  s'est  fendu  par 
la  moitié,  de  façon  que  chacune  des  deux  parties  borde  maintenant  face  à  face  le 
précipice. 
Une  longue  crevasse  s'est  ouverte  dans  le  voisinage  de  Guevejar  (*). 

(')  Guevejar  étant  situé  à  une  petite  distance  de  Grenade  (10^»  environ)  est  devenu 
l'objet  d'une  sorte  de  pèlerinage  scientifique  de  la  part  de  tous  les  ingénieurs  et  géolo- 
ques étrangers  ou  indigènes  qui  vivent  dans  un  certain  rayon  de  la  ville  de  Grenade- 
Le  noyau  du  village  est  adossé  au  cerro  de  Gogollos  qui  lui-même  se  rattache  au 
système  de  la  Sierra  Elvira.  Or,  toute  la  surface  supérieure  du  mamelon,  à  partir 
du  faîte,  s*est  ouverte  comme  un  fruit  trop  mûr,  dans  la  direction  de  la  ligne  des  eaux. 
La  fente  a  1200-  de  longueur  et  une  profondeur  maximum  de  4".  Elle  se  bifurque,  à 
j*entrée  du  village,  et  dans  son  expansion  forme,  comme  autant  de  rameaux,  une  série 
de  crevasses  normales  à  la  branche  principale.  Le  groupe  des  maisons,  toutes  plus  ou 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  69 

Un  cratère  très  profond  s'est  ouvert  dans  la  province  de  Valence,  au  milieu  de 
la  rivière  Turia,  près  du  pont.  Il  s'en  est  échappé  d'abord  de  la  fumée,  puis  de 
l'eau  chaude;  chose  à  noter,  il  n'y  a  pas  eu  de  tremblement  de  terre  dans  cette 
province. 

Le  soleil,  qui  se  lève  pour  certains  villages  de  la  province  de  Grenade  derrière 
les  montagnes  de  la  Sierra  Nevada,  se  lève  maintenant  un  quart  d'heure  plus  tard, 
soit  que  la  montagne  se  soit  exhaussée,  soit  que  le  sol  se  soit  abaissé.  Les  pro- 
chaines mesures  de  niveau  décideront  la  question. 

En  résumé,  ce  tremblement  de  terre  a  causé  la  mort  de  plus  de  1100  victimes, 
renversé  plusieurs  villes  et  villages,  détruit  3240  maisons  dans  la  seule  province  de 
Grenade,  chassé  de  leurs  foyers  des  dizaines  de  milliers  d'êtres  humains,  plongé  des 
milliersdefamillesdanslamisère,  englouti  cinquante  ou  soixante  millions  et  modifié 
sensiblement  le  relief  orographique  de  ces  montagnes  et  de  ces  vallées.  Au  même 
moment,  de  l'autre  côté  du  globe,  à  Yeddo  (Japon),  le  27  décembre,  un  épouvan- 
table typhon  venait  fondre  sur  les  côtes  occidentales  du  Japon,  renversait  1080 
habitations  et  ensevelissait  dans  la  mort  2070  personnes.  On  a  remarqué  que  le 
baromètre  était  descendu  très  bas  en  Espagne  le  25  décembre  et  que  quelques 
jours  après  un  froid  extraordinaire  pour  la  contrée  sévit  sur  le  pays  ruiné;  à  tel 
point  qu'à  Soria  le  thermomètre  est  descendu  à  22»  au-dessous  de  zéro. 

La  place  nous  manque  aujourd'hui  pour  donner  ici  tous  les  documents  que 
nous  avons  reQus,et  d  après  lesquels  des  tremblements  de  terre  ont  été  ressentis 
pendant  la  même  période  :  au  Nord  jusqu'en  Angleterre,  au  Sud  jusqu'en  Algérie, 
à  TEst  jusqu'au  fond  du  Danemarck,  en  Autriche  et  même  en  Sibérie.  Nous  expo- 
serons dans  un  prochain  article  ces  importants  documents  ainsi  que  les  déductions 
qui  peuvent  en  être  conclues  pour  Vexplication  des  tremblements  de  terre. 

Camille  Flammarion. 


NOIYELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS. 

Encore  Téclipse  de  Lune.  —Nous  avons  reçu,  trop  tard  pour  être  insérée  dans 
notre  dernier  numéro,  une  intéressante  description  de  Téclipse  de  Lune  observée 
à  Constantinople ,  dont  nous  extrayons  les  passages  suivants  : 

Si  le  ciel  n'a  pas  été  très  favorable  en  Europe  pour  l'observation  du  phénomène, 
en  Asie,  il  a  été  d'une  pureté  et  d'une  sérénité  remarquables. 

10  L'heure  du  commencement  n'a  pas  rigoureusement  correspondu  à  celle  donnée 
par  les  calculs.  En  effet,  le  calcul  donnait,  pour  l'entrée  dans  l'ombre,  10*»  11"»  H», 
temps  moyen  Constantinople,  tandis  que  l'observation  la  plus  attentive  a  donné 
10»»  12- 15». 

moins  lézardées,  est  assis  entre  les  crevasses,  et  la  question  qui  se  pose  est  de  savoir 
si  remplacement  du  village,  qui  a  évidemment  subi  une  dépression,  a  glissé  ou  s'est 
affaissé.  C'est  là  notamment,  que  se  trouve  le  fameux  olivier  partagé  en  deux  par  la 
trombe,  avec  la  netteté  du  fil  d'un  sabre  japonais 


70 


L'ASTRONOMIE. 


2o  La  partie  do  Tombre  de  la  Terre  projetée  sur  la  Lune  était  d'un  gris  très 
sombre,  presque  noir, 

30  Cette  apparence  se  maintint,  mais  à  une  intensité  moindre,  jusqu'au  com- 
mencement de  réclipse  totale,  qui  a  eu  lieu  à  ll*»iin»4i*. 

40  Ali**  16",  la  Lune  est  visiblement  colorée  en  rouge  :  cette  couleur  rouge  est 
faible,  mais  incontestable;  j'ai  pu  distinguer  avec  une  lunette  de  50™°»  d'ouver- 
ture et  d'une  distance  focale  de  80«™  le  remarquable  cratère  de  Tycho,  qui  avait 
l'aspect  d'une  étoile  de  deuxième  grandeur. 

5»  Le  commencement  de  Téclipse  totale  devait  arriver,  d'après  le  calcul,  à 

H»»il°»4i«,  mais  l'observation  a  donné  pour  ladite  heure  li*»16«52»,  différence 

remarquable  de  5"  41*. 

JÉRÔME  Parséhian,  profosseur. 

On  voit  qu'indépendamment  de  la  coloration,  qui  a  fait  l'objet  spécial  de  notre 
article  de  janvier,  on  a  remarqué,  là  comme  ici,  la  différence  de  5™  qui  s'est 
manifestée  entre  l'heure  calculée  pour  le  commencement  de  l'éclipsé  et  l'heure 
de  l'observation. 

La  même  différence  nous  a  été  signalée  de  Copenhague.  On  peut  donc  la  consi- 
dérer comme  absolument  certaine. 

La  coloration  rouge  a  été  remarquée  par  M.  Nicol  à  Philippeville  (Algérie)  ;  elle 
a  commencé  là  deux  minutes  avant  la  totalité,  a  été  très  marquée  pendant  quatre 
minutes,  offrant  diverses  variations  d'éclat,  puis  a  disparu.  Des  nuages  se  sont 
formés  dans  le  ciel  un  quart-d'heure  avant  la  totalité;  l'observateur  se  demande 
si  leur  formation  ne  devrait  pas  être  attribuée  à  la  diminution  de  la  chaleur  lu- 
naire. Peut-être.  Les  documents  commencent  à  être  nombreux  sur  ce  point  par- 
ticulier. 

Nuages  singuliers.  —  Le  18  décembre,  à  10^  du  soir,  une  bourrasque  de  Sud- 

Fig.  27. 


Ouest  débuta  subitement  et  souffla  toute  la  nuit.  Le  19,  au  matin,  violente  tem- 
pête d'Ouest,  pluie  torrentielle;  9*» 30",  coup  de  tonnerre  {fig,  27). 

A  10**,  l'éclaircie  monte  de  l'horizon  du  Nord-Ouest,  la  pluie  diminue  et  laisse 
voir  le  pallio-cumulus  qui  s'éloigne,  tout  garni  de  globo-cumulus  (nuages  glo- 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  71 

bulaires  tempétueux  de  PoQy,  pocky-clouds  des  marins  anglais).  C^s  nuées  très 
curieuses  formaient  comme  des  poches  hémisphériques  et  contiguës,  d*égal  dia- 
mètre et  d'égal  relief,  pendant  en  grand  nombre  ati-dessous  de  la  couche  continue 
de  nuages  pluvieux  qui  constituait  le  pallio-cumulus.  Ces  poches  hémisphéri- 
ques, d'une  couleur  grise,  étaient  d'une  teinte  plus  foncée  à  leur  partie  inférieure, 
ce  qui  faisait  bien  saisir  leur  relief. 

MiLLOT, 

Secrétaire  de  la  Commission  météorologique 
de  Meurthe-et-Moselle. 

lia  comète  d'Bnoke.  —  La  petite  comète  d'Encke,  dont  la  période  est,  comme 
on  .sait,  la  plus  courte  de  toutes  les  périodes  cométaires  connues,  et  qui  revient 
tous  les  trois  ans,  a  suivi  ponctuellement  la  route  céleste  tracée  par  le  calcul  et 
a  été  retrouvée  par  M.  Tempe!  à  l'Observatoire  d'Arcetri  (Florence),  le  13  décembre 
dernier.  Depuis,  elle  a  été  observée  aux  observatoires  de  Paris  par  M.  Bigourdan, 
d'Alger  par  M.  Trépied,  de  Nice  par  M.  Perrotin,  etc. 

Elle  est  extrêmement  faible  et  se  présente  sous  Taspect  d'une  pâle  nébulosité 
sans  noyau,  d^une  minute,  et  demie  de  diamètre  environ,  très  difficile  avoir.  Mais 
son  éclat  va  augmenter,  car  elle  s'approche  à  la  fols  du  Soleil  et  de  la  Terre.  Ceux 
d*entre  nos  lecteurs  qui  ont  des  instruments  à  leur  disposition  peuvent  donc  déjà 
la  chercher  dans  le  ciel  pendant  les  nuits  où  l'atmosphère  est  très  pure  et  la  Lune 
absente,  et  dans  ce  but  nous  donnons  ci-dessous  ses  positions,  d'après  l'éphémé- 
ride  de  M.  Backlund  : 


Février 


Distance  à  la  Terre 

Distance  au  Soleil 

en  millions  de 

en  million 

Ascension  droite. 

Déclinaison. 

géométrique. 

kilomètres. 

géométrique,     kiiomètr 

2. 

23^34-3f 

-h  6* 38', 6 

1,225 

181 

0,847                125 

6. 

40  40 

7    2,1 

1,176 

174 

0,776              115 

10. 

46  49 

7  21,9 

1,119 

166 

0,704              104 

U. 

52  44 

7  33,9 

1,055 

156 

0,631                93 

18. 

57  52 

7  31,1 

0,983 

145 

0,558                83 

22. 

0    120 

7    1,4 

0,903 

133 

0,488                73 

26. 

0    1  25 

5  43,2 

0,817 

121 

0,423               63 

Nous  avons  calculé  les  distances  d'après  les  logarithmes  de  cette  éphéméride. 

On  voit  que  la  comète  marche  avec  une  grande  rapidité,  en  s'approchant  à  la 
fois  du  Soleil  et  de  la  Terre.  Elle  arrivera  à  son  périhélie  au  mois  de  mars 
prochain. 

Visibilité  de  Mercure.  —  M.  Payan,  membre  de  la  Société  scientifique  Flam- 
marion, de  Marseille,  écrit  que  suivant  les  instructions  données  par  la  Reoue,  il 
a  pu,  le  25  Janvier  à  6»>20'»  du  matin,  observer  Mercure,  qui  était  visible  au  nord 
de  Vénus  comme  une  étoile  de  3«  grandeur.  La  rapide  planète  est  restée  bien 
visible  jusqu'à  7^. 

La  lumière  ssodiacale.  —  Le  12  janvier  dernier,  de  ^^  à  7^30»  du  soir, 
MM.  Lihou,  Codde  et  Vian,  membres  de  la  Société  scientifique  Flammarion,  de 
Marseille,  ont  fait  une  observation  fort  intéressante  de  la  lumière  zodiacale.  Elle 
s'élevait  majestueusement  dans  le  ciel  sous  la  forme  d'un  cône  lumineux  incliné 


72  L'ASTRONOMIE. 

le  long  du  zodiaque  et  s'étendant  jusqu*à  environ  50«  au-dessus  de  Thorizon.  Le 
maximum  d'éclat  se  faisait  remarquer  au  centre  de  la  figure  et  non  vers  la  base. 
L'éclat  égalait  celui  de  la  Voie  lactée. 

Les  occultations  d'Aldébaran.  —  Une  nouvelle  série  d'occultations  d'Aldé- 
baran  par  la  Lune  va  commencer  pour  nos  contrées.  Voici  les  dates  de  ces  phé- 
nomènes remarquables. 


1885  Février 22 

Mars 21 

Septembre —  1 

Novembre —  22 


1886  Janvier 16 

Avril 8 

Novembre 12 


1887  Janvier 6 

Mars 2 

Juillet 16 

Octobre 6 


Ces  occultations  de  la  belle  étoile  du  Taureau  par  la  Lune  commencent  le  22 
février  de  cette  année  pour  finir  le  6  octobre  1887.  La  dernière  série  a  commencé 
le  28  septembre  1866  pour  finir  le  2  août  1869,  et  il  y  a  eu  alors  dix  occultations 
visibles  en  France. 

Les  annales  chinoises  rapportent  des  occultations  d'Aldébaran  remontant  jus- 
qu'au 29  mars  de  l'an  491  de  notre  ère.  La  plus  ancienne  observation  de  ce  genre 
faite  en  Europe  parait  être  celle  du  11  mars  de  Tan  509  de  notre  ère,  rapportée 
par  Bouillaud  d'après  un  manuscrit  grec,  l'an  225  de  Dioclétien,  le  15  Phaménoth. 

Un  intérêt  spécial  s'attache  à  ces  occultations,  outre  l'éclat  de  cette  étoile  de 
première  grandeur,  par  ce  fait  que  fréquemment  elle  paraît  entrer  dans  le  disque 
lunaire,  s'y  avancer  pendant  10,  20,  30  et  même  40  secondes,  puis  s'évanouir  tout 
d'un  coup.  La  différence  de  réfrangibité  entre  les  rayons  rouges  de  cette  étoile 
et  les  rayons  blancs  de  la  Lune  paraît  entrer  pour  une  partie  dans  la  cause  de  ce 
phénomène.  Mais  elle  n'explique  pas  tout. 

Nous  aurons  soin  de  publier  pour  toutes  ces  dates  les  données  pouvant  être 
utiles  aux  observateurs.  On  verra  plus  loin  (p.  80)  que,  ce  ^pis-ci,  l'étoile  ne  sera 
pas  tout  à  fait  cachée  par  la  Lune  pour  Paris,  mais  s'en  rapprochera  à  34'.  A 
l'observatoire  de  Paris,  MM.  Henry  se  proposent  de  fixer  par  la  photographie  ce 
curieux  moment. 

Recherches  photométriques  suv  Tannean  de  Saturne.  —  Si  l'anneau  de 
Saturne  était  un  corps  solide  ou  liquide  à  surface  continue,  il  ne  manquerait  pas 
d'offrir  des  variations  d'éclat  considérables,  tandis  qu'en  réalité  son  éclat  ne 
paraît  pas  varier  d'une  manière  sensible.  Zôllner,  dans  ses  recherches  photomé- 
triques, s'est  contenté  d'admettre  que,  en  dépit  de  la  loi  de  Lambert,  l'illumination 
de  l'anneau  est  indépendante  de  l'angle  d'incidence  des  rayons.  Mais  il  y  a  lieu 
de  chercher  s'il  n'est  pas  possible  de  rendre  compte  des  particularités  que  l'anneau 
de  Saturne  présente  sous  ce  rapport,  en  le  regardant  comme  un  essaim  de 
satellites,  hypothèse  que  les  recherches  de  Maxwell  et  de  Hirn  ont  déjà  rendue 
très  plausible  par  des  considérations  tirées  des  lois  de  la  Mécanique  céleste.  En 
adoptant  cette  hypothèse,  M.  Seeliger  trouve  que  toutes  les  circonstances  du 
phénomène  s'expliquent  d'une  manière  satisfaisante,  sans  qu'on  soit  obligé  de 
renoncer  à  la  loi  du  cosinus. 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  73 

La  constance  de  Tillumination  étant  admise,  la  quantité  de  lumière  envoyée  à 
la  Terre  sera  proportionnelle  au  sinus  de  Tangle  d'élévation  delà  Terre  au-dessus 
du  plan  de  l'anneau.  Il  faut  ensuite  supposer  que  Tanneau  se  compose  de  myriades 
de  satellites  isolés,  dont  l'ensemble  forme  une  tranche  cylindrique  d'une  très 
faible  épaisseur.  En  les  assimilant  à  des  poussières,  on  obtiendrait  l'intensité  de 
la  lumière  de  l'anneau  par  un  raisonnement  analogue  à  celui  qu'on  emploie  pour 
établir  les  lois  de  l'émission  ;  mais  le  résultat  serait  en  désaccord  avec  l'expé- 
rience. Il  faut,  d'après  M.  Seeliger,  admettre  que  l'anneau  est  formé  de  petites 
sphères  distribuées  dans  un  plan  et  dont  les  distances  sont  du  même  ordre  que 
leurs  dimensions.  La  lumière  envoyée  par  l'anneau  est  alors  émise  par  les  crois- 
sants visibles  des  disques  en  partie  superposés.  L'intensité  apparente  est 
toujours  sensiblement  proportionnelle  au  sinus  de  l'angle  d'élévation  de  la 
Terre  (qui  ne  dépasse  pas  30°),  en  supposant  que  les  intervalles  vides  sont  moins 
larges  que  les  sphères.  On  serait  bien  inspiré  de  vérifier  ces  résultats  par  des  expé- 
riences photométriques  instituées  avec  beaucoup  de  soin. 

Nos  lecteurs  rapprocheront  avec  intérêt  ces  ingénieuses  considérations  du 
remarquable  article  de  M.  Pratt  publié  en  tête  de  ce  Numéro. 

Un  nouveau  pied  d^équatorial  &  la  portée  de  toutes  les  bourses.  —  Nous 
sommes  heureux  de  signaler,  dans  la  construction  des  instruments  astronomiques, 
une  heureuse  innovation  due  à  Tun  de  nos  correspondants,  M.  l'abbé  Blain,  labo- 
rieux observateur  à  Poitiers;  elle  paraît  appelée  à  rendre  de  grands  services 
aux  astronomes  amateurs. 

Aidé  par  un  habile  mécanicien  de  Poitiers,  M.  Blain  est  parvenu  à  construire 
un  petit  pied  d'équatorial  en  fonte  qui  peut  s'adapter  à  toutes  les  lunettes, 
depuis  les  plus  petites  jusqu'à  celles  de  0™/108.  Ce  pied  est  portatif  et  peut  être 
placé  sur  une  table  ulSMSsive.  Il  est  cependant  préférable  de  l'installer  à  demeure 
sur  un  massif  en  maçonnerie  ou  en  charpente  établi  dans  une  cour  ou  un 
jardin.  De  grosses  vis  calantes  permettent  d'en  régler  la  position  et  d'en  assurer 
la  stabilité.  Les  principaux  avantages  de  cet  appareil  sont  les  suivants  : 

io  Les  arbres  de  rotation  sont  en  acier  tourné,  et  les  coussinets  en  cuivre,  ce 
qui  met  les  tourillons  à  l'abri  d'une  usure  trop  rapide.  Le  bâti  en  fonte  horizontal 
qui  supporte  le  tout  mesure  0"»,40  sur  0°>,37. 

2o  L'axe  polaire  peut  tourner  autour  d'une  charnière  spéciale;  il  est  guidé  dans 
son  mouvement  par  une  coulisse  en  arc  de  cercle  sur  laquelle  on  peut  le  fixer  en 
un  point  quelconque  à  l'aide  de  puissantes  vis  de  pression.  De  cette  manière 
l'instrument  peut  servir  pour  toutes  les  latitudes  de  la  France;  il  suffit  de  le 
régler  en  donnant  à  l'axe  polaire  une  inclinaison  égale  à  la  latitude  du  lieu  d'ob- 
servation. Une  fois  réglé,  la  puissance  des  vis  de  pression  s'oppose  à  tout 
déplacement.  Ce  mode  de  construction  le  rend  précieux  pour  les  personnes  que 
leur  profession  expose  à  de  fréquents  déplacements. 

30  Le  cercle  de  déclinaison  est  divisé  en  demi-degrés  et  le  cercle  horaire  de 
quatre  minutes  en  quatre  minutes  de  temps. 


74  L'ASTRONOMIE. 

4«  Il  y  a  un  mouvement  rapide  et  un  mouvement  lent  et  précis  au  moyen 
d'une  vis  tangente  qu'on  peut  embrayer  ou  désembrayer  à  volonté.  Une  tige 
articulée  permet  de  conduire  le  mouvement  à  distance. 

50  La  forme  des  embrasses  lui  permet  de  recevoir  des  lunettes  de  toutes 
dimensions. 

6«  On  peut  lui  adapter  un  mouvement  d'horlogerie  simplifié. 

70  Enfin,  le  tout  est  livré  à  un  prix  extrêmement  modéré  et  do  beaucoup  inférieur 
à  celui  des  constructeurs  ordinaires.  On  peut  se  procurer  l'appareil  avec  ou 
saDs  mouvement  d'horlogerie. 

Toujours  débordé  par  l'abondance  des  matières,  nous  ne  pouvons  ni  nous 
étendre  plus  longuement,  ni  revenir  plus  tard  sur  ce  sujet.  Les  personnes  qui 
désireraient  plus  de  détails  sont  donc  priées  de  s'adresser  directement  à  l'auteur, 
M.  l'abbé  Blain,  faubourg  de  la  Tranchée,  à  Poitiers  (Vienne). 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES 

A  FAIRE  DU  15  FÉVRIER  AU  15  MARS  1885. 
Principaux  objets  célestes  en  évidence  pour  Inobservation. 

1»  CIEL  ÉTOILE  : 

Pour  l'aspect  du  ciel  étoile  durant  cette  période  de  Tannée  et  les  beautés  de  la 
voûte  céleste,  se  reporter  soit  aux  cartes  publiées  dans  la  première  année  de  la 
Revue,  soit  aux  descriptions  données  dans  les  Étoiles  et  les  curiosités  du  Ciel 
(pages  594  à  G35).  Les  belles  constellations  du  ciel  d'hiver  sont  toujours  admi- 
rables à  étudier;  mais  leur  magnificence  est  encore  augmentée  par  la  présence 
des  deux  planètes  Saturne  et  Jupiter,  dont  la  première  se  trouve  dans  le  voisinage 
d'Aldébaran  et  la  seconde  auprès  de  Régulus. 

2»  SYSTÈME  SOLAIRE   : 

Soleil.  —  Le  15  février  1885,  le  Soleil  se  lève  à  7^10"»  du  matin  et  se  couche 
à  b^{^^  du  soir;  le  !«»■  mars,  Tastre  du  jour  apparaît  au-dessus  de  l'horizon  à 
6h44ra  ciu  matin,  pour  disparaître  au-dessous  à  5^42™  du  soir;  enfin,  le  lever  a 
lieu  à  G^'  15™  du  matin  le  15  mars  et  le  coucher  à  6^4™  du  soir.  La  durée  du  jour  est 
de  10^9'»  au  15  février,  de  10»>58"»  au  1««-  mars  et  de  11^49»  le  15  mars.  Les  jours 
augmentent,  dans  cet  intervalle  d'un  mois,  de  55»  le  matin  et  de  45»  le  soir,  soit 
un  accroissement  de  11*40»  au  total. 

Les  soirées  continuent  à  être  plus  longues  que  les  matinées;  mais  cette  diffé- 
rence va  sans  cesse  en  diminuant.  Le  15  février,  matinée  4^  50™,  soirée  5^19»,  diffé- 
rence 29»;  le  l»'  mars,  matinée  5'»  16™,  soirée  5*»42™,  différence  26™,  et  le  15  mars, 
matinée  5^45™,  soirée  6*»4™,  différence  19*. 

La  déclinaison  australe  du  Soleil  est  de  12o3r  au  15  février  et  de  i^bT  seule- 
ment au  15  mars,  ce  qui  donne  un  accroissement  considérable  de  10*  34'.  Le  Soleil 
se  rapproche  rapidement  de  l'équateur  céleste,  de  sorte  que  la  température 
moyenne  diurne  augmente  journellement  d'une  façon  sensible. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  75 

Les  observateurs  attentifs  doivent  se  rappeler  que  c'est,  en  général,  durant  les 
mois  de  février  et  de  mars  que  la  lumière  zodiacale  est  la  plus  intéressante  à 
étudier.  Cette  lueur  énigmatique,  qui  va  bientôt  atteindre  son  éclat  maximum, 
attire  avec  raison  l'attention  des  observateurs. 

Lune.  —  C'est  dans  la  période  comprise  entre  le  19  et  le  25  février  qu'il  faudra 
observer  la  configuration  de  la  partie  occidentale  de  notre  satellite,  car  c'est  le 
22  que  la  Lune  présentera  la  moitié  de  son  disque  éclairé  et  le  23  qu'elle  attein- 
dra sa  plus  grande  hauteur,  59®  25',  au-dessus  de  l'horizon  de  Paris,  lors  de  son 
passage  au  méridien. 

p  J  NL  le  15  février,  à   2»'3i-  matin.  PL  le  !•'  mars,  à  4'' 10-  matin. 

l'HASES...  I  pQj^^2       »       à  10  40       »  DQleS       »       à7    3    soir. 

Le  ib  février,  jour  de  la  Nouvelle  Lune,  vers  5*>50°»  du  soir,  on  pourra  distin- 
guer, soit  à  l'œil  nu,  soit  avec  une  jumelle  marine,  le  mince  croissant  lunaire, 
environ  seize  heures  après  la  néoménie.  Dans  le  sud  de  l'Europe  et  le  nord  de 
l'Afrique,  l'observation  pourra  être  faite  aisément. 

Un  fait  assez  rare  et  qui  ne  peut  se  reproduire  que  tous  les  dix-neuf  ans  se 
passera  au  mois  de  février  1885  :  Le  mois  de  février  n'aura  pas  de  Pleine  Lune. 
En  effet,  à  Paris,  la  Pleine  Lune  de  janvier  a  lieu  le  30,  à  4*»28n»  du  soir,  février 
n'en  a  pas,  tandis  que  mars  en  a  deux.  Ce  curieux  phénomène  nous  a  été  signalé 
par  l'un  des  lecteurs  de  la  Revue,  M.  Sénéchal  de  Nouant.  En  1866,  le  mois  de 
février  (*)  n'eut  pas  de  Pleine  Lune,  pas  plus  que  le  même  mois  des  années  1847 
et  1828. 

Les  peuples  de  l'Asie,  de  l'Afrique  et  de  l'Europe  auront  un  mois  de  février 
sans  Pleine  Lune.  Mais,  dans  les  deux  Amériques,  les  pays  situés  au  delà  de  62° 30' 
à  l'ouest  du  Méridien  de  l'Observatoire  de  Paris  auront  un  mois  de  février  avec 
les  phases  ordinaires  de  la  Lune  :  États-Unis,  Mexique,  Pérou,  Chili,  etc. 

Occultalions  visibles  à  Paris. 

Trois  occultations  seront  observables,  dans  la  première  moitié  de  la  nuit,  depuis 
le  15  février  jusqu'au  15  mars  1885.  Une  des  étoiles  occultées  est  de  5«  grandeur 
et  une  autre  est  de  4«  grandeur.  Nous  en  avons  ajouté  trois  autres  qui  ont  lieu  le 
matin,  parce  que  les  étoiles  sont  de  4«  grandeur. 

{•  38  Bélier  (5*  grandeur),  le  20  février,  de  7''45-  à  8*'25-  du  soir.  Contrairement  à  ce 
qui  arrive  dans  la  plupart  des  occultations,  rétoile  disparaît  à  l'Ouest,  à  15*  au-dessous 
et  à  droite  du  point  le  plus  élevé  du  disque  lunaire  et  reparait,  toujours  à  TOuest,  à 
1*  au-dessus  du  point  le  plus  à  droite.  Cette  anomalie  dans  la  marche  apparente  de  Tétoile 
derrière  la  Lune  tient  à  la  position  très  inclinée  qu'occupe  dans  le  ciel  de  TOccident 
notre  satellite.  L'occultation  est  représentée  (fig.  28);  elle  sera  visible  dans  TËurope 
occidentale. 

2*  130  Taureau  (6*  grandeur),  le  23  février,  de  11**  16"  à  12'*  16-  du  soir.  La  disparition 

(')  Yoir,  pour  plus  de  détails,  le  tome  III  des  Études  et  Lectures  sur  V Astronomie, 
par  Camille  Flammarion,  pages  202  et  suivantes.  (Paris,  Gauthier- Yillars.) 


76 


L  ASTRONOMIE. 


se  produit  à  l'Est,  à  37*  au-dessous  et  à  gauche  du  point  le  plus  élevé  du  disque  lunaire 
et  la  réapparition  à  l'Ouest,  à  26*  au-dessous  du  point  le  plus  à  droite.  Visible  dans  la 
plus  grande  partie  de  l'Europe. 

3»  a  Cancer  (4*  grandeur),  le  27  février,  de  A»- 15"  à  S'^ô"  du  matin.  Cette  brillante 
étoile  est  occultée  pour  la  seconde  fois  cette  année.  A  Paris,  elle  disparaît  dans  la 
partie  de  gauche  du  disque  de  notre  satellite,  à  13*  au-dessus  du  point  le  plus  orien- 
tal et  reparait  à  droite,  à  41*  au  dessous  du  point  le  plus  occidental  du  limbe  de  la  Lune. 
L'occultation  sera  observable  dans  la  plus  grande  partie  de  l'Europe. 

4*  0  Lion  (4*  grandeur),  le  27  février,  de  8''33-  à  8'' 47-  du  soir.  La  disparition  de 
Tétoile  et  sa  réapparition  auront  lieu,  comme  le  montre  la  /zg.  29,  dans  la  partie  orien- 
tale du  disque  lunaire.  Cette  [autre  anomalie  tient  à  la  marche  apparente  de  l'étoile  et 


PiR.  28. 


Fig.  29. 


Occultation  de  38  Bélier  par  la  Lune» 
le  20  février,  de  7»»45«  à  S»"  25»  du  soir. 


Occultation  de  o  Lion  par  la  Lune, 
le  27  février,  de  &>Z>  à  8«'47-  du  soir. 


à  la  position  inclinée  du  limbe  de  notre  satellite  dans  le  ciel  de  l'Orient,  aux  instants 
de  l'immersion  et  de  l'émersion  de  cet  astre  de  4*  grandeur.  L'étoile  disparaît  en  un 
point  situé  à  29*  au-dessus  du  point  le  plus  à  gauche  et  reparait  à  35*'  au-dessous  et  à 
gauche  du  point  le  plus  élevé  de  la  Lune.  Dans  les  lies  Britanniques,  il  y  aura  simple 
appulse  de  l'étoile. 

5*  6  Balance  (4,5  grandeur),  le  7  mars,  de  l"*  1"  à  2"»  12"  du  matin.  L'étoile  disparaît  en 
un  point  du  disque  situé  à  26*  au-dessus  et  à  gauche  du  point  le  plus  bas,  puis  reparaît 
à  27*  au-dessus  du  point  le  plus  adroite  du  limbe  de  la  Lune.  Visible  dans  le  Sud-Ouest 
de  l'Europe. 

6*  p'  Sagittaire  (4*  grandeur),  le  11  mars,  de  5'' 28"  à  6''49"  du  matin.  L'étoile  p  est 
double  et  les. composantes  p'  et  p'  sont  éloignées  de  28',  soit  presque  le  diamètre  appa- 
rent de  la  Lune.  Durant  Toccultation  de  p',  on  ne  cessera  de  voir  p*  au  sud  du  disque 
de  notre  satellite.  A  Paris,  l'étoile  de  4*  grandeur  disparaîtra  en  un  point  du  limbe 
lunaire,  à  l'Est,  à  35*  au-dessous  du  point  le  plus  à  gauche;  elle  réapparaîtra  à  l'Ouest, 
à  5*  au-dessous  du  point  le  plus  à  droite. 


Occultations  diverses. 

Les  nombreux  lecteurs  de  la  Revue  pourront  encore  observer,  selon  les  con- 
trées de  l'Europe  et  de  l'Afrique  qu'ils  habitent,  les  occultations  suivantes 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  77 

!•  Aldébaban  (1"  grandeur),  le  22  février,  à  Greenwich,  de  5'' 26"  à  5''59"',  temps 
moyen  de  Paris.  Cette  remarquable  étoile  est  occultée  pour  la  seconde  fois  de  Tannée. 
A  Greenwich,  Tétoile  disparaîtra  dans  la  partie  sud  du  disque  de  la  Lune,  à  20**  à  gauche 
du  point  le  plus  bas,  et  réapparaîtra  à  droite  et  à  24*  au-dessus  de  ce  point.  Pour  plus 
de  détails,  nous  prions  les  observateurs  de  se  reporter  à  l'excellent  article  de  la  page  80. 

2*  Ubanus,  le  2  mars,  vers  5'' 16"  du  soir,  temps  moyen  de  Paris.  Cette  planète  est 
également  occultée  pour  la  seconde  fois  de  Tannée;  mais  le  phénomène  ne  pourra  être 
étudié  que  dans  la  Patagonie  et  les  îles  voisines. 

Le  25  février,  à  minuit,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  périgée  : 
365.500  kilomètres,  diamètre  lunaire  =  3-2'4i  •. 

Le  9  mars,  à  9^  du  soir,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  apogée  : 
403.700  kilomètres,  diamètre  lunaire  =  29' 34',  2. 

Mercure.  —  Mercure  est  entièrement  invisible. 

Vénus.  —Vénus  se  rapproche  peu  à  peu  du  Soleil,  mais  peut  encore  être  obser- 
vée, à  cause  de  son  éclat  toujours  considérable  jusqu'au  i®»*  mars.  Son  diamètre 
est  de  10*,  2  au  7  mars  et  son  mouvement  toujours  direct. 

Jours.  Lever.  Passage  Méridien .      Différence  Soleil.    Coustcllatlon. 

16  Février 6»'26-  matin.  10''58'"  matin.  0''42'-       Capricorne. 

19        »        6  25         »  il    2         )>  0  38  » 

22        »        6  23         »  11    5  «  0  34 

25        »        6  20         .'  11    8         »  0  32 

28       »        6  18         »  11  11         »  0  28 

Le  27  février,  au  matin,  Vénus  se  trouvera  en  conjonction  avec  l'étoile  de 
3«  grandeur  8  Capricorne,  à  lo30'  seulement  au  nord  de  l'étoile. 

Mars.  —  Toujours  invisible  dans  le  voisinage  du  Soleil. 

Petites  planètes.  —  Cérès  est  de  plus  en  plus  facile  à  reconnaître,  le  soir,  à 
l'œil  nu,  par  les  personnes  qui  jouissent  d'une  excellente  vue;  mais  une 
jumelle  marine  sera  toujours  utile  pour  suivre  la  marche  de  ce  petit  astre  dans  le 
ciel. 

Jours.  Loyer  de  Gérés.  Passage  Méridien.  ConsteUatlon. 

16  Février 9»'  16"  soir.  3** 50"  matin.  Vierge. 

21       »        8  55  »  3  31         »                      » 

26       »        8  32  »  3  10         »                      M 

3  Mars 8    9  »  2  49         »                      » 

8      »     7  45  )>  2  28         » 

13      »     7  20  »  2    6         »                       » 

Le  mouvement  de  Cérès  est  rétrograde  et  très  lent.  La  petite  planète  ne  cesse 
de  former  le  sommet,  tourné  vers  l'est,  d'un  triangle  dont  la  base  est  formée  par 
les  étoiles  Ç,  e  de  la  Vierge. 

Au  2  mars,  Cérès  est  éloignée  de  258  millions  de  kilomètres  de  la  Terre. 

Coordonnées  au  20  févr.  :    Ascension  droite...     13'»35".    Déclinaison...      5*56'N. 
»  5  mars  :  »  »  13  32  »  7    3  N. 

Pallas  continue  à  se  présenter  dans  des  conditions  extrêmement  favorables  pour 
l'observation.  Elle  ne  cesse  d'être  visible  soit  àFoeil  nu,  soit  à  l'aide  d'une  lunette 
astronomique. 


78  L'ASTRONOMIE. 

Jours.  Lever  de  PalUi.  Passage  Méridien.         Constellation. 

16  Février 8*46-  soir.  2»'31"  matin.            Vieroe. 

21        •  8  18  •  2  11         »                      » 

26       »        7  47  «  1  49 

3  Mars 7  17  •  1  27         » 

8      »     6  45  •  14         >» 

13      »     6  13  »  0  41         »                      » 

Pallas  continue  à  se  rapprocher  de  la  Terre  dont  elle  n'est  distante  que  de 
194  millions  de  kilomètres,  au  2  mars.  Comme  celui  de  Gérés,  le  mouvement  de 
Pallas  est  rétrograde.  Du  15  février  au  15  mars,  la  petite  planète  se  rapproche 
sans  cesse  de  l'étoile  de  3«  grandeur  t)  Vierge.  Le  1"  mars,  Pallas  se  trouvera  à 
Touest  et  à  moins  de  45'  de  cette  dernière  étoile. 

Coordonnées  au  21  févr.  :    Ascension  droite...    12'*  15".    Déclinaison...      3*  5' S. 
»  7  mars  :  »  »  12    8  »  2  20  N. 

Junon  se  trouve  également  dans  les  meilleures  conditions  de  visibilité.  Une 
simple  jumelle  suffit  pour  la  découvrir. 

Jours.  Lever  de  Junon.  Passage  Méridien.  Constellation. 

16  Février 10*52-  soir.  4»»  31-  matin.  Vierge. 

21  »        10  32         »  4  12         »  « 

26       «        10  10         M  3  52         B  » 

3  Mars 9  47         »  3  32         »  « 

8       »        9  24         »  3  12 

13  «        9    1  «  2  51         u 

Ainsi  que  les  deux  précédentes,  la  petite  planète  Junon  se  rapproche  de  la  Terre 
dont  elle  n'est  éloignée  que  de  361  millions  de  kilomètres  au  2  mars.  Le  mouve- 
ment de  Junon  est  rétrograde.  Vers  le  l^^*  mars,  cette  planète  sera  à  Touest  et  à 
moins  de  2°  de  l'étoile  i  Vierge,  et  à  une  faible  distance  des  étoiles  [jl  et  <p  de  cette 
constellation. 

Coordonnées  au  20  févr.  :    Ascension  droite...    14'*17-.    Déclinaison...      5» 53' S. 
»  8  mars  :  »  u  14  15  »  4  22  S. 

Vesta  reste  toujours  invisible. 

JupiTjsR.  —  Cette  brillante  planète  est  visible  pendant  toute  la  nuit.  Son  mou- 
vement est  rétrograde.  Le  19  février  eUe  se  trouve  en  opposition  avec  le  Soleil, 
et  le  22,  elle  passe  au  méridien  à  minuit. 

Jours.  Lever.  Passage  Méridien.         Constellation. 

18  Février 5"'  16-    soir.  0''22-  matin.  Lion. 

22  »       4  58         »  minuit  » 

26       D        4  39         u  11  42     soir.  » 

2  Mars 4  20  »  11  24  »  » 

6      »     4    2  M  11    7  »  I) 

10      »     3  43  9  10  49  »  » 

14  »     3  26  »  10  32  »  » 

Le  20  février,  le  diamètre  de  Jupiter  est  maximum,  42'.  Cette  planète  se  rap- 
proche peu  à  peu  de  Régulus  et  se  trouve  en  conjonction  avec  cette  étoile  à  50' au 
nord,  le  14  mars  au  soir.  On  pourra  distinguer  les  deux  astres  dans  le  champ 
d'une  même  lunette  pendant  plusieurs  jours. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  79 

Il  faut  également  étudier  les  satellites  de  Jupiter.  C'est  durant  les  mois  de 
février  et  de  mars  que  les  personnes  douées  d'une  vue  exceptionnellement  bonne 
apercevront  le  3«  satellite  à  Tœil  nu,  lors  de  ses  plus  grandes  élongations,  c'est- 
à-dire  vers  les  7,  10,  14,  18,  21,  25  et  28  février,  et  4,  7,  11  et  14  mars.  Nous 
signalons  ces  dates  aux  observateurs  qui  voudront  essayer  la  puissance  de  leur 
vision. 

Éclipses  des  satellites  de  Jupiter. 


16    Fév :.   . 

7*31- 

soir. 

Emersion 

du 

3* 

satellite  éclipsé 

»      »    

11    1 

n 

Immersion 

3 

•                      n 

19      ..     

8  51 

« 

Emersion 

4 

M                                   » 

»      »    

9  42. 

« 

n 

1 

«•                             M 

21       »    

9  43 

1) 

» 

2 

U                             )) 

23      u    

11  29 

» 

3 

.. 

26      »    

11  36 

u 

" 

1 

•>                             •• 

7  Mars 

7  58 

» 

» 

1 

M 

14      »    

8  53 

» 

» 

1 

»                                     i) 

Remarque.  —  Le  19  février,  à  12^30°»  du  soir,  le  2«  satellite  est  sur  le  disque  de 
Jupiter  et  les  trois  autres  d'un  même  côté.  Le  26,  tous  les  satellites  sont  d'un 
même  côté.  A  11^30°»  du  soir,  les  6,  11  et  12  mars,  les  satellites  sont  encore  d'un 
même  côté.  Pour  bien  observer  ces  phénomènes,  une  jumelle  marine  est  indispen- 
sable. 

Saturne.  —  Saturne  et  ses  anneaux  offrent  toujours  le  plus  grand  attrait  aux 
astronomes  amateurs. 

Jours. 

16  Février 

21       »        

26       «        

3  Mars 

8      »     

13      -    


Passage  Méridien. 

Coucher. 

ConsteUation. 

7M8'- 

soir. 

3M3- 

matin. 

Taureau. 

6  58 

n 

2  54 

» 

» 

6  39 

» 

2  34 

M 

u 

6  19 

M 

2  15 

1) 

» 

6    0 

» 

1  56 

il 

<l 

5  42 

1) 

1  38 

t» 

i> 

Le  mouvement  de  Saturne  redevient  direct  à  partir  du  17  février- 

Uranus.  —  Uranus  continue  à  se  rapprocher  de  nous  et  à  être  parfaitement 

visible  à  l'œil  nu,  semblable  à  une  étoile  de  6»  grandeur,  dans  le  voisinage  et  à 

l'ouest  de  Tétoile  tj  Vierge,  de  3,  5  grandeur. 


Jours. 

Lever. 

16  Février 

8M7-    soir 

21       »        

7  57 

26       »       

7  36 

3  Mars 

7  15 

8      »     

6  55         » 

13      •     

6  34 

Passage  Méridien. 

.Constellation. 

2'' 24- matin. 

Vierge. 

2    4 

• 

1  44 

u 

1  23         » 

0 

1    3         » 

» 

0  43         . 

B 

Le  mouvement  d'Uranus  est  toujours  rétrograde  et  le  diamètre  de  la  planète 
est  de  4^2  au  1«'  mars. 

Coordonnées  au  1"  mars  :  Ascension  droite,  12''8-.    Déclinaison,  OM'  N. 

Eugène  Vimont. 


80 


L'ASTRONOMIE. 


Occultation  d'Aldébaran.  — ^  «  Chaque  pas  que  nous  faisons  sur  la  Terre 
dérange  la  Lune  dans  le  Ciel.  »  Au  point  de  vue  mécanique,  c'est  là  une  façon  de 
dire  :  Torxs  les  corps  s'attirent.  Mais,  appliquée  aux  effets  de  parallaxe  lunaire 
dus  à  la  diversité  des  lieux  d'observation,  la  même  phrase  explique  littéralement 
un  fait  dont  TAstronomie  tient  compte.  Trois  pas  sur  la  Terre  donnent  lieu  pour 
la  Lune  à  un  déplacement  parallactique  de  (T, 001  :  c'est  peu;  mais  c'est  déjà  autant 
et  plus  que  l'immense  majorité  des  parallaxes  stellaires  —  dues  pourtant,  elles, 
aune  respectable  enjambée  de  72  millions  de  lieues!  Trois  cents  pas  déplacent  le 
bord  delà  Lune  de  0*,!  par  rapport  aux  étoiles  :  c'est  assez  pour  transformer  une 
occultation  en  appulse.  On  voit  qu'une  différence  de  plusieurs  kilomètres  entre 
divers  observateurs  d'une  occultation  peut  donner  lieu  à  des  résultats  extrême- 
ment variés. 

C'est  ce  qui  arrivera  le  dimanche  22  février  1885.  A  Paris,  vers  5M4™  du  soir, 

Fig.  30. 


ao 


^^^^BiQJtJ^-w^- . 


^J 


Carte  pour  roccultation  d'Aldébaran  par  la  Lune,  le  22  février  1885. 
le  bord  Sud  de  la  Lune  passera  à  moins  de  1'  de  la  brillante  étoile  Aldébaran. 
A  Londres,  il  y  aura  occultation  complète  de  5»>17"  à  5^50"»  (heure  de  Greenwich). 
La  ligne  de  simple  contact  passe  donc  entre  les  deux  capitales  :  elle  suit  le  litto- 
ral français  de  la  Manche,  laissaParis  au  sud  et  se  dirige  presque  exactement 
vers  l'observatoire  allemand  de  Bonn  (fig.  30).  Nos  amis  de  Soissons,  Beauvais, 
Honfleur,  Caen,  Argentan,  etc.,.î^uront  là  un  sujet  d'observation  intéressant  par 
sa  diversité  d'aspect.  Nous  les  pilons  de  dessiner  le  plus  exactement  possible  les 
positions  relatives  de  l'étoile  et  des  taches  du  bord  lunaire  (en  consultant  pour 
cela  les  beaux  dessins  sélénographiques  de  M.  Gérigny)  et  de  se  communiquer 
leurs  résultats.  Pour  les  observateurs  qui  auraient  la  chance  de  se  trouver  juste 
sur  la  ligne  de  contact ,  inutile  d'insister  sur  l'attention  que  mérite  l'observation 
de  la  lumière  d'une  étoile  telle  qu'Aldébaran,  rasatit  le  sol  lunaire  pendant  plu- 
sieurs secondes.  Edouard  Blot. 


CORRESPONDANCE. 

MM.  FoLvcHK  à  Jaén,  BRuaurÈRE  à  Marseille,  Jacqcot  au  Havre,  Blain  à  Poitiers, 
signalent  la  réapparition,  au  mois  de  décembre  dernier,  des  lueurs  crépusculaires  qui 
ont  tant  attiré  l'attention,  il  y  a  un  an. 

De  son  côté,  M.  F.  de  Montesscs,  de  San-Salvador,  écrit  à  la  date  du  10  décembre 
1884  que  ces  lueurs  rouges  ont  recommencé,  dans  l'Amérique  centrale,  dès  la  fin  de  la 
saison  des  pluies,  depuis  le  mois  d'octobre. 

M.  Tédesche,  à  Aubenas  (Ardèche),  signale  à  la  date  du  16  janvier,  de  8'»  à  il'»  du 
soir,  la  présence  d'éclairs  rappelant  ceux  d'une  orageuse  nuit  d'été.  L'atmosphère  était 
chargée  de  nuages;  il  avait  neigé  toute  la  journée,  et  le  thermomètre  marquait  —  3*. 

La  même  remarque  a  été  faite  par  divers  observateurs,  dans  tout  le  midi  de  la  France, 
et  même  aux  environs  de  Paris. 

La  coïncidence  de  ces  perturbations  atmosphériques  avec  les  tremblements  de  terre 
de  l'Espagne  n'est  peut-être  pas  absolument  fortuite. 

M.  le  colonel  Delhaye.  —  Votre  idée  est  ingénieuse;  mais,  si  la  Terre  ne  tournait 
pas,  la  Lune  tournerait  autour  d^elle,  comme  le  Soleil,  en  vingt-quatre  heures  environ, 
el  les  deux  astres  se  suivant  à  peu  près,  dans  le  ciel,  on  n'observerait  pas  les  changements 
de  phase  plus  souvent  qu'on  ne  le  fait  actuellement. 

M.  David,  à  Auxerre.  —  Nos  félicitations  les  plus  sincères  pour  les  procédés  ingénieux 
à  l'aide  desquels  vous  savez  suppléer  au  défaut  d'appareils  coûteux;  vos  procédés  de 
mesure  ne  vous  permettent  guère  d'espérer  beaucoup  de  précision  dans  des  mesures 
absolues;  maisilspeuvent  vous  donner,  avec  une  approximation  satisfaisante,  des  rapports 
entre  les  dimensions  angulaires  des  objets  que  vous  observez. 

M™  Julia  Braddon,  à  San  Remo.  —  Nous  vous  remercions  de  vos  intéressantes  obser- 
vations de  trombes  qui  seront  publiées  dans  notl-e  prochain  Numéro. 

M.  Monter,  à  Passy.  —  Il  est  bien  vrai  que  l'attraction  du  Soleil  sur  la  Terre  est 
bien  plus  forte  que  celle  de  la  Lune;  mais  les  marées  ne  dépendent  pas  de  l'attraction 
totale,  mais  feulement  de  la  différence  des  attractions  exercées  par  la  Lune  ou  le  Soleil 
sur  un  point  situé  au  centre  de  la  Terre,  et  un  autre  de  même  masse  situé  à  la  surface. 
Or,  cette  différence  est  plus  petite  pour  le  Soleil  que  pour  la  Lune. 

M.  Wilfrid  Marsan,  à  Montréal.  —  Merci  de  vos  témoignages  de  sympathie. 

M.  Desaôhy.  à  Paris.  —  Veuillez  adresser  à  M.  Gérigny  le  détail  des  opérations  à 
l'aide  desquelles  vous  avez  fait  votre  calcul  ;  il  nous  semble  qu'il  y  aurait  quelques  correc- 
tions à  faire. 

M.  Barthélémy,  à  Lyon.  —  La  planète  Mars  est  la  seule  dont  le  mouvement  de  rota- 
tion puisse  se  déterminer  avec  assez  de  précision  pour  permettre  le  calcul  des  éléments 
que  vous  désirez  connaître.  On  pourrait  y  joindre  Saturne,  en  admettant  que  le  plan  des 
anneaux  coïncide  avec  le  plan  de  l'équatcur.  Les  éléments  des  anneaux  de  Saturne 
se  trouvent  dans  l'Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes. 

M.  DoLLiNGER.  à  Sàverne.  —  La  notation  des  factorielles  ou  la  fonction  r  d'Euler 
permet  de  représenter  symboliquement  des  nombres  encore  plus  grands  que  ceux  que 
vous  indiquez.  9!  ou  r  (10)  est  déjà  plus  grand  que  300  000. 

[9!]!  ou  r  {r(10)j  a  plus  de  400000  chiffres,  et  [(9!>!]!  ou  r  [  r  ir(10)j]  représente  un 
nombre  dont  le  nombre  des  chiffres  lui-même  compterait  encore  plus  de  400  000  chiffres. 
Mais,  dans  Tarticle  auquel  vous  faites  allusion,  on  n'a  eu  en  vue  que  des  nombres  ayant 
une  signification  concrète. 

M.  ^.ARGHBR,  à  Paris.  —  Envoyez  à  M.  Gérigny  l'énoncé  précis  du  problème  que 
vous»  -.irez  résoudre.  Pour  le  moment,  on  ne  peut  faire  d'autre  réponse  à  votre  lettre 
que»         ous  conseiller  d'étudier  la  Mécanique  rationnelle. 

y  >  Adolphe  Mbrlani,  à  Bologne.  —  Le  pied  Gauchoix,  décrit  et  figuré  à  la 
p<  K\e  l'Ouvrage  Les  Etoiles  et  les  curiosités  du  Ciel,  est  très  commode,  si  l'on 

d*  'me large  place,  de  quelques  mètres  carrés,  pour  le  faire  mouvoir.  Autrement, 

pi  Jui  de  la   fîg^.   399,  page  683,  Nous   recommanderons    toujours  la  lunette 

/  Prendre  l'équatorial  de  r450''  si  l'on  veut  faire  des  observations  sérieuses. 

«iis,  à  St-Pons.  —  La  nébuleuse  que  vous  avez  remarquée  au-dessus  de  Ç 
t  C  être  celle  qui  est  signalée  à  la  page  470  des  Etoiles,  Prière  de  nous  envoyer 

u  Jiagramme  de  o  Orion. 

^rommandant  Serval,  à  Toulouse,  M.  Paul  Maisonneuve,  à  Nantes.  M.  Fugai- 
RO  'aris,  et  M.  M.,  à  Avignon.  --  Nous  avons  reçu  vos  projets  de  calendrier  qui 

ont        classés  parmi  les  mémoires  inscrits. 

M.  ÔUS8E,  à  Toulouse.  —"  La  Science  est  loin  d'avoir  dit  son  dernier  mot  dans  Texpli- 
catio*  les  queues  cométaires.  La  lumière  et  Téther  jouent  un  rôle  important  dans  ces 
appart  ces.  C'est  la  comète  de  1843  qui  a  frôlé  le  Soleil,  .et  il  ^n  a  été  de  même  des 
grande^  comètes  de  1880  et  1882. 

M.  T.  L.  et  R.  DE  G.,  à  Braïla.  —  Nous  avons  reçu  cette  étude  très  intéressante,  et 
nous  serons  heureux  de  l'offrir  prochainement  à  nos  lecteurs. 

M.  H.,  à  Vic-sur-Aisne.  —  On  pourrait  dire,  en  effet,  que  la  Terre  court  1768  fois  plus 
vite  qu'un  train  express,  si  Ton  adoptait  comme  comparaison  la  vitesse  de  60^*"  par 
minute.  Mais  on  a  pris  comme  comparaison  la  vitesse  la  plus  rapide,  soit  environ  100'^"' 
à  l'heure.  Lavitesse  de  translation  du  Soleil  n'est  pas  connue  avec  précision. 

Un  abonné  de  TlUe-et- Vilaine.  —Nous  sommes  très  heureux  de  connaître  les  résul- 
tats que  vous  avez  obtenus  avec  la  lunette  de  95'»"  de  Bardou:  mais  nous  ne  pourrions 
les  publier  qu'avec  votre  nom,  car  autrement  on  a  le  droit  de  les  supposer  apocryphes. 

M.  Joseph  M.  Serra,  à  Barcelone.  —  Notre  intention  est  de  parler  des  théories  dans 
notre  prochain  article  sur  les  tremblements  de  terre.  Il  y  a  beaucoup  d'objections  contre 
la  théorie  électrique. 

M.  Emile  Lafosse,  à  Elbeuf.  —  Veuillez  recevoir  tous  nos  regrets.  Vous  verrez  par 
ce  Numéro  que  votre  appréciation  n'est  peut-être  pas  tout  à  fait  exacte,  car  il  renferme 
précisément  entre  autres  un  article  d'Astronomie  mathématique  qui  sans  doute  vous 
intéressera. 

M.  Raphaël  François,  à  Gallipoli.  —  Nous  vous  remercions  de  vouloir  bien  propager 
la  vérité  astronomique  dans  votre  belle  langue.  Nous  serons  très  heureux  de  recevoir 
votre  Ouvrage. 


LIBRAIRIE  DE  GAUTHIER-VILLARS. 

(Bntoi  fitaaco  CObtre  mnAW  et  poflte  oo  vtlfliir  nir  Purit*) 

ANORfi  et  RAYET,  Astronomes  adjoints  C  l'Observatoire  de  Paris,  et  AHGOT,  Professeur 
(lo  Ptiysique  au  Lycée'  Fontanes.  —  L  Uironomie  pratlciae  et  les  Obsenratoirei  en 
Europe  et  en  Amériqae,  depuis  le  mili^  i  du  xvir  siècle  jusqu'à  nos  jours.  Xn-t8jêsus, 
avec  belles  figures  dans  le  texte  et  pi  a    Thés  en  couleur.  • 

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•    ^IV* Partie  '.Amérique  du  Sv  '   et  Météorologie  améri- 
caine; 1881 âfr. 

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FAJE  (H.),  Membre  de  l'Institut  et  du  Bv  oau  des  Longitudes.  -~  Sur  l'origine  du  Monde. 
Etudes  cosmogoniques  dés  anciens  cL  des  modernes.  Un  beau  volume  in-8,  avec 
figures  dans  le  texte;  1884.  5  fr. 

FATE  (H.).  —  Cours  d'Astronomie  de  l'Ecole  Polytochnique.  2  beaux  volumes  grand  in-8 
avec  nombreuses  figures  et  Cartes  dans  le  texte. 
1"  Partie  :  Astronomie  sphérique,  —  Géodésie  et  Géoqraphie  mathématique  ; 
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!!•  Partie  :  Astronomie  solaire.  —  Théorie  de  la  Lune.  —  Navigation,  1883.    14  ?r . 

FLAMMARION  (Camille),  Astronome.  —  Catalogue  des  Étoiles  doubles  et  multiples  en' 
mouvement  relatif  certain,  comprenant  toutes  tes  observations  faites  sur  chaque  couple 
depuis  sa  découverte  et  les  résultats  conclus  de  Tétude  des  mouvements.  Grand  in-8  ; 
1878.  .  8  fr. 

JENKIN  (Fleendng),  Professeur  de  Mf^'^pniaue  à  TUniversité d'Edimbourg.  —Électricité 
et  Maçrnétisme. Traduit  de  Tanfflais  sur  la  7*  édition  par  M.  H.  Berger,  Directeur- 
Ingénieur  des  lignes  télégraphiqu^^s,  ancien  Élève  de  VÉcole  Polytechnique,  et 
M.  Croullebois,  Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Besançon,  ancien  Élève  de 
l'École  normale  supérieure.  Edition  française  augmentée  de  Notes  importantes  sur  les 
lois  de  Coulomb,  la  déperdition  élt^ctrique,  le  potentiel,  les  tubes  de  force,  Yéner- 
gie  électrique,  la  transmission  de  la  force,  etc....  Un  fort  volume  petit  in-S,  avec 
270  figures  dans  le  textej  1884.  '  12  fr. 

Avis  des  Traducteurs.  —  En  Angleterre,  le  livre  de  M.  F.  Jenkin  sur  rÉlectricité  et  IcMague* 
tisme  est  classique  :oaI'étQdie  dans  les  UtiivorsUés,  et  les  ingénieurs  électriciens  ne  manquent 
pas  de  le  placer  au  nombre  des  quelques  traités  spéciaux  qu'ils  mettent  à  la  disposition  de  leur  per- 
sonnel dans  chaque  atelier.  On  ne  s*éionno.ra  pas,  en  présence  de  ce  succès,  que  sept  éditions 
aient  été  épuisées  en  quelques  années. 

Frappcri  du  mt^rite  théorique  et  pratique  le  de  livre  et  convaincus  qu*une  traduction  française 
serait  favorablement  accueillie  de  toutes  le>  personnes,  qui,  par  goût  ou  en  raison  de  leur  profes- 
sion, s'intéressent  à  cette  branche  de  la  Phvaique,  nous  avons  entrepris  le  travail  que  nous  offrons 
au  public.  L'OËuvre  de  M.  F.  Jenkin  a  été  1:  lèiement  respectée  ;  mais  il  nous  a  paru  utile  d'ajouter 
à  la  tin  de  TOuvrage  plusieurs  Notes  qui  en  faciliteront  la  lecture. 

MAXWELL  (James  Clerk)*  Professeur  de  Physique  expérimentale  à  l'Université  de  Cam« 
bridge.  —  Traité  de  r£lectriciié  et  du  Magnétisme.  Traduit  de  langlais  sur  U  2*  édi- 
tion, par  M.  SisLiOMANN-Lui,  ancien  î^lève  de  FËcole  Polytechnique,  Ingénieur  des 
Télégraphes,  avec  Notes  et  Éclaircissements,  par  MM.  Cornu,  Potier  et  Barrau, 
Professeurs  à  l'École  Polytechnique.  Deux  forts  volumes  grand  in-8,  avec  figures  et 
20  planches  dans  le  texte. 

Prix  pour  les  souscripteurs.  ^l^?^  ^''' 

Ce  prix  de  2.ô  francs,  qui  sera  augmenté  une  fols  l'Ouvrage  complet,  se  paie,  savoir  :  l^liUiiQ)  en 

.souscrivant  et  12  fr.  50  à  la  réception  du  dernier  fascicule  du  second  Volume.                       iqq 
L'Ouvrage  sera  pnblié  en  6  fascicules  formant  2  volumes.  .■' ^ 

Le  premier  fascicule  du  Tome  I  (xX'12â)  vient  de  paraître. 

SOUGHON  (Abel),  Membre  adjoint  au  Bufeau  des  Longitudes,  attaché  à  la  rt  AldébaIo 
la  Connaissance  des  Temps.  —  Traité  d'Astrononue  pratique,  comprena  p-^^„--.:^ 
8ITI0N  DU  Calcul  des  Ëphéubrides  astronomiqubs  et  nautiqdps,  d'après  le:  ^*^®®°^*^ 
en  usage  dans  la  composition  de  la  Connaissance  des  Temps  et  du  Nautica.  ""isuît  le  11 
avec  une  Introduction  historique  et  de  nombreuses  Notes.  Grand  in-8,  avi. 
1883.  ^xacte'.'. 

TRUTATfB.),  Conservateur  du  Musée  d'Histoire  naturelle  de  Toulouse.— Trait?  Beai  b- 
taire  da  microscope.  Un  joli  volume  petit  in-8,  avec  171  figures  dans  "  le; 
1882.  Broch('?SSP,fr. 

Carton  '^  )  fr. 
yiDAL  (Léon).  —  Calcul  des  temps  de  jpose  et  Tables  pbotométriqnes,  pour  Tapi  ^lation 
des  temps  de  pose  nécessaires  à  l'impression  des  épreuves  négatives  à  la  '  .ambre 
noire,  en  raison  de  Tintensité  de  la  lumière,  de  la  distance  focale,  de  la  sensibilité 
des  produits,  du  diamètre  du  diaphragme  et  du  pouvoir  réducteur  moyen  des  objets  à 
reproduire.  2*  édition.  In-18  jésus,  avec  tables  ;  1884.  2  fr.  50  c. 

yiDAL  (Léon).  —  Photomètre  négatif,  avec  une  Instruction.  Renfermé  dans  un  étui 
cartonné.  5  fr. 

VIDAL  (Léon).  —  Mannel  dn  touriste  photographe.  2  volumes  in-18  jésus,  avec  nom- 
breuses figures,  se  vendant  séparément  : 
l'*  Partie  ;  Couches  sensibles  négatives.  —  Objectifs.  —  Appareils  portatifs.  — 
Obturateurs  rapides.  —  Pose  et  Photométrie.  —  Développement  et  fixage.  —  Ren- 
forçateurs et  réducteurs.  ^  Vernissage  et  retouche  des  négatifs;  1885.  6  fr. 
!!•  Partie.                                                                                            {Sous  presse.) 

Paris.  —  Imp.  Gauthier- Villars,  55,  quai  des  Grands-Augustina   . 


4*  Année. 


N*  3. 


Mars  1885. 


REVUE  MENSUELLE 

D'ASTRONOMIE  POPULAIRE 

DE  MÉTÉOROLOGIE  ET  DE  PHYSIQUE  DU  GLOBE, 

DONICANT    LB    TABLEAU    PERMANENT    DES    DÉC0UVBBTE8    ET    DBS    PROGRÈS    RÉALISÉ? 
DANS    LA    CONNAISSANCE    DE    L'UNIVBRS 

PUBLIÉE    PAR 

CAMILLE  FLAMMARION, 

AVEC  LE  CONCOURS  DES 

PRINCIPAUX  ASTRONOMES  FRANÇAIS  ET  ÉTRANGERS 


ABONNEMENTS  POUR  UN  AN: 

Paris  :  12  fr.  —  Départements  :  13  fr.  —  Étranger  .*  14  fr. 

Prix  du  Nuidao  :  1  fr.  20  o. 

La  Revue  parait  le  i*'  de  chaque  Mois. 


%'/^  PARIS. 

GAUTHIËR-YILLARS,  IHPRIHËUR-LIBRAIRE 

DE    l'observatoire    DE    PARIS, 
Quai  des  Au^ustins,  55. 

18«5 


SOMMAIRE  DU  N»  3  (MÂR9  1885). 

Les  tremblements  de  terre,  par  M.  C.  Flammarion  (5  figure»).  —  NouTelles  obserratlons 
sur  Jupiter,  par  M.  W.-P.  Denning,  astronome  à  Bristol  (2  figures).  —  Mouvement  propre 
d'une  étoile  de  1 1*  grandeur  (ô  figures).  —  Étude  Océanographiqiie,  par  le  colonel  H.  Ma- 
THiESEN  (1  figure).  —  Nouvelles  de  la  Science.  Variétés  :  Six  trombes  marines  observées 
dans  IVspace  d'une  demi-heure,  par  M««  Julia  Braddon  (3  figures).  Halo  et  parhélies  observés 
à  Orléans  (1  figure).  Les  lueurs  crépusculaires.  —  ObservationM  astronomiques,  par  M.  E. 
ViMONT  (2  figures). 


PRINCIPAUX  ARTICLES  PUBLIÉS  DANS  L.A  REVUE. 

A.  D*ABBADIE,  de  l'Institut.  —  Choix 'd'un  premier  méridien. 

ARAGO  (V.).  —  L.e  soleU  de  Minuit. 

BERTRAND  (J.),  de  l'Institut.  —Le  satellite  de  Vénus. 

BOË  (A.  De),  astronome  à  Anvers.  —  L'Etoile  polaire. 

DAUBRÊE«  Directeur  de  l'Ecole  des  mines.  —  Les  pierres  tombées  du  Ciel. 

DENNING  (A.),  astronome  à  Bristol.  —  Observations  télesoopiques  de  Jupiter,  de  Vénus 
de  Mercure. 

DENZA  (P.),  Directeur  de  l'Observatoire  de  Moncalieri.  —  Chute  d*un  uranolithe  en  Italie. 

DETAILLE,  astronome.  —  L*atmosphere  de  Vénus.  —  Nouvelles  mesures  des  anneaux 
de  Saturne.  —  Les  tremblements  de  terre. 

FAYE,  Président  du  Bureau  des  Lon&fitudes.  —  Nouvelle  théorie  du  Soleil.  —  Distribution 
des  taches  solaires.  —  Mouvements  lents  du  sol  en  Suisse.  --  La  formation  du  sys- 
tème solaire. 

FLAMMAlilON  —  Les  carrières  astronomiques  en  France.  —  Conditions  d'habita- 
bilité de  la  planète  Mars.  —  Constitution  physique  des  comètes.  —  Une  genèse  dans 
le  Ciel.—  Comment  on  mesure  la  distance  du  soleil.  —  Les  étoiles,  soleils  de  Tinfinl.  — 
D'où  viennent  lès  pierres  qui  tombent  du  Ciel  ?  —  Les  étoiles  doubles.  —  Chute  d'un 
corpsau  oentre  de  la  terre.  —  La  conquête  des  airs  et  1^  centenaire  de  Montgolfler.  — 
Les  grandes  marées  au  Mont  Saint- Michel.  —  Phénomènes  météorologiques  obser- 
vés en  ballon.  —  Une  excursion  météorologique  sur  la  planète  Mars.  —  Les  flam- 
mes du  Soleil-  —  Les  illuminations  crépusculaires  et  le  cataclysme  de  Krakatoa-  — 
La  planète  transneptunlenne.  —  L*é  toile  du  Berger.  —  L'histoire  de  la  Terre.  —  Les 
victimes  de  la  foudre. 

FOREL  (le  Professeur).  —  Les  tremblements  de  terre. 

GAZAN  (Colonel).  —  Les  taches  du  soleil. 

GÉRIGNY,  astronome.  —  Comment  la  lune  se  meut  dans  l'espace.  —  Ralentissement  du 
mouvement  de  la  Terre.  —  La  formation  du  système  solaire.  —  Etudes  sélénographi- 
ques.  —  L'équatorial  coudé  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  L'héliomètre.  —  La  nais- 
sance de  la  Lune. 

HENRT,  de  l'Observatoire  de  Pari.<.  —  Découvertes  nouvelles  sur  Uranus. 

HBRSCHEL  (A.-S.).—  Chute  d'un  uranolithe  en  Angleterre. 

HIRN,  correspondant  de  l'Institut.  —  Conservation  de  l'énergie  solaire.  —  Phénomènes 
produits  sur  les  bolides  par  l'atmosphère.  —  La  température  du  Soleil. 

HOUZEAU,  Directeur  de  l'Observatoire  de  Bruxelles.  —  Le  satellite  de  Vénus. 

HUGKjrINS,  de  la  Société  royale  de  Londres.  —  Les  environs  du  Soleil. 

JAMIN,  de  rinstitut.  —Qu'est-ce  que  la  rosée? 

JANSSBN,de  l'Institut,  directeur  de  l'Observatoire  de  Meudon.  ~  La  photographie  céleste.  — 
Résultats  de  l'éclipsé  de  Soleil  du  6  Mai  1883. 

LEMAIRB'TESTB,  de  l'Observatoire  de  Rio-Janeiro.  —  Choix  d'un  premier  méridien. 

LEPAUTE.  —  Quelle  heure  est-il?  —  Le  temps  vrai,  le  temps  moyen  et  les  cadrans 
solaires.  —  La  chaleur  solaire  et  ses  applications  industrielles. 

LBSSBPS  (de).  —  Les  vagues  sous-marines. 

MOUCHEZ  (amiral),  directeur  do  l'Observatoire  de  Paris.  —  Travaux  actuels  de  l'Observa 
toire  de  Paris.—  L'Observatoire  du  Pic  du  Midi.—  Création  d'une  succursale  de  l'Ob- 
servatoire. 

MOURBAUX  (Th.),  météorologiste  au  Bureau  central.  —  Les  inond|ttions. 

PARMENTIBR  (général).  —  Distribution  des  petites  planètes  dans  l'espace. 

PBRROTIN,  directeur  de  l'Observatoire  de  Nice. —La  comète  de  Pons.  —  La  planète  Uranus 

PROCTOR,  astronome  à  Londres.  —  Le  Vésuve  et  ISGHIA. 

RICCd,  astronome  â  l'Observatoire  de  Palerme.  —  La  grande  comète  de  1882.—  La  tache 
rouge  de  Jupiter.  —  Les  taches  du  Soleil. 

ROCHE  (J.),  correspondant  de  l'Institut.  —Constitution  intérieure  du  globe  terrestre.  — 
Variations  périodiques  de  la  température  pendant  le  cours  de  l'année. 

SCHIAPARELLI,  directeur  de  l'Observatoire  de  Milan.  —  Les  canaux  de  la  planète  Mars 

TACCHINI,  directeur  do  l'Observatoire  de  Rome.  —  Statistique  des  taches  solaires. 

THOLLON,de  l'Observatoire  de  Nice. —Mouvements  sidéraux.  —  Éruptions  dans  le  Soleil 

TROUVELOT,  de  l'Observatoire  de  Meudon.  —  La  comète  de  Pons.  —  Ombres  observées 
sur  le  Soleil.  —  La  planète  Mars  en  1884. 

VIGAN,  ingénieur  en  clief  des  Ponts  et  Chaussées.  —  Les  marées  de  la  Méditerranée. 

VIMONT.  —  Observations  astronomiques  de  chaque  mois. 


Les  communicailions  reUtivea  à  la  rédaction  doivent  être  adressées  à  M.  C.  Flammarion,  Direc- 
teur de  (a  Revue.  36,  avenue  de  l'Observatoire,  à  Paris,  ou  à  l'Observatoire  de  Juvisy 
vu  bien  à  M.  Oèrigny,  Secrétaire  de  la  Rédaction^  41,  rue  du  Montparnasse ,  à  Paris. 

Le  plan  du  Journal  comporte  une  grande  variété  d'articles.  Chaque  Numéro  con' 
tient  des  descriptions  de  science  populaire  rédigées  pour  les  lecteurs  qui  ne  font  pas 
profession  de  science,  pour  les  gens  du  monde  en  général;  des  études  plus  appro- 
fondies destinées  aux  astronomes  amateurs;  et  des  recherches  intéressant  leê 
savants  curieux  de  pénétrer  de  plu^  en  plus  les  grands  problèmes  de  la  nature. 


—  £.*ASTRONOMIB.  —  81 

LES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE. 

Notre  premier  article  (*)  a  expose  dans  son  ensemble  la  catastrophe  ter- 

Fig.  31. 


Tremblements  de  terre  de  l'Espagne  :  les  ruines  d'Alhama. 

rible  qui  vient  de  désoler  les  plus  belles  provinces  de  l'Espagne.  Certains 
détails  caractéristiques  ont  dii  être  passés  sous  silence,  au  milieu  du  monceau 
de  documents  que  nous  désirions  résumer  pour  nos  lecteurs.  Il  importe  d'y 

(*)  Voir  la  Revue  de  Février  p.  60. 

Mars  1885.  3 


82  L'ASTRONOMIE. 

revenir  nn  instant,  d'embrasser  dans  leur  étendue  les  divers  tremblements 
de  terre  qui  se  sont  produits,  pendant  cette  période  critique,  en  des  lieux  très 
éloignés  les  uns  des  autres,  de  chercher  si  ces  phénomènes  distincts  sont  rat- 
tachés entre  eux  par  des  rapports  d'origine,  et  de  profiter,  si  c'est  possible, 
de  celte  grave  circonstance  pour  obtenir  une  conclusion  scientifique  ration- 
nelle sur  l'explication  des  tremblements  de  terre,  et  par  cela  même  sur  la 
constitution  intérieure  de  notre  planète. 

Et"  d'abord,  reprenons  les  premières  impressions  directes  ressenties  parles 
témoins  oculaires. 

J'écrivais,  cette  nuit  de  Noël,  dans  mon  cabinet,  un  instant  avant  neuf  heures, 
dit  un  correspondant  de  la  Société  scientifique  Flammarion,  de  Jaén  (<)  lorsque 
les  oiseaux  qui  étaient  en  cage  pressentirent,  avec  leur  merveilleux  Instinct, 
quelque  chose  d'extraordinaire,  et  instantanément,  comme  touchés  par  une  faible 
décharge  électrique,  ils  tremblèrent,  et,  saisis  d'épouvante,  cherchèrent  à  sortir 
de  leur  cage. 

Étonné,  et  sans  me  rendre  compte  de  la  cause  d'un  tel  tumulte,  j'entendis, 
une  seconde  plus  tard,  un  retentissement  éloigné  accompagné  de  coups  de  plus 
en  plus  forts,  qui  ressemblaient  au  bruit  d'une  voiture  roulant  sur  une  route  iné- 
gale. C'est  la  première  pensée  qui  me  vint  à  l'esprit. 

Mais,  comprenant  que  le  bruit  d'une  voiture  ne  pouvait  produire  cette  impres- 
sion inconnue  chez  les  oiseaux  et  chez  moi,  je  pressentis  que  je  me  trouvais  en 
présence  d'un  phénomène  extraordinaire. 

Tandis  que  toutes  ces  idées  s'amoncelaient  confuses  dans  mon  cerveau,  il  me 
sembla  que  ma  vue  se  troublait  :  cette  sensation  était  causée  par  l'aspect  insolite 
du  mouvement  de  tous  les  objets,  mouvement  oocasionné  par  Toscillation  ter- 
restre qui  commençait.  Quelques  instants  plus  tard,  elle  fut  si  épouvantable  qu'il 
était  impossible  de  rester  debout. 

Les  lampes  se  balançaient  comme  le  pendule  d'une  horloge,  les  clochettes  son- 
naient, les  portes,  les  ïnurs  et  tous  les  objets  craquaient  comme  s'ils  eussent  été 
agités  par  un  être  vivant.  Si  mes  sens  ne- me  trompent,  Toscillation  dura  cinq 
secondes. 

M.  Félix  Vallaure,  de  Linares,  dont  les  premières  observations  ont  été 
publiées  dans  notre  précédent  article,  a  envoyé  d'autre  part  à  la  môme 
Société  (*)  les  importants  et  intéressants  documents  que  nous  allons  résumer. 

La  province  de  Grenade  est  celle  qui  a  le  plus  souffert.  Il  y  a  plus  d'un 
millier  de  morts  dans  cette  seule  province,  des  blessés  innombrables;  la  ruine 
et  la  désolation  sont  partout  répandues.  A  Grenade  même,  à  la  première 
secousse,  un  rédacteur  iVEl  Defensor  raconte  qu'il  se  trouvait  au  journal, 

(*)  Voir  le  Bulletin  mensuel  de  la  Société  scientifique  Flammarion,  d'Argentan, 
N*  de  Janvier  1885. 


LES   TREMBLEMENTS   DE  TERRE.  83 

à  8**  55°*  du  soir,  le  25,  lorsqu'il  sentit  une  rumeur  sourde  et  prolongée  qu'il 
attribua  à  la  machine  à  imprimer.  Bientôt  il  comprit  la  réalité  par  la  trépi- 
dation des  vitres  et  les  oscillations  de  la  lampe  qui  se  mouvait  comme 
un  pendule  (du  Sud  au  Nord,  en  faisant  un  arc  de  cercle  de  10^  à  12**).  Le  pre- 
mier mouvement  fut  oscillatoire  et  suivi  d'une  autre  trépidation  qui  dura  de 
14  à  15  secondes.  La  maison  frémissait  d'une  manière  terrible.  Tous  sortirent 
précipitamment.  Lorsqu'ils  arrivèrent  à  la  porte  de  la  rue,  le  mouvement 
trépidatoire  durait  toujours.  Il  y  avait  sur  la  place  beaucoup  de  monde,  et 
tous  les  habitants  avaient  abandonné  leurs  demeures.  Une  clameur  confuse, 
pareille  à  la  rumeur  des  vagues,  s'élevait  dans  toute  la  ville.  On  ne  peut  pas 
décrire  l'effroi  qui  se  produisit  alors.  Au  n**  6  de  la  rue  San-Geronimo,  habi- 
taient plus  de  trente  familles.  Lorsque  les  oscillations  commencèrent,  on 
entendit  un  bruit  capable  de  hérisser  les  cheveux  du  plus  hardi,  a  La  maison 
s'écroule  !  La  maison  s'écroule  !  »  fut  le  cri  général,  et  tous  s'élancèrent 
vers  les  corridors.  Mais  tous  s'arrêtèrent  épouvantés:  on  ne  voyait  rien.  Une 
épaisse  poussière  obscurcissait  l'air  environnant,  une  pluie  de  débris  et  de 
matériaux  tombait  dans  la  cour.  Les  personnes  les  plus  pieuses  se  mirent  à 
genoux  et  prièrent.  Le  tremblement  passé,  toutes  sortirent  dans  la  rue,  tra- 
versant la  cour  pleine  de  décombres  de  tuiles  et  de  briques. 

Avant  la  première  secousse,  on  avait  remarqué  une  grande  dépression  baro- 
métrique; des  éclairs  brillaient  au  milieu  du  ciel  couvert.  Le  lendemain,  le 
ciel,  quoique  sans  nuages,  était  encore  sillonné  de  nombreux  éclairs. 

Le  6  janvier,  à  cinq  heures  du  soir,  une  très  forte  secousse  s'est  fait  sentir 
pendant  trois  secondes  ;  des  écroulements  sont  survenus,  et  les  scènes  de 
terreur  se  sont  renouvelées  comme  auparavant. 

* 

La  ville  d'Alhama  est  située  au  centre  de  ce  qu'on  appelle  un  tajo 
(coupure).  Elle  est  formée  par  une  série  de  hauts  rochers  parallèles,  au 
milieu  desquels  court  la  rivière  Marchai.  Elle  est  divisée  en  haute  et  basse 
\ille  et  comptait  10,000  habitants. 

Lors  du  premier  tremblement  de  terre,  le  25  décembre,  toute  la  ville  haute 
glissa,  et  les  maisons  des  vingt-deux  rues  vinrent  tomber  sur  la  ville  basse 
qui  fut  entièrement  engloutie.  Il  y  avait  5  églises,  5  ermitages,  1  couvent  de 
sœurs,  l'hôpital,  la  mairie,  1  théâtre,  des  écoles  ;  il  ne  reste  qu'un  monceau 
de  ruines.  On  a  retiré  des  débris  302  morts,  dont  112  enfants,  101  femmes  et 
89  hommes,  282  blessés,  sans  compter  10,000  animaux  et  des  quantités  de 
provisions  de  tous  genres,  entre  autres  200.000  fanegars  de  céréales. 

Dans  la  place  et  les  (ilentours  campent  sept  mille  personnes,  et  l'on  voit 
beaucoup  de  femmes  moitié  nues,  ou  vêtues  de  deuil,  et  grand  nombre  d'en- 


84  L'ASTRONOMIE. 

fants,  aussi  à  demi-nus,  entourés  d'animaux  et  des  effets  que  ces  pauvres 
familles  ont  pu  sauver.  Les  prêtres  et  les  médecins  parcourent  les  groupes 
en  portant  des  secours.  Les  hommes  travaillent  sans  relâche  à  remuer  les 
décombres,  en  cherchant,  avec  les  soldats,  les  restes  de  leurs  familles.  Lors- 
qu'on trouve  un  mort  sous  les  débris,  son  père,  sa  mère,  son  mari  ou  ses  fils 
s'élancent  sur  le  corps  en  sanglotant,  réunissent  ses  membres  brisés  et  l'em- 
portent au  cimetière.  Mais  celui-ci  n'a  pas  été  épargné.  Le  tremblement  a 
rejeté  les  cercueils  hors  de  terre  et  des  restes  humains  gisent  épars  sur  le  sol. 
L'odeur  est  horrible. 

Ajoutez  à  cela  une  misère  épouvantable;  un  pain  de  deux  livres  se  partage 
entre  huit  personnes.  La  plupart  des  gens  n'ont  pu  manger  pendant  trois  jours. 

Des  quartiers  de  roches  détachés  de  la  montagne  abrupte  sur  laquelle  une 
partie  d'Alhama  était  construite  ont  été  lancés  avec  les  maisons  à  près  de 
cent  mètres  de  distances,  dans  la  direction  Nord -Sud. 

Une  des  crevasses  qui  se  sont  formées  s'est  refermée  presque  aussitôt  et 
cela  en  passant  à  travers  la  route  qui  conduit  de  Loja  à  Âlhama  ;  ce  mou- 
vement du  sol  surprit  un  muletier  avec  ses  hôtes  ;  le  dernier  mulet  tomba 
dans  la  crevasse,  qui  en  se  refermant  ne  lui  laissa  que  la  tête  hors  du  sol 
(fig.  35). 

Sur  la  pente  droite  des  Alpujarras  et  dans  le  fond  de  la  vallée  de  Segrin, 
entourée  d'épais  oliviers,  se  trouvait  le  bourg  Albunuelas,  aujourd'hui  mon- 
ceau de  ruines,  que  l'on  contemple  du  haut  de  rochers  élevés,  où  il  faut 
monter  pour  redescendre  vers  le  village.  La  vue  de  ce  désastre  est  encore 
plus  triste  et  plus  effrayante  qu'à  Alhama.' 

Le  village  où  l'on  voit  encore  quelques  tours  du  temps  des  Arabes  était 
formé  par  trois  quartiers  :  l'un  assis  dans  la  vallée,  l'autre  parcourant  le  bas 
de  la  montagne,  et  le  troisième,  où  se  trouve  l'Église,  séparant  les  deux  autres. 
Les  maisons  étaient  fort  modestes,  même  pauvres.  Il  n'en  reste  pas  une 
debout.  Il  serait  bien  difficile  qu'une  personne  n'ayant  pas  connu  le  village 
put  deviner  où  étaient  ses  rues.  On  sait  que  102  femmes,  .53  hommes  et 
24  enfants  ont  péri,  et  qu'il  y  a  eu  286  blessés.  Beaucoup  de  ceux-ci  sont  res- 
tés abandonnés  dans  les  caves  pendant  quarante-huit  heures. 

Dans  une  maison  où  l'on  veillait  le  cadavre  d'un  enfant,  vingt  et  une  per- 
sonnes furent  écrasées. 

Lors  de  la  première  secousse,  une  pauvre  femme,  qui  était  enceinte,  s'en- 
fuit, comme  beaucoup  d'autres,  et  se  réfugia  dans  une  cave  où  peu  de  temps 
après  elle  accoucha.  Cette  malheureuse  venait  de  laisser  ensevelir  une  autre 
fille  sous  les  décombres  de  sa  maison. 


LES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE. 


85 


La  nuit  du  25  fut,  hélas  1  des  plus  terribles.  Aux  continuelles  oscillations 
du  sol  s'ajoutait  une  épouvantable  tempête,  et  la  pluie  tombait  sans  discon- 

Fig.32. 


Les  tremblements  de  terre  de  TËspagne.'  Effets  de  la  première  secousse. 

tinuer.  L'Église  a  été  engloutie  jusqu'à  sa  flèche.  Des  maisons  avec  leurs 
habitants  et  les  animaux  ont  disparu  dans  d'autres  crevasses. 


On  a  déjà  vu  par  notre  premier  article  que  le  village  de  Périana  a  été 
englouti  sous  Péboulement  de  la  montagne  qui  le  dominait.  Depuis,  le  sol  a 


86  LASTHONOMIR. 

été  tellement  bouleversé  dans  tous  les  environs  que  les  limites  des  propriétés 
rurales  ont  disparu  et  que  les  propriétaires  ne  reconnaissent  plus  leurs  terres. 

A  Santa-Cruz  de  Alhama,  toutes  les  maisons  et  l'église  se  sont  écroulées.  On 
a  retiré  des  débris  cinquante  morts.  I^e  village  se  composait  de  708  habitants 
et  747  maisons.  Il  est  à  noter  que  l'oscillation  la  plus  violente  a  été  la  troi- 
sième ;  la  première,  c'est-à-dire  celle  du  25,  à  9**  du  soir,  a  été  à  peine  sensible. 

A  Malaga,  un  séminariste  a  été  tellement  impressionné  qu'il  est  devenu 
muet.  L'hôpital  a  été  évacué;  200  maisons  sont  en  ruines. 

A  Séville,  un  vieillard  qui  se  trouvait  à  table  mourait  quelques  minutes 
après  le  tremblement  de  terre.  La  célèbre  cathédrale  est  très  endommagée. 

A  Cordoue,  écrit  encore  notre  correspondant,  une  personne  était  occupée  à 
faire  habiller  le  cadavre  d'un  de  ses  amis,  lorsque  le  tremblement  de  terre 
arriva,  lui  fit  perdre  l'équilibre  et  la  lança  contre  le  visage  du  mort. 

A  Jayena,  une  jeune  fille  de  seize  ans,  nommée  Milesia,  causait  avec  son 
fiancé,  lorsque  la  chute  d'un  toit  vint  l'écraser;  les  débris  enfermèrent  en 
même  temps  son  ami  auprès  d'elle.  On  parvint,  après  une  heure  de  déblaie- 
ment, à  retirer  celui-ci  vivant. 

Dans  une  autre  maison,  un  père  et  sa  .fille  se  chauffaient  auprès  du  foyer 
lorsque  la  maison  s'écroula.  Quand  on  les  retira,  on  trouva  le  corps  de  la  fille 
entièrement  carbonisé. 

Près  du  village,  de  profondes  crevasses  se  sont  ouvertes  dans  le  lit  de  la 
rivière;  celle-ci  a  disparu  et  les  habitants  n'ont  plus  d'eau.  Un  détail  qui 
donne  une  idée  de  la  situation  mentale  des  témoins  de  la  catastrophe  :  l'un 
de  ceux-ci  parcourait  les  baraques  de  campement,  portant  un  Christ  à  la 
main  et  suivi  d'une  troupe  de  malheureux,  en  criant  que  l'image  versait  des 
larmes. 


Mais  il  serait  interminable  de  se  faire  l'écho  de  toutes  les  particularités 
dramatiques  qui  ont  marqué  cette  inoubliable  catastrophe.  On  a  vu  dans 
notre  premier  article  Téboulement  et  la  destruction  de  divers  villages  de  cette 
zone,  tels  que  :  Arenas  del  Rey,  Jatar,  Motril,  Zafarraya,  Nerja,  Periana, 
Torrox,  Competa,  etc.  Sans  insister  sur  ces  détails,  quelque  soit  leur  multiple 
intérêt,  abordons  maintenant  l'étude  générale  du  phénomène. 

M.  FOLACHE,  de  JaÇn,  fait  remarquer  que,  très  intense  dans  l'Andalousie,  le 
tremblement  de  terre  s'est  fait  sentir,  comme  nous  l'avons  vu,  jusqu'à  Madrid; 
mais  beaucoup  moins  fort,  et  a  passé  complètement  inaperçu  dans  les  pix)- 
vinces  de  Ciudad  Real  et  de  Tolède,  situées  entre  Grenade  et  Madrid  et  com- 
prenant les  vastes  plaines  de  la  Manche.  Ce  sont  des  terrains  sédimentaires, 
sans  élasticité,  à  travers  lesquels  les  vibrations  se  sont  éteintes. 


Fig.  33. 


Vue  générale  des  crevasses  &  Guevejar,  d'après  uae  photographie. 


88  L'ASTRONOMIE. 

Cette  remarque  est  d'autant  plus  intéressante  que  la  violente  secousse  de 
de  8*»  53"  paraît  avoir  été  ressentie  en  Angleterre,  sans  que  personne,  en  France 
ni  sur  les  bords  de  l'Océan,  Tait  observée.  On  conçoit  fort  bien,  du  reste,  que, 
si  des  roches  granitiques  dures,  composites,  sont  disposées  en  forme  de 
cuvette,  dont  les  bords  émergeraient,  par  exemple,  à  Grenade  et  à  Madrid,  et 
dont  rintérieur  serait  occupé  par  des  terrains  mous  ou  sablonneux,  une 
vibration  quelconque  communiquée  à  ce  banc  de  roches  se  transmettra  d'une 
extrémité  à  l'autre,  mais  ne  se  communiquera  que  faiblement  aux  terres  qui 
remplissent  la  cuvette  et  seulement  sur  leurs  bords  contigus  aux  roches 
vibrantes.  Le  mouvement  s'éteindra  très  vite  en  un  pareil  milieu,  et  les  villes 
bâties  sur  ces  terres  n'auront  rien  ressenti,  quoique  la  vibration  soit  passée 
sous  leurs  pieds  et  ait  été  ressentie  à  l'autre  extrémité  du  banc,  émergeant 
au-dessus  du  sol. 

M.  DoMEYKO  faisait  récemment  remarquer,  à  propos  de  ces  transmissions, 
que  c'est  une  opinion  assez  répandue  parmi  les  mineurs  du  Chili  qu'un 
tremblement  de  terre  ne  peut  jamais  produire  autant  d'effets  destructeurs 
dans  l'intérieur  d'une  mine  profonde,  qu'à  la  surface.  Un  mineur  expéri- 
menté, au  moment  ou  un  léger  mouvement  lui  fait  supposer  un  tremblement, 
ne  se  presse  pas  de  sortir  pour  gagner  le  jour  du  fond  de  la  galerie  où  il  tra- 
vaille. «  Ainsi,  dit-iJ,  un  fort  tremblement,  suivi  de  plusieurs  autres,  éclata 
le  26  mai  1884,  àCopiapo,  produisant  des  fentes  et  des  crevasses  dans  les 
murailles  de  plusieurs  maisons,  et  s'étendit  vers  les  Andes  jusqu'aux  mines 
d'argent  de  Chanarcillo.  Je  me  trouvais  alors  dans  ces  mines,  occupé  à  lever 
des  plans  de  travaux.  La  maison  que  j'habitais,  récemment  construite  en 
pierres  calcaires,  s'écroula  au  premier  choc  du  tremblement.  Au  même 
instant,  des  pierres  de  tous  côtés  roulèrent  du  haut  de  la  montagne  et  beau- 
coup d'autres  maisons  furent  endommagées;  mais  il  n'y  eût  pas  le  moindre 
accident  dans  l'intérieur  des  mines,  dont  les  galeries  descendaient  à  plus  de 
deux  cents  mètres  au-dessous  des  affleurements  des  filons  et  n'étaient  pas 
toutes  bien  solidement  établies.  » 


M.  NoGUÈs,  ingénieur  civil  des  mines  à  Séville,  a  parcouru  après  le  trem- 
blement de  terre  une  partie  de  la  province  de  Grenade,  et  a  résumé  comme 
il  suit  ses  observations  dans  une  note  présentée  à  l'Académie  des  Sciences. 

L'oscillation  du  25  décembre  dernier  embrasse  une  extension  superficielle 
considérable;  le  mouvement  oscillatoire  s'est  graduellement  accentué  en 
direction  du  Sud  du  plateau  central  espagnol;  il  a  décrit  un  arc  ellipsoïdal 
autour  de  la  Sierra-Nevada.  Les  mouvements  vibratoires  qui  ont  causé  les 


LES  TREMBLEMENTS  DE  TERUE.  89 

tremblements  de  terre  dans  les  provinces  de  Grenade  et  de  Malaga,  et  pro- 
vinces limitrophes,  se  sont  produits  dans  une  région  spécialement  fracturée 
et  disloquée.  Le  maximum  d'inteiisité  se  trouve  sur  une  courbe  qui  embrasse 
une  partie  de  la  Sierra-Nevada  et  suit  ensuite  rectilignement  les  lignes  de 
fracture  des  Sierras  Tejeda,  Almijara  et  de  Ronda. 

Le  sol  s'est  crevassé,  fendillé  sur  plusieurs  points.  Dans  les  environs  de 
Periana,  au  pied  de  la  Sierra-Tejeda,  des  crevasses  profondes  se  sont  pro- 
duites en  présentant  de  larges  ouvertures.  Aux  environs  de  la  Venta  de  Zaf- 
farraya,  des  crevasses  semblables  s'étendent  sur  une  longueur  considérable  ; 
elles  prennent  naissance  au  pied -de  la  montagne  et  pénètrent  dans  la  plaine; 
des  maisonnettes  ont  même  été  entraînées  dans  ces  crevasses,  dont  quelques- 
unes  ont  plusieurs  kilomètres  de  longueur. 

Une  des  plus  remarquables  est  celle  qui  commence  près  la  Sierra  de  Jatai", 
et  se  termine  au  village  de  Zafarraya,  sur  une  longueur  de  près  de  quatre 
lieues.  A  Guevejar  s'est  également  ouverte  une  crevasse  parabolique  d'envi- 
ron 3^°  de  longueur,  large  de  3"  à  15"»  et  d'une  grande  profondeur  :  le  son 
s*y  répercute  vers  l'intérieur,  et  une  bougie  allumée  à  7"*  de  la  surface  a  sa 
flamme  poussée  vers  l'extérieur  et  s'éteint.  A  3^"  de  Santa  Gruz  et  à  2**  d'Al- 
hama  le  pied  d'une  montagne  s'est  crevassé;  il  s'est  fait  une  grande  fente, 
d'où  sortent  des  gaz  fétides  à  odeur  d'acide  sulfhydrique  ;  à  un  kilomètre  de 
distance  l'odeur  est  perceptible.  De  cette  fente  jaillit  une  source  abondante 
d'eau  sulfureuse  à  une  température  de  42®  centigrades,  débitant  de  I"*  à  2"* 
par  seconde;  d'ailleurs,  tous  les  cerros  des  environs  d'Alhama  sont  actuelle- 
ment crevassés. 

La  crevasse  de  Guevejar,  ouverte  en  forme  de  fer  à  cheval,  atteint  le  som- 
met de  la  montagne;  puis  elle  descend  en  prenant  la  direction  Est  et  monte 
de  nouveau,  pour  redescendre  en  s'infléchissant  vers  le  Nord.  En  outre,  il  y 
aune  infinité  de  petites  fentes  qui  courent  les  unes  perpendiculairement,  les 
autres  parallèlement  à  la  grande  crevasse.  —  Il  est  difficile  d'examiner  ces 
curieux  effets  géologiques  sans  songer  aux  crevasses  observées  à  la  surface 
de  la  Lune  et  sans  penser  que  celles-ci  sont  dues  à  des  causes  analogues,  qui 
peut-être  sont  toujours  en  activité. 

Le  sol  est  devenu  d'une  grande  mobilité  sur  tous  les  points  où  les  oscilla- 
tions ont  été  intenses  ;  le  mouvement  des  terres  entraîne  les  maisons.  Les 
terrains  tertiaires  d'Alhama,  de  Santa  Gruz,  d'Arenas  del  Rey,  etc.,  ont  peu 
d'adhérence;  ils  glissent  et  coulent  facilement  sur  les  pentes.  Les  villages 
bâtis  sur  ce  sol  mobile  sont  tombés  aux  premières  oscillations  du  tremblement 
de  terre. 

Le  village  de  Guevejar  éprouve  un  mouvement  de  translation  au  Sud- 
Ouest,  vers  la  rivière.  Gertaines  maisons  situées  au  centre  de  la  parabole 

3- 


90 


L'ASTRONOMIli. 


décrite  par  la  crevasse,  ont  avancé  de  27",  tandis  que  d'autres  situées  aux 
extrémités  de  cette  courbe  n'ont  avancé  que  de  S", 

Les  tremblements  de  terre  de  TAndalousie,  ont  déterminé  des  dénivella- 
tions considérables  et  modifié  le  régime  des  eaux.  Des  cerros  se  sont  surélevés, 
d'autres  affaissés.  A  l'extrémité  Sud  de  la  crevasse  de  Guevejar,  à  15"  de  la 
rivière,  il  s'est  formé  un  petit  lac  d'environ  1200  mètres  carrés  de  superficie, 
qui  a  9"  de  profondeur  à  son  centre.  Le  versant  opposé  de  la  rivière  où  le  lac 

Fig.  34. 


Eruptions  à  Albunuelas. 

s'est  formé  s'est  élevé  d'environ  IS"  au-dessus  de  son  niveau  primitif.  Tous 
les  cours  d'eau  compris  dans  la  zone  de  la  crevasse  de  Guevejar  ont  disparu, 
laissant  leurs  lits  à  sec  ;  la  fontaine  qui  alimentait  d'eau  potable  le  village 
s'est  également  tarie. 

Le  régime  normal  des  eaux  minérales  de  la  contrée  a  été  généralement 
modifié;  des  sources  ont  disparu;  d'autres,  au  contraire,  ont  jailli.  Près  de 
Santa-Cruz  a  jailli  brusquement  une  source  thermo-minérale  abondante. 
Les  eaux  minérales  d'Alhama  sont  maintenant  plus  abondantes  qu'avant  la 
catastrophe,  la  composition  chimique  et  la  température  ont  changé.  Aupara- 
vant, elles  avaient  une  température  de  47°  et  le  caractère  salin  ;  depuis  le 
25  décembre  dernier,  elles  ont  acquis  un  caractère  sulfureux  très  marqué  et 
une  température  de  50**.  A  Albunal  les  sources  thermales  de  la  ramhla  de 
Aldayar  ont  aussi  beaucoup  augmenté.  Sur  quelques-unes  se  sont  ouvertes 
des  crevasses  de  plus  de  1"  de  diamètre,  par  où  sourdent  avec  violence  des 
masses  d'eaux  minérales.  Enfin,  à  environ  700"  d'Albunuelas,  par  des  cre- 


LES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE. 


91 


vasses  de  forme  elliptique,  sortent,  comme  en  bouillonnant,  des  matières 
visqueuses,  fig.  34 . 

Les  effets  les  plus  désastreux  du  tremblement  de  terre  ont  eu  lieu  précisé- 
ment sur  les  failles  qui  limitent  la  masse  archéenne  de  la  Sierra- Tejea  et 
Almijara,  etc.  Les  sources  thermales  nouvelles,  d'autres  sources  dont  la  na- 
ture a  été  profondément  modifiée,  les  érosions  que  ces  cours  d'eaux  souter- 
rains peuvent  opérer  à  Tintérieur,  les  dégagements  de  gaz  qui  s'échappent  de 

Fig.  35. 


Crevasse  sur  la  route  de  Loja  à  Âlhama  :  le  dernier  mulet. 

certaines  crevasses,  tout  cela  ouvre  aux  investigations  scientifiques  un  champ 
des  plus  étendus. 

Dans  les  régions  granitiques,  la  grande  profondeur  d'où  viennent  les 
sources  thermales  rend  compte  de  leur  température.  Ici,  elles  paraissent 
sortir  des  terrains  tertiaires  et  semblent  être  en  rapport  avec  une  source 
d'émanations  gazeuses  variées. 

Si  les  dislocations  qui  ont  donné  à  cette  partie  des  régions  méditerra- 
néennes leur  forme  actuelle,  en  fixant  les  contours  des  terres  et  de  la  mer. 
sont  très  anciennes  par  rapport  à  l'histoire  de  l'homme,  elles  sont  très  récentes 
au  point  de  vue  géologique,  et  les  phénomènes  actuels  nous  avertissent  que 
la  cause  en  est  toujours  présente  et  active. 


Depuis  que  la  première  émotion  est  calmée,  on  a  commencé  à  mieux 
apprécier  le  caractère  géologique  du  phénomène,  qui  prend  de  jour  en  jour 


92  L'ASTHONOMIE. 

une  plus*  grande  importance.  Près  de  Lorca,  la  chaîne  de  Murcie  s^abaisse 
insensiblement.  La  ville  de  Valence  paraît  changer  de  place  et  dévier  vers 
rOccideut;  on  croit  remarquer  entre  les  méridiens  de  Madrid  et  de  Valence 
quelques  secondes  de  moins  dans  la  longitude. 

A  Enguera,  province  de  Valence,  deux  montagnes  autrefois  séparées  se 
sont  unies.  A  Ghioa,  même  province,  le  sommet  du  mont  Pascuals  s'est  abaissé. 
A  Badalone,  près  Barcelone,  la  mer  a  reculé  d'un  mètre,  tandis  qu'au  port 
de  Mosnon  elle  a  avancé  d'autant,  etc.,  etc. 

Ce  sont  des  faits  importants,  qui  éclairent,  qui  développent  et  modifient 
les  opinions  généralement  admises  sur  la  constitution  de  la  base  de  Técorce 
terrestre.  Nous  allons  en  étudier  les  conséquences. 

Avant  d'aller  plus  loin,  plaçons  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs  la  liste  de 
tous  les  mouvements  du  sol  qui  ont  été  observés  depuis  le  premier  jour  des 
tremblements  de  terre  de  l'Espagne  (ou  du  moins  de  tous  ceux  qui  sont  par- 
venus à  notre  connaissance).  Cette  liste  est  riche  en  documents,  et  nous 
allons  essayer  de  l'interpréter.  11  ne  sera  sans  doute  pas  désagréable  à  un 
certain  nombre  de  nos  lecteurs  d'avoir  sous  les  yeux  ce  curieux  témoignage 
de  l'instabilité  du  sol,  dont  ils  apprécieront  le  grand  intérêt  d'actualité. 

Tremblements  de  terre  observés  du  22  décembre  au  22  février, 

22  décembre.    2"  15"  matin,  secousses  légères  aux  Iles  Açores,  à  Madère,  Lisbonne, 
Vigo,  Pontevedra,  et  en  plusieurs  régions  du  Portugal  et  de  Galice. 

22  Matin.  Tremblement  de  terre  en  mer  par  36M8'  lat  Nord  et  19»25  long. 

Ouest. 
21-22  Nuit.  Tremblement  de  terre  en  mer,  par  36*34'  lat.  Nord  et  22* 26'  long. 

jBst  de  Greenwich.  Forte  secousse  (sud  de  la  Grèce). 

23  2''  matin.  Tremblement  de  terre  en  mer  par  33»  lat.  Nord  et  12«30'  long. 

Ouest  de  Cadix.  Nouvelle  secousse  17"  après.  Orage  et  tonnerre. 

24  Secousse  légère  à  Séville. 

25  8*" 53"  soir.  Très  violentes  secousses  à  Alhama,  Albunuelas,  Arenas  del 

Rey,  Malaga,  Grenade,  etc.  Secousses  assez  fortes  à  Linarès,  légères  à 
Madrid,  très  légères  à  Lisbonne,  sensibles  jusqu'en  Angleterre. 
25  11"» 44".  Secousse  assez  forte,  jusqu'à  Jaên.  —  On  a  compté  huit  secousses 

à  Malaga,  Grenade  et  dans  Taire  maximum. 

25  8''17"  (heure  de  Berne).  Secousses  à  Bernetz  (Engadine),  Id.  à  il"»  soir. 

26  2"»  et  6"*  45"  matin.  Nouvelles  secousses  à  Estepona,  Periana,  Torrox,  etc. 

27  Nouvelles  secousses  à  Alhama.  Destruction  complète  de  la  ville. 

28  Eboulement  d'une  montagne  sur  le  village  de  Periana. 

29  Après  midi,  deux  vibrations  ressenties  dans  les  forêts  de  Herlûfsholm, 

près  de  Nœstved,  en  Séeland  (Danemark). 

29  ll'»25"  et  11*45"  soir.  Oscillations  à  Malaga. 

30  9^  matin.  Légère  secousse  à  Linares. 
30  1**  soir.  id.  id.  id. 

30  5*"  et  6^  soir.  Oscillation  à  Malaga. 

30  9"  soir.  Deux  violentes  secousses  à  Archidona,  province  de  Grenade,  cre- 

vasse dans  la  montagne  de  Puerta-Sol,  renversement  de  Jayena. 


LES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE. 


93 


31  décembre.   Midi.  Secousses  à  Velez,  Nerja,  Torrox,  etc.  Destruction  de  Torrox. 
31  4'' 35-  à  S'^SO-  soir.  Oscillations  à  Malaga. 

1*'  janvier.     Matin.  Secousses  et  bruits  souterrains  à  Malaga,  Gordoue,  Benamagoza, 
Grenade. 

1  2^  matin.  Légère  secousse  à  Lausanne  (douteuse). 

2  Minuit.  Deux  fortes  secousses  à  Nerja  (province  de  Malaga).  Eboulement 

d'une  partie  de  la  ville. 

3  Secousses  à  Algarrobo,  Gomares,  Gasabermeja,  Ganillas.  Rien  à  Grenade 

ni  Malaga.  Formation  d'un  cratère  et  d'un  puits  d'eau  chaude  dans  la 
province  de  Valence. 

4  Nouvelle  secousse,  à  Periana.  A  Velez,  depuis  le  25,  on  a  compté  32 

secousses. 

4  Tremblement  de  terre  dans  la  Styrie  méridionale  (Autriche). 

5  3''  matin.  Secousse  à  Ghambéry  (Savoie),  et  Suse. 

5  5''50"'  du  matin.  Secousses  à  Savines  (Hautes- Alpes),  Embrun,  Marseille, 

Velletri,  Rome. 

5  6*"  soir.  Forte  secousse  à  Malaga,  accompagnée  de  bruits  souterrains. 

Grande  agitation  de  la  mer.  Secousses  à  Loja,  Motril,  Gartama. 

6  5*"  48"  soir.  Fortes  secousses  à  Grenade,  Nerja,  Torrox,  Frigliona. 

6  Légères  secousses  à  Worthing  (Angleterre). 

7  Matin.  Secousses  à  Loja,  près  Grenade. 

8  Nuit.  Trois  secousses  à  Grenade,  Alhama,  Torrox.  Bruits  souterrains. 

Secousses  à  Malaga. 

9  Matin.  Secousse  assez  forte  à  Malaga.  Oscillations  à  Friziliana.  Bruits 

souterrains. 
10  Avant  midi.  Légère  secousse  à  Loja. 

10  Faibles  secousses  à  Velez. 

10  Secousses  à  Albunecar,  (province  de  Grenade). 

12  4'*  matin.  Fortes  secousses  à  Hjorring,  en  Jutland  (Danemark).  Baro- 

mètre très  bas  le  11. 

13  2^  matin.  Secousse  à  Sebdou  (sud  Oranais),  Algérie. 
13  Secousses  assez  fortes  à  Irkoutsk,  Sibérie  orientale. 

15  G'*  soir.  Oscillations  à  Vejen,  en  Jutland,  frontière  dano-allemande. 

16  Matin.  Plusieurs  fortes  secousses  à  Grenade. 

17  Fortes  secousses  à  Motril  et  à  Frigliana,  qui  s'écroule  tout  à  fait. 

(Du  25  décembre  au  17  janvier,  les  oscillations  du  sol  ont  pour  ainsi  dire  été  continues 
dans  les  provinces  de  Grenade. et  de  Malaga.) 

Après  minuit.  Secousse  à  Leden,  près  Colchester  (Angleterre). 

Secousses  à  Torrox  et  aux  environs  de  Pegio,  où  s*est  produit  un  affais- 
sement de  cinq  mètres. 

Nuit.  Deux  secousses  à  Aarhus,  en  Jutland  (Danemark). 

Secousses  à  Malaga,  Velez,  Loja  et  Albunecar. 

Entre  minuit  et  1^.  Secousse  à  Envenda,  canton  de  Glarus  (Suisse). 
(Heure  de  Berne). 

Entre  8"^ 30"  et  9"»  soir  (heure  de  Londres).  Bruits  souterrains  et  vibra- 
tions dans  le  comté  de  Somerset  (Angleterre),  à  Bampton,  à  Tiverton, 
etc. 

Faible  secousse  à  Malaga. 

Secousses  de  plus  en  plus  faibles  sur  les  versants  de  la  Sierra-Tejea. 

9*"  soir.  Forte  secousse  à  San-Remo  (Italie)  et  sur  tout  le  littoral  jusqu'à 
Gênes,  principalement  à  Port-Maurice.  Secousse  à  Savone. 
26  Soir.  Fortes  secousses  à  San-Francisco  et  dans  l'État  de  Californie. 


18  janvier. 
20 

20 
21 
21 

n 


24 
25 
25 


94  L'ASTRONOMIE. 

27  janvier.  3*" 30-  matin.  Trois  secousses  assez  fortes  à  Flers-en-Escrebieux,  (départe- 
ment du  Nord.) 

27  Secousses  dans  la  Sierra-Tejeda,  aux  confins  des  provinces  de  Grenade 

et  de  Malaga,  ainsi  qu'à  Alhama,  Foraes  et  Arenas. 

29  Secousses  à  Motril.  Écroulement  du  clocher.  Secousses  à  Alhama. 

30  Secousses  à  Sétif  et  à  Msila  où  huit  maisons  arabes  se  sont  écroulées. 

Direction  Est-Ouest. 
1"  février.      4**  37"  soir.  Secousses  et  bruits  souterrains  dans  le  Calvados  et  la  Manche, 
notamment  à  Villers-Bocage,  Anctoville,  Landelle,   Caen,   Balleroy, 
Caumont,  Littry.  Direction  Sud-Ouest  et  Nord-Est. 

4  Secousses  en  divers  points  du  Portugal. 

5  Légères  secousses  et  bruits  souterrains  à  Banera,  province  d'Alicante. 

6  Forte  secousse  à  Mélijis,  province  de  Grenade. 

6  G"»  30-  soir.  Plusieurs  secousses  assez  fortes  dans  la  Charente-Inférieure, 

à  Saintes,  aux  Arciveaux,  à  Lormont,  à  Saint- Jean-d'Angely  d'),  Ro- 
chefort,  Angoulême,  Cognac. 
Deux  fortes  secousses  à  Tambril  (Andalousie);  trois  maisons  éboulées. 

11  Les  secousses  continuent  dans  la  chaîne  de  Tejada. 

12  Secousses  à  Torre  del  Campo  ;  écroulement  de  Téglise  et  de  l'hôpital. 
14-15                 Nuit.  Secousses  à  Grenade  et  à  Vêlez. 

15  lO**  soir.  Fortes  secousses  dans  la  vallée  de  l'Isère;  légères  à  Chambéry. 

19  Deux  fortes  secousses  à  Grenade  et  à  Malaga. 

On  n'a  peut-être  jamais  vu  autant  de  tremblements  de  terre  en  un  si  court 
espace  de  temps^  Pourtant,  cette  statistique  est  nécessairement  fort  incom- 
plète, malgré  tous  les  soins  que  nous  avons  apportés  à  coUationner  les  rela- 
tions qu'on  a  bien  voulu  nous  adresser  et  à  leur  adjoindre  celles  que  nous 
avons  pu  recueillir.  Elle  ne  donne  qu'une  idée  très  restreinte  de  ce  qui  doit 
se  passer,  nous  ne  dirons  pas  surTensembledu  globe,  mais  même  en  Europe 
seulement.  Or,  si  déjà  elle  suffit  pour  nous  montrer  que  pas  un  seul  jour, 
pour  ainsi  dire,  ne  s'est  passé  sans  être  marqué  par  un  tremblement  de  terre 
plus  ou  moins  intense,  nous  devons  en  conclure  que,  dans  la  totalité  du 
globe,  non  seulement  pas  un  seul  jour,  mais  sans  doute  pas  une  seule  heure 
ne  se  passe  sans  que  la  surface  du  sol  soit  agitée  en  un  point  ou  en  un  autre. 

Dans  l'ensemble  des  secousses  qui  viennent  d'être  notées,  quelles  sont 
celles  qui  sont  en  relation  directe  avec  le  phénomène  géologique  dont  l'Es- 
pagne vient  d'être  le  théâtre? 

La  statistique  générale  des  tremblements  de  terre  établissant  que  pas  un 
seul  jour  de  l'année  ne  se  passe  sans  qu'une  secousse  du  sol  soit  signalée  en 
un  point  ou  en  un  autre  de  la  planète,  nous  pouvons  tenir  pour  certain  que 
toutes  les  secousses  de  la  liste  précédente  ne  sont  pas  nécessairement  asso- 

(*)  Le  tremblement  de  terre  des  Charentes  a  été  observé  notamment  à  Annezay,  arr. 
de  Saint- Jean-d'Angely,  par  M.  Ch.  Riveau  :  secousse  assez  forte  pour  ébranler  les 
maisons,  soulever  le  sol,  briser  des  vitres;  bruit  semblable  à  celui  d'un  train  qui  arrive 
à  toute  vitesse.  Le  lendemain,  orage  et  violents  coups  de  foudre. 


LES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE.  95 

ciées  à  la  catastrophe  de  TAndalousie.  Il  est  naturel  d'en  exclure  d'abord  les 
plus  éloignées,  —  à  moins  que  des  symptômes  de  corrélation  évidente  ne  se 
soient  manifestés.  Ainsi,  par  exemple,  le  tremblement  de  terre  ressenti,  le 
13  janvier,  dans  la  Sibérie  orientale,  doit  être  considéré  comme  étranger  à 
celui  de  l'Espagne.  Nous  pouvons  regarder  comme  hors  du  cadre  également 
celui  du  26,  en  Californie.  En  est-il  de  môme  de  celui  du  4,  en  Autriche,  et 
de  ceux  des  29  décembre,  12  et  15  janvier,  en  Danemark?  Probablement.  Mais 
déjà  l'observation  nous  invite  à  être  fort  circonspects  si  nous  voulons  voir 
quelque  chose  dans  ces  limbes  encore  mystérieuses.  En  effet,  les  violentes 
secousses  du  25  décembre,  de  8** 53  et  11*" 44  (heure  de  Madrid),  si  terribles 
pour  l'Andalousie,  ont  été  ressenties  à  Madrid  sans  l'être  par  les  pays  inter- 
médiaires, formés  de  terrains  mous  dans  lesquels  les  mouvements  se  sont 
amortis  et  éteints.  Nous  avons  vu  aussi  qu'on  les  a  ressenties  en  Angleterre, 
sans  qu'en  France  personne  ait  rien  remarqué.  Les  observations  anglaises 
étant  peu  nombreuses,  pourraient  être  mises,  sinon  sur  le  compte  de  l'illu- 
sion, du  moins  sur  celui  d'un  phénomène  local,  si  la  coïncidence  de  l'heure 
ne  plaidait  en  faveur  d'une  corrélation  avec  l'Espagne.  Mais  il  y  a  plus. 

Dans  le  département  de  l'Orne,  un  phénomène  géologique  assez  extraor- 
dinaire vient  témoigner  également  en  faveur  d'une  très  grande  extension 
des  effets  souterrains  des  tremblements  de  terre  espagnols.  On  en  doit  la 
connaissance  au  Comité  de  la  Société  scientifique  Flammarion,  d'Argentan. 
Une  filature,  située  au  fond  du  vallon  de  Saint-Pierre-Entremont,  porte  une 
haute  cheminée  qui  ne  recevait  jamais  les  rayons  du  soleil  entre  le  5  décembre 
et  le  14  janvier.  Depuis  la  fin  de  décembre  dernier,  les  habitants  du  pays 
ont  vu,  à  leur  grande  stupéfaction,  le  sommet  de  cette  cheminée  éclairé  par 
le  soleil  tous  les  jours  vers  midi.  Ou  le  terrain  sur  lequel  est  bâtie  la  filature 
s'est  exhaussé,  ou  le  mont  Cerisy,  situé  au  sud  et  dont  la  cime  lui  masquait 
le  soleil,  a  subi  un  affaissement. 

D'autre  part,  les  secousses  du  22  décembre  ont  été  ressenties  aux  îles 
Açores,  en  Portugal  et  en  Galice.  La  distance  est  la  même  que  celle  de  l'Anda- 
lousie à  l'Angleterre. 

Que  la  vibration  souterraine  ait  passé  sous  la  France  et  se  soit  révélée  en 
certains  points  en  relation  directe  avec  les  roches  vibrantes,  c'est  ce  qui  est 
également  manifeste  par  le  fait  suivant  : 

A  l'Observatoire  de  Bruxelles,  le  26  décembre  au  matin,  l'astronome  de 
service  s'aperçut  que  l'une  des  horloges  sidérales  s'était  arrêtée  dans  la  nuit, 
et,  quand  il  voulut  observer  avec  la  lunette  méridienne,  il  constata  que  l'axe 
optique  de  l'instrument  s'était  dérangé,  et  que  les  piliers  de  support 
n'étaient  plus  dirigés  suivant  la  verticale.  11  était  impossible  de  vérifier  d'une 
manière  plus  délicate  l'effet  produit  par  le  phénomène. 


96  L'ASTRONOMIE. 

A  rObservatoire  de  Greenwich,  la  secousse  a  été  enregistrée  par  les  instru- 
ments magnétiques. 

En  Allemagne,  il  en  a  été  de  même  à  Wilhelmshaven. 

La  secousse  observée  en  Suisse,  le  25  décembre,  à  8^17"  (heure  de  Berne), 
ce  qui  correspond  à  7**  34"*  de  Madrid,  ne  doit  pas  être  en  corrélation  avec 
celles  d'Espagne,  car,  dans  l'état  dans  lequel  les  esprits  ont  été  jetés  par  la 
catastrophe,  on  n'eût  pas  manqué  de  se  souvenir  des  moindres  mouvements 
du  sol  qui  l'auraient  précédée. 

Celles  du  5  janvier  au  matin,  à  Chambéry,  Savines,  Embrun,  Marseille  et 
en  Italie,  ne  paraissent  pas  non  plus  en  relation  avec  celles  d'Espagne,  car, 
d'une  part,  on  ne  signale  rien  ce  matin-là  en  Espagne,  et,  d'autre  part,  nos 
lecteurs  se  souviennent  du  tremblement  de  terre  du  27  novembre  dans  les 
Alpes-Maritimes,  qui  a  été  ressenti  également  jusqu'à  Marseille,  à  peu  près 
aux  mêmes  points  que  celui-ci,  et  auquel  l'Espagne  était  restée  étrangère.  Ces 
mouvements  étaient  probablement  une  suite  de  ceux  du  27  novembre.  Les 
secousses  du  25  janvier  à  San-Remo  appartiennent  au  même  foyer  alpestre. 

De  l'ensemble  considérable  de  témoignages  exposés  jusqu'ici  et  comparés 
entre  eux,  nous  sommes  conduits  aux  conclusions  suivantes  pour  l'explica- 
tion des  tremblements  de  terre  de  l'Espagne  : 

lo  Les  secousses  les  plus  violentes  et  les  plus  désastreuses  se  sont  produites 
sur  les  anciennes  failles  géologiques,  dans  les  dislocations  de  roches  auxquelles 
on  doit  la  configuration  de  cette  partie  deTEspagne. 

2o  Ces  dislocations  ou  fractures  constituent  une  base  instable  pour  ces  terrains. 
Les  roches  inférieures  s*appuient  obliquement  les  unes  sur  les  autres  et  laissent 
des  vides  entre  elles.  Plusieurs  causes  peuvent  amener  des  tassements,  des  ébou- 
lements,  des  changements  de  niveau. 

3»  Parmi  ces  causes,  les  eaux  de  pluie,  qui  descendent  perpétuellement  de  la  sur- 
face du  sol  vers  les  profondeurs,  constituent  Tune  des  plus  importantes.  Ces  eaux 
désagrègent  lentement  les  appuis,  les  piliers,  les  voûtes,  par  l'action  purement 
mécanique  de  leurs  courants.  De  plus,  en  se  combinant  avec  certaines  roches, 
elles  donnent  naissance  à  des  produits  chimiques  variés  dont  l'action  ne  peut  pas 
être  insensible.  D'autre  part  encore  la  chaleur  inhérente  à  ces  profondeurs  trans- 
forme l'eau  en  vapeur.  Il  y  a  donc  dans  ces  profondeurs,  par  le  fait  même  de 
Texistence  des  eaux  minérales,  des  opérations  chimiques  et  de  la  température, 
des  vapeurs  et  des  gaz  qui  remplissent  les  vides  qui  subissent  une  énorme  pres- 
sion et  qui  cherchent  à  se  faire  jour.  Les  tremblements  de  terre  de  TEspagne  ont 
été  précédés  de  fortes  pluies  (*). 

4o  Plusieurs  circonstances  peuvent  favoriser  l'ébranlement  du  sol.  Toutes  les 

^  '  )  M.  Rey  de  Morande  considère  même  cette  cause  comme  la  plus  importante. 


LES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE.  97 

conditions  étant  préparées  pour  un  éboulement  intérieur,  tassement  de  roches 
désagrégées,  combinaisons  de  gaz,  une  cause  relativement  légère  suffira  pour 
amener  la  rupture. 

Des  changements  brusques  et  répétés  dans  la  pression  atmosphérique,  en  en- 
levant de  la  surface  du  sol  un  poids  de  plusieurs  millions  de  kilogrammes,  en  Ty 
ramenant  et  en  le  supprimant  encore,  peuvent  être  non  la  cause,  mais  Toccasion 
de  la  rupture  d'équilibre.  C'est  ce  qui  s'est  présenté  en  Espagne,  quoique  cela 
soit  loin  de  se  présenter  dans  tous  les  tremblements  de  terre.  Pendant  tous  les 
jours  qui  ont  précédé  la  violente  secousse  du  25  décembre,  le  baromètre  oscillait 
d'une  manière  si  folle  que  les  ingénieurs  avaient  cessé  de  prendre  leurs  mesures 
de  niveau.  La  période  du  22  décembre  au  15  janvier  a  été  marquée  par  des  intem- 
péries extraordinaires  pour  l'Espagne  :  le  thermomètre  est  descendu  jusqu'à  5»  au 
dessous  de  zéro  à  Madrid^  et  jusqu'à  22»  à  Soria;  la  neige  est  tombée  sur  des  pays 
où  on  ne  l'avait  jamais  vue. 

5»  D'immenses  crevasses  se  sont  ouvertes;  des  sources  minérales  ont  été  modi- 
fiées dans  leur  volume,  leur  composition  chimique  et  leur  température;  plusieurs 
ont  entièrement  disparu  ;  d'autres,  au  contraire,  ont  jailli  du  sol.  Nous  avons  vu  plus 
haut  que  de  certaines  crevasses  sortent  des  gaz  fétides  à  odeur  d'acide  sulfhy- 
drique,  que  l'on  sent  à  plus  d'un  kilomètre  de  distance  ;  qu'ailleurs  jaillissent  en 
bouillonnant  des  matières  visqueuses.  Ce  sont  là  autant  de  témoignages  de  l'ac- 
tivité chimique  qui  règne  sous  nos  pieds. 

&*  Les  modifications  apportées  à  la  surface  du  sol  ne  paraissent  pas  être  des 
surélévations  de  terrains,  mais  des  abaissements,  comme  on  l'a  vu  plus  haut.  Le 
changement  de  cours  de  quelques  rivières,  la  formation  d'un  petit  lac,  la  chute 
de  parties  de  montagnes  au  fond  des  vallées,  les  glissements  de  terrains,  les  modi- 
fications dans  le  dessin  des  rivages  de  la  mer,  tout  cela  est  dû  à  des  tassements, 
non  à  des  soulèvements. 

7»  Il  n'y  a  pas  eu  que  des  tassements.  On  a  ressenti  des  trépidations  et  des 
oscillations  de  bas  en  haut.  Ces  trépidations  ont  dû  être  causées  par  la  pression 
des  gaz  et  des  vapeurs  cherchant  une  issue.  Tout  le  monde  connaît  la  force  pro- 
digieuse des  vapeurs  et  des  gaz  en  tension. 

8»  Les  commotions  produites  dans  les  roches  par  ces  ruptures  d'équilibre,  ces 
éboulements,  ces  changements  de  niveau,  se  sont  transmises  au  loin  :  Angleterre, 
Belgique,  etc.  Elles  se  sont  transmises  par  les  roches  dures.  Des  terrains  mous 
encastrés  dans  ces  roches  ne  les  ont  pas  éprouvées. 

9»  Les  ruptures  d'équilibre  se  sont  communiquées  de  proche  en  proche  sous 
l'Andalousie  tout  entière,  sous  une  partie  de  l'Espagne  et  même  sous  la  France. 
Sur  le  chemin  de  l'Espagne  à  l'Angleterre,  notamment  dans  l'Orne,  le  Calvados 
et  la  Manche,  puis  dans  la  Charente-Inférieure,  divers  symptômes  ont  témoigné 
de  ce  contre-coup. 

Ainsi,  la  constitution  géologique  de  cette  région  de  FEspagne  suffit  ample- 
ment pour  rendre  compte  de  tout  ce  qui  est  arrivé.  Toute  cette  surface  repose 

3*' 


98  L  ASTRONOMIE. 

sur  des  roches  mal  équilibrées,  sur  des  couches  plissées,  inclinées,  disjointes, 
disloquées,  parsemées  de  fractures,  défailles,  de  voûtes  et  de  ponts.  Que  Tun 
des  points  d'appui,  qu'uji  pilier  cède  sous  l'influence  de  la  désagrégation 
causée  parles  eaux,  qu'un  léger  glissement  s'opère,  qu'une  voûte  s'effondre, 
et,  petit  à  petit,  toute  la  région  subira  une  légère  modification  dans  son  relief. 
Ajoutons  à  cela  les  énormes  pressions  produites  par  de  faibles  quantités  de 
vapeur  d'eau,  le  déplacement  des  courants  intérieurs  d'eaux  minérales,  elles 
divers  phénomènes  observés  s'expliquent  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'invoquer 
l'existence  du  feu  central.  Néanmoins,  la  cause  de  ces  mouvements  du  sol 
gît  à  une  grande  profondeur,  puisque  ses  effets,  loin  de  se  borner  à  un  seul 
district,  se  sont  étendus  à  l'Ouest  jusqu'aux  Açores,  au  Nord  jusqu'en  Angle- 
terre, etc.  Le  mouvement  géologique,  préparé  depuis  longtemps  par  les 
conditions  mômes  de  l'instabilité  de  ces  bases,  peut  fort  bien  avoir  été  déter- 
miné par  les  colossales  oscillations  atmosphériques  qui  ont  précisément  eu 
lieu  pendant  toute  cette  période.  A  cette  môme  période  appartiennent  le  cyclone 
qui  ravagea  Catane,  en  Sicile,  et  la  tempête  extraordinaire  qui  lança  la  Médi- 
terranée dans  les  rues  de  Nice. 

Ce  mémorable  tremblement  de  terre  est  le  plus  terrible  que  l'on  ait  eu  à 
enregistrer  dans  la  Péninsule  ibérique  depuis  l'Inoubliable  catastrophe  de 
Lisbonne,  du  !•'  novembre  1755  (et,  bizarre  coïncidence,  dans  ce  pays  si 
catholique,  ces  deux  fléaux  sont  tombés  sur  les  populations  précisément  deux 
jours  de  grande  fôte  :  le  premier,  le  jour  de  la  Toussaint,  le  second,  le  jour 
de  Noël).  En  1755,  il  y  eut  trente  mille  morts;  cette  fois-ci,  deux  mille.  La 
secousse  la  plus  violente  arriva  à  9*'40"  du  matin,  au  moment  où  les  églises 
se  remplissaient  pour  la  messe  ;  elle  ne  dura,  dirent  les  survivants,  qu'un 
dixième  de  minute,  et  suffit  pour  faire  ébouler  tous  les  monuments,  églises, 
couvents  et  palais;  un  quart  delà  ville  disparut  instantanément  sous  les 
décombres.  L'angoisse  des  survivants  fut  telle,  en  voyant  la  terre  leur  man- 
quer sous  les  pieds,  le  sol  onduler  comme  la  mer,  des  crevasses  s'ouvrir  et  se 
fermer,  des  murs  se  fendre  et  se  recoller,  que,  malgré  les  gémissements  des 
victimes  qui  n'étaient  pas  tuées  et  appelaient  du  secours,  chacun,  emporté 
par  son  seul  instinct  de  conservation,  restait  sourd  à  tous  les  sentiments 
humains  pour  ne  songer  qu'à  son  propre  salut. 

Un  immense  raz  de  marée  arriva  et  emporta  ceux  qui  s'étaient  sauvés  sur 
le  rivage.  En  môme  temps,  le  feu  des  foyers  allumés  et  ensevelis  se  commu- 
niqua pai-tout,  le  vent  souffla,  et  la  partie  de  la  ville  qui  avait  résisté  aux 
secousses  fut  réduite  en  cendres  (»). 

(^)  Au  milieu  d'un  tel  désastre,  on  vit  unq  énorme  quantité  de  voleurs  et  d'assassins 


OBSERVATIONS  DE  JUPITER.  99 

Cette  région  est  malheureusement,  par  sa  constitution  géologique,  exposée 
à  ces  oscillations  du  sol,  insignifiantes  pour  la  planète,  graves  et  funestes 
pour  rhumanité.  Déjà,  dans  notre  siècle,  on  a  subi  là  un  grand  nombre  de 
tremblements  de  terre, 

Nous  pouvons  maintenant,  en  connaissance  de  cause  et  en  comparant 
l'expérience  géologique  dont  nous  venons  d'clre  témoins  aux  autres  grands 
tremblements  de  terre  observés,  nous  former  une  idée  judicieuse  et  ration- 
nelle de  la  constitution  du  sol  sur  lequel  nous  vivons. 

(La  fin  prochainement.  )  Camille  Flammarion. 


NOUVELLES  OBSERVATIONS  SUR  JUPITER. 

La  tache  rouge  de  Jupiter  reste  encore  facilement  visible,  quoiqu'il  n'en  existe 
plus  qu'une  légère  esquisse.  Sa  position,  par  rapport  à  la  dépression  de  la  grande 
bande  sombre  australe,  est  la  même  que  pendant  la  dernière  opposition.  La  tache 
blanche  continue  à  se  montrer  sur  le  bord  austral  de  la  zone  équatoriale.  Elle 
est  aussi  brillante  qu'à  l'époque  où  elle  attira  pour  la  première  fois  l'attention. 

J'ai  fait  les  observations  suivantes  de 'la  tache  rouge  pendant  l'apparition 
actuelle  de  Jupiter  : 

Passage  de  la  tache  rouge  par  le  méridien  central. 

Dates.  Heures. 

1884    21  Septembre 18^37" 

3  Octobre 18  28 

8         »       1735 

18  Novembre 16  25 

27  «        18  45 

20  Décembre 12  49 

21  »>  18  39 

31  »  16  52 

Temps  moyen  de  Paris. 

Pendant  un  intervalle  de  100J22*»15«n,  la  tache  a  accompli  244  révolutions,  et  sa 
période  de  rotation  s'est  trouvée  égale  à  9^  55™  36*  9,  de  sorte  que  son  mouvement 
semble  s'être  accéléré  depuis  les  deux  dernières  oppositions.  La  période  de  rota- 

enlever  tout  ce  qu'ils  pouvaient,  arracher  des  ruines  et  achever  les  victimes  qui  défen- 
daient leurs  biens  «  sur  quoi,  écrivait  un  témoin  oculaire,  le  roi  ordonna  qu'on  dressât 
des  gibets  tout  autour  de  la  ville,  et,  après  une  centaine  d'exécutions,  le  mal  fut  arrêté.  » 
Le  dernier  tremblement  de  terre  n'a  pas  atteint  heureusement  ce  degré  d'horreur,  et 
Ton  espère  que  les  progrès  introduits  dans  la  civilisation  interdiront  le  retour  de 
pareilles  scènes.  Cependant  les  passions  humaines  sont  âpres  et  tenaces.  L'autre  jour, 
nVt-on  pas  vu  à  Grenade,  des  cochers  demander  cent  francs  par  heure  pour  conduire 
des  personnes  hors  de  la  ville?  Ils  «  profitaient  »  de  l'excellente  occasion  offerte  par  un 
événement  qu'ils  qualifiaient  de  «  trop  rare  ». 


100  L'ASTRONOMIE. 

tion  s'était,  en  effet,  retrouvée  la  même  à  ces  deux  époques  avec  une  valeur  de 
9»»55°»39»,  1.  (V.  Astronomie,  t.  III,  p.  349.) 

La  tache  blanche  équatoriale  est  actuellement  aussi  distincte  et  aussi  brillante 
qu'elle  le  fut  jamais  (V.  fig,  37,  où  elle  est  bien  représentée  près  du  limbe  oriental, 
et  sur  le  bord  boréal  de  la  grande  bande  sombre  qui  s'étend  au  sud  de  Téquateur). 
Un  accroissement  très  remarquable  de  sa  vitesse  s'est  manifesté  pendant  les  trois 

Fig.  36. 


Aspect  de  Jupiter,  le  27  novembre  1884,  à  i8'»45".  (Temps  moyen  de  Paris  ) 
Réflecteur  de  10  pouces,  grossissement  =  252. 

derniers  mois.  J'ai  fait  les  observations  suivantes  des  heures  de  son  passage  par 
le  méridien  central  de  la  planète. 

Tache  blanche  sur  le  méridien  central. 

Dates.  Heures. 

1884  4  Octobre 17''52- 

7  Novembre 18  17 

21           »          16  41 

27          » 19  59 

9  Décembre 16  57 

18           »         17    7 

20           »         18  15 

24           »         20  30 

31           »         19  33 

1885  4  Janvier 12    2 

Temps  moyen  de  Paris. 


OBSERVATIONS  DE  JUPITER.  101 

L'intervalle  qu'embrassent  ces  observations  est  de  91J18**10",  pendant  les- 
quelles la  tache  blanche  a  accompli  224  révolutions  avec  une  période  de  9^  49™  51»,  6. 
Cette  période  est  de  20»,  5  plus  courte  que  celle  de  9^50"»  12»,  1  qui  résultait  des 
observations  effectués  pendant  les  oppositionsprécédentes(V.  Astronomie,  t.  III, 
p.  349). 

Les  éphémérides  que  M.  Marth  a  publiées  dans  le  volume  XLIV  des  Monthly 

Fifir.  37. 


Aspect  de  Jupiter,  le  31  décembre  1884,  à  16i>52".  (Temps  moyen  de  Paris.) 
Réflecteur  de  10  pouces,  grossissement  =  252. 

Notices,  p.  454-458,  sont  basées  sur  les  observations  que  j'ai  faites  de  cette  tache 
pendant  les  deux  dernières  années,  et  qui  conduisaient  à  un  mouvement  de  870»,  34 
par  jour,  correspondant  à  une  durée  de  rotation  de  9*»50"12»,25.  En  comparant 
les  observations  actuelles  avec  les  indications  de  ces  éphémérides,  on  voit  que, 
durant  les  trois  derniers  mois  (du  4  octobre  1884  au  4  janvier  1885),  la  tache  blanche . 
équatoriale  s*est  écartée  de  47»,  2  à  l'Est  de  sa  position  calculée.  Cela  signifie  que 
la  tache  s'est  déplacée  sur  une  longueur  de  53  000  kilomètres  à  la  surface  de  la  pla- 
nète. Ce  mouvement  correspond  à  une  vitesse  de  227»^™  par  jour  jovien  ou  de  557^» 
par  jour  terrestre.  Quelle  peut  être  la  cause  d'une  accélération  si  rapide  dans  le 
mouvement  de  cette  tache?  Il  est  bien  impossible  de  l'expliquer  actuellement; 
maison  voit  par  là  combien  il  est  nécessaire  de  continuer  les  observations  avec  le 
plus  de  soin  possible,  afin  de  poursuivre  l'étude  des  phénomènes  si  curieux  pré- 
sentés par  cette  tache. 


102  L^ASTRONOMIB. 

Les  fig.  36  et  37,  montrent  une  curieuse  entaille  sur  le  bord  boréal  de  la  grande 
bande  sombre  boréale.  Le  27  novembre  et  le  31  décembre,  j'ai  vu  dans  cette  en- 
taille une  tache  très  brillante  qui  paraît  se  déplacer  avec  une  vitesse  de  rotation 
très  légèrement  supérieure  à  celle  des  restes  de  la  tache  rouge. 

W.-F.  Denning, 
Astronome  à  Bristol. 


MOUVEMENT  PROPRE  D'UNE  ÉTOILE  DE  11^  GRANDEUR 

VOISINE  D'ALDËBARAN. 

On  sait  que  M.  Flammarion  a  découvert,  en  1877  (i),  par  ses  mesures  micro- 
métriques d*Aldébaran  et  de  son  compagnon,  que  cette  petite  étoile  télescopique 
de  11«  grandeur  est  animée  d'un  mouvement  propre  remarquable.  C'est  la  pre- 
mière fois  qu'un  mouvement  propre  était  reconnu  pour  une  étoile  aussi  faible,  et 
le  fait  paraissait  si  surprenant  que  l'observateur  recommença  plusieurs  séries  de 
mesures  dans  la  crainte  d'avoir  été  dupe  d'erreurs  accidentelles.  Les  doux  princi- 
pales séries  donnent  : 

Angle.  Distance. 

23  janvier  1877 35*32'         114',5 

29  novembre  1877 34  57         114,9 

Ces  positions  étaient  assez  inattendues,  car  Tillustre  observateur  d'étoiles 
doubles,  William  Struve,  avait  conclu  [Positiones  Mediœ  (1852),  p.  CCXXVI)  que 
les  observations  faites  par  Herschelen  1781,  par  lui-même  en  1836,  et  par  son  fils 
en  1851,  conduisaient  à  admettre  que  le  mouvement  relatif  observé  sur  le  com- 
pagnon était  causé  par  le  mouvement  propre  d'Aldébaran  lui-même. 

Or  voici  les  principales  valeurs  obtenues  pour  le  mouvement  propre  d'Aldé- 
baran, l'une  des  trois  premières  étoiles  dont  Halley  ait  signalé  le  déplacement 
en  latitude  (dès  1718)  et  l'une  de  celles  qui  ont  été  le  plus  étudiées  sous  ce 
rapport. 

DÉTERMINATIONS  PRINCIPALES  DU  MOUVEMENT  PROPRE  d'aLDÉBARAN 

Mouyement  propre. 
Auteurs.  D'après  les  observations  de  :  Ascension  droite.    Distance  polaire. 

Mayer  1760.  Rœmer  170G  et  Mayer  1756 h-  G', 06  -^  0'  36 

Piazzi  1814.  Mayer  1756  et  Piazzi  1800 -r-  0',04  -+-  0,21 

Bessel  1818.  Bradley  1755  et  Piazzi  1800 -:-  0%042  -+-  0, 104 

Argelander  1835.  Bradley  1755  etObs.  Abo  1825  (*)  Aa  ces  «.  -  -  0',059  (*)  -t-  0,147 

Main  1850.  Bradley  1755  et  Obs.  Greenwich  1845  ...  h-  0*,004  —  0,17 

W.  Struve  1852.    Bradley  1755  et  Obs.  Dorpat  1830 -t-  0",066  -f-  0,127 

W.  Struve  1852.    Lalande  1796  et  Obs.  Dorpat  1830 -f-  0',022  -t-  0,043 

W.  Struve  1852.     Piazzi  1800  et  Obs.  Dorpat  1830 -t-  0'.032  4-  0,047 

Màdler  1856.  Bradley  1755  et  Obs.  Dorpat  1850 -r  0',079  -r-  0,176 

Le  Verrier  1856.  Bradley  1755  et  Obs.  Greenwich  1845....  -  0*,0055  —  0,174 

Auwers.  Bradley  1755  et  Obs.  modernes  (*)  AacosS.  -i-  0*,050  (*;  -t-  0, 184 

(•)  Voy.  Catalogue  des  étoiles  doubles  en  mouvement,  p.  25  et  161;  Les  Étoiles  et 
les  Curiosités  du  CioJ,  p.  288. 


MOUVEMENT  PROPRE  D'UNE  ÉTOILE  DE  11«  GRANDEUR. 


i03 


Parmi  ces  déterminations  principales,  celle  de  Le  Verrier  paraît  trop  forte  en 
ascension  droite,  et  la  meilleure  paraît  être  celle  de  Main,  soit,  en  temps  -+-  0«,004, 
ou  en  arc  +  0',060,  et  c'est  en  effet  celle  que  Ton  adopte  le  plus  généralement.  Si 
nous  multiplions  ce  mouvement  par  le  cosinus  de  la  déclinaison,  nous  obtenons 
pour  le  déplacement  en  arc  de  grand  cercle  :  +  0',0576.  Nous  adoptons  n-  (^,174 

Fig.  38. 


Mouvement  propre  d'Âldôbaran.  Echelle  :  i"*»  =  1". 

pour  le  mouvement  en  distance  polaire.  Ces  deux  quantités  nous  donnent  0',183 
pour  la  marche  annuelle  sur  la  sphère  céleste,  soit,  par  siècle,  18',3.  Le  mouve- 
ment le  plus  sûr  est  donc  : 


Ascension  droite. 
A  a  ces  8  +  0',0576. 


Distance  polaire. 
H-0',174. 


Résultante. 
0M83. 


Ndtre  fig.  38  montre  ce  mouvement  à  l'échelle  de  1™»  pour  1*.  On  voit  qu*Al- 
débaran  se  déplace  vers  le  Sud-Sud-Est  de  18'  par  siècle,  dans  une  direction 
faisant  un  angle  de  iS»  E.  environ  avec  la  ligne  Nord-Sud. 

Si  donc,  comme  on  le  pensait  (et  comme  il  était  naturel  de  l'admettre),  le  chan- 


..J.W 


Mouveme&t  de  perspective  que  devrait  avoir  l'étoile  dp  11*  grandeur  si  elle  était  fixe. 

gement  de  position  de  la  petite  étoile,  relativement  à  Aldébaran,  révélé  par  les 
mesures  micrométriques  d*Herschel  et  de  Struve.  était  dû  à  ce  fait  que  cette  minus- 
cule étoile  reposerait  immobile  au  fond  de  l'infini,  et  que  la  brillante  étoile  du 
Taureau,  située  beaucoup  plus  près  de  nous,  marcherait  devant  elle,  ce  déplace- 
ment du  compagnon  devrait  être  égal  et  de  signe  contraire  au  mouvement  propre 
reconnu  à  Aldébaran,  c'est-à-dire  de  : 


Ascension  droite. 
—  0',0576. 


Distance  polaire. 
—  0',i74. 


Autrement  dit,  la  petite  étoile  devrait,  relativement  à  Aldébaran,  marcher 


104 


L'ASTRONOMIE. 


vers  le  Nord-Ouest,  exactement  dans  la  direction  18°  W  du  Nord,  comme  on  le 
roit  sur  la  fig,  39. 

Il  était  d'autant  plus  intéressant  de  faire  une  mesure  précise  que,  non  seule- 
ment Struve  en  1852  et  Dembowski  en  1863  considéraient  le  mouvement  relatif 
comme  expliqué  par  le  mouvement  propre  d'Aldébaran,  mais  encore  que  la  seule 
mesure  connue  depuis  cette  époque,  celle  de  Gledhill,  en  1876,  semblait  accroître 
encore  Tincertitude  du  mouvement  de  cette  minuscule  étoile,  en  montrant  que  la 


Fig.  40. 


N 
Oo 


Aid 


lé^i 


-270»W 


180» 
S 

Mesures  micrométriques  faites  avant  1877  sur  l'étoile  voisine  d'Aldébaran. 

distance  n'augmentait  plus.  On  avait,  en  effet,  pour  ces  diverses  mesures  rap- 
portées à  Alddbaran  : 


Augle. 

Distance. 

1781,96 

37,0 

95 

Herschel. 

1802,10 

35,1 

0 

> 

1825,04 

36,2 

90 

South. 

1836,06 

36,0 

109,0 

Struve. 

1836,98 

35,9 

107,9 

Smyth. 

1851,40 

35,5 

111.6 

Struve. 

1863,37 

34,9 

112,7 

Dembowski 

1876,07 

35,6 

110,9  ±: 

Gledhill. 

MOUVEMENT  PROPRE  D'UNE  ÉTOILE  DE  il»  GRANDEUR. 


105 


On  jugera  de  Tincertitude  de  ces  positions  en  voyant  le  diagramme  (flgAO)  sur 
lequel  elles  sont  représentées. 

Tel  était  Tétat  de  la  question,  lorsque  M.  Flammarion  fit,  au  grand  équatorial 
de  l'Observatoire  de  Paris,  ses  mesures  de  1877.  Elles  lui  démontrèrent  avec 
évidence  que  l'angle  variait  à  peine,  paraissant  diminuer  très  légèrement;  mais 
que  très  certainement  la  distance  augmentait  : 


1877,06 
1877,90 


35,5 
35,0 


114,5 
114,9 


Il  en  résultait  que,  contrairement  aux  déductions  adoptées,  le  mouvement  relatif 


Flg.  41. 


Aldêl^ar&n 


Mouvement  relatif  séculaire  de  l'étoile  voisine  d'AIdébaran. 

du  compagnon  d'Aldébaran  n'était  pas  dû  à  un  simple  effet  de  perspective  causé 
par  le  mouvement  propre  de  la  brillante  étoile  du  Taureau,  mais  aussi  à  un 
mouvement  réel  de  la  petite  étoile  elle-même. 

La  précession  des  équinoxes  fait  légèrement  tourner  autour  du  pôle  de  Téclip- 
tique  la  ligne  de  jonction  des  deux  étoiles;  mais  ce  déplacement  est  insignifiant, 
d'autant  plus  que  ce  n'est  pas  Tangle  qui  a  changé  sensiblement,  mais  la  dis- 
tance. En  fait,  ce  mouvement  de  précession  n'a  pas  d'autre  effet  que  d'aug- 
menter l'angle  de  0',31  par  an.  Dans  tous  les  cas,  c'est  une  augmentation,  et 


106  L*ASTR0N0M1E. 

comme  les  observations  montrent  plutôt  une  légère  diminution,  c'est  qu'en  réalité 
l'angle  diminue. 

Si  maintenant  nous  posons  sur  un  diagramme  les  mesures  les  plus  satisfai- 
santes (1781,  1836  (Struve),  1851, 1863  et  1877)  nous  obtenons  la  fig.  41  sur  laquelle 
nous  voyons  le  mouvement  de  la  petite  étoile  dirigé  vers  13<>,5  environ  Nord-Est, 
avec  une  vitesse  annuelle  de  0',147,  ce  qui  corrrespond  à  : 

Ascension  droite -h  0*,035;  distance  polaire  —  0',142. 

La  flèche  indique  ce  mouvement,  à  la  même  échelle  de  0™,001  pour  r,  pour 
un  demi-siècle  de  part  et  d'autre  de  1836. 
Elle  ne  devrait  pas  marcher  vers  l'Est,  au  contraire,  son  déplacement  de  per- 

Fig.  42. 
N 


-W 


1 
S 

Mouvement  propre  absolu  de  l'étoile  voisine  d'Âldébaran. 

spective,  causé  par  le  mouvement  d'Aldébaran,  tendant  à  la  rejeter  vers  l'Ouest 
(fig.  39).  Elle  est  donc  personnellement  animée  d'un  grand  mouvement  propre  en 
ascension  droite,  égal  à  0',035  -h  0',058,  c'est-à-dire  à  -+-  0',093.  Quant  à  son  mou- 
vement en  distance  polaire,  la  perspective  y  entre  pour  la  plus  grande  part, 
l'étoile  se  rapprochant  du  Nord  d'une  quantité  peu  différente  de  celle  dont  Aldé- 
baran  se  rapproche  du  Sud;  en  additionnant  h- 0*,  174  avec  —  0',  14 2,  il  reste 
H- 0*032  comme  résidu.  Nous  avons  donc  pour  le  mouvement  propre  absolu  de 
cette  petite  étoile  : 

Aa  cos  6  =  +  0',093;  distance  polaire  =  -h  0%032.    Total  =  0',098. 

Ce  mouvement  absolu,  indépendant  de  celui  d'Aldébaran  est  représenté,  fig,  42, 
à  la  même  échelle  que  les  précédents. 

Nos  lecteurs  connaissaient  déjà  ce  fait,  par  les  publications  rappelées  en  tête 
de  cet  article;  mais  il  nous  a  paru  intéressant  de  lui  consacrer  une  notice  spé- 
ciale dans  cette  JReuue,  d'autant  plus  que  ce  fait  très  remarquable  d'un  fort  mou- 
vement propre  dans  une  étoile  de  11»  grandeur,  signalé  pour  la  première  fois  par 
M.  Flammarion,  en  1878,  vient  d'être  péremptoirement  confirmé  par  M.  Otto 
Struve,  directeur  de  l'Observatoire  de  Pulkowa,  dans  un  travail  sur  la  parallaxe 
d'Aldébaran,  lu  à  l'Académie  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg  et  publié  par  cet 
astronome,  à  la  date  du  17  mars  1884. 


ÉTUDE  OCÉANOGRAPHIQUE. 


107 


ÉTUDE  OCÉANOGRAPHIQUE. 

LES  MARÉES  ONT-ELLES  POUR  EFFET  DE  RALENTIR 
LE  MOUVEMENT  DE  ROTATION  DE  LA  TERRE? 


Toutes  les  fois  qu'on  a  traité  des  marées  au  point  de  vue  de  leur  influence  sur 
la  rotation  de  la  Terre,  on  a  implicitement  admis ^  que  leur  mouvement  était 
identique  à  celui  d*un  courant.  Cependant,  comme,  dans  la  supposition  que  la 
terre  fût  entièrement  recouverte  par  la  mer,  les  marées  feraient  le  tour  du  globe 
de  TEst  à  l'Ouest  en  vingt-quatre  heures  ou  à  peu  près,  et  que,  par  conséquent,  la 

Fig.  43. 


^cP        ^        5o*       ^y      >o/°       BV        30**       i^       ïo"        iy  iit'>       5' 


'°tf^g^ttT^^^ 


Positions  moyennes  annueUes  des  Lignes  Isothermes  de  l'eau,  dans  la  région  équatoriale 

de  l'Océan  Atlantique. 


LÉGENDE. 


La  première  ligne,  à  partir  dn  centre,  est  la  Ligne 
Isotherme  de  37*  C,  la  seconde  est  celle  de  26»,  et  ainsi 
de  suite  Jasqu'à  20*.  Les  Lignes  Isothermes  de  37*,  35« 
et  30*  sont  marquées  par  des  traits  plus  forts. 


Les  parties  ombrées  représentent  les  enax  chaudes 
en  mouvement  vers  les  hautes  latitudes  ;  les  parties 
laissées  en  blanc,  les  eaux  froides  en  mouvement  vers 
la  région  équatoriale.  Les  lignes  sombres  dans  la  par- 
tie ombrée,  donnent  les  positions  moyennes  annuelles 
des  courants  chauds  principaux. 


propagation  de  la  haute  mer  se  ferait  avec  une  vitesse  peu  inférieure  à  celle  d'un 
boulet  de  canon,  cette  appréciation  du  phénomène  doit  être  rejetée. 

A  tout  prendre,  le  mouvement  des  marées  ne  peut  être  qu'un  balancement  ou 
une  oscillation  verticale  des  eaux  de  la  mer. 

Dans  l'état  actuel  de  la  Terre,  la  mer  est  divisée  en  plusieurs  bassins  par  les 
continents,  et  ceux-ci  sont  répartis  de  telle  manière,  que  les  marées  ne  se  propa- 
gent dans  leur  sens  normal  de  l'Est  à  l'Ouest,  que  dans  une  partie  des  mers, 
tandis  aue,  dans  les  autres,  elles  suivent  plusieurs  directions  différentes,  qui 
toutes  se  rapprochent  plus  ou  moins  de  celle  des  méridiens  (M* 


(')  Voir  dans  le  Pyhsikalischer  Atlas  de  Berghaus  :  - 
TJbersicht  der  Fluthwellen,  von  dem  Rev.  W.  Whewell.  » 


Versuch  einer  Karte  zur 


108  L'ASTRONOMIE. 

Si,  avec  ces  données,  on  voulait  maintenir  que  les  marées  sont  des  courants, 
ou  qu'elles  impriment  aux  eaux  de  la  mer  des  mouvements  de  translation  horizon- 
tale, on  ne  devrait  trouver,  dans  l'Océan  Atlantique,  par  exemple,  qu'un  seul 
courant  se  propageant  du  Sud  au  Nord  :  courant,  qui,  embrassant  toute  la  largeur 
du  bassin,  se  porterait  de  l'hémisphère  Sud  dans  l'hémisphère  Nord  avec  une 
vitesse  de  plusieurs  centaines  de  kilomètres  à  l'heure. 

Nous  savons  que  ceci  n'est  pas;  nous  sommes  donc  en  droit  d'admettre  qu'au 
large  de  la  terre  ferme,  les  marées  n'engendrent  pas  de  courants  (<). 

Mais  nous  savons  aussi  qu'à  la  rencontre  d'un  obstacle,  à  la  rencontre  de  la 
terre  ferme,  les  marées  donnent  toujours  naissance  à  des  couranis  qui  peuvent 
atteindre  des  vitesses  relativement  très  grandes.  Il  se  pourrait  donc  que  ces  cou- 
rants eussent  l'effet  voulu  sur  la  rotation  de  la  Terre.  Mais  ceci  encore  ne  peut 
pas  ôtre,  car,  si  l'on  admet  que  le  flux  a  pour  effet  de  ralentir  le  mouvement  de 
rotation  de  la  Terre,  le  reflux  l'accélérera  nécessairement  d'autant,  puisque  celui-ci 
n'est  que  le  retrait  des  eaux  que  le  flux  avait  portées  en  avant. 

Cependant,  comme  la  haute  mer,  entraînée  par  le  mouvement  de  rotation  de  la 
Terre,  est  toujours  à  l'Est  du  méridien  où  se  trouve  la  Lune,  il  se  pourrait  que 
l'attraction  de  celle-ci,  agissant  sur  la  protubérance  de  la  mer  sous  un  angle  au- 
dessous  de  90<»,  déterminât,  dans  la  région  équatoriale,  un  courant  de  l'Est  à 
l'Ouest.  Il  est  vrai  qu'en  raison  de  la  faiblesse  extrême  de  la  protubérance  sou- 
levée par  cette  attraction,  le  courant  qui  en  naîtrait  serait  à  peu  près  insensible  ; 
mais,  quand  même  on  lui  supposerait  une  vitesse  quelconque  dans  les  limites  du 
probable,  il  ne  pourrait  jamais,  d'après  nos  connaissances  actuelles,  atteindre  le 
fond  de  la  mer  et  entrer  en  contact  avec  l'écorce  solide  du  globe.  Car,  d'après  de 
nombreuses  observations  directes,  les  courants,  et  nommément  les  courants 
chauds  dont  il  est  question  ici,  sont  toujours  limités  à  des  profondeurs  plus  ou 
moins  grandes  par  des  eaux  sensiblement  plus  froides  et  partant  d'une  origine 
différente,  et  on  n'a  pas  jusqu'ici,  du  moins  à  notre  connaissance,  trouvé  de  cou- 
rant qui  de  la  surface  de  la  mer  en  atteignît  le  fond. 

Nous  sommes  donc  contraints  de  reconnaître  que,  quanci  même  les  eaux  de  la 
mer ,  entre  les  tropiques ,  seraient  entraînées  vers  l'Ouest  d'un  mouvement  coni- 
mun  et  constant,  il  ne  s'ensuivrait  aucunement  que  la  rotation  de  la  Terre  en  pût 
être  affectée. 

Si,  de  ces  considérations  théoriques,  nous  étendons  nos  recherches  aux  obser- 
vations directes,  nous  arrivons  à  un  même  résultat. 

(')  Dans  ses  Considérations  Générales  sur  l'Océan  Atlantique,  3«  édition,  Paris, 
1854,  page  99,  le  capitaine  Ph.  de  Kerhallet  dit  :  a  On  distingue  deux  sortes  de  cou- 
rants :  les  uns  occasionnés  par  les  marées  sont  alternatifs  et  sensibles  seulement  à 
une  petite  distance  des  côtes,  les  autres,  dont  les  physiciens  expliquent  diversement 
les  causes,  sont  à  peu  près  constants  dans  leur  direction  et  ne  s'en  écartent  que  près 
des  cètes  qui  leur  font  obstacle  ». 

Dans  le  N  or  th  Atlantic  M  emoir,  14*  édition,  London,  1879,  page  293,  §  147,  A.  G.  Find- 
lay  s'exprime  ainsi  :  «  Le  flot  {tidal  wave)  n'est  pas  dû  à  une  translation  horizontale 
des  eaux,  ce  qui  serait  un  courant,  mais  à  une  élévation  de  leur  surface.  » 


ÉTUDE  OCÉANOGRAPHIQUE.  109 

En  effet,  les  lignes  isothermes,  qui  sont  exclusivement  construites  sur  ces 
observations,  et  dont,  par  cette  raison,  on  peut  assimiler  le  tracé  à  une  expéri- 
mentation directe,  montrent  que,  dans  l'Océan  Atlantique,  à  quelques  degrés  au 
Nord  de  Téquateur,  les  eaux  équatoriales  forment  une  zone  d'eau  chaude  qui 
s'étend  d'un  continent  à  l'autre  à  travers  toute  la  largeur  du  bassin,  et  que,  de 
cette  zone,  les  eaux  se  déversent  également  dans  les  deux  hémisphères,  sous 
forme  de  courants,  limités  par  les  eaux  froides  qui  des  hautes  latitudes  sont  en 
mouvement  vers  la  région  équatoriale.  (Voir  la  carte  ci-dessus.) 

La  direction  des  lignes  de  même  température  donnant  naturellement  les  direc- 
tions opposées  que  suivent  les  eaux  de  températures  différentes,  il  est  clair, 
d'après  le  tracé  de  la  carte,  qu'il  n'y  a  ici  aucun  indice  du  mouvement  général 
des  eaux  vers  l'Ouest  qu'on  s'est  figuré  exister  entre  les  tropiques.  Mais  ce  n'est 
pas  tout.  Le  tracé  des  lignes  isothermes  nous  révèle  encore  un  dernier  fait  qui 
tranche  définitivement  la  question  :  c'est  que,  dans  les  limites  des  eaux  chaudes 
de  la  zone  équatoriale  et  au  milieu  de  l'océan,  il  se  trouve  une  région  ou  un  point 
de  partage  des  eaux,  de  manière  que,  dans  une  moitié  du  bassin  elles  s'écoulent 
vers  l'Est  et  dans  l'autre  moitié  vers  l'Ouest  (*). 

Or,  comme  il  est  évident  par  soi-même  que  l'attraction  de  la  Lune  ne  peut  pas 
en  même  temps  communiquer  aux  eaux  de  la  zone  équatoriale  deux  mouvements 
de  translation  diamétralement  opposés,  que,  par  conséquent,  les  courants  observés 
dans  cette  zone  ne  peuvent  pas  être  les  effets  directs  de  l'attraction  lunaire,  et 
qu'ainsi  nous  sommes  naturellement  amenés  à  admettre  qu'il  ne  se  trouve  pas 
dans  la  pleine  mer  de  courants  occasionnés  par  les  marées,  nous  arrivons  finale- 
ment à  cette  conclusion  :  que,  dans  Tétat  actuel  de  nos  connaissances,  il  n'y  a 
aucune  raison  de  croire  que  les  marées  aient  pour  effet  de  ralentir  le  mouvement 
de  rotation  de  la  Terre. 

(*)  Sous  le  nom  de  a  Guinea-Gurrent  »,  A.  G.  Findlay  {Chart  of  the  N or th  Atlantic 
Océan,  London,  1869,  et  North  Atlantic  Memoir,  14*  édition,  London,  1879,  à  la 
page  312)  a  figuré  un  courant  qui,  par  sa  position  à  quelques  degrés  au  nord  de  l'équa- 
teur  et  par  son  mouvement  de  TOuest  à  l'Est  parallèlement  à  cette  ligne,  se  reconnaît 
immédiatement  pour  le  môme  que  le  c  Courant  Ëquatorial  Oriental  »  de  la  carte  ci- 
jointe.  Dans  le  Mémoire  cité,  l'auteur  dit  page  339,  g  189,  qu'il  existe  dans  TOcéan 
Pacifique,  un  courant  qui,  par  sa  latitude  et  par  sa  direction,  correspond  exactement 
au  a  Guinea-Current  »  de  TOcéan  Atlantique,  et  il  ajoute  qu'il  y  a  vingt  ans  déjà  qu'il-a 
démontré  la  non-continuité  du  courant  qui  descend  le  long  des  côtes  du  Portugal  et  de 
l'Afrique  Septentrionale  avec  le  a  Guinea-Gurrent  »,  ainsi  que  Tanalogie  qui  existe 
entre  ce  dernier  et  un  courant  périodique  de  l'Océan  Indien  qui  porte  à  l'Est. 

Quand  au  Courant  Équatorial  Occidental  de  la  carte,  c'est  le  courant  généralement 
connu  comme  le  a  Courant  Equatorial,  »  avec  son  prolongement,  le  courant  de  la  Floride 
ou  c  Gulf-Stream.  » 

Colonel  H.  Mathiesen, 

A  Rœskilde  (Danemark). 


110 


L'ASTRONOMIE. 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  -  VARIÉTÉS. 

Six  trombes  marines  observées  dans  l^espace  d^one  demi-heure. 

Monsieur  le  Directeur, 

Jai  rhonneur  de  vous  signaler  un  fait  qui  me  parait  des  plus  extraordinaires: 
une  succession  de  six  trombes  marines  dans  Tespace  d'une  demi-heure;  trois 
d'entre  elles  sont  restées  incomplètes,  tandis  que  les  autres  se  sont  suspendues 


Fig.  44. 


N«  2. 


V  s. 


entre  les  nuages  et  la  mer,  une  dizaine  de  minutes  chacune,  comme  d'énormes 
serpents,  leur  tête  dans  les  nuages,  leur  queue  battant  les  flots. 

Ce  phénomène  a  commencé  ce  matin,  13  janvier  1885,  à  10*»45.  La  mer  était 
calme,  mais  d'un  pourpre  vert  menaçant;  tout  le  fond  de  l'horizon  était  clair  et 
serein,  tandis  que  le  reste  du  ciel  se  montrait  rempli  d'un  amas  de  gros  nuages 
noirs  où  grondait  l'orage.  Au  moment  où  j'ai  fait  ma  première  esquisse,  la  pluie 
tombait  avec  abondance  vers  Nice  et  le  vent  venait  du  Sud-Est  à  peu  près. 
Derrière  nous,  le  soleil,  de  temps  en  temps,  se  faisait  jour  à  tra^vers  les  nuages  et 
jetait  ses  rayons  sur  les  trombes,  pendant  que  du  gros  de  Torage  à  Touest  des 
éclairs  venaient  illuminer  la  scène. 

Peut-être  les  esquisses  suivantes  {fig.  44  à  46)  éclairciront  cette  suite  de  phéno- 
mènes mieux  que  ne  pourraient  le  faire  des  paroles. 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS. 


111 


Une  circonstance  bien  remarquable  :  c'était  la  forme  et  Taspect  de  la  partie  de 
la  trombe  qui  paraissait  monter  de  la  mer.  Plusieurs  personnes,  qui  n'avaient 

Fig.  45. 


N*7, 


Fig.  46. 


P.RwcM  N«  8.  NO  9. 

Dans  les  fig.  44-45-46,  les  lettres  servent  à  désigner  les  différentes  trombes. 


1*  Aspect  des  trombes  à  10^40". 

2»      >  •  10»»48«. 

a»      »  »  10^50-. 

4*      I  •  10^58"  (a  se  dissipe). 

5*      •  »  11^  (cd  commencent). 


6«  Aspect  des  trombes  à  11*»  5">   (cd    avortées.  — 

b  dissipée). 
?•       »  j»  ll^lO*  (d  avortée.  —  ea 

commencé  sur  la  mer,  s'est  élevée,  puis  dissipée 

comme  une  fumée). 
8«  Premier  aspect  de  la  6«  trombe. 
9*  Dernier  aspect  de  la  6«  trombe. 


pas  VU  les  trombes  —  qui  n'avaient  aperçu  que  ce  qui  est  représenté  au  n»  7  — 
croyaient  voir  un  navire  en  feu.  Avec  chaque  trombe  cette  partie  avait  toujours 
cette  même  forme. 

San-Hemo,  le  14  janvier  1885.  Julia  Braddon. 


112 


L'ASTllONOMIE. 


Halo  et  parhélies  observés  &  Orléans.  —  Le  17  janvier  dernier,  j'ai  été 
témoin,  à  Orléans,  d'un  phénomène  météorologique  fort  remarquable  et  assez 
rare  dans  nos  contrées.  A  midi  40",  on  pouvait  voir  autour  du  Soleil  un  cercle  de 

Fig.  47. 


JL^-^l^^^^^^^^"^^ 


Halo  et  parhéUes  observés  à  Orléans,  le  17  janvier  1885. 

22o  de  rayon,  très  brillant.  Aux  deux  extrémités  du  diamètre  horizontal  de  ce  cercle 
se  formèrent  deux  taches  blanches  qui,  pendant  un  quart  d'heure,  augmentèrent 
graduellement  d'intensité,  jusqu'à  devenir  éblouissantes  à  midi  55™.  Il  y  avait 
alors  trois  soleils,  le  vrai,  au  centre  du  halo,  et  les  deux  faux  de  chaque  côté. 
Puis  l'éclat  diminua,  et  les  deux  faux  soleils  s'irisèrent  d'une  teinte  jaunâtre  dans 
leur  moitié  opposée  au  Soleil. 

Dans  le  ciel,  pas  un  nuage,  seulement  une  brume  légère  (précisément la  brume 
glaciale  qui  donne  naissance  aux  halos  et  parhélies).  Le  thermomètre  était  à— 1^ 

Un  arc-en*ciel  non  tangent  au  halo  fut  visible  pendant  toute  la  durée  du  phé- 
nomène, et  cet  arc-en-ciel  était  à  cheval  sur  mon  méridien;  ses  extrémités  s'étei- 
gnant  dans  l'azur  du  ciel,  suivant  une  ligne  passant  par  mon  zénith.  J'ai  ainsi  vu 


NOUVELLES  DE   LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  113 

les  couleurs  de  Tarc-en-ciel,  à  midi,  au-dessus  de  ina  tête.  Dans  toute  son  étendue, 
cet  arc  semblait  limiter  la  brume,  cause  du  halo.  M.  D.  Luzet. 

Ce  dernier  arc  est  fort  rare.  C'est  Tare  circumzénithal  qui  est  tangent  au  halo 
de  46»  quand  celui-ci  est  formé.  La  vivacité  de  ses  teintes,  la  distinction  de  ses 
couleurs,  la  netteté  avec  laquelle  ses  bords  se  détachent  dans  le  ciel  en  font  un 
véritable  arc-en-ciel.  Le  rouge  est  en  dehors,  le  violet  en  dedans.  Cet  arc  ne 
peut  se  produire  que  lorsque  la  hauteur  du  Soleil  est  comprise  entre  20»  et  31».* 

Les  lueurs  crépusculaires.  — 'M.  Guillaume,  à  Péronnas  (Ain),  qui  observe 
avec  soin  ces  lueurs  depuis  leur  origine,  signale  une  diminution  considérable 
dans  leur  intensité  depuis  le  mois  de  décembre.  La  couronne  voilée  qui  entoure 
le  Soleil  reste  encore  visible,  quoique  de  plus  en  plus  faible. 

La  iumière  zodiaca/e,  au  contraire,  a  augmenté  d'éclat.  Les  9,  14  et  16  janvier, 
les  1,  4,  6,  7  et  8  février,  cet  éclat  était  supérieur  à  celui  de  la  voie  lactée. 

On  nous  écrivait  d'autre  part  de  Kustendjie  (mer  Noire)  à  la  date  du  14  décembre, 
que  les  lueurs  crépusculaires  ont  été  très  intenses,  surtout  au  lever  du  Soleil, 
pendant  l'automne  dernier,  mais  pourtant  moindres  que  l'hiver  précédent.  Un 
diagramme  colorié  montre  le  rouge,  Forangé,  le  jaune,  le  rose  et  le  pourpre  se 
succédant  graduellement  de  l'horizon  au  zénith  (18«  de  rouge,  32«  de  jaune  bril- 
lant, 10»  de  rose  lavé  et  30«  de  pourpre). 

Peut-être  doit-on  attribuer  aux  mêmes  lueurs  les  faits  suivants,  les  poussières 
lancées  dans  les  hauteurs  aériennes  par  l'éruption  de  Krakatoa  changeant  de 
place  comme  les  nuages,  tout  en  se  disséminant  insensiblement  : 

«  Le  27  janvier  dernier,  vers  minuit,  nous  écrivait  de  Caen  M.  Baôr,  j'observais 
Saturne  avec  mon  cinq  pouces,  par  un  froid  vif  et  un  ciel  admirable,  lorsque  je 
fus  surpris  de  lui  trouver  la  teinte  rougeâtre  de  Mars,  qu*il  n'avait  pas  une  heure 
auparavant,  et  cela  sans  qu'aucun  détail  de  la  planète  eût  rien  perdu  de  sa  net- 
teté. Immédiatement,  je  braquai  la  lunette  sur  Jupiter,  assez  éloigné  de  là,  il 
avait  sa  teinte  habituelle. 

«  J'ai  fait  la  même  observation  le  23  mars  1884  à  8*>  du  soir,  et  M.  Bruguière  l'a 
faite  à  Marseille,  le  2  mars  de  la  même  année,  à  7*>30°^  du  soir.  Le  ciel  était  si 
pur  que  j'ai  pu  observer  des  étoiles  de  12«  grandeur.  » 

L'hypothèse  d'un  léger  nuage  transparent  passant  devant  Saturne  est  la  plus 
probable.  Pourquoi  trois  fois  devant  la  même  planète?  On  peut  répondre  qu'il  n'y  a 
guère  que  Jupiter  et  Saturne  qui  permettent  de  faire  une  observation  de  ce  genre. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES 

A  FAIRE  DU  15  MARS  AU  15  AVRIL  1885. 
Principaux  ol^etB  célestes  en  évidence  pour  robservation. 

lo  CIEL  ÉTOILE  : 

Pour  l'aspect  du  ciel  étoile  durant  cette  période  de  Tannée,  se  reporter  soit  aux 
cartes  publiées  dans  la  première  année  de  la  Revue,  soit  aux  descriptions  don- 


114  L'ASTRONOMIE. 

nées  dans  les  Étoiles  et  les  curiosités  du  Ciel  (pages  594  à  635).  Les  belles 
constellations  du  ciel  d'hiver  sont  encore  visibles  et  admirables  à  étudier.  Les 
deux  brillantes  planètes  Jupiter  et  Saturne ,  la  première  près  de  Régulus  et 
la  seconde  dans  le  Taureau,  contribuent  encore  à  en  augmenter  l'éclat. 

2o  SYSTÈME   SOLAIRE   : 

Soleil.  —  Le  15  mars  1885,  le  Soleil  se  lève  à  6*»  15"»  du  matin  et  se  couche  à 
6*»4°»  du  soir;  le  1«'  avril,  Tastre  du  jour  apparaît  au-dessus  de  Thorizon  à  ô^^dO" 
du  matin,  pour  disparaître  au-dessous  à6^29°'  du  soir;  enfin,  le  lever  a  lieu  à 
5^11™  du  matin,  le  15  avril,  et  le  coucher  à6*>50"  du  soir.  La  durée  du  jour  est 
de  11*»49«,  au  15  mars,  de  12^49»  au  l«f  avril  et  de  13*» 39»»  le  15  avril.  Les  jours 
augmentent,  dans  cet  intervalle  d'un  mois,  de  i^i^  le  matin  et  de  46*»  le  soir, 
soit  un  accroissement  de  l'»50"»  au  total. 

Les  soirées  sont  toujours  plus  longues  que  les  matinées  ;  mais  cette  différence 
diminue  rapidement. 

Pendant  toute  cette  période,  le  Soleil  reste  dans  le  voisinage  de  l'équateur,  qu'il 
traverse  le  20  mars  à  10*>39°»  du  matin  :  c'est  à  cet  instant  précis  que  commence 
la  saison  du  Printemps.  Ce  jour  là,  qui  est  le  jour  de  Véquinoxe,  le  Soleil  ne 
devrait  être  visible  que  douze  heures  au-dessus  de  l'horizon;  mais  ce  phénomène 
a  lieu  deux  jours  plus  tôt,  à  cause  de  la  réfraction  que  subissent  les  rayons  lumi- 
neux en  traversant  les  couches  d'air,  au  lever  et  au  coucher  du  Soleil.  Le  15  mars, 
la  déclinaison  australe  du  Soleil  est  de  i^bT;  elle  s  annule  au  moment  de  l'équi- 
noxe,  puis  devient  boréale,  s'élève  à  4o43'  au  1«' avril  et  à9o55'  le  15.  Cette  rapide 
augmentation  de  lio52'  dans  la  déclinaison  de  l'astre  du  jour  explique  pourquoi 
la  température  moyenne  s'accroît  et  les  journées  s'allongent  si  vite  pendant  le 
commencement  d'avril. 

Une  éclipse  annulaire  de  Soleil  aura  lieu  le  16  mars  à  6^24"»  du  soir.  On  sait 
que  les  distances  du  Soleil  et  de  la  Lune  à  la  Terre  ne  restent  pas  invariables  ; 
les  diamètres  apparents  de  ces  deux  astres  sont  donc  aussi  variables,  et,  comme 
ils  sont  presque  égaux  en  moyenne,  il  en  résulte  que  tantôt  c'est  l'un,  et  tantôt 
l'autre  qui  se  trouve  le  plus  grand.  Lorsque  la  Lune  vient  se  placer  entre  la 
Terre  et  le  Soleil,  juste  sur  la  même  ligne,  il  se  produit  une  éclipse  de  Soleil. 
Si  la  Lune  a  le  plus  petit  diamètre,  l'astre  du  jour  déborde  tout  autour  du  disque 
noir  de  la  Lune  et  Téclipse  est  dite  annulaire. 

Le  16  mars,  la  pénombre  de  la  Lune  vient  atteindre  la  terre  à  3^27™  du  soir^ 
temps  moyen  de  Paris,  en  un  point  situé  à  l'Ouest  du  Mexique,  en  plein  Océan  paci- 
fique, par  139059'  de  longitude  Ouest  et  13o23'  de  latitude  Nord;  c'est  en  ce  lieu 
et  à  cet  instant  que  commence  l'éclipsé  partielle.  Le  prolongement  du  cône 
d^ombre  vient  ensuite  rencontrer  la  surface  de  la  Terre  à  4*»  47»  en  un  point  qui  a 
pour  longitude  159o36'  0.  et  pour  latitude  boréale  35ol5';  ce  point  est  au  Nord 
dans  les  iles  Sandwich.  C'est  là  que  commence  l'éclipsé  annulaire.  Ensuite  l'ombre 
de  la  Lune  se  déplace  de  l'Ouest  à  l'Est,  traversant  une  partie  des  États-Unis, 
de  la  confédération  du  Canada,  du  Groenland  et  de  l'Océan  Arctique;  elle  quitte 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  115 

la  surface  de  la  Terre  à  1^ 3™  du  soir,  en  un  point  dont  la  longitude  est  de  4  5«  KX  G. 
et  la  latitude  de  70o47'N.  :  ce  point  se  trouve  dans  le  voisinage  de  l'Islande. 
L'éclipsé  annulaire  est  terminée.  Mais  le  cône  do  pénombre*  continue  sa  marche 
et  n'abandonne  notre  planète  qu'à  8^23™  du  soir,  par  34^4'  longitude  G.  et  49®  de 
latitude  boréale  :  ce  point  est  situé  en  plein  Gcéan  Atlantique. 

L'éclipsé  annulaire  sera  invisible  pour  l'Europe  continentale  ;  mais  elle  pourra 
être  observée  aux  États-Unis,  dans  la  Nouvelle-Bretagne  et  le  Groenland.  Au 
Mexique,  au  Guatemala,  dans  le  Honduras,  à  Cuba,  à  Terre-Neuve,  sur  la  côte 
orientale  des  États-Unis,  ainsi  que  dans  TGcéan  Atlantique,  on  pourra  étudier 
réclipse  partielle. 

La  lumière  zodiacale  se  présente  toujours  dans  les  conditions  les  plus  favo- 
rables pour  Tobservation. 

Lune.  —  C'est  surtout  dans  la  période  comprise  entre  le  20  et  le  28  mars  que 
le  croissant  lunaire  s'offrira  à  nous  dans  les  meilleures  conditions  pour  l'étude 
des  cratères  de  notre  satellite.  En  même  temps,  la  Lune  continue  à  se  maintenir 
très  haut  au-dessus  de  rhorizon  de  Paris  lors  de  son  passage  au  méridien. 
Le  23  mars,  jour  du  premier  quartier,  cette  hauteur  est  de  59«  17'. 

(  NL  le  16  mars,  à    SMô-  soir.  DQ  le    7  avril,  à  2'*52-  soir. 

Phases...  {  PQ  le  23      »      à   5  32       »  NL  le  15     »     à  6    1  matin. 

(  PL  le  30      »      à    4  49       » 

Rappelons  ce  fait  assez  rare  d'un  mois  de  mars  avec  deux  pleines  Lunes.  Le 
17  mars,  de  6^  à  7*»  du  soir,  on  pourra  apercevoir  dans  toute  l'Europe,  le  mince 
croissant  lunaire  vingt-quatre  heures  avant  la  néoménie. 

Une  éclipse  partielle  de  Lune,  à  peu  près  invisible  à  Paris,  aura  lieu  le  30  mars . 
La  Lune  entrera  dans  la  pénombre  projetée  par  la  terre  à  1*>59«  du  soir,  temps 
moyen  de  Paris:  elle  se  trouvera  alors  au  zénith  des  habitants  de  la  Nouvelle - 
Bretagne  (Gcéanie).  Notre  satellite  entrera  dans  Vombre  à  3^8°>  et  sera  au  zénith 
de  la  Nouvelle-Guinée.  Le  milieu  de  Téclipse  aura  lieu  à  4*»44">;  à  ce  moment 
les  I  du  disque  lunaire  seront  plongés  dans  l'ombre  de  notre  planète.  Les  habi- 
tants do  Bornéo  auront  la  Lune  au-dessus  de  leurs  têtes.  La  sortie  de  l'om&re  si 
produira  à  6^19»»  et  la  sortie  de  la  pénombre  à  7»>28"»  du  soir.  Les  peuples  de 
TAsie,  de  l'Afrique  orientale,  de  l'Australie  et  de  l'archipel  de  la  Sonde  seront 
les  mieux  situés  pour  l'observation  du  phénomène.  Comme  la  Lune  ne  se  lève 
qu'à  61"  28",  à  Paris,  Ton  ne  pourra  même  pas  apercevoir  la  sortie  de  l'ombre,  qui 
ne  pourra  être  vue  que  dans  l'Europe  orientale  et  centrale. 

Occultations  et  appulses  visibles  à  Paris. 

Sept  occultations  et  deux  appulses  seront  visibles  dans  la  première  moitié  de 
la  nuit,  depuis  le  15  mars  jusqu'au  15  avril  1885. 

!•  75  Taureau  (6*  grandeur),  le  21  mars,  de  B'-SS  à  9^46"  du  soir.  L'étoile  disparaît  à 
grauche,  à  18*  au-dessus  du  point  le  plus  oriental  et  reparait  au  Sud,  à  16*  à  droite  et 


116 


L'ASTRONOMIE. 


au-dessus  du  point  le  plus  bas.  L'occultation  sera  visible  dans  le  Nord-Ouest  de 
TEurope. 

2*  B.A.C.  1391  (5*  grandeur),  le  21  mars,  à  10'»14".  Simple appulse  à  2'3  du  bord  delà 
Lune,  dans  le  voisinage  du  point  situé  à  égale  distance  du  point  le  plus  au  Sud  et  du 
point  le  plus  à  l'Est.  A  Greenwich,  il  y  aura  également  appulse  de  l'étoile;  mais  en 
Irlande,  il  y  aura  occultation. 

3»  111  Taureau  (5,5  grandeur),  le  22  mars,  de  7"»  10"  à  8*'6-  du  soir.  La  disparition  se 
produit  à  l'Est,  à  8*  au-dessus  du  point  le  plus  à  gauche,  et  la  réapparition  au  Sud,  à 
14*  à  droite  du  point  le  plus  bas  du  disque  1-unaire.  Occultation  visible  dans  le  Nord- 
Ouest  de  l'Europe. 

4*  117  Taureau  (6*  grandeur),  le  22  mars,  à  9''27-  du  soir.  Appulse  k(y,l  du  bord,  dans 
le  voisinage  du  point  situé  à  41*  à  gauche  et  au-dessus  du  point  le  plus  bas  du  disque 
lunaire.  Cette  appulse  est  représentée  fig:  48.  A  Greenwich,  l'étoile  est  occultée  et  la 
durée  du  phénomène  est  de  21". 

5*  68  Gémeaux  (5,5  grandeur),  le  24  mars,  de  ll''53"  à  12''51"  du  soir.  L'étoile  disparaît 
FIg.  48.  Fig.  49. 


Appulse  de  117  Taureau, 
le  22  mars,  à  9*27-  du  soir. 


Occultalion  de  B.A.C.  3836  par  la  Lune, 
le  28  mars,  de  10'' Sô-  à  U'-SS-  du  soir. 


en  un  point  du  disque  situé  à  32*  au-dessus  du  point  le  plus  à  l'Est  et  réapparaît  en  un 
autre  point  situé  à  30*  au-dessous  du  point  le  plus  à  l'Ouest.  Cette  occultation  sera 
visible  dans  toute  l'Europe  occidentale. 

6*  B.A.C.  3529  (6*  grandeur),  le  27  mars,  de  10''4l-  à  11'' 36-  du  soir.  La  disparition  se 
produit  en  un  point  du  disque  situé  à  37*  au-dessus  et  à  gauche  du  point  le  plus  bas, 
puis  la  réapparition  a  lieu  à  41*  au-dessous  du  point  le  plus  à  droite  du  limbe  de  la 
fiune.  Visible  dans  le  Nord-Ouest  de  l'Europe. 

7*  43  Lion  (6,5  grandeur),  le  27  mars,  de  ll''5l"  à  12*45"  du  soir.  L'étoile  disparaît  en 
un  point  du  disque  situé  à  42*  au-dessus  du  point  le  plus  oriental  et  reparaît  à  29*  au 
dessus  du  point  1  e  plus  occidental.  Visible  dans  l'Europe  occidentale. 

8*  B.A.C.  3836  (6*  grandeur),  le  28  mars,  de  10*35-  à  11*33-  du  soir.  La  disparition  de 
l'étoile  et  sa  réapparition  ont  lieu,  comme  le  montre  la  fig.  49,  dans  la  partie  inférieure 
du  disque  lunaire.  L'étoile  disparaît  en  un  point  situé  à  23*  à  gauche  du  point  le  plus 
bas  et  reparaît  en  un  autre  situé  à  27*  au-dessus  du  point  le  plus  occidental.  Occultar 
tion  visible  dans  le  Nord-Ouest  de  l'Europe. 
.  9»  B.A.C.  4591  (6*  grandeur),  le  31  mars,  de  9*31-  à  10*36-  du  soir.  La  disparition  se 


OBSERVATIONS  ASTUONOMIQUES.  117 

produit  au  Sud,  à  12*  au-dessus  et  à  gauche  du  point  le  plus  au  Sud  du  disque  lunaire, 
et  la  réapparition  à  l'Ouest,  à  27*  au-dessus  du  point  le  plus  à  droite.  Occultation  obserr 
vable  dans  le  Nord-Ouest  de  TEurope. 

Occultations  diverses  (•). 
Les  nombreux  lecteurs  de  la  Revue  pourront  encore  étudier,  selon  les  contrées 
qu'ils  habitent,  Europe,  Asie  ou  Afrique,  les  occultations  qui  suivent  : 

!•  6.A.G.  481  (6,5  grandeur),  le  18  mars,  de  7''7-  à  8*'3-  du  soir,  temps  moyen  de  Paris, 
occultation  de  Tétoile  à  Greenwich  et  dans  l'Europe  occidentale. 

2»  B.A.G.  1351  (6,5  grandeur),  le  21  mars,  de  6»» 39-  à  7'»7-  du  soir.  Occultation  visible 
dans  le  Nord-Ouest  de  l'Europe. 

3*  Aldébaran  (l**  grandeur),  le  21  mars,  de  11»» 52"  à  12*' 41"  du  soir,  heure  de  Paris, 
temps  moyen.  Malheureusement,  la  réapparition  ne  pourra  être  observée  en  Europe, 
parce  qu'au  moment  de  la  sortie  d'Aldébaran,  la  Lune  aura  disparu  au-dessou  s  de  l'ho- 
rizon. La  première  phase  du  phénomène  sera  visible  dans  l'Ouest  de  la  France  et  dans 
les  Iles  Britanniques. 

4*  Uranus,  le  29  mars,  vers  12"»  23*  du  soir,  temps  moyen  de  Paris.  L'occultation  de 
cette  planète  ne  sera  observable  que  dans  les  Iles  de  Feu.  En  Europe,  lors  du  passage 
de  la  planète  au  méridien,  on  pourra  distinguer  Uranus,  avec  une  lunette  astrono- 
mique, au  Nord  du  disque  lunaire. 

Le  23  mars,  à  9^  du  soir,  la  distance  de  la  Luneàla  Terre  est  périgée  ;  369,300^, 
diamètre  lunaire  =  32'20'8. 

Le  6  avril,  à4'>  du  soir,  la  distance  de  laLuneà  laTerre  est  apogée  :  403,600*^", 
diamètre  lunaire  =  29' 36', 

Mejicure.  —  Mercure,  tout  à  fait  invisible  dans  la  plus  grande  partie  du  mois 
de  mars,  se  présente  dans  des  conditions  très  favorables  à  la  fin  de  ce  mois  et 
surtout  en  avril.  Le  13  mars,  la  rapide  planète  est  en  conjonction  supérieure  avec 
le  Soleil,  mais  elle  s'éloigne  très  vite  de  l'astre  du  jour,  pour  atteindre  son  maxi- 
mum d'élongation  orientale,  19^  15',  le  8  avril.  Bien  que  cette  élongation  ne  soit 
pas  très  considérable,  Mercure  se  couche  alors  près  de  deux  heures  après  le  So- 
leil, parce  que  sa  déclinaison  boréale  atteint  17o.  Comme  il  est  très  rare  que  la 
planète  soit  si  longtemps  visible  le  soir,  nous  ne  saurions  trop  engager  nos  lec- 
teurs à  profiter  de  cette  circonstance  pour  connaître  un  astre  qui  est  si  difficile  à 
apercevoir. 

Jours.  Passage  Méridien.  Coacher.  Différence  Soleil.    CoDstellation. 

23  Mars 0'»43-    soir.  7»' 10"  soir.  0*'54-  Poissons. 

25      »     0  49         »  7  25  »  16                   » 

29      »     10         »  7  53  »  1  28                    » 

!•' Avril 1    6         »  8  10  »  1  41  Bélier. 

5      »     1  11         »  8  29  «  1  54                   » 

7      »     112         »  8  35  f  1  57 

9      »     1  11         »  8  38  «  l  57 

13      »    15»  8  37  »  1  50                   1» 

(')  Nous  rappelons  aux  Observateurs  du  Ciel  que  toutes  les  occultations  d'étoiles, 
jusqu'à  la  7*  grandeur  exclusivement  sont  signalées  dans  V Astronomie,  Les  personnes 
qui  auront  noté  des  occultations  non  indiquées  ici,  peuvent  être  certaines  que  Tétoile 
qu'elles  ont  vue  occultée  est  de  7*,  8*  ou  ^  grandeur. 


118  L'ASTRONOMIE. 

Le  mouvement  de  Mercure  est  direct.  Le  22  mars  au  matin,  la  planète  se  trou- 
vera à  2o25'  au  Sud  de  Tétoile  de  5«  grandeur  S  Poissons.  Le  24  mars,  au  soir, 
Mercure  sera  visible  à  52'  au  Sud  de  l'étoile  de  4«  grandeur  e  Poissons.  Au  10 
avril  le  diamètre  de  Mercure  est  de  8' 2  et  de  9'4  le  15  avril. 

Vénus.  —  Vénus  se  rapproche  sans  cesse  du  Soleil.  Absolument  invisible. 

Mars.  —  Mars  se  lève  à  5^6™  du  matin,  le  8  avril.  Toujours  invisible. 

Petites  planètes.  —  Cérés  se  trouve  dans  les  meilleures  conditions  possibles 
pour  Tobservation,  puisqu'elle  passe  au  méridien  à  minuit,  le  8  avril.  Il  est  tout 
h  fait  facile  de  la  reconnaître  à  la  simple  vue. 

Jours.  Lever  de  Cérès.  Passage  Méridien.  Constellation. 

18  Mars 6'»56-  soir.                1*'43"  matin.  Vierge, 

23      »    6  32         »                   1  20         »»  » 

28      »    6    7         »                   0  56         M  » 

2  Avril 5  41         »»                   0  32         j»  « 

8      »     5  18         »  minuit  •» 

11      »     4  55         »  1144      soir.  » 

Le  mouvement  de  Cérès  est  toujours  rétrograde  et  très  lent.  La  petite  planète 
se  rapproche  peu  à  peu  de  e  Vierge. 

Le  !<"•  avril,  Cérès  est  éloignée  de  240  millions  de  kilomètres  de  la  Terre.  Elle 
se  trouve  en  ce  moment  à  sa  distance  minimum  de  nous. 

Coordonnées  au  21  mars  :    Ascension  droite...     13**23''.    Déclinaison...      8*29' N. 
»  7  avril  :  »  »  13    9  »  9  40  N. 

Comme  la  précédente,  la  petite  planète  Pallas  se  montre  à  nos  regards,  soit  à 
l'œil  nu,  soit  avec  une  jumelle,  dans  des  conditions  exceptionnellement  favorables. 
C'est  le  21  mars  qu'elle  passe  au  méridien  à*  minuit. 

Jours.  Lever  de  Pallas.  Passage  Méridien.  Constellation. 

17  Mars S»»  47-  soir.                0*'20-  matin.  Vierge. 

21      »    5  20  »  minuit  » 

26      »    4  45  »i  1134      soir. 

!•' Avril 4  10  •  11    9         »  » 

6     »    3  41  »  10  47         M  Lion. 

11      w     3  11  »  10  25         D  » 

Le  mouvement  de  Pallas  est  toujours  rétrograde  et,  fait  unique,  la  petite  pla- 
nète, se  dirige  sensiblement  vers  le  Nord.  Le  19  mars,  PaZZas  pourra  être  aperçue 
à  56'  à  l'Est  de  l'étoile  4,  5  grandeur  ic  Vierge.  Du  19  au  25  mars  elle  se  trouvera 
entre  les  étoiles  ii  et  o  Vierge.  Le  25  mars,  au  soir,  on  la  verra  à  50'  à  l'Ouest  de 
cette  dernière  étoile;  puis,  jusqu'au  12  avril,  elle  se  dirigera  en  ligne  droite  vers 
la  belle  étoile  p  Lion,  de  2«  grandeur.  Pendant  quatre  ou  cinq  jours,  on  la  verra 
à  TEst  de  p  Lion  dont  elle  s'approchera  d'environ  40'.  Le  22  mars,  Pallas  est  éloi- 
gnée de  195  millions  de  kilomètres  de  la  Terre. 

Coordonnées  au  15  mars  :    Ascension  droite...    12'' 3".    Déclinaison...      5»35'N. 
•  12  avril  :  »  »  11  46  »  15    7  N. 


OBSEUVATIONS  ASTUONOMIQUES.  U9 

Junon  se  rapproche  de  la  Terre  dont  elle  n'est  éloignée  que  de  329  millions 
de  kilomètres  au  11  avril.  Une  lunette  terrestre  ou  une  jumelle  marine  suffit 
pour  reconnaître  aisément  ce  petit  astre. 

Joars.  Lever  de  Junon.  Passage  Méridien.  Constellation. 

18  Mars 8^37"  soir.  2»'29-  matin.  Vierob. 

23      »    8  12         »  2    7         »  » 

28      »     7  46         »  1  44         »  » 

2  Avril 7  20         »  1  21         «  » 

7      »    6  54         »  0  58         »  M 

12      »     6  27         u  0  34         »  » 

Junon  continue  son  mouvement  rétrograde  dans  la  constellation  de  la  Vierge. 
Elle  suit  une  direction  parallèle  àlaligne  que  forment  les  étoiles  jx,  v  et  t  Vierge. 

Coordonnées  au  19  mars  :    Ascension  droite...    14*'ll-.    Déclinaison...      3*  6' S. 
»  7  avril  :  »  »  13  59  »  0  42  S. 

Vesta  demeure  entièrement  invisible. 

Jupiter.  — ^  Jupiter  brille  toujours  du  plus  vif  éclat  au  Nord  et  dans  le  voisi- 
nage immédiat  de  Régulus.  Pendant  une  longue  série  de  jours,  on  pourra  étu- 
dier les  deux  astres  dans  le  champ  d*une  même  lunette  astronomique,  munie  d'un 
faible  oculaire.  Jupiter  rétrograde  dans  le  Lion  et  a  un  diamètre  de  40'  au  30  mars. 

Jours.                               Lever.  Passage  Méridien.         Constellation. 

18  Mars 3'»  7-  soir.  10''14-  soir.  Lion. 

22      »     2  49  »  9  57  »»  » 

26      )»     2  32  »  9  40  »  » 

30      »     2  14  »  9  23  »  » 

3  Avril 1  58  »  9    7  »  » 

7      »     1  40  »  8  50  »  » 

11      »     124         »  8  34         )»  » 

Les, satellites  de  Jupiter  sont  toujours  intéressants  à  observer  avec  une  ju- 
melle marine  ou  une  lunette  astronomique.  Les  astronomes  doués  d'une  vue 
excellente  ont  parfois  distingué  le  3«  satellite,  lors  de  ses  plus  grandes  élonga- 
tions.  Voici  les  dates  favorables  :  15,  18, 19,  20,  21,  25,  26  et  29  mars,  1,  2,  5,  8, 
9,  et  12  avril.  Un  moyen  bien  simple,  et  que  j'ai  moi-même  expérimenté,  consiste 
à  se  servir  d'une  feuille  de  papier  très  épaisse  ou  d'un  carton,  que  l'on  a  percé 
avec  une  aiguille  à  tricoter. 

Éclipses  des  satellites  de  Jupiter. 

21  Mars 11''47"  soir.  Emersion     du  1*  satellite  éclipsé. 

25      »    9  26  »                    »  2          »              » 

30  »    8  10  "                     0  1           M              » 

31  »    7  24  »  Immersion  3          »              » 


u 


10  51  »  Emersion  3  »  » 


1"  Avril 10  23  >*  Immersion  4 

»      »    12    2  i>  Emersion  2 

6  .  »    10    5  »                    »  1 

7  »    11  23  »  Immersion  3 

13     M    1159  0  Emersion  1 


120  L'ASTROJNOMIE. 

Remarque.  —  Les  25  mars,  1,  4  et  7  avril,  les  satellites  sont  d'un  même  côté 
du  disque  de  Jupiter. 

Saturne.  —  La  planète  est  toujours  visible  dans  la  constellation  du  Taureau. 
Son  mouvement  est  direct. 

Jours.  PassAge  Méridien.                       Coaclicr.  Constellation. 

18  Mars 5''23-  soir.  l"- IQ"  matin.  Taureau. 

23»    55         »  11         »  » 

28      »     4  46          y»  0  43          »  » 

2  Avril 4  28         »  0  26         »  » 

1      p    4  10         »  0    8         « 

12      »    3  53         w  11  47      soir.  m 

Le  diamètre  de  Saturne  est  de  16'  au  l^-  avril. 

Uranus.  —  C'estdurant  les  mois  de  mars  et  d'avHl  qu'il  sera  surtout  extrême- 
ment intéressant  d'observer  Uranus,  qui  se  rapproche  de  la  Terre  jusqu'au  21  mars, 
jour  de  son  opposition  avec  le  Soleil.  Ce  jour-là,  cette  planète  passe  au  méridien  à 
minuit.  Uranus  est  facile  à  reconnaître,  pareil  à  une  étoile  de  6«  grandeur,  presque 
à  moitié  chemin  des  belles  étoiles  tj  et  p  Vierge. 

Jours.  Lever.  Passage  Méridien.  Gonstellatlou. 

17  Mars. 6''  17-  soir.  0''26'"  matin.  Vierge. 

22      »    5  56         »  minuit  » 

27      M    5  36         »  1141      soir.  » 

■  2  Avril 5  12         ».  11  17         »  » 

7"    » 4  50         »  10  56         »  » 

12      »     4  29         »  10  36         »  » 

Le  mouvement  d'Uranus  est  rétrograde  et  le  diamètre  de  la  planète  est  de  4',2  au 
lor  avril. 

Coordonnées  au  7  avril  :  Ascension  droite,  12'' 2".     Déclinaison,  0*39'  N. 
Étoiles  filantes.  —  Un  courant  d'étoiles  filantes,  qui  paraît  émaner  d'un 
point  situé  au  Sud  delà  Lyre,  entre  109  et  t  Hercule,  illumine  le  ciel  dans  la  nuit 
du  12  au  13  avril  de  chaque  année. 

Eugène  Vimont. 


Cadrans  solaires.  —  Une  regrettable  faute  d'impression  a  rendu  inintelligible,  dans 
notre  dernier  Numéro,  l'article  de  M.  Amat  sur  la  construction  des  cadrans  solaires. 
L'ordre  de  3  des  figures  y  a  été  renversé,  en  sorte  qu'elles  ne  s'accordent  pas  avec  le 
texte.  Pour  rétablir  cet  accord,  il  faut,  en  laissant  à  la  place  où  ils  sont  imprimés  les 
numéros  des  dessins  et  des  légendes,  placer  sous  le  numéro  19  la  figure  carrée  du  nu- 
méro 22  qui  représente  le  mur  vertical;  placer  sous  le  numéro  21  la  figure  19  qui  est 
la  coupe  selon  le  plan  méridien  ;  et  placer  enfin  sous  le  numéro  22  la  figure  21,  qui 
représente  la  coupe  parallèle  à  Téquateur.  Le  lecteur  rectifiera  Tinclinaison  de  cette 
dernière. 

11  faut,  comme  conséquence,  rectifier  au  texte  quelques-uns  des  numéros  de  renvoi,  en 
remplaçant,  à  la  page  53,  lignes  5  et  6,  le  numéro  19  par  21,  et  ligne  13,  le  numéro  21 
par  19. 

Page  52,  ligne  6,  remplacer  les  mots  au  même  jour  par  les  mots  chaque  jour. 


CORRESPONDAMCS. 

M.  RiQOT,  Président  de  la  Société  astronomique  du  Rhône,  à  Lyon.  —  Veuillez  rece- 
voir nos  vives  félicitations  pour  la  fondation  de  votre  i^u/fe/in.  L'inertie  humaine  est  lourde 
à  remuer;  tous  les  amis  au  progrès  applaudissent  aux  efforts  de  ceux  qui  persévèrent 
dans  la  voie  de  l'évangélisation  scientifique.  Il  n*en  est  pas  moins  bizarre  de  constater 
que  beaucoup  de  personnes  préfèrent  rester  dans  l'ignorance  plutôt  que  de  s'éclairer, 
sitôt  qu'il  y  a  le  moindre  travail  intellectuel  à  faire.  Ces  âmes-là  ne  sont  pas  encore 
immortelles. 

M.  José-Marie  Martel,  à  Caracas.  —  La  réfutation  des  théories  dont  vous  parlez  sera 
donnée  dans  l'un  de  nos  prochains  numéros.  Elles  ont,  en  effet,  jeté  le  désarroi  parmi 
un  certain  nombre  de  lecteurs. 


M.  A.  S.  à  Wiltz,  Luxembourg.  — 360  divisés  par  3, 1416  donnent  comme  résultat  114,59 
ou,  en  nombre  rond,  114  y»  On  a  supprimé  le  demi-centimètre  dans  l'exemple  pour  ne 
pas  faire  de  complication  inutile.  Le  rapport  de  la  circonférence  au  diamètre  est  bien 
3,1415926535897932384. 

— K —  =  57,30.  La  parallaxe  de  1*  correspond  à  une  distance  de  57,3,  celle  de  6'  à  une 

distance  de  573.  Un  objet  éloigné  à  57  fois  son  demi-diamètre  mesure  un  angle  dé  1* 

573  —  —    •  —  _-  6' 

3438  -  _  _  _  60" 

2062G5  -^  _  —  _  1" 

M.  Adolphe  d'AssiEH,  à  Tarascon.  —  Vous  avez  parfaitement  raison.  Il  ne  faudrait 
pas  juger  de  la  durée  des  époques  géologiaues  par  les  formations  sédimentaires  qui  se 
passent  de  nos  jours.  Les  premières  ont  dû  être  plus  rapides  que  les  dernières.  Mais, 
d'un  autre  côté,  les  millions  d'années,  qui  paraissent  longs  pour  notre  jugement,  ne  le 
sont  point  pour  la  nature.  Quinze  millions  d'années  seraient  peu  pour  l'àffe  du  système 
solaire. —  Nous  avons  l'ouvrage  de  Boucheporn  à  Juvisy;  merci  de  l'indication. 

M.  le  D'  MoNSERRATE,  à  Ciudad  Bolivar  (Venezuela).  —  M.  Flammarion  n'a  pas  dit 
que  la  navigation  aérienne  était  irréalisable  au  moyen  de  l'hélice  et  de  l'électricité,  avec 
la  forme  adoptée  par  les  aéronautes  de  Mcudon  ;  il  a,  au  contraire,  été  l'un  des  premiers 
à  signaler  les  succès  obtenus.  Mais  il  a  ajouté,  que.  dans  l'avenir,  la  navigation  aérienne 
sera  probablement  représentée  par  des  appareils  plus  lourds  que  Tair,  analogues  aux 
oiseaux.  (N*  d'octobre  1884.)  Il  est  impossible  à  M.  F  de  s  occuper  de  la  question. 
Mais  votre  mémoire,  adressé  à  l'Académie  des  sciences,  y  sera  certainement  examiné. 

MM.  Broune,  à  Odessa.  —  La  différence  d'heure  entre  Odessa  et  Paris  est  1*'53"'41*. 
Nous  tiendrons  compte  de  vos  observations. 

«  Un  lecteur  de  VAslronomie  »,  à  Montpellier.  M.  Raby,  horloger,  boulevard  des 
Italiens,  6,  pourra  vous  fournir  la  montre  à  trotteuse  indépendante  que  vous  désirez. 

M.  F.  Chaves  y  Mello,  aux  îles  Açores.  —  Sur  les  applications  du  spectroscope  à 
l'astronomie,  on  peut  consulter  l'opuscule  de  Huggins,  Anatuso  spectrale^  chez  Gauthier- 
Villars,  à  Paris  —  The  speciroscope,  par  Lockyer,  chez  Miicmillan,  à  Londres  —  Con- 
tributions tq  solar  phrjsics,  du  même  auteur. 

M.  Lonqepierre.  —  Le  grossissement  de  la  jumelle  de  59"""  de  Bardou  est  de  6. 

M.  L.  Merlin,  à  Boulogne-sur-Mer.  —  Les  lunettes  ont  un  grossissement  maximum 
qui  dépend  de  leur  diamètre.  —  Un  miroir  plan  no  peut  grossir  les  images,  il  ne  fait 
que  dévier  les  rayons  lumineux  ;  de  plus,  les  imagos  réfléchies  par  une  glace  ne  permet- 
tent pas  une  amplification  plus  forte  que  si  elles  étaient  vues  directement. 

M.  Adolphe  Mehlani,  à  Bologne.  —  Le  nouvel  appareil  dont  vous  parlez  n'a  pas  encore 
fait  ses  preuves.  Nous  n'avons  connu  nous-même  son  existence  qu'après  vous  avoir 
répondu.  Ne  regrettez  pas  de  posséder  l'excellent  instrument  qui  est  entre  vos  mains. 

M.  GiNiETS,  à  S'  Pons.  —  La  petite  étoile  que  vous  avez  observée  près  de  <t  Orion  est 
de  10*  gr.  j  à  237*»  IT.  Elle  sort  déjà  des  observations  «  populaires  ». 

M.  Reynaud,  à  Borrny.  —  Nous  ne  connaissons  pas  l'ouvrage  de  M.  Ferret.  l'auteur 
ni  l'éditeur  ne  nous  l'ayant  adressé.  11  lie  peut  entrer  dans  notre  programme  de  réfuter 
toutes  les  critiques  qui  apparaissent  si  fréquemment  contre  la  Science  moderne.  Nous 
ne  répondrons  qu'à  celles  qui  nous  seront  adressées  directement  ou  qui,  par  le  nom  de 
leurs  auteurs,  seraient  de  nature  à  solliciter  vivement  l'attention  publique. 

M.  Belin,  à  Alger.  —  Vous  avez  raison  de  ne  pas  désespérer  de  l'avenir  intellectuel 
et  moral  de  l'humanité;  la  lumière  finira  par  percer  les  ténèbres  —  La  science  et  le 
droit  domineront  un  jour  l'ignorance  et  la  force  orgueilleuse  et  brutale. 

M.  A.  Weill  nous  signale  une  nouvelle  théorie  des  lueurs  crépusculaires  qu'il  attribue 
à  la  dispersion  des  rayons  solaires  à  travers  une  couche  de  vapeur  vésiculaire  placée 
devant  l'observateur.  Cette  théorie  est  fort  ingénieuse  ;  el'e  nous  parait  cejpendant 
moins  probable  que  celle  qui  a  été  développée  dans  la  Revue  (T  111.  n»  1.  p.  2d  à  27). 

La  Société  de  Géographie  organise  une  série  de  Conférences  qui  seront  faites  par 
des  représentants  distingués  de  la  science  française.  Ces  Conférences,  au  nombre  de 
huit,  auront  trait  :  Au  Méridien  Universel  (M.  Jansen,  de  l'Institut)  ;  La  formation  et  le 
développement  du  Globe  terrestre  (M.  de  Lapparent);  Les  Océans  (M.  Bouquet  de  la 
Gr>'e, de  l'Institut);  L'homme  (D'  Hamy);  La  Gonauéte  du  Globe  (M.  Himly,  de 
l'Institut);  Les  richesses  du  Globe  (M.  Levasseur,  de  l  Institut);  Les  grandes  lignes  de 
navigation  (M.  Simonin)  ;  Les  chemins  de  fer  et  leurs  rapports  avec  la  Géographie 
(M.  Michel).  Cette  série  sera  continuée  l'an  prochain. 

On  trouvera  à  la  Société  de  Géographie  les  renseignements  relatifs  à  ces  Conférences 
où  le  public  pourra  être  admis. 


LIBRAIRIE  GÉOGRAPHIQUE  ET  ASTRONOMIQUE  DE  E.  BERTAUX, 
25,   rue  Serpente,  PARIS 


Globes  terestres  et  célestes 


PAR 

DEUMAHCHE  et  CH.  DIEN 

Revus  et  corrigés  par  E.  DESBUISSONS. 


N«  4. 


GLOBES  POUR  ÉCOLES 

GLOBE  DELAMARCUli: 
33  cent,  de  cliam.,  mod.  n»  4.  —  Prix  :  32  fr. 

GLOBE   DUBAIL 
38  cent,  de  diam.,  mod.  n»  4.  —  Prix  :  45  fr. 

GLOBE   en.    DIEN 
50  cent,  de  diam.,  mod.  n«  4.  —  Prix  ;  90  fr. 


N-8. 


VIENT  DE  PARAITRE 


GRAND  PLANISPHÈRE  CÉLESTE 

COIITENAIIT  T0UTE&3LES  ETOILES  VISIBLES  A  L'ŒIL  RU  ET  LES  PRfflCIPÂLES  CURIOSITÉS  DU  CIEL 

DRESSÉ,  sous  LA  DIRECTION  DE  CAMILLE  FLAMMARION,  PAR  Paul  FOUCHÉ 

Une  feuille  de  I^ÎO  sur  0",90.  Prix  :  6  fi*.  —  Collé  sur  toile,  monté  et  verni.  Prix  :  12  fr. 


PETIT  GLOBE  DE  LA  PLANÈTE  MARS 

Construit  diaprés  les  connaissances  géographiques 

que  les  aslrouomes  oiil  pu  obtenir  jusqu'ici  sur  cette  planète,  voisine  de  la  Terre 

Par  Camille  FLAMMARION 

Prix,  sur  pied  bois,  6  fr.  —  Sur  marbre  ou  bois  durci,  7  fr.  60 


OBSERVATOIRE    DES    SALONS 

OU  L'ASTRONOMIE  PAR  LBS  IMAGES 

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Monture  en  carton,  26  fr.  —  Monture  en  métal,  30  fr. 

Nota.  —  Les  familles  peuvent  passer,  avec  cet  appareil  scientitique,  une  soirée  pleine  d'attraits 
et  très  Instructive.  On  se  sert  de  cet  appareil  en  le  posant  devant  une  croisée  pendant  le  jour  ;  le  soir, 
on  place  une  bougie  derrière,  et  l'on  obtient  alors  Taspect  lumineux  que  les  astres  présentent  au 
télescope;  les  étoiles  étant  perforées  brillent  avec  l'illusion  de  la  réalité.  Une  brochure  ou  légende 
explicative  accompagne  chaque  appareil. 


ATLAS  DE  GÉOGRAPHIE  EN  RELIEF 

DRESSÉ  sous  LA  DIRECTION  DE  HeNRI  MAGER 

Un  vol.  in-4*  contenant  28  cartes  gravées  et  coloriées,  dont  25  estampées 

Cartonné,  8  fr.  —  Relié  toile,  0  fr. 

Liste  des  cartes. 


1  Planisphère. 

3  Europe  physique. 

3  Europe  politique. 

4  Les  Alpes. 

b  France  physique. 

6  France  po]iti(|ue. 

7  Bassin  de  la  Seine. 


8  Bassin  de  la  Luire. 

9  ■      de  la  Garonne. 

10  n      du  Rhône. 

11  «      du  Rhin. 

12  Colonies  françaises. 

13  Iles  Britanniques. 

14  Pays-Bas  et  Belgique. 


15  Allemagne. 

16  Autriche- Hongrie. 

17  Suisse. 

18  Espagu*  et  Portugal. 
10  Italie. 


22  Suède  et  Norvège. 

23  Danemark. 
2i  Asie. 

25  Afrique. 

26  Amérique  du  Nonl. 


20  Turquie  d'Europe  et  Grèce.     27  Amérique  du  Sud 

21  Russie.  28  Australie. 


Prix  des  cartes  estampées  :  0  fr.  40.  —  Prix  des  cartes  planes  :  0  fr.  80. 

Curies  muettes  ou  de  répétitions,  avec  ou  sans  cours  d'eau.  —  Prix  :  80  cent. 


Paris.  —  Imp.  Gauthier- Villars,  55,  quai  dos  Grands -Augustin*. 


■•::U4iO:: 


4'  Année. 


N"  4. 


J.  AvrU  1885. 


REVUE  MENSUELLE 

D'ASTRONOMIE  POPULAIRE 

DE  MÉTÉOROLOGIE  ET  DE  PHYSIQUE  DU  GLOBE, 

DONIIANT    LB    TABLEAU    PERMANENT    DES    DÉCOUVEBTES    BT    DBS    PROGRES    RiALISÉS 
DANS    LA    CONNAISSANCE    DE    L'UNIVBRS 

PUBLIÉE    PAR 

CAMILLE  FLAMMARION,  ~ 

AVEC  LB  CONCOURS  DES 

PRINCIPAUX  ASTRONOMES  FRANÇAIS  ET  ÉTRANGERS 


ABONNEMENTS  POUR  UN  AN: 

Paris  :  12  fr.  —  Départements  :  13  fr.  —  Étranger  ;  14  fr. 

Prix  du  Numéro  :  1  tr.HO  c. 

La  Revue  parait  le  l*r  de  chaque  Mois. 


PARIS. 


GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DE    l'observatoire    DE    PARIS, 
Quai  des  Augustins,  55. 

1885 


SOMMAIRE  nu  N»  4  (AVRIL  1885). 

Los  tremblements  4e  terre,  explication  et  théorie,  par  M.  C.  Flammartox  (0  (Ifruros).  — 
Les  grands  Instruments  de  r Astronomie.  L'instrument  méridien  et  tesobserratlons 
méridiennes,  par  M.  P.  Oériuxy  (1  fipurpi.  —Le  tornade  de  l'Orne,  par  M.  E.  Vimont  M  li- 
priirosK  —  Nouvelles  de  la  Science.  Variétés  :  Induoncc  dcAmaréos  sur  la  dun'C  de  la  rota- 
tion de  la  terre,  par  M.  P.  GÉnir.xY.  SattlliteR  de  Jupiter  visibles  a  l'œil  nu,  par  M.  de  Lacerda. 
Passairo  du  IV»  salellite  de  Jnpitrr,  par  M.  William  Coleman.  Mapnf'tisme  terrestre.  Chute  d'u- 
ranolitlio.  l'ranolithetombc'aI!ier->('hrclde.  —Observations astronomiques, par  M.  E.  Vixum 
(.*  lif^uri's). 


PRINCIPAUX  ARTICLES  PUBLIÉS  DANS  LA  REVUS. 

A.  D'ABBADIE,  do  l'Institut.  —  Choix  d'un  premier  méridien. 

ARAGO  (V.).  —  Le  soleU  de  Minuit. 

BERTRAND  (J.),  do  l'Institut.  —Le  sateUlte  de  Vénus. 

BOË  (A.  De),  astronome  à  Anvers.  —  L'Etoile  polaire. 

DAUBRËE,  Directeur  de  l'Ecole  des  mines.  —  Les  pierres  tombées  du  Ciel. 

DENNING  (A.),  astronome  à  Bristol.  —  Observations  télescoplques  de  Jupiter,  de  Vénus 
de  Mercure. 

DENZA  (P.),  Directeur  de  l'Observatoire  de  Moncalieri.  —  Chute  d'un  uranollthe  en  Italie. 

DETAILLE,  astronome.  —  L'atmosphère  de  Vénus.  —  Nouvelles  mesures  des  anneaux 
de  Saturne.  —  Les  tremblemenrs  de  terre. 

FATE,  Préaident  du  Bureau  des  Longitudes.  —Nouvelle  théorie  du  Soleil.  —  Distribution 
des  taches  solaires.  —  Mouvements  lents  du  sol  en  Suisse.— La  formation  du  sys- 
tème solaire. 

FLAMMARION  —  Les  carrières  astronomiques  en  France.  —  Conditions  d'habita- 
bilité de  la  planète  Mars.  —  Constitution  physique  des  comètes.  —  Une  g^enèse  dans 
le  Ciel.  —  Gdmment  on  mesure  la  distance  du  soleil.  —  Les  étoiles,  soleils  de  rinflnl.— 
D'où  viennent  les  pierres  qui  tombent  du  Ciel?  —  Les  étoiles  doubles.  —  Chute  d'un 
corps  au  centre  de  la  terre  —  La  conquête  des  atrs  et  le  centenaire  de  Montg^olfler.  — 
Les  grandes  marées  au  Mont  Saint- Michel.  —  Phénomènes  météorolog^lques  obser- 
vés en  bailon.  -r-  Une  excursion  météorologique  sur  la  planète  Mars.  —  Les  11  im- 
mes  du  holeil.  —  Les  Illuminations  crépusculaires  et  le  cataclysme  de  Krakatoa.  — 
La  planète  transneptunlenne.  —  L'étoile  du  Berger.  —  L'histoire  de  la  Terre.  —  Les 
victimes  de  la  foudre. 

FOREL  (le  Professeur).  —  Les  tremblements  de  terre. 

GAZA.N  (Colonel).  —  Les  taches  du  soleil. 

GÉRIGNT,  astronome.  —  Comment  la  lune  se  meut  dans  l'espace.  —  Ralentissement  du 
mouvement  de  la  Terre.  —  La  formation  du  système  solaire.  —  Études  sélénographl- 
ques.  —  L'èquatorlal  coudé  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  L'hèliométre.  —  La  nais- 
sance de  la  Lune. 

HENRT,  de  l'Observatoire  de  Pari^.  —  Découvertes  nouvelles  sur  Uranus. 

HERSGHEL  (A.-S.).—  Chute  d'un  uranollthe  en  Angleterre. 

HIRN,  correspondant  dn  i'In.-^titul.  —  Conservation  de  l'énergie  solaire.  —  Phénomènes 
produits  sur  les  bolides  par  l'atmosphère.  —  La  température  du  Soleil. 

HOUZEAU,  Directeur  de  l'Observatoire  de  Bruxelles.  —  Le  satellite  de  Vénus. 

HUGGINS,  de  la  Société  royale  de  Londres.  —  Les  environs  dn  Soleil. 

JAMIN,  de  rinstitul.  —Qu'est-ce  que  la  rosée? 

JANSSEN,dc  l'Institut,  directeur  de  l'Observatoire  de  Meudon.  —  La  photographie  céleste.  — 
Résultats  de  l'éclipsé  de  Soleil  du  6  Mal  1883. 

LEMAIRE-TBSTB,  <le  l'Observatoire  de  Rio-Janeiro.  —  Choix  d'un  premier  méridien. 

LF: FAUTE.  —  Quelle  heure  est-Il?  —  Le  temps  vrai,  le  temps  moyen  et  les  cadrans 
solaires.  —  La  chaleur  solaire  et  ses  applications  industrielles. 

LESSEPS  (de).  —  Les  vagues  sous-marines 

MOUGHEIZ  (amiral),  directeur  de  l'Observatoire  de  Paris.—  Travaux  actuels  de  l'Observa 
tolre  de  Paris.—  L'Observatoire  du  Pic  du  Midi.  —  Création  d'une  succursale  de  rob- 
servatoire. 

MOUREAUX  (Th.),  mc^téorologiste  au  Bureau  central.  —  Les  Inondations. 

PARMENTIER  (général).  —  Distribution  des  petites  planètes  dans  l'espace. 

PERROTIN,  directeur  de  l'Observatoire  de  .Nice.- La  comète  de  Pons.  — La  planète  Uranus 

PROCTOR,  astronome  à  Londres.  —  Le  Vésuve  et  ISCHIA. 

RICCO,  astronome  a  l'Observatoire  de  Palerme.  —  La  grande  comète  de  1882.—  La  tache 
rouge  de  Jupiter.  —  Les  taches  du  Soleil. 

ROCHE  (J.),  correspondant  de  l'Institut.  —Constitution  intérieure  du  globe  terrestre.  — 
Variations  périodiques  de  la  température  pendant  le  cours  de  Tannée. 

SCHIAPARELLI,  directeur  de  l'Observatoire  de  Milan.  —  Les  canaux  de  la  planète  Mars 

TACCHINI,  directeur  de  TObservatoire  de  Rome.  —  Statistique  des  taches  solaires. 

THOLLON,  de  l'Observatoire  de  Nice.  —  Mouvements  sidéraux.  —  Éruptions  dans  le  Soleil 

TROUVELOT,  de  l'Observatoire  de  Mcudou.  —  La  comète  de  Pons.  —  Ombres  observées 
sur  le  Soleil.  —  La  planète  Mars  en  1884. 

"VIGAN,  ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Clhaussées.  —  Les  marées  de  la  Méditerranée. 

"VIMONT.  —  Observations  astronomiques  de  chaque  mois. 


Le8  communications  relatives  A  la  rédaction  doivent  être  adressées  k  M.  C.  Flammarion,  Direc» 
teur  de  la  Revue,  36,  avenue  de  l'Observatoire,  à  Paris,  ou  k  l'Observatoire  de  Juvlsy 
ou  bien  k  M.  Gèrigny,  Secrétaire  de  la  Rédaction,  41,  rue  du  Montparnasse ,  &  Paris. 

Le  plan  du  Journal  comporte  une  grande  variété  d'articles.  Chaque  Numéro  con- 
tient des  descriptions  de  science  populaire  rédigées  pour  les  lecteurs  qui  ne  font  pas 
profession  de  science,  pour  les  gens  du  monde  en  général;  des  études  plus  appro- 
fondies destinées  aux  astronomes  amateurs;  et  des  recherches  intéressant  les 
savants  curieux  de  pénétrer  de  plus  en  plus  les  grands  problèmes  de  la  nature. 


'.n  141883 


—  JL'ASTRONOMIE.  —  121 

LES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE. 

EXPLICATION  ET  THÉORIE. 

(Fin.)  (') 

Les  nombreux  documents  que  nous  avons  examinés  et  comparés  sur  les 

Fig.    50. 


Hommes  lancés  en  l'air  à  Port-Royal  de  la  Jamaïque  en  1692. 

catastrophes  espagnoles,  nous  ont  mis  entre  les  mains  des  données  impor- 

(*)  Voir  la  Revue  de  février  et  mars. 

Avril  1885.  4 


122  L'ASTAONOMIE. 

tantes  et  précieuses.  Nous  pouvons  essayer  aujourd'hui  de  dégager  de  ces 
enseignements  de  la  nature  la  théorie  qui  nous  paraîtra  la  plus  apte  à 
expliquer  tous  les  faits  observés. 

On  dit  que,  désespéré  de  ne  pouvoir  trouver  l'explication  des  volcans, 
Empédocle  se  jeta  dans  TEtna,  qui  garda  le  chercheur,  mais  renvoya  sa 
sandale,  pour  montrer  aux  mortels  Tinutilité  d'un  tel  suicide.  Notre  siècle 
est-il  destiné  à  trouver  le  mot  de  l'énigme  du  philosophe  d'Agrigente? 

Remarquons  d'abord  qu'en  général  les  auteurs  de  théories,  quelles  qu'elles 
soient,  sont  singulièrement  exclusifs.  Ils  admettent  bien  une  cause,  la  leur, 
mais  refusent  volontiers  que  plusieurs  causes  puissent  exister  à  la  fois  dans 
la  production  des  phénomènes  de  la  nature.  Sur  la  question  spéciale  des 
mouvements  du  sol,  les  uns  déclarent  que  les  volcans  et  les  tremblements 
de  terre  sont  produits  par  une  seule  et  même  cause  :  la  fluidité  du  noyau 
intérieur  liquide  et  incandescent  réagissant  contre  l'écorce  du  globe;  d'autres 
pensent  que  ces  phénomènes  sont  absolument  séparés  les  uns  des  autres,  et 
que  les  tremblements  de  terre  sont  dus  à  des  affaissements  à  la  base  des 
assises  de  terrains  causés  par  la  condensation  du  noyau  interne,  les  rides 
et  plissements  qui  en  résultent,  ou  par  le  travail  des  eaux  souterraines  désa- 
grégeant les  bases;  d'autres  les  attribuent  à  des  commotions  produites  par 
les  variations  brusques  de  la  pression  atmosphérique  et  leur  contre-coup  sur 
les  gaz  emprisonnés  dans  l'intérieur  du  sol;  d'autres  y  voient  les  effets  immé- 
diats des  pluies  ;  d'autres  encore  mettent  en  jeu  les  eaux  thermales  et  les 
vapeurs;  d'autres,  l'électricité  et  le  magnétisme  terrestre;  d'autres,  les  marées 
intérieures  produites  sur  un  noyau  liquide  par  les  attractions  du  Soleil  et 
de  la  Lune,  etc.,  etc.  Mais  est- il  bien  sûr  que  toute  théorie  doive  être  fermée 
et  exclure  toutes  les  autres?  Ne  pouvons-nous  examiner  sans  idées  précon- 
çues les  faits  observés  et  en  chercher  l'explication  indépendante?  Il  en  est 
peut-être  en  géologie  comme  en  médecine,  où  les  théories  les  plus  absolues 
et  les  plus  aftirmatives  ne  tardent  pas  h  être  irrémédiablement  condamnées 
par  les  faits,  en  raison  de  la  prétention  môme  de  leur  exclusivisme. 

L'état  actuel  de  la  Science  réclame  donc,  —  si  toutefois  les  éléments 
d'observation  sont  suflisants  —  une  théorie  générale  et  indépendante  de 
toute  idée  préconçue,  qui  explique  rationnellement  les  phénomènes  constatés. 


Le  premier  fait  qui  s'impose  à  notre  attention  est  qu'il  y  a  des  tremble- 
ments de  terre  volcaniques  et  des  tremblements  de  terre  non  volcaniques. 
On  connaît  actuellement  à  la  surface  du  globe  323  volcans  en  activité  qui. 
de  temps  à  autre,  produisent  des  commotions  de  diverses  natures;  le  cata- 


LES   TREMBLEMENTS  DE  TERRE. 


i23 


clysme  de  Krakatoa,  qui  répandit  naguère  le  deuil  et  la  ruine  sur  les  îles  du 
détroit  de  la  Sonde  et  causa  la  mort  de  quarante  mille  êtres  humains,  a  été 
produit,  comme  on  s'en  souvient,  par  une  éruption  volcanique  formidable 
et  par  le  terrible  raz  de  marée  qui  s'ensuivit.  Au  contraire,  les  événements 
d'Espagne  ne  sont  en  corrélation  avec  aucune  éruption  volcanique,  ni  avec 
aucun  foyer  de  ce  genre.  C'est  là  un  point  fort  important  pour  la  théorie  de 
la  Terre. 

Pour  mieux  saisir  les  causes  qui  sont  en  jeu  dans  ces  mouvements  du  sol, 


Fig.  51. 


Déplacement  des  pierres  des  obélisques  de  San  Stcfano. 

rappelons  un  instant  quelques-uns  des  eflets  les  plus  caractéristiques 
observés  dans  les  tremblements  de  terre  les  plus  mémorables. 

Quelquefois  le  sol  ondule  comme  les  vagues  de  la  mer.  Au  mois  d'avril  1871, 
à  Battang,  en  Chine,  les  bouquets  d'arbres  et  les  accidents  de  terrain  ressem- 
blaient «  à  des  vaisseaux  ballottés  par  les  vagues.  >»  En  1783,  pendant  le 
tremblement  de  terre  de  la  Calabre,  des  arbres  s'inclinaient  si  fort  pendant 
le  passage  des  ondulations  que  parfois  leur  cime  descendait  jusqu'à  toucher 
le  soif  On  fit  la  même  observation  en  1811  au  Missouri.  Le  26  mars  1812,  à 
Caracas,  le  mouvement  ondulatoire  était  si  marqué  que  le  sol  ressemblait 
à  un  liquide  en  ébullition. 

Parfois,  au  lieu  d'un  mouvement  ondulatoire,  ce  sont  des  secousses  de  bas 
en  haut  d'une  violence  extraordinaire.  Le  7  juin  1692,  à  Port-Royal  de  la 
Janoaïque,  dès  les  premières  secousses,  tout  s'effondra  pêle-mêle;  maisons, 


124  L'ASTRONOMIE. 

hommes,  femmes,  animaux,  furent  jetés  de  tous  côtés,  et  plusieurs  habitants 
furent  lancés  dans  les  airs.  «  Il  y  en  eut  même,  disent  les  relations  de 
témoins  oculaires,  qui,  se  trouvant  sur  la  place,  au  milieu  de  la  ville,  furent 
lancés  par-dessus  les  ruines  jusque  dans  le  port^  et  purent  se  sauver  à  la 
nage!  »  Ce  n'est  pas  le  seul  exemple  de  ce  genre.  Le  tremblement  de  terre  de 
Riobamba,  en  1797,  montra  une  pareille  force  de  projection  :  un  grand 
nombre  de  cadavres  d'indigènes  furent  lancés  sur  une  colline  de  plusieurs 
centaines  de  pieds  de  hauteur,  située  de  l'autre  côté  de  la  rivière. 

En  d'autres  cas,  ce  sont  des  mouvements  rotatoires  qui  frappent  l'attention 
de  l'observateur.  On  voyait  à  San  Stéphane,  après  le  tremblement  de  terre 
de  1782,  deux  obélisques  quadrangulaires,  dont  les  diverses  parties  avaient 
tourné  sur  leur  base  sans  se  renverser,  et  ne  se  maintenaient  d'aplomb  que 
par  un  prodige  d'équilibre  [fig*  51).  Quelquefois,  les  crevasses  produisent  des 
résultats  analogues.  Pendant  le  tremblement  de  terre  de  la  Calabre,  une  cre- 
vasse se  forma  sous  une  tour  de  Terra-Nuova:  les  deux  moitiés  de  la  tour  ne 
s'écroulèrent  point;  mais,  lorsque  la  crevasse  se  referma,  elles  se  recollèrent 
sans  correspondre  entre  elles  et  en  offrant  la  plus  singulière  dissymétrie. 

Ces  crevasses  sont  peut-être  ce  qu'il  y  a  de  plus  désastreux  encore  dans 
ces  étranges  mouvements  du  sol.  Le  10  décembre  1869,  les  habitants  de  la 
ville  d'Onlah,  en  Asie-Mineure,  effrayés  par  des  bruits  souterrains  et  par 
une  première  secousse  très  violente,  s'étaient  sauvés  sur  une  colline  voisine  : 
ils  virent  de  leurs  yeux  stupéfaits  plusieurs  crevasses  s'ouvrir  à  travers  la 
ville,  et  la  ville  entière  disparaître  en  quelques  minutes  sous  ce  sol  mou- 
vant. 

Le  il  avril  1871,  lors  du  tremblement  de  terre  qui  détruisit  la  ville  de 
Battang,  en  Chine,  et  engloutit  plusieurs  milliers  de  personnes,  les  affaisse- 
ments étaient  si  considérables  que  des  montagnes  s'entr'ouvrirent  et  que  plu* 
sieurs  petites  collines  disparurent  complètement. 

n  ne  serait  pas  impossible  que  les  événements  géologiques  qui  viennent 
de  s'accomplir  en  Espagne  ne  fussent  le  prélude  d'une  transformation  du  sol 
plus  formidable  ei  plus  radicale.  Le  détroit  de  Gibraltar  n'est  ni  large,  ni 
profond,  et  pourrait  très  bien  être  fermé  par  un  rapprochement  du  Maroc 
avec  l'Espagne.  Ce  n'est  qu'une  grande  crevasse  due,  elle  aussi,  à  une  dislo- 
cation du  sol.  Ce  «  détail  »  géologique  amènerait  un  singulier  changement 
dans  la  politique  des  nations. 

Les  désastres  causés  par  ces  crevasses  pendant  le  tremblement  de  terre  de 
la  Calabre,  en  1783,  sont  restés  mémorables  entre  tous.  A  Terra-Nuova  et 
dans  d'autres  villes,  des  maisons  tombées  dans  ces  abîmes  furent  broyées 
comme  du  plâtre  lorsque  ces  crevasses  se  refermèrent.  Des  hommes  et  des 
troupeaux  furent  enterrés  vifs,  en  grand  nombre.  L'une  de  ces  crevasses, 


LES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE.  125 

celle  de  Plaisauo,  mesurait  7  500"  de  longueur,  35"'  de  largeur  et  75"'  de  pro- 
fondeur. Nous  avons  vu,  dans  nos  précédents  articles,  que  des  crevasses 
analogues  ont  été  produites  par  les  tremblements  de  terre  de  l'Espagne,  et 

Fig.  52. 


La  ville  d'Onlah  disparaissant  entièrement  dans  des  crevasses. 

que  Tune  d'entre  elles  se  referma  sur  un  mulet  qui  venait  d'y  tomber,  eu  lui 
laissant  la  tête  hors  du  sol.  A  Riobamba,  des  hommes  furent  sauvés  en  éten- 
dant les  bras  pour  ne  pas  être  engloutis  et  en  sautant  en  dehors,  tandis  que 


126  L'ASTRONOMIE. 

non  loin  de  là  des  troupes  de  cavaliers  et  de  mulets  chargés  disparaissaient. 
Encore  un  mot  sur  les  crevasses  de  la  Calabre,  qui  peuvent  être  considérées 
comme  types  de  ces  phénomènes  : 

Le  premier  rapport  envoyé  à  Naples  sur  les  glissements  de  terrain,  écrit  Lyell, 
qui  donnèrent  naissance  à  un  grand  lac,  près  de  Terra-Nuova,  était  conçu  en  ces 
termes  :  a  Deux  montagnes  situées  sur  les  côtés  opposés  d'une  vallée  se  dépla- 
cèrent de  leur  position  originelle  jusqu'à  ce  qu'elles  se  rencontrassent  au  milieu, 
de  la  plaine;  là,  se  réunissant,  elles  interceptèrent  le  cours  dune  rivière  etc..  » 
Non  loin  de  Soriano,  dont  les  maisons  furent  rasées  par  la  grande  secousse  de 
février,  une  petite  vallée,  renfermant  une  magnifique  plantation  d'oliviers, 
désignée  sous  le  nom  de  Fra  Ramondo,  éprouva  une  révolution  extraordinaire. 
Une  multitude  de  fissures  traversèrent  d'abord  en  tous  sens  la  plaine  dans 
laquelle  coulait  la  rivière,  et  absorbèrent  Teau  jusqu'à  ce  que  les  sous- strates 
argileuses  en  fussent  imprégnées,  de  sorte  qu'une  grande  partie  de  celles-ci  fut 
réduite  à  l'état  de  pâte  liquide,  et  qu'il  s'ensuivit  d'étranges  changements  dans 
la  configuration  du  pays,  le  sol  prenant  aisément,  jusqu'à  une  grande  profon- 
deur, toute  espèce  de  formes.  De  plus,  les  débris  des  collines  voisines  furent 
précipités  dans  les  cavités  qui  s'étaient  formées  ;  et  tandis  qu'un  grand  nombre 
d'oliviers  étaient  déracinés,  d'autres  continuaient  à  végéter  sur  les  masses 
tombées  et  inclinées  sous  divers  angles.  La  petite  rivière  Caridi  disparut  entiè- 
rement pendant  plusieurs  jours;  et  lorsque,  enfin,  on  la  revit,  elle  s'était  creusé 
un  lit  complètement  nouveau. 

Près  de  Seminara,  un  verger  et  une  vaste  plantation  d'oliviers  furent  lancés  à 
une  distance  de  60",  dans  une  vallée  de  18™  de  profondeur.  En  même  temps 
une  cavité  profonde  s'ouvrit  danâ  une  autre  partie  du  plateau  élevé  d'où  le 
verger  avait  été  détaché,  et  la  rivière  y  entra  aussitôt,  laissant  son  ancien  lit 
complètement  à  sec.  Une  petite  maison  habitée,  qui  se  trouvait  sur  la  masse  de 
terre  transportée  dans  le  fond  de  la  vallée,  fut  entraînée  avec  elle,  entière,  et 
sans  aucun  mal  pour  les  habitants.  Les  oliviers  aussi  continuèrent  à  croître  sur 
la  terre  qui  avait  glissé  dans  la  vallée,  et  rapportèrent  la  même  année  une 
récolte  abondante.  Deux  portions  de  terrain,  sur  lesquelles  reposait  une  grande 
partie  de  la  ville  de  Polistena,  consistant  en  quelques  centaines  de  maisons, 
furent  détachées  et  transportées  à  800'»  environ  de  leur  emplacement  primitif, 
dans  un  ravin  contigu,  de  manière  à  le  couper  presque  entièrement;  et  ce  qu'il 
y  a  de  plus  extraordinaire  c'est  que  plusieurs  des  habitants  furent  retirés  sains  et 
saufs  des  décombres. 

Près  de  Mileto,  deux  métairies,  désignées  sous  le  nom  de  Macini  et  de  Vati- 
cano,  et  qui  occupaient  une  étendue  de  terre  de  1600™  environ  de  longueur,  sur 
800»  de  largeur,  furent  entraînées  à  la  distance  de  1600™  dans  une  vallée.  Une 
chaumière,  ainsi  que  de  grands  oliviers  et  mûriers,  dont  la  plupart  restèrent 
debout,  furent  transportés  intacts  jusqu'à,  cette  distance  extraordinaire.  Suivant 
Hamilton,  la  surface  déplacée  avait  longtemps  été  minée  par  de  petits  ruisseaux, 


LES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE. 


127 


qui  se  trouvèrent  ensuite  en  pleine  vue  sur  les  terrains  laissés  à  nu  par  la  dispa- 
rition des  deux  métairies. 

Quelques-uns  des  gouffres  qui  s'ouvrirent  semblent  résulter  de  l'enfoncement 
du  sol  dans  des  cavités  souterraines.  On  en  observa  un  qui  se  produisit  sur  la 
pente  d'une  colline  voisine  d'Oppido,  et  dans  lequel  furent  précipités  des  ter- 
rains plantés  de  vignes  et  d'oliviers.  Il  n'en  resta  pas  moins,  après  la  secousse, 
une  vaste  cavité,  en  forme  d'amphithéâtre,  de  150™  de  longeur  sur  60*»  de  pro- 
fondeur (fîg.  53). 

En  1692,  à  la  Jamaïque,  on  vit  deux  ou  trois  cents  crevasses  s'ouvrir  et  se 

Fig    53. 


GoulTrc  formé  près  d'Oppido  (Calabre)  en  ITSiî. 

refermer  subitement.  Un  grand  nombre  de  personnes  furent  englouties  dans  ces 
fissures;  quelques-unes  ne  furent  ensevelies  que  jusqu'à  moitié  du  corps,  et  ne 
résistèrent  pas  aux  étreintes  du  sol,  plusieurs  autres  restèrent  la  tête  hors  de 
terre;  d'autres,  enfin,  après  avoir  été  englouties,  furent  rejetées  à  la  surface, 
avec  de  grandes  quantités  d'eau.  La  dévastation  fut  telle,  que,  même  à  Port- 
Royal,  alors  capitale  de  la  Jamaïque,  où  l'on  dit  qu'il  resta  plus  de  maisons 
<lebout  que  dans  tout  le  reste  de  l'île,  les  trois  quarts  des  constructions  s'enfon- 
cèrent entièrement  sous  Teau  avec  le  sol  qui  les  supportait  et  avec  tous  leurs 
habitants.  Elles  y  sont  restées  ;  et  dans  notre  siècle  même  plusieurs  navigateurs 
ont  assuré  les  avoir  parfaitement  distinguées,  au-dessous  du  navire,  par  la  mer 
calme. 


Et  pourtant,  plus  terribles  encore  sont  les  raz  de  marée  qui  ont  été  pro- 
duits par  certains  mouvements  du  sol.  Nos  lecteurs  se  souviennent  que,  lors 


128  L'ASTRONOMIE. 

(le  la  récente  éruption  de  Krakatoa,  la  mer  se  relira  des  ports  d'Anjer  et  de 
Tclokbetœng,  revint,  élevée  à  la  masse  formidable  de  35"  de  hauteur  au- 
dessus  de  son  niveau  moyen,se  rua  sur  ces  deux  cités  (il  étaitô  heures  du  matin 
et  les  habitants  s'éveillaient),  submergea  la  ville,  et,  en  se  retirant,  emporta 
demeures  et  habitants,  à  ce  point  que,  quelques  minutes  plus  tard,  l'œil  le 
plus  expérimenté  ne  pouvait  plus  même  retrouver  la  place  de  ces  deux  villes 
populeuses!  Des  navires  furent  jetés  par-dessus  la  ville  à  plusieurs  kilo- 
mètres du  rivage,  lequel  du  reste  changea  absolument  de  configuration 
géographique.  Cette  formidable  commotion  de  la  mer,  s'étendit  jusqu'au 
Japon,  jusqu'à  Panama  et  jusqu'en  Europe,  jusqu'en  France. 

Lors  du  tremblement  de  terre  de  Lisbonne,  en  1755,  la  mer  s'éleva  à  plus 
de  15"  au-dessus  du  niveau  moyen,  redescendit  de  la  même  quantité  au- 
dessous  de  ce  même  niveau,  remonta  encore  et  oscilla  ainsi  quatre  fois  de 
suite,  en  balayant  tout  sur  les  rivages.  La  propagation  de  ce  mouvement  se 
fit  sentir  jusqu'en  Irlande  d'une  part,  jusqu'aux  Antilles  d'autre  part. 

Aucun  signe  précurseur,  dit  Lyell,  n'avait  averti  les  habitants  du  danger  qui  les 
menaçait,  lorsqu'un  bruit  semblable  à  celui  du  tonnerre  se  fit  entendre  sous 
terre,  et  fut  immédiatement  suivi  d'une  violente  secousse  qui  renversa  la  plus 
grande  partie  de  cette  ville.  En  six  minutes  environ,  30  000  personnes  périrent. 
La  mer  se  retira  d'abord,  et  mit  la  barre  à  sec;  puis  elle  se  précipita  sur  le 
rivage,  en  s'élevant  à  plus  de  15™  au-dessus  de  son  niveau  ordinaire.  Les  mon- 
tagnes d'Arrabida,  d'Estrella,  de  Julio,  de  Marvan  et  de  Cintra,  qui  sont  au 
nombre  des  points  les  plus  élevés  du  Portugal,  furent  ébranlées  violemment,  et 
pour  ainsi  dire,  jusque  dans  leurs  fondations.  Quelques-unes  d'entre  elles  s'ou- 
vrirent à  leur  cime,  qui  fut  fendue  et  brisée  d'une  manière  vraiment  étrange  ; 
d'énormes  masses  s'en  détachèrent  et  tombèrent  dans  les  vallées  situées  à  leur 
base. 

Parmi  les  autres  évéuements  extraordinaires  du  tremblement  de  terre  de 
Lisbonne,  on  cite  l'affaissement  d'un  nouveau  quai  tout  en  marbre  et  qui  avait 
été  bâti  à  grands  frais.  Une  multitude  de  personnes  s'y  étaient  réfugiées,  pen- 
sant qu'elles  y  seraient  à  l'abri  de  la  chute  des  décombres,  lorsque  tout  à  coup 
le  quai  s'enfonça  avec  tous  ceux  qui  s'y  croyaient  en  sûreté,  et  Ton  ne  revit  pas 
un  seul  cadavre  des  victimes  flotter  à  la  surface  des  eaux.  Un  grand  nombre  de 
bateaux  et  de  petits  bâtiments  amarrés  par  là,  et  remplis  de  monde,  furent 
engouffrés  comme  dans  un  tournant,  et  jamais  aucun  débris  n'en  reparut  à  la 
surfaco.  Suivant  quelques  auteurs,  la  sonde,  dans  l'emplacement  qu'occupait 
l'ancien  quai,  n'aurait  pu  atteindre  le  fond  de  la  mer. 

Sans  doute  une  cavité  profonde  et  étroite  s'est-elle  ouverte  et  refermée  ensuite 
dans  le   lit  du  Tage,  après  avoir  englouti  tout  ce  qui  se  trouvait  au-dessus 
d'elle. 
L'espace  considérable  sur    lequel  sévit  cette    convulsion    est  extrêmement 


LES   TREMBLEMENTS   DE  TERRE. 


129 


remarquable.  On  a  estimé,  dit  Humboldt,  que  la  portion  de  la  surface  du  globe, 
qui  fut  immédiatement  ébranlée  par  le  choc  du  l^*"  novembre  1755,  est  égale  à 
quatre  fois  l'étendue  deTEurope  entière.  La  secousse  se  fit  sentir  dans  les  Alpes, 
et,  sur  la  côte  de  la  Suède,  dans  les  petits  lacs  intérieurs  qui  se  trouvent  sur  les 
bords  de  la  Baltique,  dans  la  Thuringe,  dans  la  contrée  plate  de  TAUemagne 
septentrionale  et  dans  la  Grande-Bretagne.  Les  sources  thermales  de  Toplitz 
furent  taries,  et  rejaillirent  ensuite,  en  inondant  tout  le  pays  d'une  eau  couleur 
d'ocre.  Dans  les  îles  d'Antigoa,  dans  les  Barbades  et  à  la  Martinique,  dans  les 
Antilles,  la  marée  qui  ne  monte  ordinairement  qu'à  la  hauteur  de  0",60,  s'éleva 

Fig.  54. 


Navires  jetés  sur  le  rivage  par  la  secousse  de  Krakatoa. 

subitement  à  celle  ùe  6™;  l'eau  avait  perdu  sa  couleur  naturelle  et  était  noire 
comme  de  l'encre.  Le  mouvement  fut  également  sensible  dans  les  grands  lacs 
du  Canada.  A  Alger  et  à  Fez,  au  nord  de  l'Afrique,  l'agitation  du  sol  fut  aussi 
violente  qu'en  Portugal;  des  milliers  d'habitants  furent  engloutis. 

Le  28  octobre  1724,  Lima  fut  détruite  par  un  tremblement  de  terre.  La  mer 
s'éleva  à  27'°  au-dessus  de  son  niveau  moyen,  à  Gallao,  port  de  Lima,  se  pré- 
cipita sur  la  ville  et  Tenleva  si  radicalement  qu'il  ne  resta  plus  une  seule 
maison.  On  retrouva  des  vaisseaux  couchés  sur  la  terre  ferme,  à  une  lieue 
du  rivage. 

Le  13  août  1868  commencèrent  les  tremblements  de  terre  qui  désolèrent 
les  rives  occidentales  de  l'Amérique  du  Sud.  La  violente  secousse  de  ce  jour 
s'étendit  d'Arica  jusqu'à  Gallao,  au  nord  (4875"""^,  et  jusqu'à  Cabijia,  au  sud 
(2100^"").  Le  mouvement  du  sol  communiqué  à  la  mer  produisit  une  vague 

4- 


130  L'ASTRONOMIE. 

qui  mesurait  13"  de  hauteur,  à  Iquique,  et  qui  partit  de  là  pour  s'étendre  sur 
rOcéan  tout  entier,  jusqu'aux  îles  Chatam,  jusqu'aux  îles  Sandwich,  etc., 
avec  une  vitesse  dépendant  de  la  profondeur  de  la  mer  (croissant  avec  la  pro- 
fondeur). Cette  vitesse,  mesurée  de  nouveau  lors  des  vagues  produites  par 
Téruption  du  Krakatoa,  est  de  200^'"  à  Theure  pour  une  profondeur  de  300", 
de  500'"  pour  une  profondeur  de  2000",  de  670'"  pour  une  profondeur  de 
3500",  et  elle  est  la  même  que  celle  de  la  propagation  des  marées.  Ainsi,  par 
exemple,  le  flot  lunaire  met  16  heures  pour  aller  d'Arica  aux  îles  Samoa  :  le 
flot  du  tremblement  de  terre  y  est  arrivé  en  16  heures  aussi;  le  flot  lunaii*e 
emploie  13  heures  pour  aller  d'Arica  aux  îles  Sandwich,  et  il  en  a  été  de 
même  de  la  vague  produite  par  le  tremblement  de  terre. 

On  ne  connaît  pas  exactement  le  nombre  des  victimes  des  tremble- 
ments de  terre  de  l'Espagne,  mais  on  sait  que  ce  nombre  dépasse  2000.  La 
catastrophe  d'Ischia  (28  juillet  1883)  causa  2443  morts.  Le  cataclysme  de 
Krakatoa  fit  plus  de  40  000  victimes.  On  a  évalué  au  même  chiffre  les  victimes 
des  tremblements  de  terre  qui  désolèrent  le  Pérou  au  mois  d'août  1868,  et 
également  celles  du  tremblement  de  terre  de  Riobamba,  en  1797.  Celui  de 
Lisbonne,  en  1755,  paraît  avoir  causé  30  000  morts,  et  celui  de  Sicile,  en 
1693,  environ  60000.  La  fameuse  éruption  du  Vésuve,  de  l'an  79,  qui 
engloutit  Herculanum,  Pompéï  et  Stables,  ne  paraît  pas  avoir  atteint  ces 
dernières  proportions;  mais  l'effroyable  tremblement  de  terre  de  TAsie- 
Mineure,  de  Van  526,  est  considéré  comme  ayant  causé  la  mort  de  120000 

êtres  humains. 

* 

Le  sol  sur  lequel  nous  vivons  ne  possède  pas,  comme  on  le  voit,  les  con- 
ditions de  sécurité  et  de  stabilité  que  nous  sommes  généralement  portés  à 
lui  attribuer  d'après  l'expérience  quotidienne  de  notre  vie  très  éphémère.  Il 
ne  se  passe  pas  de  jour,  pas  d'heure,  qu'il  ne  soit  plus  ou  moins  agité  sur 
un  point  ou  sur  un  autre.  La  configuration  des  côtes  et  le  l'elief  des  mon- 
tagnes se  modifient  continuellement,  soit  avec  une  lenteur  visible,  soit  à  la 
suite  de  secousses  brusques  (fig.  55).  Devons-nous  en  conclure,  comme  on 
Ta  fait  pendant  longtemps  en  géologie,  et  comme  on  le  fait  encore  quelquefois 
aujourd'hui,  que  le  globe  terrestre  n'est  pas  solide  lui-même  dans  sa  consti- 
tution intérieure,  qu'il  a  conservé  une  température  très  élevée  à  laquelle 
tous  les  minéraux  sont  en  fusion;  qu'il  est  encore  presque  entièrement 
liquide,  et  que  le  sol  sur  lequel  nous  fondons  notre  histoire  humaine  et  nos 
espérances,  n'est  qu'une  mince  écorce  de  50^"  à  60^"  d'épaisseur,  une 
pellicule  recouvrant  une  fournaise? 

Non.  Notre  planète  n'a  pas  ce  degré  d'instabilité.  Si  elle  était  liquide, 


LES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE. 


131 


rattraction  du  Soleil  et  de  la  Lune  produirait  des  marées  formidables  dans 
cette  sphère  mobile,  et  nous  sentirions  deux  fois  par  jour  ces  marées  nous 
passer  sous  les  pieds.  De  plus,  la  précession  des  équinoxes  serait  différente 
de  ce  qu'elle  est.  Notre  globe  n'est  pas  une  boule  liquide  entourée  d'uno 
mince  pellicule. 

Les  mesures  de  température  faites  dans  l'intérieur  des  mines  montrent 
que  la  chaleur  augmente  à  mesure  qu'on  descend;  mais  la  proportion  de  cet 
accroissement  diminue  avec  la  profondeur,  de  sorte  que  les  déductions  rela- 

Fig.  55. 


Changements  produits  à  la  surface  du  sol. 

tives  H  une  chaleur  de  «  deux  cent  mille  »  degrés  au  centre  du  globe  ne  sont 
pas  fondées.  D'ailleurs,  nos  mines  et  tunnels  ne  sont  que  de  superficielles 
piqûres  d'épingle  sur  Pépiderme  de  la  planète. 

D'autre  part,  la  pression  augmente  avec  la  profondeur  et  elle  ne  tarde  pas 
à  devenir  considérable.  Dans  ces  conditions,  il  est  probable  que  le  globe 
terrestre  n'est  ni  solide,  ni  liquide,  ni  gazeux,  mais  pâteux.  Sa  température 
interne  doit  être  encore  de  plusieurs  milliers  de  degrés. 

Mais  il  flotte  dans  l'espace,  au  sein  d'un  froid  de  270°  au-dessous  de  zéro 
et  n'est  échauffé  que  par  le  Soleil.  Il  continue  donc  toujours  à  se  refroidir. 
En  se  refroidissant  il  se  condense,  se  rapetisse,  se  rétrécit.  L'écorce  exté- 
rieure repose,  avons-nous  dit,  sur  un  noyau  pâteux  :  elle  est  obligée  de  se 
rétrécir  en  même  temps  que  ce  noyau.  Delà  des  plissements,  des  dislocations. 
Pour  la  planète,  ce  n'est  rien,  un  simple  petit  frisson,  moins  encore,  un 


132  L'ASTRONOMIE. 

clignement  isolé.  Pour  rhumanitc  qui  bâtit  ses  demeures  sur  ce  sol,  c'est 
beaucoup. 

Cette  condensation  lente,  graduelle,  séculaire,  fait  qu'il  se  produit  des 
vides,  des  affaissements,  des  voûtes,  des  variations  d'équilibre,  des  incli- 
naisons de  bancs  de  roche,  etc.  Les  eaux  des  pluies  descendent  de  la  surface, 
traversent  les  terrains  perméables,  glissent  sur  les  couches  d'argile  qu'elles 
rencontrent,  ressortcnt  lorsque  ces  couches  imperméables  viennent  affleurer 
le  sol,  et  retournent  à  la  mer  par  les  sources,  les  ruisseaux,  les  rivières  et 
les  fleuves.  Mais  ces  eaux  ne  reviennent  pas  toutes,  ne  trouvent  pas  toujours 
une  couche  de  terre  glaise  qui  les  ramène.  Elles  pénètrent  les  terrains, 
imbibent  les  roches  les  plus  dui-es,  continuent  de  descendre,  forment  des 
courants  souterrains,  arrivent  jusqu'à  des  régions  très  chaudes,  donnent 
naissance  à  des  vapeurs,  se  combinent  avec  les  minéraux,  désagrègent 
certaines  bases,  emplissent  des  cavernes,  cherchent  des  issues,  descendent 
encore.  Toute  cette  circulation  intérieure  ne  s'opère  pas  sans  donner  nais- 
sance à  des  gaz  et  à  des  vapeurs.  Ajoutons  à  cela  la  chaleur  du  Soleil,  qui 
chauffe  perpétuellement  le  côté  de  la  Terre  tournant  dans  ses  rayons.  Ajou- 
tons aussi  l'attraction  de  la  Lune,  qui  agit  quand  même  sur  les  couches 
extérieures  du  noyau  pâteux.  Nous  avons  donc  sous  nos  pieds  tout  un  monde 
en  activité.  Les  mouvements  du  sol  senties  résultats  de  cette  activité. 

L'influence  de  la  chaleur  solaire  est  manifeste  par  ce  fait  que  le  plus  grand 
nombre  des  secousses  arrive  vers  deux  ou  trois  heures  du  matin,  pendant 
le  froid  de  la  nuit,  et  le  plus  petit  nombre  vers  une  heure  et  deux  heures  de 
l'après-midi,  au  moment  du  maximum  de  la  chaleur. 

Elle  est  également  confirmée  par  ce  fait  que  le  plus  grand  nombre  des 
secousses  arrive  en  hiver,  et  le  plus  petit  nombre  en  été. 

L'influence  de  l'attraction  de  la  Lune  et  du  Soleil  est  démontrée  par  cet 
autre  fait  qu'il  y  a  un  peu  plus  de  tremblements  de  terre  aux  époques  de 
Nouvelle  et  Pleine  Lune  qu'aux  époques  de  Premier  et  Dernier  Quartier. 
De  même,  ce  nombre  est  plus  grand  quand  la  Lune  est  périgée  que  lors- 
quelle  est  apo.qé«j,  et  lorsqu'elle  est  au  méridien  que  lorsqu'elle  est  à 
l'horizon. 

L'influence  de  la  pression  atmosphérique  se  manifeste  d'une  manière  plus 
fréquente  encore.  Les  plus  violentes  secousses  de  tremblements  de  terre  de 
l'Espagne  ont  coïncidé,  comme  nous  l'avons  vu,  avec  une  période  de  pertur- 
bation insolite.  La  mémo  remarque  a  été  faite  un  très  grand  nombre  de  fois, 
ainsi  que  pour  les  explosions  du  grisou.  La  pression  des  gaz  et  des  vapeurs 
intérieures  peut  être  telle  que  la  moindre  rupture  d'équilibre  décide  des 
explosions  produisant  des  trépidations  et  des  secousses  formidables. 

Ajoutons  ici  que  tous  les  volcans  en  activité  se  trouvent  ou  dans  l'Océan  ou 


LES  TREMBLEMENTS  DE  TERUE.  133 

le  long  des  rivages,  et  que  Tanalyse  a  démontré  que  la  vapeur  d'eau  de  mer 
compose  à  elle  seule  presque  tout  entière  la  colonne  de  fumée  qui  jaillit  des 
éruptions.  Nous  pouvons  donc  en  conclure  que  les  volcans  ne  sont  pas  des 
cheminées  mettant  un  globe  liquide  incandescent  en  communication  avec 
l'extérieur,  mais  des  phénomènes  chimiques  produits  dans  Técorce  du  globe 
par  l'arrivée  de  Peau  des  mers,  en  contact  avec  les  roches  profondes  qu'elles 
décomposent.  Versez  de  Teau  froide  sur  de  la  chaux  froide  et  vous  créez  une 
source  de  chaleur. 


Ainsi,  selon  toutes  probabilités,  les  temWements  de  terre  sont  produits  par 
les  différentes  causes  que  nous  avons  énumérées,  en  tête  desquelles  se 
placent  les  dislocations  dues  à  la  contraction  séculaire  du  globe.  Les  régions 
montagneuses  déjà  disloquées  et  les  régions  volcaniques  sont  plus  exposées 
à  ces  commotions  du  sol.  La  France  du  Nord,  la  plaine  de  Paris,  entre  autres, 
présentent  au  géologue  de  remarquables  conditions  de  stabilité,  et  l'on  n'a 
point  à  redouter  que  la  capitale  du  monde  soit  jamais  renversée  par  des  cata- 
clysmes de  cet  ordre.  On  n'en  pourrait  pas  espérer  autant  de  l'Auvergne, 
dont  les  volcans  pourraient  peut-être  se  réveiller,  comme  le  fit  le  Vésuve  qui, 
dans  l'antiquité,  était  éteint:  les  armées  campaient  dans  son  cratère  endormi. 
Ces  volcans  ne  sont  pas  très  éloignés  de  la  mer.  Nos  ancêtres  les  ont  vus  en 
ignition  du  temps  de  l'âge  de  pierre. 

En  résumé,  la  terrible  catastrophe  qui  vient  de  fondre  sur  l'Espagne  aura 
donné  à  la  science  des  aperçus  nouveaux  sur  la  solution  de  ce  grand  pro- 
blème des  tremblements  de  terre,  et  aura  servi  à  soulever  quelques-uns  des 
voiles  qui  nous  cachent  encore  la  constitution  intérieure  de  notre  planète. 
C'est  encore  là  une  guerre,  la  guerre  des  éléments  contre  l'humanité,  et  ses 
victimes  innocentes  sont  comme  des  holocaustes  au  Progrès.  Autrefois,  ces 
cataclysmes  semaient  la  mort  et  la  ruine  sans  offrir  à  l'homme  la  moindre 
compensation.  Aujourd'hui,  leur  étude  peut  nous  donner  l'espérance  d'éviter 
dans  l'avenir  une  partie  de  ces  pertes  irréparables,  en  cessant  de  construire 
les  habitations  humaines  sur  les  points  de  plus  grande  instabilité.  Eh!  dans 
notre  douleur  même,  n'accusons  pas  trop  la  nature  d'être  une  mère  marâtre 
et  de  détruire  les  enfants  auxquels  elle  a  donné  le  jour,  quand  nous  voyons 
que  tous  les  tremblements  de  terre  réunis,  les  cyclones,  la  foudre  et  toutes 
les  causes  de  destruction  étrangères  à  l'humanité  font  incomparablement 
moins  de  mal  que  cette  humanité  ne  s'en  fait  à  elle-même,  de  propos  déli- 
béré, par  ses  guerres  perpétuelles,  lesquelles  versent  le  sang  de  quarante 
millions  d'hommes  par  siècle,  soit  plus  de  mille  par  jour,  sans  jamais 
s'arrêter.  Ainsi  l'aveugle  nature  est  beaucoup  moins  «  aveugle  »  que  nous, 


134  L'ASTRONOMIE. 

car  elle  ne  détruit  peut-être  pas  plus  de  cent  mille  hommes  par  siècle,  c'est- 
à-dire  incomparablement  moins  que  Thumanité  ne  s'en  assassine  volontai- 
rement à  elle-même. 

Le  seul  moyen  de  connaître  avec  certitude  la  composition  intérieure  du 
globe  terrestre  serait  de  creuser  un  puits  gigantesque  de  plusieurs  kilo- 
mètres de  profondeur.  Un  tel  travail  ne  serait  point  au-dessus  du  pouvoir- 
actuel  de  l'industrie.  Ce  puits  serait  une  source  de  chaleur  humainement 
inépuisable.  Si  les  divers  gouvernements  s'entendaient  pour  diriger  vers  ce 
but  tous  les  soldats  de  l'Europe,  (chacun  employé  suivant  son  corps  de 
métier,  etc.  )  ils  remporteraient  une  victoire  supérieure  à  toutes  les  extermi- 
nations passées,  présentes  et  futures,  en  mettant  au  jour  le  mystère  qui  se 
cache  sous  nos  pieds.  Et  comme,  pendant  ce  travail,  on  aurait  perdu  l'habi- 
tude de  se  battre,  l'humanité  aurait  gagné  là  un  progrès  en  partie  double, 
progrès  scientifique  et  progrès  social. 

Camille  Flammarion. 

APPENDICE 

On  a  inventa  divers  appareils  pour  mesurer  et  enregistrer  la  direction  et  Tin- 
tensité  des  secousses.  Dans  les  uns,  le  mouvement  du  sol  fait  tomber  une  boule 
suivant  une  direction  déterminée  par  ce  mouvement  même,  dans  les  autres  un 
pendule  oscille  selon  les  ondulations  du  sol;  dans  les  autres  encore  une  tige  ver- 
ticale suspendue  de  telle  sorte  qu'elle  peut  osciller  dans  toutes  les  directions, 
porte  à  son  extrémité  supérieure  une  feuille  de  papier  noirci  au  noir  de  fumée, 
sur  laquelle  le  contact  léger  d'une  pointe  dessinera  une  courbe  à  chaque  oscil- 
lation. Nous  reproduisons  ici  (/îflf.56)  le  curieux  enchevêtrement  de  courbes  tracées 
automatiquement  par  le  sismographe  de  l'Observatoire  météorologique  de  Manille, 
le  18  juillet  1880,  à  midi  40™,  pendant  les  72  secondes  de  durée  de  ce  funeste  trem- 
blement de  terre.  L'original  de  cette  figure,  que  nous  avons  réduite,  mesure 
0™33  de  diamètre.  On  voit  que  les  ondulations  de  plus  grande  intensité  se  sont 
efl'ectuées  de  l'Est  à  TOuest,  suivant  la  direction  bb'. 

Comme  nous  l'avons  vu,  il  y  a  lieu  de  partager  les  tremblements  de  terre  en 
deux  catégories  bien  différentes,  ceux  qui  sont  dus,  de  près  ou  de  loin,  à  des 
phénomènes  volcaniques,  et  ceux  qui  sont  étrangers  à  ces  phénomènes.  Dans  le 
premier  cas  les  trépidations  du  sol  sont  produites  par  les  efforts  que  fait  la  vapeur 
d'eau  contre  les  parois  intérieures  des  cratères  volcaniques,  pour  s'échapper  des 
voûtes  sous  lesquelles  elle  est  emprisonnée,  et  toutes  les  observations  s'accor- 
dent pour  montrer  que  ces  trépidations  sont  précisément  en  corrélation  intime 
avec  les  diverses  phases  des  éruptions  volcaniques.  En  général,  ces  tremblements 
de  terre  volcaniques  sont  peu  étendus.  Les  autres,  au  contraire,  comme  celui 
dont  le  foyer  vient  d'être  observé  en  Espagne,  sont  étrangers  aux  volcans,  indé- 
pendants de  toute  éruption,  et  leurs  causes  doivent  être  cherchées  dans  les  cou- 


LES   TREMBLEMENTS  DE  TERRE. 


135 


ditions  géologiques  mêmes  de  Técorce  du  globe,  qui  ont  été  énumérées  dès  le 
début  de  cette  étude. 

Cet  état  d'instabilité  des  couches  souterraines  se  trouve  par  sa  nature  même 
soumis  aux  influences  extérieures,  aux  effets  de  la  chaleur  solaire,  du  froid  noc- 


Fig.  56. 

N 


dUscillations  tracées  par  le  pendule  enregistreur  des  li-emblements  de  terre. 

urne  ox:^^  hibernal,  aux  oscillations  de  la  pression  atmosphérique,  aux  variations 
^attrjtci-t;i^ii  de  la  Lune  et  du  Soleil  selon  leurs  distances,  leurs  positions  et  le 
inouv&xxx^nt  de  la  Terre.  Que  ces  influences  extérieures  aient  un  effet  réel  sur  la 
production  ^^g  mouvements  du  sol,  c'est  ce  qui  est  démontré  par  les  faits  sui- 
vants. 

Par    Iç^     comparaison  de  696  secousses  observées  en  Suisse  (430  antérieures 


l:JG 


L  ASTRONOMIE. 


à  1857  et  266  de  1879  à  1881)  dont  les  heures  étaient  connues,  M.  Fore!  a  publié 
en  1884,  dans  cette  Revue,  le  curieux  résultat  suivant  : 

VARIATION   DU  NOMBRE   DES  TREMBLEMENTS  DE   TERRE   SUIVANT  LES  HEURES 

DU  JOUR. 


Heures. 

O*» (minuit) et  !*•  matin. 

2         et         3 

4         et         5 

6         et         7 

8         et         îl 

10         et       11  


1879-81.     Avant  1857. 


5Î 
61 

20 
0 
0 


49 

55 
43 
31 
31 
36 


Hoores, 

lî»*  (midi^  et  13'' 
14  et  1.") 
16  et  17 
18  et  19 
20  et  21 
22        et        23 


1879-81. 

Avant  1857. 

7 

18 

9 

27 

13 

31 

13 

24 

23 

42 

31 

48 

En  additionnant  les  nombres  des  deux  séries  d'observations,  nous  avons  con- 
struit, à  leclielle  de  1'»'"  pour  10  tremblements  de  terre,  la  courbe  suivante  qui 

Fig.  57. 


Variation  du  nombre  dos  tremblements  de  terre  suivant  les  heures  du  jour. 

permet  de  saisir  du  premier  coup  d'oeil  cette  variation  horaire,  mieux  que  par 
l'inspection  des  chiffres.  On  voit  qu'il  y  a  quatre  fois  plus  de  tremblements  de 
terre  inscrits  aux  heures  de  la  nuit  qu'aux  heures  du  jour.  Sans  doute  le  silence 
de  la  nuit  et  la  position  horizontale  du  corps  dans  un  lit  sont  deux  conditions 
subjectives  en  faveur  de  l'appréciation  des  légères  oscillations  du  sol,  qui  passent 
inaperçues  au  milieu  des  bruits  du  jour  et  pour  des  observateurs  debout,  en  voi- 
ture ou  à  cheval  ;  et  il  y  aurait  certainement  une  correction  à  faire,  qui  diminue- 
rait l'amplitude  de  la  courbe.  Mais  comme  il  ne  s'agit  pas  ici  seulement  de  légères 
secousses,  mais  aussi  de  tremblements  de  terre  plus  ou  moins  retentissants,  nous 
pouvons  admettre  qu'en  fait  ces  phénomènes  présentent  une  variation  certaine, 
le  maximum  arrivant  entre  i*»  et  4*»  du  matin,  le  minimum  vers  1^  de  l'après- 
midi.  Le  premier  correspond  aux  heures  de  froid,  le  second  aux  heures  de  cha- 
leur. 

Ce  qui  prouve  que  cette  variation  est  bien  réelle,  c'est  que  Ton  observe  égale- 
ment une  périodicité  mensuelle  qui  lui  correspond  en  principe.  Voici,  d'après  le 
même  auteur,  et  pour  la  morne  série  d'observations,  les  nombres  relatifs  aux 
saisons. 


V.\RL\TIONS  DU    NOMBRE   DES  TREMBLE.\IENTS   DE   TERRE   SUIVANT   LES   SAISONS. 

1879-81 
Saisons.  troinblemeiits. 

Hiver  (décembre  à  février) 18 

Printemps  (mars  à  mai) 10 

Été  (juin  à  août) 15 

Automne  (septembre  à  novembre)..  18 


1879-81 

Avant  1857 

secousses. 

secousses. 

80 

461 

29 

315 

43 

141 

104 

313 

LES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE.  137 

En  additionnant  ensemble  les  secousses  des  deux  séries,  on  obtient  également 
la  courbe  (fig.  58)  qui  représente  cette  variation,  tracée  à  l'échelle  de  2«™  pour 
100  secousses.  On  voit  que  le  maximum  arrive  en  hiver  et  le  minimum  en  été. 
Comme  les  nuits  sont  plus  longues  en  hiver  qu*en  été,  Tinfluence  signalée  tout  à 
rheure  peut  encore  se  faire  sentir  ici,  mais,  répétons-le,  il  ne  s'agit  pas  seule- 
ment de  secousses  légères.  D'ailleurs,  lors  de  la  dernière  série  d'Espagne,  à 
laquelle  tous  les  spectateurs  ont  porté  jour  et  nuit  une  attention  intéressée,  on 
a  remarqué  également  que  les  secousses  ont  été  beaucoup  plus  nombreuses  la 
nuit  que  le  jour.  On  sent  qu'il  nous  est  impossible  de  faire  la  part  de  l'influence 
tout  humaine  que  nous  venons  de  signaler  (et  qu'il  nous  surprend  de  ne  pas 
encore  avoir  vue  signalée  par  personne).  Les  appareils  enregistreurs  seuls  pour- 
raient nous  édifier  complètement  à  cet  égard.  Mais  jusqu'à  présent  ils  sont  trop 
clairsemés. 

L'influence  de  l'attraction  lunaire  n'est  pas  moins  certaine  que  celle  de  la  tem- 
pérature. Mon  ami  regretté  Alexis  Perrey,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences 

FIg.  58. 


Hiver  PrtnUinpt  Été  Automne 

Variation  du  nombre  des  tremblements  de  terre  suivant  les  saisons. 

de  Dijon,  a  eu  la  patience  de  coUationner  des  milliers  et  des  milliers  d'observa- 
tions de  tremblements  de  terre.  Dans  un  tableau  comprenant  les  faits  relevés  un 
peu  partout,  de  1851  à  1872,  il  a  classé  comme  il  suit  les  données  relatives  aux 
phases  de  la  Lune,  en  groupant  dans  la  première  colonne  les  deux  semaines  de 
Nouvelle  et  Pleine  Lune,  et  dans  la  seconde  les  deux  semaines  de  Premier  et 
Dernier  Quartier. 

VARIATIONS  DU  NOMBRE   DES  TREMBLEMENTS   DE  TERRE   SUIVANT  LES  PHASES 

DE  LA  LUNE. 

NottTelieB  Lnnes  Premier  et 

Périodes.  et  Pleines   Lnnes.    Dernier  Quartier.        Différence. 

1751  à  1800 1901  1754  147 

1801  à  1850 3434  3161  273 

1843  à  1872 8838  8411  427 

On  voit  que  dans  les  trois  séries  la  différence  est  affirmative  en  faveur  d'un 
plus  grand  nombre  aux  époques  des  Nouvelle  Lune  et  Pleine  Lune,  comme  dans  le 
cas  des  marées.  Cette  différence  est  faible,  mais  elle  est  réelle,  et  proportionnelle 
aux  nombres  examinés. 

Le  groupement  relatif  aux  distances  de  la  Lune  donne  un  résultat  analogue  : 
il  y  a  plus  de  tremblements  de  terre  lorsque  la  Lune  est  au  périgée,  c'est-à-dire 
lorsque  son  attraction  est  la  plus  forte,  que  lorsqu'elle  est  à  l'apogée.  Dans  le 

4** 


138  L'ASTRONOMIE. 

tableau  suivant,  dû  également  à  Alexis  Perrey,  les  nombres  représentant  les 
tremblements  de  terre  ont  été  obtenus  en  prenant  des  périodes  de  cinq  jours 
dont  le  périgée  et  l'apogée  forment  les  milieux. 

VARIATIONS  DU  NOMBRE   DES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE  SELON  LES  DISTANCES 

DE   LA  LUNE. 


Périodes. 
1751  à  1800 

An  périgée. 
526 

A  rapogée. 

465 

1113 

3015 

Différence. 
61 

1801  à  1850 

1223 

110 

1843à  1872 

3290 

275 

Les  différences  sont  faibles,  mais,  comme  on  le  voit,  toujours  dans  le  même 
sens. 

Avec  le  nombre  beaucoup  moins  considérable  de  tremblements  de  terre  obser- 
vés en  Suisse,  M.  Forel  est  arrivé  à  un  résultat  analogue.  Il  trouve  : 

Proportion. 

Dans  les  sept  jours  avant  et  après  la  sizygie 0,53 

Quadrature 0,47 

Lune  au  méridien 0,53 

Lune  à  rhorizon 0,47 

Faible,  mais  toujours  significatif.  Nos  lecteurs  se  souviennent  peut-être  de  ce 
que  nous  disions  récemment  à  propos  de  l'influence  de  l'attraction  de  la  Lune  sur 
le  poids  des  corps.  Un  poids  de  lOOO^c  est  diminué  de  0^,112  quand  la  Lune  est 
au  zénitb  ou  au  nadir  et  augmenté  de  Or, 056  quand  elle  esta  l'horizon.  Pour  de 
grandes  masses,  ce  n'est  pas  insignifiant.  Tous  ces  faits  démontrent,  sinon  l'in- 
stabilité absolue  de  notre  planète  errante,  du  moins  son  état  de  perpétuelle  mobi- 
lité et  d'incessante  transformation.  C.  F. 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L'ASTRONOME. 

L'INSTRUMENT  MÉRIDIEN  ET  LES  OBSERVATIONS  MÉRIDIENNES 

Dans  l'article  que  nous  avons  consacré  à  Téquatorial  coudé  de  l'Observatoire 
de  Paris  (Astronomie,  t.  III,  n«  6,  juin  1884,  p.  216),  nous  avons  été  amené  à  dire 
quelques  mots  des  instruments  installés  à  demeure  dans  le  plan  méridien.  Nous 
nous  proposons  aujourd'hui  d'entrer  dans  quelques  détails  sur  la  construction  de 
ce  genre  d*appareils  et  les  observations  qu'ils  permettent  d'effectuer. 

Nous  avons  déjà  fait  remarquer  que  les  observations  méridiennes  sont  actuel- 
lement le  seul  moyen  que  possède  l'Astronomie  pour  déterminer  avec  précision 
la  position  des  étoiles  fixes.  Les  astronomes  attachés  aux  grands  observatoires 
occupent  la  plus  grande  partie  de  leurs  soirées  à  des  mesures  de  cette  nature, 
et  de  temps  en  temps,  on  publie  le  catalogue  des  étoiles  observées,  résultat  du 
travail  assidu  de  plusieurs  années.  Il  importe  de  se  rendre  compte  de  l'utilité  de 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L'ASTRONOMIE.  139 

semblables  travaux  qui  absorbent  pendant  si  longtemps  les  forces  et  rintelli- 
gence  d*un  nombreux  personnel  aussi  instruit  que  dévoué.  Une  personne  étran  - 
gère  à  TAstronomie  qui  parcourrait  un  de  ces  volumineux  catalogues  serait  bien 
tentée  de  se  demander  si  de  pareilles  accumulations  de  documents  contribuen  t 
réellement  au  progrès  de  la  Science,  et  si  tout  Targent^  tout  le  temps,  toute  la 
peine  ainsi  dépensés  n'ont  pas  été  consommés  en  pure  perte. 

En  réalité,  les  catalogues  d'étoiles  sont  actuellement  la  base  de  toute  l'Astro- 
nomie et  le  point  de  départ  de  toutes  les  recbercbes  qui  concernent  les  mbuve  - 
ments  des  astres.  Ce  sont  eux  qui  permettent  de  découvrir  les  mouvements 
propres  des  étoiles  par  la  comparaison  des  observations  effectuées  à  de  longs 
intervalles.  Si  Bessel  n'avait  pas  eu  entre  les  mains  les  catalogues  de  ses  devan- 
ciers, il  n'aurait  pu  reconnaître,  dans  la  61«  Cygne,  lune  des  étoiles  du  ciel  dont 
le  mouvement  propre  est  le  plus  rapide;  Tidée  ne  lui  serait  pas  venue  qu'elle 
devait  être,  en  conséquence,  l'une  des  plus  rapprochées  du  Soleil,  et  ses  recher- 
ches sur  la  parallaxe  annuelle  des  étoiles  seraient  certainement  restées  infruc- 
tueuses, comme  l'avaient  été  autrefois  celles  de  Bradley.  Il  a  fallu  qu'Herschel 
compulsât  de  bien  nombreuses  observations  anciennes,  consignées  dans  les  cata- 
logues de  son  temps,  pour  reconnaître,  dans  le  mouvement  propre  de  toutes  les 
étoiles,  une  composante  commune  qui  lui  révélât  le  déplacement  du  système  solaire 
vers  la  constellation  d'Hercule.  Les  variations  d'éclat  des  étoiles,  l'apparition 
d'étoiles  nouvelles  et  la  disparition  d'astres  anciens  ne  peuvent  être  signalées 
avec  certitude  que  si  l'on  possède  d'excellents  catalogues.  On  sait  que  c'est  à  la 
suite  de  l'apparition  d'une  étoile  temporaire,  et  pour  faciliter  à  la  postérité  l'étude 
de  semblables  phénomènes,  qu'un  siècle  avant  Jésus-Christ,  l'astronome  grec 
Hipparque  résolut  de  consacrer  le  reste  de  sa  vie  à  des  observations  astrono  - 
miques  et  à  la  confection  d'un  catalogue  d'étoiles.  C'est  ce  catalogue  qui,  corrigé 
et  complété  plus  tard  par  Ptolémée,  nous  a  été  transmis  dans  VAlmageste  et 
constitue  encore  de  nos  jours  un  document  précieux. 

Outre  ces  avantages  généraux,  et  dont  il  est  facile  de  se  rendre  compte^  les 
catalogues  d'étoiles  en  présentent  un  nouveau  dont  la  portée  philosophique  est 
peut-être  encore  plus  haute.  Depuis  la  découverte  de  Newton,  l'un  des  plus  grands 
problèmes  de  l'Astronomie,  sinon  le  plus  important  de  tous,  c'est  de  savoir  si  la 
loi  de  la  gravitation  universelle  suffit  à  expliquer  les  mouvements  des  planètes 
et  de  leurs  satellites,  ou  si  les  corps  célestes  se  trouvent  soumis  à  quelque  autre 
influence.  Pour  arriver  à  la  solution  de  cette  question,  il  faut,  d'une  part,  multi- 
plier les  observations  de  position  de  planètes  et  augmenter  la  précision  des 
mesures,  et,  d'autre  part,  déterminer  avec  soin,  d'après  les  principes  de  la  Méca- 
nique, les  lieux  que  doivent  occuper  à  chaque  instant  les  planètes  supposées  sou- 
mises à  la  seule  action  de  l'attraction  newtonienne,  afin  de  comparer  les  résultats 
du  calcul  avec  les  observations  effectuées.  Tant  que  les  différences  seront  au- 
dessous  des  erreurs  inévitables  des  mesures,  la  théorie  actuelle  devra  être  con- 
servée ;  mais  si  l'on  vient  à  rencontrer  un  désaccord  plus  considérable,  il  faudra 
nécessairement  en  rechercher  la  cause,  et  Ton  pourra  se  trouver  ainsi  sur  la  voie 


140  L'ASTRONOMIE. 

d'une  grande  découverte.  Jusqu'à  présent,  la  gravitation  suffit  à  tout  expliquer, 
si  ce  n*est  pourtant  Taccélération  du  mouvement  de  certaines  comètes,  en  parti- 
culier celui  de  la  comète  d'Encke;  mais  la  méthode  qui  vient  d'être  esquissée  a 
déjà  conduit  Le  Verrier  à  la  découverte  deNeptune,  et  elle  nous  donne  actuelle- 
ment Tassurance  qu'il  existe  entre  Mercure  et  le  Soleil  un  amas  assez  important 
de  corpuscules  invisibles. 

Quoi  qu'il  en  soit,  deux  séries  de  travaux  sont  nécessaires  au  développement 
des  recherches  astronomiques  relatives  au  grand  problème  dont  nous  parlons. 
L'une,  toute  de  calcul  et  d'analyse  mathématique,  a  pour  objet  la  construction 
des  tables  de  planètes;  nous  n'en  dirons  rien,  si  ce  n'est  qu'elle  exige  une  somme 
énorme  de  fastidieux  calculs  numériques  que  les  perfectionnements  des  procédés 
de  mesure  rendent  constamment  plus  pénibles,  car  il  faut  nécessairement 
apporter  dans  les  calculs  une  approximation  au  moins  égale  à  celles  des  observa- 
tions. L'autre,  toute  d'observations  et  de  mesures,  consiste  à  relever  le  plus  sou- 
vent possible,  par  des  procédés  sans  cesse  perfectionnés,  la  position  apparente 
des  corps  du  système  solaire.  Or,  de  quelque  manière  qu'on  fasse  l'observation 
d'une  planète,  aussi  bien  avec  l'instrument  méridien  qu'avec  l'équatorial,  on  ne 
détermine  jamais  que  les  différences  entre  les  coordonnées  de  la  planète  et 
celles  de  quelques  étoiles  de  comparaison  qui  servent  de  point  de  repère.  Avec 
l'équatorial,  il  faut  prendre  une  étoile  de  comparaison  très  voisine  de  l'astre  que 
Ton  veut  observer,  tandis  qu'avec  l'instrument  méridien,  la  distance  des  points 
de  repère  est  indifTérente;  mais,  dans  les  deux  cas,  il  faut  le  remarquer,  on 
n'obser^^e  que  des  différences.  Dès  lors  chacun  saisira  l'importance  capitale  que 
l'on  attache  à  la  détermination  précise  et  certaine  de  la  position  des  étoiles  qui 
doivent  servir  de  comparaison. 

A  ce  point  de  vue  toutes  les  étoiles  observées  ont  été  classées  en  deux  groupes 
fort  inégaux.  Le  plus  nombreux,  qui  renferme  la  presque  totalité  des  étoiles 
observées,  fournit  un  nombre  considérable  de  points  de  repère  dont  la  position 
est  consignée  dans  les  divers  catalogues  actuellement  existants.  C'est  là  qu'on  va 
choisir  les  petites  étoiles  de  comparaison  destinées  aux  observations  équato- 
riales  des  comètes  ou  des  petites  planètes.  Pourtant,  quel  que  soit  le  soin  apporté 
à  la  confection  des  catalogues,  les  positions  qu'ils  indiquent  ne  seront  jamais 
considérées  que  comme  approchées,  et  toutes  les  fois  qu'une  de  ces  étoiles  aura 
servi  de  comparaison,  on  devTa  l'observer  plus  tard  à  l'instrument  méridien,  pen- 
dant deux  ou  trois  nuits  consécutives,  pour  bien  s'assurer  de  son  exacte  position. 
L'existence  des  catalogues  est  cependant  nécessaire,  afin  que  l'astronome  qui 
observe  à  l'équatorial  puisse  choisir,  parmi  tous  les  astres  qu'il  aperçoit  dans  le 
champ  de  la  lunette,  celui  qu'il  veut  prendre  comme  point  de  repère;  il  faut 
même  que  la  position  donnée  par  le  catalogue  soit  assez  précise  pour  que  cette 
étoile  puisse  être  distinguée  de  ses  voisines  lorsqu'on  voudra  plus  tard  l'observer 
à  l'instrument  méridien;  car  le  seul  moyen  de  reconnaître  les  petites  étoiles 
réside  dans  la  connaissance  préalable  de  leurs  coordonnées. 
Le  deuxième  groupe  ne  comprend  qu'un  petit  nombre  d'étoiles  choisies  avec 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L  ASTRONOMIE.  141 

soin  parmi  les  plus  brillantes  du  ciel  :  ce  sont  celles  qui  ont  été  observées  le  plus 
souvent  et  dont  les  observations  se  sont  montrées  assez  concordantes  pour  que 
Ton  puisse  considérer  leurs  positions  comme  définitivement  connues.  Ce  sont  elles 
qui  servent  de  points  de  repère  dans  les  observations  méridiennes  des  planètes  et 
des  autres  étoiles.  On  les  nomme  pour  cette  raison  étoiles  fondamentales. 
L'Observatoire  de  Paris  en  a  choisi  316,  dont  16,  très  voisines  du  Pôle,  servent  à 
des  usages  spéciaux  sur  lesquels  nous  aurons  à  revenir.  Les  positions  apparentes 
de  ces  étoiles  rapportées  à  Téquateur  et  à  Téquinoxe  de  chaque  jour  sont  évi- 
demment affectées  de  la  précession  et  de  la  nutation  qui  font  varier  à  chaque 
instant  le  plan  de  Téquateur  terrestre.  Aussi  leurs  coordonnées  apparentes  sont- 
elles  calculées  à  l'avance  et  données  dans  la  Connaissance  des  Temps  pour 
chaque  jour  de  Tannée.  Cette  éphéméride,  qui  occupe  139  pages  de  ce  recueil,  est 
indispensable  aux  astronomes  des  observatoires;  c'est  la  base  sur  laquelle  repo- 
sent tous  les  résultats  deleurs  travaux. 

Il  nous  resterait  maintenant  à  dire  comment  on  a  pu  déterminer  la  position  de 
ces  étoiles  fondamentales;  mais,  pour  le  bien  faire  comprendre,  il  est  nécessaire 
de  décrire  d'abord  l'instrument  et  d'en  expliquer  l'usage.  Nous  supposons  donc, 
sauf  à  revenir  plus  tard  sur  la  question,  que  cette  position  est  absolument  ceN 
tainc  et  qu'il  suffit  d'ouvrir  la  Connaissance  des  Temps  pour  la  connaître. 

Les  instruments  méridiens  se  composent  de  deux  parties  essentiellement  dis- 
tinctes quoique  pouvant  être  réunies  sur  un  même  appareil  :  la  Lunette  Méri- 
dienne, qui  sert  à  la  mesure  des  ascensions  droites,  et  le  Cercle  Méridien,  qui 
sert  à  déterminer  les  déclinaisons. 

Les  lecteurs  de  V Astronomie  sont  familiarisés  avec  les  mots  d*ascension  droite 
et  de  déclinaison.  Ils  savent  que  l'on  appelle  cercles  horaires  les  grands  cercles 
qu'on  peut  tracer  sur  la  sphère  céleste  en  les  faisant  passer  par  les  deux  pôles. 
L'un  de  ces  cercles  horaires,  celui  qui  passe  par  Téquinoxe  de  printemps,  a  été 
numéroté  0,  et  la  position  d'un  cercle  horaire  quelconque  est  parfaitement  déter- 
minée dès  qu'on  connaît  l'angle  qu'il  fait  avec  le  cercle  horaire  origine.  C'est  cet 
angle  qu'on  appelle  Vascension  droite  du  cercle  horaire,  de  sorte  que  toutes  les 
étoiles  situées  sur  un  même  cercle  horaire  ont  la  même  ascension  droite.  Par 
suite  du  mouvement  diurne  apparent  du  ciel,  tous  les  cercles  horaires  du  ciel 
viennent  successivement  coïncider,  dans  la  période  d'un  jour  sidéral,  avec  le  plan 
du  méridien.  Les  astronomes  ont  pris  l'habitude  de  compter  les  ascensions 
droites  de  0«  à  360«  dans  le  sens  inverse  du  mouvement  diurne  apparent,  de 
manière  que  les  différents  cercles  horaires  viennent  successivement  se  placer 
dans  le  plan  du  méridien,  dans  l'ordre  de  leurs  ascensions  droites.  Enûn^  si  l'on 
remarque  que  la  Terre  tourne  de  360»  en  24^,  on  verra  par  une  simple  division, 
qu'elle  tourne  de  15»  en  une  heure,  de  manière  que  toutes  les  heures,  le  cercle 
horaire  qui  se  trouve  dans  le  plan  méridien  est  à  15»  de  distance  de  celui  qui 
occupait  la  même  position  une  heure  auparavant.  De  là  vient  que  l'heure  peut 
être  prise  pour  une  unité  d'angle  15  fois  plus  grande  que  le  degré.  Les  astronomes 


142  L'ASTRONOMIE. 

ont  en  effet  Thabitude  d'exprimer  les  ascensions  droites  en  heures,  minutes  et 
secondes  de  temps  au  lieu  de  degrés,  minutes  et  secondes  d'arc,  ce  qui  revient  à 
partager  la  circonférence  de  TÉquateur  en  24  parties  égales  au  lieu  de  360. 
L'avantage  de  cette  manière  de  faire  consiste  à  unifier  pour  ainsi  dire  la  mesure 
du  temps  avec  la  mesure  des  ascensions  droites.  On  fait  commencer  le  jour  sidé- 
ral au  moment  où  le  cercle  horaire  pris  pour  origine  et  numéroté  0  vient  coïncider 
avec  le  plan  méridien,  de  manière  qu'à  i^  sidérale  c'est  le  cercle  numéroté  1^  qui 
se  trouve  dans  le  plan  méridien,  à  2*»  c'est  le  cercle  numéroté  2'»,  et  ainsi  de 
suite.  La  mesure  de  l'ascension  droite  d'un  astre  se  réduit  ainsi  à  la  détermination 
de  l'heure  exacte  de  son  passage  dans  le  plan  méridien.  Deux  instruments  seule- 
ment sont  nécessaires  pour  cette  mesure  : 

lo  Une  lunette  méridienne  munie  d'un  réticule  à  fils  verticaux  pour  apprécier 
l'instant  du  passage  de  l'étoile  dans  le  plan  méridien,  c'est-à-dire  une  lunette 
mobile  autour  d'un  axe  horizontal  perpendiculaire  au  plan  méridien;  celui-ci  est 
marqué  par  le  centre  optique  de  l'objectif  et  le  fil  moyen  du  réticule,  de  manière 
que  rétoile  se  trouve  dans  le  plan  méridien  quand  son  image  observée  dans  le 
champ  de  la  lunette  passe  derrière  ce  fil  moyen. 

2°  Une  horloge  réglée  sur  le  temps  sidéral,  afin  de  déterminer  Theure  exacte  du 
passage  observé;  c'est  la  Pendule  sidérale [^). 

On  voit  que  la  détermination  des  ascensions  droites  serait  une  chose  fort  simple 
si  la  lunette  pouvait  être  parfaitement  orientée  dans  le  plan  méridien,  et  si 
la  pendule  sidérale  pouvait  être  rigoureusement  réglée.  Malheureusement  ce 
réglage  absolu  est  une  chose  impossible  ;  il  faut  se  borner  à  mesurer  avec  le  plus 
de  précision  possible  les  petits  écarts  inévitables,  afin  d'en  tenir  compte  dans  la 
réduction  des  observations,  et  c'est  dans  cette  détermination  que  réside  la  partie 
la  plus  délicate  des  opérations. 

Les  erreurs  auxquelles  on  est  exposé  dans  la  mesure  des  ascensions  droites 
sont  donc  de  trois  catégories  : 

l»  Los  erreurs  inévitables  de  l'observation  elle-même; 

2o  Celles  qui  tiennent  à  la  position  plus  ou  moins  défectueuse  de  la  lunette; 

3*  Celles  qui  tiennent  à  la  marche  imparfaite  de  l'horloge. 

L  Pour  diminuer  autant  que  possible  les  erreurs  de  l'observation  elle-même,  il 
est  indispensable  que  l'observateur  se  soit  exercé  pendant  longtemps  avant 
d'entreprendre  des  mesures  dignes  de  figurer  dans  les  documents  scientifiques. 

(')  On  sait  que  le  jour  sidéral  est  un  peu  plus  court  que  le  jour  solaire  moyen;  la  diffé- 
rence est  d'à  peu  près  4";  il  y  dans  Tannée  un  jour  sidéral  de  plus  qu'il  n'y  a  de  jours 
solaires,  de  sorte  que  si  les  deux  horloges  solaire  et  sidérale  marquent  la  même 
heure  un  certain  jour  de  Tannée,  elles  se  retrouveront  d'accord  le  même  jour  de  Tannée 
suivante;  dans  Tintervalle,  Thorloge  sidérale  avance  constamment  sur  Thorloge  solaire 
d'environ  4"  par  jour,  soit  en  moyenne  2''  par  mois,  de  manière  que  l'avance  se  trouve 
exactement  de  24''  à  la  fin  de  Tannée.  Cet  efifet  tient  à  ce  que  le  jour  sidéral  est  unique- 
ment basé  sur  la  rotation  de  la  Terre  tandis  que  le  jour  solaire  résulte  de  la  combinaison 
des  deux  mouvements  de  la  Terre  sur  elle-même  et  autour  du  Soleil. 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L'ASTRONOMIE.  14a 

L'observation  d'une  étoile  à  la  lunette  méridienne  consiste  essentiellement  à 
saisir  l'instant  précis  où  l'image  de  l'étoile  disparaît  derrière  le  fil  vertical  du 
réticule,  et  à  noter  sur  un  cahier  1  heure,  la  minute,  la  seconde  et  même  la  frac- 
tion de  seconde  qui  caractérise  cet  instant.  L'horloge  est  disposée  de  manière  que 
le  pendule  exécute  une  oscillation  par  seconde,  et  chaqne  oscillation  est  marquée 
par  un  coup  sec  et  bruyant.  Après  avoir  placé  sa  lunette  à  la  hauteur  convenable 
pour  que  l'étoile  pénètre  dans  le  champ,  l'observateur  inscrira  sur  son  cahier 
l'heure  et  la  minute  indiquées  par  l'horloge;  puis  il  regardera  le  numéro  indiqué 
par  l'aiguille  des  secondes,  et,  quittant  l'horloge  pour  revenir  à  la  lunette,  il  se 
mettra  à  compter  mentalement  les  battements  du  pendule  à  partir  de  ce  numéro. 
Quand  l'étoile  arrivera  derrière  le  fil,  il  inscrira  le  dernier  numéro  qu'il  vient  de 
compter  et  y  ajoutera  la  fraction  de  seconde  écoulée  depuis  l'instant  où  il  a 
entendu  le  dernier  choc.  Il  peut  paraître  singulier  qu'on  puisse  arriver  ainsi  à 
apprécier  assez  exactement  des  fractions  de  seconde.  On  y  parvient  pourtant,  et 
plus  facilement  qu'on  ne  serait  disposé  à  le  croire.  Disons  d'abord  qu'on  se  borne 
toujours  à  apprécier  les  dixièmes  de  seconde.  Divers  procédés  ont  été  imaginés 

Fig.  59. 


ObservattoQ  du  passage  apparent  d'uae  étoile  derrière  l*uâ  des  fils  du  micromètre. 

dans  ce  but  par  les  astronomes;  l'un  des  plus  connus  et  des  plus  employés  a  été 
indiqué  par  Bradley.  Quand  l'observateur  voit  l'étoile  arriver  près  du  fil,  il 
s'eflForce  de  bien  noter  la  position  a  (fig.  59)  qu'elle  occupe  à  l'instant  du  dernier 
battement  qui  précède  le  passage.  Au  battement  suivant,  l'étoile  occupe  une  cer- 
taine position  b  (fig.  59)  de  l'autre  côté  du  fil.  En  comparant  cette  position  avec 
la  précédente  que  l'on  a  conservée  dans  la  mémoire,  on  voit  le  fil  passer  entre 
les  deux,  et  l'on  apprécie  le  rapport  des  chemins  décrits  par  l'étoile  avant  et  après 
le  passage. 

Du  reste,  quelle  que  soit  la  méthode  qu'on  ait  employée  au  début,  on  arrive, 
après  quelques  années  de  pratique,  à  apprécier  les  dixièmes  de  seconde  directe- 
ment, instinctivement  pour  ainsi  dire,  et  sans  faire  usage  d'aucun  artifice.  Quoi 
qu'il  en  soit,. on  comprend  que  ce  genre  d'observations  soit  difficile  et  exige  une 
longue  préparation.  Ajoutons  qu'au  lieu  d'un  seul  fil,  la  lunette  en  porte  cinq  ou 
six  et  qu'il  faut  observer  le  passage  de  l'étoile  derrière  chacun  d'eux.  Les  erreurs 
accidentelles  de  chaque  observation  se  balancent  ainsi  en  partie,  et  le  résultat 
est  beaucoup  plus  précis  que  si  l'on  n'avait  observé  qu'à  un  seul  fil;  mais  la  tâche 
de  l'observateur  est  rendue  bien  plus  pénible,  car  il  a  six  instants  à  relever  au 
lieu  d'un  seul,  et  comme  il  n'a  pas  le  temps  de  revenir  consulter  l'horloge  entre 
les  passages  de  l'étoile  à  deux  fils  successifs,  il  doit  continuer  à  compter  les  bat- 


444  L'ASTRONOMIE. 

tements  du  pendule  pendant  qu*il  estime  des  fractions  de  seconde,  et  qu'il  écrit 
des  nombres  sur  son  cahier.  Il  ne  cessera  de  compter  que  lorsque,  ayant  terminé 
toute  l'observation,  il  reviendra  au  cadran  pour  constater  qu'il  est  resté  d*accord 
avec  l'aiguille  des  secondes,  et  inscrire  la  minute  finale  qui  doit  servir  de  véri- 
fication avec  celle  du  début  de  l'observation.  Un  astronome  exercé  peut  compter 
machinalement  les  battements  du  pendule  tout  en  accomplissant  les  opérations 
les  plus  variées,  et  même,  chose  plus  singulière,  en  parlant. 

II.  Nous  venons  de  dire  que  l'on  observe  les  passages  des  étoiles  derrière  plu- 
sieurs fils  verticaux  et  que  Ton  fait  la  moyenne  des  temps  observés.  C'est  comme 
si  l'on  observait  le  passage  derrière  un  fil  fictif  placé  dans  une  certaine  position 
moyenne  par  rapport  aux  fils  réels.  C'est  ce  fil  fictif  moyen  qui  détermine,  avec  le 
centre  optique  de  l'objectif,  la  ligne  de  visée  de  Tinstrument.  Si  la  lunette  était 
parfaitement  réglée,  cette  ligne  de  visée  serait  exactement  perpendiculaire  à 
l'axe  de  rotation  de  l'instrument,  et  celui-ci  serait  parfaitement  horizontal  et 
perpendiculaire  au  plan  méridier».  Comme  ces  conditions  ne  peuvent  être  réa- 
lisées rigoureusement,  on  voit  que  les  erreurs  dues  à  l'installation  défectueuse 
de  l'instrument  sont  de  trois  espèces  : 

i»  L'erreur  ù! inclinaison,  due  à  ce  que  l'axe  de  rotation  n'est  pas  parfaitement 
horizontal,  ce  qui  fait  que  la  ligne  de  visée  décrit  un  plan  oblique  au  lieu  du  plan 
vertical  méridien. 

2o  L'erreur  à'azimut,  due  à  ce  que  l'axe  de  rotation  n'est  pas  exactement  dirigé 
de  l'Est  à  l'Ouest.  Elle  a  pour  effet  de  faire  décrire  à  la  ligne  de  visée  un  plan  ver- 
tical différant  quelque  peu  du  plan  méridien. 

3°  L'erreur  de  collimationy  tenant  à  ce  que  l'axe  optique  n'est  pas  rigoureuse- 
ment perpendiculaire  à  l'axe  de  rotation,  de  sorte  qu'il  décrit  dans  l'espace  un 
cône  au  lieu  du  plan  méridien. 

Il  est  bien  évident  qu'on  s'attache  à  réduire  le  plus  possible  ces  trois  causes 
.d'erreurs;  mais  il  faut  pouvoir  mesurer  les  imperfections  qui  restent  après  le 
réglage,  afin  de  corriger  convenablement  les  observations. 

i»  L'inclinaison  de  l'axe  de  rotation  se  détermine  à  l'aide  d'un  niveau  à  bulle 
d'air  porté  sur  deux  jambes  de  cuivre  qui  se  terminent  en  forme  de  V  renversé, 
de  manière  à  venir  s'emboîter  sur  les  tourillons  qui  terminent  l'axe  de  rotation. 

2»  L'erreur  d'azimut,  c'est-à-dire  le  petit  angle  que  fait  l'axe  de  rotation  de  la 
lunette  avec  la  ligne  Est-Ouest,  se  détermine  k  l'aide  d'observations  délicates 
effectuées  sur  des  étoiles  voisines  du  Pôle.  Nous  ne  pouvons  entrer  dans  aucun 
détail  sur  ce  genre  d'observations.  Disons  seulement  que  c'est  en  vue  de  ces 
déterminations  que  la  Connaissance  des  Temps  publie  les  éphémérides  de  15 
étoiles  voisines  du  Pôle.  Du  reste  les  opérations  sont  quelque  peu  simplifiées 
dans  la  pratique  par  l'usage  d'une  mire  éloignée  que  l'on  place  k  une  grande  dis- 
tance de  l'instrument,  dans  le  plan  méridien.  Outre  les  fils  verticaux  qui  servent 
à  l'observation  des  étoiles  ordinaires,  le  réticule  de  la  lunette  contient  un  fil  ver- 
tical placé  dans  un  cadre  que  peut  faire  mouvoir  une  vis  micrométrique.  Le  tam- 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L'ASTRONOMIE.  145 

bour  de  cette  vis  est  divisé  en  100  parties  égales,  et  peut  tourner  devant  un  index 
fixe,  de  manière  qu'une  position  quelconque  du  fil  mobile  peut  toujours  être 
retrouvée  quand  on  sait  le  nombre  de  tours  et  la  fraction  du  tour  de  la  vis  qui 
lui  correspondent.  En  particulier,  on  peut  amener  le  fil  mobile  en  coïncidence 
successivement  avec  tous  les  fils  fixes  et  noter  les  indications  correspondantes 
du  tambour.  La  moyenne  de  toutes  ces  indications  fait  connaître  la  position  du 
fil  mobile  qui  correspond  au  fil  fictif  moyen.  Cela  posé,  les  observations  des 
étoiles  circumpolaires  et  de  la  mire  se  font  à  l'aide  du  fil  mobile,  et  l'on  en  déduit 
la  position  du  fil  mobile  qui  marquerait  exactement  le  plan  méridien  quand  la 
lunette  est  horizontale.  On  aura  donc,  par  différence,  la  distance  du  fil  fictif  moyen 
au  plan  méridien,  exprimée  en  tours  et  fractions  de  tour  de  la  vis  micrométrique. 
Comme  on  a  déterminé  une  fois  pour  toutes  à  combien  de  secondes  correspond 
chaque  tour  de  cette  vis,  on  voit  qu'on  pourra  calculer  la  distance  angulaire  du 
fil  moyen  au  plan  méridien,  c'est-à-dire  l'azimut  de  l'instrument. 

3°  L'erreur  de  collimation  se  détermine  par  une  méthode  fort  ingénieuse  et 
très  générale  qui  est  due  à  l'abbé  Picard,  le  premier  astronome  qui  ait  songé  à 
employer  les  observations  de  passage  des  astres  dans  le  plan  méridien  pour  la 
détermination  de  leur  ascension  droite.  Picard  était  un  savant  dont  le  nom  n'est 
jamais  devenu  populaire  :  il  doit  cependant  compter  parmi  ceux  qui  font  le  plus 
d'honneur  à  la  France  :  c'était  un  astronome  du  plus  haut  mérite,  et,  chose  plus 
rare,  d'une  extrême  modestie.  Peut-être  même  est-ce  à  son  désintéressement  de 
toute  préoccupation  ambitieuse  qu'il  faut  attribuer  l'oubli  relatif  dans  lequel  est 
tombé  son  souvenir,  tandis  que  la  gloire  et  la  renommée  s'attachaient  à  la  mé- 
moire de  son  directeur  Cassini,  quoique,  à  beaucoup  d'égards.  Picard  fût  réel- 
lement supérieur  à  l'Italien  fameux  qui  dirigea  le  premier  l'Observatoire  de 
Paris. 

La  méthode  de  Picard  est  celle  du  retournement;  quand  nous  l'aurons  décrite, 
on  comprendra  que  les  Astronomes  et  les  Physiciens  aient  pu  l'appliquer  à  une 
foule  d'opérations  et  d'appareils  différente.  Voici  comment  on  la  fait  servir 
actuellement  à  la  mesure  de  la  collimation  des  lunettes  méridiennes  : 

Les  tourillons  en  acier  tourné  qui  terminent  Taxe  de  rotation  de  la  lunette 
reposent  simplement  sur  deux  coussinets  de  cuivre  en  forme  de  V,  installés  à 
demeure  sur  des  piliers  en  maçonnerie,  de  manière  qu'on  puisse  soulever  la 
lunette  en  retirant  les  tourillons  de  leurs  coussinets.  On  peut  alors  retourner 
tout  le  système  de  la  lunette  et  de  son  axe  de  rotation  et  replacer  celui-ci  dans 
ses  coussinets  en  mettant  à  l'Ouest  le  tourillon  qui  était  primitivement  à  l'Est  et 
inversement.  Imaginons  alors  qu'on  ait  placé  à  une  assez  grande  distance  de 
rappareil,du  côté  Sud,  et  le  plus  près  possible  du  plan  méridien,  une  mire  formée 
de  deux  fils  de  métal  croisés  éclairés  par  une  lampe  ou  un  bec  de  gaz.  Pour  fixer 
les  idées,  nous  supposerons  que  cette  mire  se  trouve  un  tant  soit  peu  à  l'Est  de 
la  perpendiculaire  abaissée  du  centre  optique  de  l'objectif  sur  l'axe  de  rotation 
de  la  lunette.  L'observateur  visera  la  mire  avec  la  lunette,  et  il  amènera  le  fil 
mobile  sur  l'image  même  de  cette  mire,  puis  il  notera  l'indication  du  tambour. 


14C  L'ASTRONOMIE. 

D'après  la  position  supposée  de  la  mire,  la  ligne  qui  joint  le  fil  mobile  au  centre 
optique  de  la  lunette  se  prolongea  en  déviant  quelque  peu  à  TEst,  et  le  fil  mobile 
sera  par  conséquent  à  l'Ouest  de  la  perpendiculaire.  Supposons  actuellement 
qu'on  retourne  la  lunette  comme  il  a  été  expliqué  tout  à  l'heure.  A  la  suite  de  ce 
retournement  le  fil  mobile  passera  à  TEst  de  la  perpendiculaire  et  la  ligne  qui 
le  joint  au  centre  optique  de  lobjectif  déviera  vers  l'Ouest.  Pour  le  replacer  sur 
rimage  de  la  mire,  il  faudra  donc  le  déplacer  vers  l'Ouest  d'une  quantité  double 
de  celle  dont  il  s'écarte  de  la  perpendiculaire.  Si  donc  on  lit  l'indication  du  tam- 
bour après  ce  second  pointé  et  qu'on  fasse  la  moyenne  entre  les  deux  indications. 
on  obtiendra  le  nombre  qui  correspond  à  la  position  du  fil  mobile  pour  laquelle 
la  ligne  de  visée  serait  exactement  perpendiculaire  à  Taxe  de  rotation  de  la  lu- 
nette, c'est-à-dire  la  position  de  coUimation  nulle.  La  différence  entre  ce  nombre 
et  celui  qui  correspond  au  fil  fictif  moyen  (voir  plus  haut  n°  î)  donnera  la  coUi- 
mation exprimée  en  fractions  de  tour  de  la  vis  micrométrique.  Il  ne  restera  plus 
qu'à  la  transformer  en  secondes  d'après  la  connaissance  que  l'on  a  de  la  valeur 
du  tour  de  la  vis  micrométrique. 

Telle  est  la  méthode  couramment  employée  dans  les  observatoires  pour  cette 
détermination  délicate.  On  voit  qu'elle  nécessite  une  opération  matérielle,  le 
retournement,  qui  ne  laisse  pas  que  d'être  peu  commode  quand  il  s'agit  d'une 
lunette  de  grandes  dimensions.  La  difficulté  deviendrait  beaucoup  plus  considé- 
rable si  la  lunette  était  ûxée  à  un  grand  cercle  divisé  qui  devrait  être  retourné 
avec  elle.  Telle  est  la  raison  pour  laquelle  on  a  longtemps  construit  les  lunettes 
méridiennes  sans  cercle  divisé.  Le  cercle  destiné  à  la  mesure  des  déclinaisons 
portait  alors  une  lunette  spéciale,  et  comme  ici  le  retournement  n'était  pas  néces- 
saire, on  pouvait  fixer  ce  cercle  le  long  d'un  vaste  pilier  en  maçonnerie,  d'où  le 
nom  de  cercle  mural  donné  à  cet  appareil.  Les  instruments  classiques  de  Gambey 
qui  sont  encore  employés  journellement  à  rObser>atoire,  et  dont  on  trouve  la 
description  dans  la  plupart  des  ouvrages  classiques  d'Astronomie,  'ont  été  con- 
struits d'après  ces  principes.  Depuis  lors,  frappé  des  inconvénients  de  ce  dédou- 
blement.qui  exige  absolument  la  présence  simultanée  de  deux  observateurs  pour 
l'observation  des  deux  coordonnées  d'une  mémo  étoile.  Le  Verrier  a  fait  construire 
un  grand  instrument  méridien  plus  puissant  que  ceux  de  Gambey,  et  formé  d'une 
seule  lunette  fixée  à  un  cercle  divisé;  cet  instrument  fonctionne  régulièrement 
depuis  de  longues  années;  mais  il  n'est  pas  retoumable.  On  peut  suppléer  en 
partie  à  ce  défaut  d'installation  par  des  observations  méthodiques  d'étoiles  voi- 
sines du  pôle;  mais  il  est  pourtant  certaines  déterminations  qu'il  ne  peut  donner 
avec  exactitude.  Fort  heureusement,  M.  Eichens  est  parvenu,  il  y  a  une  diiaine 
d'années,  à  construire  des  instruments  méridiens  munis  de  cercles  divisés  et 
pouvant  subir  le  retournement.  Le  premier  appareil  construit  sur  ce  modèle  était 
destiné  à  l'Obser^'atoirc  de  Lima  ;  il  a  été  expédié  au  Pérou  ;  mais  j'ignore  s'il  a 
jamais  fonctionné.  Les  événements  politiques  qui  ont  récemment  désolé  cette 
partie  de  l'Amérique  du  Sud  ont  empêché  les  Péruviens  de  donner  suite  aux  pro- 
jets de  travaux  scientifiques  qu'ils  avaient  entrepris. 


LE  TORNADO  DE  L'ORNE.  147 

Depuis  1877  TObservatoire  de  Paris  possède  un  instrumeat  méridien  du  même 
type, qu'il  doit  à  la  générosité  de  M.  Bischoffsheim.  Nous  en  donnerons  le  dessin 
et  la  description  détaillée  dans  un  prochain  article. 

Philippe  Gérigny. 
(A  suivre.) 


LE  TORNADO  DE  L'ORNE. 

Le  lundi  16  février  1885,  vers  les  trois  heures  de  l'après-midi,  les  habitants  de 
Joué-du-Bois,  commune  qui  occupe  le  point  culminant  des  collines  de  Normandie, 
entendirent  quelques  coups  de  tonnerre  dans  la  direction  du  S.-O.  Les  coups  de 
foudre  partaient  d'un  nuage  épais,  noirâtre,  qui  s'élevait  avec  vitesse  au-dessus 
de  l'horizon.  En  même  temps,  deux  appendices  inégaux  et  en  mouvement  rapide, 
partaient  de  ce  nuage  et  semblaient  menacer  le  sol.  Le  mont  Thiébert,  dont  l'al- 
titude est  de  333™,  sépara  ce  nuage  en  deux  parties  qui  ne  se  rejoignirent  qu'à 
l'entrée  du  village  de  Bois-Morel,  G"'"»  plus  loin. 

Tout  à  coup,  l'on  vit  l'appendice  occidental  s'allonger,  toucher  terre,  à  500™  du 
bourg,  et  renverser  quatre  pommiers  :  deux  disposés  au  Nord,  un  vers  l'Est  et 
le  troisième  au  Sud;  les  deux  plus  rapprochés  ont  été  renversés  en  sens  con- 
traire, parallèlement,  l'un  au  Nord,  l'autre  au  Sud*  Après  avoir  brisé  ces  quatre 
arbres,  le  tourbillon  se  maintint  au  même  niveau,  et  comme  le  terrain  est  en 
pente,  il  ne  porta  ses  ravages  que  700™  ou  800™  plus  bas,  dans  le  village  du  Theil. 
Mais  là,  il  s'attaqua  d'abord  aux  maisons  les  plus  élevées,  enleva  les  toits  de 
chaume,  et  détruisit  plusieurs  milliers  de  tuiles  qu'il  brisa  les  unes  contre  les 
autres  et  dont  il  transporta  les  débris  dans  les  champs  d'alentour.  Dans  ces  der- 
niers, les  effets  de  la  trombe  sont  encore  bien  plus  sensibles  :  les  arbres  ren- 
versés ont  leurs  pieds  disposés  circulairement,  tandis  que  leur  cime  est  jetée  de 
la  façon  la  plus  bizarre.  C'est  ainsi  que  l'on  voit  deux  chênes  voisins  dont  les 
troncs  forment  un  angle  droit. 

Du  Theil  au  village  du  Vieil-Etre,  le  sol  est  en  pente  douce  et  l'on  ne  con- 
state aucun  dégât.  Mais,  au  Vieil-Etre,  cinq  cents  tuiles  sont  déplacées  sur  l'habi- 
tation du  sieur  Manson,  un  pan  de  mur  d'un  bâtiment  rural  est  arraché,  rejeté  en 
avant,  tandis  qu'une  partie  de  la  couverture  en  chaume  est  enlevée.  Deux  arbres 
sont  brisés  près  du  village. 

Du  village  du  Vieil-Etre  à  l'étang  de  la  Fendrie,  près  du  bourg  du  Champ-de- 
la-Pierre,  existe  une  profonde  vallée  que  le  tourbillon  n'a  pas  atteinte. 

Sur  le  versant  septentrional  de  la  vallée,  se  trouve  le  château  du  Champ-de-la- 
Pierre  appartenant  à  M.  le  comte  d'Andigné.  De  magnifiques  étangs  ornent  le  parc 
où  l'on  admire  de  be«iux  arbres  plantés  il  y  a  deux  siècles.  La  tourmente  a  passé 
sur  l'étang  en  faisant  entendre  un  bruit  strident  si  effrayant  que  ceux  qui  l'ont 
entendu  se  sont  enfuis.  Plus  de  soixante-dix  pieds  d'arbres  ont  été  brisés  et  un 
mur  de  35™  a  été  renversé.  Des  chênes  robustes  ont  été  tordus  et  leur  cime  trans- 


148 


L'ASTRONOMIE. 


portée  à  une  grande  distance.  Des  peupliers  énormes  ont  été  rompus  par  le 
milieu,  ainsi  que  plusieurs  pommiers  et  poiriers. 

Nous  voici  au  Bois-Morel  {voir  la  carte,  fig,  60)  sur  Saint-Martin-r Aiguillon. 
C'est  dans  ce  village  que  la  trombe  a  exercé  ses  plus  effroyables  ravages.  Tous 
les  habitants  racontent  qu'ils  ont  vu  deux  colonnes  blanchâtres  se  précipiter 


Fig.  60. 


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EcheUo  de  12"î"3  pour  l  Kilomètre. 
Carte  de  la  Région  ravagée  par  l'ouragan  du  16  février  1885. 


Tune  sur  Tautre,  enlevant  tout,  brisant  tout  sur  leur  passage.  Partout  Ton  recon- 
naissait le  bruit  de  la  foudre  accompagnant  Torage,  éclatant  par  terre  avec  un 
bruit  sourd  et  mat.  Des  grêlons  mesurant  0«,03  et  0"»,04  de  circonférence  ne 
cessaient  de  tomber,  pendant  qu'une  pluie  diluvienne  inondait  la  vallée  de  h 
Meuse.  La  nuit  était  à  peu  près  complète  et  les  villageois  si  épouvantés  qu'ils  se 
réfugiaient  dans  les  recoins  de  leurs  appartements,  croyant  leur  dernier  jour 
arrivé.  Pendant  ce  temps,  les  toits  étaient  enlevés,  le  chaume  disparaissait,  les 
tuiles  étaient  brisées  en  menus  fragments  après  avoir  tourbillonné  et  voltige? 
dans  les  airs,  semblables  aux  feuilles  desséchées  que  disperse  le  vent  d'automne. 
Quant  aux  portes  et  aux  fenêtres,  elles  étaient  courbées  par  la  tourmente  et 


LE  TORNADO  DE  L'ORNE. 


149 


rentraient  de  plus  de  deux  pouces  dans  les  appartements.  Tout  cela  eut  une 
durée  maximum  de  deux  ndnutes. 

Aux  alentours  du  Bois-Morel,  des  centaines  de  pommiers  et  de  poiriers  sont 
renversés,  voir  les  fig.  Gi,  62  et  63.  La  trombe  a  produit  des  effets  extraordi- 

Fig.  61. 


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Village  du  Bois-Morel 


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EtTets  du  tornado  sur  les  arbres. 


naires  :  c'est  ainsi  que  des  arbres  ont  été  déchaussés  et  que  leurs  mottes  ont 
formé  des  élévations  assez  fortes  attenantes  au  sol.  Parfois  les  troncs  ont  été 
renversés  dans  la  direction  de  la  marche  do  la  trombe;  ailleurs,  ils  sont  jetés  de 
toutes  les  façons,  quelquefois  les  uns  sur  les  autres  et  si  bien  retournés  que  leur 
cime  regarde  le  Sud-Ouest,  point  de  départ  du  Tornado.  Plusieurs  chênes  ont 
été  brisés,  tordus  à  moins  de  quatre  pieds  de  hauteur,  tandis  que  les  deux  parties 


150 


L'ASTRONOMIE. 


du  tronc  étaient  déjetées  l'une  au  Sud  et  Tautre  au  Nord,  à  4U«  de  distance.  Au- 
dessous  de  la  partie  brisée,  le  tronc  était  desséché  et  divisé  en  lattes  minces, 
allongées,  dont  les  morceaux  les  plus  gros  n'avaient  pas  Fépaisseur  d'un  cra^'on 
à  dessin.  Un  gros  chêne  voisin  a  été  arraché  et  reporté  à  3™  en  arrière. 
Un  hangar  appartenant  à  M.  Deshayes  a  été  soulevé,  ramené  vers  le  Sud- 

Fig.  62. 


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EfTcts  du  tornado  sur  les  arbres. 


Ouest,  renversé  en  écrasant  les  voitures  qu'il  abritait.  Tout  autour,  des  chênes 
énormes  ont  été  abattus,  des  pommiers  et  poiriers  ont  été  brisés  à  1°>  de  hauteur 
et  leur  cime  rejetée  à  12™  vers  le  Nord.  Le  tourbillon  a  contourné  un  cerisier 
qu'il  a  dépouillé  de  toutes  ses  branches  :  le  tronc  est  demeuré  absolument  nu. 
Au  Bois-Morel,  quatre-vingt-un  pommiers  ont  été  renversés  et  vingt-quatre 
éclatés,  vingt-trois  poiriers  ont  été  renversés  et  quatorze  éclatés.  C'est  là  une 
perte  irréparable. 


LE  TORNADO   DE  L'ORNE. 


151 


Entre  le  Boîs-Morel  et  les  Ecorches,  sur  le  plateau  qui  domine  la  vallée  de  la 
Meuse,  la  trombe  a  continué  ses  ravages  sur  une  largeur  de  200"  à  350*».  Dans  le 
champ  de  la  Gaze,  le  centre  est  seul  resté  intact.  La  plupart  des  arbres  ont  été 
simplement  renversés  (fig,  62). 

Au  village  des  Ecorches,  la  foudre  et  la  grêle  ont  fait  rage.  Les  habitants  de  ce 
lieu  ont  nettement  vu  une  fumée  blanchâtre,  de  forme  conique,  toucher  le  sol,  les 


Fig.  63. 


Effets  du  tornado  sur  les  arbres. 


toits,  les  murs,  en  démollissant  tout  sur  son  passage.  Comme  au  Bois-Morel, 
ils  ont  remarqué  que  la  nuit  a  été  complète  pendant  deitoc  minutes,  que  les 
éclairs  semblaient  partir  de  nuages  à  terre  et  que  le  tonnerre,  qui  ne  disconti- 
nuait pas,  avait  un  son  étouffé.  Plusieurs  bâtiments  ont  été  eflFondrés,  un  pan  de 
mur  a  été  arraché  de  ses  fondements,  des  couvertures  de  tuiles  et  de  paille  ont 
entièrement  disparu,  ainsi  qu'une  partie  des  charpentes. 

Le  Tornado  a  continué  sa  route  vers  le  Nord-Est  en  suivant  la  vallée  de  la 
Meuse.  Un  peuplier  a  été  rompu  net  à  5™  du  sol,  quatorze  arbres  dont  huit 
chênes,  cinq  poiriers  et  un  pommier  ont  été  frappés  de  la  foudre  et  leur  tronc 
éclaté  en  menus  fragments.  Plusieurs  cimes  ont  été  portées  à  30°"  de  distance. 

Après  avoir  parcouru  une  distance  de  2800°»  la  trombe  s'est  de  nouveau  séparée 


152  L'ASTRONOMIE. 

en  deux  tronçons  qui  ont  perdu  leur  force  et  leur  violence  et  qui  n'ont  plus 
exercé  leurs  ravages  que  sur  une  longueur  de  450°^  au  plus,  en  passant  l'un 
auprès  du  village  de  la  Couillardière  et  l'autre  au-dessus  du  Perron. 

La  trombe  de  gauche  a  traversé  l'étang  du  moulin  de  la  Couillardière  en  fouet- 
tant  les  eaux  avec  une  telle  puissance  que,  durant  quelques  instants,  Ton  n  a  vu 
qu'une  ligne  écumeuse  peu  élevée,  il  est  vrai,  mais  qui  bruissait  d'une  façon  si 
étrange,  si  effrayante  que  plusieurs  des  spectateurs  se  sont  enfuis,  croyant  que 
leur  dernière  heure  était  venue. 

Pour  parcourir  une  trajectoire  de  8200"  environ,  c'est-à-dire  de  Joué-du-Bois  à 
la  Ck)uillardière,  le  Tornado  n'a  guère  employé  plus  de  dix  minutes.  Partout  la 
foudre  a  accompagné  l'ouragan,  et  c'est  aux  derniers  coups  de  tonnerre  que  la 
trombe  est  passée  très  rapidement.  Un  déluge  d'eau  a  tout  inondé  dans  la  région 
ravagée. 

Il  résulte  d'une  enquête  minutieuse  faite  sur  place  par  deux  instituteurs, 
MM.  Chauveau  et  Gauquelin,  que  près  de  cinq  cents  arbres  ont  été  détruits  ou 
endommagés.  Dans  ce  nombre,  il  y  a  deux  cent  vingt-trois  pommiers  renversés, 
trente-trois  éclatés;  soixante-neuf  poiriers  détruits  et  trente-deux  éclatés;  trente- 
neuf  chênes  renversés  et  seize  éclatés  et  vingt-trois  sapins  brisés  ou  renversés. 
Les  dégâts  matériels  se  montent  à  plus  de  10  000  francs. 

KUGÈNE    VlMONT. 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS. 

Inflaence   des    marées   sur   la   durée   de   la    rotation   de    la    terre.   — 

M.  le  colonel  H.  Mathicsen  a  publié  dans  le  dernier  numéro  de  la  Revue  un  article 
fort  intéressant  sur  les  marées  et  les  courants  océaniques.  L'auteur  a  cru  pou- 
voir conclure  de  cette  étude  que  les  marées  n'ont  aucune  influence  sur  la 
vitesse  de  rotation  de  la  Terre.  Comme  il  nous  est  impossible  de  partager  cette 
manière  de  voir,  nous  demandons  à  nos  lecteurs  la  permission  de  revenir  un 
instant  sur  ce  sujet. 

<c  Toutes  les  fois,  dit  le  colonel  H.  Mathiésen,  qu'on  a  traité  des  marées  au  point 
«  de  vue  de  leur  influence  sur  la  rotation  de  la  Terre,  on  a  implicitement  admis 
n  que  leur  mouvement  était  identique  à  celui  d'un  courant.  » 

Nous  devons  à  la  vérité  de  déclarer  que  personne  n'a  jamais  posé  une  pareille 
hypothèse.  Il  n'est  pas  un  seul  astronome  ou  géomètre  qui  n'approuverait  pres- 
que sans  réserves  les  paroles  suivantes  du  colonel  H.  Mathiésen  : 

«  A  tout  prendre,  le  mouvement  des  marées  ne  peut  être  qu'un  balancement 
«  ou  oscillation  vertical  des  eaux  de  la  mer.  Au  large  de  la  terre  ferme,  les 
«  marées  n'engendrent  pas  de  courants.  » 

Peut-être  nous  sommes-nous  assez  mal  expliqué  dans  les  deux  articles  consa- 


NOUVELLES  DE   LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  153 

crés  aux  théories  de  M.  G.  Darwin  sur  cette  question  {>)  pour  qu'on  ait  pu  nous 
attribuer  une  aussi  grossière  erreur;  mais  nous  pouvons  affirmer  que  l'idée  d'un 
courant  maritime  qui  ferait  le  tour  du  globe  avec  la  marée  a  toujours  été  fort 
loin  de  notre  pensée.  Nous  avons  dit  que  la  propagation  du  flux  agissait  à  la 
façon  d'un  frein,  pour  ralentir  le  mouvement  de  rotation  de  la  Terre.  (V.  Astro- 
nomie, T.  I,  p.  134-135.)  C'est  peut-être  ce  mot  de  frein  qui  a  prêté  à  la  fâcheuse 
interprétation  que  nous  sommes  obligé  de  relever.  Voici  exactement  ce  que 
nous  avons  voulu  dire  :  Quoique  la  marée  ne  soit,  qu'une  oscillation  verticale  des 
eaux  de  la  mer,  il  est  incontestable  que  le  flux  se  propage  de  l'Est  à  l'Ouest. 
Sans  doute  les  molécules  liquides  ne  voyagent  pas  le  long  d'un  parallèle  à  tra- 
vers. l'Océan;  mais  quand  la  vague  de  la  marée  commence  à  s'abaisser  en  un 
point,  la  mer  se  gonfle  à  l'Ouest  de  ce  point,  et  la  propagation  du  flux  est  en  tout 
semblable  à  celle  des  vagues  sur  les  fleuves  ou  les  océans.  On  admettra  bien 
que  de  pareils  mouvements  ne  peuvent  pas  s'eflfèctuer  sans  avoir  à  vaincre  des 
frottements  de  toute  nature  qui  finiraient  par  faire  disparaître  complètement  les 
oscillations  si  la  cause  qui  leur  donne  naissance  n'était  toujours  présente,  de 
même  que  les  vagues  produites  par  le  vent  s'affaissent  peu  à  peu  lorsque  l'atmos- 
phère est  redevenue  calme.  Mais  ces  frottements  absorbent  du  travail,  et  d'après 
la  grande  loi  de  la  conservation  de  l'énergie  il  faut,  de  toute  nécessité,  qu'une 
somme  équivalente  d'énergie  disparaisse  quelque  part.  L'analyse  du  phénomène, 
montre  que  l'énergie  ainsi  dépensée  dans  les  résistances  de  toutes  sortes  qui 
s'opposent  au  mouvement  du  flux  aussi  bien  au  large  qu'au  voisinage  des  côtes, 
ne  peut  être  empruntée  qu'aux  mouvements  de  la  Terre  et  de  la  Lune.  Les  cou- 
rants maritimes  n'ont  rien  à  voir  dans  la  question  qui  se  réduit  à  ces  simples 
termes  :  les  marées  sont  incontestablement  une  source  d'énergie;  d'où  leur  vient 
cette  énergie?  Tant  qu'on  ne  nous  aura  pas  prouvé  que  cette  énergie  ne  peut 
PAS  être  empruntée  au  mouvement  de  rotation  de  la  Terre,  nous  persisterons  à 
croire  et  à  enseigner  avec  Kant,  Delaunay,  M.  G.  Darwin,  et  l'immense  majorité 
des  astronomes  et  géomètres  que  les  marées  ont  pour  effet  de  ralentir  la  rotation 
de  la  Terre. 

Si  l'on  en  veut  une  autre  preuve,  qu'on  jette  un  coup  d'œil  sur  la  figure  4G 
du  T.  I,  p.  135,  et  l'on  reconnaîtra  facilement  que  les  attractions  de  la  Lune  sur 
les  deux  protubérances  m  et  m' tendent  nécessairement  à  ralentir  le  mouvement 
de  rotation  de  la  Terre  parce  que  l'attraction  qui  s'exerce  sur  m  est  plus  grande 
et  plus  inclinée  que  celle  qui  s'exerce  sur  m'  :  qu'on  décompose  ces  deux  forces 
suivant  la  direction  mm'  et  suivant  une  direction  perpendiculaire,  et  Tefifet  annoncé 
deviendra  évident.  Il  sera  d'autant  plus  prononcé  que  la  marée  sera  plus  loin  du 
point  qui  a  la  Lune  à  son  zénith,  c'est-à-dire  qu'elle  éprouvera  plus  de  résistance 
à  se  propager. 

(•)  Ralenlissement  du  mouvement  de  rolalion  de  la  terre  sous  l'influence  des 
marées  (rAstronomie  T.  I  N*  de  Juin,  p.  ISn.  —  La  Naissance  de  la  Lune  (l'Astro- 
nomie  T.  III  N*  de  Novembre,  p.  421), 


154  L'ASTRONOMIE. 

Il  se  peut  que  d'autres  causes  viennent  agir  en  sens  inverse  et  balancer  l'in- 
fluence des  marées;  il  se  pourrait  même,  quoique  cela  nous  paraisse  improbable, 
que  ces  dernières  causes  fussent  prépondérantes,  de  sorte  qu'en  fait  le  jour 
sidéral  se  raccourcit  au  lieu  de  s'allonger;  mais  l'influence  des  marées  sur  la 
rotation  de  la  Terre  n'^en  reste  pas  moins  Tune  des  vérités  les  mieux  démontrées 
de  la  science  moderne.  Philippe  Gérigny. 

Satellites  de  Jupiter  visibles  à  Tœll  nu.  —  Le  7  février  dernier,  à  8^30'" 
du  soir,  en  compagnie  d'une  autre  personne  déjà  signalée  dans  la  Revue  de 
décembre  1884  à  propos  de  la  planète  Vénus,  j'ai  essayé  de  distinguer  à  l'œil 
nu  le  III«  satellite  de  Jupiter.  Je  n'y  suis  pas  parvenu;  mais  cette  personne  a 
exactement  constaté  la  position,  ainsi  que  le  27  février  etlel«'  mars.  Il  y  a  avan- 
tage à  diminuer  le  rayonnement  de  la  planète  en  regardant  à  travers  la  main 
fermée  comme  un  cornet.  M.  de  Lacerda. 

Passage  du  IV«  satellite  de  Jupiter.  —  Le  27  février  dernier,  j'ai  observé  le 
passage  du  IV^^  satellite  de  Jupiter  sur  le  disque  de  la  planète.  Il  offrait  l'aspect 
d'un  petit  disque  noi7\  comme  déjà  je  l'avais  observé  le  12  marsde  l'année  dernière, 
un  peu  moins  foncé  toutefois  que  son  ombre  qui  était  aussi  noire  que  de  l'encre. 

William  Coleman. 

Magnétisme  terrestre.  —  Valeur  actuelle  des  éléments  magnétiques  à  Paris. 
—  Le  Bureau  central  météorologique  a  fait  construire  à  l'Observatoire  du  parc 
Saint-Maur,  un  pavillon  destiné  spécialement  aux  observations  magnétiques.  Ce 
pavillon,  situé  au  milieu  d'un  terrain  boisé,  d'une  contenance  de  trois  hectares, 
est  élevé  sur  des  caves  voûtées  où  sont  installées  deux  séries  d'appareils  de 
variations  pour  la  déclinaison  et  pour  les  deux  composantes  de  la  force  terrestre. 
Dans  Tune  des  caves,  les  appareils  sont  disposés  pour  l'observation  directe;  on  y 
fait  des  lectures  toutes  les  trois  heures.  L'autre  contient  un  enregistreur  magné- 
tique construit  sur  les  indications  de  M.  Mascart,  et  dans  lequel  les  variations 
des  trois  éléments  magnétiques  s'inscrivent  simultanément  sur  la  même  feuille 
de  papier  photographique. 

L'appareil  qui  sert  à  déterminer  la  déclinaison  en  valeur  absolue  est  un  théo- 
dolite-boussole de  MM,  Bruuner.  Les  pointes  des  barreaux  sont  rapportés  à  une 
double  visée  sur  le  paratonnerre  de  la  mairie  de  Nogent-sur- Marne,  distante  de 
3700  mètres,  et  dont  l'azimut,  vérifié  un  grand  nombre  de  fois  et  par  différentes 
méthodes,  est  connu  très  exactement. 

Les  coordonnées  géographiques  de  l'observatoire  du  Parc  Saint-Maur  sont  : 

Longitude 0*9' 15"  E.      Latitude 48*48'34'. 

Les  valeurs  des  éléments  magnétiques,  au  !•''  Janvier  1885,  déduites  de  la 
moyenne  des  observations  horaires  du  31  décembre  1884  et  du  1«»"  Janvier  1885, 
qui  n'ont  pas  eu  de  perturbation,  sont  les  suivantes  : 


OBSEKVAÏIONS  ASTRONOMIQUES.  155 

Déclinaison 16*  \0\  2 

Inclinaison 65»  16' ,  8 

Composante  horizontale 0  194  40 

Composante  verticale 0  422  25 

Force  totale 0  464  85 

La  Revue  a  publié  l'année  dernière  (mai  1884,  p.  174)  l'état  de  la  déclinaison  de 
Taiguille  aimantée,  à  Paris,  depuis  trois  cents  ans.  Nos  lecteurs  peuvent  ajouter 
à  ce  tableau,  pour  le  1«^  janvier  1885,  la  valeur  qui  vient  d'être  transcrite,  en 
remarquant  toutefois  que  l'observatoire  du  parc  de  Saint-Maur  est  un  peu  à  l'est 
de  Paris,  ce  qui  diminue  un  peu  sa  déclinaison.  La  valeur,  à  Paris,  peut  être 
considérée  comme  étant  de  IG*»  14'.  Th.  Moureaux. 

Ghate  d'uranolithe,  près  d'Amiens.  —  Un  ouvrier  de  l'imprimerie  Rousseau- 
Leroy,  à  Amiens,  se  trouvant  le  10  septembre  au  soir  sur  les  bords  de  la  Somme, 
avec  un  de  ses  amis,  a  tout  à  coup  aperçu  un  caillou  enflammé  qui  semblait  venir 
de  très  loin  et  qui  est  tombé  dans  la  Somme  non  loin  d'eux  en  produisant  un 
grésillement  semblable  à  celui  d'un  fer  rouge  que  l'on  plonge  dans  l'eau.  La  route 
parcourue  par  ce  caillou  leur  parut  verticale. 

Uranolithe  tombé  &  Hierschfelde,  en  Saxe.  —  Le  dimanche  soir,  22  février, 
un  météore  est  tombé  sur  une  maison  de  la  ville  avec  une  telle  violence  que  la 
couverture  du  toit  en  a  été  en  partie  démolie.  Le  lendemain,  dans  le  jardin 
attenant  à  la  maison,  on  a  trouvé  plusieurs  fragments  de  ce  bolide,  pesant 
jusqu'à  une  demi-livre.  Leur  couleur  est  d'un  vert  foncé,  leurs  formes  sont  irré- 
gulières; leur  aspect  est  celui  d'une  substance  cristallisée,  présentant  des  aspé- 
rités et  des  enfoncements.  La  pierre  offre  une  saveur  rappelant  celle  du  salpêtre. 
Le  plus  curieux  est  que,  dans  certains  de  ces  fragments  on  trouve  encore  des 
parties  molles.  J.  Mayer. 

OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES 

A  FAIRE  DU  15  AVRIL  AU  15  MAI  1885. 
Principaux  objets  célestes  en  évidence  pour  Tobservation. 

1o  CIEL  ÉTOILE  : 

Pour  l'aspect  du  ciel  étoile  durant  cette  période  de  l'année,  se  reporter  soit  aux 
cartes  publiées  dans  la  première  année  de  la  Revue,  soit  aux  descriptions  données 
dans  Les  Etoiles  et  les  Curiosités  du  Ciel  (pages  594  à  635).  Les  brillantes  con- 
stellations du  ciel  d'hiver  disparaissent  peu  à  peu  pour  faire  place  aux  riches 
constellations  zodiacales.  Jupiter  auprès  de  Régulus,  Saturne  non  loin  d'Aldé- 
baran,  viennent  encore  augmenter  l'éclat  des  belles  soirées  de  printemps. 

2°  SYSTÈME   SOLAIRE   : 

Soleil.  —  Le  15  avril  1885,  le  Soleil  se  lève  à  5'»  11»»  du  matin  et  se  couche  à 
6*» 50"  du  soir;  le  l»*"  mai,  l'astre  du  jour  apparaît  au-dessus  de  l'horizon  à  i^Ai^ 
du  matin,  pour  disparaître  au-dessous  à  T'^IS»"  du  soir;  enfin,  le  lèvera  lieu  à 


i:)6 


I/ASTRONOMIK. 


4*»  20"  du  matin,  le  15  mai,  et  lo  couchera  7»»  33'»  du  soir.  La  durée  du  jour  est  de 
13*>39n»  au  15  avril,  de  14*»32«  au  l'^''  mai  et  de  15*»13">  le  15  mai.  Les  jours  aug- 
mentent, dans  cet  intervalle  d'un  mois,  de  51™  le  matin  et  de  43™  le  soir,  soit  un 
accroissement  total  de  i*»34'». 

Le  15  avril,  le  Soleil  passe  au  méridien  de  chaque  lieu  k  midi  moyen.  Avec  un 
cadran  solaire,  on  peut  donc  régler  facilement  une  montre  ou  une  pendule. 

Le  Soleil  continue  à  s'élever  rapidement  au-dessus  de  l'horizon  :  sa  déclinaison 
boréale  est  de  9<>55'  au  15  avril  et  de  18o58'  au  15  mai,  soit  une  augmentation  im- 
portante de  9°  3'. 

Il  faut  se  hâter  d'étudier  la  lumière  zodiacale  dans  le  courant  d'avril,  avant 
son  entière  disparition. 

Lune.  —  Notre  satellite  se  trouve  toujours  dans  d'excellentes  conditions  pour 
l'observation.  Sa  hauteur  au-dessus  de  l'horizon  de  Paris,  lors  de  son  passage  au 
méridien,  est  toujours  considérable,  surtout  dans  le  voisinage  du  Premier  Quar- 
tier. Le  19  avril,  au  soir,  la  hauteur  de  la  Lune  sera  de  59»  24'. 

Le  mince  croissant  lunaire  pourra  être  aperçu  le  15  mai  au  soir,  moins  de 
28*>  après  la  Nouvelle  Lune. 

^  PQ  le  21  avril,  à  11^30-  soir.  DQ  le    7  mai,  à  8''52-  matin. 


Phases... 


(  PL  le  29 


à    6  24       »  NL  le  14      »     à3  27    soir. 

Occultations  visibles  à  Paris. 
Trois  occultations  seulement  pourront  être  étudiées  dans  la  première  moitié  de 
la  nuit,  depuis  le  15  avril  jusqu'au  15  mai. 

X*  \  Gémeaux  (4*  grandeur),  le  20  avril,  de  il''iO-  à  11"» 36-  du  soir.  A  l'inverse  de  ce 
Fig.  64.  Fig.  65. 


Occultation  do  k  Gémeaux  par  la  Lune, 
le  20  avril  1885,  de  11»»  10-  à  11>»36'». 


Occultation  de  d  Lion  par  la  Lune, 
le  24  avril  1885,  de  11»» 21-  à  12»»  15-. 


qui  se  passe  dans  la  plupart  des  occultations,  cette  remarquable  étoile  de  4»  grandeur 
disparaîtra  à  l'Ouest,  à  3*  au-dessous  et  à  droite  du  point  le  plus  élevé  du  limbe  de  la 
Lune,  et  reparaîtra,  toujours  à  l'Ouest,  à  29*  au-dessus  du  point  le  plus  occidental.  Cette 


OBSERVATIONS  ASTUONOMIQUES.  157 

curieuse  anomalie  dans  la  marche  apparente  de  Tétoile  derrière  le  disque  de  notre  satel- 
lite tient  à  la  position  très  inclinée  qu'occupe  dans  le  ciel  de  TOucst  Tastre  des  nuits, 
qui  se  couche  ce  soir-là  à  12'» 40".  L'occultation  est  représentée  (/îg.  64);  elle  sera  visible 
dans  la  France,  la  Belgique,  la  Suisse,  Tltalie  et  la  péninsule  Ibérique. 

2*  7z  Lion  (5»  grandeur),  le  23  avril,  de  T^'S"  à  7''54  du  soir.  La  disparition  se  produit 
au  Sud,  à  9"  à  gauche  du  point  le  plus  bas,  et  la  réapparition  à  l'Ouest,  à  29*  au-dessous 
du  point  le  plus  à  droite  du  limbe  de  la  Lune.  Le  phénomène  sera  observable  en  France 
et  dans  le  Nord-Ouest  de  TEurope. 

3*  d  Lion  (5*  grandeur),  le  2i  avril,  de  11'» 21"  à  12''  15"  du  soir.  La  disparition  de  l'étoile 
a  lieu,  comme  le  montre  la  pg.  65,  à  44*  à  gauche  et  au-dessous  du  point  le  plus  élevé 
et  la  réapparition  à  l'Ouest,  à  25*  au-dessus  du  point  le  plus  à  droite.  Cette  occultation 
sera  visible  dans  la  plus  grande  partie  de  l'Europe  occidentale. 

Occultations  diverses. 

Les  nombreux  lecteurs  de  la  Revue  pourront  encore  observer,  selon  les  con- 
trées de  la  Terre  qu'ils  habitent,  les  occultations  suivantes  : 

1*  y  Taureau  (4*  grandeur),  le  17  avril,  vers  il*' 27"  du  soir.  L'occultation  sera  visible 
pour  les  habitants  du  Nord  de  TEurope. 

2*  Aldêbaran  (!'•  grandeur),  le  18  avril,  vers  6'' 54"  du  matin.  C'est  la  quatrième  fois 
de  Tannée  que  cette  étoile  si  brillante  est  occultée.  Le  phénomène  ne  pourra  être 
étudié  que  dans  la  partie  occidentale  de  l'Amérique  du  Nord. 

3*  a  Cancer  (4*  grandeur),  le  22  avril,  à  4*'  14™  du  soir,  heure  de  Paris,  temps  moyen. 
L'occultation  sera  observable  dans  le  Nord  de  la  Russie  et  dans  la  Scandinavie. 

4*  B.A.C.  4255  (6-5  grandeur),  le  26  avril,  de  8''37"  à  9'' 48"  du  soir,  occultation  de  cette 
étoile.  Le  phénomène  sera  visible  dans  le  Nord-Ouest  de  l'Europe. 

5*  p'  Sagittaire  (4*  grandeur),  le  4  mai,  à  10'' 40"  du  soir.  Cette  belle  étoile  sera  occultée 
par  le  disque  de  la  Luné  et  l'observation  pourra  être  faite  dans  la  partie  orientale  de 
l'Europe. 

Le  18  avril,  à  3*»  du  soir,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  périgée  :  365.900''»»  ; 
diamètre  lunaire  =  32'38',8. 

Le  4  mai,  à  10^  du  matin,  la  distance  de  la  Lune  àla  Terre  est  apogée  ;  404.200''™; 
diamètre  lunaire  =  29' 33',  2. 

Mercure.  —  La  planète  Mercure  est  encore  visible  pendant  quelques  jours,  le 
soir,  à  l'occident.  Son  éclat  est  celui  d'une  étoile  de  première  grandeur,  ce  qui 
permettra  de  trouver  facilement  cet  astre. 

Jours.  Passage  Méridien .            Coucher.  Différence  Soleil.  Constellation. 

15  Avril 0»'59"    soir.  8''32"    soir.               l''42"  Bélier. 

17      »     0  53         »>  8  26         »                  1  33  » 

19  »'    0  44         »  8  15         »                  1  19  0 

20  »     0  40         »  8  10         »»                  1  13  » 

22      »     0  29         »  7  56         »                  0  56  » 

Le  mouvement  de  Mercure  est  direct  jusqu'au  17  avril.  A  partir  de  ce  moment, 
il  devient  rétrograde.  Le  diamètre  de  la  planète  est  de  10',  8  au  2i  avril,  sa  dis- 
tance à  la  Terre,  ce  même  jour,  est  de  91  millions  de  kilomètres,  et  sa  distance 
au  Soleil  est  de  56  millions  de  kilomètres  au  J5  avril. 


158  L'ASTRONOMIE. 

Vénus.  —  Vénus  ne  cesse  de  se  rapprocher  du  Soleil  jusqu'au  -4  mai,  jour  où 
elle  passe  derrière  lui  pour  devenir  étoile  du  soir. 

Mars.  —  Mars  se  lève  à  3*^59"  du  matin,  le  5  mai,  précédant  le  Soleil  de  36™. 
Toujours  invisible. 

Petites  planètes.  —  Cérès  continue  à  se  présenter  dans  d'excellentes  condi- 
tions pour  l'observation.  Elle  est  facilement  reconnaissable  à  l'œil  nu. 

Jours.  Lever  de  Cérès.  Passage  Méridien.  Constellation. 

16  Avril 4»'31'"  Soir.  11''20'"  soir.  Vierge, 

21      »     4    7         »  10  57  »                       » 

26      »     3  44         »  10  33  »                       » 

l-'Mai 3  22         »  10  11  »                       « 

6      »     3    1  »  9  49  » 

-11      »     2  40         »  9  27  u                       » 

Le  mouvement  de  Cérès  est  toujours  rétrograde  et  très  lent.  Cette  petite  pla- 
nète séjourne  dans  le  voisinage  de  l'étoile  de  3,5«  grandeur  s  Vierge,  au  Sud  de 
laquelle  on  pourra  la  voir,  le  22  avril,  à  la  faible  distance  de  l^So'. 

Le  \"  mai,  Gérés  est  éloignée  de  257  millions  de  kilomètres  de  la  Terre  et  de 
388  millions  de  kilomètres  du  Soleil. 

Coordonnées  au  21  avril  :    Ascension  droite...     12''57".    Déclinaison...     10*  O'N. 
»  7  mai    :  «  »  12  48  »  9  33  N. 

Pallas  est  toujours  dans  les  meilleures  conditions  pour  l'observation,  puisqu'elle 
est  visible  toute  la  nuit.  Les  astronomes  doués  d'une  excellente  vue  pourront 
aisément  la  reconnaître  à  l'œil  nu  dans  la  constellation  du  Lion,  surtout  à  cause 
de  son  voisinage  de  p,  belle  étoile  de  2»  grandeur. 

Jours.  Lever  de  Pallas.  Passage  Méridien.  Constellation. 

16  Avril 2''44'"  soir.  10''  4"  soir.  Lion. 

21      •     2  17         »                   9  43         »  » 

26      »     1  51          »                    9  23          »  i> 

1"  Mai 1  26          »                   9    3         »  » 

6      »     1  05         »                    8  44         «  » 

11      »     0  43         »                    8  26         »  i> 

Pallas  continue  sa  marche  rétrograde  dans  la  direction  du  Nord  jusqu'au  28  avril. 
A  partir  de  ce  moment,  la  petite  planète  reprend  sa  marche  directe,  vers  le  Nord- 
Est.  Le  21  avril,  Pallas  sera  en  conjonction  avec  p  Lion,  au  Nord  de  l'étoile  et  à 
ladistancede  1»52'.  Le  5  mai,  nouvelle  conjonction,  distance  des  deux  astres  2«  38'. 

Le  1*"^  mai,  Pallas  est  éloignée  de  247  millions  de  kilomètres  de  la  Terre  et  de 
355  millions  de  kilomètres  du  Soleil. 

Coordonnées  au  21  avril  :    Ascension  droite...    11*'43"'.    Déclinaison...     17*  5'N. 
•  7  mai    :  »  »  11  44  »  19  14  N. 

Junon  passe  au  méridien,  à  minuit,  le  18  avril.  C*est  la  meilleure  époque  pour 
rétude  de  ce  petit  astre,  qui  devra  être  suivi  autant  que  possible  avec  une  jumelle 
marine  ou  une  lunette  astronomique. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  159 

Jours.  Lever  de  Janon.  Passage  Méridien.  Constellation. 

18  Avril 5' 57"  soir.  minuit  Vierge. 

21  »     5  39         »  IIMT-    soir.  » 

26  »     5  14         »  Il  24  »>  » 

!•'  Mai 4  48         «  11    0         »  » 

6      »     4  23  »  10  37         »  » 

11      »     3  59         »  10  14  »  » 

Le  10  avril,  Junon  se  trouvera  en  conjonction  avec  l'étoile  de  4«  grandeur, 
T  Vierge,  au  Sud  et  à  la  distance  de  2o2o .  Dans  son  mouvement  rétrograde,  la 
petite  planète  se  rapproche  peu  à  peu  de  Ç  Vierge,  de  3«  grandeur;  le  10  mai 
elle  en  sera  éloignée  de  moins  de  3°. 

La  distance  de  Junon  à  la  Terre  est  de  337  millions  de  kilomètres  au  l*»^  mai 
et  de  479  millions  de  kilomètres  du  Soleil. 

Coordonnées  au  21  avril:    Ascension  droite...     13'' 48".    Déclinaison...      0*57' N. 
»  7  mai    :  »  »  13  36  »  2  23  N. 

V'es^a  est  toujours  invisible. 

Jupiter.  —  Cette  admirable  planète  brille  toujours  du  plus  vif  éclat  dans  le 
Lion,  au  Nord-Ouest  de  Régulus.  Sa  marche  est  rétrogade  jusqu'au  21  avril  au 
soir,  moment  où  elle  atteint  sa  plus  grande  distance  de  Régulus. 

Jours.  Passage  Méridien.  Coacher.  Constellation. 

15  Avril 8M8-    soir.  3*'28"     soir.  Lion. 

19  »     ,...  8    2         »  3  12         »  » 

23       »     7  46         »  2  56         M 

27  »     7  31  »  2  41  » 

l"  Mai 7  15         »  2  29         »  » 

5  »     7    0         »  2  13         »  » 

9      »     6  45         »  1  58         i>  » 

13      » 0  30         »  1  43         »  » 

Le  diamètre  de  Jupiter  est  de  36',6  au  l©*"  mai,  sa  distance  à  la  Terre  est  de 
748  millions  de  kilomètres  et  sa  distance  au  Soleil  de  800  millions  de  kilomètres. 

Continuer  Tétude  des  satellites  de  Jupiter,  avec  une  lunette  astronomique.  Les 
personnes  douées  d'une  très  bonne  vue  pourront  distinguer  à  l'œil  nu,  le  3«  satel- 
lite, lors  de  ses  plus  grandes  élongations.  Voici  les  dates  favorables  :  16,  19,  23, 
26,  27  et  30  avril,  3,  4,  7,  8,  11  et  14  mai. 

Éclipses  des  satellites  de  Jupiter. 

20  Avril 10'' 28"      soir.        Immersion  du  1«  satellite    occulté. 

22  »    8  23  »  Emersion  1  »         éclipsé.' 

26  »    9    8  »  »  2  »  i, 

27  »    8  45  »  »  4  »  » 

29      »    10  18  i>  »  1  »  » 

3  Mai 11  44  >j  »  2  »  » 

6  ï)    8  41  »  Immersion       1  »         occulté. 

»     »    12  13  »  Emersion  1  »         éclipsé. 

10  »  8  55  »  Immersion  2  »  occulté. 

13  »  10    7  »                     »  4  »              » 

»  »  10  34  »                     »  1  «              » 

»  *  10  45  »  Emersio  »  éclipsé. 


160  L'ASTRONOMIE. 

Remarque.  —  Les  18,  21,  25  avril,  l^-"  et  1  i  mai,  les  satellites  sont  d'un  même 
côté  du  disque  de  Jupiter. 

Une  observation  très  rare  pourra  être  faite  le  i3  mal,  de  10^34™  à  10^45»  du 
soir  :un  seul  satellile,  le  2^,  sera  visible,  à  l'Ouest,  dans  une  lunette  astronomique. 
C'est  là  un  phénomène  très  rare  et  dont  nos  lecteurs  devront  profiter. 

Jupiter  passant  au  méridien  avant  minuit,  les  satellites  qui  doivent  entrer  dans 
Tombre  pénètrent  à  TOrient  du  disque. 

Saturne.  —  Cette  planète  continue  son  mouvement  direct  dans  la  constellation 
du  Taureau. 

Jours.  Passage  Méridien.                     Coacher.  Constellation. 

17  Avril 3''35"'    soir.  li>'29-  soir.  Taureau. 

22      »     3  17         »  11  12  »  » 

27      w     3    0         »  10  55  »  » 

2   Mai 2  43         »  10  38  »  « 

7      »     2  25         »  10  21  » 

12      .     2    8         «  10    4  »  i> 

Le  diamètre  de  Saturne  est  de  15',  4  au  !«••  mai,  sa  distance  à  la  Terre  1.177  mil 
lions  de  kilomètres  et  au  Soleil  1,33G  millions  de  kilomètres. 

Uranus.  —  Uranus  rétrograde  dans  la  constellation  de  la  Vierge  où  il  est  aisé 
de  le  découvrir  à  la  simple  vue,  à  peu  près  à  égale  distance  des  étoiles  r^  et?;  son 
aspect  est  celui  d'une  étoile  de  6«  grandeur. 

Jours.  Lever.  Passage  Méridien.  Constellation. 

17  Avril 4'"  9"  soir.  lO*"  16-  soir.  Vierge. 

22      »    3  48         »  9  55         »  » 

27      »     3  28  o  9  35         »  » 

2   Mai  3    7         »  9  15         »  » 

7      »     2  47  »  8  55  »  ■ 

12      »     2  27         »  8  35         »  u 

Le  diamètre  d'Uranus  est  de  4',  2  au  l**'"  mai,  sa  distance  à  la  Terre  2.597  mil- 
lions de  kilomètres  et  au  Soleil  2.710  millions  de  kilomètres. 

Coordonnées  au  !•'  mai  :  Ascension  droite  :  11^59-.       Déclinaison  :  0*58'  N. 

Étoiles  filantes.  —  Tous  les  ans,  du  19  au  23  avril,  on  remarque  un  flux  con- 
sidérable d'étoiles  filantes  qui  a  provoqué  plusieurs  fois  de  nombreuses  chutes  de 
météores.  On  trouve  dans  les  annales  chinoises,  plusieurs  siècles  avant  notre 
ère,  des  renseignements  intéressants  sur  ce  phénomène.  Les  points  radiants  qui 
se  manifestent  simultanément  sont  au  nombre  de  douze  à  quinze,  parmi  lesquels 
on  en  distingue  quatre  principaux.  Le  premier  est  situé  au  Sud  de  0  Hercule, 
dans  le  voisinage  de  Véga  ;  il  paraît  se  rattacher  à  la  cdmète  I,  1861.  Le  second 
est  près  de  |x  du  Serpent;  le  troisième  un  peu  au  nord  de  p  Bouvier  et  le  qua- 
trième au  Sud-Est  de  l'Épi  de  la  Vierge.  Eugènb  Vjmont. 

Erratum  :  page  115,  ligne  23,  lire  après  au  lieu  de  avant. 


CORRESPONDANCE. 

Halo  at  parhéliofi  obsey^j^és  à  ^fa72e  (Basses- Alpes).  —  Extrait  d'une  lettre  adres?5(^e 
par  M.  N.  Michel  au  Président  de  la  Société  scientifique  Flammarion,  de  Marseille. 

*  Le  8  mars  1885,  à  4'''23"'  du  soir,  par  une  brume  assez  élevée,  l'atmosphère  supérieure 
♦•tant  transparente  avec  quelques  Cirrus  au  zénith,  le  disque  solaire  otTrant  un  très  vif 
éclat,  on  vit  un  arc  de  cercle  de  20*  de  rayon  et  de  50*  de  longueur,  se  former  dans  la 
partie  Sud-Ouest  du  Soleil,  avec  les  couleurs  de  Tarc-cn-ciel,  mais  moins  nettes.  L'ex- 
térieur de  l'arc  était  jaunâtre,  et  l'intérieur  rougeâtre  assez  intense.  Cet  arc  s'est  ensuite 
étendu  graduellement  jusqu'au  cercle  entier;  les  parties  latérales  situées  aux  extrémi- 
tés d'un  diamètre  horizontal  passant  par  le  Soleil  gagnent  en  intensité  et  en  netteté  de 
couleur. 

«  A  V'SO*"  une  tache  jaunâtre  mal  définie  se  forma  symétriquement  de  chaque  côté 
du  Soleil,  dans  la  partie  la  plus  lumineuse  de  l'arc.  Peu  à  neu,  ces  deux  taches  tour- 
nent au  blanc  brillant,  celle  de  l'Est  moins  intense  que  celle  de  J'Ouest  qui  atteint  à 
4'' 30"*  une  splendeur  égale  à  celle  du  véritable  Soled,  et  lançaAt  à  l'opposé  de  celui- 
oi.  une  gerbe  de  rayon*^  ressemblant  à  une  queue  de  comète. 

a  Le  phénomène  a  persisté  dans  cet  état  environ  pendant  dix  minutes;  après  quoi  le<* 
taches  se  sont  effacées.  Tare  s'est  affaibli  no  laissant  de  visible  qu'un  grand  croissant 
de  chaque  côté  du  Soleil.  Ces  croissants  diminuaient  de  longueur,  et  à  4'' 50"'  on  ne  voyait 
plus  de  traces  de  ce  magnifique  spectacle.  » 

C'est  le  n\éme  phénomène  que  M.  Luzet  a  observé  à  Orléans  et  décrit  dans  la 
Revue  de  Mars. 

M.  Ghapellier,  au  Raincy.  —  Nous  avons  reçu  votre  projet  pour  la  réforme  du  Calen- 
drier, qui  a  été  réuni  aux  autres  pièces  relatives  au  concours. 

M.  B.  Bellot.  à  Cognac.  — Merci  de  votre  intéressante  communication,  votre  obser- 
vation sera  utilisée  dans  notre  statistique  annuelle  des  tremblements  de  terre. 

M.  Vèze,  à  Verteuil.  —  La  durée  de  l'année  tropique,  365 jours  2  422  166, donnée  dans 
l'Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes,  a  été  calculée  par  Le  Verrier  pour  le  l"'  janvier 
1850.  Vous  n'avez  qu'à  appliquer  la  correction  —  0  jour  0  000  000  688  par  an  fd'après 
M.  Faye)  pour  obtenir  cette  durée  pour  une  époque  quelconque.  Je  dois  cependant  vous 
faire  remarquer  que  les  deux  dernières  décimales  du  nombre  de  Le  Verrier  ne  sont  pas 
absolument  certaines,  et  que,  en  prenant  une  valeur  moyenne  de  365  jours  24  222,  sans 
rorrection  proportionnelle  au  temps,  l'erreur  totale  n'atteindrait  pas  un  seul  jour  au 
bon  t  de  5000  ans. 

W,  Charles  Rive  au,  à  La  Groie.  —  M'  Gay  et  M'  Cuau,  dont  vous  nous  citez  le  zèle 
pou  r  la  science  astronomique  sont  deux  exemples  remarquables  de  ce  que  peuvent  le 
travail  et  la  persévérance  unis  à  Tamour  de  la  science.  Puissent-ils  avoir  de  nombreux 
imitateurs!  Nous  vous  prions  de  leur  transmettre  toutes  nos  félicitations. 

L'article  que  vous  demandez  nous  parait  intéressant  et  utile:  il  sera  tait. 

M.  Lamoulinette,  à  Soulignonne.  —  Merci  de  votre  intéressante  communication.  Elle 
sera  utilisée  dans  notre  statistique  générale. 

M.  André  Ganel,  à  Saint-Étienne.  —  Votre  idée  est  ingénieuse;  mais  l'agitation  qui 
favorise  le  refroidissement  doit  être  une  agitation  interne  qui  amène  à  la  surface  des 
particules  tirées  de  l'intérieur.  Une  pareille  agitation  existe  sur  toute  la  surface  du 
Soleil,  comme  le  prouvent  les  protubérances.  Votre  expérience  n'apprendrait  rien  rela- 
tivement au  Soleil,  parce  que  les  effets  dus  au  mouvement  seraient  entièrement  masqués 
par  J'action  des  couches  d'air  voisines  du  globe  en  mouvement. 

M-  M.  .los.  et  Jan  Fric,  à  Prague.  —  Le  Directeurde  la  Revue,  actuellement  à  Nice, 
n'a  pu  encore  examiner  les  photographies  astronomiques  envoyées  à  Paris.  Il  s'om- 
pressera  de  le  faire  dès  son  retour  et  vous  remercie  de  votre  proposition,  au  nom  de 
tous   les  lecteurs  de  C Astronomie. 

MM.  Francisco  Ch.wes  et  Mello,  aux  îles  Açores.  •—  La  manière  de  compter  les  taches 
solaires  est,  en  effet,  très  irrégulière.  Aussi  ne  peut-on  guère  comparer  entre  elles  que 
les  observations  faites  par  un  même  astronome  et  par  un  même  instrument.  Dans 
l'exemple  que  vous  signalez,  c'est  dix  taches  qu'il  faudrait  compter.  Voilà  pourquoi 
il  importe  d'indiquer  l'instrument  et  le  grossissement  employés.  La  seule  méthode 
d'apïjréciation  sérieuse  est  celle  que  nous  avons  adoptée  dans  la  Revue  de  Tannée 
dernière  dans  l'exposé  des  mesures  de  surface  tachées  prises  à  l'Observatoire  de 
Greenwich.  —  Le  Directeur  de  la  Revue,  absent  de  Paris,  n'a  pu  vérifier  l'étoile 
P.  XU.  230  du  planisphère.  11  le  fera  dès  son  retour. 

M.  GuiOT,  à  Soissons.  —  Recevez  nos  félicitations  pour  vos  importantes  observations. 
Dès  Sun  retour  à  Paris,  M.  F.  s'empressera  de  véritiei*  les  deux  étoiles  rouge  et  bleue 
signalées  dans  le  Grand  Chien. 

M.  de  Lacerda,  à  Lisbonne.  —  On  peut  certainement  se  servir  d'un  héliostat  pour  l'usage 
d'un  astre  dans  le  champs  d'une  lunette  horizontale;  mais  s'il  s'agissait  de  mesures  pré- 
cises à  prendre,  il  serait  difficile  d'obtenir  un  mouvement  régulier.  Pour  étudier  les 
raies  du  spectre  solaire,  c'est  la  disposition  la  meilleure,  et  c'est  celle  qui  a  été  adoptée 
par  M.  Tnollon  à  i'Observatoir.e  ae  Nice.  —  Recevez  nos  remerciements  pour  vos 
notifications  relatives  aux  nouveaux  tremblements  de  terre. 

M.  Wilfrid  Marsan,  à  Montréal.  —  Nous  vous  remercions  bien  sincèrement  de  vos 
nombreux  témoignages  de  sympathie  ainsi  que  des  belles  photographies  et  publications 
illustrées  que  vous  nous  avez  adressées. 

M.  Théodore  Larcher,  à  Villars-los-Dombes. -^  Les  calculs  que  vous  nous  avez 
adressés  constituent  umexercice intéressant  et  utile  pour  l'Astronomie;  ils  nous  ont  paru 
exacts;  nous  vous  en  félicitons.  Mais  où  avez  vous  trouvé  les  données  que  vous  em- 
ployez relativement  à  Sirius  ? 

MM.  Bruodière  et  Lthou,  à  Marseille,  ont  observé  l'appulse  d'Aldébaran,  du  22  février, 
ainsi  que  l'occultation  de  38  Béher,  le  20  février.  Cette  dernière  occultation  a  duré,  19*"  de 
plus  à  Marseille  qu'à  Paris:  59"'  au  lieu  de  40."* 

Madame  de  Nevil,  à  Bordeaux.  —  Tous  les  penseurs  partagent  vos  sentiments.  La 
réponse  à  ces  dénégations  est  déjà  à  l'impression  et  sera  publiée  prochainement  dans 
la  Revue. 

M.  GriOT,  à  Soissons.  —  La  plaine  basse  que  vous  avez  observée  le  !•'  mars  sur  le 
bord  Ouest  de  la  Lune,  au  Sud-Ouest  de  la  mer  des  Crises,  est  la  mer  de  Smyth.  Le 
Cin:|ue  esc  celui  de  Neper.  La  carte  générale  de  la  Lune,  qui  sera  prochainement  publiée 
par  MM.  Flammarion  et  Gaudibert,  contient  tous  ces  détails. 


A.   BARDOU 

CONSTRUGTEUI  D1NSTIUIENTS  rOPTHlUE 

FOURNISSEUR  DO   MINISTÈRE  DE  LA  GLERBE 

(Circulaire  ministérielle  du  29  Juillet  ix:j 
55,  me  de  Chabrol,  &  Paris. 


Lunettes  astronomlqnes,  corps  cuivre  avec  ehen^heur.  tubt 
tJ'ocMlairt'  à  cnjmaillere  pour  la  mise  an  foyer.  Mouture  .quat', 
riale  a  latitiùk-  variable  de  O  a  IMh»,  cercle"  horaire  ei<\ivi,  ,k 
dèctinaiâan  rloriiiaiît  la  minute  par  les  verniers;  pince  [»oui  li\rr 
la  luneite  eu  'iicliuaisoD.  Pied  en  fonte  de  ferreposaut  paiiru.? 
vl»  cali^nteii  8ur  trois  crapaudincs  (fig.  1  >. 

L'oculairË  Itî  plus  faible  est  muni  duo  réticule. 


lllAMETRE 
l.'s  cercles. 


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OCULAIRES. 

Ci'lestCii. 


Grossisscmeutiv. 


100,  IGO  et  '2:u 
100,  150,  -200  et  4J0 


Lunettes  astronomiques  et  terrestres,  corps  cui\Tc  nvr 
chercheur,  pii' J  fer  et  soutien  de  stabilité  senant  a  din>er  li 
luneito  |tîir  mouvement  vertical  lent  au  moven  d'une  cnniail- 
*(^reî  Lube  «ïoculaire  à  crémaillère  pour  la  mise  au  foyer.  I.iQ- 
^umeI^tîAî^  2i  eî  ses  accessoires  sont  calés  dans  unebcite<  i 
saplQ  rouge. 


V  é 

II 

O-'.iJël 

OCULAIRES. 

S 

27:. 

360 
465 

6:>u 

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Terres- 
tres. 

Célestes. 

2 
S 

1 
1 
1 
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II 
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50 
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(iO 
80 

s 
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vu 

'2 
3 
3 
3 

Grossissements. 

i-,<o 

1-,GU 

80  et  150 
75,  120  et  200 
85,  130  et  240 
100,  100  et  270 

i 

Lunettes  astronomiques  et  terrestres,  corps  c-ulvrt.iii 
fer,  mouvetnents  prompts,  tube  d'oculaire  à  cremaillir»-  pur' 
mise  au  foyer.  Linstrument  et  ses  accessoires  sontcaKsdat- 
une  boite  en  sapin  rouge. 


H    ^ 

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Terres- 

tres. 

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35 

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Au 

1 

50 

Grossis- 
seineuts. 


90 

100 

80  et  150 


On  peut  ajouter  et  Ton  ajoute  généralement  à  ces  Jiv. 
modèles  : 

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Paris.  —  Imp.  Gauthier- Villars»  55,  quai  des  Grands-Augustins 


MAYlilfîR'^ 


4°  Année. 


N"  5. 


Mai  1885. 


REVUE'  MENSUELLE 

D'ASTRONOMIE  POPULAIRE 

DE  MÉTÉOROLOGIE  ET  DE  PHYSIQUE  DU  GLOBE, 

DONNANT    LB    TABLEAU    PERMANENT    DES    DÉCOUVERTES    ET    DBS    PROORBS    RÉALISÉS 
DANS    LA    GONNAISSANCB    DE    L'UNIVBRS 

PUBLIÉE    PAR 

CAMILLE  FLAMMARION, 

AVEC  LE  CONCOURS  DES 

PRINCIPAUX  ASTRONOMES  FRANÇAIS  ET  ÉTRANGERS 


ABONNEMENTS  POUR  UN  AN: 

Paris  :  12  fr.  —  Départements  :  13  fr.  —  Étranger  :  14  fr. 

Prix  du  Numéro  :  1  tr,  20  c. 

La  Revue  parait  le  !•''  de  Chaque  Mois. 


PARIS. 


6AUTH1ER-V1LLARS,  IHPRIHËUR-LIBRAIRË 

DE    l'observatoire    DE    PARIS, 
Quai  des  Augustins,  55. 

1885 


SOMMAIRE  DU  N»  5  (MAI  1885). 

1«8  oondltlons  de  la  vie  dans  rUnlTere.  Réponse  à,  M.  Faye,  par  M.  C.  Flamm/irio!! 
(1  figure).  ~  1«8  grands  Instromenta  de  1* Astronomie.  L'Instrument  méridien  et  les 
observations  méridiennes  (suite)^  par  M.  P.  Gérignt  (1  figure).-- Statistique  destremble- 
ments de  terre,  par  M.  C.  Détaille  (1  figure).  —  NouToUes  de  la  Science.  Variétés  :  Chute 
d'un  uranolithc  en  Turquie,  par  M,  F.  A.  Mavrooordato  (1  figure).  L'appulse  d*Aldébaran,  photo- 
graphiée à  Prague,  par  MM*  Jos  et  JA.of  Fric  (L  figure).  Sociôtù  scientifique  Flammarion,  de  Har- 
Reille  (1  figure).  —  Obseryatlons  astronomiques,  par  M.  E.  Vimont  (2  figures). 


PRINCIPAUX  ARTICXBS  PUBUÉS  DANS  LA  RBVUB. 

A.  D'ABBADIB,  de  l'Institut.  —  GhoU  d*nn  premier  méridien. 

ARAGO  (V.).  —  Le  soleil  de  Minuit. 

BERTRAND  (J.),  de  l'Institut.  ^tA  satellite  de  Vénus. 

BOfi  (A.  De),  astronome  à  Anvers.  —  Li'IBtolle  polaire. 

DAUBRÈB,  Directeur  de  l'Ecole  des  mines.  —  tios  pierres  tombées  du  Ciel. 

DENNIN6  (A.),  astronome  à  Bristol.  —Observations  télescoplques  de  Jupiter,- de  Vénus 
de  Mercure. 

DBNZA  (P.),  Directeur  de  l'Observatoire  de  Moncalieri.  —  Gbute  d'un  uraaoUtlie  en  Italie. 

DETAILLE,  astronome.  —  L'atmosphère  de  Vénus.  —  Nouvelles  mesures  des  anneaux 
de  Saturne.  —  Les  tremblements  de  terre. 

FAYE,  Président  du  Bureau  des  Longitudes.  ^  Nouvelle  théorie  du  SolelL  —  Distribution 
des  taches  solaires.  —  Mourements  lents  du  sol  en  Suisse.  —Xa  formation  du  sys- 
tème solaire. 

FLAMMARION.  —  Les  carrières  astronomiques  en  France.  —  Conditions  d'habita- 
bilité de  la  planète  Mars.  —  Constitution  physique  des  comètes.  —  Une  flrûnése  dans 
le  Clei.  —  Comment  on  mesuré  la  distance  du  soleil.  —  Les  étoiles,  soleils  de  l'infini.  -- 
D'où  viennent  les  pierres  qui  tombent  du  Ciel?  —  Les  étoiles  doubles.  —  Chute  d*un 
corps  au  centre  de  la  terre.  —  La  conquête  des  airs  et  le  centenaire  de  Montirotf  er.  — 
Les  srandes  marées  au  Mont  Saint-Michel.  —  Phénomènes  mètèoroloflrlques^bser- 
vès  en  ballon.  —  Une  excursion  mètèoiçoloclaiie  sur  la  planète  Mars.  —  Les  flam- 
mes du  Soleil.  —  Les  illuminations  créplisoulalres  et  le  cataclysme  de  Krakatoa.  — 
Lk  planète  transneptunlenne.  —  L'étoile  du  Berger.  —  L'histoire  de  la  Terre.  —  Les 
vlcâmes  de  la  foudre.  ^ 

FORBL  (le  Professeur).  —  Les  tremblements  de  terre. 

6AZAN  (Colonel).  —  Les  taches  du  solea 

6ËRIONY,  antronome.  --  Gomment  la  lune  se  meut  dans  l'espace,  r-  Ralentissement  du 
mouvement  de  la  Terre.  —  La  formation  du  système  solaire.  —  Etudes  sèlènographi- 
ques.  —  L'èquatorlal  coudé  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  L'héllomètre.  —  La  nais- 
sance de  la  Lune. 

HENRT,  de  l'Observatoire  de  Paria.  —  Découvertes  nouvelles  sur  Uranus. 

HERSCHEL  (A.-S.).—  Chute  d'un  uranollthe  en  An^rleterre. 

HIRN,  correspondant  de  l'Institut.  —  Conservation  de  l'ènersie  solaire.  —  Phénomènes 
produits  sur  les  bolides  par  Tatmosphère.  —  La  température  du  Soleil. 

HOUZEAU,  Directeur  de  l'Observatoire  de  Bruxelles.  —  Le  satellite  de  Vénus. 

HUGOINS,  de  la  Société  royale  de  Londres.  ^  Les  environs  du  Soleil. 

J AMIN,  de  l'Institut  —  Qu'est-ce  que  la  rosée  7 

JANSSEN.de  l'Institut,  directeur  de  l'Observatoire  de  Meudon.  —  La  photo|tràpliie  céleste.  — 
Résultat»  de  l'éclipsé  de  SoleU  du  6  Mal  ISSd. 

LEMAIRE-TESTE,  de  l'Observatoire  de  RioiJaQeiro.  —  Choix  d'un  premier  méridien. 

LEPAUTE.  —  Quelle  heure  est-il?  -^  Le  temps  vrai,  le  temps  moyen  et  les  cadrans 
solaires.  —  La  chaleur  solaire  et  ses  applications  Industrielles. 

LESSEPS  (de).  — Les  vagues  sous-marin^ii. 

MOUCHEZ  (amiral),  directeur  de  l'Observatoire  de  Paris.—  Travaux  actuels  de  l'Observa 
toire  de  Paris.  —  L'Observatoire  du  Pic  du  Midi.—  Création  d'une  succursale  de  l'Ob- 
servatoire. 

MOUREAUX  (Th.),  météorologiste  au  Bureau  eentrai.  —  Les  Inondations. 

PARMENTIER  (général).  —  Distribution  des  petites  planètes  dans  l'espace. 

PERROTIN,  directeur  de  l'Observatoire  de  Nice. — La  comète  de  Pons.  —  La  planète  Uranus 

PROCTOR,  astronome  à  Londres.  —  Le  Vésuve  et  ISGHIA. 

RICCd,  astronome  à  l'Observatoire  de  Palermo.  —  La  grande  comète  de  1SS2.—  La  tache 
rouge  de  Jupiter.  —  Les  taches  du  Soleil^ 

Les  communications  relatives  à  la  rédaction  doivent  être  adressées  à  M.  C.  Flammarion,  Direc* 
teur  de  la  Revue,  86,  avenue  de  l'Observatol^,  à  Paris,  ou  à  l'Observatoire  de  Juvtsy 
ou  bien  à  M.  Gèrlgny,  Secrétotre  de  la  Rédaction,  41,  rue  du  Montparnasse,  A  Paris. 

Le  pl&n  du  Journal  comporte  une  grande  variété  d'articles.  Chaque  Numéro  con- 
tient des  descriptions  de  science  populaire  rédigées  pour  les  lecteurs  qui  ne  font  pat 
profession  de  science,  pour  les  gens  du  monde  en  général;  des  études  plus  appro- 
fondies destinées  aux  astronomes  amateurs;  et  des  recherches  intéressant  les 
savants  curieux  de  pénétrer  de  plus  on  plus  le^  grands  problèmes  de  la  nature. 


Maison  avec  OBSERVATOIRE  à  vendre  ou  à  louer. 

Maison  de  campagne,  rue  des  Jardies,  n*  9,  dite  Observatoire  de  Bellevue,  donnant 
sur  le  cliemin  de  fer,  avec  jardin  d'agrément  devant  et  derrière,  élevée  sur  cave  et 
citerne,  d'un  rez-de-chaussée  et  de  deux  étages,  surmontée  d'une  terrasse  d'où  i'on  jouit 
d'une  vue  admirable  sur  toute  la  partie  noni  du  département  de  Seine-et-Oise. 

Sur  la  terrasse,  Observatoire  astronomique  en  forme  de  belvédère,  surmonté  d'une 
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Dans  le  sous-sol,  labçratoire  de  chimie.  —  Gaz,  eau  et  électricité  à  tous  les  étages. 
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S'adresser  :  Pour  visiter,  à  I'Aoenge  des  locations  de  Bellevue.  Grande- Rue,  n*  22. 
Et  pour  traiter,  à  M*  Pierre,  notaire  à  Meudon. 


MAYllT^'^ 


—  L'ASTRONOMIE. 


IGl 


LES  CONDITIONS  DE  L4  VIE  DANS  LTNIYERS. 

RÉPONSE  A  M.  FATE. 

M.  Faye  a  publié,  depuis  uue  dizaine  d'années,  dans  ses  ouvrages,  dans 
YAnnuaire  du  Bureau  des  Longitudes,  dans  les  conférences  de  VAssociation 

Fijç.  66. 


Les  principaux  mondes  du  système  solaire. 

scientifique,  etc.,  diverses  objections  contre  la  doctrine  scientifique  et  philo- 
sophique de  la  Pluralité  des  Mondes,  qui  ont  ému  un  certain  nombre  de 
lecteurs,  et  auxquelles  nous  sommes  depuis  longtemps  sollicité  de  répondre. 
Nou8h  ésitionsy  d'une  part,  à  cause  du  sympathique  respect  qui  nous  a  tou- 
IfAi  1885.  5 


162  L'ASTRONOMIE. 

jours  personnellement  attaché  à  Téminent  astronome  français,  —  à*autre 
part,  parce  qu^il  nous  semblait  que  ces  objections  n'ébranleraient  pas  des 
convictions  établies  sur  l'étude  directe  de  renseignement  universel  de  la 
nature.  Mais  aujourd'hui,  après  plusieurs  centaines  de  lettres  reçues  de  toutes 
les  parties  du  monde  à  ce  sujet,  notre  devoir  le  plus  strict  est  d'obéir  à  un 
mandat  devenu  presque  impératif. 

Sans  rappeler  ici,  comme  excuse,  que  notre  ouvrage  La  Pluralité  des 
Mondes  habités  est,  depuis  un  quart  de  siècle,  traduit  dans  presque  toutes  les 
langues  de  la  planète  et  a  compté  plus  de  cent  mille  lecteurs,  que  les  idées 
répandues  dans  le  monde  par  notre  Astroîiomie  populaire  et  par  nos  Terres  du 
Ciel  sont  connues  d'un  nombre  plus  considérable  encore,  et  que,  par  les 
journaux,  les  revues  et  les  conférences,  nous  avons  depuis  vingt-cinq  ans 
parlé  à  plusieurs  millions^ d'auditeurs,  nous  devons  reconnaître  sans  fausse 
modestie  qu'à  tort  ou  a  raison,  on  nous  considère  comme  le  représentant 
actuel  de  la  doctrine  de  la  Pluralité  des  Mondes,  comme  le  défenseur  de  la 
vie  ultra-terrestre.  Certes,  les  habitants  de  Mars  ou  du  système  de  Sirius  ne 
s'en  portent  pas  plus  mal,  que  nous  croyions  ou  non  à  leur  existence,  et 
très  certainement  l'opinion  des  homoncules  terrestres  à  leur  égai-d  leur  est 
de  la  dernière  indifférence.  Mais  nous  sommes  sur  la  Terre;  nos  amis  com- 
mencent à  nous  blâmer  de  notre  silence  et  à  nous  accuser  de  n'avoir  rien  à 
répondre  aux  éloquentes  accusations  portées  coptre  les  habitants  des  autres 
Mondes  par  le  savant  académicien  français;  et  il  serait  de  mauvais  goût  de 
paraître  vaincu,  lorsqu'on  reste  vainqueur  par  la  force  même  de  la  vérité. 

Nous  nous  bornerons  à  reproduire  textuellement  les  arguments  de  notre 
antagoniste,  et  à  établir  qu'ils  ne  possèdent  pas  du  tout  l'importance  que  leur 
auteur  leur  attribue. 

Ceux  qui  chercheraient  ici  des  sujets  de  personnalité  perdraient  leur 
temps  :  il  s'agit  uniquement  d'une  question  d'intérêt  scientifique  général. 
S'il  nous  arrivait  parfois  d'être  un  peu  vif  dans  ce  combat  à  armes  loyales, 
notre  savant  maître  sera  le  premier  à  nous  pardonner  (  *  )^  et  cela  du  reste 
sans  grand  mérite  :  nous  savons  d'avance  que  nos  démonstrations  ne  modi- 
fieront en  rien  sa  manière  de  voir,  et  nous  avons  la  conviction  intime 
qu'après  cette  réplique  comme  avant,  M.  Paye  continuera  de  déclarer  que  la 
Terre  est  le  meilleur  des  Mondes,  et  le  seul  digne  d'être  illustré  par  des  Aca- 
démies et  des  Observatoires.  Cependant,  ne  restons  pas  sans  espérance. 

v')  L'éditeur  aussi,  qui  est  en  môme  temps  l'éditeur  de  M.  Faye,  d'autant  mieux  que 
la  première  édition  de  l'Origine  du  Monde  étant  épuisée,  notre  réponse  va  tout  de 
suite  servir  à  faire  demander  la  seconde  à  ceux  qui  n'ont  pas  lu  la  première.  Notre 
bataille  est,  comme  on  le  voit,  à  tous  les  égards,  aussi  courtoise  que  celle  de  Fontenoy. 
Et  elle  aura  de  plus  Tavantage  de  ne  laisser  ni  morts  ni  blessés. 


LES  CONDITIONS  DE  LA  VIE  DANS  L  UNIVEUS.  163 

Notre  éminent  contradicteur  appartient  à  cette  nature  d*esprits  d'élite  qui 
reconnaissent  volontiers  qu*ils  se  sont  trompés.  Ainsi,  par  exemple, 
entre  autres,  depuis  longtemps  déjà  nous  regrettions,  quelquefois  avec  une 
certaine  impatience,  de  le  voir  nier  la  connexion  qui  existe  entre  le  magné- 
tisme terrestre  et  les  fluctuations  de  l'activité  solaire  :  à  Tune  des  dernières 
séances  de  Tlnstitut,  il  a  enfin  déclaré  qu'il  changeait  d'opinion  et  se  rendait 
à  la  vérité.  Espérons  qu'il  en  sera  de  même  un  jour  pour  le  sujet  qui  fait 
aujourd'hui  Tobjet  de  notre  discussion. 

I. 

Kepler,  Galilée.  Newton  ont  laissé  dans  la  Science  l'idée  que  la  Terre  n'a 
pas  l'importance  que  l'antiquité  lui  attribuait  à  l'époque  où  on  la  croyait 
immobile  au  centre  de  l'Univers.  «  On  s'est  dit,  écrit  M.  Faye  (*),  que 
l'Univers  doit  se  composer  d'une  infinité  de  Mondes  ayant  chacun,  comme 
le  nôtre,  un  Soleil  pour  centre,  et  que  ce  vaste  ensemble  ne  peut  avoir  été 
créé  pour  rien:  que  la  Terre,  insignifiante  sous  tous  les  rapports,  ne  saurait 
avoir  seule  le  privilège  de  porter  des  êtres  vivants  et  intelligents.  Vous  avez 
vu  cette  idée  poindre  sous  la  plume  de  Newton.  Les  Mondes  habités,  la  vie 
répandue  à  profusion  dans  F  Univers,  sous  les  formes  les  plus  variées  :  quel 
vaste  chîimp  pour  l'imagination  ! 

«  Pour  l'imagination,  soit;  mais  pour  la  science,  non.  Sur  le  point  de  fait 
la  Science  est  et  restera  muette.  Même,  dans  notre  propre  Monde,  les  planètes 
sont  trop  éloignées  de  nous  pour  que  nos  plus  puissants  télescopes  nous  y 
fassent  distinguer  des  êtres  vivants,  ou  même  des  traces  indirectes  de  leur 
existence.  Quant  aux  planètes  qu'on  se  plait  à  attribuer  à  ces  millions  de 
soleils,  on  ne  les  voit  pas,  on  ne  les  verra  jamais. 

«  Voici  à  peu  près  tout  ce  qu'un  astronome  peut  affirmer  à  ce  sujet. 
Regardez  le  Ciel,  et  dites-vous  bien  que,  de  ces  myriades  d'astres,  que  les 
lunettes  vous  y  font  voir,  aucun  n'est  habité,  puisqu'ils  sont  tous  en  état  de 
pleine  incandescence;  aucua  ne  le  sera  jamais,  parce  qu'à  l'époque  de  leur 
extinction,  alors  qu'un  être  vivant  pourrait  mettre  le  pied  sur  leur  écorce 
refroidie  et  solidifiée,  il  n'y  aura  pas  pour  eux,  à  cause  de  leur  immense 
éloigncment  mutuel,  de  soleil  voisin  pour  leur  départir  la  chaleur  et  la 
lumière.  » 

Telle  est  l'argumentation  de  M.  Faye,  et  c'est  dans  ces  paroles  qu'il  résume 
sa  pensée.  Cette  argumentation,  que  nous  prions  nos  lecteurs  de  vouloir  bien 
relire  mot  h  mot  et  peser  comme  le  mérite  la  haute  situation  scientifique  de 

(»)  Sur  VOrigine  du  Monde,  p.  243. 


iG4  LASTRONOMIË. 

son  auteur,  pourrait  être  écrite  sous  une  forme  plus  concise,  sans  rien  perdre 
de  sa  signification,  dans  les  termes  suivants  : 

Il  n'y  a  dans  TUnivers  que  ce  que  nous  voyons.  Nous  ne  voyons  ni  les 
planètes  qui  pourraient  exister  autour  des  autres  soleils,  ni  les  habitants 
qui  pourraient  exister  sur  les  planètes  de  notre  système.  Donc  la  Terre  est 
le  seul  Monde  habité. 

Une  telle  argumentation  est-elle  bien  sérieuse?  Oui,  si  Fauteur  veut  dire 
que,  d'une  part,  les  millions  de  soleils  qui  brillent  dans  l'espace  infini  ne 
sont  entourés  d'aucun  système  planétaire,  et  que,  d'autre  part,  les  planètes 
de  notre  système  sont  inhabitables.  Occupons-nous  d'abord  du  premier 
point;  nous  réserverons  le  second  pour  la  fin.  Donc,  sur  le  premier  point» 
l'auteur  propose  d'admettre  que  notre  soleil  seul  a  donné  naissance  à  une 
famille  de  mondes  :  nous  sommes  justement  ici  pour  le  savoir.  Mais  les 
millions  d'autres  brillent  sans  rien  éclairer,  brûlent  sans  rien  échauffer, 
parcourent  leurs  cycles  sans  avoir  rien  produit.  Si  telle  est  bien  la  pensée  de 
l'auteur  —  et  comment  en  douter,  puisque  dans  le  cas  contraire  son  argu- 
ment n'aurait  aucune  signification?  —  nous  nous  bornons  à  l'enregistrer,  et 
nous  pensons  que  cela  suffit. 

Imaginer  ce  néant  universel  et  le  proclamer  comme  supérieur  à  la  grande 
doctrine  de  Kepler,  Galilée,  Newton,  Laplace,  Herschel,  c'est  assurément  là 
une  idée  originale;  seulement,  nous  nous  permettrons  de  dire  à  notre  tour 
que  c  est  cette  idée-là  qui  est  sans  fondement  scientifique.  De  plus,  elle  a 
contre  elle  l'analogie,  puisqu'elle  tend  à  poser  la  nature  que  nous  con- 
naissons, le  système  du  Monde  où  nous  sommes,  comme  une  exception.  L'idée 
est  en  elle-même  anti-scientifique,  puisque  depuis  l'invention  du  télescope 
et  du  microscope  tous  les  progrès  de  la  Science  sont  venus  graduellement 
démontrer  que  nos  yeux  ne  connaissent,  au  contraire,  presque  rien  de  ce  qui 
existe  en  réalité. 

Prétendre  qu'il  n'y  a  pas  de  planètes  autour  des  autres  soleils,  parce  que 
nous  ne  les  voyons  pas,  c'est  laisser  debout  tout  entier  l'édifice  que  Ton  croit 
renverser  par  cette  dénégation.  M.  Faye  a  voulu  dire,  sans  doute,  qu'il  y  en 
a  tout  de  même,  mais  que  nous  n'en  savons  rien.  Dans  ce  cas,  ce  n'est  que 
très  vaguement  contredire  ce  qu'ont  dit  Kepler,  Kant,  Lambert,  Laplace,  etc., 
dont  l'opinion  estjudicieusementfondée  sur  l'aspect  de 'notre  système  solaire 
et  sur  la  probabilité  que  les  autres  soleils  ont  pu  produire  ce  que  le  nôtre 
a  produit.  C'est  cette  probabilité  qu'il  faudrait  renverser.  Or,  malgré  l'impos- 
sibilité matérielle  dans  laquelle  nous  sommes  de  voir  les  planètes  apparte- 
nant à  d'autres  systèmes,  cependant  les  derniers  progrès  de  l'Astronomie 
confirment  les  pressentiments  de  Kepler  et  de  ses  émules,  comme  ils  l'ont 
fait  pour  les  planètes  situées  entre  Mai-s  et  Jupiter;  et  il  est  difficile  de 


LES  CONDITIONS  DE  LA  VIE  DANS  L^UNIVERS.  165 

concevoir  que  Fauteur  de  l'ouvrage  sur  V Origine  du  Monde,  auquel  sont  fami- 
lières toutes  les  indications  de  la  Cosmogonie,  n'ait  pas  songé  que  les  planètes 
sont  lumineuses  avant  d'être  éteintes,  et  que  nous  ne  pourrions  voir  dans  le 
Ciel  que  des  planètes  encore  lumineuses.  Mais  s'il  y  avait  songé,  il  aurait 
vu  son  échafaudage  d'arguments  tomber  tout  d'une  pièce,  et  c'eût  été  là 
un  moment  désagréable.  En  effet,  l'illustre  président  du  Bureau  des  Longi- 
tudes n'avait  qu'à  prendre  un  télescope  et  à  le  diriger  sur  Sirius.  Il  aurait 
vu  là  une  planète  encore  lumineuse,  tournant  autour  de  son  étincelant  soleil 
en  une  période,  de  49  ans  et  demi.  Quand  cette  planète  ne  brillera  plus  par 
elle-même  (peut-être  déjà  brille-t-elle  en  partie  d'une  lumière  réfléchie),  ne 
sera-l-elle  pas  un  Monde  analogue  à  Jupiter,  Saturne  ou  la  Terre? 

M.  Faye  soutiendrait-il  que  le  refroidissement  n'ira  pas  plus  vite  dans  ce 
satellite  de  Sirius  que  dans  son  colossal  soleil?  Non,  certainement.  Eh  bien, 
on  peut  faire  la  même  réflexion.,  malgré  les  différences  d'excentricité,  pour 
tous  les  systèmes  d'étoiles  doubles  dans  lesquels  l'une  des  composantes  est 
beaucoup  plus  petite  que  l'étoile  principale.  Quant  aux  corps  célestes  qui  sont 
déjà  obscurs,  comme  la  Terre,  nous  ne  les  voyons  pas  et  voilà  tout. 

Mais  de  là  à  dire  qu'ils  n'existent  pas  il  y  a  un  abîme,  la  faiblesse  de  nos 
yeiuL  n'empêchant  pas  du  tout  la  probabilité  de  rester  en  faveur  de  leur 
existence. 

Nous  conclurons  donc  de  ce  premier  point  que  M.  Faye  n  a  pas  voulu  dire 
qu'il  n'y  a  pas  d'autres  systèmes  de  planètes  habitables  que  le  nôtre,  car 
cette  opinion  serait  trop  en  désaccord  avec  l'enseignement  de  l'Astronomie. 
Il  a  seulement  voulu  dire  qu'en  fait,  nous  ne  voyons  ni  ces  planètes  ni  leurs 
habitants  :  ce  que  nous  savions  déjà,  et  ce  que  nous  admettons  sans  restric- 
tion. Mais  la  probabilité  de  l'existence  de  systèmes  solaires  difi'érents  du 
nôtre  n'est  pas  diminuée  d'un  iota  par  ce  fait  que  nous  ne  les  voyons  pas. 


II. 


Cette  probabilité  reste  si  grande,  si  voisine  de  la  certitude,  que  M.  Faye 
a  écrit  lui-même  les  déclarations  suivantes,  qu'il  n'est  pas  sans  intérêt  de 
placer  en  regard  des  précédentes  : 

«  La  vie  ne  peut  se  rencontrer  que  sur  un  corps  déjà  froid  associé  à  un 
autre  corps  chaud,  plus  ou  moins  voisin,  qui  lui  fournit,  à  dose  modérée, 
la  chaleur  indispensable.  Les  soleils  jouent  précisément  ce  rôle-là  par  rapport  à 
leurs  planètes.  Tant  qu'ils  brillent,  tant  qu'ils  possèdent  l'enveloppe  photo- 
sphérique  dont  nous  avons  décrit  l'an  dernier  les  fonctions,  ils  sont  merveil- 
leusement organisés  pour  distribuer  autour  d'eux  une  lumière  et  une  cha- 


166  L'ASTRONOMIE. 

leur  constantes  pendant  une  longue  suite  de  siècles.  Leur  grande  masse, 
la  fluidité  de  cette  masse,  la  formation  et  l'entretien  d'une  photosphère 
durable  sont  des  conditions  fréquemment  réalisées  dans  TUnivers  (*).  » 

On  le  voit,  le  savant  astronome  s'est  chargé  lui-même  de  nous  faire  en- 
tendre que  sa  phrase  citée  plus  haut  :  «  Quant  aux  planètes  qu'on  se  jplait  ù 
attribuer  à  ces  millions  de  soleils,  on  ne  les  voit  pas,  on  ne  les  verra  jamais,  » 
ne  dit  pas  du  tout  ce  qu'elle  a  Tair  de  dire,  car  Tauteur,  étant  lui-même  un 
de  ceux  qui  «  se  plaisent  »  à  admettre  l'existence  de  planètes  autour  d'autres 
soleils  «  merveilleusement  organisés  »  pour  entretenir  la  vie  à  leur  surface, 
serait  mal  inspiré  de  traiter  d'esprits  superficiels  ceux  qui  se  plaisent  égale- 
ment à  admettre  cette  existence.  Au  fond,  il  est  donc  entièrement  de  leur 
avis.  Nos  lecteurs  auraient  donc  le  plus  grand  tort  de  croire  que  M.  Faye 
porte  un  coup  mortel  aux  doctrines  qui  leur  sont  chères.  C'est  le  contraire 
qui  reste  après  examen.  Pour  lui  aussi,  les  soleils  de  l'infini  illuminent  des 
planètes  inconnues.  Pour  lui  aussi,  la  lumière  et  la  chaleur  de  ces  lointains 
foyers  se  répandent  en  flots  de  vie  sur  les  séjours  qui  sont  propres  à  les 
recevoir.  A  moins  de  supposer  que,  pour  M.  Faye,  il  n'y  ait  que  «  de  l'imagi- 
nation »  dans  le  passage  textuel  que  nous  venons  de  citer,  nous  penserons 
qu'il  y  a  aussi  un  peu  de  «  science  ».  Nous  ne  comprenons  donc  plus  du 
tout  ce  qu'il  a  voulu  dire  à  la  page  réfutée  au  §  I.  Notre  réfutation  même 
devient  superflue,  puisque  l'auteur  a  bien  voulu  se  réfuter  lui-même. 

III. 

Oui,  en  principe  (et  le  moyen  de  faire  autrement?)  M.  Faye,  permet  à  la 
nature  d'avoir  créé  des  planètes  autour  des  soleils  de  l'espace,  et  il  ne  s'op- 
pose pas  à  ce  que  la  vie  ait  pu  y  apparaître.  Mais,  procédant  aussitôt  par 
voie  d'élimination,  il  s'efforce  d'exclure  tous  les  systèmes  qui  ne  seraient 
pas  absolument  identiques  au  nôtre.  Et  d'abord  il  condamne  toutes  les  étoiles 
doubles  et  multiples. 

Or,  examinons  un  instant  cette  élimination  des  étoiles  doubles.  Prétendre 
qu'une  planète  circulant  autour  d'un  soleil  appartenant  à  un  système  d'étoiles 
doubles  serait  inhabitable,  revient  à  déclarer  que  toute  la  population  de  la 
Terre  disparaîtrait  demain  si  Neptune  brillait  de  sa  propre  lumière  I 

Que  disons-nous  là?  C'est  encore  pis.  C'est  déclarer  que  dans  ce  cas  la  ne 
elle-même,  végétale,  animale,  humaine,  ne  serait  pas  née  sur  la  Terre,  si 
Neptune  brillait  de  sa  propre  lumière. 

Or,  —  nous  regrettons  de  l'affirmer  aussi  franchement  —  si  Neptune  bril- 

(•)  Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes,  1874,  p.  481. 


LES  CONDITIONS  DE  LA  VIE  DANS  L'UNIVERS.  167 

lait  de  sa  propre  lumière,  la  vie  serait  exactement  ce  qu'elle  est  sur  la  Terre, 
Thumanité  elle-même  ne  s'en  porterait  pas  plus  mal,  le  Bureau  des  Longi- 
tudes tiendrait  ses  importantes  séances  comme  il  le  fait,  et  la  seule  diffé- 
rence serait  un  intérêt  de  plus  ajouté  aux  colonnes  de  chiffres,  déjà^si  élo- 
quentes en  elles-mêmes,  de  la  Connaissance  des  Temps. 

En  effet,  admettons  pour  Neptune-soleil,  non  pas  un  éclat  minimum  (nous 
aurions  trop  beau  jeu,  et  nous  ne  voulons  pas  triompher  sans  gloire),  mais 
une  valeur  calorifique  et  lumineuse  relativement  importante.  Admettons  que 
ce  soit  là  un  soleil  dont  le  diamètre  égale  le  quart  de  celui  du  Soleil  et  dont 
la  masse  égale  aussi  le  quart  de  la  masse  totale  de  notre  soleil.  Les  diffé- 
rences sont  parfois  beaucoup  plus  grandes  dans  certains  systèmes  d'étoiles 
doubles. 

Eh  bien  \  dans  ce  cas  même,  le  soleil  neptunien  serait  égal  au  quart  du 
nôtre  à  la  distance  1,  au  quart,  en  diamètre,  ce  qui  donne  comme  sur- 
face Y^.  Il  vogue  à  la  distance.  30.  Son  disque  serait  donc  égal  à  îyô,  en  dia- 
mètre, de  celui  du  Soleil,  ou  à  74700  ^^  surface.  Nous  en  recevrions  donc,  en 
le  douant  d'une  valeur  lumineuse  et  calorifique  intrinsèquement  égale  à 
celle  du  Soleil,  14  000  à  15  000  fois  moins  de  lumière  et  de  chaleur  que 
nous  n'en  recevons  du  Soleil.  Il  n'y  aurait  là  qu'une  seconde  lune,  moins 
grosse  mais  plus  brillante  que  la  nôtre,  qui,  pendant  quelques  mois  chaque 
année,  viendrait  trôner  au  milieu  des  constellations  zodiacales.  Le  chiffre  de 
la  population  n'en  diminuerait  sans  doute  pas  d'une  manière  bien  sensible. 
Et  qui  sait?  ce  serait  peut-être  là  au  contraire  un  élément  favorable  à  son 
accroissement. 

Soit  !  répondra  l'éminent  critique,  mais  la  masse  de  ce  Soleil  va  bien  nous 
embarrasser.  Impossible  de  s'en  accommoder  ! 

En  effet,  ce  serait  nouveau  pour' nous.  L'influence  attractive  de  ce  soleil  en 
opposition  étant  le  quart  de  celle  du  Soleil  à  la  distance  1,  serait  par  consé- 
quent gfj-  de  ce  quart  à  la  distance  29,  ou  -^j^.  Or,  le  Soleil  fait  tourner  la 
Terre  autour  de  lui  en  l'abaissant  vers  lui  de  38'"  par  heui-e,  pendant  qu'elle 
décrit  une  ligne  de  106  000^™.  Le  soleil  neptunien  l'attirant  3364  fois  moins, 
dans  sa  position  la  plus  favorable,  la  dévierait  donc  de  11  "29  dans  ce  même 
temps.  Déjà,  dans  l'état  actuel  des  choses,  Jupiter,  dont  la  masse  est  égale 
à  ytjij  de  celle  du  Soleil,  et  qui  arrive  à  la  distance  4,2  de  la  Terre,  agit  sm- 
nous  dans  la  proportion  de  iotoxi7.64  ^^  ^^  tïtôô  ^*  dévie  notre  planète 
de  2"  10  au  maximum.  Personne  ne  s'en  aperçoit,  assurément.  Personne  ne 
s'apercevrait  davantage  de  l'influence  causée  par  Neptune,  si  sa  masse  était 
même,  comme  nous  l'avons  posé,  81  000  fois  plus  considérable  que  celle  de 
la  Terre,  ou  cinq  mille  fois  plus  grande  qu'elle  n'est  en  réalité. 


168  L'ASTRONOMIE. 

Ce  raisonnement  est  établi  pour  le  mouvement  circulaire  ou  faiblement 
elliptique.  Dans  Thypothèse  d'une  grande  excentricité,  lors  même  que  les 
perturbations  seraient  dix  fois,  cinquante  fois,  cent  fois  plus  fortes,  l'exis- 
tence vitale  de  la  Terre  ne  serait  pas  mise  en  péril  pour  cela.  Celle  de  Vénus 
et  celle  de  Mercure  le  seraient  encore  moins.  Nos  saisons  seraient  un  peu 
différentes.  Nous  aurions  parfois  un  petit  soleil  venant  éclairer  certaines 
nuits  ou  ajouter  sa  lumière  à  certains  jours.  Les  choses  différeraient  plus  ou 
moins  de  ce  qu'elles  sont  actuellement.  Mais,  avec  la  meilleure  volonté  du 
monde,  il  est  impossible  de  trouver  aucune  raison  suffisante  pour  déclarer 
que,  dans  ces  conditions,  le  protoplasma,  origine  delà  vie  végétale,  animale 
et  humaine,  n'aurait  pu  se  former  comme  il  l'a  fait  dans  les  eaux  tièdes  des 
mers  de  Tépoque  primordiale. 

Il  est  vrai  que  les  systèmes  d'étoiles  doubles  présentent,  en  général,  des 
excentricités  considérables,  comparativement  même  à  nos  planètes  les  plus 
excentriques,  comme  on  peut  se  le  rappeler  par  le  petit  tableau  suivant  : 

Planètes.  Excentricités 

Mercure 0,21 

Atalante 0,30 

Polymnic 0,24 

iEthra 0,38 

.  Étoiles  doubles. 

Yj  Couronne  boréale  . . .  0,26 

7  Couronne  australe...  0,35 

Ç  Grande-Ourse 0,42 

<i)  Lion 0,54 

r,  Cassiopéc 0,62 

Ç  Bouvier 0,71 

r  Vierge 0,87 

Celte  dernière  est  la  plus  grande  de  toutes  celles  connues,  et  en  terminant 
la  série,  montre  que  tous  les  degrés  d'excentricité  sont  représentés  dans  les 
orbites  d'étoiles  doubles.  Sir  John  Herschel  en  concluait,  précisément  à  pro- 
pos du  beau  système  de  y  Vierge,  qui  a  fait  l'objet  spécial  de  ses  éludes,  que 
s'il  y  a  des  planètes  autour  de  chacun  de  ces  deux  soleils  «  elles  doivent  êti-e 
serrées  sous  l'aile  protectrice  de  leur  berceau.  »  Et  c'est  là,  en  effet,  ce  que 
l'on  peut  et  ce  que  l'on  doit  penser.  N'oublions  pas  que  la  distance  qui  sépare 
ces  deux  soleils  l'un  de  l'autre  est  bien  autrement  vaste  que  celle  qui  sépare 
Neptune  du  Soleil.  Cette  situation  crée,  sans  contredit,  des  conditions  toutes 
différentes  de  celles  qui  sont  réalisées  dans  notre  système  solaire;  mais 
pourquoi  prétendre  qu'il  faut  que  les  choses  soient  précisément  telles  qu'elles 
sont  ici,  ou  qu'elles  ne  soient  pas  du  tout?  L'enseignement  universel  de  la 


LES  CONDITIONS  DE  LA  VIE  DANS  L'UNIVERS.  169 

nature  nous  montre  au  contraire  une  tendance  à  une  diversité  presque  infi- 
nie. C'est  du  reste  là  un  point  de  controverse  fort  important,  sur  lequel  nous 
reviendrons  tout  à  l'heure. 

Et  quels  merveilleux  séjours  que  ceux  des  Mondes  éclairés  par  deux  soleils 
d'inégal  éclat  ou  de  différentes  couleurs  !  De  ce  que  nous  nous  chauffons 
aux  rayons  d'un  pâle  soleil,  M.  Faye  déclare  que,  partout  où  existent  deux 
brillants  soleils  de  diverses  nuances,  la  nature  est  restée  stérile  et  inanimée. 
C'est  l'histoire  de  l'Esquimau  transporté  dans  les  bosquets  d'or  du  rivage 
napolitain,  ébloui  des  ardeurs  d'une  trop  vive  lumière,  se  retournant  vers  le 
Nord  et  regrettant  la  patrie. 

lY. 

Après  avoir  exclu  les  étoiles  doubles,  M.  Faye  élimine  les  étoiles  variables, 
les  étoiles  rouges  et  les  étoiles  refroidies.  Dans  le  cas  précédent,  l'élimination 
était  fondée,  comme  nous  venons  de  le  voir,  sur  ce  que  nous  nous  permet- 
trons d'appeler  une  erreur  d'appréciation.  Dans  celui-ci,  elle  est  fondée  sur 
une  conception  partielle  et  incomplète  de  l'un  des  plus  grands  facteurs  de 
l'œuvre  cosmique,  le  Temps.  Prouvons-le. 

Les  étoiles  variables,  les  étoiles  rouges  et  les  étoiles  oxydées  sont  les  soleils 
d'hier,  comme  les  nébuleuses  sont  les  soleils  de  demain.  Mais  c'est  nous, 
homoncules  de  l'atome  terrestre,  qui  disons  hier  et  demain.  Ce  sont  là  des 
mots  dénués  de  sens  absolu.  Si  notre  conception  de  l'Univers  a  la  prétention 
de  s'élever  à  la  réalité,  il  faut  que,  quoi  qu'il  lui  en  coûte,  elle  comprenne 
que  notre  époque  actuelle  n'est  pas  plus  importante  que  celles  qui  l'ont 
précédée  et  que  celles  qui  la  suivront;  il  faut  qu'elle  embrasse  la  durée  des 
âges,  qu'elle  suive  les  soleils  et  les  systèmes  de  mondes  depuis  leur  nais- 
sance jusqu'à  leur  mort.  Lors  donc  que  nous  parlons  d'un  soleil  ou  d'une 
planète,  et  que  nous  voulons  apprécier  son  rôle  dans  la  création,  nous  devons 
considérer  l'astre  dans  sa  durée  totale,  et  non  dans  le  moment  isolé  et  insi- 
gnifiant où  nous  parlons  de  lui. 

Eh  bien!  dans  la  théorie  de  l'Univers  généralement  reçue  et  admise  par 
M.  Faye  (*)  comme  par  les  autres  astronomes,  les  étoiles  rouges,  les  étoiles 
variables,  les  étoiles  oxydées  chez  lesquelles  l'hydrogène  est  devenu  rare, 
sont  des  soleils  refroidis,  des  soleils  arrivés  à  leur  dernière  période.  Objecter 
à  la  doctrine  générale  de  la  pluralité  des  mondes  que  ces  soleils  ne  sont 
plus  propres  à  entretenir  la  vie  autour  d'eux,  c'est  simplement  dire  qu'il  n'y 
a  plus  personne  à  Thèbes,  à  Memphis  ou  à  Babylone.  Que  les  lecteurs  de 
l'habile  écrivain  ne  s'y  laissent  donc  pas  prendre.  Personne  n'a  jamais  exigé 

(*)  Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes,  187 i,  p.  482,  note. 

5* 


170  L'ASTRONOMIE. 

que  les  momies  se  lèvent  de  leurs  sarcophages  pour  venir  prêter  serment 
qu'elles  ont  réellement  vécu.  Les  soleils  oxydés  sont  de  vieux  soleils.  Ils  ont 
été  jeunes;  et  tout  ce  que  M.  Faye  a  accordé  tout  à  l'heure  à  ceux  qui  sont 
actuellement  jeunes,  il  faut  qu'il  l'accorde  pour  le  passé  à  ceux  qui  Tont  été 
autrefois.  Cette  nouvelle  objection  s'évanouit  donc  d'elle-même^  puisque  la 
doctrine  de  la  vie  universelle  ne  tient  pas  notre  époque  actuelle  pour  unique 
et  embrasse  le  temps  comme  Tespace. 

V. 

Descendant  des  régions  sidérales  aux  régions  planétaires,  Tauteur  rétrécit 
encore  davantage,  s'il  est  possible,  son  mode  d'argumentation,  en  avouant 
qu'il  ne  comprend  et  n'admet  aucune  sorte  d'êtres  vivants,  à  moins  qu'ils  ne 
soient  absolument  identiques  à  ceux  que  nous  avons  sous  les  yeux  sur 
la  Terre.  Et  il  qualifie  de  vulgaire  le  raisonnement  suivant,  dont,  pour  notre 
part,  nous  acceptons  pleinement  la  responsabilité  : 

«  On  avoue  que,  d'un  monde  à  l'autre,  les  milieux  varient,  probablement 
du  tout  au  tout;  mais,  s'il  s'agit  de  la  vie,  il  ne  serait  pas  rationnel,  dit-on, 
d'en  juger  par  ce  qui  se  passe  sous  nos  yeux,  sur  notre  propre  globe.  Nous  ris- 
quons fort  de  raisonner,  dit-on,  comme  un  individu  qui  n'aurait  jamais  vu  de 
fleuves,  de  lacs  ou  de  mers  :  celui-là  soutiendrait  que  la  vie  ne  peut  s'établir 
hors  d'une  atmosphère  respirable;  pour  lui,  tout  être  pénétrant  dans  les 
eaux  devrait  y  être  asphyxié.  Et  pourtant  les  eaux  sont  abondamment 
peuplées.  De  même,  ajoute-t-on^  la  vie,  avec  sa  flexibilité  indéfinie,  s'accom- 
mode des  circonstances  les  plus  diverses;  il  n'est  donc  pas  permis  de 
prononcer  qu'elle  est  absente  dans  des  régions  éloignées  de  l'Univers,  pai* 
cela  seul  que  les  milieux  ou  les  conditions  seraient  différents  des  nôtres. 

«  S'il  en  était  ainsi,  nous  n'aurions  qu'à  clore  ici  ce  chapitre  (').  » 

M.  Faye  a  merveilleusement  et  très  clairement  posé  là  sa  pétition  de  prin- 
cipe. Psychologiquement,  au  surplus,  c'est  la  même  idée  que  celle  dont  il  a 
été  question  au  début  de  cette  discussion  :  «  Il  n'y  a  dans  l'Univers  que  ce 
que  nous  voyons,  que  ce  que  nous  connaissons,  que  ce  que  nous  compre- 
nons, w  II  serait  facile  de  retrouver  dans  la  longue  et  belle  carrière  scienti- 
liquc  de  M.  Faye  des  afiirmations  analogues  qui  ont  été  contredites,  de  son 
vivant  même,  par  les  progrès  si  rapides  de  la  Science  moderne.  Mais  nous 
SLTiou-s  désolé  de  lui  faire  aucune  peine,  et,  au  lieu  de  citer  ses  propositions 
anciennes  personnelles,  du  même  ordre  que  les  précédentes,  que  la  Science 
a  complètement  renversées  depuis,  nous  en  emprunterons  d'analogues  à  ses 
collègues  de  l'Institut  —  et  à  ses  collègues  morts,  pour  éviter  aussi  là  les 

(V,i  Sur  VOrigine  du  Monde,  p.  245. 


f 


LES  CONDITIONS  DE  LA  VIE  DANS  L'UNIVERS.  171 

moindres  blessures  d'amour-propre  et  laisser  notre  dissertation  planer  dans 
les  hauteurs  impersonnelles  où  elle  doit  se  tenir. 

L'éminent  astronome  français  nous  paraît  appartenir  à  la  môme  école  que 
les  illustres  naturalistes  qui  ont  justement  fait  en  ce  siècle  l'orgueil  de 
l'Académie,  Cuvier  et  Flourexs.  Ces  deux  grands  hommes  auraient  pu  dii*e 
également  : 

«  Nous  ne  voyons  pas  les  espèces  végétales  et  animales  changer  autour  de 
nous  :  donc  elles  ne  changent  pas;  donc  elles  sont  immuables;  donc  elles 
ont  été  créées  tout  d'une  pièce,  telles  que  nous  les  voyons.  » 

Ils  n'auraient  pas  seulement  pu  tenir  ce  langage,  ils  l'ont  tenu  en  réalité. 
Écoutons-les  un  instant  ; 

«  Les  espèces  sont  constantes  et  immuables.  De  quelque  côté  que  Ton 
envisage  la  question,  l'immutabilité  des  espèces  est  le  grand  fait,  le  fait  qui 
ressort  de  tout  et  que  tout  démontre  {*).  » 

«  Pour  concevoir  la  transformation  d'une  espèce  en  une  autre,  on  serait 
forcé  d'admettre  des  modifications  lentes  et  graduées,  et  par  conséquent  des 
événements  ou  des  causes  qui  aient  agi  graduellement  aussi.  Or,  de  telles 
causes  n'ont  point  existé.  Les  catastrophes  qui  sont  venues  détruire  les  espèces 
ont  été  subites,  instantanées  (').  » 

«  Lors  donc  qu'on  irait  jusqu'à  accorder  que  les  espèces  anciennes  au- 
raient pu,  en  se  modifiant,  se  transformer  en  celles  qui  existent  aujourd'hui, 
cela  ne  servirait  à  rien,  car,  comme  le  dit  M.  Cuvier,  elles  n'auraient  pas  eu 
le  temps  de  se  livrer  à  leurs  variations  (').  » 

«  Les  espèces  perdues  ne  sont  pas  des  variétés  des  espèces  vivantes.  Pour- 
quoi les  races  actuelles,  me  dira-t-on,  ne  seraient-elles  pas  des  modifications 
de  ces  races  anciennes  que  l'on  trouve  parmi  les  fossiles,  modifications  qui 
auraient  été  produites  par  les  .circonstances  locales  et  le  changement  de 
climat,  et  portées  à  cette  extrême  différence  par  la  longue  succession  des 
années?  On  peut  répondre  que,  si  les  espèces  ont  changé  par  degré,  on  devrait 
trouver  des  traces  de  ces  modifications  graduelles,  et  que  cela  n'est  point 
arrivé.  Donc,  etc.  (*)•  » 

Sans  multiplier  ces  citations,  qu'il  nous  suffise  de  dire  que  toutes  ces 
affirmations  officielles  de  Cuvier  et  Flourens  sont  aujourd'hui  renversées  de 
fond  en  comble  par  les  progrès  de  la  Science.  Les  révolutions  du  globe  n'ont 
pas  été  a  subites,  instantanées  ».  Les  espèces  n'ont  pas  été  l'objet  d'une 
création  directe  du  Pouvoir  créateur  :  elles  se  tiennent  toutes  comme  les 

{*)  Flourens.  Histoire  des  travaux  de  Cuvier, 

(«)        id.  id.  id.  id. 

(•)        id.  id.  id.  id. 

{*)  Cuvier.  Discours  sur  les  révolutions  du  globe. 


i72  L'ASTRONOMIE. 

anneaux  d'une  chaîne.  On  a  retrouvé  des  espèces  intermédiaires.  Les  causes 
ont  agit  graduellement  et  lentement.  L'espèce  n'est  pas  immuable,  et  même, 
en  fait,  elle  n'existe  pas.  Or,  Guvier,  Flourens  et  leurs  émules  se  sont  obstinés 
à  ne  pas  voir  plus  loin  que  leur  horizon  immédiat.  Pour  quelles  raisons? 
Nous  ne  le  rechercherons  pas.  Mais  la  théorie  naturelle  de  la  transformation 
des  espèces  avait  été  magistralement  posée,  dès  le  commencement  du  siècle, 
par  Lamarck,  et  elle  a  été  éloquemment  défendue  contre  Cuvier  même, 
en  1830,  par  Geoffroy  Saint-Hilaire.  Mais  ces  esprits  sont  restés  volon- 
tairement fermés  à  tout  ce  qui  était  en  dehors  du  cadre  de  leurs  idées  quo- 
tidiennes; ils  se  sont  tenus  surtout  à  la  tête  des  honneurs  et  des  places 
officielles;  Lamarck  est  mort  méconnu  et  abandonné  comme  une  nullité  au 
Muséum  d'histoire  naturelle;  tous  les  partisans  de  la  doctrine  du  transfor- 
misme ont  été  traités  de  rêveurs,  jusqu'au  jour  où  le  naturaliste  indépendant 
Darwin,  reprenant  l'œuvre  de  Lamarck,  la  répandit  sur  le  monde  et  l'imposa. 
Ne  semble-t-il  pas  que,  pour  leur  gloire,  les  négateurs  de  cette  grande  doctrine 
eussent  été  mieux  inspirés  de  voir  un  peu  plus  loin?  S'appeler  Cuvier  et 
fermer  les  yeux,  n'est-ce  pas  là  un  exemple  regrettable? 

Il  y  a  moins  loin  qu'on  ne  le  supposerait  du  raisonnement  de  Cuvier  à 
celui  de  M.  Faye  :  c'est  le  même  principe.  (Il  serait  superflu  de  déclarer  que 
nous  n'établissons  aucun  parallèle  entre  les  caractères  scientifiques  de  notre 
contemporain  et  celui  de  ses  aînés  :  nous  sommes  aux  antipodes  d'une 
pareille  intention).  Mais,  en  principe,  M.  Faye  raisonne  comme  eux  :  il  ne 
veut  rien  admettre  en  dehors  de  l'observation  immédiate,  et  pour  lui  la 
faculté  d'abstraire  et  de  généraliser  semble  lettre  morte. 

Le  pouvoir  amplificateur  des  télescopes  n'ira  jamais  plus  loin  qu'au- 
jourd'hui. On  n'inventera  pas  de  nouvelles  méthodes  d'observation.  On  ne 
verra  «  jamais  »  les  planètes  des  autres  systèmes. 

Huygens,  célèbre  astronome  aussi,  avait  déjà  dit,  en  1655,  après  avoir 
découvert  le  principal  satellite  de  Saturne  :  «  Ce  satellite  est  le  seul,  car, 
comme  il  n'y  a  que  six  planètes  il  ne  doit  exister  que  six  satellites.  »  Depuis, 
on  en  a  découvert  sept  autres  à  Saturne  seul ,  quatre  à  Uranus,  deux  à 
Mars,  etc. 

En  1828,  MM.  Thiers  et  Dupin  ne  déclaraient-ils  pas  que  les  chemins  de 
\  ter  n'avaient  aucun  avenir  et  que  les  locomotives  ne  remplaceraient  jamais 

i  les  diligences,  les  roues  devant  tourner  sur  place  ?»  —  Depuis,  les  chemins 

f  de  fer  ont  transformé  la  face  du  monde. 

(Nous  ne  parlerons  pas  de  la  manière  dont  Napoléon  a  traité  l'invention  de 
Fulton,  Napoléon  n'étant  pas  un  homme  de  sciences.) 

Les  naturalistes  disaient,  il  y  a  vingt  ans  :  «  La  pression  et  l'obscurité  sont 
deux  obstacles  insurmontables  à  l'existence  d'êtres  vivants  à  partir  de  trois 


ir 


LES  CONDITIONS  DE  LA  VIE  DANS  L'UNIVERS.  173 

cents  mètres.  L'Océaa  est  un  désert.  »  —  Depuis,  on  a  trouvé  les  êtres  les 
plus  ravissants  et  les  plus  délicats  à  sept  et  huit  mille  mètres  de  profondeur. 

M.  Faye  écrit  aujourd'hui  :  «  La  Science  de  nos  jours  se  sait  en  possession 
de  méthodes  qui  la  font  pénétrer  à  la  fois  jusqu'aux  derniers  atomes  des 
corps  et  jusqu'aux  dernières  étoiles  du  Ciel.  »  —  Quelle  illusion! 

Il  dit  encore  :  «  On  ne  saurait  croire  que  la  vie  puisse  être  jamais  transmise 
d'un  globe  à  un  autre  par  les  météorites,  qui,  en  entrant  dans  notre  atmos- 
phère, passent  bi'usquement  du  froid  de  l'espace  à  la  plus  vive  incan- 
descence. »  —  Or,  sans  même  prendre  parti  pour  ou  contre  une  telle  hypo- 
thèse, on  peut  répondre  que  cette  incandescence  ne  serait  pas  un  obstacle  à 
la  conservation  de  germes  quelconques,  puisqu'il  n'y  a  que  la  surface  des 
uranolithes  qui  s'échauffe  et  que  l'intérieur  reste  glacé  à  un  tel  point,  qu'on 
s'est  plus  d'une  fois  brûlé  les  doigts  en  touchant  cet  intérieur  mis  à  jour. 

Et  encore  :  «  L'azote,  l'oxygène  et  la  vapeur  d'eau  sont  par  eux-mêmes 
absolument  insuffisants  pour  entretenir  la  vie.  Si  notre  atmosphère  et  nos 
eaux  venaient  à  être  privées  des  faibles  traces  d'acide  carbonique  qu'elles 
contiennent,  la  vie  ne  tarderait  pas  à  disparaître  de  la  surface  de  ce  globe. 
Il  en  serait  encore  de  même  si  la  proportion  de  ce  gaz  dépassait  certaines 
limites  (*).  »  —  Eh  bien,  quoique  notre  atmosphère,  constituée  telle  qu'elle 
est,  soit  le  milieu  normal  des  êtres  qui  y  respirent,  il  y  a,  sur  la  terre  même, 
des  êtres  qui  peuvent  vivre  sans  air,  sans  oxygène  :  ceux-là,  l'oxygène  les 
tue  !  Exemple  le  bacillns  amylobacter. 

«  Il  faut  aussi  un  peu  de  chaux  »  (*).  —  Et  les  êtres  qui  n'en  ont  pas  du 
tout  et  qui  la  remplacent  par  la  silice  ? 

Il  faut  encore  que  tout  soit  juste  dans  les  proportions  terrestres  :  «  L'ana- 
lyse spectrale  montre  que  les  éléments  premiers  des  corps  sont  partout  les 
mêmes;  partout  on  rencontre  les  mômes  affinités,  les  mômes  combinai- 
sons. Mais  ces  éléments  ne  se  retrouvent  pas  partout  dans  les  mêmes  propor- 
tions (').  » 

Il  faut  encore  «  exclure  les  globes  qui,  comme  Saturne,  sont  entourés 
d'anneaux  opaques  dont  l'ombre,  portée  sur  les  régions  les  plus  favorables 
au  développement  de  la  vie,  y  produit  çà  et  là,  périodiquement,  des  éclipses 
continuelles  (*).  » 

Etc.,  etc.  Nous  ne  voulons  pas  fatiguer  le  lecteur  de  citations  trop  multi- 
pliées. Celles  qui  précèdent  sufiisent  amplement  pour  montrer  que,  dans  la 
pensée  de  M.  Faye  le  seul  mode  d'existence  qu'il  accepte  et  qu'il  permette  à 

(')  Annuaire,  1874,  p.  489. 
(*)  Sur  VOrigine  du  Monde,  p.  247. 
(•)  id.      .        id.  p.  248. 

*)  Annuaire,  p.  485 


174  L'ASTRONOMIE. 

la  nature  de  réaliser  est  celui  qui  se  rencontre  actuellement  sur  notre  planète, 
dans  les  conditions  actuellement  connues  de  l'auteur.  Tout  séjour  qui  ne 
ressemble  pas  au  nôtre,  ou,  pour  mieux  dire  encore,  qui  n'est  pas  identique 
au  nôtre,  est  fatalement  condamné  à  la  stérilité  éternelle. 

Dans  cette  opinion,  il  n'y  a,  par  pétition  de  principe  même,  que  la  Terre 
d'habitable.  Ainsi,  dans  notre  système  solaire,  Mars,  avec  ses  saisons,  ses 
eaux,  son  atmosphère,  ses  météores,  ses  continents,  ses  mers,  ressemble 
tant  à  notre  patrie,  que  notre  sévère  juge  ne  peut  guère  s'empocher  de  lui 
permettre  d'être  habité  comme  notre  globe,  mais  ce  n'est  encore  qu'avec  un 
regret  bien  senti  :  «  Encore  faut-il  avouer  que  l'aspect  invariable  de  ses 
continents  rouges,  contrastant  avec  ses  mers  légèrement  verdâtres,  n'est 
guère  favorable  à  l'idée  d'une  vie  organique  largement  développée  à  sa 
surface.  »  On  le  voit,  pour  un  rien,  l'auteur  rejetterait  aussi  ce  petit  Monde 
voisin  dans  le  néant  des  solitudes  infinies,  et  la  Terre  resterait  seule,  comme 
au  temps  de  Ptolémée,  au  milieu  de  l'immensité  déserte  et  vide. 

Eh  bien,  nous  osons  dire  que  la  nature  proteste  tout  entière  contre  cette 
étroite  interprétation  de  ses  forces  et  de  sa  grandeur.  Toutes  les  sciences  or- 
ganiques, la  physiologie,  la  chimie  organique,  la  paléontologie,  la  microgra- 
phie s'unissent  pour  affirmer  que  l'on  est  mal  fondé  à  enfermer  les  puissances 
vitales  dans  le  cadre  minuscule  de  l'observation  immédiate.  Déjà  nous  avons 
rappelé  tout  à  l'heure  l'éloquent  démenti  donné  parles  explorations  sous-ma- 
rines aux  négations  des  naturalistes  à  courte  vue  qui  refusaient  doctorale- 
ment  toute  possibilité  d'existences  dans  les  profondeurs  océaniques.  Nous 
allons  juger  de  la  diversité  de  la  vie  et  de  ses  variations  prodigieuses  dans  le 
cadre  mome  de  la  nature  terrestre. 

{La  suite  prochainement.)  Camille  Flammarion. 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L'ASTRONOMIE. 

L'INSTRUMENT  MÉRIDIEN  ET  LES  OBSERVATIONS  MÉRIDIENNES 

(Suite.)  (') 

III.  —  Il  nous  reste  à  expliquer  comment  on  peut  se  mettre  à  Tabri  des  erreurs 
qui  tiennent  à  la  marche  imparfaite  de  l'horloge  sidérale.  Remarquons  d'abord 
qu'il  ne  faut  pas  s'exagérer  le  rôle  de  l'horloge  dans  les  observations  méridiennes; 
ce  serait  une  grave  illusion  que  de  voir  dans  l'horloge  un  instrument  pouvant  se 
suffire  à  lui  seul,  et  capable  de  donner  en  tout  temps  l'heure  sidérale  dès  qu'il 
aurait  été  bien  réglé  une  fois  pour  toutes. 

Sans  aborder  ici  les  difficiles  questions  philosophiques  que  soulèvent  la  mesure 

(')  Voir  l'Astronomie,  T.  IV,  N-  4  (Avril  1885),  p.  138  et  seq. 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L'ASTRONOMIE.  175 

du  temps  et  le  choix  de  Tunité,  nous  nous  bornerons  à  rappeler  que,  d'un  accord 
unanime,  les  astronomes  ont  adopté  pour  unité  de  temps  le  jour  sidéral,  c'est- 
à-dire  le  temps  que  met  la  Terre  à  faire  une  rotation  complète  autour  de  son  axe. 
Au  point  de  vue  de  Tobseryation,  c'est  le  temps  qui  s'écoule  entre  deux  retours 
consécutifs  d'une  même  étoile  dans  le  plan  méridien.  On  voit  déjà  que  l'horloge 
devra  être  réglée  d'après  les  observations,  de  sorte  qu'en  dernière  analyse,  c'est 
dans  le  Ciel,  et  non  sur  le  cadran  qu'il  faut  aller  chercher  les  indications  fonda- 
mentales propres  à  la  mesure  du  temps.  L'horloge  ne  sert  que  d'intermédiaire; 
elle  joue  simplement  le  rôle  d'un  garde-temps.  Si  du  moins  on  en  pouvait  réaliser 
une  assez  parfaite  pour  que  les  battements  du  pendule  fussent  rigoureusement 
isochrones  pendant  seulement  un  jour  sidéral,  les  observations  méridiennes 
seraient  singulièrement  simplifiées,  et  les  indications  du  cadran  suffiraient  à  la 
mesure  des  ascensions  droites  des  astres,  saujs  qu'il  soit  nécessaire  de  connaître 
au  préalable  les  ascensions  droites  d'un  certain  nombre  d'étoiles  fondamentales. 
On  pourrait,  en  effet,  observer  à  la  lunette  méridienne,  à  24*»  d'intervalle,  deux 
passages  successifs  d'une  même  étoile  dans  le  plan  méridien,  et  noter  les  heures 
correspondantes  indiquées  par  la  pendule.  On  devrait  retrouver  exactement  la 
même  minute  et  la  même  seconde;  mais  comme  un  réglage  rigoureux  est  impos- 
sible, il  y  aura  toujours  une  petite  différence;  supposons  que,  lors  de  la  seconde 
observation,  on  trouve  ls3  en  plus  que  lors  de  la  première.  On  en  conclura  que 
le  mouvement  de  la  pendule  est  un  peu  trop  rapide  et  qu'en  une  période  de  24»>  le 
mouvement  des  aiguilles  indique  24^0'»  1*,  3.  Dès  lors,  une  simple  règle  de  trois 
permettrait  de  déterminer  avec  exactitude  le  temps  qui  s'est  écoulé  entre  deux 
époques  relevées  avec  soin  sur  l'horloge,  et  par  suite  entre  les  passages  au  méri- 
dien de  deux  étoiles  quelconques.  On  pourrait  ainsi  connaître  les  différences 
d'ascensions  droites  de  toutes  les  étoiles  observées,  et  il  ne  resterait  plus  qu'à 
déterminer  l'heure  indiquée  par  l'horloge  au  moment  où  le  cercle  horaire  choisi 
pour  origine  viendrait  à  coïncider  avec  le  plan  méridien,  pour  en  déduire  les 
ascensions  droites  de  toutes  les  étoiles  observées. 

Malheureusement,  trop  de  causes  diverses  influent  sur  la  marche  des  meilleures 
pendules  pour  qu'il  soit  possible  de  compter  sur  la  régularité  absolue  de  leur  mou- 
vement, même  pendant  une  courte  période  de  24»».  Il  est  bien  évident  qu'on  s'at- 
tachera à  atténuer  autant  que  possible  l'effet  de  ces  causes  d'erreurs,  parmi  les- 
quelles il  faut  citer  en  première  ligne  les  variations  de  la  température  et  de  la 
pression  atmosphérique.  Les  variations  de  la  température  produisent  des  dilata- 
tions et  des  contractions  qui  modifient  la  longueur  du  pendule  et  par  suite  la 
durée  de  ses  oscillations  ;  les  variations  de  la  pression  et  de  l'état  hygrométrique 
ont  pour  effet  de  modifier  la  poussée  de  l'air  et,  par  conséquent,  le  poids  appa- 
rent du  pendule,  d'où  résultent  encore  des  inégalités  dans  la  durée  des  oscil- 
lations. On  remédie  à  ces  inconvénients  en  compensant  le  mieux  qu'on  peut  la 
tige  du  balancier,  à  Taide  de  tringles  en  métaux  inégalement  dilatables,  disposées 
de  manière  que  le  pendule  conserve  la  même  longueur  malgré  les  variations  de 
la  température.  De  plus,  on  place  l'horloge  dans  une  cave  assez  profonde  pour 


170  1/ASTKONOMIE. 

que  la  température  y  reste  constante  pendant  toute  la  durée  de  Tannée,  et  on 
renferme  dans  une  caisse  de  tôle  épaisse  hermétiquement  fermée,  afin  de  la  sous- 
traire aux  variations  de  pression.  Enfin  on  introduit  dans  cette  caisse  une  sub- 
stance hygrométrique  qui  absorbe  de  la  vapeur  d'eau  quand  celle-ci  est  en  excès 
et  qui  en  abandonne  quand  l'atmosphère  environnante  est  trop  sèche.  On  avait 
d'abord  songé  à  employer  une  substance  desséchante,  comme  le  chlorure  de  cal- 
cium, l'acide  phosphorique  anhydre  ou  la  pierre  ponce  imbibée  d'acide  sulfurique, 
qui  absorbent  complètement  la  vapeur  d'eau  contenue  dans  une  enceinte  fermée; 
mais  on  a  reconnu  que,  soit  à  cause  d'unépaississement  trop  rapide  des  huiles, 
soit  pour  toute  autre  raison,  les  rouages  ne  pouvaient  fonctionner  et  s'arrêtaient 
fatalement  dans  un  air  absolument  sec.  Par  des  communications  électriques  l'hor- 
loge ainsi  renfermée  commande  tous  les  compteurs  de  l'Observatoire. 

Malgré  toutes  ces  précautions,  le  mouvement  de  l'horloge  ne  présente  pas  encore 
une  régularité  suffisante  pour  que  l'on  puisse  compter  sur  ses  seules  indications 
pendant  la  période  de  24^  qui  serait  nécessaire  à  Tapplication  de  la  méthode  qui 
vient  d'être  décrite.  Il  n'y  a  pas  lieu  de  s'en  étonner,  dès  que  l'on  songe  que  les 
observations  doivent  être  faites  avec  une  précision  d'au  moins  un  dixième  de 
seconde.  On  est  alors  obligé  de  contrôler  la  marche  de  la  pendule  pendant  la 
durée  même  des  observations,  et  c'est  ici  qu'intervient  le  rôle  des  étoiles  fonda- 
mentales qui  servent  précisément  à  ce  contrôle.  On  observe  un  certain  nombre 
de  ces  étoiles  en  même  temps  que  celles  dont  on  veut  déterminer  la  position,  et 
c'est  l'observation  de  ces  étoiles  fondamentales  qui  fait  connaître  la  correction  et 
la  marche  de  l'horloge,  de  sorte  qu'en  définitive  on  ne  peut  déterminer  autre 
chose  que  les  différences  entre  les  ascensions  droites  des  étoiles  inconnues  et 
celles  des  étoiles  fondamentales.  On  ne  fait  donc  que  des  observations  différen- 
tielles, comme  nous  l'avons  annoncé  dans  notre  précédent  article.  Voici  du  reste 
le  procédé  généralement  suivi  ;  une  série  d'observations  dure  de  trois  à  quatre 
heures,  pendant  lesquelles  on  peut  compter  sur  la  marche  régulière  de  l'horloge. 
On  observera  au  début  et  à  la  fin  de  la  série  quatre  ou  cinq  étoiles  fondamentales 
dont  l'ascension  droite  bien  connue  est  donnée  dans  la  Connaissance  des  Temps 
pour  tous  les  jours  de  l'année.  La  différence  entre  l'ascension  droite  d'une  de  ces 
étoiles  et  l'heure  indiquée  par  l'horloge  au  moment  de  l'observation  fait  connaître 
la  correction  qu'il  faut  appliquer  à  ce  moment  aux  indications  de  la  pendule. 
On  fera  la  moyenne  de  ces  différences  pour  les  quatre  étoiles  du  début,  et  la 
moyenne  pour  les  quatre  étoiles  de  la  fin.  Le  plus  souvent,  ces  deux  moyennes  ne 
seront  pas  identiques  et  leur  différence  montrera  si  la  pendule  marche  trop  vite 
ou  trop  lentement.  Il  ne  restera  plus  qu'à  répartir  cette  différence  proportionnel- 
lement au  temps  pour  trouver  la  correction  qu'il  faut  appliquer  à  chacune  des 
observations  de  la  série.  8i  la  série  d'observations  se  prolongeait  plus  longtemps, 
il  faudrait  la  fractionner  en  plusieurs  parties  de  trois  à  quatre  heures  comportant 
chacune  les  observations  de  quatre  ou  cinq  étoiles  fondamentales  au  début  et  à 
la  fin,  et  que  l'on  réduirait  séparément  ensuite. 

On  voit  d'après  ce  qui  précède  que  les  calculs  multiples  que  nécessite  la  cor- 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L'ASTRONOMIE.  177 

rection,  ou,  pour  employer  le  mot  consacré,  la  réduction  des  observations,  ne  lais- 
sent pas  que  d'être  assez  pénibles  :  ils  exigent  un  temps  qui  dépasse  de  beaucoup 
celui  des  observations.  Cependant  les  réductions  des  observations  d'ascension 
droite  sont  rapides  et  commodes  quand  on  les  compare  à  celles  des  observations 
de  déclinaison  dont  il  nous  reste  à  parler. 

La  détermination  de  la  déclinaison  d'une  étoile  se  fait  au  moyen  d'un  cercle 
divisé,  installé  dans  le  plan  méridien  et  fixé  à  une  lunette  dont  le  réticule  porte 
un  fil  horizontal.  Le  tout  forme  un  système  mobile  autour  d'un  axe  horizontal 
perpendiculaire  au  plan  du  méridien.  En  face  du  cercle  divisé  se  trouve  un  index 
immobile  fixé  au  pilier  de  pierre  qui  supporte  tout  l'appareil.  Une  pince  avec  vis 
de  pression  permet  de  fixer  le  cercle  dans  une  position  invariable,  et  une  vis  de 
rappel  peut  lui  imprimer  un  mouvement  très  lent.  Pour  observer  une  étoile,  on 
cale  le  cercle  à  l'aide  de  la  pince  dès  que  l'on  voit  l'étoile  arriver  dans  le  champ 
de  la  lunette,  puis,  en  agissant  sur  la  vis  de  rappel,  on  amène  l'étoile  à  être  bis- 
sectée  par  le  fil  horizontal  au  moment  où  elle  se  trouve  au  milieu  du  champ.  La 
lecture  de  la  division  du  cercle  qui  se  trouve  en  face  de  Tindex  fixe  définit  com- 
plètement la  direction  du  rayon  visuel  de  l'étoile.  Si  le  pôle  du  ciel  était  visible 
dans  le  ciel  et  pouvait  être  observé  comme  une  étoile  ordinaire,  on  pourrait  de 
la  même  manière  déterminer  la  division  du  cercle  qui  se  trouve  sous  Tindex 
quand  l'axe  optique  est  dirigé  vers  le  pôle,  et  la  différence  des  deux  lectures 
ferait  immédiatement  connaître  la  distance  angulaire  de  l'étoile  au  pôle;  d'où  Ton 
déduirait  facilement  la  déclinaison,  c'est-à-dire,  la  distance  à  Téquateur.  On 
comprend  que  l'observation  ne  puisse  pas  être  aussi  simple  puisque  le  pôle  du 
ciel  est  naturellement  invisible.  La  véritable  difficulté  du  problème  consiste  à 
déterminer  avec  le  plus  de  précision  possible  la  division  du  cercle  qui  corres- 
pond au  pôle.  L'observation  d'une  étoile  fondamentale  en  donnera  immédiatement 
la  solution  :  puisque  la  déclinaison  de  cette  étoile  est  connue,  sa  distance  au  pôle 
l'est  également;  il  suffira  de  pointer  cette  étoile  et  de  lire  la  division  qui  se 
trouve  en  face  de  l'index.  Comme  les  divisions  du  cercle  vont  en  croissant  quand 
on  le  fait  tourner  du  pôle  vers  l'équateur,  on  comprend  qu'en  retranchant  de 
cette  lecture  la  distance  polaire  de  l'étoile  on  pourra  calculer  la  lecture  qu'où 
aurait  obtenue  si  l'instrument  avait  pu  être  directement  dirigé  vers  le  pôle.  Pour 
augmenter  la  précision,  on  observera  plusieurs  étoiles  fondamentales  au  lieu 
d'une  seule,  et  l'on  prendra  la  moyenne  des  résultats  qu'elles  fournissent  isolé- 
ment. On  pourra  juger  de  la  qualité  des  observations  de  la  série  par  Taccord 
plus  ou  moins  grand  de  tous  ces  résultats.  Maïs  on  voit  clairement  que,  par  ce 
procédé,  on  ne  détermine,  en  fait,  que  les  différences  entre  les  déclinaisons  des 
étoiles  observées  et  celles  des  étoiles  fondamentales. 

Les  erreurs  auxquelles  on  est  exposé  dans  ce  genre  d'observations  sont  de 
quatre  espèces  : 

1®  Celles  qui  tiennent  à  l'imperfection  du  pointé.  Il  n'est  pas  aussi  facile  qu'on 
peut  le  croire  d'amener  une  étoile  à  être  bissectée  par  un  fil,  surtout  lorsque, 


178  L'ASTRONOMIE. 

Tatmosphère  n'étant  pas  très  calme,  l'image  de  l'étoile  parait  animée  de  petits 
mouvements  irréguliers  dus  à  la  marche  irrégulière  et  changeante  des  rayons 
lumineux  à  travers  des  couches  d'air  d'inégale  densité,  dont  la  disposition  varie 
incessamment.  Deux  observateurs  différents  n'effectuent  pas  le  pointé  de  la  même 
manière,  de  sorte  qu'il  est  indispensable  de  ne  jamais  réunir  en  une  seule  série 
les  observations  de  plusieurs  observateurs. 

2»  Les  erreurs  tenant  à  ce  que  le  pointé  aurait  été  foit  un  peu  avant  ou  après 
le  passage  de  l'étoile  au  méridien;  on  trouverait  alors  une  distance  polaire  trop 
grande.  L'observateur  doit  donc  connaître  quelle  est  la  position  du  champ  de  la 
lunette  qui  correspond  bien  au  plan  méridien  :  ce  n'est  pas  toujours  le  milieu. 
Lorsque  le  cercle  divisé  est  fixé  à  la  lunette  méridienne  elle-même,  c'est  le  même 
observateur  qui  fait  les  deux  genres  d'observations.  Dans  la  lunette  méridienne, 
toujours  réglée  avec  soin,  la  position  du  méridien  est  facile  à  connaître.  Lorsque 
les  deux  instruments  sont  séparés,  il  y  a  toujours  un  observateur  à  chacun  d'eux, 
et  la  lunette  du  cercle  mural  est  toujours  beaucoup  moins  bien  réglée  que  celle 
qui  ne  sert  qu'aux  observations  de  passage.  Aussi,  l'observateur  d'ascension  droite 
indique  à  son  aide  le  passage  de  l'étoile  dans  la  région  qui  correspond  au  méri- 
dien, en  comptant  à  ce  moment  la  seconde  à  haute  voix.  Du  reste,  les  observations 
faites  en  dehors  du  méridien  ne  sont  pas  nécessairement  perdues;  elles 
peuvent  être  utilisées  moyennant  correction,  si  l'on  a  noté  l'instant  du  pointé,  car 
on  connaîtra  d'après  cette  indication  combien  de  secondes  en  avance  ou  en 
retard  le  pointé  aura  été  fait,  ce  qui  permettra  de  calculer  l'erreur  commise,  à 
l'aide  de  procédés  qu'il  ne  nous  est  pas  possible  de  décrire. 

3^  Les  erreurs  dues  à  la  réfraction  des  rayons  de  lumière  dans  son  passage  à 
travers  l'atmosphère.  Cette  question  de  la  réfraction  est  d'une  importance  consi- 
dérable. Au  point  de  vue  théorique,  elle  présente  des  difficultés  insurmontables, 
car  il  faudrait  connaître  la  loi  suivant  laquelle  varie  la  densité  de  l'air  avec  1  alti- 
tude pour  pouvoir  calculer  la  déviation  des  rayons  lumineux.  Heureusement, 
toutes  les  lois  que  Ton  peut  raisonnablement  imaginer  conduisent  à  des  conclu- 
sions à  peu  près  identiques  tant  que  les  astres  observés  sont  à  plus  de  20  à25ode 
hauteur  au-dessus  de  Thorizon.  On  a  pu  construire  des  tables  qui  font  connaître  la 
déviation  des  rayons  de  lumière  quand  on  connaît  la  hauteur  de  l'étoile,  ainsi  que  la 
température  et  la  pression  barométrique  dans  le  voisinage  du  sol.  Ces  tables  per- 
mettent de  corriger  les  observations  des  effets  de  la  réfraction,  mais  il  faut  noter  la 
température  et  la  hauteur  du  baromètre  tous  les  quarts  d'heure  environ  pendant  la 
durée  des  observations.  Il  importe  aussi  que  la  température  de  la  salle  d'observation 
soit  la  même  qu'à  l'extérieur,  afin  que  les  rayons  ne  subissent  pas  une  réfraction 
particulière  dans  le  tube  même  de  la  lunette.  Il  faudra  donc  ouvrir  largement  les 
trappes  et  les  fenêtres  quelque  temps  avant  de  commencer  les  observations.  Enfin, 
il  faudra  s'abstenir  d'observer  des  astres  trop  près  de  l'horizon.  On  admet  que  les 
couches  d'air  d'égale  densité  sont  disposées  horizontalement  les  unes  au-dessus 
des  autres,  de  manière  que  la  réfraction  ne  peut  dévier  les  rayons  que  dans  le 
plan  vertical.  Mais  cette  hypothèse,  très  légitime  pendant  les  temps  calmes,  ne 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L'ASTRONOMIE. 

Fig.  07. 


179 


Instrument  méridien  donné  par  M.  BischoCTsheim  à  TObservatoire  de  Paris 


180  L'ASTRONOMIE. 

peut  plus  guère  être  acceptée  pendant  les  nuits  de  grand  vent;  alors  il  peut  se 
produire  des  réfractions  latérales  qui  dévient  les  images  à  droite,  et  à  gauche  et 
affectent  par  conséquent  les  observations  d'ascension  droite,  ce  que  ne  peut  faire 
en  aucune  façon  la  réfraction  normale.  Il  est  impossible,  faute  de  données,  de 
tenir  compte  de  ces  réfractions  anormales.  On  ne  peut  que  se  borner  à 
suspecter  les  observations  effectuées  pendant  une  grande  agitation  de  Tatmo- 
sphère. 

40  Les  erreurs  qui  tiennent  à  l'installation  même  de  Finstrument.  On  s'attache 
évidemment  à  les  diminuer  le  plus  possible,  et  le  détail  des  dispositions  adoptées 
à  cet  eflfet  nous  conduit  naturellement  à  la  description  de  l'instrument.  Nous 
allons  décrire  celui  qui  a  été  donné  à  l'Observatoire  de  Paris  par  M.  Bischoffsheim, 
dont  nous  avons  déjà  parlé  dans  notre  précédent  article,  et  qui  est  représenté 
(fig,  67).  Mais  auparavant,  il  importe  de  dire  quelques  mots  des  microscopes  qui 
servent  d'index  fixes  pour  relever  la  position  du  cercle. 

Nous  avons  raisonné  dans  ce  qui  précède  comme  si  l'instrument  était  muni 
d'un  simple  index  en  face  duquel  viendraient  successivement  se  placer,  dans  le 
mouvement  de  rotation  de  l'instrument,  toutes  les  divisions  du  cercle.  Il  est  bieu 
évident  qu'une  pareille  disposition  serait  tout  à  fait  insuffisante.  Le  cercle  eu 
cuivre  est  divisé  sur  sa  face  plate  de  cinq  minutes  en  cinq  minutes.  Un  micro- 
scope fixé  au  pilier  de  marbre  que  l'on  voit  sur  la  gauche  du  dessin  porte  un  fil 
horizontal  dans  son  plan  focal,  et  représente  un  premier  index  ûxe.  Il  permet  de 
lire  la  dernière  division  du  cercle  qui  a  passé  derrière  ce  fil,  et  donne  par  consé- 
quent le  degré  et  les  cinq  minutes.  Pour  apprécier  les  minutes  elles-mêmes  et 
les  secondes,  on  emploie  un  autre  microscope  d'un  pouvoir  grossissant  plus  con- 
sidérable et  dont  le  réticule  est  formé  de  deux  fils  horizontaux  parallèles  fixés  à 
un  cadre  mobile  à  l'aide  d'une  vis  micrométrique.  Deux  traits  du  cercle  sont  tou- 
jours visibles  à  la  fois  dans  le  champ  du  microscope,  et  Ton  peut,  en  faisant  tour- 
ner la  vis,  amener  les  deux  fils  parallèles  dans  une  position  telle  que  l'un  de  ces 
traits  paraisse  entre  les  deux  fils  à  égale  distance  :  c'est  ce  qu'on  appelle  faire  le 
pointé  d'un  trait.  Le  pas  de  la  vis  est  calculé  de  telle  sorte  qu'il  faut  lui  faire  faire 
cinq  tours  complets  pour  amener  les  fils  d'un  trait  sur  le  suivant.  Il  s'ensuit 
que  chaque  tour  de  la  vis  correspond  à  une  minute.  Un  tambour  Û-Lé  à  cette  vis 
et  divisé  en  60  parties  égales  tourne  devant  un  index  ûxe.  Chaque  division  du 
tambour  correspond  donc  à  une  seconde,  et  comme  on  peut  apprécier  à  l'oeil  les 
dixièmes  d'une  division,  on  voit  que  les  observations  peuvent  se  faire  au  dixième 
de  seconde.  Un  peigne  en  cuivre  placé  sur  le  côté,  dans  le  plan  focal  du  micro- 
scope, et  découpé  de  manière  que  l'écartement  de  deux  dents  consécutives  corres- 
ponde à  un  tour  de  la  vis,  permet  de  compter  les  tours.  Il  suffira  donc  de  pointer 
le  trait  du  cercle  et  de  noter  le  nombre  de  tours  et  la  fraction  de  tour  de  la  vis 
micrométrique,  comptés  à  partir  de  sa  position  normale,  pour  obtenir  le  terme 
complémentaire  à  ajouter  à  la  lecture  de  l'index.  Au  lieu  d'un  seul  microscope,  on 
en  dispose  six  symétriquement  tout  autour  du  cercle  divisé;  on  augmente  ainsi 
la  précision  des  lectures  et  surtout  on  fait  disparaître,  ou  tout  au  moins  on  atté- 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L'ASTRONOMIE.  181 

nue  considérablement,  les  erreurs  tenant  à  un  défaut  de  centrage,  à  la  flexion  et 
aux  déformations  du  cercle.  Ces  six  microscopes  doivent  être  lus  à  chaque  obser- 
vation, et  c'est  la  moyenne  de  leurs  indications  qu'il  faut  ajouter  au  numéro  de  la 
division  notée  derrière  l'index  fixe. 

Il  y  a  ainsi  sept  microscopes  disposés  en  rond,  tout  autour  du  cercle  divisé  et 
fixés  à  une  pièce  circulaire  de  fonte;  ils  sont  visibles  sur  la  gauche  de  notre  gra- 
vure, en  dehors  du  pilier  de  marbre  qui  supporte  instrument.  Le  cercle  divisé 
est  à  rintérieur  de  ce  pilier,  et  le  marbre  est  percé  de  trous  qui  permettent 
d'apercevoir  les  divisions  à  l'aide  des  microscopes  inférieurs.  Le  tourillon  de  la 
lunette  est  percé  pour  recevoir  la  lumière  d'un  bec  de  gaz  qui  pénètre  ainsi 
dans  l'intérieur  de  la  lunette^  se  réfléchit  sur  un  appareil  spécial  placé  dans 
le  cube  et  vient  éclairer  les  fils  du  réticule,  Tout  autour  de  ce  tourillon,  de  petits 
prismes  à  réflexion  totale  renvoient  la  lunoière  du  même  bec  de  gaz  sur  les  régions 
visées  par  les  microscopes. 

L'instrument  étant  retournable,  le  cercle  divisé  peut  se  trouver  tantôt  à  l'Ouest, 
tantôt  à  l'Est  de  la  lunette.  Il  aurait  donc  fallu  installer  sur  le  pilier  occidental 
des  microscopes  et  un  appareil  d'éclairage  semblables  à  ceux  du  pilier  oriental. 
On  a  préféré  construire  deux  cercles  divisés,  un  de  chaque  côté  de  la  lunette, 
de  manière  que,  dans  chaque  position,  il  y  en  a  toujours  un  en  face  des 
microscopes.  Deux  autres  cercles  se  trouvent  encore  à.  l'intérieur  des  deux  pre- 
miers. Ils  sont  divisés  plus  grossièrement  sur  la  tranche  convexe  et  servent  à 
l'observateur  d'ascension  droite  à  placer  d'avance  la  lunette  à  la  hauteur  conve- 
nable pour  que  l'étoile  apparaisse  dans  le  champ.  Il  y  eu  a  deux,  pour  que,  dans 
chaque  position,  il  s'en  trouve  toujours  un  en  face  du  microscope  spécial  servant 
d'index  et  placé  à  portée  de  l'observateur,  sur  sa  gauche.  C'est  ce  cercle  qui  se 
trouve  serré  par  la  vis  de  pression  quand  on  veut  caler  l'instrument.  Cinq  ou  six 
manettes  en  bois  qui  servent  à  manœuvrer  les  vis  de  pression  ou  de  rappel  pen- 
dent entre  les  piliers,  de  manière  que  l'observateur  en  ait  toujours  une  à  sa  por- 
tée, quelle  que  soit  sa  position.  Une  autre  manette  lui  sert  à  ouvrir  plus  ou  moins 
l'orifice  qui  donne  accès  à  la  lumière  dans  l'intérieur  de  la  lunette,  afin  de  modi- 
fier à  son  gré  l'éclairage  du  champ.  Enfin  de  nombreuses  poignées  rendent  très 
commode  la  manœuvre  de  l'instrument  quand  on  veut  lui  imprimer  de  grands 
mouvements. 

On  peut  encore  voir  sur  notre  gravure  le  niveau  placé  au-dessus  de  la  lunette 
et  qu'on  manœuvre  à  l'aide  d'un  petit  treuil  visible  sur  la  droite,  et  l'appareil  qui 
sert  au  retournement.  Ce  dernier  se  compose  d'un  plateau  qu'on  peut  soulever  à 
l'aide  d'une  vis  actionnée  par  une  manivelle,  et  qui  peut  tourner  autour  d'un  axe 
vertical.  Pour  faire  l'opération,  on  fait  glisser  cet  appareil  sur  ses  rails,  de  manière 
à  l'amener  au-dessous  du  cube  de  la  lunette  placée  horizontalement;  puis,  les 
coussinets  ayant  été  débarrassés  de  leurs  couvercles,  on  soulève  le  plateau,  qui 
bientôt  rencontre  la  lunette  et  la  soulève  également.  Lorsque  les  tourillons  sont 
dégagés,  on  fait  glisser  de  nouveau  le  tout  sur  les  rails  de  manière  à  faire  sortir 
l'instrument  d'entre  les  piliers;  puis  on  lui  fait  faire  un  demi-tour  autour  de  Taxe 


182  L^ASTRONOMIE. 

vertical  ;  après  quoi  on  ramène  tout  le  système  entre  les  piliers  ;  on  fait  descendre 
lentement  la  lunette  dont  les  tourillons  viennent  se  replacer  dans  les  coussinets; 
le  plateau  continue  à  descendre  seul,  et  quand  il  est  suffisamment  éloigné  de  la 
lunette,  on  fait  reculer  l'appareil  et  l'on  recouvre  les  tourillons.  11  faut  opérer 
avec  beaucoup  de  soin  et  de  délicatesse  pour  éviter  les  chocs. 

Grâce  aux  dispositions  adoptées,  un  seul  observateur  peut  suffire  à  toutes  les 
déterminations;  mais  le  plus  souvent,  pour  la  commodité  et  la  rapidité  des 
mesures,  l'astronome  qui  observe  les  ascensions  droites  et  effectue  les  pointés  en 
déclinaison  est  aidé  par  un  assistant  qui  lit  les  microscopes.  Afin  de  lui  laisser 
plus  de  temps  pour  cette  lecture,  on  immobilise  l'instrument  dès  le  début  de 
l'observation  et  l'on  effectue  le  pointé  en  déclinaison  à  l'aide  d'un  fil  horizontal 
fixé  dans  yn  cadre  mobile  à  l'aide  d'une  vis  microméf rique  ;  la  valeur  du  tour  de 
cette  vis  a  été  déterminée  une  fois  pour  toutes  ;  elle  est  à  très  peu  près  d'une 
minute  et  le  tambour  est  divisé  en  60  parties  égales  qui  donnent  les  secondes  et 
les  fractions  de  secondes.  La  lecture  de  cette  vis  micrométrique,  corrigée  d'après 
la  valeur  du  tour,  doit  être  ajoutée  à  la  moyenne  des  lectures  des  microscopes. 
L'observation  de  passage  se  fait  généralement  à  six  fils  disposés  symétriquement 
par  rapport  au  plan  méridien.  Pendant  que  l'étoile  traverse  l'intervalle  compris 
entre  les  deux  fils  du  milieu,  un  observateur  exercé  a  le  temps  d'effectuer  deux 
ou  trois  pointés  avec  le  fil  mobile  horizontal  et  d'inscrire  les  indications  corres- 
pondantes du  tambour. 

En  résumé,  on  voit  que  les  observations  méridiennes  comportent  un  grand 
nombre  d'opérations  diverses  et  délicates,  sans  compter  les  calculs  de  réductions 
qui  doivent  les  suivre.  Pour  en  finir  avec  les  déterminations  des  déclinaisons, 
disons  que  les  tours  de  vis  des  microscopes  ne  valent  pas  exactement  une  minute, 
comme  nous  l'avions  supposé  pour  simplifier  l'explication;  leur  valeur  est  même 
essentiellement  variable,  car  les  moindres  influences  modifient  la  distance  du 
cercle  aux  microscopes  et  par  suite  la  grandeur  des  images  fournies  par  ceux-ci. 
Aussi  doit-on  déterminer  la  valeur  de  ces  tours  de  vis  au  commencement  et  à  la 
fin  de  chaque  série  d'observations,  ce  qui  se  fait  en  pointant  deux  traits  successifs, 
car  on  obtient  ainsi  le  nombre  de  tours  et  la  fraction  de  tour  correspondant  à 
cinq  minutes.  Enfin  la  division  du  cercle  n'est  pas  parfaite.  L'étude  de  ce  cercle 
a  été  faite  avec  le  plus  grand  soin,  par  des  procédés  qu'il  nous  est  impossible  de 
détailler,  et  qui  ont  exigé  plusieurs  mois  de  travail.  On  a  pu  dresser  de  la  sorte 
une  table  contenant  la  correction  qu'il  faut  appliquer  à  l'observation  d'après  le 
trait  qui  a  été  lu  sous  l'index.  On  comprendra  facilement  combien  sont  longues 
les  réductions  d'observations  de  distance  polaire,  quand  on  se  rappellera  le 
nombre  de  moyennes  et  de  corrections  qu'il  faut  calculer  pour  éliminer  l'infiuence 
de  toutes  les  causes  d'erreur  que  nous  venons  de  passer  en  revue. 

Il  ne  nous  resterait  plus  maintenant  qu'à  expliquer  comment  on  a  pu  déterminer 
avec  précision  la  position  des  étoiles  fondamentales.  Ce  sera  le  sujet  d'un  prochain 
article.  Philippe  Gérigny. 


STATISTIQUE  DES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE. 

STATISTIQUE  DES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE. 


183 


Nous  publions  ici  notre  liste  annuelle  des  tremblements  de  terre.  L'appel  que 
nous  avions  fait  Tannée  dernière  à  nos  lecteurs  a  été  entendu,  et  c'est  grâce  à 
leur  concours  effectif  que  nous  avons  pu  avoir  des  renseignements  de  toutes  les 
parties  du  globe.  Nous  remercions  donc  tous  ces  zélés  collaborateurs,  notamment 
MM.  Trouvelot,  à  Meudon,  Belly,  à  Valparaiso,  Mavrogordato,  à  Constantinople, 
Towne,  à  Sens,  Mayer,  à  Mulhouse,  général  de  Nansouty,  Créoncides  de  Castro, 
Bruguière  et  Lihou,  à  Marseille,  Belmonte,  à  Carthagène,  Vallaure,  à  Linarès, 
Leyba,  à  Coro,  Stoel,  à  IJarlem,  dont  nous  avons  utilisé  les  documents  fort  utiles 
et  même  indispensables  dans  une  œuvre  de  statistique  comme  celle-ci. 

Tous  les  lecteurs  sentiront  qu'il  s'agit  ici  d'une  question  d'intérêt  général  et 
savent  d'avance  qu'ils  nous  rendront  le  plus  grand  service  en  nous  faisant  part  de 
toutes  les  observations  de  ce  genre  qui  arriveraient  à  leur  connaissance. 

TREMBLEMENTS  DE  TERRE  RESSENTIS.  EN  1884 


Dates. 

Heures. 

LocaUtés. 

Observations. 

1884 

t  Janv. 

e'^lS-  matin. 

Bucharest. 

l  chocs  N.-S.  précédés  de  bruits  souterrains. 

2     » 

3^10-  matin. 

Valparaiso. 

Une  forte  secousse  avec  bruit  souterrain. 

4      » 

Sadickli  (Anatolie). 

Un  choc  occasionnant  divers  dégâts. 

5      )) 

3"»  soir. 

Valparaiso. 

Longue  secousse. 

7      » 

3^8""  matin. 

id. 

3  secousses  distinctes,  durant  chacune 
quelques  secondes;  mer  tranquille. 

7      » 

8^18-  soir. 

id. 

Secousse  assez  forte  mais  de  courte  durée. 

12          D 

Fjinguaglossa  et  Gastiglionc. 

Forte  secousse.  —  Chocs  du  10  au  14. 

14      » 

7'» 30"  matin. 

• 

Montevideo. 

Bruit  sourd.  —  La  mer  se  retire  et  revient 
en  engloutissant  50  personnes  sur  la  plage. 

16      » 

3^50-  matin. 

Archena  (Espagne). 

11  chocs  jusqu'à  6^  du  matin. 

16      » 

Murcie. 

Secousses  à  Alcantarilla  et  Bemsgan. 

23      » 

Constantinople.  • 

Chocs  dans  le  district  de  Kalah-Jik  (prov. 

de  Gostamboul),  de  nombreux  chocs  ont  été 

ressentis  dans  cette  quinzaine,  quelques 

minarets  ont  été  renversés. 

25      » 

7»»24-  soir. 

San-Francisco. 

Ondulations  de  3'  d'amplitude  notées  à 
l'Observatoire  et  durant  20  minutes. 

27      » 

Grenade. 

Léger  tremblement  de  terre. 

5  Fév. 

3^  matin. 

Valparaiso. 

Une  forte  secousse. 

7      » 

O^SO-  matin. 

id. 

Assez  forte  secousse. 

9      » 

0»'3O-  matin. 

id. 

Forte  secousse. 

10      1) 

Boivari  (Billis,  Turquie). 

Choc  violent  —  maisons  détruites. 

14      » 

3'' 30-  matin. 

Valparaiso. 

Une  forte  secousse. 

18      )> 

Angora. 

Une  secousse,  aucun  dégât. 

18         9 

Alger. 

Tremblement  de  terre  dans  le  département. 

19      » 

Angora. 

Une  secousse. 

29      » 

4^  matin. 

Ghio,  Tschesmé,  Voula. 

Choc  violent. 

3  Mars. 

a^'Sô-  matin. 

1                  Valparaiso. 

Une  forte  secousse. 

184 


L'ASTRONOMIE. 


Dates. 

Heares. 

Localités. 

Observations. 

3  Mars. 

soir. 

Potenza. 

Une  forte  secousse. 

13      » 

10''30-  matin. 

Carthagène,  Alicante,  Murcie. 

Secousse,  direction  S.-E.  —  N.-O. 

13      » 

11''25-  soir. 

Valparaiso. 

Une  forte  secousse. 
La  secousse  a  été  forte  à  Alicante. 

14      » 

4"»  matin. 

Constantinople. 

Forte  secousse,  bruit  souterrain. 

14      » 

11"»  soir. 

Valparaiso. 

Forte  secousse. 

18      » 

matin. 

En  mer. 

Navire  «  Stella  »,  capitaine  Horner,  une 
secousse.  Long.  Ouest  23«5r.  La  t.  Nord  J7»21 . 

22      » 

matin. 

Cambridge  (Angleterre). 

Très  légère  oscillation. 

22      » 

5'' 15"  soir. 

Valparaiso. 

Forte  secousse. 

23      » 

4*"  matin. 

id. 

Deux  secousses;  une  autre  à  5^  soir. 

24      .. 

4**  matin. 

id. 

Faible  secousse. 

25      • 

5"»  matin. 

id. 

Secousse  assez  forte. 

25      « 

soir. 

San-Francisco. 

Une  secousse. 

25      » 

Sud-Hongrie. 

Tremblement  de  terre  senti  à  Essegg,  Wiu- 
kowze  et  Fûnfkirchen,  légère  à  Djakovar 

27      » 

Il*»  soir. 

Vukovar. 

Plusieurs  chocs. 

28      « 

4**  soir. 

Valparaiso. 

Très  forte  secousse. 

28      » 

Ischia. 

Léger  tremblement  de  terre. 

29      » 

soir. 

Sinope  (Turquie). 

Forte  secousse  au  soleil  couchant. 
Édifices  détruits  à  Gostamboul. 

y  Avril. 

3''45«. 

Valparaiso. 

Deux  fortes  secousses. 

9      » 

8"»  matin. 

Urbino. 

Forte  secousse  durant  5  secondes. 

y     » 

soir. 

Ghio. 

4  secousses  entre  2*30-  et  11*  soir- 

10      » 

10"»  matin. 

Belpasso  (près  Catane). 

Secousse. 

Il      » 

2'' 15"  matin. 

Valparaiso. 

Roulement  et  forte  secousse. 

14      » 

7M5"  matin. 

id. 

Faible  secousse. 

15      » 

3*30-  matin. 

id. 

Une  forte  secousse  suivie  de  2  moins  fortes. 

18      » 

10''50»  soir. 

id. 

Secousse  forte  et  prolongée  avec  tonnerre, 
durée  30  secondes. 

19      )> 

soir. 

Palamos  et  frontière  française. 

Tremblement  de  terre  de  quelques  secondes. 

20      » 

3''22-  matin. 

Bagnères-de-Bigorre. 

Tremblement  de  terre  —  barom.  709—, 
therm.  H- 2»,8.  —  Trépidation  des  meubles. 

22      » 

9''20-  matin. 

Est- Angleterre. 

Forte  secousse  de  30  secondes  à  Ipswich. 
La  tour  de  Téglise  de  Golchester,  de  150  pied> 
de  haut,  s'écroule.  —  Grand  bruit  souterrain. 
—  Gette  secousse  a  été  ressentie  dans  tout 
l'Est  de  l'Angleterre.  Elle  a  été  remarquée 
à  Londres. 

25      » 

7*15-  matin. 

Valparaiso. 

Forte  secousse  venant  du  Sud,  précédée 
d'un  bruit  souterrain. 

29      » 

4"»  15-  matin. 

id. 

Trois  secousses  très  légères. 

3  Mai. 

3*40-  soir. 

id. 

Très  longue  et  forte  secousse. 

5      » 

5*15-  soir. 

id. 

Légère  secousse. 

8      » 

6*10-  soir. 

id. 

Faible  secousse.  —  A  7*44-  secousse  trè> 
forte  et  verticale. 

9      » 

Ghio. 

4  secousses  entre  2*30-  et  11*  soir. 

10      » 

9*50-. 

Gosenza. 

Léger  choc  N.-O.  —  S.-E;  plus  fort  à Paola. 

STATISTIQUE  DES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE. 


185 


Dates. 


12  Mai. 

13 

» 

13 

» 

H 

» 

19 

» 

23 

» 

2G 

u 

6  J 

uin. 

23 

» 

24 


4  Juiil. 
5-G     » 


8-9 

» 

13 

» 

15 

» 

15 

» 

18 

» 

18 


19 

» 

19 

» 

20 

» 

23 

» 

24 

u 

3  Août. 

7  » 

8  M 


Heures. 

Localités. 

Presqu'île  Cyzique,  Erdek- 

Constantinople. 

Panderma. 

3'' 45"  matin. 

Valparaiso. 

6"» 30-  matin. 

id. 
Kishm  (Golfe  Persique). 

Il»'  soir. 

Palamos  (Esp.)  et  frontière  franc. 
Monte  Alegre  (Para). 

9^55-  matin. 
OMO-  matin. 

Alep. 

Tùbingen  (Wurtemberg) 

et  Hechingen  (Hohenzollern). 

7^30-  soir. 

Markolsheim  (Alsace) 
et  Kenzingen  (duché  de  Bade). 

4'' 20-  matin, 
nuit. 

Pouso  Alegre  (Brésil). 
Oberderdingen  (Wurtemberg). 

S"»  15-  matin. 

Valparaiso. 

nuit. 

id. 
Massouah  (Abyssinie). 

10»"  soir. 
5^  matin. 

Almeria. 
Valparaiso. 
Nicaragua. 

lO'-SO-  soir. 

Valparaiso. 

7**  matin, 
nuit. 

Nicaragua. 
Agram  (Autriche). 

6^  matin. 

midi  40-, 

nuit. 

Nicaragua. 
Forio  d'Ischia. 
Ems  (Nassau). 

Massouah. 
Foca  (Bosnie). 

minuit, 
matin. 

Réunion. 
Frascati  Albano  Rocca  di  Papa. 

• 

Observations. 


Tremblement  de  terre  accompagné  de  bruits. 

Forte  secousse,  sentie  légèrement  à 

Gonstantinople. 

Secousse  très  forte  et  très  prolongée;  durôe 

30  secondes. 

Très  long  tremblement  sans  grande  secousse . 

12  villages  détruits  ;  200  tués  et  grand 

nombre  de  blessés. 

Léger  tremblement  de  terre. 

Tremblement  de  terre  durant  3  à  5  secondes. 

Direction  :  N.-0.-8.-E. 

Forte  secousse  de  6  secondes. 

3  secousses  se  succèdent  rapidement. 
Direction  N.-O.-N.-E. 

Tremblement   de   terre  et  secousses  vio- 
lentes. A 10**  soir  nouvelles  secousses  moins 

fortes. 
Une  secousse  N.-S.  de  quelques  secondes. 
Tremblement  de  terre  à  12'' 30-.  —  Choc 
assez  fort  durant  quelques  secondes;  bruit 

souterrain. 
Forte  secousse  courte  précédée  d'un  roule- 
ment sinistre. 
Très  longue  secousse,  pas  très  forte,  à  12^15-. 
Tremblement  de  terre  qui  détruit  ou  lézarde 
toutes  les  maisons. 
Deux  secousses. 
Deux  secousses  courtes,  mais  assez  fortes. 
Forte  secousse.  Aussi  à  8^.  du  matin.  — 

Bruit  souterrain. 
Une  secousse  très  longue  et  très  continue 

durant  environ  une  minute. 

Une  secousse  à7^matin^  uneautreàS^  matin. 

Choc  de  tremblement  de  terre  de  4  secondes. 

Direction  O.-E. 

Une  secousse  &"  matin. 

Bruit  violent  et  forte  secousse.  —  Mer  agitée. 

Faible  secousse  de  quelques  secondes  au  8.*E . 

Maisons  détruites.  Navires  du  port  secoués. 

Plusieurs  chocs  forts  durant  chacun  plus 

de  2  secondes. 

Une  secousse. 

Quelques  secousses  entre  2"»  et  4"»  matin. 

Grondement  souterrain  prolongé  le  long  de 

la  chaîne  des  Colli.  Sens  S.-O.  à  £.-N. 


186 


L'ASTRONOMIE. 


Dates. 

Heures. 

Localités. 

Observations. 

8  Août. 

Ô'-SO-. 

Alacheïr  (Turquie  d'Asie). 

Violente  secousse. 

9-10   » 

nuit. 

Smyrne. 

Assez  forte  secousse. 

10      » 

4''7-  soir. 

Nice. 

Légère  trépidation. 

10      » 

Maine,  Maryland  M**  Alleghanx . 

Tremblement  de  terre  durant  10  secondes  à 
Gonnecticut,  6  secondes  à  Boston.  Baltimore 
.   et  Brattleborough  (Vermont)  semblent 
marquer  la  limite. 

10      » 

2''8»  soir. 

New  Haven,  Cambrigde. 

Secousse  durant 2  à  3 secondes, S-.O.àN-.E., 

12      » 

accompagnée  de  grondements  souterrains. 

12.    » 

Librilla(près  Murcie). 

Fort  tremblement  de  terre  de  5  à6  secondes. 
Pas  de  dégâts. 

14      «> 

6''28-  soir. 

Ghio. 

Assez  forte  secousse.  A  Kerkouk  (Mossou!) 
une  maison  écroulée. 

15      0 

En  mer. 

75»  long.  Ouest,  17  lat.  Nord.  Une  secousse 
sentie  à  bord  du  Charles-Dennis. 

17-18 

nuit. 

Rhodes. 

Légères  secousses.  Oscillations  N-.S. 

19      » 

Gosenza. 

Une  secousse  de  plusieurs  secondes;  plus 
forte  à  Rossano. 

20      » 

2^54-  soir. 

Ghio. 

Légère  secousse. 

20      .> 

3'»30-  soir. 

Smyrne. 

Secousse  assez  forte. 

26      >i 

matin. 

Jersey. 

Plusieurs  fortes  secousses. 

26      » 

après-midi. 

Nantes. 

Légère  secousse. 

27      » 

Smendon  (près  Gonstantine). 

Secousse  de  5  secondes  O-.E.;  légère. 

31      1, 

après-midi. 

Nantes. 

Légère  secousse. 

Tschesmé  (Turquie). 

Nombreux  tremblements  de  terre  pendant 
le  mois  d'Août. 

3  Sept. 

2»' 30  matin. 

Athènes. 

Secousse  renouvelée  le  môme  jour  à  midi. 

4      » 

l''30-  matin. 

Ghio. 

4  légères  secousses. 

6      » 

Autriche  basse  et  méridionnale. 

Violente  secousse.  —  A  Voslau  la  tempe- 
rature  des  sources  thermales  augmente. 

17      » 

Détroit  de  la  Sonde. 

On  constate  la  disparition  de  deux  îles 
formées  pendant  l'éruption  du  Krakatoa 
d'Août  188i. 

19      )) 

Windsor  (Ontario),  Grass  Lakc 

(Michigan),  Toledo  (Ohio). 

Une  forte  secousse  de  15  secondes  s'est 

fait  sentir  en  Indiana,  Ohio,  Michigan, 

Sowa,  Ontario,  Kentucky.  La  secousse  a 

été  légèrement  perceptible  à  Cincinnati  et 

à  Fortuvagne.  Oscillations  des  édifices. 

24      .> 

Jaen. 

Léger  tremblement  de  terre. 

2.-)      .) 

4^6-  soir. 

Iquique  (Pérou). 

Tremblement  de  terre  fort  et  prolongé 
S.-N.  durée  35  à  40  secondes.  Les  cloches 
de  la  cathédrale  ont  sonné  et  la  croix  a  tn 
un  mouvement  marqué. 

27      » 

2"»  5-  matin. 

Jaen. 

Tremblement  précédé  d'un  bruit  prolonge. 

29      » 

midi  30-. 

Blidah  (Algérie). 

Deux  secousses  N.-S. 

1  Cet. 

7^20-  matin. 

Smyrne. 

Légère  mais  longue  secousse. 

STATISTIQUE  DES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE. 


187 


Dates. 

Heares. 

LocAlités. 

Observations. 

1  Oct. 

nuit. 

Tschesmô. 

Forte  secousse. 

3       » 

Massouah. 

Léger  choc. 

(>       »> 

0**45-  matin. 

Valparaiso. 

Très  longue  et  très  forte  secousse,  peu 
dangereuse. 

a     » 

soir. 

Tschesmô. 

Secousse. 

15       » 

Kerkouk  (Mossoul). 

Forte  secousse. 

15       » 

Tucuman  (Répub.  Argentine). 

Fort  tremblement  de  terre.  Panique. 

20      » 

!»•  matin. 

Linarès  (Espagne). 

Assez  fort  tremblement  de  terre  durant 
4  secondes,  direction  E.-O. 

22      « 

lO**  ipatin. 

Ghio 

Faible  secousse  suivie  dans  4  minutes 
d'une  très  forte  secousse. 

24      .) 

2»' 55-  matin. 

id. 

Forte  secousse. 

25      « 

2"» 45-  matin. 

Guelma. 

Plusieurs  légères  secousses. 

28      » 

id. 

Léger  tremblement  de  terre. 

Valparaiso. 

Plusieurs  chocs  fin  Octobre. 

2  Nov. 

6*24-  matin 

Chio. 

Deux  secousses. 

\      » 

Smyrne. 

Légère  secousse  suivie  de  près  d'une  forte. 

Oscillations  précédées  de  bruits  souterrains 

pendant  5  minutes  —  direction  S.-N.  sentie 

à  Menemen,  Eudemich,  Aïdin,  Baïndir, 

légèrement  à  Tschesme  et  Voula. 

4      » 

3''25»  matin. 

Guelma  (Algérie). 

Une  secousse. 

5      » 

id. 

Léger  tremblement  de  terre. 

7      » 

6"»  10-  matin. 

Chio. 

Forte  secousse. 

12          D 

9"»  30-  soir. 

id. 

Légère  secousse. 

13      » 

3*45-  matin. 

id. 

id. 

13      « 

9*  matin. 

Janina. 

Forte  secousse  de  4  secondes. 

13      » 

2»' 30-  matin. 

Crète. 

Une  secousse. 

14      » 

6*30-  matin. 

Smyrne. 

Forte  secousse. 

14      » 

5*10-  soir. 

Clitheroe  et  Lowmoor 

(Angleterre). 

Bruit  suivi  d'une  forte  trépidation.  — 
Panique. 

18      » 

Valence. 

Léger  tremblement  de  terre  E.-O.  précédé 
d'un  grondement;  trépidation  des  meubles. 

21       » 

7*35-. 

Eu. 

Léger  tremblement  de  terre. 

23      .1 

4*  soir. 

Nice. 

Légère  secousse. 

24      » 

Gratz  (Styrie). 

Plusieurs  secousses 

24      » 

Hautes-Alpes. 

Secousses  à  4*  15  matin,  10*  soir  et  11*45  soir. 

24      0 

10*30-  soir. 

Valparaiso. 

Grand  roulement  suivi  d'une  secousse. 

27      » 

10*30-  soir. 

Lélen  (Aisne) 

Deux  secousses  à  2  minutes  d'intervalle. 
La  dernière  plus  forte. 

27      » 

11*  soir. 

Nice,  Menton,  Cannes,  Antibes, 

Grenoble,  Draguignan,  Voiron, 

Chambéry,  Marseille,  Vienne, 

Saint-Étienne,  Lausanne,  Turin. 

Secousse  de  tremblement  de  terre  à  11*5". 
(Temps  moyen  Nice)  durant  15  secondes. 

28      » 

Turin. 

Tremblement  de  terre    senti    légèrement 
dans  le  S.-E.  de  la  France. 

188 


L'ASTRONOMIE. 


Dates. 

28  Nov. 

29  » 

30  » 


3  Dec. 

4  » 
18      0 

22  » 

23  » 


Heures. 


S*"  matin. 
Il"»  30-. 


24 
25 


25 
2(> 
27 
28 
29 

30 
30 
30 

31 


W^  soir. 

2''15"'  matin. 
2''  matin. 

8''53'"  soir. 


Localités. 


Obsenrations. 


Ghambéry,  AP  Genis,  H*"  Marne. 

Nice. 

Inebort  (Aïdin) 

Valparaiso 

Scio  (Archipel  Grec). 
Smyrne. 
En  mer. 

Iles  Açores,  Madère,  Lisbonne. 

En  mer. 


Séville. 
Sud  de  l'Espagne. 


11''44-. 

Jaen. 

8M7-  soir. 

Zernez  (Grisons). 

Malaga,  Grenade. 

2^  matin. 

Estepona,  Périana,  Torrox 

Alhama. 

Périana. 

après-midi. 

Herlûfsholm, 

(  Seeland,  Danemark  ; . 

9''  matin. 

Linarès. 

1"*  soir. 

id. 

9''  soir. 

Archidona  (Grenade) 

midi. 

Vêlez,  Torrox. 

Secousse. 
Tremblement. 
4  secousses  assez  fortes.  —  Sol  secoué 

toute  la  nuit  à  Dermendjik. 
Nombreuses  secousses  tout  le  mois  de 
Novembre. 
Forte  secousse. 
Forte  secousse. 
Brick  a  Isabel  »  29*55  lat.  Nord  28^51  long. 
Ouest  de  San  Fernando. 
Secousses  légères  senties  aussi  à  Vigo. 
Ponte  vedra  et  plusieurs  régions  du  Portuf:.iI. 
33*  lat.  Nord  12*  30»  long.  Ouest  de 
San  Franando.  NouvelJe  secousse  17 
minutes  après;  orage  et  tonnerre. 

Secousse  légère. 
Très  violente  secousse  à  Alhama. 
Albunuelas,  Arenas  del  Rey,  Malaga, 
Grenade.  Secousses  assez  fortes  à  Littarè>. 
légères  à  Madrid,  très  légères  à  Lisbonne, 
sensibles  jusqu'en  Angleterre. 
Secousse  assez  forte 
Secousses  ( heure  de  Berne)  à  lissoir. 
Huit  secousses. 
Secousse,  et  à  6M5  matin. 
Destruction  complète  de  la  yiUe. 
Éboulement  d'une  montagne  sur  ce  village. 

Deux  vibrations  ressenties  dans  les  foréi 
Légère  secousse, 
id. 
Grevasse  dans  la  montagne  de  Puerta-SL'I. 
renversement  de  la  ville  de  Jaeyna. 
Secousses.  Destruction  de  Torroi. 


ADDENDUM  A  L  ANNÉE  1883. 


17  Mars. 

5M0-  matin. 

Harlem,  Amsterdam,  Leyde. 

6  Oct. 

Guelma. 

8      1) 

Alaska. 

11      >. 

1**  matin. 

San-Francisco. 

18      !> 

Ghio  et  environs. 

22      .. 

2^  matin. 

Malte. 

22      .. 

3»» 35"  matin. 

Trieste. 

y 

Oasis  de  Ghadamès. 

Secousse  assez  forte. 
Forte  secousse. 
Grande  éruption  du  mont  S^- Augustin; 
pluies  de  ponce,  raz  de  marée,  formation lii 
deux  lies,  etc. 
Deux  secousses  violentes. 
Continuation  des  secousses  (faibles) 
Légèra  secousse. 
Léger  tremblement  de  terre. 
Violent  tremblement  de  terre. 


il- 


STATISTIQUE  DES  TREMBLEMENTS  DE  TERRE. 


189 


Dates. 

Heares. 

Localité». 

Observations. 

2  Nov. 

2»' 50-  matin. 

Vienne  (Isère). 

Quelques  secousses  durant  4  secondes  S.-N. 

13       » 

Baza  (Grenade). 

Tremblement  de  terre.  —  Quelques 
maisons  effrondrées. 

15       » 

Patras. 

Une  secousse.  —  Pas  de  dégâts. 

23       i> 

Maracaïbo,  Curaçao, 

Churuguara. 

Tremblement  de  terre  avec  bruit  souterrain. 
Aussi  le  26. 

25      » 

Coro  (Venezuela). 

Fort  tremblement  de  terre  de  7  à  ,8  secondes. 

30      >i 

nuit. 

Forio,  Panza  (Ischia). 

Bruits  souterrains.  La  température  des 
eaux  minérales  augmente. 

22  Dec. 

3^29-  matin. 

Lisbonne. 

Une  secousse. 

Nous  ne  nous  croyons  pas  encore  autorisé,  par  cette  trop  courte  statistique  de  deux 
années,  à  tirer  aucune  déduction  relative  aux  régions,  aux  dates  et  aux  heures. 

Nos  lecteurs  remarqueront  cependant  certaines  contrées  qui  semblent  particuliè- 
rement éprouvées,  notamment  l'Asie  Mineure,  et  surtout  la  presqu'île  Erythrée  avec 
les  îles  de  la  côte.  Notre  colonie  algérienne  ressent  souvent  des  mouvements  du  sol  qui 
sont  parfois  accompagnés  de  dégâts  considérables. 

L'Australie,  le  Japon,  la  Chine  et  l'Inde  ne  figurent  pas  dans  notre  liste,  ni  dans  celle 
de  Tannée  dernière;  cependant  nous  ne  manquons  pas  de  communications  avec  ces  pays. 

Distribution  des  volcans.  —  Il  ne  sera  sans  doute  pas  sans  intérêt  de  mettre 
sous  les  yeux  de  nos  lecteurs  une  carte  générale  de  la  distribution  des  volcans 
sur  notre  globe;  ils  pourront  ainsi  comparer  les  régions  atteintes  par  les  trem- 
blements de  terre  et  les  régions  volcaniques. 

On  compte  323  volcans  actifs.  L'Europe  en  possède  une  quinzaine.  Le  Vésuve 
(hauteur  1190"),  qui  domine  la  baie  de  Naples,  TEtna  (3315"),  en  Sicile,  le 
Stromboli  et  le  Volcano  dans  les  îles  Lipari.  En  Islande,  outre  les  nombreux 
geysers  qui  lancent  de  l'eau  bouillante  jusqu'à  r»0  mètres  de  hauteur,  nous  trou- 
vons huit  volcans  en  activité,  dont  le  principal  est  l'Hécla  (  1690").  Dans  l'Archipel 
Grec  l'île  Santorin  et  ses  voisines,  la  petite  et  la  nouvelle  Kameni.  Ces  deux  der- 
nières ont  surgi  à  la  surface  de  la  Méditerranée  respectivement  en  1573  et  1707. 
Il  arrive  souvent  que  ces  îles  volcaniques  ne  font  qu'une  très  courte  apparition. 
Tel  est  le  cas  de  l'île  Julia,  qui  s'éleva  en  juilUet  1831  au  Nord-Ouest  de  la  Sicile 
et  qui  disparut  vers  le  mois  d'octobre  de  la  môme  année. 

En  France,  on  ne  rencontre  que  des  volcans  éteints  ;  la  chaîne  des  Puys,  en 
Auvergne. 

11  y  a  peu  de  volcans  sur  le  Continent  africain.  Par  contre  les  Açores,  les 
Canaries,  les  îles  du  Cap  Vert  sont  volcaniques.  Le  Pic  de  Ténérifife  (3710"), 
montagne  des  plus  redoutées  dans  le  passé  à  cause  de  ses  formidables  éruptions, 
est  en  repos  depuis  un  siècle. 

Les  deux  côtés  sud  de  la  mer  Rouge  nous  offrent  quelques  volcans. 

Le  Continent  asiatique  est  également  pauvre  en  volcans,  mais  il  n'en  est  pas 
de  même  des  îles  côtières  et  de  TOcéanie'. 


NOUVELLES  DE   LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  191 

Les  archipels  océaniens  sont  fort  riches  en  pics  éruptifs.  Il  faut  citer  notam- 
ment le  Mauna  Loa  (Iles  Hawaï),  qui  s'élève  à  4800™,  avec  le  cratère  Kilaueaqui 
présente  un  véritable  lac  incandescent  de  plus  d'une  lieue  en  diamètre. 

Le  cataclysme  de  Java  est  encore  trop  récent  pour  qu'il  soit  nécessaire 
d'insister  sur  le  caractère  volcanique  des  îles  de  la  Sonde.  L'île  de  Java  possède 
à  elle  seule  quarante-cinq  volcans. 

En  Amérique  on  remarque  les  chaînes  de  la  côte  Ouest  que  Ton  a  quelquefois 
appelées  «  Téchine  du  Nouveau-Monde  » .  Cette  longue  suite  de  montagnes  comprend 
de  nombreux  volcans,  en  descendant  du  Nord  au  Sud  ;  nous  rencontrons  le  mont 
Saint- Augustin  (Alaska),  le  mont  S'-Elie  (5800");  au  Mexique,  le  Popocatepelt 
(5100").  Suivant  M.  Vélain,  (*)  l'Amérique  centrale  compte  à  elle  seule  plus 
de  quatre-vingt-deux  volcans,  dont  vingt-cinq  en  activité. 

Les  cordillières  équatoriales  sont  fort  remarquables  au  point  de  vue  volcanique. 
C'est  là  qui  se  trouve  le  Pichincha  (4780"),  le  Cotopaxi  (5940").  Plus  au  Sud, 
près  Valparaiso,  l'Aconcagua  élève  sa  cime  imposante  à  une  hauteur  de  7150". 

La  plupart  des  volcans  en  série  et  des  chaînes  volcaniques  peuvent  se  relier 

par  une  ligne  continue  remarquable  que  nous  pourrons  tracer  ainsi:  île  de 

Sumatra,  Java.  Sumbawa,  Timor,  îles  Philippines,  île  Formose,   Japon,   îles 

Kouriles,  presqu'île  de  Kamtchatka,  îles  Aléou tiennes,  presqu'île  d'Alaska,  chaînes 

côtières  Ouest  des  deux  Amériques,  cap  Horn,  monts  Erèbe  et  Terrer  (Continent 

Antarctique). 

C.  Détaille. 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS. 

Ghnte  d'un  uranolithe  en  Turquie.  —  a  Le  i 3  zilcadé  (4  septembre  1884)^  par 
un  Ciel  très  pur  et  sans  aucune  trace  de  nuages,  à  11*»40"  du  soir  (heure  turque) 
(5*» 45"  p.  m.)  et  à  une  demi-heure  de  distance  de  Kara-Denik,  près  d'Aïntab,  il 
est  tombé  sur  une  petite  éminence  un  uranolithe  qui  produisit  un  bruit  semblable 
à  un  coup  de  canon.  La  détonation  fut  d'une  telle  violence,  qu'à  Kara-Denik  et 
dans  les  bourgs  environnants,  hommes  et  bêtes,  dans  leur  frayeur,  se  sont  mis  à 
courir  pour  s'abriter  du  danger  mystérieux  qui  les  menaçait. 

Pendant  dix  minutes  après  la  chute  on  entendit  dans  l'atmosphère  un  bruit 
semblable  au  bourdonnement  des  abeilles. 

Trois  paysans  qui  se  trouvaient  non  loin  du  point  où  le  météore  est  tombé 
ont  osé  s'approcher  et  ont  constaté  que  Vobjet  tombé  était  noir  et  ressemblait 
à  une  tortue.  L'uranolithe  était  tellement  chaud  qu'ils  ont  dû  attendre  quelque 
temps  avant  de  pouvoir  le  toucher;  et  lorsque,  à  la  fin,  un  des  trois  paysans  l'eut 
pris  dans  ses  mains  pour  le  transporter,  il  était  encore  si  chaud  qu'il  fut  obligé  de 
le  porter  dans  son  habit,  lequel,  à  son  grand  étonnement  fut  brûlé. 

L'uranolithe  a  été  transporté  en  entier  au  village,  où,  par  suite  d'une  super- 

(•)  Le«  Volcans  (Paris,  Gauthier-Villars). 


192  L'ASTRONOMIE. 

stition  qu'une  pierre  tombée  du  Ciel  a  la  propriété  de  guérir  la  fièvre,  tous  les 
paysans  présents  la  brisèrent  pour  en  garder  des  fragments. 

Un  trou  circulaire  de  0°>,25  de  profondeur  et  de  0°>,80  de  diamètre,  avait  été 
fait  dans  le  sol  pour  la  chute  de  cette  pierre  céleste.  » 

Grâce  à  l'amabilité  de  S.  E.  Hamdi  Bey,  le  Directeur  du  Musée  Impérial 
Ottoman,  il  m'a  été  permis  de  le  voir,  de  le  peser  et  d'en  prendre  le  dessin. 

Fig.  69. 


l 


Uranolithe  tombé  à  Aïntab  (Turquie). 

Aucune  analyse  n'en  a  été  faite;  mais  je  crois  pouvoir  affirmer  que  l'urano- 
lithe  d'Aïntab  appartient  à  la  classe  des  météorites  pierreux. 

Sa  forme  est  plutôt  arrondie  et  ressemble  à  un  boulet  de  canon  de  grandeur 
moyenne,  la  croûte  est  d'un  noir  mat. 

Poids  2  >^g.  560. 

Masse  dure.  Il  y  a  des  traces  de  nickel,  manifestées  parles  particules  argentées 
qui  se  voient  dans  les  veines  de  la  pierre.  F.  A.  Mavrogordato. 

L'appulse  d'Aldôbaran  photographiée  à  Prague.  —  L'appulse  d'Aldébaran 
a  eu  lieu  chez  nous  dans  des  conditions  généralement  favorables.  En  nous  aidant 
d'un  de  nos  petits  modèles  de  télescopes  d'amateurs  (0",  12  d'ouverture,  1°»,50  de 
distance  focale)  sans  mouvement  d'horlogerie  —  une  série  die  20  photographies 
de  ce  beau  phénomène  a  pu  être  parfaitement  réussie. 

La  fig  (70)  est  la  reproduction  (imparfaite)  de  l'excellente  épreuve  obtenue  au 
moment  du  plus  grand  rapprochement  de  l'étoile  avec  notre  satellite. 

A  la  suite  de  nombreux  essais,  nous  avons  observé  que  la  photographie  céleste 
si  pénible  et  infructueuse,  tant  qu'on  se  sert  de  lunettes  ou  d'un  réflecteur  com- 
biné avec  lentilles  quelconques,  devient  incomparablement  plus  facile  si  l'on  pose 
la  jilaque  sensible  directement  dans  le  plan  focal  d'un  miroir  parabolique.  L'image, 
r]uoique  petite,  est  tout  à  fait  nette;  la  mise  au  point  à  cause  de  l'identité  focale 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  193 

des  rayons  chimiques  et  optiques  est^  facile  et  exacte;  les  plaques  au  gélatino- 
bromure d'argent  permettent  une  très  courte  exposition.  Voilà  les  conditions 
dans  lesquelles  nous  sommes  parvenus  à  des  résultats  très  satisfaisants. 

Pour  nos  épreuves  nous  avons  choisi  avec  dessein  un  instrument  de  petite 
taille  avec  miroir,  de  0™,12  de  diamètre  sur  l"*-,50  de  distance  focale  et  sans 
mouvement  d'horlogerie.  Les  phases  de  la  Lune,  depuis  6  jusqu'à  23  jours,  les 


Fig.  70. 


L'appulse  d'Aldébaraa  photographiée  à  Prague. 

grandes  planètes,  les  étoiles,  au  moins  de  première  grandeur,  laissent  une  trace 
sur  la  plaque  sensible  en  une  fraction  de  seconde,  ce  qui  suffit,  pour  reproduire 
fidèlement  tous  les  détails  de  10*  à  20'  de  dimension  angulaire. 

A  cause  de  la  faible  impression  produite  sur  la  plaque  par  l'étoile,  il  est  néces- 
saire de  prolonger  l'exposition  jusqu'à  0%75  ou  1*,  puis  de  renforcer  le  cliché 
ultérieurement,  ce  qui  est  la  cause  d'une  certaine  incertitude  de  contours  sur  la 
Lune  même  et  d'un  petit  allongement  de  l'étoile. 

Jos.  et  Jan  Fric, 

à  Prague. 

Société  scientifique  Flammarion,  &  Marseille.  —  A  son  retour  de  Nice,  le  Di- 
recteur de  la  Revue  a  été  reçu  à  la  gare  de  Marseille  par  les  membres  du  comité  de 
la  Société  scientifique  de  Marseille.  Le  16  mars,  répondant  à  de  pressantes  sollicita- 
tions, M.  Flammarion  a  donné,  pour  les  sociétaires  seuls,  une  conférence  intime  sur  les 
origines  de  la  vie  à  la  surface  de  notre  planète.  Le  lendemain,  un  splendide  banquet 
de  soixante  couverts  lui  a  été  offert  au  Grand-Hôtel  Noailles.  Par  une  délicate  atten- 
tion du  comité,  chaque  menu  portait  en  tête  un  délicieux  portrait  de  l'astronome,  dû  au 
burin  de  M.  Bérengier.  Sur  la  table,  on  admirait,  parmi  les  corbeilles  de  fleurs   des 


194  L'ASTRONOMIE. 

pièces  montées  auxquelles  on  avait  donné  la  forme  de  Saturne,  de  Jupiter  et  de  diverses 
constellations. 

Parmi  les  toasts  qui  ont  été  portés,  on  a  beaucoup  applaudi  celui  du  Président  de  la 
Société,  M.  Bruguière,  à  l'infatigable  propagateur  de  la  plus  belle  des  Sciences  et  de  sa 
haute  philosophie,  et  celui  du  vice-président,  M.  Dubois,  à  son  secrétaire  dévoué 
M"»  Camille  Flammarion,  récemment  décorée  des  palmes  d'officier  d'académie. 

M.  Flammarion  s'est  alors  levé  et  a  prononcé  l'allocution  suivante  : 

En  me  faisant  le  grand  honneur  de  donner  mon  nom  à  votre  Société  naissante, 
ce  n'est  point,  comme  vous  le  pensez,  un  sentiment  d'admiration  personnelle 
pour  mes  travaux  ou  de  reconnaissance  pour  les  services  que  j'ai  pu  rendre  à 
l'instruction'  publique  qui  vous  a  inspin'S. 

Non.  Comme  vos  sœurs  aînées  les  Sociétés  Flammarion  d'Argentan,  de  Belgique, 
d'Espagne  et  d'Amérique,  vousavezéto  inspirésparun  sentiment  général  plus  grand 
et  plus  noble.  Vous  avez  voulu  prendre  pour  drapeau  celui  de  l'apostolat  scienti- 
fique, celui  de  l'indépendance  et  du  progrès.  Mes  travaux  n'ont  jamais  eu  d'autre  but. 

Les  hommes  passent,  nous  ne  vivons  que  quelques  jours.  Mais  les  idées  restent, 
et  vous  avez  compris  que  la  grandeur  de  l'homme  ne  consiste  ni  dans  les  titres 
retentissants,  ni  dans  les  dons  plus  ou  moins  aveugles  de  la  fortune,  mais  seule- 
ment dans  la  valeur  intollectuello  ot  morale.  Pour  nous  tous,  le  premier  bien 
est  de  savoir  penser. 

Si  les  âmes  qui  vivent  de  l'idéal  sont  reconnaissantes  envers  l'Astronomie,  c'est 
parce  que  cette  science  sublime  a  ouvert  devant  elles  des  horizons  nouveaux 
sur  l'infini  et  sur  l'éternité. 

Aimant  la  science  comme  vous  l'aimez,  soucieux  de  voir  l'instruction  positive 
se  répandre  partout,  vous  êtes  tous  des  apôtres  du  progrès,  de  la  lumière  et  de 
la  vraie  liberté.  Laissez-moi  vous  féliciter  du  magnifique  résultat  accompli  en 
moins  d'une  année.  Au  milieu  de  la  plus  ancienne  cité  de  notre  beau  pays  de 
France,  vous  avez  fondé  un  cercle  scientifique,  un  cercle  intellectuel,  qui  n'aura 
pour  se  soutenir  ni  les  odieuses  ressources  fournies  dans  les  autres  cercles  par 
la  passion  du  jeu,  ni  même  les  attractions  mondaines,  qui  sont  les  fleurs  de  la 
vie,  mais  seulement  la  générosité  des  esprits  d'élite,  qui  aiment  la  science  pour 
elle-même  et  apprécient  à  leur  valeur  les  plaisirs  intellectuels.  Vous  possédez 
en  vous  la  vie,  vous  êtes  nés  humblement,  comme  tout  ce  qui  doit  grandir; 
vous  vivrez. 

Déjà,  par  vos  conférences,  vous  savez  merveilleusement  vous  tenir  au  courant 
des  progrès  si  rapides  accomplis  dans  les  diverses  branches  du  savoir  humain. 
Bientôt,  nous  pouvons  l'espérer,  vous  posséderez  une  bibliothèque  scientifique 
populaire,  qui  rendra  les  plus  grands  services.  Plus  tard,  le  magnifique  empla- 
cement de  votre  siège  social  vous  permettra  d'installer  un  observatoire  domi- 
nant la  ville  et  la  mer.  Vous  avez  donc  entre  les  mains  tout  ce  qu'il  faut  pour 
réussir  et,  heureusement,  vous  ne  portez  dans  votre  sein  aucun  germe  de  rivalité 
ou  de  discorde,  comme  en  sont  trop  souvent  affligés  certains  établissements 
officiels. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  195 

Il  n'est  point  nécessaire,  Messieurs,  d'être  astrologue  pour  tirer  dès  aujourd'hui 
l'horoscope  de  votre  bonheur  et  pour  porter  un  toast  convaincu  à  la  prospérité 
assurée  de  la  Société  scientifique  Flammarion,  de  Marseille.  Vous  êtes  aujourd'hui 
phalange  ;  demain  vous  serez  légion. 


Fig.  71. 


Siège  de  la  Société  scientifique  Flammarion,  de  Marseille. 

La  Société  vient  d'entrer  dans  sa  seconde  année  d'existence.  Elle  possède  déjà  un 
local  à  elle  (dont  nous  reproduisons  l'aspect,  fîg.  71).  C'est  un  excellent  emplacement 
pour  servir  un  jour  d'observatoire  populaire. 


OBSERVATIONS   ASTRONOMIQUES 

A  FAIRE  DU  15  MAI  AU  15  JUIN  1885. 
Principaux  olDjets  célestes  en  évidence  ponr  robservation, 

1o  CIEL  ÉTOILE  : 

Pour  Taspect  du  Ciel  étoile  durant  cette  période  de  Tannée,  il  faut  se  reporter 
soit  aux  cartes  publiées  dans  la  première  année  de  la  Revue,  soit  aux  descriptions 
données  dans  les  Étoiles  et  les  Curiosités  du  CteZ  (pages  594  à  635).  La  longueur 
des  jours  qui  précèdent  l'époque  du  solstice  d'été  ainsi  que  la  durée  du  cré- 
puscule retardent  l'heure  des  observations  astronomiques  à  faire  au  commence- 
ment de  chaque  soirée. 


196 


L'ASTRONOMIE. 


2«  SYSTÈME  SOLAIRE   : 

Soleil.  —  Le  15  mai  1885,  le  Soleil  se  lève  à  4*»20™  du  matin  et  se  couche 
à  7"»  33»  du  soir;  le  l»»"  juin,  l'astre  du  jour  apparaît  au-dessus  de  l'horizon  à  4*» 3"» 
pour  disparaître  au-dessous  à  7*»53™;  enfin,  le  lever  a  lieu  à  3*»58™,  le  15  juin, 
et  le  coucher  à  8*»  3™  du  soir.  La  durée  du  jour  est  de  15*»  13»  au  15  mai,  de  15*» 50"» 
au  l»»"  juin  et  de  16*»5°>  le  15  juin.  Les  jours  augmentent,  dans  ces  trente  jours,  de 
22«»  le  matin  et  de  30™  le  soir,  soit  un  accroissement  total  de  52». 

Le  14  juin,  le  Soleil  passe  au  méridien  de  chaque  lieu  à  midi  précis.  Avec  une 
lunette  méridienne  ou  un  cadran  solaire,  on  peut  donc  régler  facilement  UDe 
montre  ou  une  pendule. 

Le  Soleil  continue  à  s'éloigner  de  l'équateur  céleste  :  sa  déclinaison  boréale 
est  de  18«58',  au  15  mai,  et  de  23**20'  au  15  juin,  soit  une  augmentation  de  k^'2'2'. 

Le  9  juin,  le  diamètre  solaire  est  de  3i'34',26. 

Lune.  —  La  Lune  continue  à  se  présenter  dans  de  bonnes  conditions  pour 
l'observation,  principalement  dans  le  voisinage  de  la  nouvelle  Lune,  au  moment 
où  notre  satellite  nous  montre  le  soir  ou  le  matin  son  mince  croissant.  Les  16 
et  17  mai,  sa  hauteur,  lors  du  passage  au  méridien  sera  d'environ  59<»30'. 


fHASEs...  I  pi^  igog     j>     à  8  40    soir. 


DQ  le    6  juin,  à   0^  14*  matin. 
NL  le  12      »     à  10  51    soir. 


Occultations  visibles  à  Paris, 

Deux  occultations  seulement  seront  visibles  à  Paris  dans  la  première  moitié  de 
la  nuit,  depuis  le  15  mai  jusqu'au  15  juin.  Une  autre  sera  visible  dans  la  seconde 
moitié  de  la  nuit.  Nous  la  signalons  parce  que  l'étoile  occultée  est  de  4,5  grandeur. 

1*  a  Écrevisse  (4*  grandeur),  le  19  mai,  de  11''9'  à  ll''24"  du  soir.  L'étoile  disparait 

Fig.  72.  Fig.  73. 


Occultation  ilc  a  Ecrevissea  par  la  Lune,  Occultation  de  •  Balance  par  L 

le  19  mai  1885,  de  ll»'^»  a  11»»24  du  soir.  le  28  mai  1885,  de  2»'22"  à  S"!»  du  matin. 


Occultation  de  •  Balance  par  la  Lune, 


dans  la  partie  inférieure  du  disque   unaire,  à  43*  au-dessus  et  à  gauche  du  point  le  plus 
bas  et  reparaît  du  môme  côté,  à  9*  au-dessus  du  même  point.  Cette  anomalie,  qui  est 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  19 


représeatée  {fig.  72),  tient  à  ce  que  la  Lune  est  près  de  l'horizon  occidental,  sur  le  point 
de  se  coucher. 

Ce  curieux  phénomène  pourra  être  également  étudié  dans  le  Nord-Ouest  de  TËurope. 
Dans  le  Sud  de  la  France,  dans  les  péninsules  ibérique  et  italique,  il  y  aura  simple 
appulse  ou  occultation  d'une  très  faible  durée,  suivant  la  position  du  lieu  d'observation. 

2*  35  Sextant  (6«  grandeur),  le  21  mai,  de  Q'-S-  à  9''29"du  soir.  La  disparition  se  pro- 
duit dans  la  partie  méridionale  du  limbe  de  la  Lune,  à  24*  à  gauche  du  point  le  plus 
bas  et  la  réapparition  à  9*  à  droite  de  ce  même  point.  Gomme  la  précédente,  cette  occul- 
tation ne  pourra  être  aperçue  que  dans  le  Nord-Ouest  de  l'Europe. 

3'  6  Balance  (4-5«  grandeur),  le  28  mai,  de  2'»22-  à  3»*l»  du  matin.  Cette  brillante 
étoile  disparaîtra,  ainsi  que  l'indique  la  fig,  73,  dans  la  partie  septentrionale  du  limbe 
de  la  Lune,  à  32*  à  gauche  du  point  le  plus  élevé  et  réapparaîtra  à  10*  au-dessus  du 
point  le  plus  occidental.  Cette  occultation  sera  visible  dans  la  plus  grande  partie  de 
l'Europe. 

Occultations  diverses. 

Les  nombreux  lecteurs  de  VAstronomie  pourront  encore  voir,  suivant  les 
contrées  de  la  Terre  qu^ils  habitent,  les  occultations  suivantes  : 

1*  130  Taureau  (G-  grandeur),  le  16  mai,  de  6** 40"  à  7»'36"  du  soir,  heure  de  Paris, 
temps  moyen.  Cette  occultation  pourra  être  étudiée  dans  la  plus  grande  partie  de 
l'Europe. 

2*  Uranus,  le  23  mai,  vers  10^  du  matin,  temps  moyen  de  Paris.  Cette  planète  sera  de 
nouveau  occultée  et  l'observation  pourra  être  faite,  en  Océanie,  dans  le  voisinage  des 
lies  de  la  Nouvelle-Zélande. 

Le  16  mai,  à  10^  du  matin,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  périgée  : 
360.900»^'^;  diamètre  lunaire  =  33'6',2. 

Le  31  mai,  à  minuit,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  apogée  :  405.100>"»; 
diamètre  lunaire  =  29'35',4. 

Le  13  juin,  à  4*»  du  soir,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  périgée  :  357.400^™; 
diamètre  lunaire  =  33'25',2. 

Mercure.  —  Du  16  mai  au  14  juin.  Mercure  se  présentera  le  matin,  avant  le 
lever  du  Soleil,  dans  le  ciel  de  l'Orient.  Pour  les  habitants  de  l'hémisphère 
boréal,  la  rapide  planète  sera  difficilement  observable,  bien  que  sa  distance  au 
Soleil,  le  25  mai,  vers  1*»  de  l'après-midi,  lors  de  sa  plus  grande  élongation  occi- 
dentale, soit  de  24''45'.  Cela  tient  à  la  lueur  crépusculaire  alors  très  intense  et  à 
la  différence  si  considérable  des  déclinaisons  des  ileux  astres  :  à  ce  moment,  la 
déclinaison  boréale  du  Soleil  est  de  2l«2'  et  celle  de  Mercure  de  11*23'  seulement. 
Mais  les  lecteurs  de  la  Revue,  qui  observent  dans  l'hémisphère  Sud  de  notre 
globe,  auront  là  une  excellente  occasion  pour  distinguer  à  loisir,  la  brillante 
planète. 

Jours.                             Lever.  Pasamge  Méridien .  Différence  Soleil.  CoDStellatioa. 

16  Mai 3^44»  matin.      10"'32-  matin.             0'»35-  Bélier. 

20    »     3  35         »            10  25          »                  0  39  •. 

24    »     3  26         »           10  21         »                 0  44  » 

28    »     3  19         »»           10  21          ».                  0  47  u 

!•'  Juin 3  12         »           10  23         »                 0  51  » 


198  L'ASTRONOMIE. 

Jouri.  Lever.  PMsage  Méridien.        Différence  Soleil.    Conitellation. 

5  Juin   3^  9*  matin,      10^30-  matin.  0^52-  Taureau. 

9        ).     3    7         »  10  39         »  0  52  » 

12  »     3    8  M  10  49  «  0  50 

14        »)     3    9         «  10  56         .)  0  40  « 

Le  mouvement  de  Mercure  est  direct,  pendant  cette  période  d'un  mois.  Le  13  juin, 
la  planète  se  trouve  en  conjonction  avec  e  Taureau,  de  3,5  grandeur;  Mercure  est 
au  sud  de  l'étoile  et  à  une  distance  de  l<>2r.  Le  diamètre  de  Mercure  est  de  8','2 
au  25  mai,  sa  distance  à  la  Terre  au  !«''  juin  est  de  140  millions  de  kilomètres,  et 
sa  distance  au  Soleil,  le  même  jour,  est  de  60  millions  de  kilomètres. 

Vénus.  —  Cette  belle  planète  commence  à  se  présenter  le  soir,  dans  les  brumes 
de  l'Occident,  peu  après  le  coucber  du  Soleil.  Malgré  le  crépuscule,  il  sera  facile 
de  reconnaître  l'éclatante  Vesper. 

Jours.  Passage  Méridien.              Coucber.              Différence  Soleil.     Constellation. 

24  Mai O»»  19-    soir.  8^  12-  soir.  0*28-  Taureau. 

26     »    0  22  »  8  17  »>  0  31  » 

28     »    0  24  ->  8  22  «  0  33  » 

30     »    0  27  u  8  27  »  0  36  « 

1«'Juin 0  30  »  8  32  »  0  39  >» 

4        »     0  34  «  8  39  «  0  44  •> 

7        »     0  38  »  8  44  »  0  46  » 

10       »     0  42  .•  8  49  «  0  i9  Gémeaux. 

13  j>     0  47  »  8  55  w  0  53  » 

VÉtoile  du  Berger  a  un  mouvement  direct.  Son  diamètre  est  de  9',6  au  !«' juin, 
sa  distance  à  la  Terre,  ce  même  jour,  est  de  254  millions  de  kilomètres,  et  sa 
distance  au  Soleil  est  de  106  millions  de  kilomètres.  • 

Mars.  —  Le  5  juin,  cette  planète  se  lève  à  2*»47«  du  matin,  précédant  le  soleil 
de  1*'14".  Toujours  très  difficile  à  observer  à  cause  de  la  lueur  crépusculaire. 

Petites  planètes.  —  Cèrès  est  toujours  facilement  observable  le  soir,  soit  à 
l'œil  nu,  soit  à  l'aide  d'une  jumelle  marine. 

Jours.  Passage  Méridien.  Oouclier  de  Gérés.  ConsteUation. 

16  Mai 9*6-  soir.  S*» 51- matin.  Vierge. 

21      »     8  45  »  3  28          »»                        » 

26      »     8  25  »  3    5          »                        » 

31      «     8    6  «  2  44          » 

5  Juin 7  47  »  2  21         »                      « 

10      »     7  29  »  2     1          »                       V 

Du  15  au  26  mai,  le  mouvement  de  Cérès  est  rétrograde,  dans  la  direction  de 
TEst  à  rOuest  ;  mais  à  partir  du  26  mai,  le  mouvement  devient  direct  et  la  petite 
planète  se  dirige  sensiblement  vers  le  Sud-Sud-Est,  vers  l'étoile  de  3«  grandeur, 
0  Vierge. 

Le  1®''  juin,  Cérès  oet  éloignée  de  302  millions  de  kilomètres  de  la  Terre  et 
de  391  millions  de  kilomètres  du  Soleil. 

Coordonnées  au  26  mai  :     Ascension  droite...    12*43-.    Déclinaison...      7*59' X. 
»  11  juin  :  »  »  12  46  »  5  53  N. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  199 

Pallas  continue  à  se  présenter  dans  de  bonnes  conditions  et  est  visible  pendant 
une  partie  de  la  nuit.  Cette  petite  planète  sera  très  facile  à  reconnaître  dans  le 
Lion  et  la  chevelure  de  Bérénice,  à  cause  de  son  voisinage  des  étoiles  P  Lion 
de  2«  grandeur  et  98  Lion  de  6"  grandeur.  Pallas  ne  cessera  de  former  le  sommet 
d'un  triangle  dont  la  base  sera  la  droite  qui  unit  ^  à  98  Lion. 

Jours.  Passage  Méridien.  Coucher  de  Pallas.  CoDsteUation. 

16  Mai S**  S"  soir.  S^SS"  matin.  Lion. 

21      »     7  51  »  3  36  »  » 

26      »     7  34  »  3  19  »  »> 

31      .)     7  17  .'  3    2  M  ^ 

5  Juin 7    1  »)  2  45  »       Ghev.  de  Bérénice. 

10      »     6  46  »  2  29  »  » 

15  .i     6  31  »  2  14  «  » 

Pallas  continue  sa  marche  dans  le  sens  direct,  de  l'Ouest  à  l'Est,  en  dehors 
du  chemin  que  suivent  les  autres  planètes. 

Le  i«'  juin,  Pallas  est  éloignée  de  312  millions  de  kilomètres  de  la  Terre  et 
de  367  millions  de  kilomètres  du  Soleil. 

Coordonnées  au  25  mai  :      Ascension  droite...    11''51'".    Déclinaison...    19*58' N. 
»  11  juin  :  »  »  12    4  »  19  31  N. 

Junon  est  toujours  facile  à  trouver,  le  soir,  dans  la  constellation  de  la  Vierge, 
à  cause  de  sa  grande  proximité  de  l'étoile  (  de  3«  grandeur.  Le  20  mai,  ces  deux 
astres  seront  en  conjonction  et  la  petite  planète  se  trouvera  au  Nord  de  l'étoile, 
à  moins  de  S^B'.  Une  jumelle  marine  ou  une  lunette  astronomique  sera  nécessaire 
pour  distinguer  Junon. 

Jours.  Passage  Méridien.  Cooclier  de  Janon.  Constellation. 

16  Mai 9''52-    soir.  4'*  8"  matin.  Vibrqe. 

21      »     9  30         »  3  47         »  » 

20      »     9    8  u  3  26  w  » 

31      M     ...    8  47  »  3    5  »  » 

5  Juin 8  27  »  2  47  «  » 

10      «     8    7  «  2  29  »  « 

15      » 7  48  M  2    8  »  » 

Le  mouvement  de  Junon  est  rétrograde  jusqu'au  12  juin.  A  partir  de  ce  mo- 
ment, la  marche  de  la  petite  planète  redevient  direct. 

La  distance  de  Junon  à  la  Terre  est  de  380  millions  de  kilomètres  au  !«''  juin 
et  de  484  millions  de  kilomètres  du  Soleil. 

Coordonnées  au  25  mai  :     Ascension  droite...     13*' 27*".    Déclinaison...    3*10*  N. 
»  11  juin  :  »  »  13  24  »  3    7   N. 

Vesta  est  toujours  invisible,  bien  que  se  levant  près  de  deux  heures  avant  le 
Soleil. 

Jupiter.  —  Cette  belle  planète  brille  toujours  du  plus  vif  éclat  dans  le  voisi- 
nage de  Régulus.  Le  30  mai,  au  soir,  Jupiter  et  Régulus  sont  en  conjonction  et 
leur  distance  n'est  que  de  42'. 


200  L'ASTRONOBI)k 

Joor«.  PMsain  Méridien.  Coodier.  ConatellAtion. 

17  Mai 6'' 15- .soir.  1 '•27- matin.  LiOK- 

21      »    G    1         »  1  12  »  » 

25      >»     5  47         »  0  57  »  » 

29      «     5  32  .  0  42 

2  Juin 5  18         »  0  27  »,  » 

6      »     5    4          »  0  12  »  » 

10      »     4  5t     ■     »  11  54  soir. 

U      *     4  37         »  11  39  •  y 

Jupiter  continue  son  mouvement  direct  dans  la  constellation  du  Lion.  Le  !•' juin, 
le  diamètre  de  la  planète  est  de  33',4,  sa  distance  à  la  Terre  est  de  820  millions 
de  kilomètres  et  sa  distance  du  Soleil  800  millions  de  kilomètres. 

Employer  une  bonne  jumelle  marine  pour  Tobservation  des  satellites  de 
Jupiter.  Les  personnes  douées  d'une  très  bonne  vue  pourront  essayer  de  distinguer 
le  3"  satellite  à  l'œil  nu,  lors  de  ses  plus  grandes  élongations  qui  auront  lieu  aux 
dates  suivantes  :  18,  21,  22,  •^),"^28  et  29  mai,  i«r,  2,  5.  8,  9  et  12  juin. 

Éclipses  des  satellites  de  Jupiter. 

17  Mai Il'' 30**  soir.  Immersion  du  2*  satellite  occulté. 

20      »    9  42  »  Emersion         3  »  » 

V      »    1120  •  Immersion       3  m  éclipsé. 

22      »    10  32  »  Emersion         1  »  » 

27  »    10    6  »  Immersion       3  »  occulté. 

28  »    8  48  V  Emersion         2  -  éclipsé. 

4  Juin 11  23  »  »  2  »  » 

5  »    10  52  »  Immersion       1  »         occulté. 

7     »    8  51  »  •         Emersion         1  »         éclipsé. 

14      »    10  47  »  »  1  »  » 

Remarque.  —  Les  15,  21  et  27  mai,  4  et  10  juin,  les  satellites  de  Jupiter  sont 
d'un  même  côté  du  disque  de  Jupiter. 

Saturne.  -—  Saturne  devient  de  plus  en  plus  difficile  à  reconnaître,  le  soir,  à 
l'Ouest,  peu  après  le  coucher  du 'Soleil.  Cette  belle  planète  va  bientôt  disparaître. 
Le  l**"  juin,  son  diamètre  est  de  15"  seulement. 

Uranus.  —  Le  mouvement  d'Uranus  est  rétrograde  jusqu'au  6  juin  et  la  planète 
se  dirige  vers  p  Vierge,  étoile  de  3,5  grandeur.  A  partir  de  ce  jour,  il  reprend  sa 
marche  vers  l'Est,  toujours  sous  l'aspect  d  une  étoile  de  6«  grandeur. 

Jours.  Passage  Méridien.  Coucher.  ConsteUation. 

17  Mai ,  8M5'"  soir.  2'' 24- matin.  Vierge. 

22      »     7  55         »  2    4         »  » 

27      »    7  35         »  144         »  » 

2  Juin 7  U         «  1  20         I.  » 

7      »     6  51  »  1     »         «  » 

12      »     6  32         »  0  41  »  » 

Coordonnées  au  l"juin  :    Ascension  droite  :  ll''56"48'.       Déclinaison  :  VQ'Z^'  N. 

Eugène  Vimont. 


CORRESPONDANCE. 

Curieux  effets  de  la  foudre,  —  M.  V. -Pépin,  de  Saint-Brieuc,  nous  adresse  Tintéres- 
santo  relation  suivante,  à  la  date  du  15  mars  1885.  J'ai  de  mes  propres  yeux  vu  les  dégâts 
accasionnés  par  la  foudre,  dans  une  ferme  du  village  de  Villecherel  (  canton  de  Pleine- 
Fougères).  L'électricité  suivant  la  cheminée  qu'elle  démolit,  arracha  une  pierre  du  foyer, 
fit  un  trou  dans  la  muraille,  tua  une  vache  couchée  de  l'autre  côté  et  revinC  dans  la 
maison.  C'est  là  que  se  passa  une  %teène  épouvantable  : 

Il  était  une  heure  du  matin  —  l'horloge  arrêtée  à  une  heure  juste,  sert  de  témoin.  Le 
fermier  et  sa  femme  dormaient;  un  de  leurs  tout  petits  enfants  était  couché  dans  un  berceau 
auprès  du  lit.  La  foudre,  en  un  instant,  arrache  au  fermier  son  oreiller  de  dessous  la 
tête,  brise  les  portes,  les  fenêtres,  en  projette  les  éclats  à  10  ou  15  mètres  dans  le  jardin, 
enfonce  les  meubles,  casse  la  vaisselle  ;  puis,  se  faisant  un  passage  dans  la  partie  supé- 
rieure d'un  buffet  et  dans  le  plafond,  traverse  un  tas  de  paille  sans  y  mettre  le  feu  et 
sort  enfin,  on  ne  sait  par  où,  remplissant  la  maison  de  gaz  à  odeur  sulfureuse.  Ces  gaz 
étaient  si  irrespirables  que  les  trois  ou  quatre  enfants  étaient  suffoqués;  les  parents  furent 
obligés  de  les  porter  dehors:  le  plus  jeune  resta  même  longtemps  sans  connaissance. 
Lorsque  je  les  visitai,  à  huit  heures  du  matin,  ils  étalent  tous  bien  pâles,  ou  plutôt  verts  ! 

Aucun  métal  n'a  étéattaaué;  ainsi  les  armoires,  les  buffets,  sont  ornés  ordinairement; 
dans  nos  campagnes  de  plaques  de  cuivre:  pas  une  n*a  été  touchée.  On  peut  aussi 
remarquer  que  la  foudre  n'a  point  allumé  d'incendie  eu  passant  dans  le  foin  et  la  paille. 

M.  E.  Blot,  à  Glermont  (Oise).  —  Nous  avons  reçu  votre  intéressante  épure  de  Toccul- 
tation  d'Aldébaran  par  la  Lune,  le  1*'  septembre  prochain.  On  ne  saurait  trop  vous  féli- 
citer de  la  précision  que  vous  avez  su  apporter  dans  cette  détermination  graphique  de 
toutes  les  phases  du  phénomène. 

M.  Bruquièrb,  à  Marseille.  —  Merci  pour  vos  observations  des  taches  solaires-  Vous 
savez  qu'elles  sont  collectionnées  avec  soin  et  nous  sont  très  utiles  pour  la  statistique 
des  phénomènes  solaires. 

M.  J.  GoLOMBAT,  à  Montagny.  —  Merci  de  vos  intéressantes  observations^  dont 
plusieurs  seront  prochainement  publiées.  Une  lunette  équatoriale  de  108*"  comblera 
vos  vœux.  Votre  lunette  de  40"'"  peut  parfaitement  y  être  adaptée  comme  chercheur. 

M.  Barthelont,  à  Quimper.  —  Nous  regrettons  que  la  nature  de  nos  occupations  ne 
nous  permette  pas  d'apprécier,  comme  il  le  mérit«  sans  doute,  votre  intéressant  travail. 
Quant  à  la  demande  que  vous  adressez  à  M.  G.  F.,  il  lui  est  impossible  de  la  satisfaire, 
car  il  est  tout  à  fait  incompétent  dans  les  questions  de  viticulture. 

M.  Lucien  Sol,  à  Paris.  —  La  Lune  est  en  effet  attirée  plus  fortement  par  le  Soleil 
que  par  la  Terre,  elle  tourne  eflfectivement  autour  du  Soleil  en  un  an  puisqu'elle  parti- 
cipe au  mouvement  annuel  de  la  Terre,  ce  qui  ne  Tempêche  pas  de  tourner  autour  de  la 
Terre  dans  la  période  d'un  mois.  Voyez  l'article  de  M.  Gérigny  :  Comment  la  Lune  se 
meut  dans  l'Espace.  (  V Astronomie  T.  L  1882  n"  2,  avril  p.  65.) 

M.  Oranger,  à  Auneau.  —  Votre  observation  de  Jupiter  est  intéressante.  Il  est  en 
effet  assez  rare  qu'on  observe  sur  cet  astre  des  points  noirs  :  il  serait  utile  de  savoir  si 
vous  avez  revu  ces  points  noirs  et  si  vous  avez  pu  les  suivre  ;  leur  observation  faite 
d'une  manière  systématique  serait  utile  pour  la  détermination  de  la  durée  de  la  rotation. 

Vous  av6z  bien  raison  de  regretter  q^ue  tant  de  travail  et  d'intelligence  se  dissippont 
en  pure  perte  dans  des  spéculations  oiseuses  ou  des  intrigues  condamnables.  Que  l'hu- 
manité deviendrait  vite  puissante  et  instruite,  si  les  hommes  savaient  employer  utile- 
ment les  facultés  intellectuelles  dont  ils  ont  le  bonheur  d'être  doués  ! 

M.  Henri  Mullbr,  à  Lischert.  —  La  question  que  vous  soulevez  est  fort  intéressante, 
mais  fort  difficile.  Il  ne  suffit  pas  de  tenir  compte  des  densités  des  corps  célestes  :  il 
faut  aussi  avoir  égard  â  la  loi  de  l'attraction;  on  ne  peut  juger  à  première  vue  aes 
mouvements  de  la  matière  soumise  à  d'aussi  nombreuses  innuences,  et  il  faut  de  toute 
nécessité  avoir  recours  à  l'analyse  mathématique. 

Un  abonné,  à  Beaumont  (Jersey).  —  Votre  sismographe  est  en  effet  fort  simple  et 
pourrait  rendre  de  grands  services.  La  grande  difficulté  consiste  à  l'installer  dans  un 
endroit  où  il  se  trouve  à  l'abri  des  agitations  accidentelles;  trépidations  du  sol  sous 
l'influence  des  voitures,  oscillations  des  murs,  des  planches  ou  des  pUjkfonds  produites 
par  le  vent  ou  les  pas  d'une  personne  marchant  dans  la  maison,  etc,  etc.  —  II  faut  des 
précautions  toutes  spéciales  pour  être  sûr  d'observer  véritablement  un  phénomène  géo- 
logique et  non  une  agitation  artificielle. 

M.  PÉROCHE,  à  Lille.  —  Vos  réflexions  sont  très  judicieuses.  Il  est  bien  certain  que  si 
l'attraction  de  la  Lune  a  quelque  influence  sur  les  .tremblements  de  terre,  et  les  farts 


intervenir  dans  la  production  des  oscillations  plus  fréôuentes  en  cette  saison.  Mais 
l'influence  de  la  température  paraît  être  révélée  nar  l'accroissement  des  secousses 

Sondant  la  nuit,  elle  doit  aussi  se  faire  sentir  en  niver  dans  le  même  sens,  et  il  est 
ifficile  de  faire  la  part  de  ce  qui  est  dû  1*  à  la  diminution  de  la  température  2*  à  la 
proximité  relative  du  Soleil. 

M.  Mavroqordato,  à  Constantinople.  —  Merci  pour  vos  documents  au  sujet  des 
tremblements  de  terre  ressentis  en  Grèce;  ils  seront  certainement  utilisés. 

M.  Ghailloux,  à  Paris.  —  Vous  trouverez  dans  VAstronomie  populaire,  p.  591,  et 
dans  les  Terres  du  Ciel,  p.  736,  tous  les  documents  relatifs  au  satellite  de  Neptune.  II 
n*a  pas  encore  reçu  de  nom, 

M.  Emile  Baudry,  à  Blois.  —  Veuillez  recevoir  nos  vives  félicitations.  Vos  Douze 
sonnets  astronomiques  sont  profondément  pensés.  L'édition  en  est  élégante  et  digne 
d'une  œuvre  consacrée  au  Ciel. 

M.  Pierre  Sindigo,  à  Paris.  —  Les  questions  que  vous  nous  adressez  sont  rédigées 
de  telle  sorte  qu'il  est  impossible  d'y  répondre  sans  entreprendre  au  préalable  une 
longue  discussion  sur  leur  énoncé  même.  La  signification  même  de  ces  questions  est 
souvent  fort  obscure,  et  nous  ne  comprenons  pas  Jaien  ce  que  vous  voulez  dire. 

M.  Frank  Allan  Curtis,  de  San  Remo,  écrit  que  le  tremblement  de  terre  dont  il  est 
question  au  tableau  publié  dans  la  Revue  de  Mars  a. eu  heu,  non  le  25  janvier,  mais  le 
samedi,  24,  à  la  même  heure  (9^  3"  de  Rome).  La  durée  a  été  de  4*.  La  direction  était 
S.  E.  à  N.  W. 

Le  lundi  16  février,  on  a  ressenti  un  autre  tremblement  qui  a  duré  2%  à  11''  10*" 
(heure  de  Rome,  —  même  direction)  et  qui  s'est  terminé  par  une  forte  secousse  rappe- 
lant celle  d'un  train  subitement  arrêté. 


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POUR  OBSERVATOIRES 


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PARIS 


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Aux  observatoires  populaires,  facultés, 
maisons  d'éducation,  cabinets  d'amateurs  y  etc. 


Prix  :  475  francs. 


NOTA.  —  Cet  Equalorlal  porté  en  excursions  ou 
en  villégiature  se  règle  instantanément  à  la  latitude 
(lu  lieu,  la  vis  tangente  demeurant  toujours  à  portée 
d'engrenage  du  cercle  horaire  et  de  la  roue  motrice 
du  mouvemenl  d*horlogerie. 


Leoerole  horaire  (0",16)  est  diTisé  de 

4  en  4  minutes  de  temps. 
Le  oerole  de  déclinaison  (o-,19),  porte 

720  divisions. 
Lie  trépied  est  armé  de  Tis  calantes . 


S*adres8er  à  l'inventeur,  M.  l'abbé  Blain, 

Institution  des  Sourds-Muets,  Poitiers. 

Ou  aux  constructeurSf  MM.  LussauU  frères, 

A  Marçay,  par  Vivonne  (Vienne). 


Paris.  —  Imp.  Gauthier-Villars,  55,  quai  des  Grands-AugusUna 


4'  Année. 


N»  6. 


Juin  1885. 


REVUE  MENSUELLE 

D'ASTRONOMIE  POPULAIRE 

DE  MÉTÉOROLOGIE  ET  DE  PHYSIQUE  DU  GLOBE, 

DONNANT    LB    TABLEAU    PERMANENT    DES    DÉCOUVERTES    ET    DES    PR00RB8    RÉALISAS 
DANS    LA    CONNAISSANCE    DE    L'UNIVERS 

PUBLIEE    PAB 

CAMILLE  FLAMMARION, 

AVEC  LE  CONCOURS  DES 

PRINCIPAUX  ASTRONOMES  FRANÇAIS  ET  ETRANGERS 


ABONNEMENTS  POUR  UN  AN! 

Paris  :  12  fr.  —  Départements  :  13  fr.  —  Étranger  :  14  fr. 

Prix  du  Numéro  :  1  ft*.  80  o. 

La  Revue  parait  le  t*^  de  chaque  Mois. 


PARIS. 

GAUTHIER-YILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DE    L*OBSERVATOIRE    DE    PARIS, 
Quai  des  Augustins,  55. 

1885 


SOMMAIRE  DU  N»  6  (JUIN  1885). 

La  photographie  directe  du  Ciel,  par  MM.  Paul  et  Prospkh  Henrv  (2  figureai).  —  L'Observa- 
toire de  Nice  et  l'Astronomie  en  France,  par  M.  Camille  Flammahion  (4  flgures).  —  Murs 
ënigmatiqaes  observés  4fc  la  surface  dé  la  Lune,  par  M.  L.  Tbouvelot  (1  flgure).  —La 
hauteur  des  lueurs  crépusculaires,  par  M.  Cii.  Dufour  (2  flgures).  —  NouTelles  de  la 
Science.  Variétés  :  Le»  saints  de  glace  et  le  mois  de  mai  1885.  Phénoméoes  solaires  et  aurores 
boréales.  Lueurs  crt'pu oculaires  eklnmière  zodiacale»  par  M.  J.  Colombat.  Visibilité  de  Mer- 
cure. Vénus  visible  en  plein  jour.  Etoile  double  voisine  de  p  du  Capricorne.  L'éclipsé  partiell<^  1 
de  Lune,  du  30  mars,  observée  par  MM.  O.  et  S.  Broune.  Observations  curieuses  sur  la  Lune,  La  i 
Lune  h  l'envers.  Aurores  boréales.  Eruption  du  Vésuve.  Poussières  de  fer  dans  Tatmosphère.                   ( 
Gréions  remarquables  (1  figure).  Les  vi<^times  de  la  foudre.  L'acide  carlwniquc  de  Tair.  Mouve- 
ments lents  du  sol.  Acoélération  thermodynamique  du  mouvement  de  rotation  de  la  terre.  Den- 
sité de  la  terre.  Sur  le  mouvement  relalif  do  la  terre  et  de  l'éther.  Légers  tremblements  de  terre-. 
Les  volcans  et  les  mesures  magnétiques.  L'inventeur  des  jumelles.  Statue  à  Giordano  Bruno. 
I/Astronomie  popularisée.  Un  cadran  solaire  de  plus  de  deux  mille  ans.  —  Observations  as- 
tronomlqueSf  par  M.  E.  Vimont  (2  figures) . 


ARTICLES  SOUS  PRESSE 

POUA  PARAITRE  DANS  LES  PROCHAINS  NUMÉROS  DE  LA  REVUE. 

FLAMMARION.  —  Les  conditions  de  la  vie  dans  TUnivers  iauHe  el  fin). 

DAUBRËE.  —  Découverte  au  Grofotand  de  masses  de  fer  natif,  d'oH^lne  terrestre 

et  analogue  au  fer  natif  d*origine  eattra-terrestre. 
BERTHELOT.  —  Sur  les  slg^nes  des  métaux  rapprochés  des  signes  des  planètes. 
CHANTRE.  —  Les  anciens  glacto|S«  des  Alpes. 
VAN  SANDIGK.  —  L'AstronomJIe  clica  les  Javanais. 
ERICSON.  —  Nouvelle  mesure  de  la  température  du  Soleil. 
TOTJNG.  —  Les  problèmes  actuels  de  T Astronomie. 
Jules  BON  JE  AN.  —  La  réforme  du  calendrier. 
BARRA  (D').  —  La  météorologie  en  Australie. 

FENET.  —  Les  curiosités  sidérales  vues  dans  les  instruments  moyens. 
VIMONT.  —  Instructions  pour  Tnsage  des  instruments. 
JACKSON.  --  Tableau  des  diverses  vif  esses. 
DETAILLE.  —  L'Astronomie  des  anciens  Egyptiens. 

ROSSI  DE  GIUSTINIANI.  —  L'AstrononUe  des  anciens  philosophes  grecs. 
G.  HERMITB.  —  Détermination  du  nombre  des  étoiles. 
LESPIAULT.  —  Démonstration  élémentaire  des  lois  de  Newton. 
FLAMMARION.  —  L'origine  des  constellations. 
GALLT.  —  Eclipses  de  Soleil  et  de  Lune  ^1  arriveront  de  l'an  1 886  k  Tan  2000 


PRINCIPAUX  ARTICLES  PUBLIÉS  DA,NS  LA  REVUE. 

A.  D'ABBADIE,  de  l'Institut.  —  Choix  d'un  premier  méridien. 

ARAGO  <V.).  —  Le  soleU  de  Minuit. 

BERTRAND  <J.),  de  l'Institut.  —Le  satellite  de  Vénus. 

BOË  (A.  De),  astronome  à  Anvers.  —  L'Etoile  polaire. 

DAUBRÉB,  Directeur  de  l'Ecole  des  mines.  —  Les  pierres  tombées  du  Ciel. 

DENNING  <A.),  astronome  à  Bristol.  —  Observations  télescopiques  da  Jupiter,  de  Vésas 
de  Mercure. 

DBNZA  (P.),  Directeur  de  l'Observatoire  de  Monoalleri.  —  Chute  d'un  uranolithe  en  Italie. 

DETAILLE,  astronome.  —  L'atmosphère  de  Vénus.  —  Nouvelles  mesures  des  anneaux 
de  Saturne.  —  Les  tremblem^^s  de  terre. 

FATE,  Prét^idont  du  Bureau  des  Longitudes.  —  NouTelle  théorie  du  Soleil.  —  Distribution 
des  taches  solaires.  ~  Mouvements  lents  du  sol  en  Suisse.  —  La  formation  du  sys- 
tème solaire. 

FLAMMARION.  —  Les  carrières  astronomiques  en  France.  --  Conditions  d'habita- 
bilité de  la  planète  Mars.  —  Constitution  physique  des  comètes.  —  Une  cenèse  dans 
le  Ciel.  —  Gomment  on  mesure  la  distance  du  soleil.  —  Les  étoiles,  soleils  de  l'InllnL— 
D'où  viennent  les  pierres  qui  tombent  du  Ciel  ?  —  Les  étoiles  doubles.  —  Chute  d'un 
corps  au  centre  de  la  terre  —  La  conquête  des  airs  et  le  centenaire  de  MoAtsolfler.  — 
Les  grandes  marées  au  Mont  Saint- Michel.  —  Phénomènes  mètéorologiqus  obser- 
vés en  ballon.  —  Une  excursion  météorologique  sur  la  planète  Mars.  -^  Les  flam- 
mes du  Soleil.  —  Les  illuminations  crépusculaires  et  le  cataclysme  de  Krakatoa.— 
La  planète  transneptunlenne.  —  L'étoile  du  Berger.  —  L'histoire  de  la  Terre.  —  Les 
victimes  de  la  foudre. 

FOREL  (le  Professeur).  —  Les  tremblements  de  terra. 

GAZAN  (Colonel).  —  Les  taches  du  soleil. 

GÂRIGNT,  astronome.  —  Comment  la  lune  se  meut  dans  l'espace.  —  Ralentissement  dv 
mouvement  de  la  Terre.  —  La  formation  du  système  solaire.  —  Études  sélénographi- 
ques.  —  L'èquatorial  coudé  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  L'hèllomètre.  —  La  nais- 
sance de  la  Lune.  « 

HENRT,  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  Découvertes  nouvelles  sur  Uranns. 

HERSCHEL  (A.-S.).—  Chute  d'un  uranolithe  en  Angleterre. 

HIRN,  correspondant  de  l'Institut.  —  ConsèrTation  de  l'énergie  solaire.  —  Phénomènes 
produits  sur  les  bolides  par  l'atmosphère.  —  La  température  du  Soleil. 

HOUZEAU,  Dirortcur  de  l'Observatoire  de  Bruxelles.  —  Le  satellite  de  Vénus. 


^  L'ASTRONOMIE.  — 

LA  PHOTOGRAPHIE  DIRECTE  DU  CIEL. 


201 


VAsironomie  a  fait  connaître  (année  1884,  p.  370)  les  premiers  essais  que 
nous  avons  obtenus  dans  la  photographie  directe  des  étoiles  à  l'aide  d'un 

Fl^  74. 


L*ama8  de  Persée,  photographié  directement, 

Obseryatolre  de  Paris.  Dorée  de  la  pose  =  50  minnlcs.  550  étoiles  de  la  7*  &  In  J8*  griindear, 
Bctaelle  1*  =  139««.  (Cliché  du  10  octobre  1884). 

objectif  de  0",  16  et  d'un  appareil  provisoire.  Ces  premiers  essais  ayant  donné 
de  bons  résultats,  M.  le  Directeur  de  l'Observatoire  a  bien  voulu  faire  cou- 
Juin  1885.  6 


202  L'ASTRONOMIE. 

struire  immédiatement  un  appareil  spécial  dont  la  partie  mécanique  a  été 
exécutée  d'une  façon  remarquable  par  M,  Gautier  et  dont  nous  avons  nous- 
mêmes  construit  l'objectif. 

Ce  nouvel  instrument  se  compose  de  deux  lunettes  juxtaposées,  renfer- 
mées dans  un  tube  métallique  unique  en  forme  de  parallélipipède  et  sépa- 
rées dans  toute  la  longueur  par  une  mince  cloison;  l'un  des  objectifs, 
de  0*",  24  d'ouverture  et  3",  60  de  distance  focale,  est  destiné  à  Tobservatiou 
visuelle  et  sert  de  pointeur;  l'autre,  de  0">,34  d'ouverture  et  de  3", 43  de 
foyer,  est  achromatisé  pour  les  rayons  chimiques  et  sert  à  la  Photographie. 
Les  axes  optiques  de  ces  deux  lunettes  étant  parallèles,  tout  astre  maintenu 
au  centre  du  champ  de  l'oculaire  de  la  première  produit  son  impression 
au  centre  de  la  plaque  sensible  de  l'appareil  photographique. 

L'équatorial  est  monté  dans  la  forme  dite  anglaise,  c'est-à-dire  que  le 
centre  du  tube  reste  toujours  dans  Taxe  polaire  de  l'instrument.  Cette  dis- 
position permet  de  suivre  un  astre  depuis  son  lever  jusqu'à  son  coucher, 
sans  qu'il  soit  nécessaire  de  retourner  l'instrument  dans  le  voisinage  du  méri- 
dien ;  elle  a,  de  plus,  l'avantage  de  donner,  pour  toutes  les  régions  du  ciel  la 
position  directe  et  la  position  inverse,  ce  qui  permet  d'éliminer  certaines 
erreurs  de  décentrage. 

Il  est  muni,  comme  les  équatoriaux  ordinaires,  de  cercle  horaire,  de 
cercle  de  déclinaison  et  d'un  mouvement  d'horlogerie  qui  peut  faire  mar- 
cher l'appareil  pendant  trois  heures  sans  être  remonté. 

Il  existe  des  mouvements  indépendants  de  rappel  très  lent  permettant  de 
maintenir  Taxe  de  la  lunette  dans  une  position  parfaitement  déterminée, 
malgré  quelque  légère  irrégularité  dans  le  mouvement  d'horlogerie  ou  rorien- 
tation  de  la  lunette. 

L'objectif  photographique,  le  plus  grand  qui  ait  encore  été  exécuté,  est 
formé  d'un  système  achromatique  simple,  et,  quoique  d'un  rapport  focal 
extrêmement  court,  il  peut  couvrir  très  nettement,  sans  l'emploi  d'aucun 
diaphragme,  le  champ  très  considérable  de  3*  de  diamètre. 

Bien  que  cet  appareil  ne  soit  pas  encore  entièrement  réglé,  nous  avoub 
déjà  pu  obtenir,  en  une  heure  de  pose,  l'épreuve  reproduite  ici  (fig.  7.5)  :  sur 
une  surface  représentant  une  étendue  du  ciel  d'environ  5*  carrés,  on  peut 
compter  2790  étoiles  comprises  entre  la  5*  et  la  14*  grandeur  aussi  nettement 
venues  sur  les  bords  qu'au  centre  de  l'épreuve  ;  on  peut  même  distinguer 
sur  le  cliché  les  traces  des  étoiles  de  15«  grandeur,  mais  trop  faiblement 
impressionnées  pour  supporter  le  report  sur  papier;. elles  seront  certaine- 
ment obtenues  par  une  pose  plus  longue  ;  les  étoiles  de  14*  grandeur  se  pré- 
sentent sous  un  diamètre  de  xô  de  millimètre. 

La  construction  d'une  telle  carie,  obtenue  en  une  heure,  aurait  certai- 


LA  PHOTOGRAPHIE  DIRECTE  DU  CIEL.  20Î 

nement  exigé  plusieurs  mois  d'un,  travail  assidu  par  les  procédés  ordi-- 
naires. 
Voici  la  durée  de  pose  nécessaire  pour  obtenir  l'image  des  étoiles  : 

!>-•  étoiles. 

!'•  grandeur 0%003 

2* 0 ,01 3  > 

3- 0,03 

4- : 0,08 

5- 0,2 

6%  dernières  étoiles  visibles  à  l'œil  nu 0 ,5 

?• 1,3 

8* 3 

9- 8 

10-    \  .  20 

11*    l    grandeur  moyenne  des  astéroïdes '  50 

12-    )  )       2- 

13- 5 

14* 13 

15"    i    dernières  étoiles  visibles  avec  la  moyenne  des  i      33 

16*    j       grands  instruments \  1^23 

Tous  ces  chiffres  représentent  un  minimum;  pour  obtenir  de  bonnes 
reproductions  sur  papier,  il  faudra  tripler  ce  temps  de  pose. 

On  voit  par  ce  tableau  que,  entre  la  première  et  la  dernière  grandeur 
d'étoiles,  la  durée  de  pose  varie  de  1  à  1  000  000.  (Le  rapport  adopté  entre 
Téclat  de  deux  grandeurs  consécutives  est  2,512). 

Nous  nous  sommes  servis  pour  ces  expériences  des  plaques  au  gélatino- 
bromure de  Monckoven,  préparées  par  M.  Bernœrt,  de  Gand. 

Remarquons  en  terminant  que  ces  nouveaux  progrès  ont  sensiblement 
augmenté  la  puissance  de  la  vue  humaine,  puisqu'ils  permettent  d'obtenir 
l'image  d'une  étoile  ou  le  tracé  de  la  route  d'un  astre  qui  resterait  invisible 
avec  des  lunettes  de  môme  ouverture  que  celles  qui  servent  à  la  photographie. 
La  persistance  de  l'impression  rend  la  plaque  photographique  plus  sensible 
que  la  rétine. 

Paul  bt  Prosper  Henry 

Astronomes-adjoints  de  robservatoire  de  Paris. 


Ce  sont  là  de  magnifiques  résultats,  et,  nous  éprouvons  le  plus  vif  bonheur 
à  les  présenter  à  nos  lecteurs  du  globe  entier.  «  Tous  les  astronomes  dirong- 
nous  avec  M.  l'amiral  Mouchez,  tous  les  astronomes  attacheront  certainement 
un  grand  intérêt  aux  résultats  qui  viennent  d'être  obtenus  à  l'Observatoire 
de  Paris;  ils  justifient  cette  remarque  déjà  ancienne,  que  les  astronomes  qui, 
suivant  l'exemple  illustre  des  Galilée  et  des  Herschel,  s'appliquent  à  con- 


Î04  L  ASTUONOMIB. 

Btruire  eux-mêmes  leui^  insU*uments,  deviennent  les  plus  habiles  artistes  et 
font  faire  le  plus  de  progrès  à  l'Astronomie  d'observation.  Ces  résultats  sont 
d'une  importance  considérable  pour  l'Astronomie.  La  photographie  céleste 
avait  sans  doute  déjà  produit  quelques  résultats  intéressants,  mais  ils  n'of- 
fraient guère  jusqu'ici  qu'un  objet  de  pure  curiosité,  aucun  fait  nouveau 
dans  la  connaissance  du  ciel  ne  leur  étant  encore  dû;  il  en  est  tout  autre- 
ment aujourd'hui  avec  les  nouveaux  grands  objectifs  photographiques  de 
MM.  Henry. 

«  Le  piemier  grand  problème  qui  va  pouvoir  être  résolu  en  quelques  années 
est  le  construction  exacte  de  la  Carte  du  ciel,  c'est-à-dire  le  dénombrement, 
le  classement  et  la  position  de  toutes  Içs  étoiles  visibles  avec  les  grands  in- 
struments, problème  qui  a  longtemps  préoccupé  les  plus  célèbres  astronomes 
et  était  considéré  comme  insoluble  jusqu'ici. 

»  Herschel,  après  la  construction  de  son  grand  télescope,  consacra  de  bien 
longs  travaux  à  la  solution  d'une  parlie  seulement  de  la  question,  le  dénom- 
brement des  étoiles.  Mais  il  trouva,  par  les  procédés  de  sondage  ou  de  jauge 
qu'il  avait  imaginés,  qu'il  lui  faudrait  quatre-vingts  années  de  travail 
pour  arriver  à  l'exploration  complète  du  ciel;  cependant,  après  plusieurs 
années  d'observation,  il  crut  pouvoir  fixer  approximativement  le  nombre  des 
étoiles  visibles  avec  son  grand  télescope,  c'est-à-dire  jusqu'à  la  14«  ou  15* 
grandeur,  à  vingt  millions  et  demi.  Par  une  remarquable  coïncidence,  nous 
arrivons  à  peu  près  au  même  chiffre  avec  notre  épreuve  obtenue  en  une 
heure  de  pose.  La  surface  de  la  sphère  contenant  41  000*  carrés  environ,  si 
l'on  admet  que  notre  épreuve  représente  une  région  de  densité  moyenne  du 
ciel,  les  2790  étoiles  contenues  dans  ces  5*  carrés  donnent  à  peu  près  22  mil- 
lions et  demi  d'étoiles  pour  l'ensemble  de  la  voûte  céleste. 

»  Comme  autre  étude  très  importante,  devenue  aujourd'hui  possible  par  la 
Photographie,  nous  pouvons  signaler  la  découverte  des  astéroïdes.  Les  petites 
étoiles  s'inscrivant  sur  le  cliché  comme  un  point  pour  ainsi  dire  mathéma- 
tique, les  planètes  s'en  distinguent  par  un  petit  trait  parfaitement  net  indi- 
quant leur  mouvement  propre  en  grandeur  et  en  direction  pendant  la  durée 
de  la  pose  :  c'est  ainsi  que  nous  avons  déjà  obtenu,  avec  l'appareil  provisoire 
de  l'année  dernière,  le  mouvement  propre  de  Palias  au  milieu  des  étoiles  fixes. 
»  On  pourra  étudier  de  même  le  mouvement  des  satellites  autour  de  leur 
planète  :  sur  les  épreuves  de  Jupiter  prises  de  dix  minutes  en  dix  minutes,  on 
voit  nettement  s'accentuer  la  marche  de  ces  petits  corps  autour  de  Taslie 
piincipal. 

»  L'étude  des  étoiles  doubles  et  multiples,  quand  ces  groupes  ne  seront  pas 
trop  serrés,  en  sera  grandement  facilitée;  et  Ton  pourra  également  appliquer 
la  Photographie  à  la  recherche  des  parallaxes  ;  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  dire 


LA  PHOTOGRAPHIE  DIRECTE  DU  CIEL.  20^ 

qu'avec  un  microscope  ordinaire  et  un  grossissement  de  quinze  à  vingt  fois, 
j'ai  pu  faire  sur  les  clichés  des  pointés  à  un  ou  deux  dixièmes  de  seconde 
près. 
»  Enfin  il  faut  citer  la  photométrie  comme  une  des  branches  de  l'Astronomie 

FijT.  75. 


Photographie  directe  de  cinq  degrés  carrés  du  ciel. 

ÎO"»»"  à  20»»  16";  -+-  35»  0'  à  -f-'  37«»80'.  2800  étoiles  d«  la  5*  &  la  H*  grandeur. 
(Cliché  du  23  avril  1885). 

physique,  qui  pourra  recueillir  maintenant  de  très  utiles   documents  de 
l'emploi  de  la  photographie.  » 

Celte  question  si  intéressante  de  la  valem*  photométrique  des  étoiles  reçoit 
de  la  photographie  une  interprétation  différente  de  celle  de  ToBil  humain, 
mais  qui  n'en  est  pas  moins  précieuse.  On  sait  que  le  bleu  vient  blanc  en 


206  LASTRONOMÎE. 

photographie,  tandis  que  le  jaune  et  le  rouge  viennent  noir.  Les  étoiles 
blanches  et  bleuâtres  de  15*  et  16'  grandeurs  se  laissent  photographier  sans 
peine  ;  les  étoiles  jaunes,  orangées  ou  rougeâtres  ne  sont  pas  photogéniques. 
Dans  l'amas  de  Persée  {fig.  74)  il  y  a  notamment  une  étoile  de  %•  grandeur 
et  demie  qui  ne  produit  sur  le  cliché  que  la  trace  d'une  étoile  de  11*.  Les  étoiles 
rouges  les  i)lus  brillantes,  Aldébaran,  par  exemple,  ne  donnent  pas,  comme 
on  pourrait  le  croire,  des  disques  grands  et  ternes,  mais  de  minuscules  petits 
points.  La  variabilité  de  couleur  se  décèlera  par  la  photographie. 

Il  existe  d'ailleurs  des  plaques  isochroraatiques  (entre  autres  celles  de 
MM.  Glayton  et  Atout-Tailler)  qui  permettent  de  photographier  toutes  les 
étoiles,  quelles  que  soient  leurs  couleurs,  avec  leur  intensité  lumineuse  réelle. 

Mais  ce  sont  surtout  les  mouvements  propres  des  étoiles  qui  se  manifeste- 
ront par  les  comparaisons  périodiques  des  aspects  célestes.  Les  positions  rela- 
tives très  précises  substituées  aux  positions  absolues  mettront  en  dix  ou  vingt 
ans  en  évidence  des  déplacements  que  cent  années  d'observations  méri- 
diennes n'auraient  pas  signalés.  Toute  équation  personnelle  étant  élimin^'O 
dès  le  principe,  les  résultats  obtenus  seront  dignes  delà  plus  haute  confiance. 
En  résumé,  les  ingénieux  travaux  de  MM.  Paul  et  Prosper  Henry  sont  de 
ceux  qui  illustrent  à  la  fois  un  établissement  et  un  pays.  Ils  font  le  plus  grand 
honneur  à  l'Observatoire  de  Paris  et  contribuent  tout  particulièrement  à  sa 
prospérité  scientifique  et  à  sa  gloire. 

L.V   RÉDACTION    DE    LA   ReVUE. 


L'OBSERVATOIRE  DE  MCE  ET  L'ASTRONOMIE  E>  FRANCE. 

Nous  venons  de  visiter,  dans  les  ateliers  du  célèbre  constructeur  Eiffel,  la 
plus  grande  des  coupoles  tournantes  qui  aient  jamais  été  construites.  Cett^ 
merveille  flottante  ne  mesure  pas  moins  de  22",  40  de  diamètre  à  l'inté- 
rieur; c'est-à  dire  qu'elle  surpasse  de  2  mètres  celle  du  Panthéon.  Elle  pèse 
95  000'«,  est  construite  en  fer,  composée  de  620  feuilles,  assemblées  entre 
elles  par  55  000  rivets.  Elle  est  simplement  posée  sur  de  l'eau,  flotte  comme 
un  bateau,  si  légèrement  que  la  main  d'une  Parisienne  peut  la  faire  tourner 
à  l'aide  d'un  petit  treuil.  En  moins  de  quatre  minutes,  elle  fait  un  tour 
complet  sur  elle-même.  Un  vent  un  peu  fort  suffit  même  pour  la  mettre  eu 
mouvement. 

Cette  coupole  est  destinée  à  TObservatoire  de  Nice. 

Le  résultat  obtenu  par  le  hardi  constructeur  auquel  on  doit  le  projet  de  la 
tour  de  300"  destinée  à  couronner  l'exposition  séculaire  de  1889  est  aussi 
merveilleux  qu'inattendu.  Les  ingénieurs  invités  par  le  Ministre  des  travaui 


L  OBSERVATOIRE  DE  NICE  ET  L'ASTRONOMIE  EN  FRANCE. 


207 


publics  à  examiner  les  projets  de  concours  pour  la  coupole  de  20""  que 
l'Observatoire  attend  toujours  —  et  attendra  malheureusement  longtemps 
encore  —  se  déclarèrent  contre  cette  idée  nouvelle  et  originale  de  faire 
porter  une  coupole  astronomique  sur  de  l'eau.  Cependant,  ils  la  discutèrent, 
pour  la  repousser  par  quatre  voix  contre  trois.  Elle  avait  pourtant  un  pro- 
tecteur puissant,  Tamiral  Mouchez,  Directeur  de  TObservatoire,  juge  ausâi 
éclairé  qu'indépendant. 

M.  Charles  Garnier,  Tarchitccte  de  TOpéra,  qui  venait  de  terminer  TObser- 

Fig.  76. 


Plan  général  de  l'Observaloire  do  Nice. 


vatoire  de  Nice,  dû  à  la  générosité  scientifique  sans  seconde  en  France  do 
M.  Bischoffsheim,  faisait  partie  de  la  commission  des  sept  et  était  Tun  des 
trois  partisans  du  projet  Eiffel.  Ayant  une  coupole  à  placer  sur  la  magni- 
fique base  égyptienne  qui  domine  si  splendidement  le  mont  Gros  à  Nice, 
Phidias  décida  Mécène  à  choisir  la  coupole  flottante,  de  préférence  à  tous  les 
anciens  systèmes.  S'il  se  fût  agi  d'un  établissement  de  TEtat,  par  exemple  de 
l'Observatoire  de  Paris,  on  eût  été  obligé  de  suivre  l'avis  de  la  commission 
officielle,  et,  au  lieu  de  ce  dôme  aérien,  qui  n'est  plus  qu'un  jeu  dans  la 
main  de  l'observateur  ou  de  son  assistant,  on  aurait  construit  un  édifice 
massif  analogue  à  celui  de  la  terrasse  de  l'Observatoire,  à  cette  coupole  de 
la  tour  de  l'Est  construite  du  temps  d'Arago  et  qui  a  lassé  la  patience  des 
rares  astronomes  qui  se  sont  astreints  à  observer  le  ciel  sous  cette  lourde 
carapace. 


208 


L'ASTKONOMIE. 


Je  me  souviens  pour  ma  part  que,  dans  le  cours  de  rannée  1877,  ayant 
eu  à  passer  là  quelques  nuits  d'observation,  la  coupole  était  si  dure  à 
tourner  que  plusieurs  hommes  d'équipe  étaient  nécessaii*es  pour  la  mettre 
en  mouvement;  il  ne  fallait  pas  moins  de  trois  quarts  d'heure  de  travail 
pour  lui  faire  faire  un  seul  tour.  Quant  aux  trappes,  deux  hommes  devaient 
se  pendre  aux  cordages  destinés  à  les  ouvrir  et  encore  n'y  réussissaient-ils 
pas  toujours. 

Dans  la  coupole  de  Nice,  le  système  d'ouverture  est  complètement  nou- 

Fig.  77. 


1  i  ; 
i  !  i 


r 


La  coupole  flottanto  de  22»  de  diamètre. 

veau.  Il  se  compose  simplement  de  deux  volets,  régnant  sur  toute  la  hauteur 
de  la  coupole,  depuis  la  base  jusqu'au  sommet,  qui  s'écartent  l'un  de  Tautre, 
parcourant  chacun  1'",50,  et  donnent  à  l'ouverture  destinée  aux  observa- 
lions  un  espace  complètement  libre  de  3'"  de  largeur  et  de  toute  la  hauteur 
de  la  coupole.  Ajoutons  que  les  volets,  une  fois  fermés,  le  sont  hermétique- 
ment, et  que  les  gouttes  de  pluie  chassées  par  le  vent  ne  risquent  pas  d'aUer 
détériorer  l'instrument. 

Nous  l'avons  dit  tout  à  l'heure,  l'innovation  de  cette  construction  consiste 
dans  l'application  du  principe  d'Archimède  :  tout  corps  plongé  dans  l'eau 
perd  une  partie  de  son  poids,  équivalente  à  celui  de  l'eau  qu'il  déplace.  La 
coupole  pesant  95  000^»,  on  a  donc  construit  une  cuve  circulaire  destinée 
à  la  soutenir,  pouvant  contenir  plus  de  95  000  litres  d  eau.  La  base  de  la 
coupole  s'enfonce  d'une  certaine  quantité  dans  celte  eau,  ne  pose  pas  sur  le 


L'OBSERVATOIRE  DE  NICE  ET  L'ASTRONOMIE  EN  FRANCE. 


209 


fond,  ilbtte  tout  simplement,  comme  un  oateau.  Cette  cuve  annulaire  mesure 
par  conséquent  22°*, 40  de  diamètre  intérieur,  comme  la  coupole  elle-même; 
sa  hauteur  est  de  t™,50,  sa  largeur  de  l'",20.^ur  le  flotteur  est  fixée  une 
armature  de  seize  fermes  en  acier,  qui  forme  en  quelque  sorte  la  base  et  la 
charpente  du  dôme  mobile.  Au  besoin,  en  cas  de  réparation  de  la  cuve,  par 
exemple,  la  coupole  peut  tourner  sur  des  galets,  comme  on  le  voit  sur  la 
fig-  77. 
Ce  n'est  pas  de  Teau  pure  qui  remplit  la  cuve,  car  chacun  sait  que  l'eau 


Fig.  78. 


- -*7s^ - ' 

La  coupole  sur  son  piédestal . 

gèle  à  zéro  et  que,  même  sur  la  montagne  de  Nice,  il  serait  imprudent  de 
s'exposer  à  voir  la  coupole  immobilisée  précisément  pendant  les  belles  nuits 
d'hiver.  M.  Eiffel  a  choisi  une  dissolution  de  chlorure  de  magnésium, 
laquelle  ne  se  gèle  qu'à  40°  au-dessous  de  zéro,  froid  sans  exemple  à  Nice,  à 
Paris  et  dans  tout  le  monde  habitable.  On  a  objecté  que  le  chlorure  de 
magnésium  pouvait  attaquer  les  métaux.  Mais  M.  Pictet  l'emploie  depuis  dix 
ans  dans  ses  appareils  frigorifiques  et  n'a  jamais  remarqué  aucune  dété- 
rioration. 

Voici  maintenant  ce  beau  projet  réalisé.  La  coupole  va  être  démontée  et 
portée  sur  la  base  qui  l'attend  à  Nice.  Elle  abritera  un  équatorial  colossal  de 
18"  de  longueur,  dont  l'objectif,  de  O^TO  de  diamètre,  a  été  parfaitement  réussi 
par  M.  Feil  et  va  recevoir  la  savante  courbure  qui  lui  convient,  par  les  soins 

6* 


210 


L'ASTRONOMIE. 


de  MM.  Henry  frères,  de  l'Observatoire  de  Paris,  célèbres  par  leurs  décou- 
vertes astronomiques  comme  par  leurs  travaux  en  optique,  qui  en  ont  fait 
depuis  longtemps  déjà  les  émules  et  les  continuateurs  de  Foucault. 

Là,  sur  la  montagne  qui  domine  dans  les  hauteurs  aériennes  la  ville  du 
bruit  et  des  plaisirs,  au  sein  du  silence  solennel  des  rochers  et  des  bois,  en 
face  de  l'un  des  plus  grandioses  tableaux  de  la  nature  qui  se  puissent  voir, 
entre  la  Méditerranée  au  miroir  resplendissant  et  les  Alpes  couronnées  de 
leurs  neiges  éternelles,  les  astronomes  de  TObservatoire  de  Nice  vont  conti- 

Flg.  7'J. 


Coupe  du  flotteur  de  la  coupole. 

nuer  et  développer  encore  les  recherches  ingénieuses  et  les  belles  décou- 
vertes qui  ont  déjà  signalé  leur  avènement.  Déjà,  à  Taide  des  premiers 
instruments  mis  à  leur  disposition  par  une  générosité  scientifique  qu'on  ne 
saurait  trop  louer,  les  étoiles  doubles,  les  planètes  de  notre  système,  les 
comètes  errantes  ont  été  minutieusement  étudiées,  examinées,  mesurées  par 
M.  Pen-otin,  le  directeur  de  l'Observatoire,  et  par  son  aide  assidu,  M.  Char- 
lois;  déjà  aussi,  à  l'aide  d'un  appareil  merveilleux  dû  tout  entier  à  son  inven- 
tion, M.  Thollon  a  pu  pénétrer  le  mystère  de  la  constitution  chimique  du 
Soleil,  en  obtenant  un  spectre  solaire  de  15"  de  longueur,  sur  lequel  il  a 
compté  et  mesuré  plus  de  dix  mille  raies  spectrales,  dont  un  grand  nombre 
appartiennent  à  l'atmosphère  même  de  la  Terre.  Par  la  comparaison  de  ces 
raies  solaires  et  terrestres,  on  obtient  des  données  précieuses,  non  seulement 
sur  la  constitution  du  Soleil,  mais  sur  celle  de  notre  propre  planète.  Par  sii 
situation,  par  la  valeur  des  savants  qui  y  travaillent,  par  l'excellence  de  ses 


L'OBSERVATOIRE  DE  NICE  ET  L'ASTRONOMIE  EN  FRANCE.  211 

instruments,  TObservatoire  de  Nice  peut  être  désormais  considéré  comme 
l'un  des  premiers  du  monde  entier. 

Un  jour,  quittant  Nice  pour  Paris,  je  n*ai  pu  m'empêcher  d'exprimer  mon 
admiration,  en  des  termes  que  je  demande  la  permission  de  rappeler  ici, 
précisément  parce  qu'ils  n'auront  peut-ctré  pas  toujours  la  même  raison  d'être. 

«  Dans  ce  sanctuaire  d'Uranie  règne  un  esprit  de  libéralisme  scientifique, 
déloyale  confraternité,  de  sincérité  et  d'aménité,  que  l'on  n'est  pas  accou- 
tumé à  rencontrer  dans  les  Observatoires.  On  y  respire  un  air  de  liberté  qui 
s'harmonise  bien  avec  la  supériorité  lumineuse  des  hauteurs.  Tous  les  astro- 
nomes qui  visitent  l'Observatoire  de  Nice  s'en  aperçoivent  dès  le  premier 
jour  et  ne  peuvent  s'empêcher  d'en  féliciter  le  directeur.  Le  Verrier  était  ua 
grand  génie,  mais  il  faut  avouer  que  la  tradition  qu'il  a  laissée  à  l'Observa- 
toire de  Paris  et  ailleurs  est  déplorable. 

a  Quand  donc  les  savants  comprendront-ils  que  les  places  officielles  ne 
signifient  rietij  absolument  rien,  et  que  la  seule  valeur  de  l'homme  consiste 
dans  sa  valeur  personnelle  ? 

«  L'homme  de  cœur  est  heureux  de  rencontrer  sur  sa  route  une  RépubUque 
de  travailleurs  comme  celle  de  l'Observatoire  de  Nice,  et,  dût  la  modestie  de 
ces  scrutateurs  des  mystères  célestes  en  être  blessée,  il  croit  juste  et  même 
opportun  de  signaler  son  existence. 

«  Tous  les  vrais  amis  de  la  science  admireront  la  libéraUté  scientifique  de 
l'heureux  député  des  Alpes-Maritimes,  et  ils  le  féliciteront  surtout  de  la 
manière  dont  son  œuvre  a  été  réalisée  (M-  » 

Ces  paroles,  je  pourrais  les  répéter  aujourd'hui  même.  Mais  l'Observatoire 
de  M.  Bischoffsheim  gardera-t-il  son  indépendance  dans  l'avenir? 

L'éducation  française  est  ainsi  faite,  depuis  la  centralisation  opérée  par 
Louis  XIV,  que  l'officiel,  le  fonctionnarisme  régnent  sur  l'ensemble  des  esprits. 
C'est  à  un  tel  point  qu'en  général  l'homme  le  mieux  doué,  au  lieu  de  se 
contenter  d'être  quelqu'un,  s'imagine  qu'il  est  préférable  d'être  quelque  chose. 
II  semble  que  la  consécation  officielle  d'une  valeur  soit  un  titre  de  garantie. 
Et  pourtant,  au  fond,  chacun  sait  qu'il  n'en  est  rien,  que  l'on  rencontre  à 
chaque  pas  de  hauts  et  puissants  fonctionnaires  dépourvus  de  toute  valeur 
personnelle,  véritables  crustacés  de  la  civilisation,  et  qu'à  côté  agissent  des 
savants,  des  industriels,  des  littérateurs,  des  artistes  incomparablement  plus 
forts  et  qui  ont  en  plus  le  mérite  d'être  affranchis  de  toute  attache  officielle. 
Derâande-t-on  ce  qu'étaient  Christophe  Colomb,  Copernic,  Newton,  Pascal. 
Leibniz,  Herschel;  s'ils  étaient  académiciens  ou  s'ils  portaient  des  galons? 

L'Observatoire  de  Nice  est  dd  tout  entier  à  l'initiative  privée,  à  la  noble 

C)  1j  Astronomie,  mai  1884. 


212  L'ASTRONOMIE. 

générosité  d'un  ami  de  la  Science  et  du  progrès.  M.  Bischoffsheim  y  a  consacré 
plusieurs  millions,  tant  pour  l'achat  du  terrain  que  pour  les  constructions, 
les  instruments  et  le  personnel.  C'est  lui. qui  subvient  à  toutes  les  dépenses; 
son  intention  est  certainement  d'aww?Yr  Vavenir  comme  le  présent.  Jusqu'ici, 
il  a  tout  créé  en  dehors  de  l'Etat.  Aussi,  depuis  trois  ans  seulement 
qu'il  est  possible  d'y  travailler,  les  résultats  sont-ils  déjà  merveilleux,  tandis 
que  nous  pourrions  aligner  ici,  si  nous  le  voulions,  des  colonnes  de  chiffres 
représentant  des  centaines  de  mille  francs  et  même  des  millions,  pris  sur 
nos  impôts  toujours  croissants,  versés  dans  les  établissements  de  l'État,  et 
qui  ne  rapportent  rien,  absolument  rien  à  la  science.  Ce  magnifique  exemple 
d'initiative  privée,  fréquent  aux  États-Unis  et  en  Angleterre,  mais  si  rarissime 
en  France  qu'il  est  unique,  inaugure-t-il  pour  notre  pays  une  ère  d'émulation 
et  de  progrès?  Allons-nous  cesser  de  rester  endormis  sur  Toreiller  de  TÉtat? 
Allons-nous  faire  preuve  d'existence,  de  personnalité,  d'indépendance, 
d'énergie,  comme  nos  modèles  du  Nouveau  Monde  et  de  TAngleterre?  Il  est  à 
craindre  que  non. 

On  dit  que  M.  Bischoffsheim  lui-même  n'apprécie  pas  à  sa  valeur  le  carac- 
tère de  son  œuvre,  qu'il  ne  tient  pas  à  donner  ce  grand  exemple  à  la  France 
et  qu'une  fois  l'Observatoire  entièrement  terminé,  il  fera  comme  tout  le  monde 
et  abandonnera  sa  création  au  grand  fleuve  qui  doucement  coule,  à  l'État. 
On  dit  que  son  intention  est  de  profiter  de  l'inauguration  qui  doit  être  faite 
au  mois  d'octobre  prochain  pour  offrir  les  clefs  de  l'Observatoire  au  Bureau 
des  Longitudes  ! 

Ce  serait  infiniment  regrettable,  à  tous  les  points  de  vue. 

Camille  Flammarion. 

MURS  ÉNIGMATIQUES 

OBSERVES  A  LA  SURFACE  DE  LA  LUNE. 

Le  20  février  1877,  entre  9'"30"  et  lO^SO",  temps  moyen  de  Cambridge 
(Etats-Unis),  j'observais  le  cratère  Eudoxe  à  l'aide  d'un  réfracteur  de  0,162""', 
quand  mon  attention  fut  éveillée  par  un  phénomène  inusité  que  je  n'avais 
jamais  remarqué  auparavant.  A  ce  moment,  les  conditions  atmosphériques 
étaient  très  favorables  pour  l'observation,  et  la  ligne  du  terminateur  passait 
par  les  cratères  Aristillus  et  Alphonse.  Le  phénomène  consistait  en  un  mince 
filet  lumineux  qui  traversait  la  partie  méridionale  du  cratère  (fig.  80)  et 
s'avançait  en  ligne  droite,  allant  d'un  bord  à  l'autre  en  conservant  une  lar- 
geur uniforme.*  A  l'Ouest,  son  extrémité  n'atteignait  cependant  pas  tout  à  fait 
le  bord  du  cratère  qui,  en  cet  endroit,  forme  une  petite  dentelure  (A),  mais 
en  était  séparée  par  un  petit  intervalle.  A  l'Est,  le  filet  lumineux  s'avançait 


MURS  ÉNIGMATIQUES  OBSERVÉS  A  LA  SURFACE  DE  LA  LUNE. 


213 


jusqu'au  bord  du  cratère,  en  B,  et  aboutissait  à  une  sorte  de  fracture  ou  de 
ravin  sinueux,  qui  se  continuait  au  delà,  du  côté  du  Sud-Est. 

La  moitié  occidentale  de  ce  filet  lumineux  était  entourée  d*ombre  de  chaque 
côté,  tandis  que  sa  partie  orientale  en  était  dépourvue  sur  son  côté  sud.  Au 
Nord,  l'ombre,  formant  une  bande  assez  large,  suivait  parallèlement  le  bord 
du  filet  lumineux  jusqu'au  point  où  elle  rencontrait  le  talus  incliné  qui 
forme  le  mur  du  cratère;  après  quoi  elle  allait  en  s'effilant,  et  se  terminait 
en  pointe  aiguë  à  son  extrémité.  Ce  filet  lumineux  paraissait  plus  brillant 
que  les  parties  de  la  surface  qui  recevaient  la  lumière  solaire  et  qui  lui 
étaient  contiguës,  car  il  se  détachait  sur  elles  avec  netteté.  Ce  trait  lumineux, 
avec  le  large  ruban  d'ombre  qui  le  longeait  au  Nord,  produisit  sur  moi  l'im- 

Fifç.  80. 


Mur  rectiligne  traversant  le  cirque  lunaire  d'Eudoxe. 

pression  très  décidée  que  le  cratère  était  traversé  en  cet  endroit  par  un  mur 
étroit  et  très  élevé  qui  surgissait  au-dessus  de  l'ombre  portée  par  son  contre- 
fort ouest,  et,  sans  plus  y  songe»,  je  me  contentai  de  celte  explication. 

Pliis  d'une  année  s'écoula  avant  que  je  n'eusse  occasion  d'observer  de  nou- 
Yeau  ce  cratère.  Le  31  décembre  1878,  par  une  vue  excellente,  et  bien  que 
la  ligne  du  terminateur  passât  non  loin  d'Aristillus,  je  ne  pus  rien  dé- 
couvrir qui  ressemblât  à  ce  que  j'avais  étudié  en  1877.  Cependant,  on  distin- 
guait dans  le  fond  du  cratère  quelque  chose  qui  donnait  l'idée  d'une  fracture, 
justement  à  l'endroit  où  j'avais  vu  le  filet  lumineux.  Le  4  mai  1881,  on  voyait 
briller  dans  l'ombre  du  cratère  un  point  un  peu  allongé  du  Nord  au  Sud, 
précisément  à  l'endroit  où  se  terminait  l'extrémité  occidentale  du  trait  lumi- 
neux reconnu  en  1877.  Depuis,  j'ai  observé  ce  cratère  chaque  fois  qu'il  se 
présentait  dans  les.  mêmes  conditions  d'illumination,  mais  jamais  je  n'ai 
revu  le  même  phénomène.  Dernièrement,  le  23  avril  1885,  j'ai  examiné  avec 
beaucoup  de  soin  le  fond  de  ce  cratère  alors  exposé  aux  rayons,  du  Soleil, 
mais  je  n'ai  rien  remarqué  qui  ressemblât  à  un  mur,  sinon  qu'à  l'Ouest  on 


214  L'ASTRONOMIE. 

voyait  quelques  rocs  et  débris  disposés  en  ligne  droite  sur  le  trajet  même 
du  filet  lumineux  observé  en  1877. 

Il  serait  plus  naturel  d'expliquer  le  phénomène  observé  en  supposant  qu'il 
existe  une  fracture  étroite  et  très  profonde  dans  le  mur  ouest  d'Eudoxe,  et 
que  la  lumière  solaire,  en  passant  à  travers  cette  ouverture,  illuminait  le  fond 
du  cratère,  et  formait  ainsi  Tétroit  filet  lumineux  que  nous  avons  observé. 
Mais  plusieurs  objections  s'élèvent  contre  cette  hypothèse.  D'abord,  si  le 
rayon  lumineux  observé  était  dû  au  passage  des  rayons  solaires  à  travers  une 
fente  étroite,  on  ne  voit  pas  pourquoi  ce  filet  lumineux  aurait  été  plus 
brillant  que  les  parties  de  la  surface  qui  lui  étaient  contiguës  et  recevaient 
également  la  lumière  solaire.  De  plus,  on  ne  conçoit  pas  comment  l'ombre 
du  lalus  occidental  du  cratère  aurait  pu  être  prolongée  aussi  loin  et  jusqu'au 
sommet  du  talus  opposé,  alors  que  le  Soleil  était  déjà  élevé  de  plus  de  20*  au- 
dessus  de  Thorizon  do  ce  lieu. 

D'un  autre  côté,  si  le  phénomène  observé  était  un  mur  travereant  le 
cratère,  comment  expliquer  pourquoi  cenuu»,  si  facilement reconnaissable  le 
20  février  1877,  a  passe  inaperçu  et  ira  jamais  été  observé  auparavant? 
Nous  sommes  ici  placés  en  présence  d'un  dilemme  quïl  n'est  pas  facile  de 
résoudre. 

Du  reste,  il  existe  sur  notre  satellite  des  murs  naturels  aussi  longs,  aussi 
étroits  et  aussi  élevés  que  celui  qu'il  faudrait  supposer  avoir  existé  dans 
Eudoxe  pour  expliquer  les  phénomènes  observés,  et  nous  connaissons  plu- 
sieurs de  ces  murs  que  nous  avons  dessinés  et  observés  un  grand  nombre  de 
fois.  Chose  curieuse,  les  murs  lunaires  que  nous  avons  observés  se  trouvent 
précisément-  comme  celui  d'Eudoxe,  sur  le  trajet  de  certaines  rainures  dont 
ils  forment  une  partie  en  relief;  ou  bien,  les  rainures  venant  y  aboutir,  ils 
les  prolongent  à  des  distances  quelquefois  considérables. 

Ainsi,  la  grande  rainure  tj  de  la  carte  de  Neison,  qui  commence  au  nord 
du  cratère  Burg,  s'avance  vers  le  Sud-Est  jusqu'à  un  massif  mon tueux  où 
elle  semble  se  terminer,  noyée  dans  la  lumière  éclatante  d'un  petit  craterlel 
qui  occupe  le  sommet  de  la  chaîne  montagneuse.  Mais  elle  se  continue  au 
delà,  et  on  la  retrouve  au  pied  opposé  de  la  montagne,  s'avançant  en  ligne 
droite  à  travers  un  méandre  du  Lac  du  Sommeil;  puis,  pénétrant  de  nou- 
veau dans  la  montagne,  elle  s'élance,  toujours  en  ligne  droite,  à  travers  les 
terrains  si  étendus  et  si  accidentés  de  cette  région,  passant  à  l'ouest 
d'Alexandre,  et  vient  déboucher  à  travers  le  Mont  Caucase  et  se  terminer 
dans  la  Mér  de  la  Sérénité,  au  nord  d'un  très  petit  cratère  isolé,  située  non 
loin  de  la  chaîne  caucasienne.  Cette  longue  ligne,  allant  de  Burg  à  la  Merde 
la  Sérénité,  ne  se  présente  pas  sous  le  même  aspect  sur  tout  son  parcours. 
En  effet,  le  4  avril  1881,  je  reconnaissais  avec  toute  l'évidence  désirable  que 


MURS  ÉNIGMATIQUES  OBSERVÉS  A  LA  SURFACE  DE  LA  LUNE.  515 

là  où  elle  traverse  le  méandre  du  Lac  du  Sommeil,  et  d'une  chaîne  de 
montagnes  à  l'autre  chaîne^  elle  n'apparaissait  pas  comme  une  rainure,  mais 
plutôt  comme  un  mur  étroit  et  élevé  projetant  son  ombre  sur  son  côté  septen- 
trional, et  s'avançait  parallèlement  avec  le  mince  filet  lumineux  qui  consti- 
tuait son  sommet.  La  rainure  qui  s'avance  au  delà  de  ce  mur  vers  la  Mer  de 
la  Sérénité  a  été  observée  par  nous  le^  20  mars  1877,  et,  depuis  cette  époque, 
nous  l'avons  retrouvée  plusieurs  fois. 

Le  23  janvier  1880,  à  S^'SS",  temps  moyen  de  Cambridge,  je  reconnaissais 
un  mur  long  et  étroit  qui  partait  de  la  bordure  ouest  d'un  petit  massif  mon- 
tueux  situé  à  une  très  faible  distance  du  sommet  sud  de  l'ellipse  formée  par 
le  cratère  Aristarque.  Le  trait  lumineux  que  formait  ce  mur  avançait  vers 
l'Est,  et  se  dirigeait  en  ligne  droite  sur  le  cratère  Hérodote  dont  il  atteignait 
la  bordure  occidentale  et  la  dépassait  même  un  peu,  projetant  comme  un 
petit  point  lumineux  sur  l'ombre  dont  ce  cratère  était  alors  envahi.  La  partie 
occidentale  de  ce  mur,  qui  traversait  le  petit  massif  montueux  qui  vient 
d'être  décrit,  se  montrait  seulement  comme  un  trait  lumineux,  mais  dès 
qu'il  l'avait  dépassé,  et  s'avançait  à  l'Est  à  travers  la  vallée  profonde  qui 
sépare  les  deux  cratères;  on  voyait  Tombre  projetée  par  le  contrefort  sud- 
est  d'Aristarque  s'arrêter  nettement  au  filet  lumineux;  mais,  plus  loin,  vers 
l'Est,  l'ombre  qui  longeait  le  mur,  devenue  plus  étroite,  semblait  être  celle 
de  ce  mur,  portée  au  Nord.  Vers  son  extrémité  orientale,  le  mur  qui  traver- 
sait le  contrefort  ouest  d'Hérodote  n'était  accompagné  que  d'un  mince  filet 
d'ombre  interrompu  par  place. 

Sur  le  terrain  montueux  qui  s'étend  à  l'est  du  grand  cratère  Rhœticus 
on  rencontre  un  de  ces  murs  singuliers,  qui  présente  une  longueur  consi- 
dérable. Cette  formation,  que  j'ai  reconnue  depuis  plusieurs  années  et  ob- 
servée plusieurs  fois,  semble  être  un  prolongement  de  la  rainure  Z  qui 
appartient  au  système  de  Triesnecker.  Cette  rainure,  comme  l'on  sait,  com- 
mence au  nord-ouest  de  Triesnecker  et  s'avance  au  Sud  vers  le  petit  cratère 
Rhœticus  B,  et  se  termine  au  pied  du  massif  montueux  déjà  cité.  Le  mur  en 
question  commence  à  l'extrémité  de  cette  rainure,  et  se  prolonge  vers  le 
Sud,  en  contournant  la  bordure  orientale  de  Rhœticus,  s'avançant  parallèle- 
ment à  ce  bord,  traversant  ce  terrain  accidenté  de  pics  élevés  et  de  ravins 
profonds,  et,  dépassant  ce  cratère,  va  se  terminer  au  Sud,  dans  une  petite 
vallée,  non  loin  d'un  très  petit  cratère  situé  entre  Rhœticus  et  Horrocks. 
Dans  son  trajet,  ce  mur  traverse  plusieurs  ravins  profonds  qu'il  coupe  à 
angle  droit.  En  ces  endroits,  il  apparaît  comme  un  mince  filet  d'argent,  situé 
comme  il  Test  entre  deux  ombres  :  Tune  portée  par  le  mur  est  de  Rhœticus, 
qui  vient  s'arrêter  contre  sa  bordure  ouest,  et  l'autre  par  ce  mur  lui-môme 
qui  emplit  d'ombre  et  fait  la  nuit  le  long  de  sa  bordure  orientale.  Là  où  il 


216  L'ASTRONOMIE. 

traverse  les  ravins,  Tombre  que  ce  mur  porte  à  l'Est  est  très  large,  mais  elle 
est  très  étroite  et  quelquefois  absente  là  où  le  mur  traverse  les  crêtes  qui 
séparent  ces  ravins,  indiquant  ainsi  que  le  mur  n'est  pas  plus  élevé  qu'eux. 
La  longueur  considérable  de  ce  mur,  qui  dépasse  3°,  sa  régularité  parfaite, 
et  la  courbe  hardie  qu'il  décrit  autour  du  cratère,  (semblerait-il)  pour 
l'éviter,  font  de  cette  formation  lunaire  un  objet  tout  à  fait  remarquable,  qui 
ressemble  à  s'y  méprendre  à  quelque  viaduc  gigantesque  dont  plus  d'un 
ingénieur  serait  fier. 

E.-L.  Trouvelot. 

Observatoire  de  Mcudon. 


LA  HAUTEUR  DES  LUEURS  CRÉPUSCULAIRES. 

Les  magnifiques  lueurs  crépusculaires,  qui  ont  signalé  l'hiver  1883-1884,  durè- 
rent plus  d'une  année.  On  les  a  observées  en  Suisse  pour  la  première  fois  le 
26  novembre  1883  ;  elles  ont  notablement  diminué  au  commencement  de  décembre, 
pour  reprendre  une  splendeur  exceptionnelle  à  la  fin  du  même  mois  ;  elles  ont  été 
remarquables  pendant  tout  le  mois  de  janvier,  ont  diminué  pendant  le  mois  de 
février,  sans  toutefois  disparaître  entièrement;  et,  jusqu'à  la  fin  de  l'année  1884, 
lorsque  le  temps  était  favorable,  le  soir,  après  le  coucher  du  Soleil,  ou  le  matin, 
avant  le  lever  de  cet  astre,  on  voyait  le  ciel  illuminé  comme  par  une  aurore 
boréale.  Et  même  les  plus  belles  aurores  n*ont  pas  un  éclat  comparable  à  celui 
qu'avaient  ces  lueurs  pendant  les  mois  de  décembre  et  de  janvier. 

Son  aspect  variait  un  peu  d'un  jour  à  l'autre,  probablement  suivant  le  degré  de 
sérénité  des  couches  que  traversaient  les  rayons  du  Soleil. 

Mais,  en  somme,  les  principales  phases  du  phénomène  se  reproduisaient  jour 
après  jour. 

Dans  tous  les  cas,  elles  constituent  un  fait  si  remarquable  et  si  nouveau  dans 
l'histoire  de  la  Science  qu'il  valait  la  peine  d'y  prêter  une  grande  attention,  et 
d'en  faire  une  description  détaillée  pour  ceux  qui  viendront  après  nous,  et  qui 
n'auront  pu  jouir  de  ce  magnifique  spectacle. 

Voici,  par  exemple,  le  relevé  de  quelques-unes  des  notes  que  j'ai  prises  sur 
la  marche  du  phénomène  ;  toutes  ces  observations  ont  été  faites  à  Morges,  en  un 
point  situé  par  46° 29'  de  latitude  Nord  et  4o8'  de  longitude  à  l'est  de  Paris. 

Le  10  janvier  1884  : 

Le  matin,  le  rouge  commence  à  paraître  vers  6^,  temps  moyen  de  Morges. 

A  6*>  30°>,  il  est  dans  toute  sa  splendeur. 

A  6^45™,  il  commence  à  diminuer. 

A 1^,  il  y  a  une  zone  cramoisie  très  mince  au-dessus  des  montagnes,  où  le  Soleil 
va  paraître. 

A  7^5",  il  y  a  une  zone  verte  au-dessus  des  montagnes,  le  rouge  est  plus  haut. 


LA  HAUTEUR  DES  LUEURS  CRÉPUSCULAIRES.  217 

A  7*»  15™,  la  zone  près  de  Thorizon  est  d'un  vert  livide,  le  rouge  est  au-dessus. 
A  7*>20™,  il  n*y  a  plus  de  rouge  appréciable. 
A  5*»  du  soir,  le  ciel  est  jaune. 
A  5^6»  du  soir,  le  rouge  est  très  sensible. 

A  5*»  15»,  les  neiges  des  Alpes  sont  rougies  par  les  lueurs  crépusculaires. 
A  5^50»,  les  lueurs  du  couchant  donnent  encore  de  l'ombre. 
A  6^15»,  les  lueurs  rouges  avaient  disparu. 

Le  11  janvier,  les  observations  du  matin  ont  été  gênées  par  les  nuages.  Voici 
celles  du  soir  : 
A  5^,  tout  le  ciel  devient  jaune. 

A  5^23™,  tout  l'horizon  est  coloré  en  rouge  même  à  l'Est. 
A  5*»  25»,  il  y  a  à  l'Ouest  une  zone  cramoisi  près  de  l'horizon. 
A  5*>36»,  le  rouge  devient  très  intense  à  l'Ouest  sur  un  grand  secteur  dont  le 
Soleil  paraît  occuper  le  centre. 

A  5*>45»,  les  neiges  des  Alpes  qui,  jusqu'alors,  avaient  paru  rouges,  cessent 
d'avoir  cette  couleur.  Mais  les  lueurs  de  l'Ouest  sont  encore  assez  intenses  pour 
qu'un  bras  tendu  projette  de  l'ombre  sur  un  mur. 

A  5*>50",  quelques  stratus  situés  à  l'orient  du  méridien  sont  gris  et  ne  parais- 
sent plus  être  éclairés  par  les  lueurs  crépusculaires. 
A  ô'^lG»,  les  dernières  lueurs  du  rouge  ont  disparu. 
Le  12  janvier  : 

A  4^50™  du  soir,  le  ciel  devient  jaune. 

A  4^55»,  un  ciel  d'un  rouge  brique,  mais  d'une  couleur  peu  intense,  com- 
mence 7o  au-dessus  de  l'horizon  et  s'étend  du  côté  du  zénith.  La  neige  des  Alpes 
est  encore  blanche. 
A  5^,  le  jaune  du  ciel  est  plus  prononcé. 

A  5*» 2»,  du  côté  de  l'Occident,  le  ciel  est  vert  à  l'horizon,  le  rouge  commence  h* 
au-dessus  de  l'horizon  et  atteint  presque  le  zénith.  La  neige  des  Alpes,  à  une 
altitude  de  1000»  à  1200*^,  commence  à  devenir  rouge. 

A  5^8»,  le  Couchant  devient  très  brillant  et  les  murs  tournés  à  l'Ouest  com- 
mencent à  (ievjnir  rouges. 
A  5*»  10»,  le  rouge  s'arrête  à  25°  au-dessus  de  Fhorizon. 
Depuis  lors,  les  phénomènes  sont  la  répétition  de  ceux  de  la  veille. 
Le  25  décembre  1883,  j'ai  noté  : 

A  4*>30»,  la  neige  des  montagnes  est  d'un  blanc  terne.  Aucune  rougeur  n'apparaît 
sur  elles. 

A  4»>40»,  elles  commencent  à  devenir  rouges.  En  ce  moment,  le  ciel  paraît  vert 
où  le  Soleil  a  disparu,  le  rouge  est  sensiblement  plus  haut. 

A  4^50»,  le  rouge  commence  4^30'  au-dessus  de  l'horizon,  le  vert  est  au- 
dessous. 

A  5^,  le  rouge  du  Couchant  est  tellement  prononcé  que  tous  les  objets  projettent 
une  ombre  sensible. 
Le  clocher  de  Morges  semble  cramoisi,  il  est  plus  rouge  qu'il  ne  Tétait  pendant 

6-* 


218 


L'ASTRONOMIE. 


le  violent  incendie  de  l'Arsenal,  le  2  mars  1871,  et  cependant  alors  le  feu  était 
à  600"  du  clocher. 

A  5^,  Vénus  paraissait  verte  dans  les  régions  embrasées  du  Couchant. 

Et  plusieurs  fois  le  croissant  de  la  Lune  semblait  d'un  vert  prononcé  lorsqu'on 
le  voyait  parmi  les  lueurs. 

J'ai  cherché  à  déterminer  la  hauteur  à  laquelle  ces  lueurs  existaient,  en  admet- 
tant, ce  qui  du  reste  paraissait  incontestable,  qu'elles  étaient  produites  par  des 
molécules  éclairées  par  le  Soleil.  On  pouvait  bien  admettre  aussi  que  cet  éclai- 
rement  était  direct  et  non  produit  par  une  série  de  réflexions;  car  il  semble 
qu'alors  le  phénomène  aurait  présenté  de  plus  grandes  variations  d'un  jour  à 
l'autre,  et  surtout  que  le  rouge  aurait  été  moins  intense. 

J'ai  pris  comme  point  de  départ  les  observations  faites  à  Morges  dans  la  soirée 

Fig.  8!. 


du  10  janvier  1884,  jour  où  les  lueurs  disparurent  à  l'horizon  occidental  à  6ï>15"» 
du  soir,  temps  moyen  de  Morges,  ou  6^7«>>,  temps  vrai. 

Pour  trouver  quelle  était  en  ce  moment  la  position  du  Soleil,  il  y  avait  lieu  de 
considérer  un  triangle  sphérique  dont  les  trois  sommets  étaient  :  i»  le  zénith; 
2o  le  Soleil;  3<»  le  pôle  céleste. 

Comme  le  Soleil  avait  alors  une  déclinaison  australe  de  210  58',  la  distance  du 
^Soleil  au  Pôle  boréal  était  de  lilo58'.  La  latitude  du  point  d'observation  à  Morges 
était  de  46o29',  donc  la  distance  du  pôle  au  zénith,  qui  est  le  complément  de  la 
latitude,  était  de  43«3r. 

Enfin,  comme  l'observation  avait  lieu  6^7"  après  le  passage  du  Soleil  au  méri- 
ilien,  l'angle  au  pôle  était  de  91o45'.  La  distance  zénithale  du  Soleil  est  le  troisième 
côté  de  ce  triangle  sphérique  dont  on  connaît  deux  côtés  et  l'angle  compris.  Pour 
trouver  ce  troisième  côté,  j'ai  utilisé  la  formule 

cosa  =  cos6cosc4-sin6sinccosA; 

on  trouve  alors  pour  le  côté  a  106o54'.  Donc,  le  Soleil  était  16o54'  au-dessous  de 
l'horizon,  et  l'on  trouve,  dans  le  même  triangle,  que  l'angle  au  zénith  est  de  i04«2t'; 
c'est  l'azimut  du  Soleil  compté  à  partir  du  Nord  en  passant  par  l'Ouest. 


LA  HAUTEUR  DES  LUEURS  CRÉPUSCULAIRES.  219 

On  voit  facilement  aussi  qu'au  moment  de  l'observation,  le  Soleil  était  au 
zénith  d*un  point  situé  par  21«>58'  de  latitude  australe,  et  87<>58'  de  longitude  à 
l'Ouest  de  Paris.  C'était,  sur  l'Océan  Pacifique,  1569"^™  à  l'ouest  de  la  limite  mé- 
ridionale du  Pérou. 

Pour  trouver  quel  était  le  point  de  la  Terre  où  étaient  tangents  les  rayons  du 
Soleil  qui  produisaient  les  dernières  lueurs  visibles  depuis  Morges,  il  fallait 
déterminer,  sur  l'arc  de  grand  cercle  qui  joignait  Morges  et  ce  point-là,  quel 
était  celui  pour  lequel  en  ce  moment  le  Soleil  se  couchait. 

A  cet  effet,  soit  le  triangle  sphérique  terrestre  PMS,  (fig.  Si),  dans  lequel  P  est 
le  pôle  boréal,  M  Morges,  S  le  point  situé  dans  l'Océan  Pacifique  qui  a  le  Soleil 
à  son  zénith.  Le  côté  SM  vaut  donc  106«54',  car  ce  triangle  sphérique  terrestre  a 
les  mêmes  éléments  que  le  triangle  sphérique  céleste  dont  il  a  été  question  plus 


haut;  et  il  est  clair  que  sur  l'arc  de  grand  cercle  SM,  le  Soleil  se  couche  en  un 
point  O  situé  à  90«  de  S.  Pour  trouver  sa  position,  il  faut  résoudre  le  triangle  OPM, 
dans  lequel  PM=43o29',  c*est  le  complément  de  la  latitude  de  Morges,  OM 
=  106o54'— 90*>  =  16054',  et  l'angle  M  est  l'azimut  du  Soleil,  soit  104o21.  On  trouve 
alors  que  le  côté  OP  =  49o53'30';  et  que  l'angle  OPM  =  21  «S?'.  Donc,  le  point  O 
est  à  40'>6'30'  de  latitude  Nord,  et  à  21<»37'  de  longitude  à  Touest  de  Morges,  soit 
17<»29'  à  l'ouest  de  Paris;  c'était  sur  l'Atlantique  à  peu  près  à  mi-chemin  entre 
Oporto  et  les  Açores.  Là  était  la  tangence  des  rayons  qui,  en  continuant  leur  route, 
éclairaient  dans  les  hautes  régions  de  latmosphère  les  éléments  qui  formaient 
les  lueurs  crépusculaires  au  moment  où  elles  disparaissaient  pour  Morges. 

Dès  lors,  il  était  facile  de  déterminer  la  hauteur  de  ces  éléments.  Soit  C,  (fig,  82), 
le  centre  de  la  Terre,  O  le  point  de  tangence  des  rayons  du  Soleil,  M  la  position  de 
Tobservateur.OK  et  KM  sont  les  deux  tangentes,  le  point  Kest  le  siège  des  lueurs 

Dès  que  l'angle  OCM  vaut  160  54',  XCM  vaut  8o27'. 

On  a  donc  OK  =  00,  tang  8o27'.  OC  est  le  rayon  de  la  Terre  compté  à  6366''«. 
On  trouve  ainsi  que  OK  ou  KM  valent  9457"^»»  ;  et  pour  trouver  KX,  on  a  : 

ÔÎC*  =KX(KX-+-2.0C>. 


220  L'ASTRONOMIE. 

On  trouve  ainsi  que  KX  =  70^»». 

Et  en  résolvant  un  nouveau  triangle  sphërique  analogue  au  précédent,  on  trouve 
que  le  point  X  est  à  43o48'  de  latitude  Nord,  et  7»  13'  de  longitude  à  Touest  de 
Paris;  c'est  dans  la  partie  méridionale  du  golfe  de  Gascogne,  274''»  à  l'ouest  de 
Bayonne.  C'est  donc  au-dessus  de  ce  point  que  se  trouvaient  les  régions  du  fir- 
mament où  nous  apercevions  les  dernières  lueurs  crépusculaires  dans  la  soirée 
du  10  janvier  1884. 

Dans  ces  calculs,  je  n'ai  pas  tenu  compte  de  la  réfraction  qui  n'aurait  pas 
beaucoup  modifié  les  chiffres  ci-dessus;  mais  je  n'ai  pas  non  plus  tenu  compte  du 
fait  que,  de  tous  côtés,  notre  horizon  est  limité  par  des  montagnes  qui  s'élèvent 
à  2»  ou  3o.  Cette  correction  aurait  agi  en  sens  inverse  de  la  précédente,  et  j'ai  le 
sentiment  qu'elle  l'aurait  dépassée,  de  façon  que  la  hauteur  de  70^»  doit  être  con- 
sidérée comme  un  minimum. 

Et  cela  d'autant  plus  que  j'ai  pris  pour  la  fin  du  phénomène  l'instant  où  la  vive 
couleur  rouge  avait  disparu;  mais  peu  après,  en  y  faisant  attention,  on  voyait 
encore  quelques  lueurs  qui  provenaient  peut-être  d'un  éclairement  par  réflexion, 
ou  peut-être  aussi  de  ce  que  quelques  éléments  de  la  substance  qui  les  pro- 
duisait étaient  plus  élevés  que  les  autres. 

Les  observations  faites  dans  les  jours  voisins  du  10  janvier,  ont  donné  des 
résultats  analogues  à  celui  que  je  viens  de  cit^r;  mais  j'ai  été  curieux  de  refaire 
les  calculs  pour  une  époque  antérieure. 

Le  i8  décembre  1883,  les  lueurs  avaient  cessé  à  6^^  du  soir  temps  moyen  de 
Morges;  en  refaisait  les  calculs  comme  je  l'ai  exposé  plus  haut,  je  trouve  pour 
résultat  73'^». 

Enfin,  j'ai  voulu  utiliser  un  renseignement  d'une  autre  nature.  Le  9  jan- 
vier 1884,  à  r>^30>»  du  soir,  j'avais  noté  que  le  rouge  arrivait  au  zénith.  Je  consi- 
dérais cette  indication  comme  d'autant  plus  précieuse  qu'il  n'y  avait  pas  d'erreur 
causée  par  l'élévation  des  montagnes  qui  bornent  notre  horizon  du  côté  de 
rOuest.  C'est  ce  qui  m'avait  engagé  à  négliger  la  réfraction  qui  produisait  un 
effet  inverse.  Mais  pour  l'observation  du  9  janvier,  cette  raison  n'existait  pas, 
j'ai  eu  égard  à  la  réfraction. 

Au  moment  de  l'observation,  le  Soleil  était  au  zénith  du  point  situé  par  22«9' 
de  latitude  australe  et  80®  45'  de  longitude  à  l'ouest  de  Morges.  Dans  cette 
direction,  si  l'on  n'avait  pas  égard  à  la  réfraction,  la  tangence  des  rayons  lumi- 
neux aurait  lieu  à.  O^ôO^SO*  de  Morges.  Mais  la  réfraction  horizontale  est  en 
moyenne  de  34' 47";  par  conséquent,  les  rayons  solaires  arrivaient  déjà  plus  près 
de  l'observateur  de  cette  quantité-là.  Ensuite,  les  lueurs  étaient^  en  tout  cas, 
dans  des  régions  où  l'air  était  tellement  rare  que  les  rayons  y  étalon  réfractés 
autant  que  ceux  qui  passent  dans  le  vide  depuis  une  atmosphère  qui  aurait  la 
densité  ordinaire;  par  conséquent,  les  rayons  arrivaient  au  zénith  comme  s'ils 
avaient  été  tangents  en  un  point  encore  plus  rapproché  de  34'47'.  U  faut  ainsi 
considérer  la  tangente  comme  si  elle  partait  d'un  point  situé  à  8<>40'56'  du  lieu 
d'observation^  on  trouve  alors  qu'elle  avait  une  longueur  de  9721^,  ce  qui  donne 


LA  HAUTEUK  DES  LUEURS  CRÉPUSCULAIRES.  221 

pour  la  hauteur  des  lueurs  au  zénith,  74>^».  On  voit  donc  que  les  trois  résultats 
auxquels  je  suis  arrivé  pour  trois  observations  différentes  sont  assez  rapprochés 
pour  qu'on  puisse  les  considérer  comme  exacts. 

L'écart  qu'il  y  a  entre  eux  ne  présente  rien  d'extraordinaire  pour  un  phénomène 
dont  Tobservation  ne  pouvait  pas  comporter  une  très  grande  précision.  On  peut 
donc  admettre  soixante-dix  kilomètres  environ  pour  la  hauteur  de  ces  lueurs  si 
remarquables. 

Elles  ont  diminué  d'éclat  et  de  durée.  Cependant,  elles  ont  encore  été  fort  belles 
le  27  septembre  1884,  où  elles  ont  disparu  à  7*>15»  du  soir.  Pour  ce  soir-là,  j'ai 
refait  des  calculs  analogues  à  ceux  du  10  janvier,  et  j'ai  trouvé  pour  la  hauteur 
des  substances  qui  produisaient  les  lueurs  61^™.  Elles  auraient  baissé  de  10^°™, 
à  peu  près,  en  huit  mois. 

En  général,  ces  lueurs  étaient  centrées  sur  le  Soleil,  toutefois  il  y  a  eu  quelque» 
exceptions;  la  plus  remarquable,  parmi  celles  que  j'ai  observées,  est  celle 
du  23  janvier  1884.  Pendant  cette  soirée,  les  colorations  étaient  beaucoup  plus 
faibles  que  les  jours  précédents,  et  leur  centre  ne  correspondait  pas  avec  l'azimut 
du  Soleil,  il  était  30o  plus  au  Sud. 

Il  est  probable  que  c'était  une  conséquence  de  l'absence  des  lueurs  dans 
Tazimut  du  Soleil  et  dans  les  régions  situées  plus  au  Nord,  absence  qui  peut 
être  attribuée  à  des  nuages  dans  cette  direction.  En  effet,  le  23  janvier,  un  vio- 
lent cyclone  accompagné  d'une  forte  dépression  barométrique  existait  au  large 
de  l'Irlande  et  avançait  contre  la  Suède  qu'il  atteignait  les  24  et  25  janvier. 

Il  peut  paraître  extraordinaire  que  les  substances  qui  produisaient  les  lueurs 
aient  pu  rester  suspendues  à  une  hauteur  de  70'»^";  car,  à  cette  altitude,  et  sans 
même  tenir  compte  de  l'abaissement  de  la  température  qui  aurait  encore  pour 
conséquence  de  diminuer  le  résultat,  on  trouvera  que  la  pression  de  l'air  doit 
être  seulement  de  0»»,12.  C'est  bien  peu  pour  tenir  en  suspension  des  matières 
quelconques;  cependant  ce  n*est  pas  là  une  impossibilité  absolue;  et,  dans  tous 
les  cas,  quelle  que  soit  la  cause  qui  a  produit  les  lueurs,  d'après  les  calculs 
indiqués  plus  haut,  cette  cause  a  dû  se  manifester  à  une  altitude  de  70^»  au 
moins. 

La  Lune  produisait  aussi  des  lueurs,  mais  naturellement  plus  faibles  que  celles 
du  Soleil;  je  les  ai  observées  plusieurs  fois  du  9  au  16  janvier,  soit  avant  la 
Pleine  Lune,  quand  elle  se  couchait  vers  4  ou  5^  du  matin,  soit  après  la  Pleine 
Lune,  quand  elle  se  levait  dans  la  soirée. 

Maintenant,  quelle  a  pu  être  la  cause  du  phénomène  extraordinaire  qui  nous 
occupe? 

Parmi  les  explications  présentées,  il  faut  d'abord  éliminer  toutes  celles  qui 
l'attribuent  à  une  origine  astronomique,  telle  que  le  passage  de  la  Terre  dans  la 
queue  d'une  comète;  dans  ce  cas,  tous  les  points  du  globe  les  auraient  eues 
le  même  jour;  tandis  que  certains  pays  les  ont  eues  au  commencement  de 
septembre,  d'autres  en  octobre,  en  Suisse  elles  ont  commencé  seulement  le 
26  novembre. 


222  L'ASTRONOMIE. 

Il  me  semble  que,  dans  Tëtat  actuel  de  nos  connaissances,  la  cause  la  plus 
probable  à  laquelle  on  peut  attribuer  les  beaux  crépuscules  de  l'hiver  de  1883-1884, 
c'est  l'éruption  du  Krakatoa  arrivée  dans  le  détroit  de  la  Sonde  le  27  août  1883. 
Avant  cette  éruption,  il  n'est  question  nulle  part  de  ces  lueurs;  immédiatement 
après  le  27  août,  elles  apparaissent,  d'abord  dans  le  voisinage  de  l'île  de  Java, 
ensuite  dans  les  localités  plus  éloignées. 

C'est  ce  que  M.  Flammarion  a  surabondamment  prouvé  dans  cette  Revue 
même  (»). 

On  peut  bien  admettre  qu'une  éruption  comme  celle  dont  le  détroit  de  la  Sonde 
fut  le  théâtre,  a  pu  projeter  dans  les  hautes  régions  de  l'air  des  corpuscules  que 
les  vents  ont  ensuite  dispersés  sur  le  globe  entier,  et  qui  ont  causé  les  remar- 
quables lueurs  que  nous  avons  eues  les  mois  suivants.  Ce  qui  confirme  cette 
manière  de  voir,  c'est  que  l'analyse  faite  en  quelques  localités  des  poussières 
tombées  pendant  Thiver  a  montré  qu'elles  étaient  de  même  nature  que  les  débris 
lancés  par  le  volcan. 

On  a  rappelé  qu'en  1831,  après  les  phénomènes  volcaniques  qui  accompagnèrent 
l'éruption  de  l'île  Julia,  on  avait  eu  en  Europe  des  brouillards  et  même  des  lueurs 
analogues  à  celles  de  l^iver  de  1883-1884. 

On  aurait  pu  ajouter  qu'en  1783,  précisément  un  siècle  avant  l'éruption  du 
Krakatoa,  mais  encore  après  de  violentes  éruptions  des  volcans  de  l'Islande  et 
après  les  terribles  tremblements  de  terre  de  la  Calabre,  on  avait  eu  aussi  des 
brouillards  secs  encore  plus  intenses  que  ceux  de  1831. 

Je  me  souviens  d'avoir  entendu  parler  de  ces  brouillards  par  un  habitant  de 
Vevey  qui  les  avait  vus  dans  sa  jeunesse.  Et  72  ans  plus  tard,  en  1855,  il  en 
parlait  avec  beaucoup  d'animation.  On  voyait  que  ce  phénomène  avait  fait  une 
vive  impression  sur  ceux  qui  en  furent  témoins.  Il  racontait  que,  dans  l'été  de  1783, 
pendant  plusieurs  jours,  depuis  Vevey  on  ne  pouvait  pas  distinguer  les  mon- 
tagnes de  la  Savoie  dont  la  distance  n'est  cependant  que  de  10  à  12*^. 

En  présence  de  ce  brouillard  étrange  qui  existait  malgré  une  grande  sécheresse 
de  l'air,  et  qui  différait  complètement  des  brouillards  ordinaires,  on  supposa 
d'abord  que  la  Terre  passait  dans  la  queue  d'une  comète;  mais  on  renonça  à  cette 
explication  quand  on  apprit  que  ce  brouillard  n'existait  pas  sur  tout  le  globe,  et 
que,  dans  les  pays  où  il  était  visible,  il  n'avait  pas  paru  partout  en  même  temps. 

On  l'attribua  alors  à  la  fumée  jetée  par  les  volcans  qui  avaient  fait  de  violentes 
éruptions  quelque  temps  auparavant;  cette  idée  a  prévalu  jusqu'à  nos  jours,  et 
tout  ce  que  l'on  a  appris  dès  lors  tend  à  la  confirmer. 

D'après  cela,  les  brouillards  secs  de  1783  et  de  1831,  et  les  lueurs  de  1883 
seraient  des  phénomènes  du  même  ordre,  ou  du  moins  qui  auraient  la  même 
origine,  des  éruptions  volcaniques.  Il  est  vrai  qu'en  1883  et  1884  nous  avons  eu 
des  lueurs  et  non  des  brouillards;  cette  différence  s'explique  par  la  plus  grande 


;«)  Voir  VAstronomie,  janvier  1884,  p.  19  —  février,  p.  65  —  avril,  p.  147  —  mai, 
p.  189  —  juillet,  p.  200  —  octobre,  p.  390  —  novembre,  p.  430  —  décembre,  p.  464  — 

mors  1RR!k    n.  113. 


LA  HADTEUK  DES  LUEURS  CllÉPUSCULAIKES.  223 

distance  du  point  d'éruption  et  par  la  différence  d'intensité  de  celle-ci  :  après  une 
éruption  volcanique,  les  débris  les  plus  lourds  tombent  dans  le  voisinage,  tandis 
que  les  parties  les  plus  ténues  sont  emportées  au  loin. 

Or,  réruption  du  Krakatoa,  en  août  1883,  a  été  d'une  violence  extraordinaire, 
peut-être  la  plus  forte  que  l'histoire  ait  jamais  enregistrée  (*). 

J'ai  peu  de  goût  en  général  pour  certains  calculs  que  l'on  base  sur  des  données 
tellement  incertaines,  qu'à  la  fin,  il  y  a  un  rapport  considérable  entre  le  résultat 
auquel  on  arrive  et  celui  auquel  on  devait  arriver.  Cependant,  ces  calculs  ne  sont 
pas  toujours  inutiles;  ils  peuvent  souvent  donner  au  moins  une  idée  de  Tordre 
de  grandeur  des  quantités  cherchées. 

On  peut  placer  dans  ce  genre  de  questions  les  calculs  faits  pour  le  Krakatoa. 
En  supposant  que  la  partie  disparue  avait  un  nombre  de  kilomètres  cubes  que 
l'on  évaluait  approximativement;  en  faisant  la  part  de  ce  qui  avait  pu  tomber  de 
gros  matériaux  dans  le  voisinage  immédiat  du  volcan;  et  en  supposant  que  la 
matière  ainsi  lancée  dans  l'atmosphère  eût  été  répandue  sur  tout  le  globe;  on  a 
cherché  à  déterminer  quelle  aurait  été  l'épaisseur  de  la  pellicule  formée  de  tous 
ces  débris,  afin  de  voir  s'ils  avaient  pu  troubler  la  transparence  de  l'air  et  pro- 
duire les  lueurs  crépusculaires.  On  a  ainsi  apprécié  cette  épaisseur  à  0«>™,01. 

Alors  les  hypothèses  ont  commencé.  Un  voile  opaque  de  cette  épaisseur,  mais 
divisé  en  très  petits  fragments,  peut-il  produire  le  phénomène  que  nous  avons 
admiré?  Ici,  diflPéreutes  manières  de  voir  se  sont  fait  jour. 

Sur  ce  point,  je  ne  voudrais  pas  me  prononcer;  cependant  il  est  certain  que  la 
fumée  peut  se  diluer  à  un  degré  extraordinaire  et  troubler  encore  la  transparence 
de  Fair.  En  1802,  la  combustion  d'une  forêt  près  de  Sierre  en  Valais,  a  donné 
une  fumée  qui  a  recouvert  une  surface  d'environ  3000'»^™''. 

Si  Ton  considère  la  quantité  de  houille  que  l'on  jette  dans  le  foyer  d'un  bateau 
à  vapeur,  on  est  étonné  de  l'étendue  de  la  fumée  qui  s'en  échappe. 

J'avais  souvent  été  témoin  de  ce  fait  sans  y  attacher  d'importance,  lorsque  les 
calculs  dont  je  viens  de  parler  sur  l'opacité  qu'avait  pu  produire  l'éruption  du 
Krakatoa  m'engagèrent  à  y  prêter  un  peu  plus  d'attention. 

Les  4  et  6  février  1885,  j'observai  la  fumée  de  deux  des  bateaux  à  vapeur  du 
lac  Léman,  le  Dauphin  et  le  Simplon,  pendant  leurs  traversées,  entre  Morges 
et  RoUe  ;  quelques-unes  des  observations  ont  été  faites  depuis  le  bateau  à  vapeur, 
d'autres  depuis  le  rivage.  Chaque  fois  on  mettait  dans  le  feu  environ  50^s  de 
houille;  et  par  un  temps  très  calme  il  est  vrai,  le  panache  de  fumée  qui  en 
résultait  était  visible  sur  une  étendue  de  plus  de  1^™.  En  sortant  de  la  cheminée, 
il  avait  environ  1™  de  large,  et  à  la  fin  au  moins  5™.  Ici,  il  était  sans  doute  très 
peu  intense,  cependant  il  troublait  d'une  manière  appréciable  la  sérénité  du  Ciel. 
Je  sais  bien  que  le  nuage  qu'il  produisait  n'était  pas  continu,  il  paraissait  plutôt 
formé  de  bouffées  de  fumée;  mais  les  espaces  vides  étaient  peu  de  chose  relati- 

(*)  On  a  vu  dans  la  Revue  que  la  quantité  de  matières  rejetées  par  l'éruption  du 
Krakatoa.  est  évaluée  à  18  kilomètres  cubes. 


224  L'ASTRONOMIE. 

vement  aux  espaces  pleins.  En  somme,  je  suis  certain  que  je  reste  au-dessous  de 
la  vérité  en  comptant  que  ce  trapèze  de  fumée  avait  5™  à  la  grande  base,  1™  à  la 
petite  et  1000«»  de  hauteur,  ce  qui  ferait  une  surface  de  3000"fl.  Et  si,  à  la  fin,  il 
était  peu  sensible,  à  son  origine,  il  arrêtait  presque  complètement  les  rayons  du 
Soleil. 

Les  50^  de  houille  mis  dans  le  feu  étaient  certainement  en  grande  partie 
brûlés  et  réduits  en  gaz  invisibles  ;  la  plus  petite  partie  seulement  demeurait  à 
l'état  de  charbon  et  s'échappait  en  fumée. 

Que  Ton  fasse  maintenant  le  calcul,  en  exagérant  beaucoup  si  Ton  veut,  c'est- 
à-dire  en  admettant  que  les  bO^e  de  houille  étaient  entièrement  convertis  en 
fumée.  On  verra  néanmoins  combien  était  mince  la  couche  opaque  qui  en  était 
formée,  et  qui,  cependant,  même  là  où  elle  était  la  plus  diluée,  produisait  encore 
un  voile  sensible  sur  le  Ciel. 

Il  n'y  aurait  donc  rien  d'étonnant  à  ce  que  la  fumée  du  Krakatoa,  réduite  à 

l'épaisseur  indiquée,  ait  produit  des  phénomènes  visibles.  Toutefois,  ce  sera 

toujours  un  phénomène  d'une  puissance  bien  exceptionnelle  que  cette  éruption 

du  27  août  1883  dans  le  détroit  de  la  Sonde,  qui  a  lancé  dans  l'atmosphère  une 

quantité  de  matériaux  suffisants,  non  seulement  pour  recouvrir  de  cendres  et  de 

pierre  ponce  les  régions  voisines  sur  une  grande  étendue;  mais  pour  produire 

encore  une  quantité  de  fumée  qui,  pendant  plus  d'une  année,  a  été  visible  sur 

toute  la  surface  du  globe. 

Ch.  Dufour, 

Professeur  à  rAcadémie  de  Lausanne. 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS. 

Les  saints  de  glace  et  le  mois  de  mai  1885.  —  Les  11,  12,  et  13  mai  oot  été 

très  froids  cette  année  à  Paris  et  dans  tout  le  nord  de  la  France,  la  Belgique, 
l'Allemagne,  etc  :  ils  continuèrent  une  période  de  froids  tardifs.  Le  printemps 
avait  paru  commencer  à  la  fin  d'avril,  mais  le  mois  de  mai  nous  a  ramené  une 
température  de  mars,  avec  giboulées  et  pluies.  Les  11,  12,  13  et  14  mai,  froid 
intempestif.  Du  13  au  soir  au  14  à  midi  pluie  glaciale  avec  vent  du  Nord.  Le  15  au 
matin  beau  soleil  et  relèvement  de  la  température  ;  le  soir,  abaissement.  Le  16, 
pluie  et  grande  fraîcheur. 

Les  fleurs  des  marronniers  de  l'avenue  de  l'Observatoire  de  Paris  n'ont  com- 
mencé à  s'épanouir  qu'aux  premiers  jours  de  mai,  leur  pleine  expansion  a  eu 
lieu  du  17  au  25;  elles  ont  duré  jusqu'en  juin.  Retard  de  plus  d'un  mois  sur  la 
moyenne. 

Les  choses  se  sont  passées  d'une  toute  autre  façon  l'année  dernière. 

Il  a  fait  chaud  du  8  au  17,  et  le  froid  est  revenu  le  18  pour  sévir  jusqu'au  2Î. 
En  1883,  temps  froid  et  pluvieux  jusqu'au  12.  Élévation  de  température  à  partir 
du  13;  léger  abaissement  le  20.  En  1882,  après  plusieurs  journées  chaudes,  vent 
du  nord  du  13  au  18,  froid  intempestif  comme  cette  année. 


NOUVELLES  DE   LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  225 

En  résumé  cette  période  reste  remarquable.  Mais  elle  n'a  rien  d'astronomique^ 
ne  se  caractérise  par  aucune  régularité.  Elle  est  essentiellement  météorologique, 
probablement  liée  à  la  fonte  des  glaces  des  contrées  boréales  et  aux  courants  de 
la  mer  du  Nord.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  année,  la  température  de  mai  a  été  celle 
de  mars.  Le  16,  neige  en  Autriche,  en  Allemagne  et  en  Belgique;  au  Puy-de- 
Dôme,  etc  ;  à  Paris,  pluie  et  froid,  les  17, 18  et  19  froid  avec  giboulées;  les  20  et 
21  pluie,  vent,  tempête,  froid;  le  22,  bourrasques  et  éclaircies,  grand  vent; 
le  23  et  le  24,  soleil  et  ondées;  le  25,  amélioration;  le  26,  commencement  de  la 
chaleur;  le  27,  première  journée  d'été. 

L'année  1885  n'a  pas  eu  de  printemps. 

Phénomènes  solaires  et  aurores  boréales.  --  L'Observatoire  du  collège  de 
Stonyhurst  vient  de  publier  le  résultat  de  ses  observations  solaires  et  magnétiques 
faites  en  1883,  renfermant  les  dessins  du  Soleil,  les  observations  spectroscopiques 
de  la  chromosphère  et  des  protubérances,  ainsi  que  les  observations  des  instru- 
ments magnétiques  et  des  aurores  boréales.  On  a  signalé  des  aurores  aux  dates 
des  3  et  24  avril,  11  et  14  mai,  30  août,  8  septembre,  4  et  5  octobre.  La  compa- 
raison de  ces  observations  avec  les  dessins  du  Soleil  et  avec  les  courbes  magné- 
tiques conduit  aux  remarques  suivantes  : 

Les  productions  d'aurores  coïncident  chaque  fois  avec  des  époques  de  pertur- 
bations solaires,  et  l'on  n'a  encore  remarqué  aucune  aurore  pendant  les  périodes 
de  calme  et  de  repos.  Semblablement,  pour  chaque  aurore, les  instruments  magné- 
tiques manifestent  des  mouvements  insolites,  quoique  les  perturbations  corres- 
pondantes aux  aurores  des  11  mai,  30  août  et  8  septembre  n'aient  pas  été  d'un 
violent  caractère.  Les  aurores  d'avril  et  mai  coïncident  d'une  manière  remar- 
quable avec  un  large  groupe  de  taches  apparues  au  bord  oriental  du  Soleil  le 
11  avril  et  suivies  jusqu'à  la  fin  de  mai.  Les  aurores  d'août  et  octobre  correspon- 
dent de  même  avec  une  tache  qui  a  été  suivie  depuis  le  29  août  jusqu'en  octobre. 
L'aurore  intermédiaire  du  8  septembre  paraît  avoir  correspondu  avec  une  forte 
tache  observée  d'abord  le  9  septembre,  et  qui  se  divisa  pour  s'évanouir  vers  le 
13  novembre. 

On  peut  aussi  remarquer  que  les  déplacements  des*  lignes  brillantes  dans  le 
spectre  de  la  chromosphère  favorisent  l'idée  d'une  connexion  entre  les  aurores  et 
les  agitations  solaires.  Ainsi,  les  observations  des  2  et  25  avril  montrent,  surtout 
celles  de  la  première  date,  des  déplacements  considérables  de  la  ligne  C. 

A  ces  faits  intéressants,  ajoutons  la  remarque  que  les  aurores  et  les  tempêtes 
magnétiques  correspondent  plutôt  avec  certaines  classes  particulières  de  taches 
qu'avec  les  manifestations  solaires  considérées  dans  leur  ensemble. 

Lueurs  crépusculaires  et  lumière  zodiacale.  —  Déjà,  en  janvier  et  dans  les 
premiers  jours  de  février,  j'avais  remarqué  presque  tous  les  soirs  les  lueurs 
crépusculaires  rouges  de  Tannée  dernière.  Mais  depuis,  elles  ont  été  remplacées 
plusieurs  fois  par  le  magnifique  phénomène  de  la  lumière  zodiacale,  que  j'ai  pu 


226  L'ASTRONOMIE. 

admirer  dans  toute  sa  beauté.  Le  8  février,  elle  avait  une  forme  étrange;  au  lieu 
d'une  ellipse  allongée,  elle  dessinait  un  triangle  très  large,  et  dont  la  pointe  supé- 
rieure atteignait  presque  le  zénith.  On  distinguait  facilement  à  travers  les 
étoiles  de  première  grandeur.  Ce  cône  offrait,  sur  son  parcours,  des  lignes 
complètement  droites,  et  la  condensation  lumineuse  augmentait  graduellement 
vers  le  centre.  Sa  teinte  était  blanchâtre,  peu  accusée,  et  le  centre  du  météore 
était  exactement  à  angle  droit  avec  la  direction  de  Taiguille  aimantée.  Elle  a 
duré  de  six  heures  et  demie  à  neuf  heures  environ.  Le  lendemain,  je  l'ai  revue 
de  la  même  forme,  mais  moins  étendue.  Les  jours  suivants,  lueurs  rougeâtres  au 
coucher  du  soleil.  Le  12  mars,  cette  lueur  crépusculaire  était  blanche,  très 
étendue,  eti  bordée  à  sa  partie  supérieure  d'une  bande  rouge  sang,  qui  formait  à 
peu  près  un  quart  de  la  largeur  totale.  Le  13,  vers  huit  heures,  la  lumière  zodia- 
cale reparait,  avec  sa  forme  ordinaire,  et  surmontant  une  lueur  crépusculaire 
rose.  Le  14,  elle  est  remplacée  par  ces  mêmes  lueurs,  absolument  couleur  de 
sang.  Mais,  vers  la  fin  du  phénomène,  la  lumière  zodiacale  reparait  encore,  con- 
tiguë  à  une  lueur  semblable  qui  lui  était  à  peu  près  parallèle  au  Nord  ;  cette 
seconde  lueur  était  plus  faible  que  l'autre,  élevée  à  peu  près  à  la  moitié  de  la  hau- 
teur de  celle-ci,  mais  plus  large  à  sa  base,  et  sans  inclinaison  vers  le  Sud. 

J.    COLOMBAT, 
à  Montagny  (Loire). 

Visibilité  de  Mercure.  —  Les  6  et  9  avril  dernier,  MM.  Bruguière,  Codde  et 
Vian,  membres  de  la  Société  scientiflque  Flammarion,  de  Marseille,  ont  pu  recon- 
naître Mercure  à  l'œil  nu,  après  le  coucher  du  soleil.  La  planète  brillait,  dans  le 
crépuscule  lumineux,  à  20»  environ  de  hauteur,  comme  une  étoile  de  première 
grandeur.  Dans  l'excellente  lunette  prêtée  par  M.  Tarry  à  la  Société,  la  planète 
offrait  une  phase  prononcée. 

Vénas  Tisible  en  plein  Jour.  —  A  propos  do  la  visibilité  de  Vénus  en  plein 
jour  à  l'œil  nu,  permettez-moi  de  vous  rappeler  une  aventure  qui  m'est  arrivée, 
le  29  février  1884,  lors  de  l'occultation  de  Vénus  par  la  Lune,  annoncée  dan** 
la  Revue  (1884  p.  72).  Je  suivais  attentivement  la  sortie  à  l'aide  de  ma  lunette, 
lorsque  j'entendis  derrière  moi  ces  paroles:  t  Comme  elle  s'écarte  vite!  t  — 
Qui?  Quoi?  Qu'est-ce  qui  s'écarte  vite?  répliquai-je....  Mon  étonnement  nefutpa< 
de  longue  durée,  car  je  fus  forcé  de  reconnaître  que  tout  le  monde  voyait  distinc- 
tement Vénus  à  Vœil  nu  en  plein  soleil. 

L.  H  AU  VILLE, 
Observateur  à  Ktretat. 

IJ toile  double  voisine  de  ^  da  Capricorne.  —  Au  mois  de  novembre  1883. 
M.  Barnard,  observant  l'occultation  d'une  étoile  de  1^  grandeur  qui  précède  P  du 
Capricorne,  remarqua  que  cette  occultation  n'était  pas  instantanée  et  attribua  ce 
fail  à  ce  que  cette  étoile  était  problablement  double,  et  que  ses  deux  composantes 
avaient  été  occultées  successivement.  M.  Burnham  dirigea  la  grande  lunette  dd 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  227 

* 

0">745  de  Chicago  vers  cette  étoile  pour  vérifier  Thypothèse,  et  constata  qu'en  effet 
cette  étoile  est  double,  et  que  son  compagnon,  de  9"  grandeur,  est  à  lOô»  et  0*85. 

L'Ëclipse  partielle  de  Lune,  du  30  mars,  observée  à.  Odessa.  —  Le  ciel  est 
resté  pur  jusqu'à  la  fin  de  l'éclipsé.  A  cause  de  la  brume,  la  Lune  a  pu  être  distin- 
guée lorsqu'elle  était  à  10»  environ  au-dessus  l'horizon  ;  l'échpse  était  à  son  juaxi- 
mum.  A  l'œil  nu,  la  ligne  de  séparation  d'ombre  et  de  lumière  était  très  mince. 
Dans  une  lunette  de  0"»  12  (grossissement  =  45),  l'espace  éclairé  passait  peu  à  peu 
au  sombre;  on  ne  pouvait  distinguer  aucune  échancrure  ni  aucune  irrégularité, 
comme  on  l'a  vu  dernièrement.  Les  cratères  Kepler  et  Aristarque  brillaient  comme 
d'ordinaire.  La  partie  du  disque  éclipsée  était  de  la  couleur  bleu  sombre  de  tout 
le  ciel.  Ni  dans  une  jumelle,  ni  dans  la  lunette  on  ne  pouvait  distinguer  le  limbe 
éclipsé,  même  tout  près  de  l'espace  clair.  A  6*»  10",  lorsqu'il  ne  restait  que  dix  mi- 
nutes pour  arriver  à  la  sortie  de  l'ombre,  on  ne  pouvait  encore  deviner  la  partie 
manquante  de  la  circonférence. 

A  6^20",  le  disque  était  devenu  clair.  O.  et  S.  Broune. 

à  Odessa. 

Observations  curieuses  sur  la  Lune.  —  Dans  la  soirée  du  21  février  dernier, 
j'eus  la  bonne  fortune  d'observer  à  l'aide  de  ma  longue- vue  de  campagne  de 
0",075  d'ouverture  un  singulier  phénomène  qui  apparaissait  sur  le  cratère  Cassini. 
Cette  montagne  étant  encore  en  dehors  des  rayons  du  Soleil,  je  vis  distinctement 
au-dessus  d'elle  une  lueur  rougeâtre,  présentant  un  aspect  quelque  peu  obscur 
qui  attira  vivement  mon  intention.  Je  continuai  à  l'observer  pendant  environ  une 
demi-heure,  et  comme  cette  espèce  de  fumée  rougeâtre  ne  cessait  d'être  visible, 
je  priai,  sans  la  prévenir  de  rien,  une  personne  voisine  d'observer  avec  attention 
le  disque  de  la  Lune.  Au  bout  de  dix  minutes,  cette  personne  me  fit  remarquer 
qu'elle  voyait  une  lueur  rouge-sombre  «  semblable  à  la  lumière  d'une  lampe  dont 
on  a  trop  levé  la  mèche,  au  point  de  la  faire  fumer  »  et  cela  dans  la  même  région 
où  je  l'avais  déjà  remarquée,  près  de  la  ligne  de  séparation  d'ombre  et  de  lumière, 
mais  dans  la  région  obscure. 

Un  ami  étant  précisément  alors  venu  me  rendre  visite,  je  le  priai  également 
d'examiner  le  disque  lunaire,  et,  quelques  minutes  après  je  l'entendis  s'écrier 
qu'il  y  avait  une  tache  rougeâtre  d'un  aspect  étrange  «  qui  brillait  comme  une 
étoile  de  4«  grandeur,  et  illuminait  tout  le  voisinage  ».  Satisfait  de  ce  qu'il  avait 
vu,  je  lui  tendis  une  carte  de  la  Lune,  ^en  lui  demandant  de  me  faire  voir  l'en- 
droit où  il  avait  remarqué  cette  lumière.  A  mon  grand  étonnement,  il  mit  immé- 
diatement le  doigt  sur  Cassini.  Le  lendemain,  22,  cette  tache  était  encore  plus 
brillante  que  Saturne  quoiqu'elle  reçût  déjà  les  rayons  du  Soleil.  Ne  serait-ce 
pas  une  éruption  d'un  volcan  lunaire  dont  j'aurais  eu  le  bonheur  d'être  témoin? 
Je  serais  curieux  de  savoir  si  d'autres  personnes  ont  observé  un  phénomène 

semblable. 

LoRENzo  Kropp, 

A.stronoino  à  Paysandu  ( Uruguay ï  . 


228  L'ASTRONOMIE. 

L'observation  suivante  de  M.  William  Gray  que  nous  extrayons  deKnov^ledge 
semble  confirmer  celle  de  notre  correspondant.  Ne  se  serait-il  pas  passé  quelque 
chose  d'anomal  dans  la  réfraction  de  la  lumière  à  la  surface  de  la  Lune? 

«  En  observant  la  Lune,  le  19  février  dernier,  avec  un  réfracteur  de  0">,095,  je 
remarquai  que  le  petit  cratère  à  côté  d*Hercule,  au  lieu  d'être  rempli  d'une  ombre 
noire,  brillait  d'une  lueur  rouge  sombre.  Le  grossissement  employé  était  de  100 
fois.  Je  changeai  Toculaire  pour  obtenir  un  grossissement  de  180  et  plus  tard  250, 
sans  observer  de  modifications  dans  l'aspect  particulier  du  cratère.  Je  pus  aussi 
comparer  l'ombre  de  ce  petit  cirque  avec  celles  des  objets  auxquels  il  ressemble 
le  plus  d'ordinaire,  et  spécialement  avec  tous  les  cratères  que  je  pus  trouver  dans 
des  conditions  semblables  do  dimensions,  d'éclairage  et  de  position:  je  fus  vive- 
ment frappé  du  contraste.  Il  était  entre  sept  et  huit  heures  du  soir,  et  le  cratère 
était  très  voisin  du  terminateur.  La  coloraUon  était  bien  visible,  et  sautait  aux 
yeux  même  dans  un  champ  très  vaste. 

«  Le  soir  suivant  (20  février),  je  réitérai  l'observation  du  même  point;  mais  je 

n'y  vis  plus  rien  d'anormal.  » 

William  Gray. 

La  Lune  à  renvers.  —  Vous  avez  maintes  fois  signalé  les  grossières  inadver- 
tances auxquelles  tout  le  monde  reste  condamné  tant  qu'on  n*enseignera  pas 
l'Astronomie  dans  les  écoles,  —  j'entends  la  science  compréhensible,  simple, 
V  raie,  vivante,  et  non  des  formules  vides  de  sens,  —  et  tant  que  les  plus  simples, 
éléments  des  vérités  cosmographiques  continueront  à  être  aussi  généralement 
ignorés  qu'ils  le  sont  encore. 

Au  Salon  de  cette  année,  salle  18,  n»  1297,  on  voit  un  tableau  qui,  certes,  ne 
manque  pas  de  valeur  :  c'est  un  panneau  décoratif  destiné  à  la  salle  des  mariages 
du  15«  arrondissement  de  Paris;  c'est  donc  une  œuvre  à  peu  prè3  offîcielle^ 

Elle  est  intitulée  :  «  la  /tn  de  la  journée  ».  Nous  sommes  donc  au  soir;  le  peintre 
a  mis  le  croissant  de  la  Lune  à  droite,  près  de  l'horizon,  fort  bien!...  mais  les 
cornes  tournées  vers  le  couchant,  c'est-à-dire  éclairé  du  côté  de  rorienti 

Voyez-vous  un  bambin  de  l'école  communale  qui  regardera  ce  tableau-là  et  qui 
voudra  en  profiter  pour  bien  comprendre  les  phases  de  la  Lune  ! 

Un  lecteur  de  Fontaiiiebleau. 

Remarque.  —  Tous  les  ans,  au  Salon,  il  y  a  deu;K  ou  trois  tableaux  de  ce  genre. 
Il  est  très  rare  que  les  peintres  mettent  le  croissant  éclairé  de  la  Lune  du  côté 
du  Soleil. 

Aurores  boréales.  —  On  nous  signale  plusieurs  aurores  boréales,  Tune  a  été 
observée  à  Amsterdam,  le  10  mai  dernier,  de  11»*  50"  à  12»»30">,  et  a  succédé  à  un 
violent  orage;  la  seconde,  de  durée  minuscule,  a  été  visible  à  Dublin  dans  la  nuit 
du  13  au  14  mai,  de  10»»  30«  à  10»»  35°». 

Émptions  volcaniques.  —  Le  Vésuve,  qui  depuis  la  terrible  éruption  del87ô 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  •    229 

n'était  pas  revenu- à  son  état  normal,  est  entré  le  2  mai  dernier  dans  une  nouvelle 
crise  d'éruption.  Depuis  ce  jour,  la  lave  sort  en  grande  quantité,  surtout  du  côté 
de  Torre  del  Greco  et  do  Pompéi.  —  L'Etna  est  en  éruption  depuis  le  5  avril. 

Poussières  de  fer  dans  Tatmosphëre.  —  Dans  des  recherches  sur  la  compo- 
sition de  l'air  de  la  ville  d'Alger,  M.  Chairy  vient  de  constater  la  présence  de 
sel  marin  et  de  fer  en  quantité  notable  dans  cet  air,  comme  dans  l'eau  de  pluie, 
après  le  siroco.  La  proportion  du  fera  été,  en  moyenne,  de  0K^  00016  par  gramme; 
celle  du  sel  a  été  de  Og^OOi  à  0k"^,002  par  mille  litres  ou  par  mètre  cube  d'air. 

L'auteur  conclut  que  le  fer  doit  être  entraîné  paV  les  vents  de  l'intérieur,  et 
en  première  ligne  par  le  siroco.  Au  moyen  d'une  aiguille  aimantée,  il  a  recherché 
l'oxyde  de  fer  magnétique  dans  les  poussières  que  transporte  le  siroco.  Il  en  a 
trouvé  jusqu'à  06^008  dans  un  petit  sac  de  poussière  recueillie  à  Djelfa.  Il  est 
porté  à  croire  que  ce  fer  magnétique  est  d'origine  terrestre,  surtout  à  cause 
de  son  aspect  microscopique. 

Grêlons  remarquables.  —  Un  phénomène  assez  rare  dans  nos  contrées  s'est 
produit,  le  2  avril  1885,  à  Philippeville  (Algérie). 

Un  orage  très  violent  s'est  abattu  sur  la  ville,  vers  3  heures  de  l'après-midi, 
accompagné  de  pluie,  de  grêle  et  de  violents  éclairs. 

Les  grêlons  étaient  très  gros,  mais,    chose  remarquable,  affectaient  tous  la 

Fig.  83. 


Grêlon  tombé  à  PhUippcviUe  (grandeur  natureUe.) 

même  forme;  ils  étaient  pyriforraes  et  delà  grosseur  d'une  petite  noix;  quelques- 
uns  avaient  une  forme  plus  géométrique,  ainsi  que  le  montre  la  figure  83  qui 
représente  un  de  ces  grêlons  en  grosseur  naturelle. 
Cet  orage  a  duré  pendant  près  d'une  heure.  Sa  direction  était  N.  0.  —  S.  E. 

Ch.  Duprat. 

Les  Tictimes  de  la  foudre.  —  Nous  avons  publié,  dans  la  Revue  de  décembre 
dernier,  la  statistique  générale  de  tous  les  coups  de  foudre  mortels  relevés  en 
France  depuis  l'année  1835.  Pour  étendre  cette  statistique  aux  pays  voisins,  le 
D*"  de  Pietra  Santa  nous  écrit  que,  pendant  la  période  décennale  1872-1881,  le 
nombre  des  foudroyés  a  été  de  1200  en  Italie  (population  28.459.451  habitants), 
et  que  le  dernier  recensement  porte  117  cas  pour  l'année  1883. 

L'acide  carbonique  de  l'air.  —  Tous  les  traités  de  chimie  et  [de  météorologie 


230  L'ASTRONOMIE. 

enseignent  que  Pair  atmosphérique  contient  une  quantité  d'acide  carbonique 
comprise  entre  4  et  6  dix-millièmes  de  son  volume.  Des  expériences  aussi  nom- 
breuses que  précises  faites  depuis  plusieurs  années  à  Paris,  en  Normandie,  au 
Pic  du  Midi  et  dans  les  régions  les  plus  variées,  ont  conduit  séparément 
MM.  Reiset,  Schulze,  Aubin  et  Mûntz,  à  constater  que  cette  assertion  est  inexacte, 
et  que  la  proportion  de  Tacide  carbonique  de  l'air  varie,  au  maximum,  entre 
28  et  35  cent-millièmes.  C'est  donc  désormais,  en  nombre  rond,  trois  dix-millièmes 
qu'il  faut  adopter  pour  cet  élément. 

Mouvements  lents  dn  sol.  ~  La  Revue  a  publié  (1883,  p.  297,  et  1885,  p.  95) 
deux  curieux  exemples  de  mouvements  lents  du  sol  observés,  l'un  en  Suisse,  à 
Neuchâtel,  l'autre  en  Normandie,  où  une  cheminée  se  montre  aujourd'hui  éclairée 
par  le  Soleil  à  une  époque  où  elle  ne  l'était  pas  autrefois.  J'ai  le  souvenir  de 
l'indication  de  deux  faits  du  même  genre.  L'un,  si  j'ai  bonne  mémoire,  a  été 
publié  dans  le  compte  rendu  de  la  réunion  de  la  Société  géologique  de  France  k 
Chambéry,  en  1844;  l'autre  est  dans  le  Bulletin  de  la  même  Société,  3"«  série, 
tome  IV,  pages  736  à  738,  et  concerne  Saint-Sernin  ^Saône-et-Loire).  Nous  avons 
donc  là,  entr'autres,  et  sous  les  yeux  pour  ainsi  dire,  quatre  faits  prouvant  la 
déformation  lente  du  sol,  indépendamment  des  déformations  brusques  qui  pro- 
duisent les  secousses  de  tremblement  de  terre. 

Tardy, 
Géologue  à  fiourg-en-Bresse. 

Même  sujet.  —  Le  fait  suivant  nous  est  signalé  de  Montagny  (Loire)  par 
M.  J.  Colombat. 

D'après  les  témoignages  des  «  anciens  »  de  notre  commune,  on  voit  maintenant  du 
village  une  habitation  située  à  2  kilomètres  environ  dans  la  campagne,  qui  en  était 
invisible  il  y  a  trente  ans.  La  crête  du  monticule  qui  la  cachait,  et  qui  n'en  est  qu'à 
300  ou  400  mètres,  se  serait  abaissée  de  cinq  mètres  environ.  Le  sol  où  est  bâtie 
la  maison  ne  paraît  pas  avoir  lui-même  changé  de  niveau,  et  l'érosion  de  la  col- 
line ne  peut  avoir  eu  qu'une  faible  part  à  cette  dénivellation;  car  dans  les  champs 
labourés  qui  couvrent  ce  monticule  on  trouve  toujours  à  peu  près  la  même  épais- 
seuf  de  terre  végétale  reposant  sur  des  couches  continues  de  roches  assez 
diverses,  mais  en  général  calcaires  ou  triasiques.  La  variété  des  terrains  est  très 
grande  dans  toute  cette  partie  orientale  du  Roannais,  et  cette  diversité  peut 
entrer  pour  quelque  chose  dans  les  mouvements  de  l'écorce  terrestre. 

Accélération  thermodynamique  da  mouvement  de  rotation  de  la  Terre.  — 

Le  Journal  de  Physique  a  publié  un  travail  fort  intéréressant  de  sir  William 
Thomson  sur  l'influence  de  l'oscillation  diurne  de  l'atmosphère  sur  le  mouvement 
de  rotation  de  la  Terre.  Les  observations  barométriques  montrent  qu'il  y  a  chaque 
jour  une  oscillation  de  l'atmosphère  due  à  réchauffement  solaire.  C'est  une  marée 
atmosphérique,  qui  n'est  pas  causée  par  l'attraction  du  Soleil,  mais  par  la  chaleur. 
Or,  tandis  que  les  marées  de  l'Océan  ont  pour  effet  de  ralentir  le  mouvement  du 
globe,  en  agissant  comme  un  frein  les  marées  thermiques  de  l'atmosphère,  qui 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  231 

arrivent  vers  10*»,  ont  pour  effet  de  Yaccèléror.  D'ingénieux  calculs,  établis  sur 
les  formules  de  Laplace  et  de  Fouricr,  conduisent  à  la  conclusion  que  la  marée 
lunaire  océanique  retarde  le  mouvement  de  la  Terre  de  25  secondes  par  siècle 
et  que  la  marée  solaire  atmosphérique  accélère  le  même  mouvement  de  2»,  7  dans 
le  même  temps.  Le  résultat  final  est  un  retard  de  22»,  3,  ou,  en  nombre  rond,  de 
22  secondes  par  siècle,  chiffre  concordant  avec  le  résultat  trouvé  par  Adams. 

Densité  de  la  Terre.  —  M.  Mendenthall  a  exécuté,  au  commencement  du  mois 
d'août  1S80,  des  observations  comparatives  sur  la  durée  d'oscillation  d'un  même 
pendule  à  TUniversité  de  Tokio  et  au  sommet  du  Flusiyama,  la  célèbre  montagne 
volcanique  dont  la  forme  est  presque  exactement  celle  d'un  cùne  ayant  un  angle 
au  sommet  de  138o  et  une  hauteur  de  près  de  3800»»».  L'accélération  de  la  pesanteur 
à  Tokio  étant  9",7984,  on  trouva,  pour  le  sommet  du  Flusiyama  :  9°>,7886. 

D'autre  part,  Fauteur  a  déterminé  la  densité  moyenne  des  roches  qui  forment 
la  montagne,  et  l'a  trouvée  égale  à  2,12;  on  connaît  donc  les  dimensions  de  la 
montagne  et  sa  densité,  ce  qui  permet  de  calculer  aisément  l'attraction  qu'elle 
exerce  sur  le  pendule  placé  au  sommet.  De  la  comparaison  de  ce  nombre  et  des 
valeurs  de  (/  à  Tokio  et  au  sommet,  on  déduit  la  densité  moyenne  de  la  Terre. 
M.  Mendenthall  a  trouvé  ainsi  5,77,  nombre  un  peu  plus  fort  que  celui  que  l'on  admet 
d'ordinaire  ;  pour  ramener  ce  nombre  à  la  valeur  de  Baily  (5,67),  il  suffirait  d'ad- 
mettre que  la  densité  moyenne  de  la  montagne  est  seulement  2,08  au  lieu  de  2,12  ; 
l'auteur  préfère  cependant  attribuer  cet  écart,  non  à  une  erreur  sur  la  densité, 
mais  à  un  défaut  réel  d'attraction,  tenant  probablement  à  la  structure  même  de  la 
montagne. 

Sur  le  moavement  relatif  de  la  Terre  et  de  l'éther.  —  Dans  la  théorie  de 
l'aberration  de  la  lumière,  on  suppose  que  la  Terre  se  meut  seule  au  travers  de 
Téther  qui  reste  en  repos.  Pour  contrôler  cette  hypothèse,  M.  Michelson  a  essayé 
de  faire  interférer  l'un  avec  l'autre  deux  rayons  qui  ont  traversé  une  même  lon- 
gueur dans  l'air,  mais  l'un  dans  la  direction  du  mouvement  de  la  Terre,  l'autre 
dans  la  direction  perpendiculaire. 

Avec  une  longueur  do  1™,  2  seulement  et  en  employant  de  la  lumière  jaune,  ou 
trouve,  dans  l'hypothèse  de  l'éther  immobile,  que  le  rayon  qui  a  voyagé  dans 
la  direction  du  mouvement  de  la  Terre  a  dû  parcourir  -^  de  longueur  d'onde  do 
plus  que  l'autre. 

En  faisant  tourner  de  90°  le  plan  des  deux  rayons,  on  fait  porter  la  différence 
sur  l'autre  rayon;  d'une  position  à  l'autre,  les  franges  d'interférence  devraient 
donc  se  déplacer  de  0,  08  de  frange,  quantité  mesurable. 

L'expérience  a  donné  un  résultat  absolument  négatif;  ou  doit  donc  en  conclure 
que  l'hypothèse  d'un  éther  immobile  n'est  pas  exacte,  et  qu'il  faut,  par  suite, 
abandonner  l'explication  que  l'on  donne  ordinairement  du  phénomène  de  l'aber- 
ration. A.  ANaoT  («). 

(')  Journal  de'Physique. 


232  L  ASTRONOMIE. 

Légers  tremblements  de  terre.  Un  grand  nombre  de  légers  mouvements  du 
sol  doivent  passer  inaperçus.  Nous  lisons  dans  le  rapport  de  TObservatoire  de 
Cambridge  (Angleterre) que  le  matin  du  22  avril  1884,  Miss  Walker  se  préparait  à 
faire  à  la  lunette  méridienne  l'observation  du  bain  de  mercure  pour  le  nadir,  lors- 
qu'elle s'aperçut  que  l'image  des  fils  du  micromètre,  au  lieu  d'être  réfléchie  tran- 
quillement, était  agité  par  de  violentes  oscillations  :  on  dut  attendre  plusieurs 
minutes  avant  de  pouvoir  faire  l'observation.  Quelque  temps  après,  on  apprit 
qu'un  léger  choc  de  tremblement  de  terre  avait  été  ressenti  précisément  au 
moment  même  où  ce  trouble  du  bain  de  mercure  avait  été  reconnu  d'une  façon  si 
exceptionnelle. 

Les  volcans  et  les  mesures  magnétiques.  —  Le  professeur  Ciro  Ghristoni  a 
recherché  toutes  les  variations  magnétiques  qui  se  produisent  dans  la  Sicile  ;  il 
a  dressé  un  tableau  des  données  fournies  par  ses  instruments  et  s'est  aperçu  tout 
de  suite  que  la  Sicile  ne  suit  pas  la  règle  vraie  pour  l'Italie,  que  la  déclinaison 
va  décroissant  de  l'Ouest  à  l'Est.  L'angle  maximun  se  trouve  à  Catane,  qui  est 
un  des  lieux  les  plus  à  l'Est  de  l'île;  il  a  encore  une  valeur  considérable  à  Gir- 
genti.  A  Caltanisetta,  la  déclinaison  est  inférieure  à  celle  de  Girgenti,  supérieuro 
î\  celle  de  Palerme  et  de  Tripani.  Un  coup  d'œil  jeté  sur  la  carte  de  la  Sicile  don- 
nera l'explication  de  ce  phénomène,  qui  trouve  sa  raison  d'être  dans  la  nature 
volcanique  de  l'île.  A  Catane  on  peut  ainsi  observer  la  puissante  action  des  laves 
de  l'Etna,  action  qui  se  fait  ressentir  jusqu'à  Messine.  L'Etna  a  donc  une  influence 
magnétique  incontestable.  A  Messine,  cette  influence  est  contrebalancée  par  celle 
des  îles  Lipari,  qui  sont  au  Nord,  tandis  que  l'Etna  est  au  Sud.  A  Girgenti,  on  a 
un  second  maximun  de  déclinaison  ;  ce  fait  s'accorderait  avec  les  mesures  que 
Perry  obtint  pour  Malte  en  1874.  L'augmentation  de  la  déclinaison  est  due  sans 
contredit  au  terrain  volcanique  qui  se  trouve  dans  les  environs  de  Sciarra,  et  il 
n'est  pas  problable  que,  sous  la  mer,  il  y  ait  des  points  qui  influent  sur  Taiguille 
aimentée.  En  effet,  contre  Girgenti,  Malta  et  Pantellaria,  la  mer  a  toujours  pré- 
senté des  phénomènes  volcaniques,  et  c'est  là  précisément  qu'est  apparue  l'Ile 

Ferdinandea. 

D"^  A.  Battandier. 

L'inventeur  des  Jumelles.  •—  Presque  tous  les  écrivains  de  l'histoire  des 
Sciences  attribuent  au  P.  Schyrl,  capucin  de  Bohême,  né  vers  1597,  mort  à 
Ravenne  en  1660,  l'invention  des  lunettes  d'approche  binoculaires.  C*est  dans  la 
première  partie  de  l'ouvrage  publié  à  Anvers  en  1645,  sous  le  titre  bizarre 
d'Oculus  Enoch  et  Elias,  sive  radius  sidereomyslicus,  qu'il  traite,  p.336-356,  de  la 
lunette  d'approche  binoculaire.  Cette  invention  n'appartient  pas  au  capucin 
Schyrl,  mais  bien  à  un  opticien  de  Paris,  du  nom  de  Chorez,  qui  en  1625  vendait 
des  binocles  dans  Tîle  Notre-Dame,  à  renseigne  du  Compas.  C'est  ce  qui  résulte 
d'une  lettre  imprimée  trouvée  en  septembre  1880  par  M.  Gilberto  Govi,  le  savant 
physicien  italien,  dans  le  manuscrit  n»  9531  du  fonds  français,  correspondance  de 
Peiresc.  La  pièce  est  intitulée  :  «  Les  admirables  lunettes  d'approche  réduites  en 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  233 

petit  volume  avec  leur  vray  v^age  et  leur  utilitez,  préférables  aux  grandes,  et 
le  moyen  de  les  acomoder  à  Vendroit  des  deux  yeux,  le  tout  mis^  en  pratique, 
et  dédié  au  roy,  Tan  1625,  par  D.  Ghorez.  >  Cette  lettre  est  adressée  au  roi 
Louis  XIII;  elle  commence  ainsi  :  «  Sire,  il  y  a  près  de  cinq  ans  que  je  receu 
l'honneur  de  présenter  à  vostre  Maîesté  les  prémices  de  mon  travail,  en  ce  qui  est 
communément  appelé  lunettes  d'approche,  etc.  »  Les  avis  et  directions  pratiques 
formulés  par  Chorez  dans  cette  sorte  de  lettre-manifeste  sont  très  utiles,  selon 
M.  Gilberto  Govi  qui,  dans  le  Bullettino  du  prince  Boncompagnî,  a  rendu  justice 
à  l'habile  opticien  et  l'a  retiré  de  l'injuste  oubli  dans  lequel  il  était  tombé  (<). 

Statue  à  Giordano  Bruno.  —  Suivant  l'appel  fait  l'année  dernière  par  M.  Flam- 
marion, dans  Les  Terres  du  Ciel  (p.  716),  la  jeunesse  romaine,  les  étudiants 
italiens,  les  amis  du  progrès  viennent  de  former  un  groupe  qui  prépare  dès 
aujourd'hui  le  projet  de  l'érection  d'une  statue  au  philosophe  martyr  brûlé  vif  à 
Rome  le  17  février  de  l'an  1600.  Rappelons  ces  lignes  des  Terres  du  Ciel: 

«  Au  nom  de  la  Liberté  de  conscience,  au  nom  de  l'humanité,  au  nom  du 
Progrès,  nous  demandons  à  l'Italie  d'élever,  avant  la  fin  de  notre  dix-neuvième 
siècle,  deux  statues  au  sein  de  la  ville  de  Rome;  la  première  sur  la  place  de  la 
Minerve  :  Galilée  à  genoux,  renonçant  à  l'hérésie  du  mouvement  de  la  Terre;  la 
seconde  au  champ  de  Flore  :  Giordano  Bruno  sur  son  bûcher,  expiant  le  crime  de 
croire  à  la  vie  éternelle  dans  l'univers  infini.  » 

Nous  adressons  aux  promoteurs  de  la  statue  de  Bruno  toutes  nos  félicitations 
et  tous  nos  vœux  en  faveur  de  cette  glorification  tardive  de  leur  immortel  compa- 
triote. Une  adresse  collective  des  étudiants  de  Madrid  au  Directeur  de  VAstro- 
nomiCy  annonce  que  la  jeunesse  espagnole  se  joint  à  la  jeunesse  italienne  dans 
une  même  confraternité  pour  la  glorification  du  philosophe  martyr. 

L'Astronomie  popularisée.  —  Voici  un  petit  fait  de  détail  qui  ne  manque  pas 
de  signification.  Une  importante  manufacture  de  brosserie  de  Paris  vient  de 
choisir  les  marques  de  fabrique  suivantes  pour  ses  produits  : 

Marque  principale  de  la  maison  Rennes  et  fils  : 

Les  étoiles  de  la  constellation  du  Renne. 

Marques  du  détail  : 

Lune,  premier  quartier. 

Soleil, 

Comète. 

Tête  d'ange  avec  soleil  et  rayons. 

Tous  nos  compliments  pour  cette  innovation. 

On  nous  communique  d'autre  part  une  gravure  dorée  détachée  d'une  boîte  de 
«  fil  de  lin  extra  »  qui  n'est  autre  que  la  reproduction  de  la  première  figure  de 

[<)  Bulletin  des  Sciences  m,athématiques. 


234  L'ASTRONOMIE. 

VAstronomie  populaire,  avec  la  légende  même  :  a  Emportée  par  le  temps, 
poussée  vers  un  but  qui  fuit  toujours,  la  Terre  court  avec  rapidité  dans  l'espace.  » 
Quelques  étoffes  commencent  aussi  à  porter  dans  leurs  tissus  des  Saturnes,  des 
comètes  et  des  étoiles  associées.  —  Signe  du  temps. 

Un  cadran  solaire  de  plas  de  deux  mille  ans.  —  A  Palestrîne,  l'antique 
Préneste,  il  y  avait  une  horloge  solaire  {solarium)  dont  Varron  parle  comme  d'un 
monument  très  ancien.  M.  Cicerchia  a  pensé  qu'il  fallait  la  chercher  sur  le  mur 
de  face  de  l'église  de  Saint-Agapit.  Cette  église,  construite  au  moyen  âge, 
s'élève  sur  un  édifice  antique,  où  Ton  voit  encore,  sur  les  blocs  qui  le  portent,  une 
ouverture  que  ferme  un  mur  moderne.  Selon  M.  Cicerchia,  cette  ouverture 
donnait  passage  aux  rayons  du  Soleil,  qui  marquaient  l'heure  sur  un  dallage  inté- 
rieur. Nul  n'avait  tenté  de  vérifier  cette  supposition.  M.  Marucchi,  ayant  fait 
enlever  du  mur  antique  l'enduit  moderne,  a  retrouvé  les  traces  du  solarium 
d'une  forme  différente  de  celle  qu'on  avait  imaginée. 

Le  mur  présente  quatre  rainures  obliques,  disposées  deux  par  deux  en  éventail 
de  chaque  côté.  La  verticale,  entaillée  sans  doute  entre  elles,  devait  être  tracée 
sur  la  partie  disparue  que  ferme  aujourd'hui  la  maçonnerie  moderne.  A  l'extré- 
mité supérieure  de  chaque  rainure  se  trouvaient,  dit  M.  Marucchi,  des  tiges 
métalliques  plantées  dans  des  trous  que  l'on  voit  encore.  La  direction  des  rainures 
correspond  aux  ombres  que  projetaient  ces  sortes  de  gnomons  sur  les  heures  3', 
4«,  8*  et  9*  des  anciens  (9^,  10^»  du  matin,  2*»  et  3^  de  l'après-midi). 

Pensées.  —  On  trouve  souvent  dans  les  écrits  d'Edgar  Poe  une  divination 
originale  des  progrès  accomplis  en  ces  dernières  années  par  la  philosophie 
astronomique.  En  fetiilletant  dernièrement  ses  Contes  grotesques,  l'un  de  nos  amis 
a  remarqué  la  pensée  suivante,  digne  d'être  méditée.  Elle  date  de  1848,  mais 
appartient  plutôt  au  siècle  prochain  qu'à  celui-ci. 

a  II  y  a  une  infinité  d'écrivains  qui  font  leur  chemin  en  philosophie,  grâce  à 
rhabitude  qu'ont  les  hommes  de  se  considérer  comme  les  citoyens  d'un  monde, 
d'une  planète  individuelle,  au  lieu  de  se  représenter,  ne  fût-ce  que  de  temps  en 
temps,  leur  condition  littéralement  cosmopolite  d'Habitants  de  VUnivers,  » 

Cette  autre  n'est  pas  moins  remarquable  : 

«  11  n'est  nullement  irrationnel  d'imaginer  que,  dans  une  existence  future,  nous 
puissions  considérer  cette  vie  comme  un  songe.  » 

11  avait  déjà  dit  dans  Eurêka  : 

«  La  Terre  no  doit  pas  être  considérée  comme  une  individualité,  mais  dans  ses 
rapports  planétaires.  De  ce  point  de  vue  général,  un  homme  devient  l'humanité, 
et  l'humanité  un  membre  de  la  famille  cosmique  des  intelligences.  » 


OBSEKVATIONS  ASTUONOMIQUES.  235 

OBSERYATIONS   ASTRONOMIQUES 

A  FAIRE  DU  15  JUIN  AU  15  JUILLET  1885. 
Principaux  oliijets  célestes  en  évidence  pour  Inobservation. 

I«  CIEL  ÉTOILE  ; 

Pour  l'aspect  du  Ciel  étoile  durant  cette  période  de  l'année,  il  faut  se  reporter 
soit  aux  cartes  publiées  dans  la  première  année  de  la  Revue,  soit  aux  descriptions 
données  dans  les  Étoiles  et  les  Curiosités  du  Ciel  (p.  594  à  635).  La  longueur  des 
jours  atteignant  en  ce  moment  sa  plus  grande  valeur  ainsi  que  la  durée  du  cré- 
puscule, rheure  des  observations  astronomiques  se  trouve  chaque  soir  naturel- 
lement retardée. 

2»  SYSTÈME   SOLAIRE   : 

Soleil.  —  Le  15  juin,  le  Soleil  se  lève  à  3'»58>"  du  matin  et  se  couche  à  8*»  3»»; 
le  1«' juillet,  l'astre  du  jour  se  montre  au-dessus  de  Thorizon  à  4»>2™,  pour  dispa- 
raître à  8'>5"»  du  soir;  enfin,  le  lever  a  lieu  à  4^14™,  le  15  juillet,  et  le  coucher 
à  7^57"».  La  durée  du  jour  est  de  16'»5™  au  15  juin,  de  IG^M'"  au  !«'  juillet  et 
de  15>»43">  au  15  juillet.  Du  15  juin  au  21  juin,  la  durée  du  jour  s'accroît  de  2»»  le 
soir;  mais  du  21  juin  au  15  juillet,  les  jours  diminuent  de  16«»  le  matin  et  de  8°* 
le  soir,  soit  une  diminution  totale  de  22™  pour  l'intervalle  compris  entre  le  15  juin 
et  le  15  juillet. 

La  déclinaison  boréale  du  Soleil  est  de  23'>20'9''  au  15  juin  et  atteint  23o27'5'' 
le  21  juin,  à  midi  moyen.  C'est  à  7*»l™29s7  du  mâtin,  le  21  juin,  que  la  déclinaison 
solaire  atteint  son  maximum  et  que  commence  IKté  (»)  et  non  à  7'»0™  comme 
l'indique  V Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes.  Cette  époque  de  l'année  s'appelle 
solstice  d'été,  car  le  Soleil  paraît  séjourner  quelque  temps  dans  la  même  partie 
du  Ciel,  en  conservant  sensiblement  la  même  déclinaison  et  par  suite  les  jours 
leur  môme  longueur.  Le  crépuscule  est  assez  considérable  pour  qu'il  reste  visible 
toute  la  nuit  dans  la  partie  septentrionale  de  la  France  :  on  peut  dire  que  là  il 
n'y  a  pas  de  nuit  complète. 

(')  La  Connaissance  des  Temps  pour  1885  et  le  NauUcal  Alnianac  donnent,  tout 
en  tenant  compte  des  différences  de  longitude  des  Observatoires  de  Paris  et  de  Greeu- 
wich,  des  valeurs  différentes  pour  la  longitude  du  Soleil,  et  cette  différence  va  sans 
cesse  en  croissant. 

Pourquoi  les  Calculateurs  du  Bureau  dos  Longitudes  se  sont-ils  servis  jdu  Nautical 
pour  le  calcul  de  l'instant  où  commence  chaque  saison  ?  Voici  un  tableau  qui  nous 
montre  nettement  ces  différences  : 


Saisons. 

L'Ét^.  commence  le  21  juin 

L'AUTOMNE  commence  le  22  septembre. 
L'Hiver  commence  le  21  décembre 


Connaissance 


Nautical  Almanac. 

des  Temps. 

Différence. 

7h  0»  1»,2  matin. 

7k   l«29-,7 

i-28',5 

Dh^b-  3%7  soir. 

Oï^ai-  7-,3 

6-  3%6 

3»«36«34«,4  soir. 

3V46-27«,9 

9-53«,5 

E.  V. 


230 


L'ASTRONOMIE. 


A  partir  du  21  juin,  la  déclinaison  du  Soleil  décroît;  le  15  juillet,  elle  est 
de  21o28'3r. 

La  Terre  passe  à  Taphélie  le  3  juillet,  à  11*»  du  soir.  C'est  alors  qu'elle  atteint 
sa  distance  maximum  du  Soleil.  Cette  circonstance  se  présente  lors  des  plus 
grandes  chaleurs  de  Tannée,  parce  que  le  Soleil  est  en  ce  moment  très  élevé  au- 
dessus  de  l'horizon. 

Le  4  juillet,  le  diamètre  solaire  mesure  3i'31'96. 

Lune.  —  Bien  que  Tété  soit  peu  favorable  aux  observations  lunaires,  on  pourra 
étudier  néanmoins  le  mince  croissant  que  nous  offre  notre  satellite,  dans  le  voi- 
sinage du  Premier  et  du  Dernier  Quartier. 


Phases.. 


PQ  le  19  juin,  à    1^58-  soir. 
PL  le  27     »     à  11  27    matin. 


DQ  le    5  juillet,  à  C-SS-  soir. 
NL  le  12       »       à  5  25    matin. 


Occultalions  et  appulse  visibles  à  Paris, 

Deux  occultations  et  une  appulse  seront  visibles  à  Paris  dans  le  voisinage  de 
minuit. 

!•  t'  Capricorne  (6«  grandeur),  le  29  juin,  de  12''8-  à  13''22-  du  soir.  L'étoile  disparaît 
subitement  derrière  la  partie  éclairée  du  disque  de  la  Lune,  en  un  point  situé  à  22»  au- 
dessus  du  point  le  plus  à  gauche,  et  reparaît  tout  à  coup  en  un  point  placé  à  24*  au- 


Fig, 


Fig.  85. 


OccuUatioDS  de  i*  et  t*  Capricorne  par  la  Lune, 

le  29  juin  1885,  de  12>'8-  â  13^22-  du  soir, 

etdel3«'43"àl4^41-. 


Appulse  de  \i  Poissons, 
le  6  juillet,  à  2'' 46-  du  mati 


dessus  du  point  le  plus  â  droite  du  disque.  Cette  occultation,  qui  est  représentée 
(fig.  84)  pour  Paris,  sera  observable  dans  l'Europe  occidentale. 

2*  T*  Capricorne  (5*  grandeur),  le  29  juin,  de  IS'-iS"  à  14''4i-.  Cette  seconde  compo- 
sante de  la  double  t  sera  occultée  à  son  tour,  bien  qu'elle  ce  soit  éloignée  que  de  32' 
de  la  première,  21"  après  la  fin  de  l'occultation  de  t*.  L'étoile  disparait  en  un  point  du 
disque  lunaire  situé  à  30*  au-dessous  et  à  gauche  du  point  le  plus  élevé  et  reparait  en 
un  autre  point  situé  à  22*  au-dessus  du  point  le  plus  à  TOuest.  L*occultation  sera 
observable  dans  TËurope  occidentale. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  237 

3*  |i  Poissons  (5*  grandeur),  le  6  juillet,  à  2^46"  du  matin.  Appulse  à  r,7  du  bord  de 
la  Lune.  L'étoile  s'approchera  à  cette  faible  distance  d'un  point  qui  se  trouve  à  12*  à 
droite  du  point  le  plus  bas  du  disque  de  notre  satellite.  Il  y  aura  occultation  pour  le 
Nord  et  les  Iles  britanniques. 

Occultations  diverses. 

Les  lecteurs  de  VAstronomie  qui  habitent  les  diverses  parties  de  la  Terre 
pourront  encore  observer  les  importantes  occultations  suivantes  : 

1*  Uranus,  le  19  juin,  vers  3''33"  du  soir,  temps  moyen  de  Paris.  Les  latitudes  ex- 
trêmes de  l'observation  sont  20*  S.  et  89*  S. 

2*  Y  Balance  (4-5*  grandeur),  le  23  juin,  vers  10''57"  du  soir.  Limites  de  latitude: 
3*  N.  et  61- S. 

3*  Aldébaran  (1'*  grandeur),  le  8  juillet,  à  111*33-'  du  matin.  Les  limites  de  latitude 
sont  20-  N.  et  90*  N. 

Le  28  juin,  à  6^  du  matin,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  apogée  : 
405  600»^;  diamètre  lunaire  =  29'27',2. 

Le  12  juillet,  à  2^  du  matin,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  périgée  : 
365  500^"»;  diamètre  lunaire  =  33'30',2. 

Mercure.  —  Du  15  au  20  juin,  Mercure  pourra  être  aperçu  le  matin,  plus  d'une 
heure  avant  le  lever  du  Soleil,  par  les  habitants  de  l'hémisphère  sud  de  notre 
globe.  Le  27  juin,  cette  rapide  planète  sera  en  conjonction  supérieure  avec  le 
Soleil,  puis  elle  deviendra  visible  le  soir,  malgré  la  lueur  crépusculaire,  dans  les 
premiers  jours  de  juillet. 

Jours.  Passage  Méridien .  Coucher.  Différence  Soleil.    Constellation. 

5  Juillet 0''45*  soir.  8''47-  soir.  0''44*  Gémeaux. 

7        »      0  54         »  8  52  »  050  Cancer. 

9»       13          a  8  55  *  0  54                      » 

11        1»      1  11          »  8  58  »  0  58                     V 

13        »      1  18         »  8  59  »  11                      » 

15  a      1  24          »>  8  59  »  12                     w 

Le  mouvement  de  Mercure,  du  5  au  15  juillet,  est  direct  parmi  les  constel- 
lations des  Gémeaux  et  du  Cancer.  Le  5  juillet.  Mercure  sera  au  Sud  et  à  1»  en- 
viron de  X  Gémeaux.  Les  1 1  et  12  juillet,  la  planète  traversera  Tamas  du  Cancer, 
la  Crèche.  Une  lunette  astronomique  permettra  de  suivre  aisément  ce  passage. 
Le  10  juillet,  le  diamètre  de  Mercure  est  de  5'4  sa  distance  à  la  Terre  de  186  mil- 
lions de  kilomètres  et  sa  distance  au  Soleil  de  55  millions  de  kilomètres. 

Vénus.  —  Cette  admirable  planète  brille  du  plus  vif  éclat  jdans  le  ciel  de 
rOccident,  aussitôt  après  le  coucher  du  Soleil.  Il  est  très  facile  de  l'apercevoir  à 
la  simple  vue,  malgré  la  lueur  crépusculaire  en  ce  moment  très  intense. 

Jours.  Passage  Méridien.  Coucher.  Différence  Soleil.     Constellation. 

16  Juin    O'-Sl'"    soir.  8'' 59-    soir.  0''56*  Gémeaux. 

19       »     0  55         »  9    2         »  0  58  » 

22       »     0  59         if  9    4         »  0  59  • 

25       >•-...        1    4         »  9    7         »  12  » 

29»      19  a  98  a  13  a 

2  Juillet 1  13         "  9    8a  14  Cancer. 

5       »      116         a  97         .  14  » 


238  L'ASTRONOMIE. 

Jours.  Passage  Méridien.              Gooclidr.  Différence  Soleil  Constellation. 

8  Juillet 1^20-       »  O"  6-       »                 l»»  4-  Cancer. 

11        s      1  23         »  9    4         »                  14  s 

14       »      1  27         »  9    3         p                  16  » 

Le  mouvement  de  VÉtoile  du  Berger  est  toujours  direct.  Le  24  juin,  l'écla- 
tante planète  passera  à  lo20'  au  nord  de  l'étoile  de  3,5  grandeur,  o  Gémeaux. 
Le  9  juillet,  Vénus  traversera  l'amas  du  Cancer. 

Le  1*"  juillet,  le  diamètre  de  Vénus  est  de  10'2  la  distance  de  Vesper  au  Soleil 
est  de  106  millions  de  kilomètres. 

Mars.  —  Mars  est  facile  à  découvrir  le  matin,  à  TOrient,  près  de  deux  heures 
avant  le  lever  du  Soleil.  Le  plus  souvent,  une  lunette  astronomique  de  moyenne 
puissance  sera  nécessaire  pour  Tétude  de  cette  planète. 

Jours.  Lever.  Passnire  Méridien.  Coiisteltntiun. 

25  Juin 2'  8- matin.  9'' 56- matin.  Taureau. 

1"  Juillet 1  58         »  t)  51  »  •• 

5  »'       1  51  »  î)  47  »  '» 

9  '•       l  45  «  9  43 

13  »       1  39  »  9  39  « 

Mars  continue  son  mouvement  direct  à  travers  la  constellation  du  Taureau. 
Le  28  juin,  la  planète  passe  à  2° 30'  au  nord  de  l'étoile  de  3,5  grandeur,  e  Taureau. 

Le  l^^-"  juillet,  le  diamètre  de  Mars  est  de  5';  sa  distance  à  la  Terre  de  333  mil- 
lions de  kilomètres  et  sa  distance  au  Soleil  de  218  millions  de  kilomètres. 

Petites  planètes.  —  Cérès  est  toujours  facile  à  reconnaître  dans  la  constel- 
lation de  la  Vierge.  Seulement,  il  faut  se  hâter  d'étudier  ce  petit  astre  pendant 
que  cela  est  encore  possible,  car  il  va  bientôt  disparaître.  Il  sera  bon  de  se 
servir  d'une  jumelle  marine. 

Jours.  Pnssage  Méridien.  Coucher  de  Cérës.  Constellation. 

15  Juin î**!!"  soir.  l*" 39"  matin.  Vierge. 

20      «      6  54         »  1  19         » 

25      »  6  37         »>  0  58         » 

30      •>     6  21  »  0  39         » 

5  Juillet 6    5  «  0  20         »  - 

10       s      5  49         »  minuit.  • 

Le  mouvement  de  Cérès  est  direct  et  sensiblement  vers  le  Sud-Est.  Le  19  juin. 
la  petite  planète  est  en  conjonction  avec  8  Vierge,  de  3,5  grandeur;  elle  n'est 
éloignée  que  de  52' de  l'étoile.  Pendant  plusieurs  jours,  Cérès  séjourne  un  peu  au 
nord  et  à  une  faible  distance  de  3,  ce  qui  permettra  de  la  découvrir  rapidement. 

Le  premier  juillet,  Cérès  est  éloignée  de  la  Terre  de  357  millions  de  kilomètres 
et  de  394  millions  de  kilomètres  du  Soleil. 

Coordonnées  au  20  juin    :    Ascension  droite...    12''50".    Déclinaison...      4*44' N. 
»  5  juin.  :  s  »  13    0  »  2  25  N. 

Pallas  est  encore  facile  à  distinguer,  durant  la  première  moitié  de  la  nuit, 
dans  la  Chevelure  de  Bérénice  ;  mais  il  faut  aussi  se  hâter  de  Tétudier  avant  sa 
disparition.  Une  bonne  jumelle  marine  ou  une  lunette  astronomique  seront 
indispensables. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  239 

Jours.  Passage  Méridien.  .         Coneher  de  Psllas.  Constellation. 

20  Juin 6M6-  soir.  l'*59-  matin.  Chev.  de  Bérénice. 

25      s    6    1,  s  1  41         s                      s 

30      »    5  47  »  1  22         -                      » 

5  Juillet 5  33  «  15»*                      » 

10       »      5  19  «  0  49         »                       w 

15        »      55  j»  0  32         i>                       V 

Pallas  est  en  mouvement  direct  dans  la  Chevelure  de  Bérénice,  elle  se  dirige 
vers  e  Vierge. 

Le  l»»- juillet,  Pallas  est  à  375  millions  de  kilomètres  de  la  Terre  et  à  378  mil- 
lions de  kilomètres  du  Soleil. 

Coordonnées  au  21  juin    :    Ascension  droite...     12'' 13".    Déclinaison..     18*54'  N. 
»  10  juin.  :  »  »  12  34  »  17  15   N. 

Junon  peut  être  observée  très  facilement  le  soir,  avec  une  lunette  astrono- 
mique, non  loin  de  Tétoile  de  3,5  grandeur,  Ç  Vierge.  Le  5  juillet,  Junon  sera 
en  conjonction  avec  cette  étoile,  à  i'^bW  seulement  et  au  nord  de  Ç.  On  peut 
remarquer  que  les  trois  petites  planètes  Cérès,  Pallas  et  Junon  séjournent  à  peu 
près  dans  le  même  coin  du  Ciel. 

Jours.  Passage  Méridien.  Coneher  do  Janon.  GonsteUation. 

20  Juin 7*28-  soir.  l'*48-  soir.  Vierge. 

25      »     7  10         »  1  29  »                      » 

30      »     6  51          »  1  09  »                      » 

5  Juillet 6  33         »  0  50  » 

10  M      6  16         ^  0  31         «  M 

15        I»       5  59         »  0  12         y  * 

La  marche  de  Junon  est  directe  dans  la  constellation  de  la  Vierge. 

La  distance  de  Junon  à  la  Terre  est  de  438  millions  de  kilomètres,  au  1<^'- juillet, 

et  de  488  millions  du  Soleil. 

Coordonnées  au  21  juin    :    Ascension  droite...    13'*25".    Déclinaison...      2*46' N. 
»  12  juin.  :  s  »  13  32  »  1  29  N. 

Vesta  pourra  être  vue  dans  la  constellation  du  Taureau,  un  peu  au  nord  de  X, 
suivant  la  ligne  qui  unît  l'étoile  de  4«  grandeur  y  ^  Aldébaran.  Une  lunette  sera 
nécessaire  pour  se  livrer  à  cette  observation. 

Jours.  Lever  de  Vesta.  Passage  Méridien.  Constellatioh. 

!•'  Juillet 1*53-  matin.  9*  6-  matin.  Taureau. 

6  »      1  39         »  8  54         »  » 

11  »      1  25         s  8  42         »  » 

Le  mouvement  de  Vesta  est  direct. 

Le  !«■'  juillet,  Vesta  est  à  une  distance  de  473  millions  de  kilomètres  de  la 
Terre  et  de  375  millions  de  kilomètres  du  Soleil. 

Coordonnées  au  10  juillet  :     Ascension  droite  :      4^14".       Déclinaison  :  15*22'  N. 

Jupiter.  —  Cette  belle  planète  brille  toigours  d*un  vif  éclat  dans  la  constel- 
lation du  Lion,  dans  le  voisinage  de  Régulus.  Le  12  juillet,  au  soir,  Jupiter  sera 
en  conjonction  avec  p  Lion,  de  4«  grandeur.  La  planète  sera  au  Nord  et  à  58'  de 
rétoile. 


240  L'ASTRONOMIE. 

Joart.  Passsfv  MMdi«D.  Coticta«r.  ContUllattoa. 

18  Juin 4*23-   soir.  11*25-    soir.  Lion. 

22     »    4  10         »  Il  10         »  » 

26  »     3  57         »  10  58         »  » 

30      »     3  43         •  10  41         »  » 

3  Juillet 3  33         1  10  30         »  » 

7       »     320         "  10  16         »  » 

11        »    3    7  10    1         »  » 

La  marche  de  Jupiter  est  directe,  c'est-à-dire  de  TOuest  à  TEst. 

Le  !•' juillet,  le  diamètre  de  la  planète  est  de  31',  sa  distance  à  la  Terre  est  de 
884  millions  de  kilomètres  et  sa  distance  au  Soleil  801  millions  de  kilomètres. 

Il  faut  continuer  l'étude  des  satellites  de  Jupiter  avec  une  jumelle  astrono- 
mique. Les  astronomes  doués  d'une  excellente  vue  pourront  encore  apercevoir  à 
l'œil  nu  le  3«  satellite  lors  de  ses  plus  grandes  élongations  qui  auront  lieu  aux 
époques  suivantes  :  16,  19,  22,  23,  26,  27  et  30  juin,  1",  4,  7,  10,  11  et  14  juillet. 

Éclipses  des  satellites  de  Jupiter. 

16  Juin 10** 34*      soir.         Immersion  du  4*  satellite    éclipsé. 

30     »    9    6  »  Emersion  1*'        »  t» 

Remarque.  —  Le  14  juin,  à  9'»45™  du  soir,  le  l*»*  satellite  est  occulté  et  le  3*  sur 
le  disque  de  Jupiter.  Le  24  juin,  le  4«  satellite  est  sur  le  disque  et  les  trois  autres 
d  un  même  c(^te.  Le  l»»"  juillet,  à  9^  du  soir,  les  quatres  satellites  sont  à  l'est  de 
la  planète. 

Saturne.  «^  Cette  planète  est  absolument  invisible.  Elle  passe  derrière  le 
Soleil  le  18  juin  à  11^  du  soir  et  atteint  en  ce  moment  sa  distance  maximum  à  la 
Terre  :  1486  millions  de  kilomètres;  sa  distance  au  Soleil  est  de  1336  millions  de 
kilomètres. 

Uranus.  —  Uranus  est  toujours  facile  à  trouver  dans  la  constellation  de  la 
Vierge,  entre  les  étoiles  de  3,5  grandeur  r^  et  p,  vers  le  milieu  de  la  ligne  qui 
unit  ces  deux  jolies  étoiles.  Uranus  est  très  facile  à  reconnaître  soit  à  l'œil. nu 
soit  avec  une  jumelle  marine. 

Jours.  Passage  Méridien.                      Coucher.  ConsteUaUon. 

17  Juin 6»»  12-    soir.  0*21-  matin.  Vierge. 

22     »    5  50         »  0  01         »  u 

27  »    5  33         »  11  41      soir.  » 

2  Juillet 5  14         ).  11  22         »  •    » 

7       »      4  55         1»  11    3         »  • 

12       »       4  36         »  10  43         0  » 

Le  mouvement  d'Uranus  est  direct. 

Le  l*"'  juillet,  la  distance  de  la  planète  à  la  Terre  est  de  2731  millions  de  kilo- 
mètres et  au  Soleil  de  2710  millions  de  kilomètres. 
Coordonnées  au  1"  juillet  :    Ascension  droite  :    11*57-48'.    Déclinaison  :  IM'43'N. 

Eugène  Vimont. 


CORRESPONDANCE. 

Tachos  du  Soleil.  —  Nous  avons  reçu  de  MM.  Guillaume  à  Péronnas,  Bruguière  et 
Lihou  à  Marseille,  Courtois  à  Muges,  Giniéis  à  S^-Pons,  de  remarquables  séries  d'obser- 
vations et  de  dessins  de  taches  solaires,  qui  nous  seront  de  la  plus  grande  utilité  lorsque 
nous  exposerons  à  nos  lecteurs  In  tableau  définitif  du  dernier  maximum. 

M.  José,  A.  y  BonillAj  D'  de  TObservatoire  do  Zacatecas  (Mexique).  —  Veuillez  agréer 
nos  regrets  de  l'impossibilité  dans  laquelle  nous  avons  été  jusqu'ici  de  publier  vos  excel- 
lentes observations.  La  première  place  en  dehors  des  actualités  urgentes  sera  pour  elles. 

M.  H.  Gally,  astronome,  à  Eu.  —  !•  Le  diamètre  apparent  de  la  Lune  est  exactement 
celui  gui  est  donné  dans  le  passage  de  TAstronomie  populaire  auquel  vous  faites  allusion. 
Son  diamètre  réel  en  kilomètres,  est  exactement  aussi  celui  qui  est  donné  dans  le  même 
ouvrage.  Nous  ne  voyons  pas  ce  qui  embarrasse  votre  ami  dans  la  conception  de  l'angle 
soutendus  par  le  diamètre  lunaire. 

2»  La  lunette  Bardou  de  108""  supporte  un  grossissement  de  250  fois  et  son  prix  ost 
do  650  francs.  Le  modèle  au-dessus,  de  IS?-"*,  supporte  un  grossissement  de  400  fois,  et 
son  prix  est  de  1500  francs. 

3*  Le  Monde  avant  la  création  do  Vhomme  paraît  en  livraisons  et  en  séries  chez 
tous  les  libraires. 

M.  GoMMAiLLEAU,  à  Oulmcs  (  Vendée.  )  —  Cette  idée  ingénieuse  a  déjà  été  essavée. 
Mais  l'eau  est  inférieure  au  verre,  comme  propriétés  optiques,  transparence  et  stabilité  : 
de  plus,  les  deux  immenses  verres  de  montre  entre  lesquels  on  l'enfermerait  donne- 
raient toujours  quatre  surfaces  à  traverser. 

M.  Théodore  Mahler.  —  Veuillez  excuser  le  retard  de  cette  réponse.  Vous  êtes  dans 
le  vrai  :  le  détroit  de  Gibraltar  est  de  formation  relativement  moderne  et  est  dû  à  une 
irruption  de  l'Océan,  soit  à  la  suite  d'un  tremblement  de  terre  qui  aura  séparé  les  deux 
côtés  d'Europe  et  d'Afrique,  soit  seulement  par  la  détérioration  graduelle  des  roches  et 
la  formation  d'un  passage  qui  s'est  lentement  agrandi.  Le  détroit  est.  néanmoins,  anté- 
rieur aux  premiers  hommes. 

M.  Arthur  Rion,  à  Reims.  —  On  ne  peut  parvenir  à  construire  soi-même  un  télescope 
qu'après  une  série  d'études  très  longues  et  très  laborieuses,  il  n'y  a  rien  de  surprenant 
à  ce  qu'on  ne  réussisse  pas  du  premier  coup.  Nous  ne  pouvons  vous  donner  aucun  conseil 
sur  ce  point,  si  ce  n'est  celui  d'étudier  à  la  fois  la  théorie  et  la  pratique. 

M.  Adolphe  d'AssiER,  à  Tarascon.  —  Veuillez  recevoir  nos  sincères  félicitations  pour 
vos  beaux  articles  relatifs  à  la  vie  sur  les  diverses  terres  qui  peuplent  l'espace.  —  Le 
temps  nous  a  manqué  jusqu'ici  pour  lire  l'ouvrage  de  Boucheporn.  La  distance  de  la 
planète  transneptunienne  ne  peut  pas  être  très  différente  de  celle  que  nous  avons  trouvée 
par  l'aphélie  de  la  comète  de  18G2  et  les  étoiles  filantes  du  10  aoftt  (Revue,  1884,  p.  88), 

M.  ZACGONe,  à  Passy.  —  Chaque  face  de  l'anneau  de  Saturne  restant  tour  à  tour  quinze 
ans  dans  la  lumière  du  Soleil  et  dans  Tombre,  il  y  a  bien  quinze  ans  de  jour  et  quinze 
ans  de  nuit  pour  chacune  de  ces  faces.  Gela  n'empêche  pas  cet  anneau  de  tourner  autour 
d«  la  planète  dans  la  période  rapide  indiquée  aux  Terres  du  cieL 

M.  D,  Neuville,  à  Paris.  Cette  dissertation  est  du  plus  haut  intérêt.  Nous  espérons 
la  publier  prochainement. 

M.  A.  GuNziGER,  à  Oldham,  près  Manchester.  —  Nous  n'avons  pas  la  liste  complète 
des  observatoires  actuellement  existants,  en  Angleterre,  n'en  ayant  pas  rédigé  depuis 
celle  qui  a  été  publiée  dans  le  tome  VIII  des  Etudes  et  Lectures  de  V Astronomie.  Mais 
le  secrétaire  de  la  Société  royale  astronomique  de  Londres  pourra  certainement  satisfaire 
votre  désir. 

M.  G.  H.,  à  Neufchatel.  Veuillez  recevoir  nos  vifs  remerciements.  Cet  intéressant 
article  est  composé  à  l'imprimerie  et  paraîtra  aussitôt  que  possible. 

M.  Tramblay,  à  Orange,  nous  adresse  de  bonnes  photographies  de  la  Lune  obtenues 
à  l'aide  d'une  petite  lunette  de  SI""",  sans  mouvement  d'horlogerie,  et  un  article  destine 
aux  astronomes  amateurs,  que  nous  serons  heureux  de  publier  aussitôt  que  possible. 

M.  Peltier,  à  Condé  (Ardennes).  —  Vos  pages  de  Philosophie  transcendante  sont 
très  profondes,  et  nous  regrettons  que  le  cadre  déjà  si  vaste  de  cette  Revue  ne  nous 
permette  pas  de  traiter  ces  hautes  questions.  Peut-être,  pourtant,  serons-nous  conduits 
à  les  étucfier  quelque  jour. 

M.  Vallée,  à  Boisguillaume.  —  Veuillez  recevoir  tous  nos  remerciements.  Un  am 
inconnu  nous  a  déjà  envoyé  une  liste  d'errata  que  nous  avons  été  très  heureux  de  rece- 
voir. Dans  des  ouvrages  qui  se  tirent  à  trente  et  quarante  mille  exemplaires,  il  n'est  pas 
rare  qu*au  moment  du  clichage  une  vérification  trop  rapide  du  correcteur  ne  donne  nais- 
sance même  à  de  nouvelles  fautes. 

•  M.  Paul  Gay,  à  Nancy.  —  Votre  jugement  sur  la  barbarie  des  guerres  est  digne  d'un 
penseur.  Recevez  toutes  nos  félicitations.  —  Vous  trouverez  toutes  les  données  acquises 
a  la  Science  sur  l'atmosphère  de  Jupiter,  dans  les  Terres  du  Ciel,  p.  599  à  610.  —  La 
nutation  est  causée  par  l'attraction  de  la  Lune  sur  le  renflement  équatorial  de  la 
Terre.  Voy.  Astronomie  populaire,  p.  58  et  Terres  du  Ciel,  p.  412.  Si  la  Terre  était 
parfaitement  sphérique,  il  n'y  aurait  ni  nutation  ni  précession. 

M.  Lihou,  à  Marseille.  —  La  tache  noire  si  curieuse  que  vous  avez  observée  le  21  avril 
sur  le  disque  de  Jupiter  n'était-elle  pas  l'ombre  d'un  satellite? 

M.  Charles  Gauthier,  à  Lons-le-Saulnier.  —  Merci  de  vos  précieux  encouragements. 
Le  nouvel  ouvrage  de  Tissandier,  les  Ballons  dirigeables,  vient  de  paraître  chez  Gau- 
thier-Villars.  C'est  assurément  le  meilleur  traité  que  l'on  ait  publie  sur  ce  sujet  tout 
d'actualité. 


^^■^^F 


Fig.  i 


A.   BARDOU 

CONSTRUCTEUR  D'INSTBUIENTS  ITOrniK 

FOURNISSEUR  DU   MlMSTtRE  DE  LA  GUEtiE 

(Circulaire  ministérielle  du  29  Juillet  ÎS'J 
65,  rue  de  Chabrol,  &  Paris. 


Lunettes  astronomiques,  corps  cuivre  avec  chercheur,  tnlv 
(l*oculaire  à  crémaillère  pour  la  mise  au  foyer.  Monture  équai.»- 
riale  à  latitude  variable  de  0«  à  90»,  cercle  horaire  et  c^^ercle  .:: 
déclinaison  donnant  la  minute  par  les  verniers;  pince  pour  ilitr 
la  lunette  en  déclinaison.  Pied  en  fonte  de  fer  reposant  par  trr<^ 
vis  calantes  sur  trois  crapaudines  {fia-  ^  >- 

L'oculaire  le  plus  faible  est  muni  d'un  réticule. 


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0-,15 

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0-,18 

0«,15 

0-,18 

ocula'ires. 


2  s 


Célestes. 


Grossissements 


100,  160  et  270 
100,  150,  200  et  4M) 


^/j 


Lunettes  astronomiques  et  terrestres,  corps  cuifre  ave 

chercheur,  pied  fer  et  soutien  de  stabilité  servant  à  diriger  Ia 
lunette  par  mouvement  vertical  lent  au  moyen  d*nne  crémail- 
lère; tube  d'oculaire  à  crémaillère  pour  la  mise'au  foyer.  L'iD- 
slrument  (/2g.  2)  et  ses  accessoires  sont  calés  dans  une  boite  ea 
sapin  rouge. 


oculaires. 

3  «»  Ti  •• 

o    «,    —    3 

s» 

Terres- 
tres. 

Célestes. 

M 

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Orossissements. 

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1«    • 

80  et  150 

25 

0«,08i 

1"',30 

1 

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3 

75,  120  et  200 

360 

£ 

0»,095 

l",4b 

1 

60 

3 

85,  130  et  240 

465 

35 

0",t08 

1».60 

1 

80 

3 

100,  160  et  270 

65C) 

35 

Lunettes  astronomiques  et  terrestres,  corps  cuivre,  pie^i 
fer,  mouvements  prompts,  tube  d'oculaire  à  crémaillère  poorlâ 
mise  au  foyer.  L'instrument  et  ses  accessoires  sont  raies  dàr> 
une  boite  en  sapin  rouge. 


0»,057 
0-,OHl 
0",075 


PS 

p 

M 

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2: 

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Terres- 

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tres. 

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SB 

1 
1 
1 

35 
40 
50 

1 
1 

2 

OCULAIRES. 

Célestes. 


Grossis- 
sements. 


90 

100      , 
80  et  150' 


*-  = 

PRIX. 

2e  =  = 

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100 

135 

•<  — 

25 

140 

175 

25 

190 

225 

25 

On  peut  ajouter  et  l'on  ajoute  généralement  à  ces  divers 
modèles  : 

Monture  à,  prisme  pour  observer  facilement  au  zénith. 
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Ecran  pour  examiner  les  taches  du  Soleil.  Prix 15  fr 


Paris.  —  Imp.  Gauthier- Yillars,  55,  quai  des  Grands-Augustins. 


yo.  I4u..>i 


4°  Année. 


N»  7. 


Juillet  1885. 


REVUE  MENSUELLE 

D'ASTRONOMIE  POPULAIRE 

DE  MÉTÉOROLOGIE  ET  DE  PHYSIQUE  DU  GLORE, 

D01llfl.NT    LE    TABLEAU   PERMANENT    DES    DÉCOUVERTES    ET    DES    PROGRES    RÉALIS&t 
DANS    LA    CONNAISSANCE    DE    L'UNIVERS 

PUBLIÉE    PAR 

CAMILLE  FLAMMARION, 

AVEC  LE  CONCOURS  DES 

PRINCIPAUX  ASTRONOMES  FRANÇAIS  ET  ETRANGERS 


ABONNEMENTS  POUR  UN  AN  : 

Paris  :  12  fr.  —  Départements  :  13  fr.  —  Étranger     14  fr. 

Prix  du  Numéro  :  1  fr.  20  o. 

La  Revue  parait  le  {•'  de  chaque  Mois. 


PARIS. 


6AUTH1ER.VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DE    l'observatoire    DE    PARIS, 
Quai  des  Augustins,  55. 

1885 


CORRESPONDANCE. 

;j  >  M.  P.,  à  Nancy.  —  Les  Astronomes  font  généralement  commencer  Tannée  tropique 

an  moment  de  l'équinoxe  du^printemps,  ou  plus  exactement,  à  l'instant  où  la  longitude 
du  Soleil  est  0.  L'année  civile,  au  contraire,  commence  au  premier  janvier.  De  plus, 
l'intercalation  d'un  jour  tous  les  quatre  ans  ne  rétablit  qu' approximativement  l'accord 
entre  les  durées  de  ces  deux  espèces  d'années.  Aussi,  pour  cette  double  raison,  est-il 
presque^impossible  de  répondre  d'une  manière  précise  a  votre  question. 

M.  B.  L.  à  Paris.  —  Le  terminateur  sur  le  disque  de  la  Lune  ou  d'une  planète  est 
la  ligne  de  séparation  de  Fombre  et  de  la  lumière. 

M.  Lamoulinette,  à  Soulignonne  ((iharente  Inférieure),  a  obser\'é  le  27  avril  dernier 
vers  11  heures  1/2  du  matin  dn  assez  fort  tremblement  de  terre  au  milieu  d'un  violent 
orage.  Les  trépidations  ont  été  ressenties  à  Royan  et  à  Saintes. 

M.  Gabriel  Martin,  à  Guéret.  —  L'observation  à  laquelle  vous  faites  allusion  est 
celle  de  la  scintillation  remarquable  d'un  point  brillant  au  sud  de  Platon.  Il  serait  dif- 
ficile d'assigner  la  cause  de  ce  phénomène  si  rarement  observé  sur  la  Lune. 

M.  Dautrebande,  à  Huy  (Belgique).  —  Les  questions  que  vous  nous  adressez  sont 
résolues  d'une  manière  très  satisfaisant-e  par  la  ^Science  moderne,  et  les  réponses  sont 
longuement  développées  dans  les  traités  d'Astronomie  et  de  Cosmographie.  Quant  à  votre 
théorie  sur  la  chaleur  solaire,  nous  Tavons  déjà  entendu  émettre  plusieurs  fois;  mais 
elle  ne  paraît  pas  s'accorder  facilement  avec  les  faits  les 'mieux  étatlis. 

MM.  Vallaure,  à  Linarès,  Lamoulinette,  à  Soulignonne,  Arnold  ScHAACK,àWillz. 
—  Merci  de  vos  communications,  que  nous  insérerons  bientôt. 


MAISON  HOLTENI 

FONDÉE  A  PARIS  EN   1782 


ATELIERS  ET  MAGASINS 
44,  me  da  ChÂteau-d'Ean,  44 

PARIS 


CONSTRUCTION  D'INSTMIMENTS 
d'op-^que,  de  physique,  de     ^^: 
mathématiques  et  de  marine. 


Chronomètre  solaire 


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ratiqaes  sur  l'emploi  des  appareils  de  projection. Broch.,240p.,  lOSfig.   1B'',50 
>  spécialement  destiné  aux  instituteurs.  Brochure  avec  ligures 0   86 


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Guide  pratique  epéciah  

Les  projections  lumineuses  et  l'enseignement  primaire,  conférence  faite  aux  membres 

du  congrès  pédagogique,  par  M.  Stanislas  Meunier.  Brochure 0  75 

Deux  conférences  sur  les  aérostats  et  la  na  navigation  aérienne,  par  M.  Gaston  Tis- 

sandier.  brochure 1  oO 

Les  placiers,  conférence  par  M.  Stanislas  Meunier.  Brochure 1  • 

Catalogne  32,  photographies' d'après  nature,  vues,'paysages,  monuments 0  75 

—  38,            —            et  tableaux  pour  l'enseignement 0  75 

—  39,  appareils  et  tableaux  de  commerce »  • 

—  40,          —          accessoires  pour  l'enseignement  et  les  conférences  publiques.  »  » 
41 ,  tableaux  simples  et  à  mouviement  pour  les  appareils  du  catalocnie  40 »  » 


Photographies  sur  verre  des  figures  de  la  présente  Revue  (Reproductions  autorisées  par 
l'éditeur) 1 


50 


Lunettes  terrestres  et  astronomi((ueâ.  —  Jumelles  de  théâtre  et  do  campagne 
Fournitures  photographiques.  —  Objectifs.  —  Appareils.  —  Produits  et  accessoires 

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Le  vendeur  fait  construire  une  lunette  plus  forte 

On  veut  le  voir  chez  M.  BARDOU.  55.  rue  de  Chabrol,  —  PARIS 


jUL14l8bL 


—  I^'ASTRONOMIE.  — 

DÉCOUVERTE  AU  GROENLAND 


241 


DE  MASSES   DE  FER  NATIF,   D'ORIGINE  TERRESTRE,    ANALOGUE 
AU  FER  NATIF  D'ORIGINE  EXTRA-TERRESTRE. 

Le  fer  n'est  pas  seulement  un  métal  des  plus  abondants  ;  il  est  répandu 
dans  toutes  les  parties  de  l'écorce  terrestre.  Il  n'est,  pour  ainsi  dire,  pas  de 

Fig.  86 


Blocs  de  fer  natif  trouvés  au  pied  d'une  falaise  du  Groenland. 

roches  qui  n*en  renferment,  au  moins  en  petite  quantité.  Ce  métal  s'y  ren- 
contre à  l'état  de  combinaisons  diverses  et  nombreuses,  parmi  lesquelles 
prédominent  les  oxydes,  les  silicates,  les  carbonates  et  les  sulfures.  En  présence 
de  cette  profusion  et  de  cette  extrême  dissémination,  il  est  très  remarquable 
que  le  fer  ne  se  montre  pas  isolé,  c*est-à-dire  à  l'état  natif,  suivant  le  langage 
minéralogique.  S'il  n'a  pas  ce  privilège,  comme  d'autres  métaux  incompara- 
blement moins  répandus,  tels  que  le  cuivre,  le  bismuth,  l'antimoine,  Targent, 
Tor  et  le  platine,  il  le  doit  sans  doute  à  sa  sensibilité  à  l'égard  des  agents 
chimiques,  particulièrement  de  l'oxygène,  qui  est  en  grand  excès  dans  notre 
Juillet  1885.  7 


242  L'ASTRONOMIE. 

atmosphère  et  qui  forme  presque  la  moitié  en  poids  des  masses  pierreuses 
constitutives  de  Técorce  terrestre. 

Mais  les  espaces  célestes  nous  envoient,  de  temps  à  autre,  des  blocs  de  fer 
natif  qui  viennent  échouer  sur  notre  globe,  avec  le  cortège  de  phénomènes 
d'incandescence  et  de  bruit  qui  caractérisent  l'arrivée  des  météorites.  Telle 
est  la  chute  qui  a  eu  lieu  le  26  mai  1751,  h.  Hraschina  près  Agram,  en 
Croatie,  et  qui  a  apporté  deux  blocs,  l'un  dé  40'«'',  l'autre  de  9'»',  tombés  à 
700"  l'un  de  l'autre.  Telle  est  aussi  la  chute  du  14  juillet  1847,  à  Braunau,  en 
Bohême,  qui  fut  accompagnée  de  deux  violentes  détonations  et  nuage  noir  et 
persistant,  causé  sans  doute  par  la  réduction  en  poussière  d'une  partie  des 
masses  dans  l'atmosphère. 

Ces  fers,  ainsi  que  d'autres  qu'on  a  également  vus  tomber  des  espaces,  sont 
alliés  de  nickel,  et  leur  surface  polie,  soumise  à  l'action  d'un  acide,  mani- 
feste des  réseaux  de  lignes  parallèles,  connues  sous  le  nom  de  figures  de 
Widmafistaetten,  conséquence  à  la  fois  de  la  cristallisation  et  de  la  juxtapo- 
sition de  lamelles  formées  d'alliages  différents  les  uns  des  autres. 

Bien  des  blocs  de  fer  natif  ont  aussi  été  rencontrés  à  la  surface  du  sol, 
isolés  des  masses  minérales  qui  les  supportent.  C'est  par  centaines  qu'on 
pourrait  les  citer.  A  part  celui  de  Caille,  dans  le  département  du  Var,  qui 
est  déposé  au  Muséum  d'histoire  naturelle  ,  qu'il  suffise  de  rappeler  les 
blocs  trouvés  en  un  grand  nombre  de  points  des  Étals-Unis  et  du  Mexique. 
Ils  offrent  une  si  complète  ressemblance  de  composition  chimique  avec  les 
fers  que  l'on  a  vus  tomber  des  espaces,  qu'il  y  a  lieu  de  les  leur  assimiler. 
Non  seulement  ils  renferment  du  nickel,  mais  leur  texture  donne  aussi  les 
figures  géométriques  dont  je  viens  de  parler.  D'ailleurs,  ils  sont,  en  général, 
d'une  nature  toute  différente  du  sol  qui  les  supporte,  ce  qui  confirme  dans 
l'idée  que  la  formation  en  est  absolument  indépendante,  et  qu'ils  n'avaient 
rien  de  commun  avec  lui  avant  d'y  avoir  été  apportés. 

Des  parcelles  de  fer  natif  ont  été,  il  est  vrai,  parfois  rencontrées  dans  la 
masse  même  des  roches  terrestres;  mais  très  rarement,  et  en  des  points  où  le 
métal  avait  été  isolé  d'un  oxyde  par  la  présence  de  matières  charbonneuses, 
c'estrà-dire  réduity  stiivant  l'expression  consacrée,  par  des  réactions  acciden- 
telles, telles  que  des  incendies  de  houillères. 

Pour  compléter  ce  que  l'on  savait  jusque  dans  ces  derniers  temps  sur  le 
fer  natif  d'origine  terrestre,  il  convient  d'ajouter  qu'un  chimiste  très  dis- 
tingué, M.  le  professeur  Andrews,  de  Belfast,  avait  reconnu,  dès  1852,  que  des 
fragments  de  certains  basaltes  du  comté  d'Antrim,  en  Irlande,  jouissent  de 
la  propriété  de  précipiter  le  cuivre  de  ses  dissolutions  à  Pétat  métallique. 
Cette  réaction,  qui  fut  reproduite  avec  des  roches  basaltique  de  la  Bohême 
et  de  la  Saxe,  paraissait  bien  déceler  dans  ces  roches  la  présence  du  fer 


DÉCOUVERTE  AU  GROENLAND.  243 

natif;  mais  ce  métal  y  était  invisible,  sans  doute  parce  qull  y  était  à  l'état 
d'extrême  division.  D'ailleurs,  on  ignorait  s'il  était  allié  de  nickel. 

Tel  était  l'état  de  la  question,  quand  le  sol  du  Groenland  a  révélé,  h  ce 
sujet,  des  faits  très  concluants,  qui  intéressent  à  la  fois  l'histoire  de  notre 
globe  et  celle  des  corps  célestes. 


I. 


John  Ross,  en  1818,  rapporta  de  son  voyage  dans  la  baie  de  Baffln  quel- 
ques couteaux  en  os,  dont  le  tranchant  était  formé  de  morceaux  de  fer  pro- 
venant, au  dire  des  Esquimaux,  de  quelques  blocs  détachés  et  rencontrés  à 
Sovallick,  au  sud-est  du  cap  York.  L'analyse  de  ce  fer  ayant  indiqué  la  pré- 
sence du  nickel,  on  lui  attribua  une  origine  météoricjue.  C'est  la  première 
mention  qui  ait  été  faite  de  fer  métallique  au  Groenland.  Giesecke  avait,  il 
est  vrai,  déjà  trouvé,  dans  le  séjour  qu'il  fit  dans  cette  contrée,  de  1806  à 
1813,  un  morceau  de  fer,  mais  sans  qu'on  y  attachât  d'importance.  Plus  tard, 
pendant  son  séjour  dans  le  nord  du  Groenland,  de  1848  à  1851,  M.  Rinck  se 
procura  une  masse  de  fer  provenant  de  Niakiornak,  près  de  Jacobshavn,  et 
Forchhammer  y  ayant  constaté  la  présence  du  nickel  et  du  cobalt,  en  même 
temps  que  les  figures  de  Widmanstaetten,  on  le  considéra  aussi  comme  étant 
d'origine  météorique.  En  1852,  le  médecin  Rudolph  envoyait  un  autre  mor- 
ceau de  fer  de  la  baie  de  Fortune,  dans  l'île  de  Disko.  Ces  divers  échantillons, 
qui  furent  déposés  au  Musée  de  l'Université  de  Copenhague,  attirèrent  l'atten- 
tion de  M.  le  professeur  Nordenskiôld  et  lui  inspirèrent  le  désir  d'en  décou- 
vrir l'origine,  lorsqu'en  1870  il  fit  un  voyage  d'exploration  dans  le  nord  du 
Groenland. 

Ce  fut  en  vain  que  M.  Nordenskiôld  chercha  d'abord  dans  la  baie  de  For- 
tune, d'où  avait  été  apporté  l'échantillon  du  docteur  Rudolph.  Mais,  d'après 
des  indications  fournies  par  les  indigènes^  ainsi  que  par  ses  propres  recher- 
ches, il  fut  amené  quelques  mois  plus  tard  sur  un  autre  point  du  littoral  de 
l'île  de  Disko,  à  Blaafjeld,  Uifak  ou  Ovifak  (colline  bleue),  où  il  rencontra 
enfin  Tobjet  de  ses  investigations  :  Ovifak,  située  par  69**  19'  W  de  latitude 
nord,  est  d'un  accès  des  plus  difi&ciles. 

Des  blocs  de  fer  gisaient  sur  le  rivage,  entre  le  niveau  de  la  haute  et  de  la 
basse  mer,  parmi  les  blocs  de  granit  et  de  gneiss  roulés  et  au  pied  d'une 
grande  falaise,  présentant  une  série  de  nappes  horizontales  de  basalte  et  de 
dolérite  qui  alternent  avec  des  conglomérats.  A  1 6  mètres  du  plus  grand  bloc,  se 
montrait  un  rocher  de  dolérite;  dans  une  autre  masse  de  dolérite  était  empâté 
du  fer  nickelé.  Sur  une  superficie  qui  ne  dépasse  pas  50  mètres  carrés,  M.  Nor* 


24i  L'ASTRONOMIE. 

(lenskiôld  recueillit  plus  de  vingt  masses  de  fer  et  de  basalte,  renfermant 
environ  SijOOO*"»'  de  métal  natif.  Il  convient  d'ajouter  avec  quelle  libéralité  il 
s'empressa  d'en  offrir  des  échantillons  au  Muséum  d'histoii'e  naturelle  de 
Paris. 

L'idée  qui  se  présenta  tout  naturellement  fut  que  ces  masses  de  fer  étaient 
d'origine  météoritique,  puisqu'elles  contenaient  du  nickel  et  qu'elles  mon- 
tr^iient  les  figures  de  Widmanstaetten,  qui,  jusqu'alors,  avaient  paru  caracté- 
riser exclusivement  les  fers  météoriques. 

Comme  quelques-uns  des  échantillons  de  fer  étaient  solidement  incorporés 
dans  les  roches  basaltiques,  M.  Nordenskiôld  fut  contraint  de  supposer  que 
des  météorites  étaient  tombées  des  espaces  au  milieu  de  ces  roches,  avant 
qu'elles  fussent  consolidées,  c'est-à-dire  pendant  la  période  miocène. 

Malgré  la  complication  de  cette  hypothèse,  plusieurs  naturalistes  crurent 
devoir  l'adopter.  Dans  ce  nombre  il  faut  particulièrement  citer  M.  Nauckhoff, 
dont  l'opinion  avait  d'autant  plus  de  poids  qu'elle  s'appuyait  sur  une  obser- 
vation de  visu  :  il  avait  cru  voir  lei  fer  nickelé  associé  à  d'autres  substances 
météoriques,  l'eukrite  et  le  protosulfure  de  fer  ou  troïlite. 

Ayant  été  informé  que  M.  Nordenskiôld  désirait  faire  transporter  ces  masses 
de  fer  en  Suède,  M.  le  professeur  Johnstrup  intervint  auprès  du  gouverne- 
ment danois  pour  que  l'enlèvement  n'eût  pas  lieu  sans  qu'on  étudiât 
préalablement  les  conditions  dans  lesquelles  ces  masses  se  présentaient. 
M.  Steenstrop,  qui  fut  chargé  de  cette  mission,  ne  parvint  pas  d'abord  à 
découvrir  le  fer  dans  le  basalte  en  place,  même  à  Asuk,  en  Waigat,  ou 
cependant  des  blocs  épars  en  indiquaient  des  indices.  Mais  lorsque,  de 
retour  en  Danemark,  ce  savant  se  livra  à  l'examen  microscopique  des  échan- 
tillons qu'il  avait  rapportés,  il  y  reconnut  de  petits  grains  de  fer  métaUique. 
Il  examina  alors  plus  de  deux  cents  préparations  de  basalte  provenant  de  plus 
de  quarante  localités  du  nord  du  Groenland,  mais  dans  aucun  d'eux,  ceux 
de  Blaafjeld  exceptés,  il  ne  vit  le  fer  métallique,  quoique  plusieurs  d'entre 
eux  précipitassent  de  ses  dissolutions  le  cuivre  à  l'état  métallique.  M.  le  pro- 
fesseur Jôrgensen  examina  les  grains  visibles  à  l'œil  nu  dans  le  fer  d'Asuk: 
il  y  trouva  des  traces  de  cobalt  et  de  nickel,  métaux  que  l'on  avait  crus  jus- 
que-là caractéristiques  du  fer  météorique.  Or,  l'origine  terrestre  du  fer  d'Asuk 
ne  pouvait  être  douteuse. 

Plus  tard,  en  1879,  un  savant  très  distingué  des  États-Unis,  connu  par 
l'exactitude  de  ses  travaux  de  minéralogie  chimique,  et  dont  on  déplore  la 
mort  récente,  Laurence  Smith,  analysa  les  roches  associées  au  fer  natif,  et 
montra,  contrairement  aux  déterminations  de  M.  Nauckhoff,  que  les  sub- 
stances qualifiées  de  troïlite  et  d'eukairite  étaient  simplement  de  la  pyrite 
magnétique  (pyrrhotinne)  et  de  dolérite.  Il  reconnut,  en  outre,  que  le  fer  du 


DÉCOUVERTE  AU  GROENLAND.  245 

Groenland,  malgré  ses  analogies  avec  le  fer  météorique,  en  diffère  à  certains 
égards  5 

Cependant,  avec  une  persévérance  qui  lui  fait  honneur,  M.  Steenstrup  avait 
voulu  retourner  une  troisième  fois  au  Groenland,  tant  afin  de  poursuivre 
Tétude  géologique  de  cette  région  remarquable,  que  pour  étudier  le  régime 
de  la  glac^  continentale.  Il  passa  alors  dans  ces  contrées  presque  désertes 
les  cinq  années  de  1876  à  1880.  Distrait  par  d'autres  études,  ce  n'est  que  dans 
l'été  de  1880  qu'il  put  de  nouveau  visiter  le  basalte  ferrifère  d'Asuk.  Cette 
fois,  il  y  trouva  le  fer  natif  dans  le  basalte,  non  plus  en  parcelles  microsco- 
piques, mais  en  grains  de  toutes  grosseurs,  depuis  une  fraction  de  milli- 
mètre jusqu'à  une  longueur  de  18""",  et,  sur  ces  derniers,  apparaissent  nette- 
ment, après  polissage,  les  figures  de  Widmanstaetten.  Ce  savant  rencontra 
également  le  basalte  à  fer  natif  sur  la  côte  occidentale  de  l'île  de  Disko,  et 
sur  la  côte  nord  de  cette  même  île,  en  deux  localités  du  Mellemfjord.  Ainsi, 
le  basalte  à  fer  natif  était  retrouvé,  de  même  qu'à  Ovifak,  sur  diverses  par- 
ties des  côtes  de  Tîle  de  Disko,  dont  la  superficie  n'est  pas  moins  de  8,000  ki- 
lomètres carrés? 

Pendant  l'automne  de  1879,  M.  Steenstrup  fit  une  autre  découverte  inté- 
ressante à  plus  d'un  titre.  Après  avoir  fouillé  plusieurs  centaines  de  tombeaux 
groënlandais,  il  trouva  dans  Tun  d'eux,  à  Ékaluit,  sur  les  bords  du  fjord 
d'Umanak,  où  il  s'était  rendu  afin  d'étudier  la  marche  des  grands  glaciers  de 
cette  région,  des  couteaux  semblables  à  ceux  que,  soixante  ans  auparavant, 
avait  rapportés  Ross.  Avec  ces  couteaux  se  trouvaient  des  outils  en  pierre, 
dans  lesquels  on  avait  mis  en  œuvre  du  cristal  de  roche,  de  la  calcédoine  et 
du  quartz  lydien.  Or,  à  ces  produits  de  l'industrie  humaine  étaient  associés 
neuf  morceaux  de  basalte  contenant  du  fer  métallique,  ainsi  que  des  morceaux 
irréguliers  du  même  métal,  tout  à  fait  semblable  à  celui  des  couteaux.  Cette 
intéressante  trouvaille  montrait  d'abord  avec  quels  matériaux  les  Esquimaux 
fabriquaient  leurs  couteaux,  avant  qu'ils  reçussent  du  fer  des  Européens; 
d'autre  part,  elle  confirmait  que  le  fer  ainsi  élaboré  n'était  pas  d'origine 
extra-terrestre,  comme  l'avait  fait  supposer  son  alliage  de  nickel,  mais  de 
provenance  terrestre. 

11  convient  de  remarquer  que,  dans  les  diverses  localités  où  il  a  été  ren- 
contré, le  fer  natif  est  accompagné  de  graphite  et  de  pyrrhotine.  Le  carbone 
entre  également  en  combinaison  avec  le  fer  lui-môme,  constituant  une  sorte 
de  fonte^  comme  Forschammer  l'avait  reconnu  déjà  en  1854.  Mais  d'autres 
échantillons  de  fer  sont  doux  et  ne  renferment  que  peu  de  carbone  ;  c'est  cette 
dernière  variété  qui  ressemble  particulièrement  au  fer  météorique.  Le  géo- 
logue suédois,  D""  Tôrnebohm,  a  constaté  aussi,  comme  compagnon  du  fer 
natif,  une  roche  à  base  d'anorthite  avec  graphite. 


I 


246  L'ASTRONOMIE. 

En  résumé,  la  présence  au  Groenland,  dans  des  roches  terrestres,  du  fer 
nickelé  avec  la  texture  cristalline  que  caractérisent  les  figures  de  Widmans- 
taetten  est  devenue  incontestable.  Il  importe  d'ajouter  que  ce  métal  n'est  pas 
un  accident  isolé  et  fortuit,  mais  qu'il  se  montre  en  de  nombreux  points  et 
sur  des  étendues  considérables. 

En  rendant  succinctement  compte  des  observations  qui  ont  amené  à  ce 
résultat  important,  il  est  de  toute  justice  de  rendre  hommage  au  dévouement 
et  à  la  persévérance  avec  laquelle  plusieurs  savants,  dont  les  noms  viennent 
d'être  signalés,  ont  affronté,  à  cette  occasion,  les  fatigue»,  les  difficultés  et 
les  périls. 


IL 


Au  point  de  vue  de  sa  constitution  .géologique,  le  Groenland  septentrional 
est  particulièrement  remarquable  par  le  développement  de  roches  éruptives 
modernes,  principalement  de  nature  basaltique.  C'est  peut-être  le  plus  grand 
massif  de  cette  nature  que  l'on  connaisse,  avec  ceux  du  Deccan  dans  l'Inde, 
de  l'Afrique  australe  et  des  montagnes  Rocheuses.  Il  conunence  au  69*  14'  de 
latitude,  occupe  la  grande  île  de  Disko  et  la  côte  orientale  du  Waïgat,  et,  vers 
le  76%  il  disparaît  sous  le  glacier  continental  qui  empêche  toute  exploration. 
Beaucoup  d'îles  au  nord  de  Disko  sont  formées  de  basaltes,  qui  s'étendent  sur 
une  partie  de  la  côte  orientale  du  Groenland.  Ces  roches,  qui  contiennent  une 
grande  proportion  de  fer  combiné,  agissent  fortement  sur  l'aiguille  aimantée. 
Comme  dans  beaucoup  de  pays,  les  basaltes  dont  il  s'agit  sont  souvent  amyg- 
daloïdes  et  pénétrés  de  zéolithes  variés,  stilbite,  mésotype,  analcime,  ainsi 
que  de  leurs  compagnons  habituels,  calcédoine,  opale,  quartz,  dolomie  et 
aragonite. 

Ces  roches  basaltiques  se  présentent  souvent  en  filons;  mais  le  plus  sou- 
vent elles  se  sont  épanchées  en  nappes  horizontales  épaisses,  alternant  avec 
des  conglomérats,  et  se  sont  superposées  à  des  roches  stratifiées  de  divers 
âges,  et  quelquefois  aussi  à  des  roches  cristallines,  gneiss  et  micaschiste. 
Dans  l'île  de  Disko,  en  particulier,  ces  nappes  recouvrent,  avec  une  épaisseur 
de  plus  de  400",  des  couches  de  grès,  contenant  des  lits  de  lignite  que  Ton 
y  exploite  parfois. 

Si  Ton  se  demande  quelle  peut  être  l'origine  du  fer  natif,  l'idée  qui  se 
présente  tout  d'abord,  en  voyant  que  les  roches  ferrifères,  dans  lesquelles  le 
fer  natif  est  engagé,  ont  percé  à  travers  des  couches  charbonneuses,  c'est  que 
ces  dernières  auraient  exercé  une  action  réductrice  sur  les  roches  basalti- 
ques, qui  auraient  ainsi  abandonné  de  leur  fer,  à  l'état  métallique.  Le  gra- 


DÉCOUVERTE  AU  GROENLAND.  247 

phite  qui,  tantôt  est  combiné  au  fer,  tantôt  se  présente  à  côté  de  lui,  serait 
une  confirmation  de  cette  idée. 

Mais  on  peut  aussi  supposer,  et  cela  avec  plus  de  probabilité,  que  les 
roches  basaltiques  qui  sont  sorties,  en  cette  région  du  globe,  avec  une  abon- 
dance exceptionnelle,  ont  arraché  ce  fer  à  des  masses  de  même  nature,  à 
proximité  desquelles  elles  se  sont  trouvées,  avant  d'arriver  au  jour.  Elles 
attesteraient  la  présence,  dans  ces  profondeurs,  de  masses  de  fer  plus 
volumineuses,  dont  elles  seraient  en  quelque  sorte  les  avant-coureurs. 

Il  est  inutile  de  faire  ressortir  l'importance  que  présente  ce  fait,  au  point 
de  vue  de  la  théorie  du  magnétisme  terrestre. 

III. 

Une  des  plus  belles  conceptions  qui  aient  jailli  du  génie  de  Descartes,  c'est 
que  tous  les  corps  de  l'Univers  sont  régis  par  les  lois  de  la  mécanique,  et,  en 
outre,  qu'ils  sont  de  môme  nature. 

Cette  idée,  dont  nous  ne  pouvons  aujourd'hui  apprécier  la  profondeur  et 
le  caractère  qu'en  nous  reportant  aux  notions  étroites  qu'on  se  faisait  alors 
sur  l'Univers,  est  aujourd'hui  admise  par  tous  :  l'analyse  spectrale,  appliquée 
au  Soleil  et  aux  Étoiles,  a  trouvé  dans  ces  astres  des  caractères  semblables  à 
ceux  que  nous  présente  le  globe  teiTestre. 

Ce  que  l'analyse  spectrale  ne  peut  nous  apprendre  relativement  à  ces  simi- 
litudes, nous  est  révélé  et  précisé  par  l'étude  des  météorites.  Ces  débris 
d'astres  brisés,  qui  viennent  fréquemment  échouer  sur  notre  globe,  sont 
de  nature  minéralogique  variée,  depuis  le  fer  métallique  allié  au  nickel 
jusqu'à  des  matières  pierreuses,  qui  consistent  principalement  en  silicates. 

Malgré  les  distances  considérables  qui  séparent  les  astres  dont  ces  combi- 
naisons proviennent,  leurs  fi'agments  se  ressemblent  entre  eux  beaucoup 
plus  qu'il  n'arrive  souvent  pour  des  morceaux  détachés  d'un  môme  bloc  de 
nos  roches  cristallines. 

Cependant,  les  recherches  chimiques  les  plus]  habiles  et  les  plus  minu- 
tieuses n'ont  pu  faire  découvrir  dans  les  météores  aucun  corps  qui  n'appar- 
tienne à  notre  planète.  Il  n'est  pas  inutile  d'ajouter  que  les  trois  <:orps  qui 
prédominent  dans  les  météorites,  savoir  :  le  fer,  le  silicium  et  l'oxygène, 
prédominent  aussi  dans  l'écorce  terrestre. 

Il  y  a  plus  :  les  combinaisons  chimiques  et  minéralogiques  dans  lesquelles 
ces  corps  sont  engagés,  présentent,  de  part  et  d'autre,  des  traits  de  similitude 
frappants.  Le  silicate  magnésien,  connu  sous  le  nom  de  péridot,  les  autres 
silicates  appartenant  aux  espèces  pyroxène,  enstatite,  anorthite,  tous  possé- 
dant des  formes  cristallines  identiques  avec  celles  des  espèces  terrestres. 


248  L'ASTRONOMIE. 

nous  révèlent  des  ressemblances  intimes  dans  les  réactions  qui  leur  ont 
donné  naissance. 

Les  observations  qui  ont  été  faites  sur  la  gangue,  de  nature  péridotique, 
qui  accompagne  le  platine  natif  dans  TOural,  ainsi  que  sur  la  présence  du 
nickel  dans  le  fer  métallique  qui  est  allié  au  platine,  ont  apporté  une  confir- 
mation de  ces  similitudes. 

Après  avoir  fait  ressortir  les  traits  de  ressemblance  nombreux  et  étroits  qui 
unissent  les  météorites  à  certaines  de  nos  roches  profondes,  et  avoir  montré 
comment  les  météorites  du  type  commun  peuvent  être  imitées  par  une  désoxy- 
dation  partielle  des  roches  terrestres,  particulièrement  du  péridot,  j'ajou- 
tais :  a  Rien  ne  prouve  qu'au-dessous  de  ces  masses  alumineuses  qui  ont 
fourni  en  Islande,  par  exemple,  des  laves  si  analogues  au  type  des  météorites 
de  Juvinas,  qu'au-dessous  de  nos  roches  périoditiques  dont  se  rapproche  tel* 
lement  la  météorite  de  Chassigny,  il  ne  se  trouve  pas  des  massifs  dherzoli- 
tiques,  dans  lesquels  commencent  à  apparaître  le  fer  natif,  c'est-à-dire  sem- 
blables aux  météorites  du  type  commun  ;  puis,  en  continuant  plus  bas,  des 
types  de  plus  en  plus  riches  en  fer,  'dont  les  météorites  nous  présentent  une 
série,  de  densité  croissante,  depuis  ceux  où  la  quantité  de  fer  représente  à  peu 
près  la  moitié  du  poids  de  la  roche  jusqu'au  fer  massif.  » 

Cinq  années  après  que  ces  lignes  étaient  écrites,  les  grandes  masses  de  fer 
natif  allié  de  nickel,  dont  il  vient  d'être  question,  étaient  découvertes  par 
M.  Nordenskiôld.  Les  doutes  et  les  discussions  qui  ont  eu  lieu  d'abord  sur 
leur  origine,  que  Ton  hésitait  à  reconnaître  comme  terrestre,  suffisent  pour 
faire  ressortir  mieux  encore  des  analogies  très  instructives  au  point  de  vue 
de  la  philosophie  naturelle. 

Aujourd'hui,  aucun  doute  n'est  plus  possible  :  le  fer  nikelifère  avec  la 
texture  cristalline,  que  manifestent  sur  une  place  polie  les  figures  de  Wid- 
manstaetten,  paraissait  naguère  un  caractère  exclusif  des  météorites;  voilà 
aujourd'hui  ce  fer  nikelifère,  avec  la  même  disposition  cristalline,  reconnu 
dans  les  roches  éruptives  de  notre  globe. 

Celte  dernière  démarcation  s'efface  donc,  et  un  lien,  déplus  en  plus  intime, 
s'établit  entre  les  roches  poussées  des  régions  profondes  de  notre  planète  et 
les  corps  célestes  dont  les  météorites  nous  apportent  des  épaves. 

A.  Daubrée. 

Membre  de  l'Institut. 

A'o^e  de  la  ïièdaction,  —  Cette  identité  des  fers  météoriques  avec  les  roches 
éruptives  terrestres  qui  viennent  d'être  découvertes  à  la  surface  du  sol  est  peut- 
être  plus  éloquente  encore  que  ne  l'indique  Téminent  auteur  de  l'article  qui  pré- 
cède. Ne  vient-elle  pas  confirmer  l'hypothèse  qui  attribue  les  fers  météoriques  à 


LES  CONDITIONS  DE  LA  VIE  DANS  LTNIVERS.  249 

des  éruptions  terrestres  antiques  qui  les  auraient  lancées  dans  les  espaces  inter- 
planétaires d'où  ils  retomberaient  sur  Torbite  terrestre  ?  [  Voir  l'Astronomie,  1883, 
p.  129-141].  En  même  temps  que  cette  identité  est  établie,  Téruption  de  Krakatoa 
est  venue  montrer  à  la  Science  que,  sous  nos  yeux,  un  volcan  actuel  a  lancé  des 
projectiles  poussiéreux  à  plus  de  soixante-dix  kilomètres  de  hauteur.  [L'Astro- 
nomie, 1885,  p.  221].  N'y  a  t-il  pas  là  deux  nouveaux  documents,  d'une  puissante 
valeur,  à  ajouter  à  ceux  sur  lesquels  l'hypothèse  que  nous  rappelons  a  été  fondée  ? 
Cette  hypothèse  nous  paraît  bien  près  de  mériter  le  titre  de  théorie. 


LES  CONDITIONS  DE  U  VIE  DANS  L'UNIVERS. 

{Suite  et  fin.)  (•) 

VI 

La  nature  elle-même  a  pris  soin  de. proclamer  sa  puissance,  en  nous 
montrant  que  notre  sphère  de  perception  immédiate  n'embrasse  qu'un  néant 
d'étendue,  comparativement  à  l'infini  qui  nous  environne.  Supposer,  pré- 
tendre, affirmer  que  la  vie  et  la  pensée  ne  peuvent  briller  à  la  surface  des 
autres  mondes  qu'à  la  condition  d'y  trouver  un  état  physique,  chimique 
et  physiologique  identique  à  celui  qui  existe  autour  de  nous,  ce  n'est  point 
traduire  les  paroles  de  la  nature,  c'est  dire  absolument  le  contraire  de  ce 
qu'elle  a  pris  soin  d'enseigner  en  notre  propre  séjour. 

Et  d'abord,  n'existe-t-il  pas  sur  la  Terre  même  doux  ordres  de  vie  tout  à 
fait  distincts  l'un  de  l'autre?  Notre  planète  n'offre-t-elle  pas  deux  éléments 
séparés,  l'eau  et  l'air,  dont  chacun  possède  ses  organismes  spéciaux?  Les 
êtres  qui  vivent  par  la  respiration  aérienne  meurent  asphyxiés  dans  l'élé- 
ment au  sein  duquel  vivent  les  êtres  à  respiration  aquatique,  et  réciproque- 
ment. Les  espèces  végétales  et  animales  qui  habitent  la  mer,  les  lacs,  les 
fleuves  et  les  rivières,  ne  sont  pas  moins  nombreuses  que  celles  dont  la 
terre  ferme  est  animéei  Comment  un  tel  fait  ne  frappe-t-il  pas,  à  lui  seul. 
brutalement,  et  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'invoquer  aucun  des  milliers 
d'autres  qui  viennent  le  compléter  et  en  multiplier  l'éloquence,  comment 
un  tel  partage  de  la  nature  terrestre  en  deux  mondes  étrangers  l'un  à  l'autre, 
ne  suffit-il  pas  pour  ouvrir  les  yeux  aux  négateurs  de  la  vie  extra-terrestre 
et  pour  leur  montrer  la  souplesse,  la  flexibilité,  la  variabilité  infinie  des 
forces  vives  de  la  nature? 

(»)  Voir  la  Revue  de  mai  1885. 


250  L'ASTRONOMIE. 

Tous  les  êtres  qui  habitent  la  Terre  sont  des  descendants  transformés  des 
organismes  aquatiques  primordiaux.  Il  fut  un  temps  où  aucun  continent, 
aucune  île  n'avait  élevé  son  front  au-dessus  des  eaux  sans  bornes  de  la  mer 
universelle.  Alors,  la  vie  était  entièrement  confinée  au  monde  océanique.  On 
n'a  trouvé  dans  les  fossiles  de  l'époque  cambrienne  aucun  animal  à  respira- 
tion aérienne,  aucune  plante  qui  ait  vécu  à  l'air  libre.  Tous  les  organismes 
sans  exception,  plantés  et  animaux,  étaient  des  êtres  aquatiques,  rudimen- 
taires,  sans  tête,  sans  cerveau,  sans  cœur,  soui'ds,  muets,  aveugles  et  dépour- 
vus de  sexe.  C'étaient  des  monères  (dont  on  connaît  déjfi  une  quinzaine 
d'espèces  différentes),  des  amibes,  des  foraminifères,  des  diatomées,  des 
galionelles,  des  baciUariées,  des  bilobites,  des  zoophytes  de  divers  ordres, 
des  éponges,  des  polypes,  etc.,  etc.  Et  quels  êtres?  S'ils  existaient  encore 
seuls,  qui  pourrait  deviner  la  possibilité  de  l'existence  de  l'homme?  Ce  ne 
seraient  pas,  assurément,  ceux  qui  ne  voient  rien  au  delà  de  leur  horizon. 
Quel  enseignement  de  la  nature,  et  comment  est-il  possible  qu'on  reste 
aveugle  devant  un  tel  témoignage! 

Oui,  quels  êtres!  Et  pourtant  aucun  de  nos  sens  :  ni  vue,  ni  audition,  ni 
odorat:  à  peine  un  rudiment  de  goût;  le  toucher  seul  tient  lieu  de  tout, mais 
cette  sorte  de  toucher  n'est  en  rien  comparable  à  la  nôtre.  Les  diatomées 
sont  de  la  géométrie  vivante  :  tout  est  géométrie  chez  elles  et  il  semble 
qu'elles  ne  soient  qu'un  produit  chimique  formé  suivant  les  règles  de  l'ar- 
chitecture des  atomes.  Les  polypes,  au  contraire,  semblent  la  première  affir- 
mation de  la  force  vitale,  affirmation  spontanée,  énergique,  perpétuelle. 
Coupez  un  polype  en  autant  de  morceaux  que  vos  ciseaux  vous  permettront 
de  le  faire  (Trembley  est  allé  jusqu'à  cinquante!)  vous  ne  lui  faites  aucun 
mal  pour  cela,  il  se  complète  en  quelques  jours,  et  vous  créez  simplement 
ainsi  deux,  quatre,  dix,  cinquante  polypes.  Retournez-le  comme  un  gant, 
son  épiderme  extérieur  devient  estomac,  et  réciproquement,  et  il  se  porte  à 
merveille.  On  peut  faire  avaler  un  polype  par  un  autre  :  l'avalé  n'est  pas 
digéré,  continue  de  vivre,  ne  tarde  pas  à  se  débarrasser  de  sa  prison,  se 
rince  en  s'agitant  dans  l'eau,  et  vit  ensuite  aussi  tranquillement  que  si  rien 
ne  lui  était  arrivé.  Si  pourtant,  avant  de  faire  avaler  un  polype  par  l'autre 
on  a  pris  soin  de  retourner  celui  qui  doit  entrer  dans  le  corps  de  son  con- 
frère, les  deux  surfaces  internes  se  trouvant  en  contact  se  soudent  à  un  tel 
point  que  les  deux  êtres  n'en  font  bientôt  qu'un  seul,  —  et  le  nouveau 
polype  continue  de  vivre  désormais  comme  si  rien  ne  lui  était  arrivé... 

La  force  vitale  s'est  affirmée  avec  une  énergie  que  nul  esprit  n'oserait 
soupçonner  si  l'observation  directe  n'était  pas  là  pour  la  constater.  Après 
avoir  envahi  les  mers,  elle  est  sortie  des  eaux  et  s'est  incarnée  en  êtres 
d'abord  amphibies,  puis  exclusivement  terrestres.  La  multiplication  des  êtres 


LES  CONDITIONS  DE  LA  VIE  DANS  L'UNIVERS.  25! 

â  cessé  de  s'effectuer  par  simple  flssiparité  où  par  bourgeonnement;  l'œuf 
est  apparu,  un  nouveau  mode  de  génération  a  remplacé  le  mode  primitif  et 
va  régner  sur  la  vie.  Les  méduses,  qui  sont  des  transformations  de  polypes, 

Fig.  87 


Respiration  aquatique  et  respiration  aérienne.  L'axolotl  sort  de  l'eau,  perd  ses  branchies 
et  les  remplace  par  des  poumons. 

se  reproduiseul  déjà  par  œufs  :  ceux-ci  donnent  naissance  à  des  polypes 
hydraires  d'où  sortiront  de  nouvelles  méduses,  et  ainsi  de  suite.  Quels  argu- 
ments plus  précieux  pourrait-on  invoquer  en  faveur  de  la  mutabilité  des 
formes  spécifiques?  Les  polypes  hydraires  nous  montrent  déjà  comment  un 


252  L'ASTRONOMIE. 

organisme  simple  peut  revôtir  les,  formes  les  plus  diverses,  redescendre 
réchelle  de  Torganisation  ou  la  remonter;  ils  nous  permettent  de  suivre  pas 
à  pas  cette  merveilleuse  métamorphose. 

Les  protozoaires,  les  mollusques,  les  crustacés,  les  poissons,  se  sont  suc- 
cédé dans  les  eaux  avant  Tapparition  des  êtres  à  respiration  aérienne.  Ceux- 
ci  descendent  des  premiers.  Les  branchies  ont  précédé  les  poumons.  Un 
animal  à  respiration  aquatique  peut,  encore  de  nos  jours,  se  transformer  en 
un  animal  à  respiration  aérienne.  On  en  a  douté  jusqu'en  1865.  Cette  année- 
là,  le  muséum  d'histoire  naturelle  ayant  reçu  du  Mexique  des  axolotls,  ou 
têtards  à  branchies  extérieures,  vivant  dans  un  lac  voisin  de  la  ville  de 
Mexico,  les  professeurs  du  Muséum  furent  stupéfaits  de  voir  un  beau  jour 
ces  êtres  sortir  de  Teau  :  ils  avaient  perdu  leurs  branchies  qui  s'étaient  trans- 
formées en  poumons!  Depuis,  on  a  fait  des  observations  confirmatives  sur 
d'autres  êtres,  même  sur  la  petite  grenouille  verte  que  tout  le  monde  connaît; 
cette  petite  rainette  pond  des  œufs  d'où  sortent  des  têtards  qui  se  transfor- 
ment en  grenouilles,  ce  qui  est  Tordre  habituel  dans  ces  espèces;  mais  on  a 
observé  une  espèce  des  Antilles  chez  laquelle  la  métamorphose  s'accomplit 
dans  l'œuf  même  :  celui-ci  contient  un  têtard  muni  d'une  queue  et  de  bran- 
chies, et  pourtant  au  bout  de  dix  jours  il  en  sort  une  rainette  sans  queue, 
sans  branchies  et  respirant  par  des  poumons.  Ces  faits,  réunis  à  toutes  les 
preuves  que  nous  possédons  aujourd'hui  sur  le  transformisme,  témoignent 
que  la  nature  sait  varier  la  forme  et  la  structure  des  êtres  pour  les  adapter 
aux  changements  de  milieux  en  apparence  les  plus  opposés  et  les  plus  hété- 
rogènes. 

Mais  Thomme  est  obstiné  dans  ses  préjugés,  et  d'autant  plus  fermement 
qu'ils  sont  plus  étroits  et  plus  obscurs.  On  a  dit  qu'il  serait  beaucoup  plus 
facile  de  donner  de  l'esprit  à  un  sot  que  de  lui  persuader  qu'il  en  est  dé- 
pourvu. Ce  sot,  c'est,  en  principe,  tout  le  monde,  car  rien  ne  nous  est  plus 
difficile  que  de  nous  affranchir  de  tous  les  préjugés  de  notre  fausse  éduca- 
tion. J'ai  à  côté  de  moi,  au  moment  où  j'écris  ces  lignes,  un  ami  d'enfance 
qui  est  tout  fier  de  descendre  de  François  I".  Son  père  a  fait  mille  efforts 
pour,  s'assiu-er  de  la  réalité  d'une  scène  oubliée  du  a  roi  s'amuse  »  et  pour 
constater  que  son  aïeule  avait  été  «  favorisée  »  d'une  attention  royale.  Jamais 
il  n'a  pu  comprendre  qu'il  n'y  avait  rien  là  de  superlativement  sublime  et 
que  la  moindre  qualité  personnelle  aurait  plus  de  valeur  qu'une  telle  noblesse. 
Non,  dans  cette  famille,  ils  se  sentent  nobles,  et  cela  leur  suffit.  Aussi,  tout 
ce^  que  mon  noble  ami  et  son  noble  père  ont  pu  faire  depuis  un  demi-siècle 
a-t-il  été  d'apprendre...  un  peu  d'équitation...  Encore  laisse- t-elle  beaucoup 
à  désirer  ! 

Plus  la  sphère  dans  laquelle  on  vit  est  étroite,  moins  il  semble  qu'on  en 


LES  CONDITIONS  DE  LA  VIE  DANS  L'UNIVERS.  253 

puisse  sortir.  Pour  nous,  qui  vivons  au-dessus  du  monde  de  la  mer  et  de  ses 
acéphales,  nous  devons  savoir  qu'il  y  a  dans  Torganisation  vitale  de  notre 
planète  même,  deux  grands  ordres  essentiels  d'existences,  absolument  dis- 
tincts l'un  de  l'autre,  et  que  les  ôtres  appartenant  à  l'un  ou  à  l'autre  de  ces 
deux  règnes  sont  dans  une  erreur  complète  lorsqu'ils  prennent  leur  élément 
pour  l'univers  entier.  Un  habitant  des  eaux  ne  peut  pas  comprendre  qu'on 
puisse  vivre  hors  de  l'eau.  Un  être  à  respiration  aérienne  n'admet  pas  faci- 
lement qu'on  puisse  vivre  dans  Feau.  Cependant,  en  fait,  on  vit  hors  dé  l'eau 
tout  aussi  bien  que  dedans.  Seulement  les  organes  sont  différents. 

Ce  partage  de  la  vie  terrestre  en  deux  modes  d'existence  absolument  sépa- 
rés l'un  de  l'autre  est  un  enseignement  considérable  de  la  nature.  Il  devrait 
suffire  par  lui-même  pour  réfuter  les  objections  des  savants  qui  voudraient 
effacer  les  autres  mondes  du  livre  de  la  vie,  par  la  raison  qu'ils  ne  sont  pas 
identiques  au  séjour  que  nous  habitons.  Eh  vain  répliquerait-on  que  dans 
l'eau  comme  dans  l'air  c'est  l'oxygène  qui  entretient  la  vie  et  partirait-on  de 
là  pour  prétendre  que  l'eau  ne  diffère  pas  essentiellement  de  Tair  comme 
milieu  vital.  La  réponse  serait  facile  :  entre  les  deux  éléments  la  différence 
est  telle  que  les  habitants  de  Tun  meurent  dans  l'autre,  tout  simplement. 
Il  faut,  pour  vivre  dans  l'un,  des  organes  différents  de  ceux  qui  servent  à 
vivre  dans  l'autre,  et  ces  organes  existent.  Toute  la  question  est  là  pour  le 
sujet  en  litige.  La  nature  elle-même  a  répondu. 

Et  elle  a  répondu  doublement  en  montrant  qu'elle  se  charge  de  modifier 
les  organes  pour  transformer  les  ôtres  aquatiques  en  êtres  aériens,  et  réci- 
proquement. 

VII 

Mais  la  nature  nous  fait  bien  d'autres  réponses  non  moins  péremptoires. 
Nous  venons  de  parler  des  habitants  des  eaux.  Conmient  ne  pas  nous  sou- 
venir des  affirmations  récentes  des  naturalistes  à  comte  vue  qui  naguère 
encore  déclaraient  doctoralement  que  la  vie  était  impossible  au  fond  des 
mers?  L'énorme  pression  des  eaux,  l'absence  complète  de  lumière,  étaient 
deux  arguments  irréfutables.  En  effet,  quels  organismes  pourraient  résister 
à  une  telle  pression?  Des  canons  n'y  résisteraient  pas!  Et  puis,  la  lumière 
n'est-elle  pas  indispensable  aux  phénomènes  de  la  vie  végétale  et  animale? 
Comment  le  carbone  se  fixerait-il,  en  de  telles  conditions?  Comment  des 
plantes  pourraient-elles  se  former?  Et  les  animaux  eux-mêmes!  que  feraient- 
ils,  éternellement  plongés  dans  une  obscurité  absolue?  —  Des  naturalistes 
indépendants  commencent  à  douter  de  ces  affirmations  entreprennent  des 
voyages  d'exploration  sous-marine  et  vont  jeter  la  sonde  à  deux,  trois,  quatre, 


254  L'ASTRONOMIE. 

six,  huit  mille  mètres  de  profondeur  (Angleterre,  1868,  France  1880); 
ils  en  rapportent  des  êtres  singuliers,  bizarres,  incompréhensibles,  mais 
en  défîninive  organisés  pour  vivre  en  ces  noires  profondeurs?  Sont-ils, 
comme  on  essayait  de  le  prévoir,  enveloppés  de  carapaces  épouvantables, 
bardés  d'airain,  vêtus  de  granité  ou  de  fer?  Nullement.  Ce  sont  des  mol- 
lusques d'une  extrême  délicatesse,  des  organismes  pareils  à  des  fleurs, 
presque  des  papillons  que  le  doigt  ose  à  peine  effleurer.  Leurs  organes 
intérieurs  sont  là  en  parfait  équilibre  avec  la  pression  du  milieu  extérieur, 
et  lorsqu'on  les  remonte  ils  meurent  d'apoplexie  longtemps  avant  d'arriver 
à  la  syrface  de  la  mer.  On  constate  encore  là  une  admirable  adaptation.  Et 
quelles  ressources  infinies  dans  le  laboratoire  de  la  nature!  Ne  recevant  pas 
le  plus  lointain  reflet  de  la  lumière  solaire,  vivant  au  sein  d'une  obscurité 
complète,  ils  fabriquent  eux-mêmes  la  lumière  qui  leur  manque!  Plusieurs 
d'entre  eux  sont  phosphorescents  et  répandent  dans  l'abîme  une  vague  clarté 
I)our  laquelle  leurs  yeux  sont  construits  :  leur  lampe  est  leur  soleil  et  elle 
leur  suffit;  s'ils  pouvaient  deviner  la  lumière  qui  se  joue  dans  l'ombre  de 
nos  rivières,  ils  seraient  éblouis  des  trous  noirs  où  se  cache  .l'écrevisse  et 
comprendraient  moins  encore  l'existence  de  la  truite  ou  du  goujon  qui 
glissent  alertes  et  frétillants  comme  des  rayons  d'argent  dans  le  cristal  des 
ruisseaux  limpides.  Et  qui  sait?  cette  phosphorescence  personnelle  n'est-elle 
pas  un  élément  de  plaisir,  susceptible  de  nuances  infinies,  et  qu'ils  n'échan- 
geraient peut-être  pas  contre  notre  mode  impersonnel  d'illumination.  Ils 
ont  réalisé  sans  le  savoir  le  mystère  de  cet  anneau  des  contes  de  fées  qui 
rendait  son  heureux  possesseur  à  volonté  visible  ou  invisible;  une  telle  fa- 
culté n'est  peut-être  pas  tout  à  fait  à  dédaigner.  Quoiqu'il  en  soit,  ceux  qui 
connaissent  le  moûde  des  profondeurs  sous-marines  par  les  ouvrages  des 
explorateurs  anglais  et  français  savent  quelle  inimaginable  variété  y  est 
répandue;  ils  apprécient  mieux  les  ressources  de  la  nature;  ils  en  concluent 
que  nous  n'avons  pas  le  droit  de  déclarer  inhabitables  des  mondes  différents 
du  nôtre  et  que  la  nature  elle-même  est  plus  féconde  que  toute  notre  ima- 
gination. 

VIII 

Sans  doute,  répliquent  les  adversaires  de  la  doctrine  de  la  vie  universelle, 
mais  enfin,  il  y  a  des  conditions  telles  que  la  nature,  malgré  toute  sa  puis- 
sance, ne  les  dominera  pas.  On  ne  peut  plus  croire  aujourd'hui  aux  sala- 
mandres, que  les  anciens  faisaient  vivre  dans  le  feu.  Nous  n'asseyons  plus 
d'anges  dans  le  vide.  Nous  n'imaginons  plus  de  diables  dans  l'intérieur  du 
globe.  La  nature  est  logique  avec  elle-même.  Elle  ne  crée  pas  de  monstres. 


LES  CONDITIONS  DE  LA  VIE  DANS  L'UNIVERS. 


255 


Oui,  répondrons-nous,  il  y  a  des  limites  à  la  possibilité  de  la  vie;  mais  ces 
limites  reculent  à  mesure  que  la  science  grandit,  et  nous  ne  les  connaissons 
pas.  Des  monstres?  On  en  rencontre  partout,  —  monstres  pour  nous,  mais 
non  pour  eux  —  nous  ne  parlons  pas  ici  des  êtres  atrophiés  ou  arrêtés  dans 
leur  développement  embryogénique,  nous  prenons  l'expression  dans  son  sens 
vulgaire  général  et  nous  disons  que  la  nature  a  réalisé  dans  ses  œuvres  ter- 

Kig.  88. 


L'eurypharynx  pelecanoldes. 

restres  les  formes  les  plus  extraordinaires  et  les  plus  extravagantes  au  point 
de  vue  de  la  sagesse  d'un  professeur  d'histoire  naturelle.  Nous  pourrions  en 
faire  apparaître  ici,  dix,  cent,  mille.  Contentons-nous  d'un  exemple,  soit 
YEurypharynx  pelecanoldes  que  la  mission  du  Travailleur  a  péché  à  2300"  de 
profondeur,  non  loin  des  côtes  du  Maroc.  L'astronome,  explorateur  télesco- 
pique  des  profondeurs  d'Uranus  et  de  Neptune,  demande  au  naturaliste  du 
Muséum  si  cet  animal  est  un  poisson,  un  batracien  ou  un  reptile,  et  il  n'en 
reçoit  qu'une  vague  réponse.  Le  matelot  qui  l'a  retiré  du  filet  sur  le  pont  du 
navire  a  pu  croire  que  c'était  seulement  un  entonnoir^  et  peut-être  est-ce  lui 
qui  a  raison.  Spécimen  d'une  faune  jusqu'ici  inexplorée,  cet  être  noir  se  com- 
pose essentiellement  d'une  énorme  mâchoire  sans  dents  réelles,  d'un  enton- 
noir et  d'une  queue.  La  tête  mesure  trois  centimètres  de  longueur,  dont  deux 
pour  la  mâchoire  seule,  et  son  corps  quarante-quatre  centimètres.  Il  respire 
à  l'aide  de  cinq  branchies  et  est  organisé  pour  vivre  sous  cette  pression  de 


256  L'ASTRONOMIE. 

plusieurs  centaines  d'atmosphères.  «  L'existence  de  la  vie  en  de  semblables 
conditions,  avait  été  niée  jusqu'à  présent,  écrivait  à  ce  propos  M.  Rousseau, 
dans  V Union  scientifique;  quel  eût  été  le  mortel  assez  osé  pour  dire  que  Ton 
pouvait  vivre  dans  un  tel  milieu  ?  La  découverte  de  TEurypharinx  Peleca- 
noïdes  vient  de  porter  un  grand  coup  à  la  théorie  de  ceux  qui,  se  basant  sur 
les  prétendues  limites  restreintes  de  la  vie,  refusent  d'accepter  comme  réelle 
l'habitation  des  autres  mondes.  M.  Faye,  en  1874,  se  faisant  le  champion  de 
cette  opinion,  nous  montrait  la  terre  inhabitable  en  dehors  d'une  petite  zone, 
la  découverte  de  l'Eurypharinx  pelecanoïdes  lui  a  donné  un  premier  démenti; 
espérons  que  de  nouvelles  découvertes  aussi  intéressantes,  quoique  d'un 
autre  genre,  viendront  bientôt  montrer  l'inanité  des  prétentions  de  ceux  qui 
veulent  renfermer  en  de  petits  espaces  le  pouvoir  du  Créateur  de  toute 
vie  (M-  » 

L'océan  est  peuplé  de  ces  êtres  qui  défient  toute  classification  méthodique: 
chacun  des  organismes  nouvellement  découverts  a  reculé  les  limites  entre 
lesquelles  on  avait  enfermé  jusqu'ici  les  conditions  de  la  vie.  Mais  que  serait- 
ce  si  nous  passions  en  revue  les  êtres  qui  nous  ont  précédés  comme  habi- 
tants du  globe  pendant  la  longue  série  des  siècles  antédiluviens? 

IX 

Ici  aussi,  ne  prenons  qu'un  exemple,  car  notre  but  n'est  pas  d'écrire  un 
traité  d'histoire  naturelle  :  nous  devons  seulement  envisager  le  cosmos  au 
point  de  vue  vivant  et  appliquer  les  enseignements  de  la  nature  terrestre  à 
notre  conception  générale  de  l'Univers. 

Cet  exemple,  prenons-le  à  l'époque  de  la  formation  jurassique,  il  y  a 
quelques  millions  d'années.  Nous  voici  (fig.  89)  («)  en  face  d'un  paysage 
d'araucariées  et  de  cycadées,  au  milieu  duquel  se  présente  le  gigantesque 
stégosaure  au  corps  revêtu  de  plaques  osseuses  et  d'épines  lui  formant  une 
puissante  armure,  aux  membres  antérieurs  singulièrement  courts,  —  le 
compsonote,  autre  dinosaurien  non  moins  grotesque,  —  et  les  étranges  rep- 
tiles volants,  les  ptérodactyles. 

N'est-ce  pas  là  un  monde  tout  différent  du  nôtre  ?  Q\ii  l'eût  osé  inventer  si 
Ton  n'en  avait  découvert  les  fossiles  ?  Ces  habitants  de  l'époque  secondaire 
ont  tous  disparu  avec  la  fin  des  temps  crétacés.  Sur  le  globe  entier  régnait 
alors  le  climat  de  la  zone  torride  actuelle  ;  on  a  retrouvé  jusqu'aux  plus  hautes 

(  '  )  On  peut  lire  aussi  dans  V Avenir  de  Foix  une  remarquable  réfutation  due  à  la 
plume  de  M.  Adolphe  d'Assier. 

(')  D'après  Brehm,  Reptiles,  édition  française,  par  E.  Sauvage,  aide  naturaliste  au 
Muséum. 


LES  CONDITIONS  DE  LA  VIB  DANS  L'UNIVERS. 


257 


latitudes  les  mômes  plantes  et  les  mêmes  animaux.  C'est  l'âge  des  reptiles, 
et  quels  reptiles!  Le  brontosaure  atteignait  une  taille  de  près  de  16  mètres  et 


Fier.  89. 


Les  habitants  de  la  période  jurassique. 

devait  peser  trente  mille  kilogrammes  !  Chaque  empreinte  de  ses  pas  mesure 
90  centimètres  carrés.  Un  autre  herbivore,  le  morosaure  mesurait  13  mètres  ; 
ses  dents  nombreuses  n'avaient  pas  moins  de  16  centimètres  de  longueur.  Le 
cétiosaure  d'Europe  ne  le  cédait  guère  en  puissance  aux  deux  précédents,  qui 
habitaient  l'Amérique  :  on  en  juge  facilement  quand  on  sait  que  Tos  de  la 


258  L'ASTRONOMIE. 

cuisse  atteint  jusqu'à  l^TO  de  haut,  et  que  ce  que  Ton  connaît  de  la  tête  et 
de  la  colonne  vertébrale  a  12  mètres,  ce  qui  donne  un  animal  d'environ 
16  à  17  mètres.  Les  stégosaures  étaient  moins  gigantesques  et  ne  dépassaient 
sans  doute  pas  10  mètres.  Les  iguanodons,  découverts  en  Belgique  il  y  a  quel- 
ques années,  mesurent  de  10  à  14  mètres;  le  plus  grand  porte  une  tête  de 
l'"20  et  ses  pattes  de  devant  surpassent  2»50  de  hauteur.  «  Que  l'on  se 
représente  de  tels  animaux,  écrit  M.  Zaborowski,  reposant  sur  leur  train  de 
derrière.  Leur  tôte  devait  atteindre  la  cime  des  arbres.  Quel  aspect  terrifiant 
aurait  leur  masse  prodigieuse  se  mouvant  dans  le  monde  rabougri,  étriqué, 
de  nos  climats,  à  peine  dépasserions- nous  leur  cheville  ».  —  «  C'est  dans 
Tordre  des  sauropodes,  écrit  d'autre  part  M.  Brehm,  que  se  trouvent  proba- 
blement les  plus  gigantesques  de  tous  les  animaux  terrestres;  à  en  juger 
par  les  débris  qu'on  en  connaît,  certains  d'entre  eux  devaient  atteindre 
35  mètres  de  long  du  museau  à  la  queue  ». 

Sans  ressusciter  tout  l'ancien  monde  des  ichtyosaures,  des  plésiosaures, 
des  labyrinthodons,  des  paléothériums  et  de  leurs  émules  delà  faune  antique, 
la  période  des  dinosauriens,  que  nous  venons  de  rappeler,  suffît  pour  nous 
témoigner,  sous  un  aspect  encore  tout  différent  des  précédents^  de  la  variété 
et  de  la  diversité  des  productions  de  la  force  vitale,  même  sur  notre  seule 
et  médiocre  petite  planète.  Ici  encore  la  nature  répond  elle-même  à  ceux  qui 
mettent  en  doute  sa  fécondité,  et  nous  n'avons  rien  à  ajouter  à  ses  propres 
paroles. 

X 

Mais  que  parlons-nous  de  fécondité  !  La  fécondité  visible  n'est  rien  à  côté 
de  la  fécondité  invisible.  L'air  est  rempli  d'une  vie  invisible.  En  traversant  la 
cour  de  l'Institut  pour  aller  présider  le  Bureau  des  Longitudes,  M.  Faye  res- 
pire une  atmosphère  qui  ne  renferme  pas  moins  de  trois  à  quatre  mille  mi- 
crobes par  mètre  cube.  Chacun  d'eux  lui  dit  en  son  langage  que  la  vie  se 
multiplie  au-delà  de  toutes  les  bornes  de  notre  entendement.  Et  l'air  de  l'Ins- 
titut n'est  pas  le  plus  riche  en  infiniment  petits.  A  l'Observatoire  de  Mont- 
souris,  le  docteur  Miquel  a  compté  7420  bactéries  par  mètre  cube.  Tout  cda 
n'est  rien  encore.  L'air  des  vieilles  maisons  parisiennes  en  a  donné  36,000, 
celui  du  nouvel  Hôtel-Dieu  de  Paris  40,000,  celui  de  l'hôpital  de  la  Pitié  79,000  ! 
Et  tout  cela  vit  et  ne  demande  qu'à  se  multiplier. 

Voilà  pour  l'air  pur,  je  veux  dire  transparent.  Mais  si  nous  passons  auprès 
d'une  maison  en  démolition,  nous  avons  beau  suspendre  notre  respiration, 
c'est  bien  autre  chose.  Des  légions  d'êtres  ^norts  viennent  s'ajouter  aux  pré- 
cédentes. La  pierre  à  bâtir,  le  calcaire,  la  craie,  contiennent  des  fossiles  d'or- 
ganismes en  quantité  véritablement  formidable.  Les  foraminifères,  les  dia- 


LES  CONDITIONS  DE  LA.  VIE  DANS  L^UNIVERS. 


259 


tomées,  les  galionelles,  les  bacillariées  sont  entassés  par  myriades  de  myriades 
dans  les  terrains  calcaires  et  siliceux,  à  tel  point  que,  d'après  Ehrenberg,  un 
pouce  cube  peut  en  contenir  jusqu'à  quarante  miUiomt  Alcide  d'Orbigni  a 
trouvé  trois  millions  huit  cent  quarante  mille  organismes  microscopiques 
dans  trois  grammes  de  sable  de  la  mer  des  Antilles!  Paris  n'est  bâti  que  de 
coquilles;  les  pyramides  sont  des  tombeaux  de  nummulites,  et  les  momies 


Fig.  90. 


1^^ 


Ce  que  nous  respirons  dans  l'air  transparent. 


des  pharaons  sont  sans  importance  à  côté.  Il  n'y  a  pas  fort  longtemps  encore 
dans  l'histoire  de  la  géologie,  ceux  qui  ne  voulaient  pas  entendre  les  voix  de 
la  nature  assuraient  que  les  tas  de  nummulites  tombées  au  pied  des  sphinx 
et  des  pyramides  par  le  désagrégement  des  siècles  étaient  des  restes  de  lentilles 
abandonnées  par  les  maçons  constructeurs,  et  pétrifiées!  Cependant  Strabon 
déjà  avait  refuté  cette  grossière  interprétation  et  attribué  à  ces  minuscules 
fossiles  leur  origine  véritable. 

Ainsi,  l'air  est  plein  de  germes,  de  vie,  de  fécondité.  Depuis  des  millions 
de  siècles,  la  vie  s'entasse  dans  les  pierres  elles-mêmes.  L'eau  nous  donne  le 


260 


L'ASTRONOMIE. 


piéme  enseignement  depuis  Tinvention  du  microscope.  On  se  souvient  qu'il 
y  a  justement  deux  siècles,  en  1685,  Leenwenhœck,  examinant  une  goutte 
d'eau  de  pluie,  y  découvrit  les  premiers  inf  usoires  et  que  deux  ans  plus  tard, 
ayant  versé  de  l'eau  sur  des  grains  de  poivre,  il  fut  plus  surpris  encore  de 
voir  apparaître  des  créatures  animées  (les  fameux  pipéricoles  dont  s'entre- 
tenaient Leibniz  et  Bernouilli,  précisément  à  propos  de  la  question  de  la 
Pluralité  des  mondes).  Ce  fut  là  le  résultat  de  la  première  infusion  faite  dans 


Ce  que  nous  respirons  près  d'une  maison  en  démolition. 

un  but  scientifique.  Depuis,  que  de  découvertes  merveilleuses  !  Que  d'espèces 
observées!  Que  de  genres  ponctuellement  classés  par  la  micrographie.  Ces 
êtres  habitent  les  eaux  douces  aussi  bien  que  les  eaux  marines,  et  l'eau  pure 
aussi  bien  que  l'eau  corrompue,  pullulent  partout  par  myriades  de  myriades 
et  se  multiplient  avec  une  fécondité  inimaginable. 

Nous  reproduisons  ici  {fig.  92),  d'après  Brehm,  une  collection  d'organismes 
observés  dans  une  goutte  d'eau  de  puits  ordinaire,  telle  qu'on  l'emploie  géné- 
ralement dans  Talimontation^  et  dessinés  d'après  nature.  Les  grossissements 
employés  ont  varié  de  100  à  500  fois.  Quelle  bizarre  collection  de  formes  et 
d'organes  I  Tout  cela  vit  et  se  multiplie  par  bourgeonnements  et  fissiparité. 
Quelques  jours  suffisent  pour  produire  des  millions.  Un  grand  nombre  d'entre 
eux  ne  vivent  que  quelques  heures.  S'ils  pouvaient  raisonner,  ne  voulant 
pas  sortir  de  leur  sphère  d'observation,  ils  déclareraient  que,  personne  de 


LES  CONDITIONS  DE  LA  VIE  DANS  L'UNIVERS. 


261 


leur  société  n'ayant  jamais  vu  le  Soleil  àe  toucher,  ceux  qui  osent  prétendre 
qu'il  y  a  des  jours  et  des  nuits  sont  dans  l'erreur  d'une  imagination  trop 
exaltée.  L'Océan  est  animé  de  ces  atomes  vivants  jusqu'en  ses  noires  profon- 
deurs. Ce  sont  eux  qui  produisent  les  beaux  phénongiènes  de  la  phosphores- 
cence. Les  eaux  de  nos  fleuves  et  de  nos^étangs  en  sont  remplies.  Le  Gange 


Fig.  92. 


Les  infusoires  de  Teau  de  puits. 


transporte,  dans  l'espace  d'une  année,  une  masse  d'infusoires  égale  à  six  ou 
huit  fois  le  volume  de  la  plus  haute  pyramide  d'Egypte.  La  vie  !  la  vie  partout  I 
la  vie  toujours  !  Voilà  le  cri  suprême,  le  cri  perpétuel  de  la  nature.  Et  il  y  a 
des  hommes  qui  ne  l'entendent  pas  ! 


XI 


Mais  la  nature  n'admet  pas  cette  surdité,  elle  n'admet  pas  cet  aveuglement, 
elle  impose  sa  puissance;  et,  comme  l'homme  faisait  des  réserves  philoso- 


262  L'ASTRONOMIE. 

phiques  et  essayait  de  n'écrire  l'histoire  de  la  vie  qu'avec  les  manchettes  de 
dentelles  de  Buflfon  et  sous  mille  précautions  oratoires,  elle  lui  a  donné..,  le 
tœnia. 

«  Ah  !  semble-t-elle  nous  dire,  vous  voulez  in 'imposer  des  bornes,  vous 
n'avez  pas  assez  de  mon  enseignetnent  extérieur  pour  vous  prouver  ma 
puissance,  vous  prétendez  qu'il  faut  à  tous  les  ôtres  Tair  pur  des  champs  et 
des  bois,  l'eau  des  limpides  fontaines,  les  parfums  des  fleurs,  une  nourriture 
délicate,  fraîche  et  de  premier  choix  ;  vous  voulez  décréter  la  proportion 
d'oxygène,  d'acide  carbonique,  d'azote,  hors  desquelles,  selon  vous,  la  vie  est 
impossible.  Eh  bien!  tiens,  savoure  ce  ver  solitaire,  et  vois  s'il  a  la  vie  dure.» 

Alors  cette  très  habile  nature  a  généreusement  octroyé  à  l'homme  un  choix 
remarquable  de  parasites,  le  grand  ver  solitaire,  tœnia  solium,  qui  habite 
Tintestin  et  peut  atteindre  jusqu'à  20  mètres  de  longueur,  voire  même  30  et  40 
(Dujardin)  ;  le  tœnia  moyen,  qui  ne  mesure  que  4  mètres  et  habite  le  même 
palais;  le  petit  tœnia  échinocogue,  qui  préfère  le  foie,  la  rate  et  les  poumons, 
et  toute  une  série  de  petits  vers,  cestoïdes  et  autres,  pour  lesquels  les  conditions 
d'existence  sont  absolument  différentes  de  toutes  celles  que  nous  avons  énu- 
mérées  jusqu'ici.  Du  reste,  l'homme  n'est  pas  privilégié  à  cet  égard.  Chaque 
espèce  animale  possède  ses  «  propres  »  vers  intestinaux  ;  l'homme  peut  seu- 
lement en  acquérir  un  peu  plus  que  les  autres,  parce  qu'il  mange  de  tout. 
Mais  on  connaît  ceux  du  bœuf,  du  mouton,  du  porc,  du  cheval,  des  pois- 
sons, etc.,  etc.  Sans  doute,  nul  ne  peut  s'empêcher  de  convenir  que  ce  soit  là 
un  singulier  mode  d'existence,  et  il  semble  bien  qu'il  serait  préférable  de  ne 
pas  naître  plutôt  que  d'être  condamné  à  vivre  dans  un  tel  milieu.  Mais  enfin 
ces  êtres  existent.  Plutôt  que  de  s'arrêter,  la  nature  entasse  la  vie  parasitaire 
sur  la  vie  normale,  et  multiplie  l'existence  aux  dépens  de  l'existence  elle- 
même. 

Comment  donc  encore  excuser  le  raisonnement  de  ceux  qui  prétendent  lui 
imposer  des  bornes!  Poussé  jusque  dans  ses  derniers  retranchements,  un  tel 
raisonnement  ne  se  voit-il  pas  désagrégé  pièce  par  pièce?  En  reste-t-il  quelque 
chose  ?  Oui,  comme  le  ver  solitaire,  il  lui  reste  encore  la  tête.  Certes,  si  un  tœnia 
pensait,  quelle  idée  se  ferait-il  des  habitants  de  tous  les  mondes?  Pour  lui, 
il  ne  devrait  exister  partout  que  des  vers  intestinaux,  car,  évidemment,  c'est 
là  pour  lui  le  mode  normal  de  l'existence.  En  dernière  analyse,  les  négateurs 
de  la  vie  ultra-terrestre  se  retranchent  dans  le  peu  d'oxygène  qui  reste  à 
l'animalcule  du  fond  des  mers  ou  au  ver  intestinal.  L'oxygène  !  voilà  le  sau- 
veur. C'est  une  fenêtre  ouverte  sur  l'espace.  Notre  sceptique  va  s'envoler  et 
crier  victoire. 

Certes,  toute  planète  a  ses  conditions  normales  de  vitalité,  et  nul  ne  peut 
contester  que  sur  la  Terre  l'oxygène  joue  le  premier  rôle  dans  l'entretien  de  la 


LES  CONDITIONS  DE  LA  VIE  DANS  L'UNIVERS.  263 

vie.  Il  n'y  aurait  donc  rien  de  surprenant  à  ce  que,  sur  la  Terre^  cet  élément 
fût  l'origine  et  restât  la  condition,  essentielle  de  Texîstence  des  êtres  vivants, 
ce  qui  n'empêcherait  nullement  le  penseur  d'admettre  que  sur  les  autres 
mondes  cet  élément  peut  être  remplacé  par  un  autre,  caractéristique  de  ces 
autres  séjoui*s.  Mais  la  Nature  n'a  pas  même  voulu  laisser  cette  porte  de  sortie 
à  ceux  qui  affectent  de  ne  pas  la  comprendre.  «  Vous  voulez  m'imposer  l'oxy- 
gène! s'écrie-t-elle.  Détrompez-vous.  On  ne  m'impose  rien.  » 

XII 

On  trouve,  en  effet,  dans  le  beurre,  une  espèce  fort  insiructive  à  cet  égard, 
le  baciUus  amylobacter.  Non  seulement  ce  petit  être  n'a  pas  besoin  d'oxygène 
pour  vivre,  mais  il  n'en  veut  à  aucun  prix.  Il  y  a  plus  :  cet  élément  est  mortel 
pour  lui.  L'oxygène  le  tue  au  simple  contact.  L'amylobacter  est  le  ferment  du 
beurre;  il  s'attaque  aux  substances  les  plus  diverses,  produisant  toujours  de 
l'acide  butirique,  et  se  développe  spécialement  dans  les  milieux  antipathi- 
ques aux  autres  êtres  vivants.  Or,  ce  microbe  aérophobe  est  répandu  à  pro- 
fusion dans  la  nature. 

Un  autre  microbe,  étudié  à  l'Observatoire  de  Montsouris  par  le  docteur 
Miquel,  s'attaque  au  caoutchouc  et  le  décompose  en  dégageant  de  l'acide 
sulfhydrique. 

Et  quelle  vitalité  dans  tous  ces  êtres!  Us  ont  gardé  toute  celle  des  protistes 
de  l'origine  du  monde.  On  rencontre  parmi  eux  de  véritables  protées  qui 
changent  complètement  de  formes  en  quelques  minutes.  Ils  changent  aussi 
de  nature  à  volonté.  M.  Pasteur  en  a  montré  un  exemple  remarquable  lors- 
qu'il a  fait  connaître  la  singulière  propriété  du  mycoderma  vini,  qui  respire 
comme  un  animal  quand  il  vit  à  la  surface  du  vin,  mais  qui,  submergé,  vit 
à  la  manière  des  ferments,  décompose  le  sucre  et  le  transforme  en  alcool  et 
en  acide  carbonique.  M.  Marion,  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de 
Marseille,  a  montré  d'autre  part  que  l'artemia  saliva  change  de  forme  et  de 
nature  suivant  les  conditions  d'existence  auxquelles  on  le  soumet,  devenant 
tantôt  crustacé  marin,  tantôt  animal  d'eau  presque  douce,  et  cela  en  quel- 
ques générations!  Etc.,  etc.,  etc. 

XIII 

Arrêtons-nous  ici.  La  victoire  est  trop  complète  pour  que  nous  la  procla- 
mions .  Lorsque  le  vainqueur  reste  seul  vivant  sur  le  champ  de  bataille,  il 
ne  songe  pas  à  prouver  son  triomphe,  et  ne  rédige  pas,  comme  Napoléon,  à 
la  retraite  de  Russie,  de  bulletins  de  la  grande  armée.  Aussi  bien,  d'ailleurs, 
n'avons-nous  aucun  mérite,  puisque  la  nature  seule  a  fait  tous  les  frais  :  des 


264  L'ASTRONOMIE. 

pierres  sont  tombées  du  ciel  sur  la  tête  de  leurs  négateurs.  C^est  ce  qui  arrive 
dans  toutes  les  circonstances  analogues.  Jusqu'en  1804,  l'Académie  des 
Sciences  n'a-t-elle  pas  refusé  d'admettre  l'authenticité  des  uranolithes?  Cette 
année-là  trois  mille  pierres  furent  précipitées  du  ciel  sur  le  département  de 
rOrne  ;  Biot  eut  Tidée  d'aller  les  ramasser,  et  n'eut  qu'à  rapporter  à  l'Aca- 
démie celles  que  les  paysans  voulurent  bien  lui  céder.  Jl  y  a  quelques 
années  encore,  j'assistais  à  la  séance  de  l'Institut,  dans  laquelle  M.  duMoncel 
présenta  le  phonographe.  Un  savant  académicien,  le  docteur  Bouillaud,  se 
leva  de  son  fauteuil  et  s'élança  sur  M.  du  Moncel,  en  le  traitant  de...  ventri- 
loque, a  Jamais,  jamais,  s'écria-t-il,  vous  ne  nous  forcerez  à  croire  à  une 
pareille  invention.  »  Depuis,  M.  Bouillaud  est  mort  :  on  va  lui  élever  une 
statue.  11  faut  dire  qu'en  général  les  savants  spécialistes  compliquent  consi- 
dérablement les  choses,  au  lieu  de  laisser  resplendir  la  grande  simplicité  de 
la  nature. 

Au  sujet  de  la  Pluralité  des  mondes,  un  souvenir  de  Fontenelle  ne  sera 
peut-être  pas  hors  de  propos.  C'était  à  l'époque  où  Ton  discutait  assez  fiévreu- 
sement le  newtonianisme  et  le  cartésianisme,  la  traniSmission  de  la  lumière 
et  de  la  chaleur  par  émission  ou  par  ondulation.  Un  jour,  après  déjeuner,  il 
conduisit  ses  amis  de  l'Académie  vers  une  petite  boule  placée  sur  un  piédestal 
au  milieu  du  jardin.  «  C'est  étrange,  fit-il,  exposée  comme  elle  est  aux 
rayons  du  soleil,  elle  est  plus  chaude  en  dessous  qu'en  dessus.  »  Était-ce 
uneréflexion  du  piédestal?  Etait-ce  une  réfraction  des  rayons  à  travers  la 
boule?  Les  explications  se  suivaient  sans  guère  s'accorder.  «  Non,  dit-il,  c'est 
seulement  qu'avant  de  vous  la  montrer  je  l'avais  retournée.  » 

En  fait,  tout  est  très  simple,  dans  la  nature  comme  dans  la  Science.  La 
plupart  du  temps  nous  créons  à  la  nature  des  difficultés  qui  n'ont  jamais 
existé.  Toutes  les  voix  de  l'univers  chantent  l'hymne  de  la  vie.  Cette  élo- 
quence des  choses  devrait  suffire  à  notre  entendement. 

A  l'argumentation  de  M.  Paye,  que  les  conditions  de  la  vie  sont  confinées 
au  champ  étroit  de  nos  observations  immédiates,  nous  avons  répondu  par 
l'enseignement  direct  de  la  nature  entière  :  la  diversité  profonde  des  condi- 
tions d'existence  aquatique  et  aérienne,  sur  notre  planète  même  ;  — la  transfor- 
mation des  organes  et  des  êtres,  pour  s'adapter  aux  changements  de  milieux; 
—  l'énergie  et  la  souplesse  infinie  de  la  force  vitale,  surtout  chez  les  êtres 
primitifs;  — la  vie  dans  les  profondeurs  océaniques; — la  vie  pendant  les 
époques  géologiques;  —  la  diffusion  et  la  fécondité  de  la  vie  microscopique 
dans  les  airs  et  les  eaux  ;  —  la  vie  parasitaire  qui  s'exerce  dans  les  milieux 
les  plus  étranges  et  aux  dépens  de  la  vie  normale;  —  la  vie  même  en  dehors 
du  principe  de  vie  terrestre,  l'oxygène.  Nous  avons  prouvé  que  la  vie  déborde 
de  la  Terre  comme  d'une  coupe  trop  étroite  pour  la  contenir,  et  que,  plutôt 


LES  CONDITIONS  DE  LA  VIE  DANS  L  UNIVERS.  265 

que  de  s^arrêter,  elle  se  développe  aux  détrimeuts  de  Texistence  elle-même. 
Telle  est  la  loi  suprême  de  la  nature.  Nier  cette  loi  est  contraire  à  l'enseigne- 
ment tout  entier  de  toutes  les  sciences  réunies. 

Certes,  on  pourrait  écrire  tout  un  volume  pour  cette  seule  exposition.  Mais 
nous  avons  déjà  dépassé  de  beaucoup  les  limites  dans  lesquelles  nous  avions 
espéré  nous  restreindre,  d'autant  plus  qu'en  apparence  cette  question  sort 
du  cadre  de  V Astronomie.  Nous  disons  v  en  apparence  »,  car,  en  fait,  la  question 
de  la  vie  céleste  est  le  complément,  ou,  pour  mieux  dire,  le  but  suprême  des 
études  astronomiques.  Quel  serait  l'intérêt  de  l'observation  des  astres  s'il  ne 
s'agissait  que  deblocs  plus  ou  moins  lourds  lancés  sans  but  dans  l'espace  aveu- 
gle ?  D'ailleurs,  dans  la  nature  il  n'y  a  point  ce  sectionnement  de  Sciences  que 
l'homme  a  inventé  pour  mettre  un  peu  d'ordre  dans  les  petites  cases  de  son 
intellect.  Il  n'y  a,  en  réalité,  dans  l'univers,  ni  mécanique  céleste,  ni  astro- 
nomie physique,  ni  météorologie,  ni  géologie,  ni  paléontologie,  ni  physique, 
ni  chimie,  ni  botanique,  ni  zoologie,  ni  physiologie,  ni  aucune  des  sections 
de  sciences  imaginées  par  le  travail  humain.  Il  y  a  ce  qu'il  y  a,  c'est-à-dire 
un  grand  tout,  une  immense  unité,  le  cosmos  dans  sa  sublime  harmonie, 
mais  rien  de  nos  petites  divisions.  Faire  de  l'histoire  naturelle  à  propos  des 
conditions  d'habitabilité  des  diverses  planètes  de  notre  système  et  des  mondes 
inconnus  qui  gravitent  dans  la  fécondité  des  autres  soleils,  c'est  encore  faire 
de  l'Astronomie  —  quoi  qu'en  puissent  penser  les  pygmées  myopes.  Et  en  cela 
notre  éminent  contradicteur  appartient  à  l'ordre  de  ces  grands  esprits  qui, 
comme  Pascal  et  Leibniz  voient  au  delà  de  la  matière  les  entités  cachées  sous 
son  voile.  Si  nous  avons  discuté  ses  propositions,  si  nous  avons  fait  tous  nos 
e£forts  pour  les  saper  par  la  base,  c'est  parce  que  nous  estimons  à  un  haut 
degré  les  tendances  de  sa  méthode.  La  distance  semble  considérable  entre  ses 
opinions  et  les  nôtres.  M.  Paye,  pourtant,  saura  sans  peine  la  franchir.  A  ces 
hauteurs  les  horizons  se  rapprochent. 

Que  l'éminent  astronome  interprète  VŒuvre  du  Temps.  Il  reconnaîtra  que 
notre  époque  actuelle  n'embrasse  pas  l'universalité  de  la  vie;  qu'elle  n'a  pas 
plus  d'importance,  dans  l'histoire  de  l'univers,  que  les  siècles  d'autrefois  ou 
les  siècles  futurs  ;  qu'il  n'y  a  aucune  raison  pour  supposer  que  tous  les 
mondes  de  la  création  soient  habités  en  ce  moment  ;  que  si  la  Terre,  Mars, 
Vénus,  peut-être  Saturne,  le  sont  actuellement,  la  Lune  paraît  plutôt  en  déca- 
dence et  Jupiter  en  préparation  pour  les  âges  futurs.  Le  ciel  aussi  a  ses 
berceaux  et  ses  tombes.  Mais  restreindre  l'œuvre  de  la  nature  à  la  sphère 
minuscule  de  notre  observation  immédiate,  c'est  mal  interpréter  son  langage, 
et  nier  que  la  vie  soit  le  but  suprême  de  la  création,  c'est  nier  la  lumière  en 
plein  midi.  Camille  Flammarion. 


2«6  L'ASTRONOMIE. 

TABLEAU  DE  DIVERSES  VITESSES. 

Mètm 
par  saeonde. 

Marche  du  Colimaçon 0,0015 

Petite  tortue  terrestre 0,026 

Un  homme  au  pas,  4^"  à  l'heure 1,11 

Un  homme  à  la  nage  (J.-B.  Johnson,  5  août  1872),  805"  en  douze  minutes 1 ,12 

Un  homme  au  pas,  6^"  à  l'heure , 1>66 

Vol  du  mâle  du  ver  à  soie  {Attacua  paphia),  d'après  Pettigrew 1,86 

Le  Mahari  de  Si  Ali  Bey  en  1864, 206^- en  vingt-quatre  heures,  d'après  WolfiF 

,  et  Blachère 2,38 

Course  en  akidor  (patins  à  neige),  227'"»  en  îl"* 22-,  d'après  Nordenskiôld 2,95 

Comète  de  Halley  en  aphélie , 3  » 

Tramways de  2  à  3,50 

Rivière  à  cours  rapide 4  • 

Navire,  9  nœuds  à  l'heure  (9  x  1852-) 4 ,63 

Chameau  (Hedjeïn),  185^-  en  10'»20-,  d'après  Burckhardt i .  4,97 

Vitesse  maximum  du  train  d'inauguration  du  chemin  de  fer  de  Manchester  à 

Liverpool,  15  septembre  1830 5,36 

Course  à  pied(W.  G.  George  en  1884),  2  milles  anglais  en  9- 17*  { 5,T7 

Vent  ordinaire de  5  à  6  » 

Navire,  12  nœuds  à  l'heure  (12  x  1852-) 6,17 

Vitesse,  par  rapport  à  Tair  ambiant,  du  ballon  dirigeable  des  capitaines  Krebs 

et  Renard;  ascension  de  Meudon,  8  novembre  1884 6,39 

Vague  de  30-  d'amplitude  par  une  profondeur  de  300" 6,82 

Course  à  pied,  d'après  G.  et  E.  V^eber ." 7,10 

Vol  ordinaire  de  la  mouche  {Musca  domestica),  d'après  Pettigrew 7,62 

Bon  vent  pour  moulin  à  vent 7,62 

Renne  tirant  un  traîneau 8,40 

Navire,  17  nœuds  à  l'heure  (17  x  1852-) 8,75 

Course  en  vélocipède  (R.  H.  English,  10  septembre  1884],  2  milles  anglais  en 

5-33- 1 9,65 

Vitesse  de  la  périphérie  d'une  meule  de  moulin de  6,50  à  10  ■ 

Brise  fraîche 10  » 

Gouttes  de  pluie,  d'après  Rozet| 11   »• 

Baleine  franche,  d'après  Lacépède 11   » 

Torpilleur,  21,76  nœuds  à  l'heure 11,19 

Patineur  exercé ; 12  » 

Cheval  de  course  (trotteur  américain,  1881),  1  mille  anglais  en  2"  10'  j 12,36 

Torrents  des  Hautes-Alpes,  d'après  Surell 14,28 

Pierre  lancée  avec  force 16  » 

Train  express  de  60^"  à  l'heure 16,67 

Cheval  de  course  (galop);  Little  Duck,  Paris,  25  mai  1884,  2400-  en  2-22' 16,90 

Vol  de  la  caille 17,80 

Train  rapide  de  75^-  à  l'heure 20,83 

Vague  de  tempête  dans  l'Océan 21,85 

Lévrier 25,34 

Vol  du  pigeon  voyageur,  d'après  Gobin 27  » 

Déplacement  de  la  trombe  du  14  février  1884,'  de  Lynchburg  à  Washington, 

d'après  Hazen 27,70 

Train  éclair  de  100^-  à  l'heu  re 27,77 


TABLEAU  DE  DIVERSES  VITESSES.  26? 

.    .  Mètres 

par  seconde. 

Vol  du  faucon 28    ». 

Tempête .....; ...de  25  à  30    » 

Vitesse  moyenne  des  boîtes  dans  les  tubes  de  la  télégraphie  pneumatique..  30    » 

Vol  de  Taigle 31    » 

Bateau  à  patins  sur  les  rivières  gelées  de  l'Amérique  du  Nord 31 

Transmission  des  sensations  dans  les  nerfs  humains 33    » 

Essai  d'un  train  de  chemin  de  fer  de  Jersey  City  à  Philadelphie  (Bound  Brook 

Road) 35,75 

Ouragan , 40    » 

Ouragan  déracinant  les  arbres 45    » 

Chute  sur  le  sol  d'un  aérolithe  du  poids  d*environ  1''»  et  de  forme  cubique, 

d'après  John  Le  Conte 48,45 

<3uatre  pigeons  voyageurs  du  comte  Karolyi  en  1884.de  Paris  à  Pesth  (1293^" 

en  sept  heures) 51,31 

Vitesse  théorique  maximum   de   la   périphérie  du  volant  d'une  machine  à 

vapeur  '. 52,50 

Vol  maximum  de  la  mouche  (Muaca  dômes tica),  d'après  Pettigrew 53,35 

Déplacement  de  Torage  du  21  septembre  1881,  de  Cahors  à  Pradelles  (194^'" 

en  une  heure) 54 ,  17 

Chute  sur  le  sol  d'un  aérolithe  du  poids  d'environ  1^*  et  de  forme  sphérique, 

d'après  John  Le  Conte 60    » 

Vol  de  l'hirondelle 67    » 

Vol  d'un  oiseau  des  plus  fins  voiliers  (le  martinet) 88,90 

Cyclone  de  Wallingford  (Connecticut),  22  mars  1882,  d'après  Hazen 115, 78 

Vitesse  initiale  d'une  balle  de  fusil  à  vent  (compression  de  100  atmosphères). .  206    » 
Propagation  de  la  marée  due  au  tremblement  de  terre  d'Arica,  13  août  1868; 

d'Arica  à  Honolulu,  d'après  von  Hochstetter 227 

Vitesse  d'un  point  à  l'équateur  de  Mars 244    » 

Propagation  du  choc  d'une  explosion  dans  le  sable  humide,  d'après  Mallet...  290    » 
—         de  la  marée  due  au  tremblement  de  terre  de  Krakatoa,  27  août  1883  ; 

de  Krakatoa  à  Colon,  d'après  Bouquet  de  la  Grye 294    » 

Vitesse  d'un  point  situé  à  la  latitude  de  Paris  (rotation  autour  de  l'axe  ter-* 

restre) 305    » 

Vague  atmosphérique  due  au  tremblement  de  terre  de  Krakatoa,  27  août  1883  ; 

de  Krakatoa  à  Saint-Pétersbourg,  d'après  Rykatcheff. de  303  à  334    » 

Vitesse  du  son  dans  l'air  (-t-10*C.)(' ) 337    » 

Jet  de  vapeur  à  la  pression  de  1  ^  atmosphère  s'échappant  dans  l'air 343    » 

Vitesse  initiale  d'une  balle  de  fusil  (fusil  Martini-Henry) 385    » 

Air  à  la  pression  de  1  atmosphère  s'échappant  dans  le  vide 395    » 

Pierres  lancées  par  le  Vésuve,  d'après  Vézian 406    » 

Vitesse  initiale  d'une  balle  de  fusil  (fusil  Mauser) 425    » 

—  —  (fusil  Gras,  modèle  1874) 430    » 

Vitesse  d'un  point  à  l'équateur  de  Vénus 454    » 

—  —  de  la  Terre 463    » 

Vitesse  initiale  d'un  boulet  de  canon  (canon  de  l'armée  de  terre) 500    » 

Jet  de  vapeur  à  la  pression  de  3  atmosphères  s'échappant  dans  l'air 500    » 

—  —  5  —  —  ~  562    » 

—  —  1  —  —  dans  le  vide 582    » 

C)  La  vitesse  du  son  dans  Tair  augmente  de  0-,626  pour  chaque  degré  centigrade  d'élévation  de 
température. 


268  L'ASTRONOMIE. 

Mètrei 

par  a«eondc. 

Vitesse  initiale  d*un  boulet  de  canon  (canon  de  marine) de  605  à  700 

Propagation  du  mouvement  des  marées  dans  TOcéan  Pacifique  septentrional; 

maximum  d'après  Whewell 800 

Secousse  du  tremblement  de  terre  de  Viège,  25  juillet  1855;  _de  Viège  à  Stras- 
bourg, d'après  Otto  Volger 872 

Révolution  de  la  Lune  autour  de  la  Terre  (apogée) 970 

Pierre  lancée  par  le  volcan  de  Ténériflfe,  d'après  Vézian 975 

Vitesse  d'un  point  à  Téquateur  de  Mercure 1 034 

Vitesse  du  son  dans  Téther  sulfurique  (4- 10»  C!) 1  039 

Révolution  de  la  Lune  autour  de  la  Terre  (Périgée) — ". 1  080 

Vitesse  du  sol  dans  l'alcool  (  4- 10*  C.  ) 1 157 

Révolution  du  !!•  satellite  de  Mars  (Deimos) 1 157 

Vitesse  du  son  dans  l'acide  chlorhydrique  (+  10*  C.) 1 171 

-—            dans  l'essence  de  térébenthine  (-+- 10*  C.) 1276 

—  dans  l'eau  (+  8%1  G.),  d'après  Sturm  et  GoUadon I  435 

—  dans  le  mercure  (4-10*G.) :  1484 

—  dans  l'acide  azotique 1  535 

Révolution  du  !•'  satellite  de  Mars  (Phobos) 1 833 

Vitesse  du  son  dans  Peau  saturée  d'ammoniaque .' 1 842 

Vitesse  d'un  point  à  l'équateur  du  Sal^il 2  028 

Vitesse  du  son  dans  le  fanon  de  baleine 2  246 

Explosion  du  gaz  tonnant  (hydrogène  et  oxygène),  d'après  Berthelot 2  500 

Vitesse  du  son  dans  Tétain 2  550 

—  dans  l'argent 3  060 

Révolution  du  IV*  satellite  d'Uranus  (Obéron) 3 300 

Vitesse  du  son  dans  la  fonte 3  540 

—          dans  le  bronze,  dans  le  bois  de  chêne 3  628 

Vitesse  théorique  d'une  onde  séismique  dans   le    granité   compact,  d'après 

Ewing de  2  450  à  3650 

Révolution  du  VIII*  satellite  de  Saturne  ( Japet) 3  738 

Révolution  du  III*  satellite  d'Uranus  (Titania) 3  814 

Vitesse  d'un  point  à  l'équateur  d'Uranus 3  904 

Vitesse  du  son  dans  le  cuivre  rouge 4  080 

—  dans  le  bois  de  hêtre 4  250 

Révolution  du  satellite  de  Neptune 4  505 

Vitesse  du  son  dans  le  bois  de  frêne,  d'orme ." 4  896 

Révolution  du  II*  satellite  d'Uranus  (Umbnel  ) 4  906 

Vitesse  du  son  dans  le  bois  de  tilleul 5  100 

Révolution  de  Neptune  autour  du  Soleil 5  390 

Vitesse  du  son  dans  le  bois  de  pin 5  440 

—  dans  le  fer,  l'acier,  le  verre 5  668 

Révolution  du  I*'  satellite  d'Uranus  (Ariel) 5763 

Explosion  du  coton-poudre,  d'après  Abel  et  Nobel de  5180  à  5  790 

Révolution  du  VII*  satellite  de  Saturne  ( Hypérion) 5  794 

Vitesse  du  son  dans  le  bois  de  sapin 6 120 

Révolution  du  VI*satellite  de  Saturne  (Titan) 6398 

Vitesse  du  son  à  la  surface  du  Soleil  (  »  ) 6  591 

Révolution  d'Uranus  autour  du  Soleil 6  730 

{')  En  attribuant,  d'après  Roselti,  à  la  surface  du  Soleil  une  température  de  10 000»  C. 


TABLEAU  DE  DIVERSES  VITESSES.  269 

Mètres 
par  soconde. 

Vitesse  probable  du  Soleil  vers  la  constellation  d'Hercule  (entre  ic  etit).. . .  7  642 

Révolution  du  lYr  satellite  de  Jupiter  (  Galisto  ) 8  359 

Bévolution  de  Saturne  autour  du  Soleil 9584 

—  du  Y*  satellite  de  Saturne(Rhéa) 9741 

Vitesse  d'un  point  à  Téquateur  de  Saturne  ..•...'.>; 10  541 

Révolution  du  lll^  satellite  de  Jupiter  (Ganymède) 10  869 

Mouvement  propre  télescopique  de  Véga.., — 11 000 

Révolution  du  IV  satellite  de  Saturne  (Dioné).... 11516 

Vitesse  d'un  point  à  l'équateur  de  Jupiter 12  491 

Révolution  de  Jupiter  autour,  du  Soleil. 12  924 

—  du  III-  satellite  de  Saturne  (Téthys) 13038 

—  du  IP  satellite  de  Jupiter  (Europe) 13  999 

--        du  II«  satellite  de  Saturne  (Encelade) 14  568 

Mouvement  propre  télescopique  de  Sirius,  d'après  Gill  et  Elkin.. .... —  15  449 

Révolution  du  !•'  satellite  de  Saturne  (Mimas )... 16  425. 

—  !•'  satellite  de  Jupiter  (lo) 17  667 

Bolide  du  14  mai  1864;  aérolithe  d'Orgueil,  d'après  Laussedat... 20  000 

Mouvement  spectroscopique  de  la  Chèvre,  d'après  Ghristie  et  Maunder. ...  +  20  000 

Mouvement  spectroscopique  de  a  du  Centaure,  d'après.Gill  et  Elkin  (').*.•  23  174 

Révolution  de  Mars  autour  du  Soleil V'.«. 23  863 

Mouvement  propre  spectroscopique  de  Régulus,  d-a^ès  Huggins 27  000 

Révolution  de  la  Terre  autour  du  Soleil 29  516 

Révolution  de  Vénus  autour  du  Soleil 34  630 

Mouvement  propre  spectroscopique  de  Sirius,  d*après  Huggins. +  35  000 

Mouvement  propre  spectroscopique  de  Bételgeuse,  d'après  Huggins -+-  35  000 

Mouvement  spectre  de  p  Grande  Ourse,  d'après  Ghristie  et  Maunder +  38  000 

Mouvement  propre  télescopique  de  Sirius 38  600 

Mouvement  propre  spectroscopique  de  Castor,  d'après  Huggins  • 4-  40  000 

Mouvement  propre  télescopique  de  la  Chèvre.  : 47  100 

Révolution  de  Mercure  autour  du  Soleil 47  327 

Mouvement  spectroscopique  de  Régulus,  d'après  Ghristie  et  Maunder 4-  48  000 

Aérolithe  de  Pultusk,  30  janvier  1878,  d'après  Schiaparelli 54  000 

Mouvement  spectr.  de  a  d'Andromède,  d'après  Ghristie  et  Maunder —  56  000 

Mouvement  spectr.  de  a  de  la  Couronne,  d'après  Ghristie  et  Maunder +58000 

Mouvement  spectr.  d'Arcturus  et  de  Véga,  d'après  Ghristie  et  Maunder —  —  62  000 

Bolide  du  14  mars  1863,  visible  dans  l'Europe  centrale  et  occidentale 63  000 

Mouvement  propre'  Spectroscopique  de  Déneb,  d'après  Huggins —  63  000 

Mouvement  spectrôsc.  de  Procyon,  d'après  Ghristie  et  Maunder +  64  000 

Mouvement  propre  télescopique  de  la  61*  du  Cygne 64  300 

Mouvements  ordinaires  de  l'atmosphère  solaire de  30  000  à  65  000 

Mouvement  spectroscopique  de  Déneb,  d'après  Ghristie  et  Maunder —  65  000 

Étoiles  filantes,  d'après  A.  Newton  et  Schiaparelli de  12  000  à  71 000 

Bolide  du5  septembre  1868,  d'après  A.  Tissot 79000 

Mouvement  propre  spectroscopique  de  Pollux,  d'après  Huggins —  79  000 

Mouvement  propre  télescopique  d*Arctupus. . .....!...;..) 83  200 

—  —     spectroscopique  de  Véga,  d'après  Huggins —  85  000  " 

—  —                —             d'Arcturus,  d'après  Huggins — 88000 

Bolide  du  5  septembre  1868,  d'Autriche  en  France 88  000 

(^)La  lumière  met  environ  4  ans  à  nous  parvenir  de  cette  étoile  qui  est  la  plus  rapprochée  de  nous. 


270  L'ASTRONOMIE. 

Mètres 
par  seconde. 

Mouvement  spectroscopique  de  a  Grande  Ourse,  d'après  Huggins —  90  000 

Mouvement  propre  télescopique  de  e  de  l'Indien,  d'après  Gill  et  Ëlkin. ..  101  000 

—  spectroscopique  de  y  du  Lion,  d'après  Christie  et  Maunder . . .  —  102  000 
Mouvement  propre  télescopique  de  e  de  l'Éridan,  d'après  Ëlkin *     103  000 

—  —             —           de  o«  de  l'Érîdan,  d'après  Gill 1 11 000 

—  —             —           de  Lacaille  9352,  d'après  Gill 1 17  000 

Mouvement  spectroscopique  de  Bételgeuse,  d*après  Christie  et  Maunder. . .  +  121  000 

Mouvement  propre  télescopique  de  C  du  Toucan,  d'après  Ëlkin 163  ÎDOO 

—  --             —          de  1830  Groombridge  d'après  Bail 333  000 

Gonaète  de  Halley  au  périhélie , 393  000 

Tempête  de  l'atmosphère  solaire,  d'après  Young 402  000 

La  grande  comète  de  1882  au  périhélie,  d'après  Schiaparelli 480  000 

—  ^           1843  au  périhélie,  d'après  R.  S.  Bail 521  000 

Vitesse  qu*il  faudrait  imprimer  à  un  corps  à  la  surface  du  Soleil  pour 

le  projeter  hors  de  l'attraction  solaire,-  d'après  Flammarion 608  000 

Éruption  solaire,  d'après  Secchi 90O600 

Électricité  :  fil  télégraphique  sous-marin 4  000  000 

Gourant  voltaîque  dans  un  circuit  télégraphique. 1 1 690  000 

Courant  d'induction 18  400  000 

Électricité  :  fil  télégraphique  aérien 36  000  000 

Éclairs  dans  une  tache  solaire,  d'après  Peters  (Naples,  1845) 200  000  000 

Vitesse  de  la  lumière,  d'après  Cornu 300000000 

Gourant  électrique  provenant  de  la  décharge  d'une  bouteille  de  Leyde 

dans  un  fil  de  cuivre- de  0-,0017  de  diamètre 463  500000 

CALCULS  RELATIFS  A  LA  PESANTEUR. 

Chute  d'un  corps  à  la  surface  de  Mars 3*,43 

—  —  —            Vénus 4,41 

—  —  —            Neptune 4  ,67 

—  —  —            Mercure 5  ,28 

—  —  —            Uranus 10  ,30 

—  —  —            Saturne.., 10,80 

—  —  —            Jupiter 24,47 

—  —  —      du  Soleil 269,77 

Chute  d'un  corps  à  la  surface  de  la  Terre  après  1  seconde  de  chute 9  ,81 

—  —                —                   —        après  2  secondes  de  chute 19  ,62 

—  —                —                   —        après  une  chute  de  50  mètres 31,33 

—  —                 —                    ~       après  une  chute  de  100  mètres 44  ,29 

—  —                —                   —       après  une  chute  de  200  mètres 6i  ,63 

—  —                —                   —       après  une  chute  de  300  mètres 76  ,72 

Chute  d'un  corps  après  10  secondes  de  chute 98  ,09 

Vitesse  qu'il  faudrait  imprimer  à  un  corps  pour  le  projeter  hors  de  l'attraction 

delà  Lune,  d's^irès  L^lace 2  396 

Vitesse  théorique  d'un  corps  qui  arriverait  au  centre  de  la  Terre  après  une 

chute  de  19-10',  d'après  Flammarion 9  546 

Vitesse  qu'il  faudrait  imprimer  à  un  corps  pour  le  projeter  hors  de  l'attraction 

de  la  Terre,  d'après  Flammarion 11  700 

James  Jackson. 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS. 

NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS. 


271 


Nuages  singnUers.  —  J'ai  constaté,  le  24  avril  dernier,  un  phénomène  météo- 
rologique qui  mérite,  je  crois,  d'être  signalé  dans  la  Revue. 

Ce  jour-là,  le  temps  avait  été  beau  toute  la  matinée.  Dans  l'après-midi,  le  ciel 
devint  nuageux  (cirri-cumuli),  et  le  soir,  avant  7^30™,  heure  à  laquelle  commence 
le  phénomène,  des  nuages  de  formes  différentes  couvraient  le  ciel  en  tous  sens. 
A  1^  35",  l'horizon  Nord-Ouest  s'éclaircit  presque  subitement  sur  une  longueur 
de  25»  environ  sur  15o  de  hauteur  formant  demi-lune,  et,  en  fort  peu  de  temps, 

Fig.  93. 


je  vis  tous  les  nuages,  de  1  Ouest  à  l'Est  et  jusqu'au  zénith,  se  séparer  et  prendre 
la  forme  conique.  La  pointe  tronquée  vers  le  point  de  convergence,  le  Nord-Ouest. 
C'était  alors  un  immense  éventail,  composé  de  dix-huit  pièces,  dix-huit  nuages 
gris-foncé,  à  l'exception  des  deux  du  milieu,  très  noirs  et  composés  de  cirri  super- 
posés, conservant  néanmoins  dans  l'ensemble  la  forme  allongée  des  autres.  Ces 
deux-là  atteiignaient  le  zénith;  les  autres,  d'ailleurs,  do  même  longueur  et  les 
deux  formant  les  côtés  de  l'éventail  rasant  l'horizon.  Entre  tous  ces  nuages,  se 
touchant  presque,  le  fond  du  ciel  était  plutôt  gris  que  clair.  Vent  Nord-Est  assez 
fort.  Baromètre  tombant  de  757  le  matin  à  750  à  l'heure  du  phénomène,  lequel 
persista  ainsi  une  demi-heure. 

Mais  rien  de  bien  extraordinaire  encore  jusqu'ici;  cette  orientation  des  nuages 
n'est  pas  rare.  Le  plus  curieux  est  ce  qui  se  produisit  eusuite. 

A  8*»,  voyant  les  nuages  se  déformer,  j'allais  me  retirer,  lorsque  je  m'aperçus 
que  ces  mêmes  nuages  se  déplaçaient  tout  d'une  pièce.  Ceux  qui  formaient  la 
moitié  Ouest  de  l'éventail  s'ei^  allant  converger  vers  Sud-Ouest,  où  s'était  produite 
une  éclaircie  horizontale,  comme  tout  à  l'heure  au  Nord-Ouest.  Un  nouvel  éven- 
tail se  formait  avec  le  concours  de  nuages  venus  du  Sud.  Les  lamelles  inférieures 


•272  L'ASTRONOMIE. 

de  celui-ci  étaient  plus  étroites  que  dans  le  premier  et  conséquemment  plus  nom- 
breuses en  approchant  de  Thorizon. 

En  même  temps,  un  semblable  phénomène  se  produisait  à  TEst  de  la  même 
façon,  mais  tous  deux  ne  durèrent  que  15  à  18  minutes. 

La  direction  du  vent  n'avait  pas  changé,  et,  avant  9^,  les  nuages  n'avaient  plas 
de  formes  régulières. 

J.  QUÉLIN, 
Directeur  de  l'Observatoire  populaire  des  Ponts-de-Cé. 

Taches  solaires  visibles  à  Tœil  nv.  — -  Deux  taches  solaires  étaient  visibles 
à  l'œil  nu  le  H  juin  dernier  ;  M.  Maurice  Jacquot  au  Havre,  M.  A.  Gunziger  en 
Angleterre,  MM.  Bruguière  et  Lihou  à  Marseille  les  ont  suivies  avec  soin  et  en 
ont  adressé  d'excellentes  descriptions  à  la  direction  de  la  Revue.  Nous  publierons 
prochainement  la  curieuse  allure  de  la  décroissance  de  Tactivlté  solaire. 

Iinenrs  crépusculaires,  aurores  ]>or6ales,  taches  solaires.  —  On  a  remar- 
qué à  Juvisy,  au  Havre,  à  Orgères,  à  Orléans,  à  Argentan  à  Marseille,  etc,  au 
milieu  de  juin,  notamment  le  12»  une  nouvelle  recrudescence  dans  les  lueurs 
crépusculaires.  Notre  correspondant  du  Havre,  M.  Jacquot,  qui  observe  assidû- 
ment les  taches  solaires,  émet  l'idée  que  peut-être  ces  lueurs  ont  été  prolongées 
par  des  aurores  boréales.  Or,  on  nous  écrit  précisément  d'Amsterdam  que  préci- 
sément le  12,  a  après  un  coucher  de  soleil  splendide  et  d'une  incandescence  rare 
dans  les  pays  du  nord  »  une  magnifique  aurore  boréale  a  illuminé  Thorizon 
pendant  toute  la  nuit,  c'est-à-dire  de  10*»  à  2*».  Ce  même  jour  une  énorme  tache 
solaire  était  visible  à  l'œil  nu.  Il  y  a  là  une  coïncidence  remarquable  constatée 
par  deux  correspondants  de  l'Astronomie,  Tun  au  Havre,  l'autre  à  Amsterdam 

Fausse  alerte.  —  Le  15  juin  dernier,  nous  recevions  la  dépêche  suivante,  datée 
de  Praïa  San  Thiago . 

«  Bruit  court  que  vous  avez  prédit  un  tremblement  de  terre  qui  ferait  dispa- 
raître une  partie  des  îles  du  Cap  Vert.  Population  consternée.  Chargé  de  m'infor- 
mer  si  vous  avez  fait  semblable  pronostic.  » 

«  HiPOLITO  Andrade.  » 

Nous  avons  répondu  que  jamais  nous  n'avions  rien  annoncé  de  pareil,  que 
d'ailleurs  personne  ne  peut  connaître  d'avance  l'arrivée  d'un  tremblement  de 
terre,  et  que  par' conséquent  les  craintes  des  habitants  des  îles  du  Cap  Vert  sont 
entièrement  chimériques.  Quelle  peut  être  l'origine  de  cette  funèbre  prédiction? 
On  nous  intéresserait  en  nous  l'apprenant.  Déjà,  il  y  a  quelques  années  (Voir  la 
Revue,  1883,  N®  106),  on  nous  avait  fait  annoncer  dans  l'Amérique  du  Sud  et  à  Tîle 
de  la  Réunion,  l'arrivée  d'une  grande  comète  qui  devait  rencontrer  la  Terre  sur 
son  passage.  Nous  nous  sommes  empressé  de  démentir  ce  bruit  dès  qu'on  nous 
l'eût  fait  connaître.  Mais  à  peine  notre  démenti  était-il  publié  que  la  grande 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  273 

comète  de  1882  faisait  effectivement  son  apparition  sur  Thémisphère  austral. 
Malgré  tout,  on  a  persisté  à  croire  que  nous  Tavions  annoncée. 

Espérons  qu'il  n'en  sera  pas  de  même  cette  fois-ci  pour  un  tremblement  de 
terre  des  îles  du  Cap  Vert.  C.  F. 

La  Terre  et  rHomme.  —  Dans  une  note  bien  curieuse  et  bien  originale 
{Astronomie,  .1884,  p.  267)  on  compare  les  traditions  des  indigènes  de  Bantam  avec 
celles  des  anciens  Grecs.  Voulez-vous  me  permettre  de  compléter  ce  renseigne- 
ment? Atlas  est  plutôt  le  porte  ciel  que  le  porte  terre  : 

Gœlifer  Atlas 
Axem  humero  torquet  stellis  ardentibus  aptum. 

{Enéide,  VI,  796.) 

Mais  les  volcans  et  les  hautes  montagnes  (de  Sicile)  ont  en  quelque  sorte  pour 
base  le  corps  foudroyé  d'un  géant  (Eryx,  Encelade).  Ces  géants,  las  de  reposer  suf 
un  côté,  se  retournent  parfois,  et  ,en  se  retournant,  ébranlent  les  montagnes  : 

Fama  est  Enceladi  semiustum  fulmine  corpus 
Urgeri  mole  bac,  ingentemque  insuper  ^tnam 
Impositam  ruptis  flammam  exspirare  caminis, 
£t  fessum  quoties  mutât  latus,  intremcre  omnem 
Murmure  Sicaniam  et  cœlum  subtex^re  fume. 

{Enéide,  III,  580.) 

Tout  y  est  :  le  géant  qui  porte  la  montagne,  «  ^tnam  insuper  impositam  »,  dont 
les  mouvements  «  mutât  latus  »  produisent  les  tremblements  de  terre  «  intre- 
mere  »,  les  bruits  souterrains  «  murmure  »,  et  l'éruption  «  cœlum  subtexere 
fumo.  i> 

On  ne  peut  accuser  Virgile  d'avoir  copié  les  indigènes  de  Java  :  il  n'a  fait  que 
transcrire  fidèlement,  comme  toujours,  les  légendes  grecques  ou  pélasgîques. 

Mais  quelle  conclusion  en  tirer? 

Pendant  que  FAstronomie  nous  montre  Tunité  physique  et  chimique  du  monde, 

la  comparaison  entre  les  légendes  des  peuples  nous  donne  une  preuve  de  plus  de 

Tunité  de  l'esprit  humain  :  unité  partout,  mais  dans  quelle  admirable  et  infinie 

variété  ! 

Un  lecteur  assidu  de  l'Astronomie, 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES 

A  FAIRE  DU  15  JUILLET  AU  15  AOUT  1885. 

Dans  notre  article  du  mois  de  juin  (p.  235),  à  propos  du  commencement  des 
saisons,  nous  avons  signalé  la  différence  qui  existe  entre  les  chiffres  de  la 
Connaissance  des  Temps  et  ceux  du  Nautical  Almanac,  et  nous  avons  accusé 
les  calculateurs  du  Bureau  des  Longitudes  de  s'être  servis  de  la  publication  anglaise 
pour  leurs  opérations.  M.  le  Président  du  Bureau  des  Longitudes  a  adressé  sur  ce 


274  L'ASTRONOMIE. 

point  à  la  Direction  de  la  Revue  une  rectification  que  nous  nous  empressons 
d'insérer. 

Monsieur  le  Directeur, 

Dans  le  n»  6  (juin)  de  l'Astronomie,  je  lis  des  critiques  mal  fondées  à  l'adresse 
du  Bureau  des  Longitudes,  de  son  Annuaire  et  de  la  Connaissance  des  Temps. 
Ces  critiques  résultent  de  la  confusion  que  l'auteur  de  l'article  a  faite  entre  les 
longitudes  du  Soleil  qui  sont  données  dans  la  Connaissance  des  Temps  pour  188j, 
p.  36-44,  sous  les  titres  Équinoxe  moyen  et  Équinoxe  apparent.  Ce  sont  les 
secondes  longitudes  et  non  les  premières  qui  doivent  servir  au  calcul  deTiastant 
où  commence  chaque  saison. 

J'espère  qu'il  suffira  de  vous  signaler  cette  méprise  pour  que  vous  vous  em- 
pressiez de  la  reconnaître  dans  le  prochain  numéro  de  votre  Revue,  et  de  déclarer 
qu'aucune  erreur  n'est  à  relever  à  ce  sujet  dans  la  Connaissance  des  Temps  ni 
dans  VAnnuaire. 

Agréez,  Monsieur  le  Directeur,  l'expression  de  mes  sentiments  les  plus  distingués. 

Le  Président  du  Bureau  des  Longitudes, 
H.  Faye. 

Principaux  oitfets  oélesCes  en  évidence  pour  robserration. 

1o  CIEL  ÉTOILE  : 

Pour  l'aspect  du  Ciel  étoile  durant  cette  période  de  l'année,  il  faut  se  reporter 
soit  aux  cartes  publiées  dans  la  première  année  de  la  Revue,  soit  aux  descrip- 
tions données  dans  Les  Étoiles  et  les  Curiosités  du  Ciel  (p.  594  à  635).  La  lon- 
gueur des  jours  décroissant  déjà  rapidement  ainsi  que  la  durée  du  crépuscule, 
les  observations  astronomiques  deviennent  plus  agréables  et  plus  faciles,  sur- 
tout durant  les  douces  soirées  d'août. 

2»  SYSTÈME  SOLAIRE  : 

Soleil.  —  Le  15  juillet,  le  Soleil  se  lève  à  4*»  14™  du  matin  et  se  couche  à 
7*»57«  du  soir;  le  i*»"  août,  le  lever  a  lieu  à  4*» 35»  et  le  coucher  à  7*»37«;  enfin,  le 
15  août,  l'astre  du  jour  se  montre  au-dessus  de  l'horizon  à  4*>54",  pour  dispa- 
raître à  7'>14«n.'La  durée  du  jour  est  de  15*»  43»»  au  15  juillet,  de  15^2"  au  !«'  août 
et  de  14*»20™  au  15  août.  Du  15  juillet  au  15  août,  les  jours  décroissent  de  40"  le 
matin  et  de  43™  le  soir,  ce  qui  donne  une  diminution  totale  de  1^23™  pour  cet 
intervalle  d'un  mois. 

La  déclinaison  boréale  du  Soleil  continue  à  diminuer  :  elle  est  de  21o29'  au 
15  juillet  et  de  13'' 56'  seulement  au  15  août,  ce  qui  fait  une  diminution  consi- 
dérable de  7o33'. 

Le  solstice  d'été  est  l'époque  où  la  chaleur  solaire  possède  son  maximum  d'ac- 
tion, puisque  le  Soleil  atteint  alors  sa  plus  grande  hauteur  aurdessus  de  l'horizon; 
mais  ce  moment  ne  coïncide  pas  avec  les  plus  grandes  chaleurs  de  l'année.  En 
eflfet,  plus  le  sol  s'échauffe  par  pénétration  des  rayons  solaires,  plus  aussi  il  se 
refroidit  par  rayonnement,  durant  le  jour  et  durant  la  nuit.  Or.  au  solstice  d'été, 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES. 


275 


il  n'y  a  pas  encore  équilibre  entre  le  gain  et  la  perte.  Jusqu'au  15  juillet,  bien 
que  la  quantité  de  chaleur  reçue  aille  en  diminuant,  le  gain  reste  sans  cesse 
supérieur  à  la  perte.  Puis  l'équilibre  établi  se  maintient  jusqu'au  20  juillet,  pour 
se  rompre  ensuite  au  profit  des  pertes  journalières  causées  par  le  rayonnement. 
Dans  nos  climats  tempérés,  le  mois  le  plus  chaud  de  Tannée  est  le  mois  de 
juillet,  de  sorte  que  le  véritable  été  correspond  aux  mois  de  juin,  juillet  et  août. 
Lune.  —  Ce  n'est  guère  que  vers  les  époques  du  Premier  et  du  Dernier  Quar- 
tier que  la  Lune  se  présente  dans  de  bonnes  conditions  pour  l'observation;  dans 
le  voisinage  de  la  Pleine  Lune,  le  26  juillet,  la  hauteur  de  notre  satellite  n'est 
que  de  25o30'  au-dessus  de  l'horizon  de  Paris,  lors  du  passage  au  Méridien.  Rap- 
pelons qu'une  lunette  astronomique,  de  moyenne  puissance,  est  indispensable 
pour  l'étude  si  intéressante,  si  captivante  de  la  surface  lunaire. 


Phases. 


(  PQ  le  19  juillet,  à    0''29-  matin. 
*'     PL  le  27      »      à   2  32        » 


DQ  le    3  août,  à  10''  5-  soir. 
NL  le  10     »      à  0  23       » 


Occultations  et  appulse  visibles  à  Paris. 

Deux  occultations  et  une  appulse  seront  visibles  à  Paris,  dans  la  première 
moitié,  du  15  juillet  au  15  août  1885. 

f  m  Vierge  (6*  grandeur),  le  18  juillet,  de  10*$0-  à  10M8-  du  soir.  L'étoile  s'éteint 
en  un  point  situé  à  6*  à  gauche  du  point  le  plus  élevé,  dans  la  partie  obscure  du  disque 
de  la  Lune,  et  réapparaît  en  un  autre  point  placé  à  43*"  au-dessus  du  point  le  plus  occi- 
dental, dans  la  partie  éclairée.  Cette  occultation,  qui  est  représentée  (fig,  94  pour  Paris, 


FlR.  04. 


Fig.  95. 


Occultation  de  m  Vierge  par  la  Lune, 
le  18  juillet,  de  lOi^-iO-  à  10'»48«  du  eoir. 


Appulse  de  29  Ophiuchus, 
le  22  juillet,  à  il'»!- du  soir. 


pourra  être  observée  dans  la  plus  grande  partie  de  l'Europe  occidentale.  A  Londres,  le 
phénomène  n'aura  qu'une  durée  de  17". 

2"  o'  Balance  (u-5  grandeur),  le  20  juillet,  de  li''ii-  à  12'*  16"  du  soir.  Cette  seconde 
composante  de  la  double  o  sera  occultée  par  le  disque  de  la  Lune.  Elle  disparaîtra  dans 
la  partie  obscure  du  disque^  à  40*  au-dessus  du  point  le  plus  à  gauche  (Est)  et  réappa- 
raîtra dans  la  partie  éclairée,  à  ?•  au-dessous  du  point  le  plus  à  droite  (Ouest).  A  Paris 


276  L'ASTRONOMIE. 

la  sortie  de  l*étoile  ne  sera  pas  observable,  attendu  que  la  Lune  sera  depuis  une  minute 
au-dessous  de  l'horizon.  Mais  dans  Touest  de  la  France,  la  fin  du  phénomène  pourra 
être  observée,  de  môme  qu'à  Greenwich. 

3»  29  Ophiuchus  (6*  grandeur),  le  22  juillet,  à  11''  1"  du  soir.  A  Paris,  il  y  auraappulse 
et  Tétoile  ne  fera  que  frôler  le  bord  lunaire  (voir  la  fig,  95),  en  un  point  situé  à  20*  à 
gauche  et  au-dessus  du  point  le  plus  bas.  La  distance  minimum  ne  sera  alors  que  de 
(y,l.  Mais  au  nord  de  la  capitale,  même  à  très  faible  distance,  il  y  aura  occultation 
complète,  et  la  durée  de  la  disparition  de  Tétoile  sera  d'autant  plus  considérable  que 
l'astronome  sera  plus  éloigné  de  l'Observatoire  national.  A  Londres,  le  phénomène  ne 
durera  pas  moins  de  30". 

Occultations  diverses. 

Les  lecteurs  de  Y  Astronomie  qui  habitent  les  diverses  parties  de  la  Terre 
pourront  encore  observer  les  importantes  occultations  suivantes  : 

!•  (Jranus,  le  16  juillet,  vers  12'"  du  soir.  Les  latitudes  extrêmes  des  lieux  entre  les- 
quels l'observation  pourra  être  faite  sont  2»B  et  75*  A. 

2*  p*  Capricorne  (3*  grandeur),  le  26  juillet,  à  II*"  du  soir.  Les  limites  de  latitude  sont 
4-A  et69«A. 

3»  Aldébaran  (1"  grandeur),  le  5  août,  vers  S*»  du  soir.  Cette  curieuse  occultation 
pourra  être  observée  dans  le  Mexique,  les  États-Unis  et  la  Nouvelle-Bretagne. 

i*  Uranus,  le  13  août,  vers  11*"  du  matin,  temps  moyen  de  Paris.  L'observation  pourra 
être  faite  dans  Tlndo-Chine  et  l'archipel  de  la  Sonde. 

Le  25  juillet,  à  9^  du  matin,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  apogée  : 
405 500^°»;  diamètre  lunaire  =  29'27'6. 

Le  9  août,  à  10^  du  matin,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  périgée  : 
358400»^;  diamètre  lunaire  =  33' 19' 6. 

Mercure.  —  Cette  brillante  et  rapide  planète  continue  à  se  présenter  dans  des 
conditions  assez  bonnes  pour  Tobservation,  dans  notre  hémisphère.  Mais  les 
astronomes  de  Thémisphère  sud  seront  beaucoup  mieux  favorisés  que  nous,  car 
ils  pourront  voir  la  planète  près  de  deux  heures  après  le  coucher  du  Soleil.  Le 
plus  souvent,  une  jumelle  marine  sera  nécessaire  pour  bien  distinguer  Mercure 
dans  le  Ciel  de  FOccident. 

Jours.  Passage  Méridien .  Coucher.  Différence  Soleil.    ConstellatioB. 

17  Juillet l''30-  soir.  8»'59'"  soir.  1»»  4-  Cancbr. 

21        »      1  39         »  8  55         u  14  Lion. 

25        »      1  45          «  8  48         »  12  » 

29       »      1  49         »  8  41         »  10  » 

1"  Août 1  50         «  8  33         »  0  56  • 

5        0      l  49         »  8  21  «  0  50 

7       »      1  48         u  8  15         .  0  48  •> 

9       »      1  45         î»  8    8         »  0  44  • 

Du  15  juillet  au  15  août,  le  mouvement  de  Mercure  ne  cesse  d'être  direct.  Le 
6  août,  à  3*»  du  matin,  cette  planète  atteindra  sa  plus  grande  élongatîon  orientale: 
27o21'.  Malgré  cette  élongation  importante,  nous  ne  voyons  Mercure  que  pendant 
une  heure.  Cela  tient  à  ce  que  la  déclinaison  boréale  de  cet  astre  est  inférieure 
de  plus  de  8<>  à  celle  du  Soleil. 

Le  17  juillet,  à  2^  de  l'après-midi.  Mercure  et  Vénus  seront  en  conjonction,  à 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  277 

la  faible  distance  de  11'.  Le  soir,  on  pourra  reconnaître  les  deux  astres  dans  le 
champ  d'une  même  lunette,  Mercure  au  sud  de  Vénus.  Le  26  juillet,  à  1^  du 
matin,  nouvelle  conjonction  :  Mercure  se  trouvera  à  12'  au  sud  de  l'étoile  de  pre- 
mière grandeur,  Régulus  du  Lion.  Le  4  août,  autre  conjonction  avec  Jupiter,  la 
planète  étant  visible  à  2od2'  au  sud  du  géant  de  notre  système  solaire.  Enfin,  le 
B  août,  seconde  conjonction  de  Mercure  et  de  Vénus,  VÉtoile  du  Berger  se  mon- 
trant à  3o42'  au  sud  du  rapide  Mercure. 

On  peut  donc  remarquer  que,  pendant  trois  semaines  au  moins,  quatre  astres 
des  plus  brillants  :  Mercure,  Vénus,  Jupiter  et  Régulus  seront  visibles  dans  un 
coin  très  restreint  du  Ciel,  peu  après  le  coucher  de  Tastre  du  Soleil.  C'est  là  un 
fait  très  rare  et  dont  les  lecteurs  de  la  Revue  devront  se  hâter  de  profiter.  Une 
jumelle  marine  sera  nécessaire  chaque  soir. 

Le  {•'  août,  le  diamètre  de  Mercure  est  de  6'8;  sa  distance  à  la  Terre  de 
142  millions  de  kilomètres  et  sa  distance  au  Soleil  de  65  millions  de  kilomètres. 

VÉNUS.  —  Vénus  se  rapproche  rapidement  de  nous.  Du  15  juillet  an  15  août, 
cette  planète  se  couche  sensiblement  une  heure  après  le  Soleil.  Elle  parait  sta- 
tionnaire.  Il  est  très  facile  de  l'apercevoir,  malgré  la  lueur  crépusculaire,  peu 
après  la  disparition  du  Soleil. 

Joars.  Passage  Méridien.              Goacber.              Différence  Soleil.     Constellation. 

17  Juillet l^aO-  soir.  O»"  0-  soir.  l""  5-  Gancbr. 

20       p      1  32         »  8  57         »  15  Lion. 

23        »      1  35          «  8  53         -  15  » 

26       p      l  37         »  8  49         ».  t    4  » 

29       »      1  40         »  8  45         -  14  » 

!•'  Août 1  42         H          .  8  40         .  13  » 

4        .      1  44         »  8  35         ^  13  p 

7        »      1  46         p  8  30         p  13  p 

10       p      1  47         p  8  25         p  13  p 

13        p      1  49         p  8  19         p  12  p 

Comme  celui  de  Mercure,  le  mouvement  de  Vénus  est  direct.  Le  28  juillet, 
à  3*»  du  matin,  conjonction  de  Régulus  et  de  Téclatante  Vesper^  celle-ci  étant 
à  1®4'  au  nord  de  l'étoile  de  première  grandeur.  Le  6  août,  à  7'»  du  matin,  con- 
jonction de  ÏÉtoile  du  Berger  avec  Jupiter;  la  distance  des  deux  astres  est  de 
26'  seulement.  Le  8  août,  à  5*»  du  soir,  conjonction  de  Vénus  et  de  Mercure. 
Quatrième  conjonction  de  la  planète  le  12  août,  à  midi;  Vénus  se  trouvera 
&  2ol3'  au  nord  de  la  Lune. 

Le  l«'août,  le  diamètre  de  Vénus  est  de  11';  sa  distance  à  la  Terre  est  de 
225  millions  de  kilomètres  et  de  107  millions  de  kilomètres  du  Soleil. 

Mars.  —  Cette  planète  est  de  plus  en  plus  facile  à  trouver  le  matin,  dans  le 
ciel  de  TOrient,  à  travers  les  constellations  du  Taureau  et  des  Gémeaux. 

Joars.  Lever.  Passage  Méridien.  Constellation. 

17  Juillet l''33"  matin.  9'' 35-  matin.  Taureau. 

21         »      1  27         p  9  31         p  « 

25  p      1  22         »  9  27         »  « 

29         118         p  9  23         »  p 


278  L'ASTRONOMIE. 

Jonrs.  Lever.  Passage  Méridien.  Gonstellatioii. 

2  Août l*»  13"       »  9»»  19"       »  GÉMEAUX. 

6      »     19         »  9  15         »  » 

10      »     16         >i  9  11         »  » 

14  »     ..  11         i)  9    6         »  » 

Le  mouvement  de  Mars  est  toujours  direct  et  dirigé  vers  TEst.  Le  21  juillet, 
on  distinguera  la  planète  à  2o30'  au  nord  de  Ç  Taureau.  Le  6  août,  au  soir,  Mars 
se  trouvera  à  lol6'  au  nord  de  l'étoile  de  3«  grandeur,  jjl  Gémeaux,  et  à  lo20'  au 
nord  de  Saturne.  Le  7  août,  au  matin,  on  pourra  placer  les  trois  astres  dans  le 
champ  d'une  même  lunette. 

Le  !•»*  août,  le  diamètre  de  Mars  est  de  5*2;  la  distance  de  la  planète  à  la 
Terre  est  de  319  millions  de  kilomètres  et  de  224  millions  de  kilomètres  du 
Soleil. 

Petites  planètes.  —  Cérès  est  encore  facile  à  reconnaître  dans  la  Vierge, 
au-dessous  et  dans  le  voisinage  de  Ç,  étoile  de  3-5  grandeur.  Mais  la  petite  pla- 
nète s'éloigne  de  nous  et  va  bientôt  cesser  d'être  visible. 

Jours.  Passage  Méridien.  Coucher  de  Gérés.  ConsteUation 

15  Juillet 5'»34*    soir.  11»» 41"  matin.  Vierqb. 

20      »      5  19         »  11  22         >»  » 

25      »      5    4  »  11    4  »                       « 

30      «      4  50  •    I»  10  45 

4  Août 4  36  »  10  27  « 

9      »    4  22  »  10    9  >' 

14      »     4    8  »  9  51  »                       » 

Le  mouvement  de  Cérès  est  toujours  direct,  dans  le  sens  du  Sud-Est.  Le 
4  août,  la  petite  planète  sera  en  conjonction  avec  Ç  Vierge,  à  2o37'  au  sud  de 
l'étoile. 

Le  l*»»"  août,  Cérès  est  éloignée  de  la  Terre  de  416  millions  de  kilomètres  et  de 
398  millions  de  kilomètres  du  Soleil. 

Coordonnées  au  20  juill.  :    Ascension  droite...    ISi^lS".    Déclinaison...     0*  2  S. 
p  9  août  :  »  »  13  47  »  3  29  S. 

Pallas  est  aisée  à  découvrir,  avec  une  jumelle  marine,  dans  la  chevelure  de 
Bérénice,  puis  dans  la  Vierge.  Gomme  la  précédente,  il  faut  se  hâter  de  l'étudier, 
avant  sa  complète  disparition,  un  peu  au  nord  de  s  Vierge,  étoile  de  3«  grandeur. 

Jours.  Passage  Méridien.  .         Coucher  de  Pallas.  ConstellatioB. 

20  Juillet 4''52-  soir.  O"»  15-  matin.    Chev.  de  Bérésicb. 

25       »      4  39  »  11  59         »  » 

30       «      4  26  »  11  42         I)  » 

4  Août 4  13  »  1126         »  Vierge. 

9      »    4    0  »  11    9         »  » 

14      »    3  48  »  10  54         »  » 

Pallas  continue  son  mouvement  direct  vers  le  Sud-Est. 
Le  1«'  août,  la  distance  de  Pallas  à  la  Terre  est  de  437  millions  de  kilomètres 
et  sa  distance  au  Soleil  est  de  490  millions  de  kilomètres. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  279 

Coordonnées  au  29  Juin.  :    Ascension  droite...     12'' 46*.    Déclinaison..     16M0'  N. 
»  9  Août  :  »  »  13  13  »  13  50   N. 

Junon  continue  sa  marche  dans  la  constellation  de  la  Vierge,  un  peu  au  nord 
et  dans  le  voisinage  de  Cèrès,  à  la  distanc,e  de  3«>  à  4^  au  plus.  Du  15  au  22  juillet, 
elle  séjourne  auprès  de  Ç  Vierge. 

Jours.  Passage  Méridien.  Coocher  de  Janon.  Constellation. 

20  Juillet 5'»42-    soir.  11»'49'"    soir.  Vierge. 

25  »      5  26         «  11  31         »  )» 

30  »      5    9         u  11  12         »  M 

4  Août 4  53         »  10  54         -  » 

9      »     4  37         »  10  36         »  » 

14  »     422         »  10  19         i»  » 

La  marche  de  Junon  est  toujours  directe. 

La  distance  de  Junon  à  la  Terre  est' de  505  millions  de  kilomètres,  au  1"  août, 
et  de  493  millions  du  Soleil. 

Coordonnées  au  20  juin.  :    Ascension  droite...    13''36-.    Déclinaison...      0*51' N. 
»  9  août   :  »  »  13  50  »  0  59  N. 

Vesta,  sera  observable  avec  une  jumelle  marine  dans  la  constellation  du  Tau- 
reau. Du  19  au  31  juillet,  elle  passera  au  travers  des  Hyades,  au  nord  de  y,  6  et 
a  et  au  sud  de  S  et  e. 

Jours.  Lever  de  Yesta.  Passage  Méridien.  Constellation. 

16  Juillet 1"»  12-  matin.  8"* 31"  matin.  Taureau. 

21  »      0  58         »  8  19        »  » 

26  »      0  44         •  8    6         » 

31  »      0  31  »>  7  54         »  » 

5  août 0  17         »  7  42         »  » 

10      »     0    3         »>  7  29         »  » 

Le  20  juillet,  à  2*»  du  matin,  Vesia.  sera  visible  à  41'  au  nord  de  Fétoile  de 
4«  grandeur  y  Taureau.  Le  30  juillet  au  matin,  la  petite  planète  sera  en  coiyonc- 
tion  avec  Aldéba.ra.n  dont  elle  ne  sera  éloignée  que  de  16'. 

Le  mouvement  de  Vesta  est  toujours  direct. 

Le  !«'  août,  Vesta  est  distante  de  431  millions  do  kilomètres  de  la  Terre  et  de 
378  millions  de  kilomètres  du  Soleil. 

Coordonnées  au  20  juillet  :    Ascension  droite. . .      4'*  14".    Déclinaison. . .    16*  3'  N. 
»  9  août     :  »  »  4  44  »  17    2  N. 

Jupiter.  —  Cette  brillante  planète  continue  à  s'éloigner  de  Régulus  et  à  se 
montrer  chaque  soir  dans  le  ciel  de  TOccident.  On  pourra  la  voir  dans  le  voisi- 
nage de  Régulus,  de  Mercure  et  de  Vénus.  Jupiter  va  bientôt  disparaître  derrière 
le  Soleil. 

Joart.  Passage  Méridien.  Goncher.  Constellation. 

15  Juillet 2*54-    soir.  9''  48-    soir.  LrON. 

19       »      2  41         »  y  33         »  » 

23       »      2  29         »  9  19         »  » 

27  »      2  16         »  9    5         »  » 


280  L'ASTRONOMIE. 

Joan.  Pasf^ge  Méridien.  Cooclier.  Constellation. 

31  Juillet 2*"  3-    soir.  8''51"'    soir.  Lion. 

3  Août i  54         »  8  40         »  » 

7      »     1  41  .•  826         • 

Il      »     1  28         »  8  12         »  » 

La  marche  de  Jupiter  est  encore  directe. 

Le  l**"  août,  le  diamètre  de  la  planète  est  de  29' 4;  sa  distance  à  la  Terre  de 
930  millions  de  kilomètres  et  du  Soleil  de  802  millions  de  kilomètres. 

L'observation  des  éclipses  des  Batellites  de  Jupiter  est  devenue  impossible. 

Saturne.  —  Saturne  redevient  visible  dans  les  Gémeaux,  le  matin,  à  rOrient. 
Deux  conjonctions  fort  curieuses  seront  observables  :  le  20  juillet,  Saturne  db 
sera  distant  de  Tétoile  de  3-5  grandeur,  y)  des  Gémeaux,  que  de  30'.  A  la  simple 
vue,  rétoile  et  la  planète,  qui  sera  au  sud,  confondront  leurs  rayons;  une  lunette 
astronomique  munie  d'un  fort  oculaire  devra  être  employée  pour  séparer  les 
deux  astres.  Le  5  août,  vers  5*>  du  soir,  l'on  apercevra  Saturne  à  4'17'  au  sud  de 
jA  Gémeaux,  belle  étoile  de  3«  grandeur.  , 

Jonri.  '                             Lever.  Passage  Méridien.  ConatellaUon. 

16  Juillet 2^31-  matin  10*28-  matin.  Gémeaux. 

21       »      2  t4         »  JO  11         »  » 

•  26       » 1  57         »                   9  54         «  » 

31       »      1  40         »'                   9  37         »  ■ 

4  Août 1  26         *•                   9  23         »  » 

9     » 19         »                   9    6         u  » 

14      »     0  51         »  8  48         «  I) 

Le  l^''  août,  le  diamètre  de  Saturne  est  de  15'4  ;  sa  distance  à  la  Terre  est  de 
1454  millions  de  kilomètres,  et  au  Soleil  de  1336  millions  de  kilomètres. 

Uranus.  —  Cette  planète  ne  se  coucbe  plus  que  deux  heures  après  le  Soleil,  à 
la  fin  de  juillet,  et  par  suite  devient  presque  impossible  à  découvrir. 

3«  ÉTOILES  FILANTES  : 

Tous  les  ans,  du  26  au  29  juillet,  on  remarque  un  riche  courant  de  météores 
avec  des  centres  d'émanation  répandus  sur  toutes  les  parties  de  la  sphère  céleste. 
Dans  nos  latitudes  boréales,  aucune  de  ces  sources  ne  se  distingue  d'une  ma- 
nière particulière;  mais  les  habitants  de  Thémisphère  austral  aperçoivent,  au  sud 
de  Fomalhaut  du  Poisson  austral,  un  point  radiant  d*où  se  sont  répandus,  en  1840 
et  en  1865,  une  multitude  de  ces  projectiles  lumineux. 

C'est  du  9  au  14  août  qu'apparaît  le  plus  riche  essaim  de  corpuscules  qui  a 
pris  le  nom  de  Larmes  de  Saint-Laurent;  en  l'honneur  du  saint  dont  la  fête  se 
célèbre  à  cette  date  de  l'année.  Le  nombre  des  points  de  divergence  visibles  est 
très  élevé  et  atteint  le  chiffre  de  40.  Les  centres  d'émanation  sont  un  point  voisin 
de  ti  Persée,  ce  qui  leur  a  fait  donner  le  nom  de  Perseïdes.  Il  existe  d  autres 
centres  :  entre  ?  Cassiopée  et  o  Andromède,  8  et  6  du  Cygne. 

Eugène  Vimont. 


A.  BARDOU 

CONSTRUCTEUR  D1NSTRUMENTS  irOPTIQUE 

FOURNISSEUR  DU  MINISTÈRE  DE  LA  GUERRE 

Circulaire  ministérielle  du  29  Juillet  1872. 
55,  me  de  Chabrol,  &  Paris. 


Lunettes  astronomlqnes,  corps  cuivre  avec  chercheur,  tube 
d'oculaire  à  t; lémaillero  pour  la  mise  au  foyer.  Monture  équato- 
riate  à  latituiLe  variable  de  O  à  90«,  cercle  horaire  et  cercle  de 
docLinalson  donnant  la  minute  par  les  verniers;  pince  pour  Axer 
la  lunetlc  en  déclinaison.  Pied  en  fonte  de  fer  reposant  par  trois 
vis  caUintea  sur  trois  crapaudines  {fig.  1). 

L'o^uiairi;  la  plu^  faible  est  muni  d'un  réticule. 


DIAMETRE 
des  cercles. 

»  S 

OCULAIRES. 

il 

SI 

Terres- 
tres. 

Célestes. 

H 

S 

II 

••3 

II 

£ 

S 

o 

«2 

1 

e 

O 

Grossissements. 

s 

•o 

ic 

o  ^ 

iz 

0-,f08 

1°,r,(> 

n™,i5 

0«,18 

1 

80 

3 

100,  100  et  270 

1450 

u-.iaîi 

Ï",£MJ 

()",15 

0-,18 

1 

90 

4 

100,  150,  200  et  4bO 

2500 

Lunettes  astronomlqnes  et  terrestres,  corps  cuivre  aveo 
chcjrohourT  |>iud  fer  et  soutien  de  stabilité  servant  à  dirieer  la 
lunette  par  mouvement  vertical  lent  au  moyen  d'une  crcmail- 
ItTis  tiibo  d'oculaire  à  crémaillère  pour  la  mise  aii  foyer.  L'in» 
Bt  ru  ment  [fiff.  'il\  et  ses  accessoires  sont  calés  dans  une  botte  en 
«apiu  rougo. 


il 

5  . 

■  as 

OCULAIRES. 

H 

S 

275 
360 
465 
650 

Augmentation  pour 

pied  de  rechange  en 

chêne  permettant 

d'observer  debout. 

Terres- 
tres. 

Célestes. 

1 

a 

o 

1 
1 
1 

1 

£g 
21 

o  « 

50 
55 
60 
80 

2 

.o 

1 

2 
3 
3 
3 

Grossissements. 

O-,07;î 

o-.oei 

1»,6() 

80  et  150 
75,  1!?0  et  200 
85,  130  et  240 
100,  160  et  270 

25 
35 
35 
35 

Lonettes  astronomlqnes  et  terrestres,  corps  cuivre,  pied 
rer,  [noiiVÊiucntj^  prompts,  tube  d'oculaire  à  crémaillère  pour  la 
mise  au  foyer.  J /instrument  et  ses  accessoires  sont  cales  dans 
une  boilfl  en  snpin  rouge. 


OCULAIRES. 

Célestes. 


..n^n 

a  V  «•  «i  1 

PR 

IX. 

tion  po 
change 
rmettan 
r  deboo 

.ë 

£■2 

SSg.^ 

•g 

Aagme 

pied  de 

chône 

d'obse 

100 

135 

85 

140 

175 

25 

100 

2-25 

25 

90 

100 

80  et  150 


On  peut  ajouter  et  l'on  ajoute  généralement  à  ces  divers 
modèles  : 

Montnre  &  prisme  pour  ob8er^'er  facilement  an  zénith. 
Prix 86  fr. 

Ecran  pour  examiner  les  taches  du  Soleil.  Prix 15  fr. 


MAISON    LEREBOURS    ET    SECRÉTAN 

G.   SECRÉTAN,   Successeur 
MAGASINS,  13,  place  du  Pont-Neuf.  —  ATELIERS,  54,  rue  Daguerre. 

Les  instruments  équatoriaux  désignés  ci-dessous  sont  des  instruments  complets,  à 
monture  très  stable,  avec  micromètre  de  position,  mouvement  d*horlogerie  isochrone, 
cercles  divisés  sur  argent,  divisions  de  calage,  rappel  dans  le  sens  horaire  sur  la  lunette, 
double  éclairage,  etc.,  etc. 

Pour  les  basses  latitudes,  le  pied  en  fonte  de  l'instrument  aura  la  forme  rectanjru- 
laire  et  le  mouvement  d'horlogerie  âera  logé  dans  le  pied;  pour  les  hautes  latitudes,  lo 

Fied  sera  en  général  une  colonne  ronde  et  le  mouvement  d'horlogerie  sera  adapté  à 
extérieur  de  la  colonne.  —  La  lunette  sera  pourvue  d'un  chercheur  de  grande  ouver- 
ture et  aura  au  moins  trois  oculaires  sans  compter  celui  du  micromètre  et  du  chercheur. 

LuneUfô  qualMiales 

Do    9b""   dbuvcr-      '» 
ture  libro 8.600 

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ture librù. .......  4.000 

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turo  libre. 9.000 


LuHeltei  Diéridiemes 


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De  &&•■•*  do  diamè- 
tre, cercle  dé  11*".. 
De  60""»  avéc  appa- 
reil dû  rctûurnc- 

môQt... ......  1.503 

Cercle  [HGridientOb* 
joelif  de  67-" 
d*oiivertupeî|  très 
complot ,  retour- 
nement   Diécaui- 

que ,,»*. 4.000 

Lu  a  et  Ift  m  urale .  ob- 
jecllf  de  So"" 
d'au  verl  ure  .*....      Ô60 


800 
600 


Appareils  accessoires  pour  les 

réfradeiirs  tnualoriaiiï. 

SpectPoRcopo    Rtei- 

lairede  SeccM... 

Si>oi:tiof^cûpe    À    2 

prisitieB..,  .H,. 

Spetlroscope  avec 
vis  111  kromé  trique 
et  prisme  k  vision 
Uirecle,...- 660 


Spectroscope  à  2  prismes  en  flint  de 
48-»,  objectif  de  27""  et  192""'  de  dis- 
tance focale,  lentille  cylindrique  achro- 
matique,prisme  de  comparaison,  loupe 
pour  observer  l'image  sur  la  fente,  vis 
micrométrique  avec  tambour  divisé  sur 
argent,  second  tambour  servant  àcnre- 

fistrer  les  observations  faites  dans 
obscurité,  arrantrement  jnour  fixer 
avec  facilité  des  tubes  de  ôeisslcr  ou 
despointesmélalliçiues  entre  lesquelles 
on  lait  jaillir  l'étincelle  électrique,  3  '•■ 
oculaires 1 .000 


Le  même  avec  adjonction  d'uu  prisme  à         '■• 
vision  directe 1.100 

Chambre  noire  pour  adapter  à  rin^tru- 
ment  et  pourvue  d'un  obturateur  instan- 
tané suivant  la  grandeur  de  l'instru- 
ment     aOOà      400 

Oculaire  a  grand  champ  et  faible  gros- 
sissement laissant  toute  la  lumière  que 
la  lunette  comporte *  40 

Hélioscope 800 

Oculaire  à.  lame  de  verre  divisée  en 
mailles  carrées  de  petit  niveau  pour 
prendre  des  mesures  avec  l'hélioscope.        60 


Paris.  —  Imp.  Gauthier- Villars,  55,  quai  des  Grands -AuguBtîna. 


•.  «'  ■■  I 


4'  Année. 


N"  8. 


Août  1885. 


.  REVUE  MENSUELLE  , 

D'ASTRONOMIE  POPULAIRE 

DE  MÉTÉOROLOGIE  ET  DE  PHYSIQUE  DU  GLOBE, 

DOIfllÂHT   LB    TÂBLBAD  SBIMANBNT   DBS   DÉCOUVBRTBS   BT   DBS  PlOftBBS   RÉALISAS 
DANS    LA    CONNAISSANCE    DB    t'UNlVBRS 

PUBLIÉE    PAR 

CAMILLE  FLAMMARION, 

AVEC  LB  CONCOURS  DBS 

PRINCIPAUX  ASTRONOMES  FRANÇAIS  ET  ETRANGERS 


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Paris  :  12  fr.  —  Départements  :  13  fr.  —  Ëtranorr     14  fr. 

Prix  du  Numéro  :  1  fr.  20  o. 

La  Rbtub  parait  le  l*»*  de  chaque  MoiR. 


PARIS. 

gâuthier-yillars,  imprimeur-libraire 

DE    l'observatoire    DB    PARIS, 
Quai  des  Augustins,  55. 

1885 


PQ  £ 


MAISON    LEREBOURS    ET    SECRÉTAN 


G.  SECRÉTAN,   Successeur 
MAGASINS,  13,  place  du  Pont-Neuf.  —  ATELIERS,  54,  rue  Daguerre 


-<  s 


Les  instruments  équatoriaux  désignés  ci-dessous  sont  des  instruments  compleii,  i 
monture  très  stable,  avec  micromètre  de  position,  mouvement  d'horlogerie  isochnD?, 
cercles  divisés  sur  argent,  divisions  de  calage,  rappel  dans  le  sens  horaire  sur  la  lune  !' 
double  éclairage,  etc.,  etc. 

Pour  les  basses  latitudes,  le  pied  en  fonte  de  l'instrument  aura  la  forme  recUngi- 
lairç  et  le  mouvement  d'horlogerie  sera  logé  dans  le  pied;  pour  les  hautes  latit^d^. 

Pied  sera  en  général  une  colonne  ronde  et  le  mouvement  d'horlogerie  sera  adapté . 
extérieur  de  la  colonne.  —  La  lunette  sera  pourvue  d'un  chercheur  de  grande  ouv^ 
ture  et  aura  au  moins  trois  oculaires  sans  compter  celui  du  micromètre  et  du  cherchf- 

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ture  libre 4006 

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matique,prisme  do  comparaison,  loupe 
pour  observer  l'image  sur  la  fonte,  vis 
microraélrique  avec  tambour  divisé  su  r 
argent,  second  tambour  servant  aenre- 

Pistrer  les  observations    faites  dans 
obscurité,   arrangement   pour    fixer 
avec  facilité  des  tubes  de  ôeissier  ou 
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on  fa  - . 
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tané  suivant  la  grandeur  de  l^^^  ^ 


400 


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Oculaire  à  grand  champ  et  p'^»"^;,'!. 
sissement  laissant  toute  la  luimeriqu      ^ 

la  lunette  comporte ^ 

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Oculaire  à  lami  de  verr«  divisey" 

prendrf  aei  mtiurt  •  »vw  rMiwiw 


I 


AJGl4l8Ct 


—  j:.'ASTROnomie.  — 


281 


LE  MASCARET. 

La  Pleine  Lune  brillait,  suspendue  dans  le  ciel,  comme  une  sphère  écla- 
tante; son  pâle  visage  semblait  regarder  la  Terre  en  répandant  sur  elle  une 
clarté  éthérée;  dans  le  miroir  de  la  Seine  indolente  ses  rayons  d'argent  glis- 
saient en  scintillant  sur  chaque  petite  vague.  Au  bord  du  fleuve,  l'antique  et 


Fig.  Ofi 


Le  mascaret,  à  Caudebec. 


si  pittoresque  petite  ville  de  Caudebec  était  endormie,  resserrée  autour  du 
vieux  clocher  gothique  qui  la  domine;  on  n'entendait  que  le  bruissement, 
léger  comme  un  souffle,  du  vent  dans  les  marronniers,  les  ormes  et  les  til- 
leuls séculaires  qui  bordent  le  fleuve.  Enveloppé  de  calme  et  de  silence,  le 
contemplateur  pouvait  se  ci'oire  transporté  sur  les  rives  solitaires  d'un  lac 
oublié  au  fond  des  campagnes. 
Ce  cours  de  la  Seine  à  son  embouchure  est  peut-être  unique  au  monde  par 
Août  1885.  8 


282  L  ASTRONOMIE. 

son  caractère.  C'est  une  ondulation  de  serpent,  nonchalamment  étendu, 
endormi  dans  ses  plis.  De  Rouen  au  Havre,  il  n'y  a,  à  vol  d'oiseau,  que 
soixante-dix  kilomètres,  tandis  que  les  sinuosités  de  la  Seine  en  décrivent 
plus  de  cent  vingt,  avec  une  pente  de  5"  74  seulement.  C'est  vraiment  un  lac. 
dont  les  rives  vont  en  s'écartant  insensiblement  Tune  de  l'autre,  jusqu'au 
large  estuaire  de  l'embouchure. 

Le  clair  de  lune  agrandit  to;it.  Les  ombres  sont  plus  intenses,  Les  murs 
paraissent  plus  élevés,  les  arbres  plus  noirs.  Nous  suivions  en  silence  les 
rives  du  fleuve  dont  les  vagues  légères  venaient  mourir  à  nos  pieds  ;  les  bos- 
quets, les  silhouettes  des  maisons  normandes  aux  balcons  échancrés,  la 
flèche  de  l'église  aux  noires  ogives  dessinaient  un  paysage  humain  nous 
rappelant  que  nous  appartenions  encore  à  la  terre  ;  mais  nos  pensées  flottant 
sur  les  ondes,  bercées  entre  ciel  et  terre,  descendaient  comme  en  un  rêve 
vers  la  mer,  vers  l'horizon  vague  où  le  ciel  et  la  terre  se  confondent. 

Toute  mystérieuse  qu'elle  soit,  la  clarté  de  la  lumière  lunaire  est  encore 
d'une  grande  intensité.  Un  monde  éclairé  seulement  par  une  lumière  égale 
à  celle  de  notre  clair  de  lune  ne  serait  point  un  séjour  nocturne.  Peut-être 
serait-il  plus  tempéré,  moins  rude,  moins  cru,  que  le  nôtre,  composé  non  de 
durs  contrastes,  mais  de  tons  et  de  nuances;  les  yeux  auraient  acquis  une 
faculté  de  perception  plus  puissante,  l'oreille  serait  plus  délicate  et  plus  sen- 
sible, le  système  nerveux  tout  entier  étant  plus  impressionnable;  mille 
nuances  indécises  qui  nous  échappent  formeraient  la  base  de  nos  impres- 
sions, de  nos  idées,  de  la  double  vie,  physique  et  morale,  matérielle  ei 
intellectuelle,  qui  constitue  l'elre  humain.  Et,  qui  sait?  les  sens  qui  nous 
manquent  sont-ils  nés,  peut-ôtre,  sur  les  mondes  éclairés  par  de  pâles  soleils, 
—  mondes  affranchis  de  ces  éléments  disparates  qui  nous  plongent  tour  à 
tour  dans  les  feux  du  solstice,  dans  la  neige  des  hivers,  dans  l'éblouissaut 
éclat  du  Soleil,  dans  la  nuit  profonde,  dans  l'orage  aux  tonnerres  retentis- 
sants, dans  les  tempêtes  et  les  inondations,  dans  les  volcans  et  les  tremble- 
ments de  terre,  —  mondes  affranchis  de  ces  impressions  trop  brusques, 
trop  grossières,  et  dans  lesquels  les  premiers  organismes  vivants  ont  donné 
naissance  à  des  êtres  délicats  et  sensibles,  de  plus  en  plus  perfectionnés. 

Si  le  clair  de  lune  double  l'intensité  des  ombres,  le  calme  de  la  nuit 
développe  singulièrement  aussi  la  faculté  d'entendre.  Qui  d'entre  nous 
n'a  remarqué  combien,  dans  cet  universel  recueillement  des  choses,  deux 
êtres  rapprochés  s'entendent  sans  se  parler,  môme  à  voix  basse?  Ne  semble- 
t-il  pas  que,  dégagés  des  bruits  et  des  diversions  du  jour,  les  cœurs  battent 
mieux  à  l'unisson,  et  qu'une  pression  de  mains  sufflse  pour  mettre  en  com- 
munication subite  et  profonde  les  sources  d'électricité  nerveuse  qui  circulen 
en  nous?  Le  Soleil  est  un  astre  splendide,  la  lumière  du  jour  est  pénétrante 


LE  MASCARET.  283 

et  féconde;  mais  les  cordes  les  plus  intimes  de  la  lyre  humaine  vibrent  avec 
plus  d'intensité  dans  les  harmonieux  silences  de  la  nuit.  L'astronome  peut 
regretter  que  les  habitants  de  Vénus  ne  connaissent  pas  la  calme  et  mélan- 
colique beauté  des  clairs  de  lune. 


Alors  on  sent  mieux  l'attraction  qui,  dans  la  nature  entière,  gouverne  les 
mondes  et  les  êtres,  les  atomes  et  les  âmes.  L'espace  est  une  nuit.  C'est  à 
travers  la  nuit  que  les  astres  s'attirent,  à  travers  la  nuit  qu'ils  voguent  en  se 
cherchant,  à  travers  la  nuit  qu'ils  exercent  les  uns  sur  les  autres  les 
influences  auxquelles  leurs  destinées  sont  suspendues.  Jl  n'y  a  de  jour  qu'à 
la  surface  des  mondes,  et  seulement  dans  le  voisinage  de  leur  moitié  éclairée  ; 
l'espace  n'est  pas  visible  :  il  laisse  passer  la  lumière  des  soleils  et  reste  noir, 
obscur,  transparent,  à  midi  comme  à  minuit.  La  Terre  n'a  pas  d'yeux  jwur 
voir  Jupiter  glisser  dans  les  cieux  à  155  millions  de  lieues  d'elle;  pourtant 
elle  le  sent,  elle  le  devine,  et  lorsqu'il  passe,  à  cette  immense  distance  même, 
elle  subit  son  attraction  et,  au  lieu  de  suivre  directement  l'orbite  qu'elle  doit 
décrire  autour  du  Soleil,  elle  s'écai'te,  malgré  sa  masse  si  énorme,  elle  s'é- 
carte de  sa  route  et  se  laisse  dévier  par  lui.  —  La  déviation  est  de  2"  10  pen- 
dant cette  heure  de  plus  grand  rapprochement  de  Jupiter  et  de  la  Terre.  — 
L'aiguille  aimantée  enfermée  dans  une  cave  de  l'observatoire  ne  voit  pas  le 
régiment  qui  passe  sur  le  boulevard  voisin;  pourtant  elle  est  toute  troublée, 
agitée,  contrariée  de  la  perturbation  apportée  par  les  bayonnettes,  et  elle 
oscille  sans  repos  tant  que  la  cause  n'a  pas  disparu.  —  La  foudre  ne  voit  pas 
la  clef  portée  dans  la  poche  d'un  paisible  habitant  de  la  maison  voisine 
tranquillement  assis  dans  son  fauteuil;  pourtant  l'orage  passe,  la  foudre 
éclate  et  va  justement  frapper  sa  victime  en  lui  arrachant  ses  vêtements.  — 
La  mer  ne  voit  pas  la  Lune  planant  dans  les  cieux;  mais  elle  la  sent,  ses 
eaux  la  cherchent,  la  désirent,  s'élèvent  vers  elle,  et,  avec  la  Lune,  la  marée 
formidable  fait  le  tour  du  monde. 

Le  spectacle  des  grandes  marées,  surtout  aux  époques  où  le  Soleil  et  la 
Lune  se  réunissent  pour  appeler  les  eaux  sur  un  même  diamètre  du  globe 
terrestre,  est  éminemment  propre  à  nous  faire  concevoir  la  grandeur  et  la 
puissance  de  l'attraction.  Ainsi,  en  ce  moment,  par  exemple,  la  pleine  Lune 
attire  les  eaux  de  ce  côté-ci  du  globe  et  la  mer  entière  est  soulevée  vers  le 
ciel  par  la  puissance  d'une  main  invisible.  Mais  ce  n'est  pas  seulement  la  mer 
qui  est  soulevée,  c'est  la  terre  entière,  à  ce  point  qu'en  ce  moment  même,  de 
l'autre  côté  du  globe,  l'Océan  reste  au-delà  de  ce  déplacement  de  la  Terre 
vers  la  Lune  et  produit  précisément  chez  nos  antipodes  une  marée  symé- 


284  L'ASTRONOMIE. 

irique  de  celle-ci.  Le  Soleil  ajoute  son  influence.  L'équilibre  est  d'une  telle 
délicatesse  que  les  nuances  les  plus  légères  en  modifient  rharmonie.  Loin 
•  d'être  pesante  et  grossière,  la  création  est  pour  ainsi  dire  immatérielle. 

Aux  époques  de  mascaret,  c'est-à-dire  à  chaque  marée  de  Pleine  Lune  et 
de  Nouvelle  Lune,  mais  surtout  aux  jours  de  grandes  marées  d'équinoxe,  le 
fait  si  bizarre  et  si  paradoxal  de  la  rétrogradation  de  la  Seine  impétueusement 
poursuivie  par  les  eaux  de  la  mer  qui  la  forcent  à  remonter  son  cours  est 
l'un  des  plus  curieux  spectacles  qui  se  puissent  voir.  Ce  grand  et  émouvant 
spectacle  n'a  qu'un  tort  :  c'est  d'être  aux  portes  de  Paris.  C'est  si  près,  que 
personne  ne  va  le  voir  et  qu'il  n'y  a  pas  un  Français  sur  mille  qui  l'ait  con- 
templé. Si  c'était  en  Suisse,  en  Italie,  sur  le  Rhin  ou  sur  le  Danube,  tout  le 
monde  y  courrait. 


Spectacle  merveilleux,  en  effet,  surtout  pour  celui  qui  sait  le  comprendre. 
Dans  le  silence  de  la  nuit,  sous  la  rosée  lumineuse  du  clair  de  lune,  on 
entend  d'abord,  on  perçoit  un  vague  murmure,  comme  un  frisson  dans 
l'atmosphère,  comme  un  frémissement  dans  le  feuillage.  En  cherchant  à  le 
définir,  on  croit  distinguer  des  froissements  de  vagues,  cette  sorte  de  bruit 
sinistre  précurseur  des  inondations.  Pourtant  la  Seine  coule  tranquillemenl 
à  nos  pieds,  calme,  paisible,  silencieuse.  Le  bruit  grandit,  et  là-bas,  sachant 
que  la  mer  va  arriver,  nous  commençons  à  reconnaître  des  crêtes  de  vagues. 
Oui,  les  voici  qui  s'avancent!  Cavales  à  la  blanche  crinière,  éclairées  par 
l'astre  des  nuits,  elles  sautent  là-bas,  au  loin,  bondissant  et  disparaissent. 
Les  voici  qui  approchent...  Le  bruit  grandit,  devient  tumulte.  Une  muraille 
liquide,  haute,  houleuse,  agitée,  arrive  avec  la  vitesse  d'un  cheval  au  galop; 
déjà  une  partie  des  flots  a  bondi  sur  la  rive  opposée,  paraissant  jeter  toute 
la  barre  aquatique  sur  les  campagnes  riveraines;  mais  elle  s'est  reformée, 
la  muraille  liquide;  elle  occupe  la  largeur  entière  du  fleuve  et  semble 
précédée  par  un  long  sillon  noir.  Quel  torrent!  Quelle  avalanche!  C'est  la 
mer!  C'est  la  mer!  La  Seine  a  fui,  disparu,  la  mer  est  arrivée  avec  un 
niveau  supérieur  à  elle  de  plusieurs  mètres,  et  maintenant  à  nos  pieds 
s'agitent  les  vagues  immenses  et  courroucées.  Elle  a  passé  comme  un 
torrent,  bondissant  toujours  en-  avant,  et,  sans  arrêt,  elle  continue  son 
cours,  poursuivant  les  eaux  du  fleuve  comme  un  escadron  de  cavalerie 
poursuit  les  fuyards. 

Etrange  et  grandiose  dans  le  silence  de  la  nuit,  sous  la  froide  clarté  de  la 
Lune  qui  semble  se  désintéresser  des  effets  qu'elle  produit  elle-même,  le 
mascaret  est,  à  la  lumière  du  jour,  moins  mystérieux,  mais  plus  vivant.  On 


LE  MASCARET. 


285 


en  saisit  mieux  les  multiples  détails,  et  les  gracieux  paysages  qui  l'enca- 
drent mettent  en  lumière  tout  son  mouvement  et  toute  sa  beauté.  Le  rouleau 
d'eau  jaillissante  semble  tourner  en  avançant  à  travers  le  fleuve,  comme  un 
serpent  gigantesque,  et  derrière  lui  arrivent  les  vagues  avant-courrières  de 
la  grande  nappe  de  marée.  Tous  les  obstacles  placés  sur  sa  marche  Texaspè- 
rent  et  augmentent  son  élan.  Il  bondit  sur  les  rochers  de  la  rive,  les  quais  et 
les  digues,  et  s'élance  aveuglément  vers  un  but  qu'il  ignore.  Malheur  à  la 
barque  qui  s'aventure  à  traverser  le  fleuve  à  cette  heure!  Plus  d'un  voyageur 
a  payé  de  sa  vie  l'imprudence  d'un  instant.  Personne  n'a  oublié  la  fin  si 
tragique  de  la  fille  de  Victor  Hugo,  de  son  jeune  mari,  Charles  Vacquerie, 

Fig.  97. 


Plan  de  l'embouchure  de  la  Seine. 

qui  voulut  mourir  avec  elle,  du  marin  et  de  l'enfant  qui  conduisaient  la 
barque.  (Villequier,  4  septembre  1843.) 

Le  mascaret  a  tant  bouleversé  le  lit  du  fleuve,  les  courants  changent  si 
souvent  en  cette  région,  que  nul  ne  peut  s'y  fier.  Cette  grève  enchanteresse, 
parfumée  tour  à  tour  par  les  brises  du  rivage  et  de  la  mer,  s'est  mille  fois 
couverte  d'épaves  et  de  cadavres.  Les  naufrages  y  sont  plus  nombreux  que 
sur  les  rives  de  la  mer  voisine.  Que  de  souvenirs  endormis  dans  le  cimetière 
de  Villequier  ! 

Mais  le  flot  passe  devant  nous  avec  une  vitesse  terrifiante.  En  un  instant 
le  fleuve  a  fait  place  à  la  mer.  Le  contemplateur  reste  stupéfait  de  la  transfor- 
mation soudaine  qui  vient  de  s'accomplir  sous  ses  yeux  et  du  tumulte  des 
eaux  profondes,  il  se  souvient  de  l'impression  si  juste  du  berger  de  Virgile. 


Stabat,  et  ingénie  motu  stupefactus  aquanim  ! 


286  L'ASTRONOMIE. 

Ce  grandiose  phénomène  est  produit  par  la  marée  qui  arrive  du  large  dans 
rcmbouchure  de  la  Seine,  dont  le  fond  va  en  s'élevant  graduellement  et  dont 
les  rives  vont  en  se  resserrant.  En  vertu  d'une  loi  mécanique  bien  connue, 
les  ondes  se  propagent  d'autant  plus  vite  que  Teau  est  plus  profonde.  Les 
premières  vagues  de  marée  arrivant  dans  une  eau  moins  profonde,  sont 
ralenties  ;  celles  qui  viennent  derrière  elles  les  poussent,  les  dominent,  les 
dépassent,  et  ainsi  de  suite  (*).  La  Seine  immense  coulait  tranquillement;  mais 
insensiblement  l'Océan  la  refoule,  opposant  son  courant  au  sien.  Elle  lutte, 
résiste,  paraît  s'étonner,  combat,  fait  des  concessions,  glisse  le  long  des 
rivages  et  des  plages,  cherche  à  s'échapper;  mais,  sourd,  TOcéan  se  fait  mur 
et  avance.  Confiante  en  sa  destinée,  elle  hésite  longtemps  encore  et  change 
son  cours.  Elle  semble  s'interroger.  «  Ne  sommes-nous  pas  dominés  parfois 
par  des  lois  inconnues,  par  des  forces  supérieures?...  Pourtant  les  fleuves 
ne  remontent  pas  vers  leur  source.  Sa  destinée,  sa  fin,  n'est-elle  pas  de 
descendre  toujours,  de  marier  ses  ondes  aux  flots  de  l'Océan,  de  se  fondre  et 
de  mourir  en  lui?  Pourquoi  donc  la  repousse- t-il  aujourd'hui?  Non,  ce  n'est 
pas  possible  :  ce  n'est  qu'un  orage.  »  Mais  à  l'embouchure  la  mer  s'est  fermée; 
un  mur  dense,  lourd,  impénétrable  s'est  mis  à  marcher,  poussé  par  la  marée. 
Il  marche,  il  s'élève,  et  toutes  les  eaux  du  fleuve  réunies  n'arriveront  pas  à 
passer  par  dessus.  A  mesure  qu'il  avance  en  remontant,  il  acquiert  plus  de 
force  et  plus  d'énergie.  La  marée  augmente  encore,  Le  flot  s'épaissit,  se  sou- 
lève, s'irrite  des  dernières  résistances  de  la  Seine,  qui  descend  toujours. 
Alors,  il  semble  qu'emporté  par  une  implacable  fureur,  l'Océan  saisisse 
la  rivière  tout  entière,  la  repousse  avec  violence  et  la  force,  sans  trêve  ni 
merci,  à  reculer  vers  sa  source  à  la  vitesse  de  vingt-cinq  kilomètres  à  l'heure 
et  sur  une  longueur  de  cinquante  kilomètres!  Deux  heures  plus  tard,  elle 
revient,  fidèle,  calme,  oublieuse  du  passé,  s'abandonner  à  l'abîme  immense. 
Mais  à  chaque  marée,  deux  fois  par  jour,  le  même  phénomène  se  reproduit. 
Aux  jours  de  faible  marée,  il  est  peu  sensible.  Aux  jours  de  grandes  marées, 
il  se  présente  tel  que  nous  venons  do  le  décrire.  Lorsqu'il  est  contrarié  par 
le  vent,  il  est  plus  formidable  encore. 


La  Seine  devenue  mer  était  encore  houleuse  et  agitée,  lorsque  les  douze 
coups  de  l'heure  de  minuit  s'envolèrent  du  clocher  de  la  vieille  église.  Nous 
avions  suivi  le  rivage  au  loin,  en  causant  de  cette  mystérieuse  attraction 

(')  Le  volume  moyen  d'eau  de  mer  refoulé  parla  marée  est  d'environ  trente  millions 
de  mètres  cubes;  le  volume  moyen  des  eaux  douces  descendantes  est  de  vingt  millions 
de  mètres  cubes.  La  différence  entre  ces  deux  volumes  s'accroît  avec  l'intensité  des 
marées. 


RÉFORME  DU  CALENDRIER.  287 

lunaire  qiii  agit  ainsi  sur  notre  monde,  et  de  l'harmonie  générale  des 
mouvements  célestes  qui  régit  la  grande  œuvre  de  T univers.  Qui  sait,  pen- 
sions-nous, si,  en  dehors  des  bruits  d'ici-bas,  la  gravitation  rapide  de  toutes 
les  sphères  dans  l'espace  ne  produit  pas  une  sorte  de  mélodie  simple  et  gran- 
diose aux  modulations  variées!  Ce  tumultueux  bouleversement  du  fleuve 
dont  nous  venions  d'être  témoins,  est  lui-même  un  produit  de  Tharmonie, 
une  complication  d'ondes,  et  sa  cause  originaire  n'est  autre  que  l'attraction 
elle-même,  car  c'est  elle  qui  fait  descendre  l'eau  des  fleuves,  comme  c'est 
elle  qui  fait  monter  les  marées.  Singulière  antinomie!...  Et  nous  nous  de- 
mandâmes si;  dans  l'humanité  comme  dans  la  nature,  dans  le  cours  de  la  vie 
comme  dans  l'océan  des  âges,  tous  les  actes  n'auraient  pas  pour  origine,  en 
dernière  analyse,  une  loi  suprême  :  l'attraction. 

Camille  Flammarion. 

P.  S.  —  Les  plus  grandes  marées  de  cette  année  seront  celles  du  il  août  et  du 
0  septembre  prochains.  Nous  ne  saurions  trop  engager  nos  lecteurs  à  choisir 
Tune  ou  l'autre  de  ces  dates  pour  aller  contempler  le  mascaret,  soit  à  Caudebec, 
soit  à  Villequier. 


RÉFORME  DU  CALENDRIER. 

Monsieur  le  Directeur, 

J'ai  lu  avec  le  plus  vif  intérêt,  dans  la  Revue  astronomique  que  vous  dirigez, 
deux  articles  touchant  une  des  questions  les  plus  intéressantes  qui  existent 
certainement  au  point  de  vue  pratique,  —  je  veux  parler  de  la  réforme  du 
calendrier  civil. 

Dans  une  première  communication  en  date  du  mois  de  septembre  dernier,  vous- 
même,  monsieur  le  Directeur,  faisiez  appel  à  toutes  les  bonnes  volontés,  pour 
hâter  la  solution  d'un  problème  que  vous  considérez  à  si  juste  titre  comme  essen- 
tiel, au  point  de  vue  des  relations  sociales  de  toute  nature,  et  surtout  en  ce  qui 
concerne  les  rapports  entre  personnes  appartenant  à  des  nationalités  diffé- 
rentes. 

Votre  appel  fut  entendu ,  et,  dans  le  numéro  de  l'/lsf ronomie  du  mois  de 
novembre,  j'ai  suivi  avec  une  grande  satisfaction  les  progrès  de  la  grande  cam- 
pagne scientifique  dont  vous  vous  êtes  fait  l'instigateur. 

11  ne  m'appartient  pas  de  décerner  à  l'auteur  anonyme  du  remarquable  article 
auquel  je  fais  allusion  tous  les  éloges  qu'il  mérite,  et  qu'il  obtiendra  certainement 
de  la  part  du  public  et  du  monde  savant.  ^  Je  n'entreprendrai  pas  non  plus  de 
revenir  sur  les  curieux  détails  historiques  contenus  dans  cet  intéressant  mémoire. 
—  Mais  j'espère,  monsieur  le  Directeur,  que  vous  me  permettrez  d'apporter  ma 


288  L'ASTRONOMIE. 

modeste  pierre  à  l'édifice  dont  vous  êtes  Tarchitecte,  et  que  vous  voudrez  bien 
accorder  l'hospitalité  de  vos  colonnes  aux  quelques  observations  qui  vont  suivre. 

Veuillez  agréer,  etc.. 

Jules  Bonjean, 

Docteur  en  droit,  Avocat  à  la  Cour  d'appel. 

§  l<^  —  Bases  essentielles  d'un  calendrier  normal. 

Si  ron  analyse  d'une  manière  générale  les  différents  systèmes  qui  ont  été 
successivement  adoptés,  tant  dans  Tantiquité  que  dans  les  temps  modernes, 
pour  régler  la  computation  du  temps,  on  s'aperçoit,  non  sans  étonnement,  que 
les  plus  illustres  réformateurs  n'ont  obtenu  que  des  résultats  relativement 
très  imparfaits.  Et  pourtant,  il  semble  à  première  vue  que  rien  ne  soit  plus 
facile  à  un  législateur,  disposant  d'un  pouvoir  souverain,  que  d'imposer  aux 
populations  des  règles  absolument  méthodiques  et  parfaitement  satisfaisantes 
à  tous  égards  en  ce  qui  concerne  le  calendrier. 

A  quoi  tiennent  donc  ces  difficultés  si  considérables,  que  les  plus  beaux 
génies  de  toutes  les  époques  n'ont  pu  les  surmonter  entièrement?  Pourquoi 
n'est-on  jamais  arrivé  jusqu'à  ce  jour  à  établir  un  système  de  computation 
du  temps,  qui  donnât  satisfaction  à  tous  les  intérêts  et  à  toutes  les 
exigences? 

La  cause  de  ces  perpétuels  changements  et  de  ces  constants  insuccès  est,  à 
notre  avis,  facile  à  dégager  :  c'est  la  multiplicité  des  points  de  vue  auxquels 
le  législateur  peut  et  doit  se  placer,  pour  régler  les  diverses  divisions  du 
temps.  —  Et  en  effet,  il  doit  tenir  compte  tout  à  la  fois  :  1**  De  la  durée  des 
principales  évolutions  astronomiques  ;  2°  Des  mœurs,  voire  même  des  préju- 
gés invétérés  de  la  population;  3*»  Enfin  et  surtout,  des  nécessités  de  la  vie 
pratique. 

Or,  dans  la  plupart  des  cas,  il  est  impossible  de  donner  en  même  temps 
satisfaction  à  ces  différents  ordres  d'idées,  et  le  créateur  d'un  nouveau  calen- 
drier se  voit  souvent  obligé  d'opter  entre  des  considérations  également  res- 
pectables et  pourtant  opposées.  —  11  s'en  suit  nécessairement  que,  dans  ce 
conflit  d'intérêts  de  diverses  natures,  un  point  de  vue  se  trouve  presque  tou- 
jours sacrifié  à  un  autre;  ce  qui  explique  les  lacunes  et  les  imperfections  qui 
se  rencontrent  fatalement  dans  tous  les  calendriers. 

En  présence  de  cette  impossibilité  d'arriver  à  un  résultat  absolument  satis- 
faisant à  tous  égards,  quelle  est  donc  la  ligne  de  conduite  que  doit  suivre  le 
réformateur  ?  —  Faut-il  qu'il  se  retranche  exclusivement  dans  le  dimiaine 
de  la  science  pure,  qu'il  ne  prenne  en  considération  que  les  seules  cvoi niions 
(les  planètes,  en  n'envisageant  que  le  point  de  vue  astronomique?  —  Doit-il 
au  contraire,  imitant  en  cela  les  Pontifes  romains,  se  laisser  influencer  par 


RÉFORME  DU  CALENDRIER.  289 

le  respect  de  la  tradition,  au  point  de  laisser  subsister  des  procédés  de  com- 
putation  que  répudient  à  la  fois  la  science  pure  et  le  bon  sens  pratique?  Doit- 
il,  en  un  mot,  se  placer  exclusivement  au  point  de  vue  traditionnel  ?  —  Ou 
bien,  dédaignant  également  les  principes  de  la  science  et  les  considérations 
historiques  les  plus  respectables,  faut-il  qu*il  n'ait  d'autre  souci  que  de 
créer  des  divisions  commodes,  appropriées  aux  besoins  de  la  vie,  et  qu'il  ne 
s'attache  qu'au  point  de  vue  pratique  ? 

A  notre  avis,  aucune  des  trois  méthodes  que  nous  venons  d'indiquer  ne 
peut  donner  à  elle  seule  des  résultats  satisfaisants;  et,  pour  se  convaincre 
de  l'exactitude  de  cette  proposition,  il  suffit  d'envisager  les  conséquences 
absurdes  auxquelles  on  arriverait,  en  adoptant  exclusivement  un  des  trois 
systèmes  que  nous  avons  mentionnés. 

Supposons,  en  effet,  que  l'on  envisage  uniquement  le  point  de  vue  astro- 
nomique. —  On  se  trouve  dès  l'abord  en  présence  de  difficultés  insurmon- 
tables; car  le  commencement  et  la  fin  de  chacune  des  évolutions  planétaires, 
dont  il  faut  nécessairement  tenir  compte,  ne  coïncident  pas  exactement  : 
l'année  solaire  ne  se  compose  précisément  ni  d'un  certain  nombre  de  mois 
lunaires,  ni  même  d'un  certain  nombre  dejours.  Bien  plus,  les  jours  solaires 
ne  sont  pas  rigoureusement  égaux  entre  eux.  —  S'il  fallait  donc  s'attacher 
exclusivement  aux  phénomènes  sidéraux,  il  serait  nécessaire  de  rédiger  des 
tables  astronomiques,  dont  l'usage  ne  serait  accessible  qu'aux  seuls  savants, 
et  qui  ne  pourraient  en  aucune  façon  constituer  un  calendrier,  dans  le  véri- 
table sens  du  mot.  —  Mais  là  n'est  pas  le  seul  inconvénient  d'un  tel  système  : 
quand  bien  môme  les  évolutions  astronomiques  les  plus  longues  seraient 
exactement  des  multiples  des  plus  petites,  on  n'obtiendrait  pas  encore  un 
résultat  satisfaisant  à  tous  égards.  Imaginons  en  effet,  pour  un  instant,  que 
l'année  solaire  se  compose  précisément  de  365  jours  et  de  5  mois  lunaires, 
ayant  chacun  73  jours  ;  quelles  seraient  les  conséquences  d'une  hypothèse  si 
favorable?  —  Nous  obtiendrions  des  divisions  très  scientifiques  peut-être, 
mais  à  coup  sûr  inapplicables  aux  besoins  divers  de  la  vie  sociale.  Comment, 
en  effet,  pourrait-on  se  contenter  d'un  système  où  aucune  des  périodes  ne 
serait  facilement  fractionnable;  où  l'on  ne  pourrait  distinguer  ni  demi-année 
comprenant  un  nombre  exact  de  mois,  ni  demi-mois  comprenant  un  nombre 
exact  de  jours  ;  surtout  si  l'on  considère  l'énorme  distance  qui  séparerait 
une  année  de  365  jours  d'un  mois  de  73,  et  un  mois  de  73  jours  d'une 
simple  journée  ?  —  On  voit  donc  par  cette  simple  hypothèse  que,  môme  on 
supposant  une  coïncidence  parfaite  entre  les  diverses  évolutions  des  astres, 
on  ne  saurait  encore  se  retrancher  exclusivement  dans  le  domaine  delà  science, 
sous  peine  de  produire  une  œuvre  absolument  inapplicable  aux  néces- 
sités de  la  vie  pratique;  sans  parler  du  bouleversement  qu'une  telle  inno- 

8* 


290  L  ASTRONOMIB. 

vation  apporterait  dans  les  mœurs  et  dans  les  habitudes  de  la  population. 
Faut-il  donc,  rejetant  toute  idée  scientifique,  et  désespérant  d'arriver 
jamais  à  une  solution  méthodique  de  la  question,  nous  contenter  d'appliquer 
aussi  exactement  que  possible  les  règles  que  nous  ont  transmises  nos  devan- 
ciers, et  nous  borner  à  suivre  la  tradition  ?  Une  telle  opinion  ne  saurait,  à 
notre  avis,  être  sérieusement  défendue.  —  Sans  doute,  il  existe  dans  notre 
calendrier  actuel  certaines  dispositions  qui,  bien  que  peu  justifiables  au 
point  de  vue  logique,  sont  néanmoins  respectables  en  raison  de  leur  concor- 
dance avec  des  mœurs  et  des  usages  profondément  ancrés  dans  l'esprit  de  la 
population;  mais,  par  contre,  il  faut  bien  reconnaître  que  plusieurs  autres 
règles,  qui  n'ont  également  d'autre  fondement  que  la  tradition,  pourraient 
être  réformées  sans  blesser  aucunement  les  habitudes  nationales.  —  C'est 
ainsi,  par  exemple,  que,  si  Ton  conçoit  que  Ton  recule  devant  la  suppression 
de  la  semaine,  période  traditionnelle  par  excellence,  on  ne  s'explique  guère 
que  par  un  esprit  de  routine  vraiment  singulier  la  persistance  qu'on  a  mise 
à  n'assigner  que  28  jours  au  mois  de  février,  alors  que  le  nombre  des  mois 
de  31  jours  dépasse  d'autre  part  celui  des  mois  de  trente. 

En  présence  de  cette  impossibilité  où  nous  nous  trouvons  de  nous  guider 
uniquement  d'après  les  données  de  la  science,  ou  d'après  les  usages  tradi- 
tionnels, il  semble  au  premier  abord  que  le  seul  parti  à  prendre  soit  de  se 
restreindre  dans  les  bornes  àes  considérations  pratiques  ;  mais  ici  encore,  nous 
tomberions  sur  un  autre  écueil.— Supposons,  en  effet,  que  Ton  fasse  abstrac- 
tion de  toute  idée  scientifique  ou  historique  ;  qu'arrivera-t-il  ?  On  se  conten- 
tera de  constituer  des  périodes  factices,  d'un  usage  absolument  commode, 
facilement  divisibles  les  unes  par  les  autres  :  on  créera,  par  exemple,  une 
année  de  100  jours,  comprenant  10  mois  de  10  jours  chacun;  ou  bien  encore 
une  année  de  240  jours,  se  subdivisant  en  12  mois  de  20  jours,  fractionnés 
chacun  en  petites  périodes  de  5  jours.  —  Il  est  inutile  d'insister  sur  les  incon- 
vénients que  présenterait  un  pareil  calendrier  :  très  commode  sans  doute 
pour  la  supputation  des  délais,  des  échéances,  du  temps  réellement  écoulé 
depuis  une  date  déterminée,  il  ne  procurerait  aucun  élément  d'appréciation 
touchant  le  retour  des  phénomènes  les  plus  essentiels  môme  au  point  de  vue 
pratique;  et  d'autre  part,  il  ne  serait  nullement  approprié  aux  mœurs  et  aux 
habitudes  d'esprit  de  la  population. 

Quels  sont  donc  les  principes  que  l'on  doit  adopter,  pour  fonder  les  bases 
d'un  calendrier  véritablement  bon  et  utile,  sinon  parfait?  —Nous  venons  de 
voir  qu'il  était  impossible  de  se  placer  exclusivement  à  lun  des  trois  points 
de  vue  astronomique,  traditionnel  ou  pratique.  Il  faut  donc  combiner  entre 
eux  ces  divers  éléments,  en  sacrifiant  le  moins  possible  chacun  d'eux. 

Mais,  en  cas  de  conflit  entre  des  considérations  d'ordres  différents,  quel 


RÉFORME  DU  CALENDRIER.  291 

sera  le  critérium  à  adopter  ?  —  A  notre  avis,  c'est  le  poiat  de  vue  pratique 
qui  devra  toujours  prévaloir.  Et  en  effet,  quel  est  le  but  essentiel  du  calen- 
drier ?  Est-ce  de  faire  connaître  aux  savants  le  moment  précis  où  doivent  se 
produire  les  phénomènes  astronomiques  ?  Est-ce  de  perpétuer  le  souvenir 
d'usages  et  de  préjugés  depuis  longtemps  disparus  ?  On  ne  saurait  le  soute- 
nir sérieusement.  —  Il  faut  donc  avant  tout,  quand  on  entreprend  de  réfor- 
mer le  calendrier,  se  préoccuper  des  nécessités  de  la  vie  usuelle  :  chercher  à 
créer  des  divisions  simples,  facilement  fractionnables,  concordant  autant  que 
possible  entre  elles,  et  suffisamment  variées  pour  que  l'une  ou  l'autre  cor- 
responde presque  toujours  à  une  durée  d'un  usage  commode  pour  régler  nos 
affaires,  nos  travaux,  ou  notre  repos.  Sans  doute,  par  suite  même  de  ces  con- 
sidérations utilitaires,  il  faut  aussi  tenir  compte  des  données  de  la  science, 
et  respecter  dans  une  certaine  mesure  la  tradition  ;  mais  on  ne  doit  renoncer 
aux  divisions  simples  et  commodes  qu'à  la  dernière  extrémité,  et  qu'autant 
qu'il  est  absolument  démontré  qu'un  inconvénient  pratique  sérieux  résulte- 
rait de  l'omission  d'une  considération  astronomique  ou  traditionnelle. 

§  2.  —  Critique  des  diverses  subdivisions  du  calendrier  grégorien. 

Le  calendrier  grégorien,  actuellement  en  vigueur  chez  la  plupart  des 
nations  civilisées,  est  incontestablement  l'un  des  meilleurs,  sinon  le  meilleur 
de  ceux  qui  ont  été  usités  jusqu'à  nos  jours.  —  Nous  n'entreprendrons  donc 
pas  de  remonter  le  cours  des  âges,  et  nous  ne  nous  livrerons  pas  à  l'analyse 
des  difTérentes  méthodes  qui  ont  été  adoptées  à  toutes  les  époques,  pour  sup- 
puter le  temps.  Poursuivant  un  but  essentiellement  pratique,  nous  nous  bor- 
nerons à  étudier  en  particulier  chacune  des  subdivisions  de  notre  calendrier 
actuel,  en  les  appréciant  conformément  aux  principes  que  nous  avons  expo- 
sés dans  notre  paragaphe  premier. 

1^  Le  jour.  —  Le  jour  est  la  base  même,  l'unité  primordiale  de  tout  calen- 
drier. La  succession  de  la  lumière  et  des  ténèbres,  au  moins  dans  presque 
tous  les  climats  habitables,  fait  du  mouvement  de  rotation  de  la  Terre  la  sub- 
division du  temps  la  plus  nécessaire  de  toutes,  en  ce  qui  concerne  la  vie 
usuelle.  —  Il  est  vrai  que  le  jour  astronomique  ne  coïncide  pas  rigoureuse- 
ment avec  le  jour  moyen  sur  lequel  se  règlent  nos  horloges  ;  mais  la  diffé- 
rence qui  les  sépare  restant  toujours  dans  des  limites  très  étroites,  on  peut 
dire  que  cette  première  divison  est  tout  à  la  fois  conforme  aux  données  de  la 
science,  aux  exigences  de  la  vie  pratique,  et  qu'elle  est  de  plus  sanctionnée 
par  le  consentement  universel  des  nations. 

2*  La  semaine.  —  11  en  est  différemment  de  la  semaine.  —  Cette  période 


292  L'ASTRONOMIE. 

ne  correspond  précisément  à  aucune  évolution  astronomique  r  elle  présente 
de  plus  le  double  inconvénient  :  d'une  part,  de  comprendre  un  nombre  de 
jours  indivisible;  et  d'autre  part,  de  n'être  pas  une  fraction  exacte  de  Tannée. 
—  Néanmoins,  nous  croyons  qu'ici,  même  au  point  de  vue  pratique,  le  respect 
de  la  tradition  s'impose  impérieusement.  Et  en  effet,  les  trois  défectuosités 
que  nous  venons  de  signaler  ne  sont  pas  aussi  graves  qu'elles  le  paraissent 
au  premier  abord.  En  premier  lieu,  si  la  semaine  n'offre  aucun  intérêt 
comme  indication  du  retour  de  certains  phénomènes  climatériques,  il  faut 
bien  avouer  qu'aucune  période  astronomique  d'une  durée  à  peu  près  sem- 
blable n'offrirait  plus  d'avantages  à  cet  égard;  et  pourtant  il  est  indispensable 
de  créer  des  subdivisions  intermédiaires  entre  le  jour  et  l'année,  seuls  élé- 
ments scientifiques  absolument  nécessaires  par  suite  des  profondes  modifi- 
cations qu'ils  apportent  aux  conditions  de  la  vie  usuelle.  Quant  à  la  seconde 
objection  qu'on  peut  faire  contre  la  période  de  7  jours,  elle  ne  doit  pas  plus 
nous  arrêter  que  la  première  :  car,  s'il  est  vrai  de  dire  que  le  nombre  7. 
essentiellement  indivisible,  paraît  assez  mal  choisi  pour  une  subdivision 
pratique  du  temps,  il  ne  faut  pas  oublier  qu'un  usage  constant,  corroboré 
chez  la  plupart  des  peuples  par  les  prescriptions  religieuses,  consacre  au 
repos  un^des  jours  de  la  semaine  ;  en  sorte  que  les  jours  ordinaires  se  trouvent 
réduits  à  six,  nombre  commode  et  facilement  fractionnable.  —  Nous  nous 
trouvons  donc  en  présence  d'un  seul  inconvénient  vraiment  sérieux  :  le 
défaut  de  concordance  entre  la  durée  de  l'année  et  un  nombre  entier  de 
semaines.  C'est  là  sans  doute  un  défaut  des  plus  graves  et  qu'a  parfaitement 
fait  ressortir  l'auteur  du  remarquable  article  publié  dans  cette  Revue  au 
mois  de  novembre  dernier  ;  mais  ce  même  auteur  a  placé  le  remède  à  côté 
du  mal,  en  exposant  une  méthode  artificielle  destinée  à  supprimer  l'incon- 
vénient qu'il  signalait.  A  notre  avis,  l'expédient  mis  en  avant  par  lui  serait 
parfaitement  acceptable;  toutefois,  au  paragraphe  suivant,  nous  nous  permet- 
trons de  proposer  à  notre  tour  un  procédé  empirique  d'une  autre  nature,  qui 
pourrait  peut-être  atteindre  le  même  but,  sans  présenter  les  mêmes  désa- 
vantages. 

On  voit  donc  que  la  semaine  offre  moins  d'inconvénients  qu'il  ne  semble 
au  premier  abord,  tant  au  point  de  vue  scientifique  qu'au  point  de  vue  pra- 
tique. —  Que  si  maintenant  nous  considérons  la  nécessité  de  respecter  autant 
que  possible  la  tradition,  aucune  période  peut-être  ne  s'impose  d'une  façon 
plus  absolue  que  celle  de  7  jours.  Et,  en  effet,  chez  la  plupart  des  peuples 
civilisés,  les  mœurs,  les  usages  anciens,  les  doctrines  religieuses,,  font  de 
cette  subdivision  du  temps  une  des  bases  de  réglementation  les  plus  essen- 
tielles pour  les  travaux,  les  pratiques  des  divers  cultes,  les  affaires,  ou  les 
plaisirs.  Il  faut  donc  renoncer  à  substituer  à  la  semaine  une  autre  période 


UÉFORME  DU  CALENDRIER.  293 

plus  méthodique  de  5,  6  ou  10  jours,  par  exemple,  sous  peine  d'apporter  un 
trouble  profond  dans  les  habitudes  de  la  population  et  de  ne  créer  qu'une 
œuvre  destinée  à  périr  promptement,  comme  le  calendrier  de  la  Convention 
nationale  française,  si  excellent  pourtant  à  d'autres  égards. 

3**  Le  mois.  —  A  proprement  parler,  le  mois  du  calendrier  grégorien  n'est, 
de  môme  que  la  semaine,  qu'une  subdivision  purement  factice.  —  Et  d'abord 
il  ne  correspond  exactement  à  aucune  évolution  astronomique.  Do  plus,  les 
mois  ne  sont  pas  égaux  entre  eux,  et  chacun  d'eux  ne  présente  pas  même 
l'avantage  d'être  une  fraction  déterminée  de  l'année.  Cet  inconvénient  est 
rendu  plus  saillant  encore  par  l'inconcevable  esprit  de  routine  qui  a  fait 
attribuer  seulement  28  jours  à  février,  tandis  que  d'autre  part  le  nombre  des 
mois  de  31  jours  dépasse  celui  des  mois  de  30  jours.  Enfin,  si  4  mois  de 
l'année  présentent  bien  l'avantage  de  comprendre  un  nombre  de  jours 
simple  et  facilement  divisible,  il  faut  remarquer  que  les  8  autres,  c'est-à-dire 
le  plus  grand  nombre,  sont  composés  de  31,  28  ou  29  jours,  et  sont  au  con- 
traire très  défectueux  à  cet  égard. 

Nous  croyons  donc  qu'une  réforme  s'impose  impérieusement  sur  ce  point. 
—  Sans  doute,  nous  ne  regrettons  pas  que  le  mois  du  calendrier  ne  corres- 
ponde pas  au  mois  lunaire.  A  la  différence  des  mouvements  de  rotation  et 
de  translation  de  la  Terre,  le  mouvement  de  la  Lune  autour  de  notre  planète 
n'entraîne  aucune  conséquence  pratique  suffisamment  importante  pour  qu'on 
doive  sacrifier  au  désir  d'en  tenir  compte  la  simplicité  et  l'utilité  d'un  autre 
mode  de  computation.  —  Nous  admettons  donc  que  le  mois  civil  puisse  ne 
pas  concorder  avec  le  mois  lunaire,  et  ne  doive  être  qu'une  division  artifi- 
cielle, qu'un  douzième  d'année,  —  Mais,  ceci  posé  en  principe,  et  toute  consi- 
dération scientifique  étant  écartée,  au  moins  faut-il  que  le  côté  pratique  de 
la  question  reçoive  autant  que  possible  satisfaction.  En  effet,  nous  ne  sommes 
plus  ici,  comme  en  ce  qui  concerne  la  semaine,  contraints  par  la  nécessité 
de  respecter  des  traditions  enracinées  dans  l'esprit  de  la  population  ;  car  les 
anomalies  qui  se  rencontrent  dans  la  durée  des  différents  mois  ne  peuvent 
s'expliquer  que  par  le  souvenir  d'usages  et  de  préjugés  depuis  longtemps  dis- 
parus. Il  faut  donc  s'en  tenir  sur  ce  point  aux  seules  règles  du  bon  sens,  et 
restituer  au  mois  son  caractère  de  division  factice,  mais  pratique  et  com- 
mode, de  l'année.  —  Nous  verrons  au  paragraphe  suivant  comment,  à  notre 
avis,  ce  résultat  pourrait  ôtre  obtenu. 

4«  L'année.  —  A  la  différence  de  la  semaine  et  du  mois,  l'année  est  une 
période  pour  laquelle  on  doit  soigneusement  tenir  compte  des  données  de 
TAstronoraie.  —  Si  nous  avons  pu,  en  effet,  négliger  de  prendre  en  considé- 


294  L'ASTRONOMIE. 

ration  les  phases  delà  Lune,  qui  n'apportent  pas  d'importantes  modifications 
aux  conditions  de  la  vie  usuelle,  nous  ne  saurions  agir  de  môme  en  ce  qui 
concerne  le  mouvement  de  notre  planète  autour  du  Soleil.  De  même  que  la 
rotation  de  la  Terre  impose  nécessairement  le  jour  comme  élément  fonda- 
mental de  la  division  du  temps,  en  ramenant  successivement  les  ténèbres  et 
la  lumière,  de  même  la  course  de  notre  planète  autour  du  Soleil  entraîne 
périodiquement,  sous  la  plupart  des  latitudes,  le  retour  de  phénomènes  cli- 
matériques  d'une  extrême  importance  au  point  de  vue  pratique.  Toutefois, 
Tannée  solaire  ne  comprenant  pas  un  nombre  exact  de  jours,  il  devient 
nécessaire  d'user  de  procédés  empiriques  pour  établir  la  concordance  entre 
ces  deux  éléments  essentiels  du  calendrier.  Nous  n'entreprendrons  pas 
d'examiner  les  diverses  méthodes  qui  ont  été  usitées  jusqu'ici  pour  atteindre 
ce  but;  mais  il  nous  semble  que  le  calendrier  grégorien  peut  être  considéré 
comme  aussi  satisfaisant  que  possible  à  ce  point  de  vue,  sauf  toutefois  en  ce 
4jui  concerne  la  place  bizarre  qui  est  assignée  au  jour  complémentaire,  et  qui 
n'a  d'autre  fondement  qu'un  respect  excessif  de  la  tradition. 

§3.—  Flan  de  réforme  du  calendrier. 

Nous  venons  de  voir  quels  sont  les  avantages  et  quelles  sont  les  lacunes 
que  présente  le  calendrier  grégorien  ;  il  nous  reste  maintenant  à  examiner 
comment  on  pourrait  arriver  à  conserver  les  uns  tout  en  comblant  les 
autres.  —  Nous  n'avons  pas,  sans  doute,  la  prétention  de  présenter  un  projet 
parfait  de  tous  points  :  nous  nous  contentons  de  soumettre  aux  lecteurs  te 
modifications  qui  nous  semblent  pouvoir  et  devoir  être  apportées  à  notre 
calendrier  actuel  ;  mais,  pour  plus  de  clarté  dans  l'exposition,  nous  sommes 
obligés  de  donner  à  cette  dernière  partie  de  notre  travail  le  caractère  d'uii 
plan  d'ensemble. 

A  notre  avis,  le  calendrier  réformé  devrait  être  établi  sur  les  bases  sui- 
vantes : 

L'année  serait  de  365  jours,  avec  des  jours  complémentaires  introduits 
conformément  aux  principes  du  calendrier  grégorien. 

Elle  se  diviserait  en  12  mois,  ayant  alternativement  30  et  31  jours,  de  telle 

sorte  qu'on  aurait  : 

Janvier 30  jours. 

Février 31  — 

Mars 30  — 

Avril 31  — 

Mai 30  - 

Juin 31  — 

JuiHet 30  - 

Août 31  — 


RÉFORME  DU  CALENDRIER.  295 

Septembre 30  jours. 

Octobre 31      — 

Novembre 30     — 

Décembre 30     — 

Total 365     — 

Dans  les  années  bissextiles,  le  mois  de  décembre  recevrait  un  31'  jour,  ce 
qui  porterait  à  6  le  nombre  des  mois  de  31  jours  de  même  que  celui  des  mois 
de  30. 

Le  premier  jour  de  Tannée  serait  toujours  un  dimanche;  puis  les  jours  de 
la  semaine  se  succéderaient  dans  leur  ordre  actuel  jusqu'au  30  décembre, 
dernier  jour  de  Tannée  dans  notre  système,  qui  se  trouverait  être  également 
un  dimanche;  en  sorte  que  le  premier  et  le  dernier  jour  de  Tannée  seraient 
jours  de  repos. 

Dans  les  années  bissextiles,  le  31  décembre,  jour  complémentaire,  rece- 
vrait une  désignation  spéciale,  ou  serait  simplement  qualifié  dimanche. 

Enfin  lejour  civil  resterait  soumis  aux  règles  qui  le  régissent  actuellement, 
sans  aucune  modification. 

11  nous  semble  qu'un  tel  calendrier  présenterait  des  avantages  considé- 
rables, et  serait  à  divers  points  de  vue  supérieur  au  calendrier  grégorien.— 
Quelles  sont,  en  effet,  les  réformes  que  nous  proposons  ? 

En  ce  qui  concerne  les  mois,  le  calendrier  actuel  divise  Tannée  en  7  mois  de 
31  jours,  4  mois  de  30  jours,  et  1  mois  de  28  ou  29  jours;  et  de  plus  il  intercale 
les  mois  de  31  jours  d'une  façon  tellement  singulière  qu'on  est  souvent  forcé 
(le  recourir  à  des  procédés  empiriques  pour  savoir  si  tel  ou  tel  mois  a  30  ou 
31  jours.  Le  mois  de  février,  démesurément  écourté,  oblige  à  augmenter  le 
nombre  des  mois  de  31  jours,  et  à  faire  du  mois  de  30  jours  l'exception,  alors 
qu'il  devrait  constituer  la  règle.  On  voit  donc  que  la  méthode  actuellement 
suivie  manque  absolmnent  de  logique.  —  Au  contraire^  dans  notre  système, 
les  mois  de  30  jours,  de  beaucoup  les  plus  commodes,  sont  en  majorité,  et  se 
trouvent  régulièrement  alternés  avec  les  mois  de  31,  ce  qui  permet  de  les 
distinguer  facilement  les  uns  des  autres.  De  plus,  la  singularité  d'un  mois 
tronqué,  comme  le  mois  de  février  actuel,  disparaît  complètement.  Enfin,  le 
jour  complémentaire  des  années  bissextiles  vient  s'encadrer  tout  natu- 
rellement à  la  fin  de  Tannée,  en  faisant  du  douzième  mois  un  mois  de  31  jours. 

Sur  ce  premier  point  il  nous  semble  que  la  réforme  que  nous  proposons 
ne  saurait  offrir  beaucoup  de  prise  à  la  critique.  —  Quant  au  système  que 
nous  avons  énoncé  plus  haut  touchant  les  semaines,  nous  admettrions  plus 
volontiers  la  discussion.  Nous  ne  nous  dissimulons  pas,  en  effet,  le  caractère 
empirique  de  la  théorie  que  nous  avons  mise  en  avant,  et  nous  savons  qu'on 
pourra  nous  accuser  d'avoir  créé  une  semaine  de  deux  dimanches,  ou  même 


296  L'ASTRONOMIE. 

de  trois  dimanches,  proche  parente  de  la  fameuse  «  semaine  des  quatre  jeu- 
dis ».  Mais  nous  avons  été  séduits  par  la  perspective  de  faire  concorder  entre 
elles  les  diveraes  subdivisions  du  calendrier.  N*est-il  pas  en  effet  regrettable 
de  voir  ce  défaut  de  connexité  qui  existe  aujourd'hui  entre  le  jour  de  la 
semaine  et  le  jour  de  Tannée?  Qui  n'a  senti  à  maintes  reprises  les  inconvé- 
nients théoriques  et  pratiques  d'une  telle  méthode? —  Sans  doute,  on  peut 
reprocher  au  système  que  nous  proposons  de  faire  de  la  dernière  semaine  de 
Tannée  une  semaine  qui  n'en  est  pas  une,  une  semaine  de  8  ou  même  de 
9  jours,  et  de  rompre  ainsi  la  chaîne  des  périodes  de  7  jours.  C'est  là  incon- 
testablement une  critique  fondée;  mais  nous  pouvons  répoudre  à  cette  objec- 
tion par  des  arguments  également  sérieux. 

Et  d'abord,  on  remarquera  que  nous  employons,  pour  faire  coïncider  la 
durée  de  Tannée  avec  celle  d'un  nombre  exact  de  semaines,  un  procédé  abso- 
lument analogue  à  celui  qui  est  déjà  usité  pour  faire  concorder  les  années 
solaires  avec  des  nombres  entiers  de  jours.  De  môme  que,  tous  les  4  ans,  on 
ajoute  un  jour  complémentaire  à  Tannée  bissextile,  qui  devient  ainsi  une 
période  de  366  jours,  tandis  que  Tannée  normale  n'en  comprend  que  365: 
de  même  nous  faisons  de  la  52*  semaine  de  chaque  année  une  semaine  spé- 
ciale comprenant  8  jours  au  lieu  de  7.  On  voit  donc  que  ces  deux  proœdés 
se  valent,  et  que  Tun  n'est  ni  plus  empirique  ni  plus  étrange  que  l'autre.  — 
De  plus,  il  faut  considérer  que  cette  légère  perturbation,  qui  se  produirait 
dans  les  habitudes  de  la  population,  par  suite  du  rapprochement  immédiat  de 
deux  dimanches,  se  placerait  précisément  à  une  époque  de  Tannée  consaci'ée 
généralement  à  des  réjouissances  exceptionnelles,  d'après  les  coutumes  elles 
mœurs  de  presque  tous  les  peuples.  —  Enfin,  quand  bien  même  la  réforme 
indiquée  par  nous  présenterait  certains  désavantages,  ne  vaudrait-il  pas 
mieux  encore  se  résigner  à  accepter  ces  légers  inconvénients,  plutôt  que  de 
laisser  subsister  un  état  de  choses  éminemment  défectueux  ? 

En  résumé,  le  nouveau  calendrier  dont  nous  proposons  Tadoption  l'empor- 
terait sur  le  calendrier  grégorien  par  les  qualités  suivantes  :  concordance  per- 
pétuelle des  jours  de  ravinée  avec  les  jours  de  la  semaine;  égalité  et  régularité 
aussi  gi'andes  que  possible  des  mois;  absence  de  toute  singularité  injusti- 
fiable autrement  que  par  l'esprit  de  routine.  —  De  plus,  il  offrirait  cet  im- 
mense avantage  de  respecter  presque  absolument  les  habitudes  invétérées  de 
la  population  ;  de  telle  façon  que  la  réforme  ne  jetterait  aucun  trouble  dans 
le  cours  ordinaire  des  choses  delà  vie  usuelle,  et  réaliserait  des  améliorations 
considérables  tout  en  passant  pour  ainsi  dire  inaperçue. 

Jules  Bonjean. 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L'ASTRONOMIE. 


297 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L'ASTRONOMffi. 

L'INSTRUMENT  MÉRIDIEN  ET  LES  OBSERVATIONS  MÉRIDIENNES 

(Suite.)  (') 

Détermination  de  la  position  des  étoiles  fondamentales. 

On  a  vu,  dans  les  deux  articles  que  nous  avons  consacrés  aux  instruments 
méridiens  le  rôle  considérable  que  jouent  les  étoiles  fondamentales  dans  les 
observations  méridiennes.  La  fig,  98  montre  la  disposition  dans  le  ciel  des  étoiles 

Fig.  98. 


Carte  des  Etoiles  fondamentales  de  la  Connaissance  des  Temps,  dans  rhémisphëre  boréal 
et  jusqu'à  25*  de  déclinaison  australe. 

fondamentales  adoptées  par  le  Bureau  des  Longitudes  et  dont  les  coordonnées 
sont  données  pour  toute  Tannée  de  10  en  10  jours  dans  la  Connaissance  des  Temps. , 
A  cause  de  la  latitude  boréale  de  Paris,  la  plupart  d'entre  elles  sont  dans  Thémi- 

(•)  Voir  VAstronomie,  T.  IV,  n*  4  (Avril  1885),  p.  138,  et  n^  5  (Mai  1885).  p.  174. 


298  L'ASTRONOMIE. 

sphère  Nord;  aussi  nous  sommes-nous  bornés  à  limiter  la  carte  de  la  fig.  98  au 
250  degré  de  déclinaison  australe.  On  se  rappelle  que  ces  étoiles  constituent  les 
points  de  repère  du  ciel  auxquels  on  rapporte  en  définitive  toutes  les  observations 
des  autres  astres.  On  comprend  alors  l'importance  qu'attachent  les  Astronomes  à 
la  possession  de  catalogues  qui  leur  fassent  connaître,  avec  toute  la  précision  dont 
la  Science  moderne  est  susceptible,  la  position  exacte  de  ces  étoiles.  La  con- 
struction d'un  pareil  catalogue  est  à  coup  sûr  l'opération  la  plus  importante  et  eu 
même  temps  la  plus  délicate  de  l'Astronomie  d'observation.  De  Texactitude  plus 
ou  moins  complète  de  co  catalogue  dépendra  la  précision  de  toutes  les  autres 
mesures  astronomiques;  l'incertitude  qui  pourra  subsister  dans  les  positions  des 
étoiles  fondamentales  se  retrouvera  tout  entière  dans  les  positions  de  tous  les 
autres  astres  et  limitera  par  cela  même  nos  moyens  d'investigation  relativement 
aux  mouvements  des  planètes  ou  des  étoiles.  C'est  donc  avec  raison  que  ces 
étoiles  ont  reçu  le  nom  de  fondamentales,  puisque  la  connaissance  exacte  de 
leurs  coordonnées  est  la  6âse  sur  laquelle  reposent  toutes  les  conclusions  qu'on 
pourra  tirer  des  observations,  et  par  suite,  toutes  les  études  qu'on  pourra  entre- 
prendre sur  les  phénomènes  naturels  qui  interviennent  dans  le  mouvement  des 
corps  célestes. 

La  méthode  employée  pour  arriver  à  cette  précision  si  désirable  et,  en  même 
temps  si  difficile  à  réaliser,  est  celle  qui  est  connue  dans  les  Sciences  mathé- 
matiques et  expérimentales  sous  le  nom  de  méthode  des  âpproxima/ ions  «ucces- 
sives.  Elle  consiste  à  déterminer  d'abord  des  valeurs  approchées  des  quantités 
qu'on  veut  connaître,  puis  à  se  servir  de  ces  valeurs  mêmes  pour  en  calculer  de 
plus  approchées,  et  ainsi  de  suite.  Mais,  tandis  que  dans  les  questions  de  Mathé- 
matiques pures,  cette  méthode,  convenablement  appliquée,  permet,  en  général, 
d'obtenir  une  approximation  aussi  étendue  qu'on  le  désire  et  qui  n'est  limitée 
en  pratique  que  par  la  longueur  des  calculs  qu'il  faudrait  effectuer;  dans  les 
Sciences  d'expérience  et  d'observation,  au  contraire,  l'approximation  finale  que 
l'on  peut  espérer  est  toujours  limitée  par  l'imperfection  des  mesures  et  les 
erreurs  inévitables  des  opérations.  Pour  augmenter  la  précision  du  résultat 
définitif,  il  faudra  donc  s'attacher  à  réduire  le  plus  possible  ces  erreurs  inévi- 
tables, à  déterminer  avec  le  plus  grand  soin  les  petites  imperfections  de  réglage 
de  l'instrument  afin  de  pouvoir  corriger  les  observations  des  erreurs  de  cette 
nature,  et  enfin,  quand  viendra  le  moment  de  réunir  et  de  discuter  les  obser- 
vations faites  et  réduites,  pour  en  tirer  une  conclusion,  on  devra  les  combiner  de 
telle  sorte  que  les  erreurs  qu'il  aura  été  impossible  de  calculer  à  l'avance  s'éli- 
minent d'elles-mêmes  dans  le  résultat  final.  Sur  les  deux  premiers  points  nous 
n'avons  rien  à  ajouter  à  ce  que  nous  avons  dit  à  propos  des  observations  méri- 
diennes ordinaires,  si  ce  n'est  que  la  confection  d'un  catalogue  d'étoiles  fonda- 
mentales, demandant  une  précision  toute  particulière,  on  devra  apporter  dans  ce 
travail  encore  plus  de  soin  que  d'habitude.  Il  faudra  choisir  le  meilleur  instru- 
ment dont  on  puisse  disposer  et  confier  les  observations  aux  Astronomes 
reconnus  les  plus  habiles  et  les  plus  attentifs. 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L'ASTRONOMIE.  '399 

La  manière  de  combiner  et  de  discuter  les  observations  exige  une  connaissance 
approfondie  de  toutes  les  causes  qui  peuvent  influer  sur  la  précision  des  mesures, 
et  une  étude  attentive  de  la  manière  dont  agissent  ces  diverses  causes.  Il  est 
facile  de  reconnaître,  avec  un  peu  de  réflexion,  que  les  erreurs  auxquelles  on 
est  exposé  dans  les  sciences  d'observations  sont  de  deux  espèces  bien  différentes  : 
les  unes  dépendent  de  causes  essentiellement  variables  et  de  circonstances  qui 
se  modifient  à  chaque  instant;  telles  sont  les  erreurs  de  pointé  ou  celles  d'appré- 
ciation d'un  dixième  de  seconde  de  temps,  celles  qui  sont  dues  à  de  très  faibles 
trépidations  de  Tinstrument,  à  la  marche  irrégulière  des  rayons  lumineux  à  tra- 
vers une  atmosphère  plus  ou  moins  agitée,  etc.,  etc.  Ces  causes  multiples  et 
indéterminées  agissent  tantôt  dans  un  sens,  tantôt  dans  un  autre,  sans  aucune 
préférence;  les  erreurs  auxquelles  elles  donnent  lieu  se  produisent  pour  ainsi 
dire  au  hasard,  et  l'on  peut  leur  appliquer  les  règles  du  calcul  des  probabilités. 
On  les  a  nommées  les  erreurs  accidentelles.  Celles  de  l'autre  catégorie  tiennent 
à  des  causes  bien  déterminées,  et  se  reproduisent  dans  le  même  sens  et  avec  la 
même  grandeur  toutes  les  fois  qu'on  se  retrouve  dans  certaines  circonstances 
analogues;  on  les  appelle  les  erreurs  systématiques.  Elles  présentent  ce  caractère 
particulier  qu'elles  dépendent  d'un  ou  de  plusieurs  éléments  qu'il  est  quelquefois 
possible  d'assigner,  de  telle  sorte  qu'on  peut  prévoir  la  marche  qu'elles  suivront 
d'après  les  variations  des  phénomènes  qui  les  font  naître.  Nous  pouvons  citer 
comme  exemple  les  erreurs  dues  à  la  flexion  des  cercles  ou  des  lunettes,  et  celles 
qui  tiennent  à  un  défaut  de  centrage,  c'est-à-dire  à  ce  que  le  centre  du  cercle  sur 
lequel  est  tracée  la  division  ne  se  trouve  pas  rigoureusement  sur  l'axe  de  rotation 
de  l'appareil  :  toutes  ces  erreurs  dépendent  de  la  position  de  instrument  et 
se  retrouvent  les  mêmes  toutes  les  fois  que  la  lunette  reprend  la  même  direction. 

Les  variations  de  la  température  ont  une  influence  considérable  sur  la  précision 
<ie3  observations  astronomiques,  à  cause  des  contractions  et  dilatations  qu'elles 
produisent  dans  le  métal  des  instruments  ou  dans  le  balancier  de  la  pendule,  si 
bien  compensé  qu'il  soit.  De  là  résulte  une  série  d'erreurs  systématiques  qui 
suivront  les  variations  diurnes  et  annuelles  de  la  température,  et  se  présenteront 
avec  un  caractère  de  périodicité  bien  marqué.  Il  existe,  du  reste,  une  foule  d'erreurs 
qui  dépendent  de  circonstances  météorologiques,  et  qui  affectent  la  marche  de 
la  pendule,  l'inclinaison  et  l'orientation  de  l'axe  de  la  lunette  méridienne,  la 
position  du  cercle,  la  distance  des  divisions  aux  microscopes  qui  servent  à  les 
observer,  etc.  Ajoutez-y  les  réfractions  qui  ne  sont  calculées  qu'approximati- 
vement;  il  est  bien  certain  que  les  erreurs  des  tables  de  réfraction  dépendent  de 
l'état  de  l'atmosphère,  et  que  les  tables,  justes  dans  telles  ou  telles  circonstances, 
se  trouveront  plus  ou  moins  erronées  dans  d'autres.  Toutes  ces  erreurs  qu'on 
pourrait  appeler  météorologiques,  dépendent  évidemment  des  perturbations 
accidentelles  de  l'atmosphère,  de  l'heure  du  jour,  et  de  la  saison  de  l'année.  On 
peut  donc  en  faire  trois  parts  :  une  première  qui  rentrera  dans  la  catégorie  des 
erreurs  accidentelles,  une  deuxième  qui  présentera  la  périodicité  diurne,  et  une 
troisième  qui  présentera  la  périodicité  annuelle. 


300  L'ASTRONOMIE. 

11  existe  aussi  plusieurs  phénomènes  astronomiques  qui  font  varier  les  coor- 
données apparentes  des  étoiles.  Telles  sont  la  précession  des  èquinoxes  et  la 
nutalion  de  Taxe  de  la  Terre,  qui  consistent  dans  un  déplacement  continu,  quoique 
très  lent  de  Taxe  de  la  Terre,  et  par  suite  du  pôle  céleste,  Vaberration  de  la 
lumière,  et  les  petits  déplacements  apparents  de  perspective  qu'on  observe  dans 
les  étoiles  les  plus  voisines  de  nous,  à  cause  du  mouvement  annuel  de  la  Terre 
autour  du  Soleil.  Ces  phénomènes  sont  très  bien  connus,  et  Ton  peut  corrigeras 
observations  des  effets  dont  ils  sont  la  cause;  mais  toute  incertitude  qui  pourrait 
subsister  sur  les  constantes  numériques  qui  les  caractérisent  se  retrouvera  néces- 
sairement dans  les  corrections  calculées  et  par  conséquent  dans  les  conclusions 
qu'on  pourra  tirer  des  observations.  Remarquons,  toutefois,  que  le  phénomène  de 
la  nutation  présente  une  période  de  18  ans  environ;  ceux  de  l'aberration  et  des 
déplacements  de  perspective  dits  de  parallaxe  ont  évidemment  la  périodicité  an- 
nuelle, et  les  erreurs  qui  peuvent  résulter  d'une  connaissance  imparfaite  de  ces 
phénomènes,  et  par  suite  d'une  correction  inexacte  des  observations,  seront  donc 
dos  erreurs  systématiques  dépendant  d'une  période  de  temps  bien  connue. 

Enfin,  il  faut  encore  ajouter  une  autre  source  d'erreurs  beaucoup  plus  difficiles 
à  écarter.  Les  étoiles,  on  le  sait,  ne  sont  pas  fixes  dans  l'espace;  elles  se  meuvent 
au  contraire  avec  des  vitesses  souvent  considérables.  Heureusement,  leur  éloi- 
gnement  est  tel  que  les  déplacements  qu'on  peut  observer  du  point  où  nous 
nous  trouvons  restent  toujours  très  petits  et  se  réduisent  à  quelques  secondes 
seulement,  même  après  un  intervalle  de  temps  embrassant  un  grand  nombre 
d'années.  Néanmoins,  il  en  résultera  que  les  observations  d'une  même  étoile 
faites  à  des  époques  notablement  différentes  n'indiqueront  pas  la  même  position. 
Il  faudra  donc  déterminer  avec  le  plus  grand  soin  le  mouvement  propre  de  chaque 
étoile,  pour  ramener  les  observations  à  ce  qu'elles  auraient  été  si  on  les  avait 
toutes  faites  à  une  même  époque  arbitraire,  mais  fixe. 

On  voit  combien  sont  multiples  et  complexes  les  causes  qui  influent  sur  la 
précision  des  observations,  et  combien  se  complique  le  problème  de  la  détermi- 
nation exacte  des  coordonnées  d'un  certain  nombre  d'étoiles,  en  dehors  des  dif- 
ficultés qu'il  peut  présenter  par  sa  nature  même.  Fort  heureusement,  une  grande 
partie  des  nombreuses  erreurs  auxquelles  on  est  exposé  peuvent  s'éliminer  faci- 
lement par  une  disposition  convenable  du  travail  et  un  choix  judicieux  des 
observations  qu'on  devra  combiner  pour  en  tirer  des  conclusions. 

A  l'égard  des  erreurs  accidentelles,  il  n'y  a  qu'un  moyen  d'en  atténuer  l'effet, 
c'est  de  multiplier  les  observations  d'une  même  étoile,  et  de  faire  la  moyenne 
des  résultats  qu'elles  fournissent  isolément.  Il  est  clair  que  ces  sortes  d'erreurs 
se  produisant  indifféremment  tantôt  dans  un  sens,  tantôt  dans  l'autre,  se  détrui- 
ront  en  partie  d'elles-mêmes  dans  la  moyenne  qui  se  trouvera  généralement  de 
la  sorte  beaucoup  plus  précise  que  n'auraient  pu  l'être  les  observations  isolées. 
Remarquons  toutefois  qu'il  ne  faut  pas  trop  compter  sur  la  puissance  des 
moyennes.  D'abord,  on  ne  saurait  évidemment  espérer  que  les  erreurs  acciden- 
telles se  détruiront  rigoureusement  dans  la  moyenne;  il  serait  bien  improbable 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L'ASTRONOMIE.  301 

que  la  compensation  se  fît  exactement  et  Ton  doit  s'attendre  à  trouver  encore  une 
légère  incertitude  dans  la  moyenne;  il  est  bien  vrai  que  le  calcul  des  probabilités, 
d'accord  en  cela  avec  les  prévisions  du  sens  commun,  montre  que  la  compensa- 
tion des  erreurs  sera  d'autant  plus  près  d'être  rigoureuse  que  le  nombre  des  obser- 
vations sera  plus  grand;  mais  il  ne  faut  pas  oublier  non  plus  que  Terreur  qui  peut 
subsister  dans  la  moyenne  dépendra  évidemment  de  la  grandeur  des  erreurs  des 
observations  isolées  ;  il  faut  donc  s'attacher  h  effectuer  celles-ci  avec  toute  l'exac- 
titude possible  et  ce  serait  un  bien  mauvais  raisonnement  que  de  compter  sur 
la  vertu  des  moyennes  pour  se  dispenser  d'apporter  au  travail  tout  le  soin  et 
Xi  oute  l'attention  nécessaires.  Un  petit  nombre  d'observations  précises,  faites  avec 
soin  avec  un  bon  instrument  bien  réglé,  seront  toujours  préférables  à  un  grand 
nombre  d'observations  douteuses.  Enfin,  et  c'est  là  le  point  capital,  le  procédé 
des  moyennes  n'est  légitime  qu'autant  que  les  erreurs  qu'il  s'agit  d'éliminer  sont 
bien  accidentelles,  et  se  sont  effectivement  produites  indifféremment  dans  les 
deux  sens.  S'il  se  trouvait  une  erreur  systématique  affectant  également  ou  à  peu 
près  également  toutes  les  observations,  il  est  clair  qu'elle  ne  disparaîtrait  pas 
de  la  moyenne.  Les  exemples  ne  sont  pas  rares,  dans  l'histoire  des  Sciences,  de 
nombres  qui  ont  été  acceptés  avec  une  confiance  presque  absolue  à  cause  du 
grand  nombre  d'observations  qu'on  avait  fait  intervenir  dans  leur  calcul,  et  qui 
ont  été  reconnus  plus  tard  notablement  erronés.  L'inexactitude  tenait  à  la  pré- 
sence d'une  erreur  systématique  qui  n'avait  pas  été  prévue,  de  sorte  qu'aucune 
précaution  n'ayant  été  prise  pour  l'éliminer,  elle  restait  tout  entière  dans  le  ré- 
sultat final. 

On  devra  donc  s'attacher,  avec  le  plus  grand  soin,  à  découvrir  toutes  les  causes 
capables  d  introduire  des  erreurs  systématiques.  Lorsqu'on  connaît  bien  la  cause 
d'une  certaine  catégorie  d'erreurs,  on  peut  prévoir  comment  elles  se  comporteront 
et  dans  quel  sens  elles  se  manifesteront  suivant  les  circonstances,  de  sorte 
qu'il  deviendra  quelquefois  possible,  en  choisissant  convenablement  les  obser- 
vations, de  les  répartir  en  groupes  tels  que  Terreur  considérée  s'élimine  d'elle- 
même  dans  la  moyenne  de  chaque  groupe.  D'autres  fois,  Terreur  systématique 
se  produira  toujours  dans  le  même  sens  sans  qu'il  soit  possible  de  la  faire  se 
manifester  en  sens  inverse.  Dans  ce  cas,  il  sera  nécessaire  de  la  calculer,  et  Ton 
pourra  presque  toujours  y  parvenir;  la  loi  de  cette  erreur  étant  connue,  il  suffi- 
rait en  effet  de  connaître  les  constantes  numériques  dont  elle  dépend,  pour  qu'on 
pût  calculer  la  correction  à  apporter,  de  ce  chef,  à  chaque  observation.  Or  ces 
constantes  numériques  constituent  le  plus  souvent  un  petit  nombre  d'inconnues 
qui  viennent  s'ajouter  à  celles  en  vue  desquelles  les  observations  ont  été  instituées; 
leur  détermination  complique  évidemment  le  problème,  mais  elle  est  relativement 
facile  parce  que  les  observations,  ayant  été  fréquemment  renouvelées  sont  en 
nombre  beaucoup  plus  considérable  qu'il  ne  serait  mathématiquement  néces- 
saire. Nous  allons  rencontrer  des  exemples  de  ces  sortes  de  déterminations  en 
passant  en  revue  les  principales  sources  d'erreurs  que  nous  avons  énumérées. 
.  Occupons-nous  d'abord  des  erreurs  que  nous  avons  appelées  météorologiques; 


302  L'ASTRONOMIB. 

nous  avons  vu  qu'elles  sont  réglées  sur  le  jour  solaire  et  sur  Tannée.  Si  donc  od 
faisait  une  certaine  observation  tous  les  jours  à  la  même  heure,  il  est  visible  que 
la  partie  de  l'erreur  qui  se  règle  sur  la  saison  se  serait  produite  dans  toutes  les 
circonstances  possibles,  et  que,  par  conséquent,  elle  se  serait  trouvée  dans 
un  certain  sens  pendant  une  certaine  saison  et  dans  Tautre  à  la  saison  opposée, 
de  sorte  qu'elle  disparaîtrait  presque  complètement  de  la  moyenne.  11  n*en  serait 
pas  de  même  de  la  partie  qui  se  règle  sur  Theure;  celle-là  affecterait  chaque 
observation  isolée  de  la  même  manière.  Mais  il  importe  de  remarquer  que  les 
observations  méridiennes  d'une  même  étoile  se  font  toujours  au  moment  où 
Tétoile  passe  dans  le  plan  méridien,  c'est-à-dire  à  la  même  heure  sidérale; 
comme  le  jour  sidéral  est  plus  court  que  le  jour  solaire,  et  qu'il  y  a  dans  l'année 
juste  un  jour  sidéral  de  plus  que  de  jours  solaires,  il  en  résulte  qu'un  phénomène 
qui  se  reproduit  tous  les  jours  à  la  même  heure  sidérale  paraît  avancer  chaque 
jour  de  4™  environ  sur  le  temps  moyen,  de  sorte  qu'au  bout  de  Tannée,  il  s'est 
présenté  à  toutes  les  époques  possibles  du  jour  solaire.  On  comprend  alors  que 
si  les  observations  sont  affectées  d'une  erreur  systématique  dépendant  de  l'heure 
solaire,  cette  erreur  s'éliminera  dans  la  moyenne  d'une  série  d'observations  méri- 
diennes choisies  à  des  époques  réparties  symétriquement  tout  le  long  de  Tannée. 
De  là  résulte  l'obligation  de  répéter  les  observations  d'une  même  étoile  fonda- 
mentale pendant  au  moins  une  année,  et  comme  dans  cette  période,  Tétoih* 
passera  au  méridien  tantôt  dans  le  jour,  tantôt  pendant  la  nuit,  on  voit  qu'il  faut 
nécessairement  choisir  les  étoiles  fondamentales  parmi  celles  qui  peuvent  être 
aperçues  dans  les  lunettes  malgré  la  lumière  du  Soleil,  c'est-à-dire  parmi  les 
plus  brillantes.  Ainsi,  un  groupement  convenable  des  observations  permettra 
d'éliminer  à  la  fois  toutes  les  erreurs  que  nous  avons  appelées  météorologiques, 
ainsi  que  toutes  celles  qui  dépendent  de  la  parallaxe  des  étoiles,  de  Taberration 
de  la  lumière,  etc. 

Nous  avons  aussi  mentionné  l'influence  de  la  nutation  de  Taxe  do  la  Terre  sur 
les  positions  apparentes  des  étoiles,  et  nous  avons  dit  qu'une  petite  erreur  sur 
les  constantes  numériques  de  ce  phénomène  entraînerait  une  erreur  systéma- 
tique dépendant  d'une  période  de  dix-huit  ans.  On  éliminera  cette  erreur  en 
choisissant  pour  les  grouper  ensemble  des  observations  réparties  symétriquement 
dans  cette  période  de  dix-huit  ans;  mais  comme  cet  intervalle  peut  paraître  un 
peu  long,  il  faudra,  si  Ton  veut  tirer  des  conclusions  d'un  ensemble  d'observations 
effectuées  en  moins  de  temps,  profiter  des  observations  mêmes  pour  déterminer 
à  nouveau  les  constantes  de  la  nutation.  Les  lois  du  phénomène  sont  parfaitement 
connues,  et  la  grandeur  de  l'écart  dépend  de  treize  constantes  numériques.  On 
supposera  que  les  valeurs  déjà  connues  de  ces  constantes  ne  sont  qu'approchées, 
et  Ton  se  proposera  de  déterminer  les  corrections  qu'il  faut  leur  appliquer.  Or, 
il  est  évident  que  chaque  observation  des  deux  coordonnées  d'une  étoile,  fournit 
deux  relations  entre  l'ascension  droite  et  la  déclinaison  inconnue  de  Tétoile  et 
les  treize  constantes  à  déterminer.  On  sait  que  pour  résoudre  un  problème  à 
plusieurs  inconnues,  il  suffit  d'avoir  autant  d'équations  que  d'inconnues.  Il  suffi- 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L'ASTRONOMIE.  303 

raît  donc,  à  la  rigueur,  d'effectuer  sept  observations  complètes  plus  une  obser- 
vation d'une  seule  coordonnée,  pour  obtenir  les  quinze  équations  nécessaires.  Les 
corrections  ainsi  déterminées  serviraient  ensuite  pour  toutes  les  autres  étoiles. 
Il  faut  cependant  remarquer  que  les  équations  n'apprendraient  rien  si  les  obser- 
vations étaient  trop  rapprochées  les  unes  des  autres.  Il  vaut  beaucoup  mieux 
choisir  plusieurs  étoiles  dans  des  régions  différentes  du  ciel,  et  effectuer  un 
nombre  d'observations  tel  que  Ton  ait  à  sa  disposition  un  nombre  d'équations 
égal  au  double  du  nombre  des  étoiles,  plus  treize  ;  mais  en  réalité,  chaque  étoile 
étant  observée  un  très  grand  nombre  de  fois,  le  nombre  des  équations  surpasse 
toujours  de  beaucoup  celui  des  inconnues  à  déterminer,  et  la  véritable  difficulté 
consiste  à  tirer  le  meilleur  parti  de  cette  masse  de  documents  en  les  combi- 
nant de  manière  à  en  faire  sortir  les  valeurs  les  plus  probables  des  éléments 
inconnus. 

Un  procédé  analogue  pourrait  être  employé  pour  rectifier  les  valeurs  dev» 
constantes  de  tous  les  autres  phénomènes  qui  influent  sur  la  position  apparente 
des  astres,  tels  que  la  précession  des  équinoxes,  l'aberration,  la  parallaxe,  etc., 
de  sorte  qu'un  ensemble  d'observations  soigneuses  effectuées  en  vue  de  la 
confection  d'un  catalogue  d'étoiles  fondamentales  constitue  un  recueil  de  docu- 
ments des  plus  précieux  pour  la  Science  astronomique,  d'où  l'on  peut  tirer  une 
foule  de  déterminations  qui  auraient  pu  paraître,  tout  d'abord,  étrangères  au  but 
poursuivi  primitivement. 

Remarquons  aussi  que  toutes  ces  constantes  étant  déjà  connues  très  approxi- 
mativement, il  n'y  aura  jamais  à  déterminer  que  des  corrections  fort  petites.  Les 
personnes  qui  ne  sont  pas  étrangères  aux  études  mathématiques  savent  combien 
cette  circonstance  facilite  les  calculs,  puisqu'on  peut  préparer  les  équations,  à 
l'aide  de  développements  en  séries  où  l'on  néglige  les  puissances  supérieures 
de  ces  petites  inconnues,  de  telle  sorte  que  celles-ci  n'entrent  jamais  qu'à  la  pre- 
mière puissance.  Nous  trouvons  encore  ici  un  nouvel  exemple  delà  méthode  des 
approximations  successives,  qui  rend  de  si  grands  services  dans  les  sciences 
expérimentales. 

Les  mouvements  propres  des  étoiles  constituent  un  phénomène  qui  doit  être 
étudié  avec  soin  pour  chaque  astre.  En  raison  dé  l'immense  éloignement  qui 
nous  sépare  des  étoiles,  ces  mouvements  propres  nous  apparaissent  toujours 
très  lents,  et  les  déplacements  qui  en  résultent  sont  fort  petits,  même  après  un 
grand  nombre  d'années.  Aussi,  peut-on,  sans  aucun  inconvénient,  admettre  que, 
pendant  une  période  fort  longue,  la  vitesse  du  mouvement  propre  reste  constante, 
comme  si  l'étoile  se  mouvait  uniformément  sur  une  ligne  droite,  ou  mieux  sur 
une  circonférence  dont  nous  occuperions  le  centre.  Dès  lors  deux  observations 
complètes  d'une  même  étoile  suffiront  à  déterminer  son  mouvement  propre, 
puisqu'elles  feront  connaître  la  position  de  Tétoile  à  deux  époques  différentes. 
Ici  encore  le  nombre  des  équations  dépassera  de  beaucoup  celui  des  inconnues. 

La  flexion  des  cercles  et  des  lunettes  mérite  d'attirer  quelques  instants 
Tattention.  Nous  ferons  d'abord  observer  que  le  genre  d'erreurs  qui  en  résulte 


304  L'ASTllONOMIE. 

affecte  aussi  bien  les  observations  d'étoiles  ordinaires  que  celles  des  étoiles  fon- 
damentales. Il  y  a  cependant  un  moyen  de  la  faire  presque  entièrement  dispa- 
raître dans  les  observations  ordinaires  :  les  flexions  dépendant  évidemment  de 
la  position  de  la  lunette,  on  n'observera  dans  une  même  série  que  des  étoiles 
passant  au  méridien  à  la  même  hauteur,  et  Ton  choisira  pour  points  de  repères 
des  étoiles  fondamentales  passant  aussi  à  peu  près  à  la  même  hauteur.  De  la 
sorte  toutes  les  observations  se  feront  dans  une  même  position  de  la  lunette,  et 
Terreur  de  flexion  restant  la  même  pour  toutes  les  étoiles,  ne  modifiera  pas  les 
différences  entre  les  coordonnées  des  étoiles  fondamentales  et  celles  des  autres 
étoiles.  Mais,  outre  qu'il  n'est  pas  toujours  possible  de  disposer  ainsi  le  travail, 
on  conçoit  clairement  qu'un  pareil  procédé  est  tout  à  fait  inapplicable  à  la  déter- 
mination des  positions  des  étoiles  fondamentales  elles-mêmes.  Il  faut  donc  ou 
déterminer  à  l'avance  la  flexion  dans  les  différentes  positions  de  la  lunette,  afin 
d'en  corriger  les  observations,  ou  diriger  le  travail  de  manière  à  éliminer  cette 
source  d'erreurs.  Lorsqu'il  s'agit  d'une  lunette  fixée  à  un  cercle  mural  au  moyen 
de  colliers  placés  non  loin  de  la  circonférence,  la  flexion  de  la  lunette  et  celle  du 
cercle  sont  solidaires,  et  des  considérations  fort  simples  de  géométrie  montrent 
que  les  déformations  ainsi  produites  sur  le  cercle  divisé  sont  sans  grande  influence 
sur  la  moyenne  des  lectures  effectuées  au  moyen  d'un  nombre  suffisant  de  micro- 
scopes disposés  symétriquement  tout  autour  du  limbe.  Nous  avons  déjà  eu  roccasion 
de  dire  que  c'était  pour  cette  raison  qu'on  plaçait  six  microscopes  autour  du  cercle 
de  déclinaison,  aux  six  sommets  d'un  hexagone  régulier  inscrit.  Mais  il  en  est 
tout  autrement  de  la  flexion  d'une  lunette  qui  n'est  reliée  au  cercle  divisé  que 
par  une  pièce  centrale,  et  c'est  le  cas  de  l'instrument  que  nous  avons  décrit  dans 
notre  dernier  article.  Alors  en  effet,  la  flexion  de  la  lunette  est  tout  à  fait  ind^ 
pendante  de  celle  du  cercle  et  doit  être  étudiée  à  part.  En  général,  l'effet  de  cette 
déformation  est  d'abaisser  à  la  fois  l'objectif  et  l'oculaire;  si  les  deux  moitiés  de 
l'instrument  fléchissaient  également,  l'axe  optique  serait  simplement  déplacé 
parallèlement  à  lui-même  ce  qui  n'introduirait  aucune  erreur  dans  les  obser- 
vations; mais  on  comprend  qu'il  n'en  puisse  pas  être  ainsi  le  plus  souvent  et 
l'erreur  dépendra  de  l'excès  de  l'une  des  deux  flexions  sur  l'autre.  Il  peut  même 
arriver  que  le  tube,  en  fléchissant,  se  trouve  déjeté  à  droite  ou  à  gauche,  d'où 
résulte  une  déviation  de  l'axe  optique  capable  d'affecter  les  observations  d'ascen- 
sion droite,  ce  que  ne  peut  faire  en  aucune  façon  la  flexion  verticale  ordinaire 
({ui  n'a  d'effet  que  sur  les  observations  de  déclinaison.  En  tous  cas,  cette  flexion 
latérale  est  toujours  beaucoup  plus  petite  que  l'autre,  et  je  ne  sache  pas  qu'il  en 
ait  jamais  été  tenu  compte,  quoique  à  vrai  dire,  il  conviendrait  de  l'étudier  avec 
soin  pour  les  observations  de  haute  précision.  Quant  à  la  flexion  verticale  elle 
peut  se  déterminer  expérimentalement  pour  chaque  instrument  à  l'aide  d'un  pro- 
cédé très  délicat  que  nous  ne  décrirons  pas  et  qui  est  dû  à  M.  Lœvy.  Ce  procédé 
a  été  appliqué  à  Paris  aux  deux  grands  instruments  que  possède  l'Observatoire 
et  l'on  a  pu  dresser  une  table  qui  fait  connaître  la  correction  de  flexion  pour 
chaque  position  de  la  lunette. 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L'ASTRONOMIE.  305 

Après  avoir  indiqué  les  moyens  de  se  mettre  à  l'abri  des  nombreuses  causes 
d'erreurs  qui  pourraient  vicier  les  observations  et  rendre  illusoire  la  recherche 
do  la  précision  que  l'on  prétend  atteindre,  il  nous  reste  à  faire  connaître  comment 
on  peut  appliquer  la  méthode  des  approximations  successives  à  la  détermination 
des  positions  des  étoiles  fondamentales.  Nous  examinerons  à  part  les  observations 
d'ascension  droite  et  celles  de  déclinaison,  en  nous  bornant  à  donner  le  principe 
des  opérations,  sans  entrer  dans  les  détails  minutieux  que  comporte  un  travail 
aussi  considérable. 

Il  y  a  deux  parties  bien  distinctes  dans  la  détermination  des  ascensions  droites 
des  étoiles.  La  première  est  la  mesure  exacte  des  différences  d'ascensions  droites 
des  étoiles  les  unes  des  autres  par  rapport  aux  autres;  l'autre  est  la  détermi- 
nation des  positions  de  leurs  cercles  horaires  par  rapport  à  celui  qu'on  est  con- 
venu de  prendre  pour  origine.  Il  est  très  clair  que  ce  cercle  horaire  origine  étant 
arbitraire  et  choisi  par  une  simple  convention,  cette  deuxième  partie  présente 
une  importance  relativement  moindre  que  l'autre.  Nous  nous  bornerons  à  rap- 
peler que  les  astronomes  ont  choisi  pour  origine  des  ascensions  droites  le  cercle 
horaire  qui  passe  par  Téquinoxe  de  printemps,  de  sorte  que  la  détermination  de 
cette  origine  revient  à  la  recherche  de  la  position  de  l'équinoxe  par  rapport  aux 
étoiles  et  dépend  par  conséquent  des  observations  du  Soleil.  Nous  ne  nous  y 
arrêterons  pas,  d'autant  plus  que  cette  question  d'origine  revient  à  fixer  Tinstant 
précis  où  la  pendule  doit  marquer  0^0*^0%  puisque  c'est  au  commencement  du 
jour  sidéral  que  le  cercle  horaire  numéroté  0  passe  dans  le  plan  méridien.  On 
conçoit  clairement  que  les  positions  relatives  des  étoiles  seront  tout  aussi  bien 
connues  si  la  pendule  avance  ou  retarde  d'une  quantité  quelconque  mais  con- 
stante. 

En  admettant  que  l'on  ne  connaisse  absolument  rien  sur  les  coordonnées  des 
étoiles,  on  commencera  les  observations  en  suivant  la  marche  que  nous  avons 
indiquée  dans  notre  précédent  article  et  qui  suppose  le  mouvement  de  l'horloge 
uniforme  pendant  une  période  de  vingt-quatre  heures.  On  se  rappelle  que  deux 
observations  d'une  même  étoile  faites  à  un  jour  sidéral  d'intervalle  permettront 
de  reconnaître  si  la  pendule  marche  trop  vite  ou  trop  lentement,  et  qu'en  répar- 
tissant  la  différence  proportionnellement  au  temps  sur  toutes  les  observations 
intermédiaires  on  obtiendra  déjà  des  valeurs  approchées  des  ascensions  droites 
de  ces  étoiles.  Au  lieu  d'une  seule  étoile,  on  en  réobserve  plusieurs  à  vingt- 
quatre  heures  d'intervalle,  et  l'on  prend  la  moyenne  des  différences  des  heures 
indiquées  lors  des  deux  observations,  ce  qui  augmente  la  précision.  En  répétant 
ainsi  les  observations  d'un  petit  nombre  d'étoiles  toujours  les  mêmes,  autant  de 
fois  que  cela  sera  possible  pendant  toute  une  année,  et  en  faisant  la  moyenne 
de  tous  les  résultats  obtenus  pour  chacune  d'elles  l'influence  des  écarts  de 
marche  de  la  pendule  sera  éliminée  en  grande  partie  comme  nous  l'avons 
expliqué  à  propos  des  erreurs  météorologiques,  et  l'on  se  trouvera,  &  la  fin  de 
l'année  en  possession  d'un  catalogue  d'une  vingtaine  d'étoiles  par  exemple  dont 
les  positions  seront  déjà  connues  avec  une  grande  exactitude.  L'année  suivante 


306  L'ASTRONOMIE. 

ces  étoiles  joueront  le  rôle  d'étoiles  fondamentales  par  rapport  à  un  plus  grand 
nombre  d'autres  dont  les  observations  seront  poursuivies  pendant  l'année  entière. 
De  plus,  ces  nouvelles  observations  permettront  de  rectifier  les  positions  des 
vingt  premières,  et  cela  de  la  manière  suivante.  Imaginons  que  dans  chaque  série 
d'observations,  on  ait  observé  cinq  des  étoiles  primitives  au  commencement  et 
cinq  à  la  fin  ;  les  deux  moyennes  des  observations  du  début  et  de  la  fin  feront 
connaître  la  marche  de  la  pendule  pendant  la  série  des  observations,  et  l'on  en 
conclura  la  correction  qu'il  faut  apporter  aux  indications  du  cadran  lors  de 
chaque  observation.  Cette  correction  étant  appliquée  aux  observations  des  étoiles 
primitives  elles-mêmes,  on  ne  retrouvera  pas  exactement  pour  celles-ci  le  même 
nombre  qui  avait  été  adopté;  mais  il  y  a  lieu  de  supposer  que  le  nouveau  nombre 
est  plus  approché  que  l'ancien  parce  qu'il  repose  sur  les  résultats  des  observa- 
tions de  dix  étoiles  effectuées  pendant  l'année  précédente.  A  la  fin  de  l'année  on 
fera  la  moyenne  des  corrections  à  apporter  aux  positions  des  étoiles  primitives, 
et  de  plus,  le  catalogue  se  sera  enrichi  de  toutes  les  étoiles  observées  pendant 
cette  seconde  année.  Une  troisième  année  d'observation  permettra  d'enrichir 
encore  le  catalogue,  et  en  même  temps  de  rectifier  les  positions  des  étoiles  des 
deux  premières  années,  et  ainsi  de  suite. 

Pour  les  observations  de  déclinaison,  il  est  relativement  facile  de  mesurer  les 
différences  des  déclinaisons  des  étoiles  les  unes  par  rapport  aux  autres;  la  grande 
difficulté  consiste  dans  la  détermination  de  la  position  du  pôle  par  rapport  aux 
étoiles.  Il  n'existe  qu'un  moyen  d'effectuer  cette  détermination  :  c'est  d'observer  une 
étoile  circumpolaire,  c'est-à-dire  une  étoile  assez  voisine  du  pôle  pour  tourner 
autour  de  lui  sans  descendre  au-dessous  de  l'horizon  lors  de  ses  deux  passages  dans 
le  plan  méridien  au-dessus  et  au-dessous  du  pôle.  La  bissectrice  des  deux  positions 
correspondantes  de  l'axe  optique  de  la  lunette  est  la  direction  du  pôle.  Si  donc 
on  fait  la  moyenne  des  lectures  des  microscopes  aux  deux  observations,  on  aura 
la  lecture  qui  aurait  été  obtenue  si  l'instrument  avait  été  pointé  directement  vers 
le  pôle,  en  même  temps  que  la  moitié  de  la  différence  des  deux  lectures  obtenues 
fera  connaître  la  distance  polaire  de  l'étoile  observée.  Ce  procédé  est  extrême- 
ment simple  en  théorie;  malheureusement,  il  comporte  un  grand  nombre  de 
causes  d'erreurs.  Tout  d  abord  les  deux  observations  ne  sont  pas  faites  à  la 
même  hauteur,  puisque  dans  l'une  l'étoile  est  au-dessus  du  pôle,  et  dans  l'autre 
au-dessous.  Il  en  résulte  que  les  erreurs  de  réfraction  et  de  flexion  ne  retrouvent 
pas  les  mêmes  et  ne  s'éliminent  pas.  Si  donc  la  table  de  réfraction  n*est  pas  par- 
faitement exacte  et  si  l'erreur  de  flexion  est  mal  connue  ou  incomplètement  éli- 
minée par  l'emploi  de  six  microscopes,  la  détermination  du  pôle  se  trouvera 
erronée.  On  atténue  autant  que  possible  cet  inconvénient  en  choisissant  des 
étoiles  très  voisines  du  pôle,  de  sorte  que  ce  sont  surtout  ces  étoiles  très  voisines 
du  pôle  qui  devront  attirer  l'attention  pendant  la  première  année,  d'autant  plus 
qu'elles  jouent  également  un  rôle  fort  important  dans  les  observations  d'ascen- 
sion droite,  puisqu'elles  servent  à  la  détermination  de  l'azimut  de  la  lunette.  Uû^ 
seconde  cause  d'erreurs  beaucoup  plus  difficile  à  éliminer  provient  de  ce  que 


LES  GRANDS  INSTRUMENTS  DE  L'ASTRONOMIE.  307 

les  deux  observations  méridiennes  d'une  même  étoile  circumpolaire  doivent 
nécessairement  se  faire  à  douze  heures  d'intervalle.  Or  il  n'est  pas  permis 
d'admettre  que  la  stabiHté  du  cercle  ait  été  parfaite  pendant  une  aussi  longue 
période.  Heureusement  les  variations  de  positions  du  cercle  dépendent  de 
causes  météorologiques  ou  purement  accidentelles,  de  sorte  que  Teffet  qu'elles 
peuvent  produire  fînit  par  s'éliminer  à  la  fin  de  Tannée  et  par  le  grand  nombre 
des  observations.  Enfin,  toujours  à  cause  de  cet  intervalle  de  douze  heures,  Tune 
des  observations  se  fait  généralement  pendant  le  jour,  et  l'autre  pendant  la  nuit, 
et  le  même  observateur  n'effectue  pas  le  pointé  d'une  même  étoile  absolument 
de  la  même  manière  dans  les  deux  cas,  à  cause  de  la  grande  différence  d'aspect 
d'une  étoile  vue  dans  une  lunette  pendant  le  jour  ou  pendant  la  nuit.  Pour  obvier 
à  cet  inconvénient,  on  déterminera,  par  des  observations  de  nuit,  les  différences  de 
distances  polaires  entre  une  étoile  circumpolaire  à  son  passage  supérieur  et  un 
certain  nombre  d'étoiles  ordinaires  passant  au  méridien  un  peu  plus  tôt  ou  un 
peu  plus  tard.  Le  lendemain,  on  observera  les  différences  de  distances  polaires 
entre  ces  étoiles  et  d'autres,  toujours  par  des  observations  de  nuit.  On  pourra 
ainsi  de  proche  en  proche  finir  par  obtenir  au  bout  de  plusieurs  mois  à  Vaide  des 
seules  observations  de  nuit,  la  différence  entre  les  distances  polaires  de  deux 
étoiles  circumpolaires  tellement  placées  dans  le  ciel  que  l'une  traverse  le 
méridien  à  son  passage  supérieur,  et  l'autre  à  son  passage  inférieur,  dans  la 
même  nuit.  Le  pointé  de  ces  deux  étoiles  à  leurs  deux  passages  fournira  une 
détermination  du  pôle  effectuée  par  de  seules  observations  de  nuit.  Il  en  résultera 
encore  l'avantage  que  la  position  du  pôle  pourra  être  obtenue  par  des  obser- 
vations peu  éloignées  Tune  de  l'autre,  de  sorte  qu'on  pourra  compter  sur  la  sta- 
bilité de  l'instrument  pendant  l'intervalle  de  temps  qui  les  sépare  (*). 

On  voit  ainsi  qu'en  combinant  convenablement  les  observations,  on  finira  par 
se  mettre  à  l'abri  des  principales  causes  d'erreurs  et  par  atteindre  une  précision 
considérable.  Cependant,  même  après  l'achèvement  complet  du  catalogue 
d'étoiles  fondamentales,  l'astronome  doit  se  préoccuper  de  le  perfectionner  sans 
cesse,  et  les  observations  courantes  fournissent  les  éléments  nécessaires  à  cet 
objet.  Nous  savons  en  effet  que  dans  toutes  les  séries  d'observations  méridiennes, 
il  faut  nécessairement  comprendre  un  certain  nombre  d'étoiles  fondamentales 
qui  servent  de  points  de  repère.  C'est  par  la  moyenne  des  résultats  que  four- 
nissent les  observations  de  ces  étoiles  fondamentales  qu'on  calcule  la  cor- 

(  '  )  La  détermination  des  coordonnées  des  étoiles  circumpolaires  est  un  des  problèmes 
Jes  plus  difficiles  de  l'Astronomie  d'observation.  Nous  devons  nous  borner  aux  courtes 
indications  ci-dessus,  quoique  nous  soyons  les  premiers  à  reconnaître  combien  elles  sont 
incomplètes.  Ajoutons  que  dans  ces  derniers  temps,  M.  Lœwy,  Sous-Directeur  de 
l'Observatoire  de  Paris,  a  publié  dans  les  Comptes-Rendus  de  l'Académie  des  Sciences 
la  description  d'une  méthode  nouvelle  et  très  ingénieuse  qu'il  a  imaginée  pour  obtenir, 
à  l'aide  d'observations  faites  dans  une  seule  soirée,  les  coordonnées  des  étoiles  circum- 
polaires. Cette  méthode  paraît  bien  supérieure  à  celle  que  l'on  suivait  autrefois  ;  mal- 
lieureusement,  les  considérations  délicates  et  les  calculs  mathématiques  sur  lesquels  elle 
repose,  nous  empêchent  de  la  résumer  ici. 


308  L'ASTIiONOMIE. 

rection  et  la  marche  de  la  pendule,  ainsi  que  la  collimation  polaire  du  cercle 
de  déclinaison.  Mais,  une  fois  ces  constantes  connues,  on  peut  s'en  servir 
pour  déduire  des  observations  de  nouvelles  positions  des  étoiles  fondameD- 
tales  elles-mêmes.  Les  écarts  entre  ces  nouvelles  positions  et  celles  qui  sont 
inscrites  au  catalogue  permettent  de  juger  non  seulement  de  la  qualité  de  la 
série  d'observations  considérée,  mais  encore  de  la  perfection  du  catalogue  lui- 
même.  Au  bout  d'une  année,  par  exemple,  on  pourra  discuter  les  valeurs  de  ces 
écarts,  et,  par  l'étude  approfondie  des  circonstances  qu'ils  présentent,  on  verra 
s'il  y  a  lieu  d'attribuer  certaines  corrections  aux  positions  adoptées.  C'est  tou- 
jours la  méthode  des  approximations  successives  que  l'on  applique  pour  ainsi 
dire  indéfiniment,  afin  d'obtenir  une  précision  de  plus  en  plus  élevée.  Il  faut  seu- 
lement remarquer  que  les  observations  les  plus  soignées  et  les  séries  qui  pi^- 
sentent  l'accord  le  plus  satisfaisant  doivent  seules  entrer  dans  ce  travail  de 
correction  ;  mais  les  Astronomes  ne  doivent  jamais  se  désintéresser  de  la  préoc- 
cupation d'améliorer  continuellement  leurs  catalogues.  Malheureusement,  malgré 
toutes  les  précautions  qui  ont  pu  être  prises  et  dont  nous  avons  indiqué  les  prin- 
cipales, les  positions  d'une  même  étoile  fondamentale  admises  par  les  différents 
observatoires  présentent  encore  des  différences  qui  s'élèvent  quelquefois  jusqu'à 
une  demi-seconde  d'arc  et  qui  indiquent  par  cela  même  la  limite  de  précision 
qu'il  a  été  impossible  de  dépasser  par  les  procédés  actuels.  Pour  aller  plus  loin, 
il  faudrait  employer  des  méthodes  nouvelles  qui  sont  encore  inconnues  et 
dont  la  découverte  dépendra  des  progrès  que  l'avenir  réserve  à  la  Science. 

Philippe  Gérigny. 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS. 

Points  sombres  énlgmatiques  observés  dans  les  cratères  lunaires.  — 

Dans  le  courant  de  Tannée  1881,  j'ai  signalé  l'existence  de  plusieurs  points 
sombres  sur  la  montagne  lunaire  Copernic.  Ces  points,  qui  ne  se  montrent  que 
lorsque  le  Soleil  a  atteint  une  certaine  élévation  et  que  toute  ombre  a  disparu,  ne 
sauraient  certainement  être  des  ombres.  J'ai  poursuivi  l'observation  de  ces  objets. 
malheureusement  d'une  manière  beaucoup  moins  suivie  que  je  n'aurais  voulu 
le  faire,  à  cause  du  temps  défavorable  qui  a  amené  de  fâcheuses  lacunes  dans  ce 
travail.  Je  le  regrette  d'autant  plus  que  M.  J.  Schmidt,  auteur  de  la  découverte 
des  points  sombres,  et  moi-même,  sommes  jusqu'ici  les  seuls  observateurs  qui 
les  aient  remarqués.  Secchi  lui-même,  qui  a  dessiné  Copernic  et  ses  environs  au 
grand  réfracteur  de  Rome,  avec  beaucoup  de  détails,  ne  fait  soupçonner  aucune 
trace  de  ces  mystérieux  points. 

Il  y  en  a  surtout  deux  qui  sont  faciles  à  reconnaître  quand  on  examine  les  dépen- 
dances internes  de  la  muraille  sud  du  cratère  sous  un  éclairage  élevé  et  par  un 
temps  calme.  Au  dessous  de  ceux-ci,  du  côté  de  la  surface  intérieure  de  la  mon- 
tagne se  trouvent  encore  plusieurs  autres  points  beaucoup  plus  petits  et,  par 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VAUIÉTÉS.  309 

conséquent,  beaucoup  plus  difficiles  à  voir.  Ce  ne  sont  pas,  toutefois,  des  objets 
difficiles  pour  un  observateur  expérimenté,  même  avec  un  instrument  de  gros- 
seur moyenne. 

Sous  un  éclairage  très  oblique  je  n'ai  rien  pu  voir  de  particulier  à  Tendroit  où  se 
trouvent  les  deux  gros  points.  Le  plus  important  des  deux  semble  être  situé  dans 
une  vallée  ou  dépression  en  forme  de  ravin,  découpée  dans  la  terrasse  intérieure. 
En  Texaminant  avec  un  plus  fort  grossissement,  ce  point  se  montre  bien  rond, 
sombre,  sans  être  absolument  noir,  assez  mal  défini  vers  le  bord.  Les  deux  points 
sont  également  visibles,  en  général,  mais  je  soupçonne  de  légères  variations  de 
temps  à  autre.  Il  serait  très  désirable  que  ces  objets  fussent  étudiés  avec  un 
réfracteur  de  premier  ordre  et  par  un  astronome  bien  exercé  aux  observations 
de  la  surface  de  notre  satellite. 

Les  remarques  de  J.  Schmidt,  au  sujet  de  ces  points,  dans  le  texte  accompa- 
gnant sa  carte  lunaire,  ne  sont  pas  nombreuses.  Les  voici  : 

1851.  —  Février  13,  1  i.  —  Sur  la  muraille  sud  de  Copernic,  qui  est  absolument 
sans  ombre,  se  trouvent  deux  points  sombres,  le  plus  gros  à  TEst. 

1851.  —  Février  15.  —  Outre  les  deux  points  ci-dessus,  j'en  ai  encore  vu  trois 
autres  plus  petits  sur  la  muraille  sud  de  Copernic. 

1851.  —  Février  16.  —  Les  points  sombres  ne  sont  pas  bien  visibles. 

1868.  —  Juin  3.  —  Il  n'y  a  qu'un  point  sombre,  rond,  sur  la  muraille  sud  de 
Copernic.  Le  terminateur  passe  par  Grimaldi, 

1868.  —  Juillet  10.  —  Aucune  trace  des  points  sombres.  Il  y  a  déjà  de  l'ombre 
sur  la  muraille  sud. 

1869.  —  Juillet  20.  —  Un  point  sombre  s'est  montré  sur  la  muraille  sud  de 
Copernic  quand  le  terminateur  a  eu  dépassé  Aristarque. 

1873.  —  Avril  10.  —  Le  terminateur  est  à  Grimaldi;  le  point  noir  de  la  muraille 
sud  est  verdâtre.  Au  sud-ouest  de  Copernic  jusqu'au  voisinage  de  Gambart  se 
trouvent  environ  trente  très  petits  points,  d'un  gris  noir,  qui  nepeuveiit  certai- 
nement pas  être  des  ombres.  Deux  d'entre  eux  sont  sur  la  muraille  sud-ouest  de 
Ganabart.  Il  n'y  en  a  pas  entre  Stadius  et  Copernic.  L'altitude  du  Soleil  était 
de  52o-o5o.  Ils  ressemblaient  aux  points  que  j'ai  déjà  vus  dans  la  muraille  sud 
de  Copernic,  puis  au  sud-ouest  du  cratère  et  au  sud  de  Gay-Lussac.  Je  les  ai 
dessinés  ;  mais  ils  ne  figurent  pas  sur  ma  carte,  parce  que  je  n'ai  pas  pu  fixer 
leurs  positions  depuis.  La  plupart  sont  par  15o  de  longitude  et  46o  de  latitude. 

J'ai  pu  faire  des  observations  plus  récentes  de  ces  objets. 

D»-  Klein. 

M.  Ivlein  a  fait,  en  effet,  une  série  d'observations  qui  s'étendent  du  mois  d'oc- 
tobre 1881  au  mois  d'octol)re  1883.  Les  remarques  de  cet  astronome  sont  fort  inté- 
ressantes, car  elles  confirment  les  premières  données  de  Schmidt.  M.  Klein  s'est 
surtout  servi  pour  ces  observations  d'un  réfracteur  de  six  pouces.  Il  conclut 
ainsi  :  «  Les  points  noirs  que  l'on  voit  sur  Copernic,  lorsque  le  Soleil  est  très 
élevé,  sont  de  très  petits  cratères  dont  l'intérieur  est  rempli  d'une  matière  qui 


310  L'ASTRONOMIE. 

semble  noire  lorsqu'on  la  compare  aux  autres  formations  lunaires.  Lorsque  les 
ombres  ont  disparu  par  l'élévation  du  Soleil  au*dessus  de  l'horizon,  ce  ton  sombre 
ressort  nettement  à  la  vue,  par  un  effet  de  contraste,  ce  qui  n'a  pas  lieu  quand 

Fig.  99. 


Le  cratère  lunaire  de  Copernic,  d'après  Secchi. 

l'éclairage  est  plus  oblique.  Quelle  que  soit  la  nature  de  cette  substance,  elle  est 
fort  rare  à  la  surface  de  notre  satellite. 

«  Il  faut  bien  se  garder  de  confondre  les  objets  en  question  avec  certaineî> 
taches  sombres  que  Ton  voit  entre  Copernic  et  Gambart,  sous  un  éclairage  très 
élevé  y  et  qui  ont  un  diamètre  quarante  ou  cinquante  fois  plus  considérable.  > 

Il  y  a  encore  là  un  beau  champ  de  travail  pour  les  observateurs,  car  il  serait 
intéressant  de  pouvoir  préciser  la  nature  de  ces  points.  Nous  nous  permettrons 
d'appeler  tout  particulièrement  l'attention  de  M.  Gaudibert  sur  ces  points  sombres 
énigmatiques. 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  311 

Ni  J.  Schmidt  ni  M.  Klein  ne  donnent  le  dessin  des  positions  de  ces  petites 
taches.  Nous  reproduisons  ici  le  dessin  général  du  cratère  de  Copernic,  d'après 
Secchi.  C'est  sur  la  muraille  sud,  c'est-à-dire  supérieure,  de  ce  grand.cirque,  que 
ces  points  ont  été  observés. 

C.  Détaille. 

Nouvelles  mesures  de  distances  d'étoiles.  —  La  science  de  l'infini  poursuit 
graduellement  son  œuvre.  Ici  elle  vérifie  les  mesures  antérieures  pour  en  conso- 
lider les  bases  ;  plus  loin  elle  marche  à  de  nouvelles  conquêtes.  Le  devoir  de  cette 
Revue  est  d'enregistrer  ces  œuvres  importantes. 

Parallaxe  de  Véga.  —  M.  Hall,  le  laborieux  astronome  de  l'observatoire  de 
Washington  auquel  la  Science  est  redevable  de  la  découverte  des  satellites  de 
Mars  vient  d'appliquer  le  grand  équatorial  de  cet  établissement  à  la  vérification 
de  la  parallaxe  de  cette  étoile  qui  a,  comme  la  suivante,  déjà  tant  exercé  la  saga- 
cité des  observateurs.  Les  observations  ont  commencé  en  mai  1880  et  ont  été 
closes  en  décembre  1881  et  ont  employé,  les  premières  77  nuits,  les  secondes  6G. 

Les  mesures  micrométriques  ont  donné  :  1°  celles  faites  avec  des  fils  noirs  sur 
un  champ  brillant,  0',1556dzO',00764;  2'>  celles  faites  avec  des  fils  éclairés,  sur 
champ  obscur  0',2080  ±:  0'',00827.  La  combinaison  de  ces  deux  résultats,  de  valeurs 
diverses,  donne  pour  la  parallaxe  la  plus  probable  : 

Parallaxe  de  Véga  =  0^1797  dr  0%(K)5612. 

Elle  à  été  prise  à  l'aide  de  la  petite  étoile  de  10"  grandeur  qui  est  à  côté  de 
Véga,  au  Sud. 

La  61«  du  Cygne.  —  Le  môme  astronome  a  voulu  vérifier  aussi  cette  parallaxe 
en  se  servant  du  premier  genre  d'illumination;  l'étoile  de  repère  est  l'étoile  de 
'J,5  grandeur  qui  se  trouve  à  3',3  au  sud  de  cette  étoile  double.  Le  résultat  est  : 

Parallaxe  de  la  61-  du  Cygne  --O^4788±=0^01 38 
A  ces  nouvelles  déterminations,  il  est  intéressant  de  comparer  les  anciennes  : 


VÉGA. 

Airy or,m 

W.  Struve 0  261 

C.  A.  F.  Peters 0  142 

.lohnson * 0  14 

O.  Struve 0  161 

Main 0  154 

Brunnow 0  212 

Hall 0  180 

Aldébaran.  —  En  réduisant  récemment  (1884)  les  mesures  micrométriques 
faites  de  1850  à  1857,  à  l'observatoire  de  Pulkova,  sur  le  compagnon  d'Aldébaran, 
pour  la  préparation  du  tome  X  des  Annales  de  cet  observatoire,  M.  Otto  Struve 
a  remarqué  dans  ces  mesures  une  oscillation  périodique  semi-annuelle  faisant 


6I»  DU  Cygne. 

Bessel 0%348 

G.  A.  F.  Peters 0  360 

Pogson 0  384 

Johnson 0  397 

Woldstedt 0  523 

O.  Struve 0  509 

Auwers 0  564 

Hall 0  478 


312  L'ASTRONOMIE. 

soupçonner  un  mouvement  parallactique  de  la  brillante  étoile  du  Taureau.  Uu 
jeune  astronome  de  Tobservatoire,  M.  Shdanow,  chargé  de  la  discussion  de  ces 
mesures  à  ce  point  de  vue  spécial,  a  reconnu  que  ce  soupçon  était  fondé  et  que 
cette  étoile  présente  une  parallaxe  sensible. 

La  valeur  de  cette  parallaxe  s'élève  à  0*516,  et  l'erreur  probable  n'est  que 
de  (fObl. 

Cette  parallaxe  est  relative  à  la  petite  étoile  voisine  avec  laquelle  nos  lecteurs 
ont  déjà  fait  connaissance  (V Astronomie ,  mars  1885,  p.  102),  et  suppose  que  cette 
petite  étoile  n'a  elle-même  aucune  parallaxe.  C'est  assez  probable,  quoiqu'elle 
soit  animée  d'un  mouvement  propre  surprenant  pour  une  aussi  faible  étoile. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  peut  désormais  ajouter  Aldébaran  à  la  liste  des  étoiles  les 
plus  proches  de  la  Terre.  Elle  plane  à  peu  près  à  la  même  distance  que  la  61' 
du  Cygne,  c'est-â-dire  à  15  mille  milliards  de  lieues  de  notre  séjour  actuel. 

Étoile  1618  Groombridge.  —  M.  Robert  Bail,  directeur  de  l'observatoire  de 
Dunsink  (Dublin),  vient  de  publier  le  tome  V  des  Annales  de  cet  observatoire,  qui 
renferme  les  résultats  obtenus  dans  les  mesures  de  parallaxe  d'un  certain  nombre 
d'étoiles.  409  étoiles  ont  été  observées  dans  ce  but,  à  six  mois  d'intervalle, 
pendant  les  années  1879  et  1880,  afin  de  voir  quelles  sont  celles  qui  manifeste- 
raient des  symptômes  de  déplacement  de  perspective  dû  au  mouvement  annuel  do 
la  Terre  autour  du  Soleil.  Dans  ce  nombre,  deux  ont  oflFert  des  signes  évidents  de 
mouvement  parallactiques,  et  l'on  a  fait  toutes  les  mesures  requises  pour  détei  - 
miner  la  valeur  précise  de  ce  mouvement.  Ces  deux  étoiles  sont  la  1618«  du  cata- 
logue de  Groombridge  et  S  2486  =  Cygne  6  Bode. 

L'étoile  1618  Groombridge  est  une  étoile  de  6«,8  grandeur  à  mouvement  propre 
rapide,  dont  la  position  est  :  AR  =  10»»  3«  54»;  D  =  -[-ôOo  4'  14'  (1878).  Une  étoile 
Je  8«,8,  située  dans  son  voisinage,  à  198'  de  distance  et  201'>  43',  a  servi  à  déter- 
miner sa  parallaxe,  qui  a  été  trouvée  de  : 

0',322  =h  0',023. 

Étoile  2:  2486,  Cygne  6.  —  C'est  une  belle  étoile  double,  en  mouvement 
orbital  très  lent  (6,0  —  6,5,  220»  10')  et  à  mouvement  propre  rapide,  située  par 
I9^9«0>  et  -t-49o37'  de  déclinaison.  A  l'aide  d'une  petite  étoile  de  10«  grandeur 
située  à  170'  de  distance,  et  qui  ne  participe  pas  au  mouvement  propre  de  l'étoile 
double,  M.  Bail  a  pu,  par  de  nombreuses  observations  faites  en  1880  et  1881,  obte- 
nir un  résultat  important  pour  le  chiffre  de  la  parallaxe,  qui  a  été  trouvée  de 

O',482±0',054. 

D'après  ce  résultat,  cette  étoile  du  Cygne  serait  aussi  rapprochée  de  nous  que  la 
célèbre  0i«. 

Cette  étoile  double  se  trouve  à  droite,  où  à  l'ouest  de  8  du  Cygne,  à  la  distance 
de  5°  environ,  par  19*»9»  et  49^37'  de  déclinaison.  Ses  deux  composantes  sont  à 
10'  l'une  de  l'autre  (Voy.  le  Catalogue  de  Flammarion,  p.  125). 

La  61«  du  Cygne.  —  M.  Bail  a  terminé,  le  2  octobre  1879,  les  mesures  commun- 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  313 

cées  par  Brunnow,  le  18  septembre  1878,  pour  vérifier  la  parallaxe  de  cette  célèbre 
étoile.  A  l'aide  d'une  étoile  de  comparaison  différente  de  celles  qui  ont  servi  à 
Bessel  et  à  Struve,  il  a  trouvé  : 

0%  467  ±0',  032. 
A  l'observatoire  de  Washington,  M.  Hall  a  trouvé  également  en  1879  : 

C,  478  ±0',  014. 

On  voit  que  les  résultats  adoptés  pour  cette  distance  sont  surabondamment 
confirmés. 

Occnltatlon  d^Aldébaran.  —  Comme  le  22  février  dernier,  la  ligne  de  simple 
contact  passe  encore  entre  Londres  et  Paris  ;  mais,  cette  fois,  c'est  Paris  qui  voit 
Toccultation  et  Londres  l'appulse. 

Voici  quelles  seront  les  phases  du  phénomène  pour  les  trois  lieux  d'observation 

Fiif.  too. 


6o  8q  100  120  )<»c 


Carte  pour  Toccultation  d'Aldébaran  par  la  Lune,  le  2  Septembre  1885. 

suivants:  Londres,  Paris  et  Marseille,  —  dans  la  nuit  du  mardi  1"  au  mercredi 
2  septembre  1885: 

Londres Appulse  :  l''40'",  heure  de  Greenwich. 

Paris Entrée        1  31  ,  heure  de  Paris. 

»  Sortie        2  02  ,  — 

Marseille Entrée        1  28  ,  heure  de  Marseille. 

»  Sortie        2  19  ,  — 

Pour  Paris,  la  Lune  se  lève,  le  l*""  septembre,  à  10"*  18»»  du  soir,  et  Aldébarau 
passe  au  méridien  le  2,  à  5*»  43™  du  matin.  Le  phénomène  y  sera  donc  observable 
dans  de  bonnes  conditions  de  hauteur  au-dessus  de  l'horizon.  D'ailleurs,  pendant 
l'occultation,  l'observation  du  disque  de  notre  satellite  lui-même  ne  manquera 
pas  d'intérêt,  sa  phase  étant  exactement  au  dernier  quartier. 


314  L'ASTRONOMIE. 

A  minuit,  la  libration  a  pour  valeurs  moyennes  : 

En  latitude,  6*  26'  dans  le  sens  N  —  S.    En  longitude,  5»  dans  le  sens  E  —  0. 

Edouard  Blot. 

Verrerie  d^optiqne  de  M.  Feil.  —  Nous  apprenons  avec  plaisir  que  l'impor- 
tante verrerie  de  M.  Feil,  dont  la  fondation,  à  Choisy-le-Roi,  date  de  1827  (Henri 
Guinand,  grand-père  maternel  de  M.  Feil)  et  qui  a  rendu  pendant  plus  d'un  demi- 
siècle  tant  d'éminents  services  à  l'astronomie  et  à  la  physique,  vient  d'être 
reconstituée  à  Paris  par  M.  Feil  père  lui-même,  qui  s'est  associé  M.  Mantois  et 
conserve  la  collaboration  de  son  fils.  Les  deux  disques  de  l'objectif  destiné  au 
grand  équatorial  de  l'observatoire  de  Nice  (0™  76)  est  depuis  un  mois  déjà  entre 
les  mains  de  MM.  Henry  frères,  qui  se  sont  chargés  du  travail  optique  et  l'auront 
probablement  terminé  en  octobre.  Ces  jours  derniers  MM.  Feil  et  Mantois  vien- 
nent de  livrera  M.  Alvan  Clark  de Cambridgeport  (États-Unis)  le  disque  Crown 
qui  restait  à  faire,  (M.  Feil  fils  ayant  déjà  livré  le  disque  Flint)  destiné  au  grand 
équatorial  de  0"  97  de  l'observatoire  du  mont  Hamilton  (legs  de  vingt  et  un  mil- 
lions de  James  Lick).  C'est  le  plus  grand  objectif  qui  ait  jamais  été  construit,  et 
la  maison  Feil  était  la  seule  qui  pût  s'en  charger. 

Essai  des  lunettes.  —  Un  honorable  correspondant  nous  signale  les  résultats 
suivants  obtenus  avec  la  lunette  de  95™  de  M.  Bardou  : 

Antarès  dédoublé  le  10  juin  1884,  à  10»»  30™,  la  Lune  étant  levée  depuis  9'». 

Le  même  observateur  déclare  avoir  dédoublé  avec  le  même  instrument  (grossis- 
sement =200)  e  Bouvier,  Ç  Orion  et  même  Rigel.  La  liste  d'étoiles  doubles  pu- 
bliée à  la  p.  689  des  Etoiles  a  servi  de  base  pour  cet  essai  et  témoigner  de  l'ex- 
cellence de  cette  lunette. 

Occnltatlons.  —  M.  Louviot,  à  Melun,  a  observé,  le  9  mai,  roccultation  de 
rétoile  V»  Balance  par  la  Lune.  Au  moment  où  cette  étoile  touchait  le  bord 
lunaire,  l'observateur  la  vit  passer  derrière  un  pic  (monts  Leibniz),  reparaître 
dans  une  échancrure,  puis  disparaître  définitivement. 

Petite  comète  télescoplque.  —  Une  petite  comète  télescopique  vient  d'être 

découverte  par  M.  Barnard,  des  États-Unis.  Mais  elle  n'est  que  de  10«  grandeur 

et  son  éclat  va  en  diminuant.  Réservée  aux  grands  instruments,  ëa  position  sera, 

le  4  août. 

^  =  16" 38-41'  ;(D  =  20M',5 


OBSERVATIONS   ASTRONOMIQUES 

A  FAIRE  DU  15  AOUT  AU  15  SEPTEMBRE  1885. 
Principaux  dijets  célestes  en  évidence  pour  robserratlon. 

io  CIEL  ÉTOILE  : 

Pour  l'aspect  du  Ciel  étoile  durant  cette  période  de  Tannée,  il  faut  se  reporter 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  315 

soit  aux  cartes  publiées  dans  la  première  année  de  la  Revue,  soit  aux  descrip- 
tions données  dans  Les  Étoiles  et  les  Curiosités  du  Ciel  (p.  594  à  635). 

Nous  sommes  arrivés  à  l'époque  la  plus  favorable  pour  les  observations  astro- 
nomiques :  le  soir,  le  ciel  est  généralement  pur  et  la  température  douce, 
agréable.  C'est  le  moment  de  l'été  où  les  habitants  des  villes  émigrent  à  la  cam- 
pagne, se  rendent  au  bord  de  la  mer.  Aussi  engageons-nous  vivement  les 
personnes  qui  aiment  la  Science  d'Uranie,  à  se  munir  d'une  forte  jumelle  marine, 
d'une  bonne  lunette  terrestre  ou  mieux  encore  d'une  lunette  astronomique. 

2*  SYSTÈME   SOLAIRE   : 

Soleil.  —  Le  15  août,  le  Soleil  se  lève  à  4*>54"  du  matin  et  se  couche  à 
7hi4m  du  soir;  le  l*""  septembre,  le  lever  a  lieu  à  5i'18™  et  le  coucher  à  6*>41"; 
enftn,  le  15  septembre^  l'astre  du  jour  se  montre  au-dessus  de  Thorizon  à  5^38", 
pour  disparaître  au-dessous  à  6^12"  du  soir.  La  durée  du  jour  est  de  14»>20™  au 
15  août,  de  13'>23«  au  1«'  septembre  et  de  12^34"  au  15  septembre.  Du  15  août  au 
15  septembre,  les  jours  décroissent  de  44»  le  matin  et  de  1^2™  le  soir,  ce  qui 
donne  une  diminution  totale  de  1^46«. 

Le  31  août  1885,  midi  tombe  au  milieu  du  jour,  puisque  le  Soleil  se  lève  à 
5^17™  du  matin;  il  passe  au  méridien  6'*43°»  plus  tard,  pour  se  coucher  ensuite  à 
6h43m  du  soir.  Cette  curieuse  coïncidence  ne  se  produit  que  quatre  fois  par  an  : 
vers  les  45  avril,  14  juin,  31  août  et  24  décembre,  le  midi  moyen  et  le  midi  vrai 
coïncident,  ce  qui  donne  un  moyen  facile  de  construire  un  cadran  solaire. 

La  déclinaison  boréale  du  Soleil  qui  est  encore  de  13»56'  au  15  août,  de  8o,8 
au  l^*"  septembre,  n'est  plus  que  de  2o52'  le  15.  C'est  cette  diminution  considé- 
rable de  llo4'  qui  est  cause  de  la  diminution  rapide  de  la  durée  du  jour. 

La  lumière  zodiacale  commence  à  se  montrer  le  matin,  à  l'Orient,  environ 
deux  heures  avant  le  lever  du  Soleil. 

Une  éclipse  totale  de  Soleil  aura  lieu  le  8  septembre  1885,  dans  la  soirée; 
mais  elle  sera  tout  à  fait  invisible  à  Paris. 

A  6'>45™  du  soir  (temps  moyen  de  Paris),  le  cône  de  pénombre  arrive  en  con- 
tact avec  la  Terre,  un  peu  à  Test  de  l'archipel  des  Nouvelles-Hébrides;  à  cet 
instant,  le  Soleil  se  lève  pour  ce  lieu  qui  est  en  plein  Océan  Pacifique  et 
Véclipse  partielle  commence.  A  8"» 4",  le  cône  d'ombrée  est  en  contact  avec  notre 
planète  en  un  point  situé  à  Test  de  la  Terre  de  Van  Diémen;  c'est  le  commen- 
cement de  Yéclipse  totale. 

Uombre  de  la  Lune  se  déplace  alors  rapidement  vers  l'Orient,  recouvrant  un 
étroit  espace  qui  est  plongé  dans  une  profonde  obscurité:  en  même  temps,  elle 
coupe  les  extrémités  des  deux  principales  îles  de  la  Nouvelle-Zélande  et  le 
détroit  de  Cook  qui  les  sépare,  passe  près  de  l'île  Broughton,  continue  sa 
marche  à  travers  l'Océan  Pacifique,  l'Océan  Glacial  Antarctique  et  les  Terres 
Australes.  L'éclipsé  totale  finit  à  9»»58»».  Enfin,  à  11^17™,  le  cône  de  la  pénombre 
disparaît  à  son  tour,  au  coucher  du  Soleil,  un  peu  à  l'ouest  des  côtes  de  la 
Patagonie. 


316 


L'ASTRONOMIE. 


Comme  on  le  voit,  Téclipse  totale  sera  difficilement  observable.  Quant  aux 
diverses  phases  du  phénomène,  elles  pourront  être  observées  dans  quelques  îles 
ot  îlots  de  la  partie  méridionale  de  la  Polynésie. 

Lune.  —  Notre  satellite  se  présente  toujours  dans  de  mauvaises  conditions 
pour  Tobservation.  C'est  ainsi  que  le  17  août,  jour  du  Premier  Quartier,  la  Lune 
n'est  élevée  que  de  26o9'  au-dessus  de  l'horizon  de, Paris,  lors  de  son  passage  au 
Méridien. 


Phases.. 


(  PQle  17  août,  à    PSG™  soir. 
)  PL  le  25      »      à    5  35        » 


DQ  le  2  septembre,  à  .5''24"  matin. 
NL  le  8  »  à  8  53     soir. 


Occultalions  et  appulse  visibles  à  Paris, 
Cinq  occultations  et  une  appulse  seront  observables  à  Paris,  dans  la  première 
moitié  de  la  nuit.  A  ce  nombre,  il  faut  ajouter  l'occultation  d'une  étoile  de 
4«  grandeur  et  celle  (ÏAldébaran  qui  ont  lieu  quelque  temps  après  minuit. 


!•  B.A.C.  6287  (6*  grandeur),  le  20  août,  de  il''50-  à  12'' 52-  du  soir.  L'étoile  disparaît 
en  un  point  du  disque  lunaire  situé  à  21**  à  gauche  et  au-dessous  du  point  le  plus  au 
Nord,  et  réapparaît  en  un  autre  point  placé  à  il*  au-dessous  du  point  le  plus  occiden- 
tal, dans  la  partie  éclairée.  A  Londres,  la  durée  de  l'occultation  n'est  que  de  56". 

2*  p'  Sagittaire  (4«  grandeur),  le  21  août,  de  12''47-  à  13^53".  Cette  brillante  étoile. 
dont  l'occultation  est  représentée  (fîg.  101),  s*éteint  en  un  point  placé  à  29*  au-dessou-^ 
et  à  gauche  du  point  le  plus  élevé  du  disque  lunaire,  pour  se  montrer  en  un  autre  point 


Fig.  101. 


Fig.  lOî. 


Occultation  de  9'  Sagittaire  par  la  Lune, 
le  21  août,  de  12»»  47-  à  13*«53". 


Occultation  de  •*  et  **  Taureau  par  la  Lune, 
le  1««-  septembre  de  10^6"  à  lO^bG"  du  soir. 


situé  à  28*  au-dessous  du  point  le  plus  occidental.  A  Paris,  la  Lune  sera  couchée  depuis 
4"  à  l'instant  où  finira  le  phénomène.  Mais  dans  l'ouest  de  la  France  et  des  lies  Britan- 
niques, la  Lune  sera  encore  au-dessus  de  Thorizon  lorsque  l'étoile  fera  sa  réapparition. 

Les  observateurs  du  nord  de  l'Europe  pourront  étudier,  en  outre,  l'occultation  de  la 
composante  p'  Sagittaire,  qui  se  trouve  à  près  de  28'  au  sud  de  la  première. 

3*  0'  Taureau  (4"  grandeur),  le  1"  septembre,  de  10»' 6-^4  à  10''56-,2  du  soir.  Cette  ^emâ^ 
quable  étoile  disparaîtra,  voir  la  pg.  102,  à  16*  au-dessous  du  point  le  plus  oriental  du 


OBSEKVATIONS  ASTRONOMIQUES.  317 

disque  de  la  Lune  et  réapparaîtra  en  un  autre  point  situé  à  40*  au-dessus  du  point  le 
plus  occidental.  A  Paris,  le  commencement  du  phénomène  ne  sera  pas  visible,  l'étoile 
double  0  Taureau  étant  encore  au-dessous  de  l'horizon.  Mais  dans  les  lieux  dont  la  lon- 
gitude Est  dépasse  3%  en  Alsace-Lorraine,  en  Suisse,  en  Allemagne,  l'occultation  tout 
entière  pourra  être  vue.  A  Londres,  la  fin  de  l'occultation  seule  sera  observable. 

4*  6*  Taureau  {\*  grandeur),  le  !•'  septembre,  de  10''6*,7  à  10''56-,8du  soir.  Cette  belle 
composante  disparaîtra  et  réapparaîtra  en  môme  temps  que  6'  :  ce  sera  là  un  phéno- 
mène bien  intéressant.  Une  simple  jumelle  ou  une  faible  lunette  seront  nécessaires. 
Comme  le  montre  la  fîg.  102,  les  trajectoires  des  deux  composantes  seront  parallèles  : 
0'  s*éteindra  et  reparaîtra  en  deux  points  situés  à  20*  au-dessous  des  points  où  6'  dis- 
paraîtra et  reparaîtra. 

b*  B.A.C.  1391  (5«  grandeur),  le  i*'  septembre,  de  il'* 2-  à  li''41'"  du  soir.  A  peine  si 
les  deux  composantes  de  la  double  0  Taureau  se  seront  présentées  à  nos  regards  que 
deux  autres  étoiles  disparaîtront  successivement.  L'étoile  de  5*  grandeur  disparaît  en 
un  point  situé  à  15*  au-dessus  du  point  le  plus  occidental  du  disque  lunaire  et  reparaît 
à  15*  à  droite  du  point  le  plus  élevé.  A  Londres,  la  durée  de  l'occultation  n'est  que 
de  3I-. 

6*  81  Taureau  (6*  grandeur),  le  !•' septembre,  à  11"»!!"  du  soir.  A  Paris,  il  y  aura 
simple  appulse  :  l'étoile  ne  fera  que  frôler  le  disque  de  notre  satellite,  en  un  point 
placé  à  30*  à  droite  et  au-dessus  du  point  le  plus  bas.  Dans  le  nord  de  l'Europe,  il  y 
aura  occultation. 

?•  85  Taureau  (6,5  grandeur),  le  1"  septembre,  de  ll''29-  à  12^3-  du  soir.  L'étoile 
s'éteindra  en  un  point  situé  à  8*  à  gauche  du  point  le  plus  méridional  du  disque 
de  la  Lune,  pour  réapparaître  en  un  autre  point  placé  à  21*  au-dessous  du  point  le  plus 
occidental.  Cette  observation  pourra  être  faite  dans  le  nord  de  TEurope.  A  Londres, 
Toccullation  durera  40"*. 

8*  Aldébaran  (!'•  grandeur),  le  2  septembre,  de  l''30"5  à  2''2"'  du  matin.  C'est  la 
sixième  observation  à  faire  dans  cette  môme  nuit  du  1"  septembre.  A  Paris,  l'étoile 
disparaîtra  en  un  point  du  disque  situé  à  31*  au-dessus  du  point  le  plus  à  l'est  du  disque 
lunaire  et  réapparaîtra  à  1*  à  droite  du  point  le  plus  au  Nord.  Pour  plus  de  détails, 
nous  prions  les  observateurs  de  se  reporter  à  Taiticle  spécial  de  M.  Blot. 

Occultations  diverses. 
Les  Lecteurs  de  V'Astronomie  qui  habitent  les  diverses  parties  de  la  Terre 
pourront  encore  observer  les  occultations  suivantes  : 

1*  p  Capricorne  (3*  grandeur),  le  23  août,  vers  b^  du  matin,  temps  moyen  de  Paris. 
Cette  remarquable  occultation  pourra  être  observée  dans  la  partie  occidentale  de  l'Amé- 
rique du  Sud. 

•2*  117  Taureau  (6*  grandeur),  le  2  septembre,  de  10'' 43-  à  11*'29  du  soir.  Cette  occul- 
tation sera  visible  dans  le  nord  de  la  France  et  dans  les  Iles  Britanniques. 

$•  1  Gémeaux  (3*  grandeur),  le  4  septembre,  vers  S**  du  soir.  L'occultation  sera  visible 
dans  le  centre  et  le  nord-est  de  l'Europe. 

Le  21  août,  à  6^  du  soir,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  apogée  : 
404  SCO"^"»;  diamètre  lunaire  =  29'30''8. 

Le  6  septembre,  à  2^  du  soir,  la  distance  de  la  Lune  k  la  Terre  est  périgée  : 
362  700»^™;  diamètre  lunaire  =  3-2'56'2. 

Mercure.  —  Mercure  brillera,  pareille  à  une  étoile  de  première  grandeur,  le 
matin,  dans  le  ciel  de  TOrient.  Le  mois  de  septembre  sera  le  plus  favorable  de 
Tannée  pour  Fétude  de  cette  rapide  planète.  Seulement,  Tastronomc  ne  devra  pas 


318  L'ASTRONOMIE. 

craindre  de  se  lever  une  heure  et  demie  avant  le  Soleil.  L'emploi  d'une  bonne 
jumelle  marine  sera  toujours  très  utile. 

Jours.  Lever.  Passage  Iféridieu.        Différence  Soleil.     Constellation. 

9  Sept 4*32- matin.  IIMI- matin.  0*57-  Liox. 

10       »      4  26         »  11    7         a  15  a 

12  »      4  15          •  10  59         »  1  19  a 

14        »      4    7         a  10  53         a  l  29  a 

Le  mouvement  de  Mercure  est  rétrograde,  du  19  août  au  11  septembre;  à 
partir  de  cette  dernière  date,  la  marche  de  la  planète  redevient  directe.  C'est  le 
2  septembre  que  Mercure  passe  entre  le  Soleil  et  la  Terre. 

Le  8  septembre,  à  5*>  du  matin,  Mercure  et  le  mince  croissant  lunaire  seront 
en  conjonction  et  visibles  dans  le  champ  d'une  même  lunette  astronomique.  La 
planète  se  trouvera  au  sud  de  la  Lune  et  à  la  faible  distance  de  1  S'  du  bord  mé- 
ridional. Le  13  septembre,  conjonction  de  Mercure  et  de  p  Lion;  Tétoile  ne  sera 
éloignée  que  de  42'  de  la  planète. 

Le  10  septembre,  le.diamètre  de  Mercure  est  de  9',  2;  sa  distance  à  la  Terre  de 
109  millions  de  kilomètres  et  sa  distance  au  Soleil  de  47  millions  de  kilomètres. 

VÉNUS.  —  Bien  que  Vénus  passe  au  méridien  deux  heures  en  moyenne  après 
le  Soleil,  elle  ne  se  couche  qu'environ  une  heure  après  lui.  Cela  tient  à  ce  que  la 
déclinaison  de  VEtoile  du  Berger  est  australe,  tandis  que  celle  du  Soleil  est 
boréale  et  que  la  dififérence  de  ces  déclinaisons  varie  entre  11»  et  14».  Vesper  a 
un  tel  éclat  qu'on  peut  l'apercevoir,  à  l'Ouest,  aussitôt  après  le  coucher  du  Soleil. 

Joars.      ^  Passage  Uéridien.  Coocber.  Différence  Soleil.    Constellation. 

16  Août l''50-  soir.  8^14-  soir.  1*2-  Lion. 

19       »      152         a  8    8         »  12  Vierge. 

22        a       1  53          »  8    3          a  12  » 

25        »       1  54         a  7  56         a  11  » 

28        a      1  56         a  7  50         »  11  » 

31        »      1  57          a  7  44          .  11  )» 

1"  Sept 1  58          a  7  43          »  12  » 

4        »      1  59         «^  7  37         »  12 

7p  20  a  7  31  a  13  a 

10        »       2    2  a  7  26  a  14  » 

13  a       2    3  a  7  20  a  14  a 

Le  mouvement  de  Vénus  continue  à  être  direct  à  travers  la  constellation  de  la 
Vierge.  Le  19  août,  à  6»»  du  soir,  la  planète  sera  visible  à  26'  au  nord  de  P;  le 
24  août,  à  13'  au  nord  d'Uranus;  le  25  août,  à  39'  au  sud  de  tj;  le  31  août,  à  2«30 
au  sud  de  y;  le  6  septembre,  à  lo30'  au  nord  de  6;  le  10  septembre,  à  2«30'  au 
nord  de  l'Épi.  Le  M  septembre,  vers  iO*>  du  matin,  Vénus  sera  en  conjonction 
avec  la  Lune  :  la  planète  se  trouvera  à  2<»27'  au  sud  de  notre  satellite. 

Le  !•'  septembre,  le  diamètre  de  Vénus  est  de  12'2.  La  distance  de  cet  astre  à 
la  Terre  est  de  200  millions  de  kilomètres  et  de  107  millions  au  Soleil. 

Mars.  —  Mars  se  rapproche  de  nous  et  se  lève  dans  les  environs  de  minuit.  II 
est  très  facile  de  le  distinguer  dans  la  constellation  des  Gémeaux,  avec  sa  teinte 
rougeâtre,  non  loin  des  étoiles  e,  1^,  8  Gémeaux. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  319 

Jours.  Lever.  Passage  Méridien.  Constellation. 

18  Août O^'SS-  matin  9^  2-  matin.  Gémeaux. 

22      »    0  55         »  8  58         »  » 

26      »     0  52  »  8  53  »  »      ' 

30      »     0  49  )'  8  48  »  » 

3  Sept 0  46  )•  8  43  »  » 

7  »     0  43  -  8  38  »  » 

11      »    0  41         »  8  33         »  Cancer. 

15      »     0  38         »  8  28         »  » 

La  planète  continue  sa  marche  directe  vers  l'Est.  Le  21  août,  Mars  se  trouvera 
en  conjonction  avec  Ç  Gémeaux  et  le  26  avec  S,  de  3«  grandeur,  à  56',  au  Nord. 

Le  l<^r  septembre,  le  diamètre  de  Mars  est  do  5',6;  la  distance  de  la  planète  à 
la  Terre  est  de  299  millions  de  kilomètres  et  au  Soleil,  de  230  millions. 

Petites  planètes.  —  Cérès  continue  son  mouvement  vers  TEst  dans  la  con- 
stellation de  la  Vierge;  mais  elle  devient  plus  difficile  à  observer.  Une  lunette 
astronomique  est  indispensable  pour  la  reconnaître  dans  la  ligne  de  prolonge- 
ment de  la  droite  qui  unit  les  étoiles  e  et  Ç  de  la  Vierge. 

Le  19  août,  Cérès  se  couche  à  9»»33°>  du  soir;  le  29  août,  à  8^59°»  et  le  8  sep- 
tembre, à  8^25™.  Le  8  septembre,  Cérès  est  éloignée  de  la  Terre  de  486  millions 
(le  kilomètres. 

Coordonnées  au  29  août  :    Ascension  droite...    U"*  0-.    Déclinaison...      6* 55' S. 
»  8  sept.  ;  »  »  14  14  »  8  37  S. 

Pallas  est  toujours  facile  à  découvrir  avec  une  jumelle  marine,  à  la  limite  des 
constellations  du  Bouvier  et  de  la  Vierge,  en  dehors  des  constellations  zodiacales. 
Elle  continue  sa  route  à  20»  au  nord  de  Técliptique,  dans  le  quadrilatère  que 
forment  les  étoiles  e  et  î  Vierge,  v  et  Ç  Bouvier. 

Jours.  Passage  Méridien.  Coucher  de  Pallas.  Constellation. 

19  Août 3»'35'"    soir.  10'' 38-    soir.  Vierge. 

24      »    3  22         »  10  22         »  Bouvier. 

29      »     3  10         »  10    7         »  » 

3  Sept 2  57         »  9  51  »  » 

8  »     2  45         »  9  36  »  » 

13      »     2  33         »  9  21  i>  » 

Le  8  septembre,  la  distance  de  Pallas  à  la  Terre  est  de  503  millions  de  kilo- 
mètres et  sa  distance  au  Soleil  est  de  404  millions  de  kilomètres. 

Junon  demeure  dans  la  constellation  de  la  Vierge  et  se  meut  parallèlement  à 
Cérès,  un  peu  au  Nord  et  à  une  distance  de  4^30'  environ.  Elle  séjourne  dans  le 
voisinage  du  triangle  que  forment  les  étoiles  |jl,  cp  et  i  Vierge,  puis  traverse  ce 
triangle  au  commencement  de  septembre. 

Jours.  Passage  Méridien.  Coucher  de  Junon.  Constellation. 

19  Août 4'*  7"    soir.  lO**  1-    so'ir.  Vierge. 

24      »     3  52         »  9  44         »  » 

29      »     3  37         »  9  27         »  » 

3  Sept 3  23         »  9  10         »  » 

Coordonnées  au  29  Août.  :      Ascension  droite,..      14*'9".      Déclinaison..      3M'S. 


320  L'ASTRONOMIE. 

Vesta,  se  rapproche  rapidement  de  nous.  Elle  poursuit  sa  marche  vers  l'Est, 
dans  la  constellation  du  Taureau,  où  il  est  facile  de  la  reconnaître,  suivant  la 
ligne  qui  unit  Aldëbaran  à  x  Gémeaux. 

Jours.  Lerer  de  Vesta.  PssMce  Méridien.  Constellation. 

15  Août 11^47*  soir.  7'' 16- matin.           Taubeau. 

20      »     Il  32  »  7    3  p                      » 

25      •     Il  18  »  6  49  » 

30      •     Il     4  •  6  36  »                       • 

4  Sept 10  49  »  6  22  *>                      » 

9      »     10  35  »  6    7  » 

14      »     10  20  ».  5  52  » 

Le  8  septembre,  Vesla  est  éloignée  de  361  millions  de  kilomètres  de  la  Terre 
et  de  379  millions  de  kilomètres  du  Soleil. 

Coordonnées  au  19  août.  :    Ascension  droite...     4''57-.    Déclinaison...    17*22' N. 
»  8  sept.  :  »  »  5  20  »  17  42  N. 

Jupiter.  —  Jupiter  est  devenu  absolument  invisible.  C'est  le  8  septembre, 
jour  de  Téclipse  totale,  à  10*»  du  soir,  que  cette  planète  arrive  en  conjonction  avec 
le  Soleil,  c*est-à-dire  passe  derrière  cet  astre  et  atteint  sa  distance  maximum  à 
la  Terre. 

Saturne.  —  Cette  belle  planète  est  de  plus  en  plus  intéressante  à  obsener. 
avec  ses  admirables  anneaux.  Nous  rappelons  que  le  5  août,  au  soir,  les  rayons 
de  la  planète  se  confondront  sensiblement  avec  ceux  de  Tétoile  de  3«  grandeur. 
{X  Gémeaux. 

Joars.  Lever.  Passage  Méridien.  ConstellaUon. 

19  Août 0''34-  matin.  8^31-  matin.  Gémeaux. 

24      »     0  16         »  8  13         »  » 

29      »     1 1  56  w  7  55  »  » 

3  Sept 11  38         »  7  37         »  » 

8      »     11  20         »  7  19         »  • 

13      M     11     2         I.  7    t  »  » 

Lo  l«r  septembre,  le  diamètre  de  Saturne  est  de  16';  la  distance  de  la  planète  à 
la  Terre  est  de  1395  millions  de  kilomètres,  et  au  Soleil  de  1336  millions  de  kilo- 
mètres. 

Uranus.  —  Uranus  est  toujours  invisible. 

Eugène  Vimont. 


ERRATA. 


.  Dans  le  tableau  des  diverses  vitesses  publié  dans  le  dernier  numéro  de  la  Revue,  on 
lit  que  les  éruptions  solaires,  d'après  Secchi,  peuvent  atteindre  900,000"*  par  seconde. 
II  y  a  là  une  erreur  de  traduction.  La  plus  grande  vitesse  quç  Secchi  ait  constatée  est 
de  370,000  mètres.  Prière  de  corriger  ce  chiffre  et  de  le  rétablir  à  sa  place. 


CORRESPONDANCE, 

M.  D.  LuzET,  à  Orléans,  signale  une  recrudescence  des  lueurs  crépusculaires,  à  la 
date  du  19  juillet.  A  9**  du  soir,  il  faisait  encore  grand  jour. 

M.  H.  Barrât,  à  Rilley,  par  Anzain.  —  Votre  proposition  est  noble  et  généreuse.  Mais 
nous  n'osons  pas  vous  y  encourager.  Le  monde  en  général,  reste  encore,  malgré  les  succès 
que  vous  voulez  bien  nous  rappeler,  fort  indifférent  aux  choses  du  ciel;  nous  craignons 
que  vous  n'obteniez  pas  un  résultat  compensant  vos  efforts. 

M.  HouDBiNE  père,  à  Amiens.  —  Les  sujets  que  vous  traitez  s'écartent  un  peu  du 
cadre  de  l'Astronomie.  Cependant  nous  espérons  pouvoir  les  faire  connaître  à  nos  lecteurs. 

M.  JuiLLARD,  à  Valentigney.  —  M.  le  directeur  de  la  Revue  était  absent  de  Paris  à 
l'époque  de  la  lettre  dont  il  s'agit.  Peut-être  a-t-elle  été  égarée.  Il  vous  serait  reconnais- 
sant de  vouloir  bien  lui  en  rappeler  le  sujet. 

M.  Maurice  Jacquot,  au  Havre.  —  Pour  le  rapport  entre  les  taches  solaires  et  les 
facules,  voir  la  Revue,  première  année,  p.  50. 

M.  E.  MoRGAND,  à  Eu.  —  L'installation  d'un  équatorial  est  une  opération  délicate 
dont  nous  ne  pouvons  indiquer  tous  les  détails.  Bornons-nous  à  dire  que  l'instrument 
a^ant  d'abord  été  placé  d'après  la  connaissance  qu'on  a  de  la  latitude  et  du  méridien  du 
heu,  on  en  rectifie  ensuite  la  position  à  l'aide  des  observations  mômes.  —  Le  pied  de 
i'équatorial,  figuré  à  la  page  221  du  3'  volume  de  la  Revue  d'Astronomie  empêche  en 
effet  que  l'on  puisse  faire  faire  un  tour  complet  à  l'instrument  quand  il  est  pointé  non 
loin  du  pôle  :  mais  l'inconvéniant  est  minime,  car  aucune  observation  ne  (Jnre  24**.  — 
Le  prix  des  lunettes,  dans  les  dimensions  que  vous  dites,  varie  un  peu  moins  vite  que 
le  cube  du  diamètre  de  l'objectif.  Vous  pouvez  vous  faire  par  là  une  idée  du  prix  de  co 
que  vous  demandez. 

M.  Epaminondas  Polydore,  à  Smyrne.  —  Votre  projet  relatif  à  la  réforme  du  calen- 
drier a  été  classé  avec  les  envois  analogues,  pour  être  présenté  au  concours. 

M.  le  D""  B.  L.  GoNDSMiT,  à  Zutphen.  —  Vous  pouvez  toujours  vous  adresser  en  toute 
confiance  aux  constructeurs  d'instruments  astronomiques  cités  dans  Les  Etoiles  et  choi- 
sir Tun  des  instruments  décrits. 

M.  GuNziGER.  Ce  nouveau  réticule  est  ingénieux,  mais  ne  trouvez-vous  pas  que  le 
plus  léger  petit  coup  donné  à  la  lunette  suffit  pour  faire  reparaître  Tétoile  cachée  der- 
rière les  fils  et  constater  qu'elle  est  bien  à  la  croisée.  N'y  a-t-il  pas  à  craindre  aussi 
de  diminuer  par  cette  coupure  la  stabilité  des  fils. 

M.  E.  Renneteau,  à  Rouen.  —  Nous  espérons  que  notre  réponse  à  la  dépêche  do' 
M.  Andrade  et  la  déclaration  publiée  dans  le  dernier  N«  de  la  Revue  auront  prouvé  la 
fausseté  de  cette  absurde  prédiction  et  rassuré  les  populations  des  îles  du  cap  Vert. 

M.  MoNiER,  à  Paris.  —  Votre  question  sera  le  sujet  d'un  petit  article  dans  notre  pro- 
chain Numéro. 


MAISON  HOLTENI 

FONDÉE  A   PARIS   EN   1782 


ATELIERS   ET   MAGASINS 
^  44,  rue  du  Ghàteau-d'Eau,  44 

PARIS 

CONSTRUCTION  D'INSTRUMENTS 

d'optique,  de  physique,  de 

mathématiques  et  de  marine. 


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Chronomètre  :^olaire 


^ 


EBSEKMEHT  PAR  LES  PROJECTIONS    .,,„,,,,,„...„ ,,,,,,,, 

projection.  Broch.,246p.,  108 lig.  gf^BO 

brochure  avec  ligures 0  25 

^__„ .,  .  ,  conférence  faite  aux  membres 

"dû  Ingres  pédagogique,  par  M.  Stanislas  Meunier.  Brochure 0  75 

Deux  conférences  sur  les  aôrostats  et  la  na  navigation  aérienne,  par  M.  Gaston  Tis- 

sandier.  Brocliure 1  50 

Les  glaciers,  conférence  par  M.  Stanislas  Meunier.  Brochure 1  » 

Gataioffue  82,  photographies  d'après  nature,  vues,  paysages,  monuments 0  75 

—  38,            —            et  tableaux  pour  renseignement 0  75 

—  39,  appareils  et  tableaux  de  commerce »  » 

—  40,          —          accessoires  pour  l'enseignement  et  les  conférences  publiques.  »  » 

—  41,  tableaux  simples  et  à  mouvement  pour  les  appareils  du  catalogue  40 »  » 

Photographies  sur  verre  des  figures  de  la  présente  Revue  (Reproductions  autorisées  par 

l'cditeur) 1  50 


Lnneitee  terrestres  et  astronomiques.  —  Jumelles  de  théâtre  et  de  campagne 
Fournitures  photographiques.  —  Objectifs.  —  Appareils.  •—  Produits  et  accessoires 

BNVOI    FRATfCO   DR   DIVERS   PROSPBOTVS 


A.   BARDOU 

CONSTRUCTEUR  mNSmUKIITfi  BVTIliE 

FOURNISSEUR  DU  MINISTÈRE  DE  LA  GOEUIE 

Circulaire  ministérielle  du  29  Jui/tet  iS:i 
65,  me  de  Ghabroirà  Paris. 


liUnette^  astronomiques,  corps  cuivre  avec  chercheur,  tnbe 
(i'ocul&ire  a  ci^malllère  pour  la  mise  au  foyer.  Monture  équito- 
riale  a  Jatitude  variable  4e  0*  à  90*,  cercle  honore  et  cercle  de 
Uéclinaiâon  donnant  la  minute  par  les  verniers;.piiice|K>Qrûxer 
la  luneite  en  décUnaison.  Pied  en  fonte  de  ferrepountptrtrob 
vis  calantes  sur  n'ois  crapaudines  (^.1). 

I/oenlaire  le  plus  faible  est  muni  d'un  réticule. 


DIAMETRE 

II***  cercles. 


o  a 

II 

g    B 

ul 

-o 

0»,15 

0",18 

0«,15 

O-'.IS 

OCULAIRES. 

Terres- 
tres. 

Célerte». 

1 

H 

1 
i 

2: 

1 
1 

80 
90 

3 
4 

100,  160  et  m 
100,  150/200  et  4a0 

Lunettes  astronomiques  et  terrestres,  corps  cuivre  are 
chercheur,  pied  fer  et  soutien  de  stabilité  servant  a  dinf^er  U 
lunette  par  mouvement  vertical  lent  au  moyen  d'une  crémail- 
lère; tube  d'oculaire  à  crémaillère  pour  la  mise  au  foyer.  Lis- 
strument  {fig.  2)  et  ses  accessoires  sont  calés  dans  une  belle  es 
sapin  rouge 


II 

§2 

§^ 

a  S 

^ 

-a 

O'-filb 

|m     , 

0-,081 

1"',30 

0-,095 

l-,4b 

0«,108 

l-,60 

OCULAIRES. 


Terres- 
tres. 


9 

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4) 

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\ 

50 

2 

1 

55 

3 

1 

60 

3 

1 

80 

3 

Célestes. 


Grossissements. 


80  et  150 
75,  120  et  200 
85,  130  et  240 
100,  160  et  270 


Lunettes  astronomiques  et  terrestres,  corps  cuivre,  pi^J 
fer,  mouvements  prompts,  tube  d'oculaire  à  crémaillère  pour  U 
mise  au  foyer.  L'instrument  et  ses  accessoires  sont  cales  ilas^ 
une  boite  en  sapin  rouge. 


fcS^   . 

3CÏW 

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M- 

275 

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Terres- 

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tres. 

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1 

1 
1 

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40 
50 

1 
1 

2 

OCULAIRES. 

Célestes. 

Grossis- 
sements. 


.u=  .1 

a  B-- 

PRIX. 

i&  = 

s*»! 

il 

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il» 

135 

fj 

100 

140 

175 

23 

190 

nb 

25 

90 

100 

80  et  150 


On  peut  ajouter  et  l'on  ajoute  généralement  à  ces  divers 
modèles  : 

Monture  à  prisme  pour  observer  facilement  au  zéDii^ 
Prix 8» ''• 

Ecran  pour  examiner  les  tachés  du  Soleil.  Prix 1^  ^^ 


Paris.  —  Imp.  Gauthier-Villars,  55,  auai  des  Grands-Augustins. 


4''  Année. 


•J      ;   . 


lias,    N"9. 


'^   iU 


^(.'LLhGE 


mbre  1885. 


^ •^-ï^ 


REVUE  MENSUELLE 

D'ASTRONOMIE  POPULAIRE 

DE  MÉTÉOROLOGIE  ET.  DE  PHYSIQUE  DU  GLOBE, 

DONNANT    LS    TABLBi U   FBRMANBNT    DES    DÉCOUVERTES    ET    DES    PRO0R&8    RtALItÉt 
DANS    LA    CONNAISSANCE    DE    L'UNIVBRS 

PUBLIÉE    PAR 

CAMILLE  FLAMMïlkRION, 

AVEC  LE  CONCOURS  OIS 

PRINCIPAUX   ASTtlONOMES  FRANÇAIS  ET  ETRANGERS 


ABONNEMENTS  POUR  UN  AN: 

Pariç  :  12  fr.  —  Départements  :  13  fr.,—  Étbanorb     14  fr. 

Prix  du  Numéro  :  1  fr.  20  c. 

La  Revue  parait  le  {•'  de  chaque  Mois. 


^  PARIS. 

6AUTHIËR-YILLARS,  IMPRlMEUR-LlBRAlRË 

DE    L*OBSERVATOIRE    DE    PARIS, 
Quai  des  Augustins,  55. 

1885 


:^::^^ 


I  <  A 


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•  ••dp» 


—    .1-14»  — 

g  â'^SS 
5ogoS 

3  K  a  "*  2 

î^al  I 

J  fc.  JJ    . 


S^    S    b    !S  K 
O  M    «    5      . 

ffi  T3  o  o  ;^ 


MAISON    LEREBOURS    ET    SECRÉTAN 

G.   SECRÉTAN,   Successeur 
MAGASINS,  13,  place  du  Pont-Neuf.  —  ATELIERS,  54,  rue  Daguerre. 

Les  instruments  équatoriaux  désignés  ci-dessous  sont  des  instruments  complets,  : 
moHtnre  très  stable,  avec  micromètre  de  position,  mouvement  d'horlogerie  isochroa€, 
cercles  divisés  sur  argent,  divisions  de  calage,  rappel  dans  le  sens  horaire  sur  la  luneite. 
doublç. éclairage,  etc,,  etc. 

-Pour  leç  hassps  latitude^?,  le  pied  en  fonte  de  Tinstrument  aura  la  forme  rectangi- 
lairo  et  le  mouvement  d'horlogerie  sera  logé  dans  le  pied;  pour  les  hautes  latitudes"  1- 
pied  sçra  eii  générai  une  colonne  ronde  et  le  mouvement  d'horlogerie  sera  adapi?  ^ 
rextéricur  do  la  colonne.  —  La  lunette  sera  pourvue  d'an  chercheur  de  grande  uUTcr- 
ture  et  aura  au  moins  trois  oculaires  sans  compter  celui  du  micromètre  et  du  chercheur 

Laoêltes  ^gialtrâks 

J>e    9^»"    d*ouver-      '' 
ture  libre. a.&OG 

Do  108**  d'ouver- 
turo  libre 4  000 

Dû  135"»  d*ouTer- 
lure  libre.. 6.500 

De  160"*  d'ouver- 
ture libre 9.000 

loifUies  nériéicaes 

Do  55"*  d«  diamè-      *» 
tre.ccrcledell"»..      850 
DefiO**  ave<:  appa- 
reil de  ïxtouroe- 

pieût,.,, 1-500 

Cercle  mérldien,ob- 
jtsctir  do  67-■ 
d'o«vert1lrtî,  très 
complet,  retour- 
nement mécani- 
que.,,,....  4.OO0 

Lunettemurale,  ob- 
jectif  do  55  — 
trouverlure 250 

Ippireib  icff^ioires  peu  b 
réfradeurï  équtenau. 

Spectrosoûpe     stel-      '' 

lairô  de  S&cchi. . .     2O0 
Spectroscope    à    2 

prîsftiôs 500 

Spectrosc4ïpe  avec 
vis  microni  étriqué 
et  pdstfiô  ii  visioa 
ilifti^lâ.. .  ..    ...      650 


■  ■  -    '  *  ■   1      - 


\\; 


^'H, , 


Spectroscope  à  2  prismes  en  flint  de 
48'»'»,  objectif  de  27"«  et  li«"»  de  dis- 
tance focale,  lentille  cylindrique  achro- 
matique, prisme  de  comparaison,  loupe 
pour  observer  IMmage  sur  la  fente,  vis 
micrométrique  avec  tambour  divisé  sur 
argent,  second  tambour  servant  à  enre- 
gistrer les  observations  faites  dans 
l'obscurité,  arrangement  pour  fixer 
avec  facilité  des  tubes  de  ôeissler  ou 
des  pointes  métalliques  entre  lesquelles 
on  fait  jaillir  l'étincelle  électrique,  3  '- 
oculaires i  .000 


Le  même  avec  adjonction  d'un  prisme  à       '' 
vision  directe 1.100 

Chambre  noire  pour  adapter  à  l'instru- 
ment et  pourvue  d'un  obturateur  instan- 
tané suivant  la  grandeur  de  l'instru- 
ment      800d     4O0 

Oculaire  a  grand  ctiamp  et  faible  gros- 
sissement laissant  toute  la  lumière  que 
la  lunette  comporte 40 

Hélioscope 300 

Oculaire  à  lame  de  verre  divisée  en 
mailles  carrées  de  petit  niveau  pour 
prendre  des  mesures  avec  TliéUosoope.        60 


—  L'ASTRONOMIB.  —  321 

LE  CADRAN  SOLAIRE  A  RÉTROGRADATION 

DE   L'OBSERVATOIRE  DE   JUVIST,   ET   LE   MIRACLE  ^D'iaâilE. 

On  lit  dans  la  Bible,  au  quatrième  livre  des  Rois^  ch.  xx  : 

En  ce  temps-là  Bzéchias  fut  malade  à  la  mort,  et  le  prophète  Isaïe,  fils  d'Amos, 

Fig.  103. 


Cadran  solaire  à  rétrogradation  de  l'Obsorvatoiro  de  Juvisy. 

vint  le  trouver,  et  lui  dit  :  Voici  ce  que  dit  le  Seigneur  :  Mettez  ordre  à  votre 
maison,  car  vous  ne  vivrez  pas  plus  longtemps. 

Alors  Ezéchias,  tournant  le  visage  contre  la  muraille,  fit  sa  prière  au  Seigneur. 

Le  Seigneur  parla  à  Isaïe  et  lui  dit  :  Retournez  et  dites  à  Ezéchias  :  Le 
Seigneur  a  entendu  votre  prière  et  a  vu  vos  larmes;  vous  allez  être  guéri,  vous 
irez  dans  trois  jours  au  temple.  J'ajouterai  encore  quinze  années  aux  jours  de 
votre  vie. 

Septembre  1885.  0 


822  L'ASTRONOMIE. 

Alors  IsaTe  dit  aux  serviteurs  du  roi  :  Apportez-moi  une  masse  de  figues.  Os  la 
lui  apportèrent  et  la  mirent  sur  l'ulcère  du  roi.  Et  il  fut  guéri. 

Mais  Ezéchias  avait  dit  d'abord  à  IsaYe  :  Quel  signe  aurai-je  que  le  Seigneur  me 
guérira  ? 

Isaïe  lui  répondit  :  Voici  le  signe  que  le  Seigneur  vous  donnera  pour  vous 
assurer  de  sa  parole.  Voulez-vous  que  l'ombre  du  Soleil  avance  ou  qu'elle  rétro- 
grade de  dix  degrés? 

Ezéchias  lui  dit  :  Il  est  aisé  que  l'ombre  s'avance  de  dix  degrés,  et  ce  n'est  pas 
ce  que  je  désire  que  le  Seigneur  fasse;  mais  qu'il  la  fasse  retourner  en  arrière 
de  dix  degrés. 

Le  prophète  Isaïe  invoqua  donc  le  Seigneur,  et  il  fit  que  Vombre  retourna  en 
arrière  sur  Vhorloge  d'Achaz  par  les  dix  degrés  par  lesquels  elle  était  déjà 
descendue. 

Tel  est  textuellement  Tépisode  rapporté  par  la  Bible.  Ce  récit  est  intéres- 
sant au  double  point  de  vue  historique  et  philosophique.  D'une  part,  il  nous 
montre  que  les  cadrans  solaires  étaient  en  usage  en  Judée  l'an  709  avant 
notre  ère  (le  premier  cadran  solaire  grec  a  été  construit  à  Athènes  en  l'an  —  433 
par  Méton,  et  le  premier  cadran  solaire  romain  a  été  construit  à  Rome  par 
Papirius  Cursor  en  —  306)  ;  d'autre  part,  il  nous  rappelle  que,  pour  la  cour 
théocratique  du  roi  de  Judée,  le  Soleil  pouvait  être  arrêté  dans  sa  marche 
^comme  au  temps  de  Josué),  ralenti  ou  accéléré.  Toutefois,  il  y  avait  des 
nuances  dans  la  difficulté  du  miracle  et  par  conséquent  des  degrés  dans  sa 
valeur  :  «  Il  est  aisé  que  l'ombre  s'avance,  »  pense  le  roi;  il  serait  bien  plus 
difficile  de  la  faire  reculer!  Cette  simple  réflexion  ne  donne-t-elle  pas  la  note 
de  l'idée  tout  humaine,  tout  anthropomorphique  que  Ton  se  formait  alors 
sur  le  Créateur  et  son  œuvre? 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  Bible  assure  que  l'ombre  du  Soleil  rétrograda  de  dix 
degrés  sur  le  cadran  solaire  d'Achaz. 

Cette  histoire  nous  avait  toujours  paru  sujette  à  caution.  Peut-être  a-t-on 
tort  d'enseigner  aux  enfants  que  la  Bible  est  un  livre  écrit  sous  la  dict^  de 
Dieu,  véridique  et  infaillible  en  tous  ses  points.  On  accoutume  ainsi  notre 
enfance  à  envelopper  toutes  les  parties  du  récit  biblique  dans  un  même 
respect,  depuis  Adam  jusqu'à  Jésus.  Lorsque,  ayant  acquis  l'âge  de  raison, 
nous  savons  que  ni  Josué  ni  Isaïe  n'ont  arrêté  le  Soleil,  nous  n'osons  pas 
nous  afl'ranchir  de  l'interprétation  littérale,  et,  en  reconnaissant  l'erreur 
d'un  épisode,  nous  sommes  conduits  à  rejeter  en  même  temps  le  livre  tout 
entier,  du  conunencement  à  la  fin. 

Il  en  serait  autrement,  si  l'on  enseignait  que  la  Bible  est  une  œuvre  impor- 
tante au  point  de  vue  historique,  respectable  comme  monument  de  l'une  des 
plus  anciennes  civilisations,  supérieure  à  beaucoup  d'autres  épopées,  mais 


LE  CADRAN  SOLAIRE  A  RÉTROGRADATION.  323 

œuvre  humaine,  dans  laquelle  on  peut  garder  ce  qui  est  bon  et  oublier  ce 
qui  est  mauvais  ou  erroné.  Le  jeu  perpétuel  des  miracles,  entre  autres,  qui 
est  si  intimement  lié  à  toute  Thistoire  du  peuple  juir,  qui  met  à  chaque 
instant  en  scène,  à  propos  d'un  roitelet  ou  d'un  massacreur  quelconque,  la 
toute-puissance  du  Créateur  de  l'Univers  et  qui  rabaisse  et  compromet  si 
puérilement  l'idée  de  Dieu,  ne  devrait-il  pas  être  présenté  comme  le  témoi- 
gnage d'une  époque  d'ignorance  et  de  crédulité,  au  lieu  d'être  défendu 
comme  un  fait  réel?  Nous  livrons  ces  réflexions  aux  défenseurs  futurs  de  la 
Bible. 

Comme  beaucoup  d'autres,  nous  avions  rejeté  le  miracle  d'Isaïe  ainsi  que 
celui  de  Josué  sur  le  compte  d'une  exagération  de  l'imagination  orientale, 
admettant  que,  dans  le  cas  de  Josué,  les  combattants  ont  pu  croire  sincèrement 
la  journée  plus  longue  que  d' habitude  (le  même  fait  s'est  reproduit  sous  Charle- 
magne,  à  Roncevaux,)  et  que^  dans  le  cas  d'Isaïe,  le  prophète  avait,  par  un 
<c  pieux  mensonge  >  et  dans  un  «  bon  motif  »,  dérangé  le  cadran  solaire  sous 
les  yeux  du  roi  ou  de  quelques  personnages  de  la  cour  envoyés  par  lui  :  on 
sait  que  les  cours,  en  général,  ont  toujours  été  de  remarquables  réunions 
d'ignorants. 

Un  jour  de  l'année  1880,  nous  reçûmes  à  Paris  la  visite  d'un  ingénieur  bien 
connu,  M.  Etienne  Guillemin,  colonel  du  génie  à  Lausanne,  venant  nous 
exposer  que  le  miracle  d'Isaïe  pouvait  être  renouvelé,  et  qu'il  l'avait  été  dès 
le  seizième  siècle  par  Nonius,  l'inventeur  du  «  vernier  »,  né  en  1492,  mort 
en  1577.  M.  Guillemin  lui-même  l'avait  répété  à  Taide  d'un  cadran  solaire 
provisoire,  d'après  les  indications  données  dans  le  Dictionnaire  des  amme- 
ments  des  Sciences  mathématiques  et  physiques^  publié,  sans  nom  d'auteur,  en 
1792.  Malheureusement,  dans  sa  démonstration,  Nonius  ne  donnait  aucun 
calcul  et  commettait  des  erreurs,  si  bien  que  le  renouvellement  de  son  exj>é- 
rience  était  une  affaire  assez  laborieuse. 

L'année  suivante,  le  il  août  1881,  nous  fîmes,  à  Lausanne  môme,  en 
compagnie  du  savant  et  sympathique  colonel  Guillemin,  l'essai  d'un  cadran 
solaire  à  rétrogradation,  et  quelques  mois  après  nous  écrivions  les  lignes 
suivantes  dans  notre  ouvrage,  Les  Etoiles  (p.  760),  au  chapitre  des  Annales  de 
l'Astronomie  : 

An  709  avant  Jésus-Christ.  —  Les  cadrans  solaires  étaient  en  usage,  et  depuis 
longtemps  sans  doute,  sous  le  règne  d'Ezëchias.  Quinze  ans  avant  la  mort  de  ce 
roi  de  Juda,  la  Bible  rapporte  que  le  prophète  Isaïe  ût  rétrograder  Tombre  de 
dix  degrés  sur  le  cadran  solaire  d'Achaz.  C'est  là  une  opération  que  Ton  a  taxée 
jusqu'à  ce  jour  de  miraculeuse,  mais  qui  peut  se  faire  sans  miracle,  si  Ton  donne 
au  cadran  une  inclinaison  calculée  suivant  la  latitude  du  lieu.  Nous  avons  nous- 


324  L^ASTRONOMIB. 

même  renouvelé  le  miracle  d'Isale,  Tété  dernier,  à  Lausanne.  Nous  ferons  con- 
naître la  manière  de  renouveler  ce  fameux  miracle  d'Isale,  dans  l'un  des  premiers 
numéros  de  notre  Revue  astronomique. 

Des  travaux  plus  urgents  ont  retardé  jusqu^ici  la  rédaction  de  cet  article. 
Un  vieux  proverbe  nous  excuse,  en  assurant  que  tout  vient  à  point  à  qui  sait 
attendre. 

En  établissant  un  petit  cadran  solaire  horizontal  à  TObservaloire  de  Juvisy, 
nous  l'avons  organisé  de  telle  sorte  qu'il  peut  servir  à  la  fois  de  cadran 
solaire  ordinaire  et  de  cadran  solaire  extraordinaire  pour  la  reproduction  du 
miracle  d'Isaïe. 

Voici  les  éléments  du  problème  : 

Prenons  une  planchette  rectangulaire  ABCD  munie  d'un  style  perpendicu- 
laire. Plaçons  cette  planchette  horizontalement  et  orientons-la  de  telle  sorte 


que  la  ligne  SN  soit  dans  la  direction  Sud-Nord.  A  midi,  l'ombre  du -style  s^e 
dirigera  suivant  la  ligne  ON. 

Maintenant,  au  lieu  de  laisser  la  planchette  horizontale,  inclinons-la,  en 
prenant  la  ligne  ABpour  charnière,  Vers  le  Soleil,  qui  est  au  Sud.  L'ombre 
du  style  se  raccourcira  à  mesure  que  l'inclinaison  augmentera,  et  elle  arri- 
vera à  être  nulle  à  l'heure  de  midi.  Alors  le  style  est  pointé  juste  vers  le  Soleil. 

Continuons  encore  l'inclinaison  de  la  planchette  :  l'ombre  du  style,  au 
lieu  de  se  projeter  au  Nord,  comme  tout  à  l'heure,  va  se  projeter  au  Sud. 

C'est  dans  cette  position  que  Ton  peut  observer  la  rétrogradation  de  l'ombre. 
A  midi,  l'ombre  du  style  se  projette  suivant  la  ligne  OS.  Puis  on  la  voit  mar- 
cher très  rapidement  vers  la  gauche  ou  vers  l'Est  jusqu'à  un  certain  angle. 
Là  elle  s'arrête.  Ensuite  elle  revient  sur  ses  pas  et  rétrograde  jusqu'au  cou- 
cher du  Soleil. 

Il  va  sans  dire  que  c'est  le  Soleil  seul  qui  fait  tout.  Une  fois  l'inclinaison 
de  notre  planchette  trouvée,  nous  la  fixons,  et  nous  n'y  touchons  plus.  Il  ne 
s'agit  pas  d'uu  tour  d'escamotage.  C'est  un  fait  cosmographique  qui  s'opère 
et  que  l'on  observe. 

Pour  établir  un  cadran  solaire  qui  donne  ces  résultats,  on  peut  procéder 


LE  CADRAN  SOLAIRE  A  RÉTROGRADATION.  325 

de  la  manière  suivante.  Nous  prendrons  celui  de  l'Observatoire  de  Juvisy  (*) 
comme  modèle. 

Construisez  un  cadran  solaire  horizontal  de  0'",20  environ  de  diamètre.  Le 
style  de  ce  cadran  solaire  est,  naturellement,  incliné  suivant  ta  latitude  du 
lieu  :  il  marqpie  les  heures  et  sert  aux  usages  habituels,  c'est  là  votre  cadran 
solaire  normal.  Ne  vous  en  préoccupez  pas  autrement. 

Au  centre,  vissez  une  aiguille  de  0'",20  de  longueur  environ,  bien  pçrperir 
diculaire  au  plan  du  cadran. 

Au  lieu  de  fixer  ce  cadran  par  ses  quatre  angles,  montez-le  à  charnière, 
par  son  côté  sud  (le  côté  AB  de  la  fig.  104)  sur  une  plaque  fixée  au  pied, 
plaque  sur  laquelle  il  est  simplement  rabattu  lorsqu'il  est  horizontal. 

Deux  points  sont  maintenant  à  considérer.  D'une  part,  il  faut  trouver 
l'inclinaison  convenable  pour  que  le  phénomène  se  produise  ;  d'autre  part, 
cette  inclinaison  trouvée,  il  faut  y  fixer  le  cadran.  Ces  deux  points  seront 
réalisés  en  plaçant  deux  arcs  de  cercle  divisés  de  0*  à  90**  entre  lesquels  le 
cadran  s'élèvera  à  volonté,  et,  en  adaptant  sur  chaque  côté  une  petite  plaque 
latérale  munie  d'une  vis  dont  le  serrage  maintiendra  le  cadran  à  l'inclinaison 
voulue. 

Nous  avons  vu  que  le  style  doit  être  dipgé  un  peu  au  sud  du  Soleil  à  midi, 
de  telle  sorte  que  son  ombre  se  projette  au  Sud.  C'est  dire  que  la  déclinaison 
du  style  doit  être  inférieure  de  3<»  à  4*»  à  celle  du  Soleil. 

Prenons,  par  exemple,  le  jour  du  solstice  d'été,  à  Juvisy. 

A  cette  date,  la  déclinaison  du  Soleil  est  de  23*^  j,  celle  du  style  sera  donc 
de  20^ 

L'inclinaison  du  cadran  sera  celle  de  la  latitude  du  lieu,  moins  la  décli- 
naison du  style,  soit  48*»  42'—  20**,  soit  28*»22'.  Une  précision  à  un  demi- 
degré  près  suffit. 

Nous  élevons  donc  notre  cadran  en  le  faisant  tourner  autour  de  sa  char- 
nière jusqu'à  ce  que  son  plan  passe  par  28**  \  au-dessus  de  la  ligne  horizontale 
de  zéro  des  arcs  de  cercle.  Comme  il  convient  d'opérer  à  midi,  on  trouvera 
cette  inclinaison,  indépendamment  des  divisions  gravées  sur  les  arcs  de 
cercle,  tout  simplement  par  l'ombre  du  style.  Plus  cette  ombre  à  midi  est 
courte,  plus  la  rétrogradation  est  grande.  Pour  un  style  de  0™,20,  il  convient  de 
prendre  un  ombre  de  0",0i,  à  midi,  et  de  fixer  le  cadran  à  cette  inclinai- 
son-là. 
Cela  fait,  l'ombre  s'éloigne  de  la  ligne  méridienne  S  N  en  se  dirigeant  vers 

(<)  Ce  nouveau  genre  de  cadran  solaire,  représenté  fig.  103,  a  été  construit  par 
M.  Molteni,  l'ingénieux  opticien  qui  a  fait  faire  de  si  rapides  progrès  à  l'art  des  pro- 
jections. 


Rétrogradation  de  l'ombre  sur  le  cadran  solaire. 


LE  CADRAN  SOLAIRE  A  RÉTROGRADATION.  327 

TEst  et  en  s'allongeant.  Au  bout  d'un  certain  temps,  elle  s'arrête.  Puis  elle 
revient  sur  ses  pas  et  rétrogade  jusqu'au  coucher  du  Soleil. 

Nous  avons  représenté  {fig.  105)  le  plan  du  cadran  solaire  de  Juvisy  observé 
le  jour  du  solstice  d'été.  Ce  plan  est  de  grandeur  naturelle  (on  a  supprimé, 
dans  ce  but,  la  partie  de  droite  qui,  du  reste  n'ajoutait  rien  à  la  démons- 
tration). 

Les  lignes  d'ombre  sont  tracées  de  quart  d'heure  en  quart  d'heure  depuis 
midi  jusqu'à  P30"  :  elles  sont  dessinées  à  leurs  positions  etàleurs  longueurs 
précises.  A  partir  de  l^^SO""  l'ombre  continue  à  peine  son  cours;  elle  avance 
encore  un  peu,  mais  pour  rester  stationnaire  de  1*^50"  à  2*» 34.  Le  milieu  de 
cet  intervalle,  soit  2*"  12",  représente  l'heure  de  l'angle  maximum. 

Alors  comme  chacun  peut  s'en  assurer,  l'ombre  forme  un  angle  de  78<»,7 
avec  la  méridienne. 

Dès  lors,  l'ombre  rétrogade,  tout  en  continuant  de  s'allonger.  A  2*" 50"  elle 
repasse  par  la  ligne  de  l'^SO™  ;  à  3*»  10,  elle  arrive  vers  celle  de  1*  15",  à  4  heures 
vers  celle  de  1  heure,  à  5**  10"  vers  celle  de  12*' 45  et  à  6  heures  à  la  ligne  où 
elle  passait  à  12'»  37".  Le  Soleil  se  couche  vers  six  heures  pour  le  plan  du 
cadran  ;  mais  on  peut  suivre  la  rétrogradation  plus  longtemps  en  recevant 
l'ombre  du  style  sur  le  cadre  du  cadran,  s'il  dépasse  son  plan,  ou  sur  un 
écran  perpendiculaire  à  ce  plan.  C'est  ainsi  que  nous  avons  marqué  la  trace 
de  l'ombre  à  sept  heures,  en  dehors  du  cadran. 

De  2**  12"  au  coucher  du  Soleil,  l'angle  de  rétrogradation  est  de  11°  j.  C'est 
un  peu  plus  que  la  rétrogradation  rapportée  par  la  Bible  (en  supposant  qu'ils 
aient  eu  la  même  division  du  cercle  que  nous). 

Il  convient  de  faire  cette  expérience  dans  les  conditions  précédentes  et  vers 
le  solstice  d'été;  parce  qu'à  cette  époque  la  rétrogradation  est  à  son  maximum: 
aux  équinoxes  elle  est  nulle. 

De  Téquinoxe  d'automne  à  Téquinoxe  de  printemps,  on  ne  peut  pas  obser- 
ver toute  la  rétrogradation,  parce  que  le  Soleil  se  couche  trop  tôt. 

Ces  conditions  se  rapportent  à  notre  hémisphère.  Appliquées  à  l'hémisphère 
austral,  elles  sont  de  sens  contraire. 

Dans  l'expérience  précédente,  faite  au  solstice  d'été,  notre  cadran  est 
parallèle  à  un  cadran  horizontal  placé  à  20*  de  latitude  boréale,  comme  au 
sud  de  La  Mecque,  au  nord  de  Bombay,  ou  au  Tonkin,  à  Cuba  (Santiago),  à 
Mexico,  Saint-Domingue,  etc.  Tout  cadran  solaire  à  style  vertical  placé  hori- 
zontalement à  cette  latitude  doit  montrer  la  même  rétrogradation.  Tout 
cadran  horizontal  à  style  vertical  observé  entre  les  tropiques  doit  montrer 
une  rétrogradation  analogue  pendant  notre  été  pour  les  latitudes  boréales  et 
pendant  l'été  austral  pour  l'autre  hémisphère.  En  thèse  générale,  la  rétrogra- 
dation est  d'autant  plus  grande  que  la  déclinaison  du  Soleil  est  elle-même 


328  L'ASTRONOMIE. 

plus  grande  et  que  la  déclinaison  du  style  se  rapproche  davantage  de  celle 
du  Soleil.  II  est  singulier  que  Ton  n'ait  jamais  remarqué  le  fait  sous  les  tro- 
piques; il  faut  croire  qu'on  n*a  jamais  eu  la  curiosité  d*y  observer  un 
cadran  solaire  horizontal  à  style  vertical. 

Pour  un  cadran  horizontal,  la  rétrogradation  est  nulle  à  Téquateur;  elle 
augmente  jusqu'au  tropique,  quand  la  déclinaison  du  Soleil  est  supérieure  à 
la  latitude  du  lieu.  Au  delà,  elle  est  de  nouveau  nulle;  mais  pour  la  produire 
il  suffit  d'incliner  le  cadran  sur  l'horizon  d'une  quantité  égale  à  la  latitude 
du  lieu,  moins  la  déclinaison  du  style  lorsque  le  Soleil  est  dans  le  même 
hémisphère,  et  de  cette  latitude,  plus  la  déclinaison  du  style  quand  il  est  dans 
l'hémisphère  opposé;  dans  ce  dernier  cas,  la  rétrogradation  n'est  pas  com- 
plète, le  Soleil  disparaissant  de  l'horizon  du  lieu  avant  de  s'abaisser  au- 
dessous  de  celui  du  cadran. 

Tout  ce  qui  vient  d'être  dit  pour  la  marche  de  l'ombre  dans  l'après-midi 
s'applique  en  sens  contraire  aux  heures  de  la  matinée;  nous  aurions  pu  tra- 
cer sur  le  cadran  des  lignes  symétriques  du  lever  du  soleil  à  9*» 48",  et  de 
cette  station  jusqu'à  la  progression  rapide  de  midi  ;  mais  pour  plus  de  sim- 
plicité et  plus  de  clarté,  nous  nous  en  sommes  tenu  à  l'inscription  du  mou- 
vement à  partir  de  midi. 

Maintenant,  le  cadran  solaire  d'Achaz  était-il  analogue  à  celui  que  nous 
venons  de  décrire?  L'hypothèse  est  plausible.  Achaz,  père  d'Ezéchias,  roi  de 
Juda,  régnant  à  Jérusalem,  avait  des  astrologues  dans  sa  cour,  comme 
Ezéchias  et  comme  Josias,  son  petit-fils  :  il  suffit  de  lire  le  «  Livi*e  des  Rois  » 
pour  sentir  combien  l'astrologie  était  alors  intimement  liée  à  la  religion  et 
quels  rôles  jouaient  les  astrologues  et  les  prêtres.  Presque  à  chaque  règne  on 
les  extermine  pour  les  remplacer!  Achaz  «  sacrifia  sur  les  hauts  lieux  »  selon 
l'expression  de  la  Bible.  Son  petit-fils  Osias  «  détruisit  les  autels  qui  étaient 
sur  la  terrasse  de  la  chambre  d'Achaz  »  (Rois y  TV,  23).  «  Il  extermina  aussi  les 
augures,  qui  avaient  été  établis  par  les  rois  d'Israël  pour  sacrifier  sur  les 
hauts  lieux  dans  les  villes  de  Juda  et  autour  de  Jérusalem,  et  ceux  qui 
offraient  de  l'encens  à  Baal,  au  Soleil^  à  la  Lune,  aux  douze  signes  et  à  toutes 
les  étoiles  du  ciel.  » 

On  ne  saïu-ait  être  plus  explicite,  et  il  n'y  a  rien  de  surprenant  à  ce  que  les 
prophètes  eux-mêmes  aient  combiné  certains  phénomènes  célestes  de  façon 
à  agir  sur  l'esprit  des  princes  et  à  les  ramener  dans  le  droit  chemin.  Aujour- 
d'hui même  on  en  voit  bien  d'autres  en  politique. 

Pour  faire  rétrogader  l'ombre  de  10°,  il  faut  donner  au  style  une  inclinaison 
de  18*25'.  A  Jérusalem,  dont  la  latitude  est  de  3i''46',  le  cadran  doit  être 
incliné  sur  l'horizon  de  31*46'  —  18*25'  soit  de  13*21'. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  nous  a  paru  intéressant  d'établir  dans  notre  nouvel 


LE  GADRIK  SOLAIRE  A  RÉTROGRADATION. 


Z» 


observatoire  ua  cadran  solaire  à  rétrogradation  et  d'en  offrir  à  nos  lecteurs  la 
description  prise  sur  nature. 

Camille  Flaicmariox. 

P.  S.  —  Nos  lecteurs  mathématiciens  ou  géomètres  trouveront  ci-dessous  la 
théorie,  les  formules  et  les  épures,  que  M.  le  colonel  GuiUemin  a  bien  voulu 
rédiger  spécialement  pour  V Astronomie. 


THÉORIE,  FORMULES  ET  ÉPURES  DE  LA.  RÛTROGRADATIOX  DE  l'OMBRB. 

Soit  fig.  iOQ  une  sphère  céleste  ayant  son  centre  en  G;  HHq  :  plan  horizontal  ;  en  O  : 
style  vertical  dont  le  zénith  est  en  Z;  PPo  :  ligne  des  pôles;  EEo  :  plan  de 
réquateur;  SSo  parallèle  décrit  par  le  Soleil;  ZHjZo  :  plan  vertical  tangent  au 


Fig.  106. 


H 


parallèle  solaire,  (soit  plan  de  Técliptique  aux  solstices),  dans  lequel  pourra 
toujours  se  trouver  le  style. 

PHiDPo:  méridien  passant  par  le  point  d'intersection  H)  du  plan  horizontal 
avec  le  parallèle  solaire. 

A,  Ae,  A'  =  déclinaison  du  Soleil. 

l  =  déclinaison  du  style. 

HiOflJ  =  direction  de  Tombre  au  lever  du  Soleil. 

T 


3S0  L'ASTRONOMIE. 

^  HsOH^  =^  direction  de  Tombre  au  moment  de  son  plus  grand  écart  du  méridien. 

HGHs  =  azimut  maximum  de  Tastre. 

R  =  angle  de  rétrogradation  =  arc  HiHi. 

r  =  arcHiHs  compris  entre  les  intersections  de  Técliptique  et  du  plan  de 
réquateur  avec  le  plan  horizontal. 

r  est  le  complément  de  l'azimut  maximum  du  Soleil. 

(  R  +  r)  ==  arc  HiHs,  compris  entre  les  intersections  du  parallèle  solaire  et 
de  réquateur  avec  le  plan  horizontal. 

Détermination  de  (R-*-r). 

Considérons  le  triangle  H1DH3  rectangle  en  D,  le  côté  HiD  =  A  =  déclinaison 
du  Soleil,  l'angle  opposé  =  90»  —  Z  =  complément  de  la  déclinaison  du  style. 
On  a,  d'après  les  formules  trigonométriques  connues  ; 

'   ,T%        ^  sinA  sinA 

(•)  ^"""-^'•^-sin(90--<)=-3^- 

Détermination  de  r. 

Considérons  le  triangle  AHtHj,  rectangle  en  H».  —  Les  angles  A  et  (90«— / 

sont  connus  et  Ton  a  : 

cosA  CCS  A 

Observation.  —  La  formule  (2)  permet  de  déterminer  la  latitude  d'un  lieu 
quelconque,  en  observant  l'azimut  maximum  d'une  étoile  dont  la  déclinaison  est 
connue  et  supérieure  à  la  latitude  du  lieu  d'observation. 
Soit  6,  l'azimut  maximum  observé,  cosr  =  sinO  d'où  : 

cos  /  =     .   .  • 
smO 

Cette  formule  présente  l'avantage  d'être  indépendante  de  la  réfraction. 

11  faut  choisir  une  étoile  dont  la  déclinaison  ne  soit  pas  trop  supérieure  à  la 

latitude  du  lieu    d'observation,   sinon  on  est  exposé  à  de  grandes  variations 

de  [,  par  de  petites  de  r. 

Formule  générale  donnant  directement  la  valeur  de  R, 

R  étant  égal  à  (R  +  r)  —  r,  on  a  : 

(3)  sinR  =  sin(R-t-r)co8r  — co8(R-+-r)sinr, 

.   /  r»        \      sin  A               /  r»        X      i/cos*  l  —  sin*  A 
8m(RH-r)=  — --r>        co8(R-hr)  =  ^ — ,       ^, 

«^o*      CQsA  .  v^sin«A  — sin*l 

cos  r  =  ■       ,  »        sinr=  ^    '  , . 

cos l  cos  L 

En  remplaçant  les  sinus  et  les  cosinus  par  leurs  valeurs  : 

..^T>  _  sinA  cos  A      v/(  cos»  L  ^  sin»  A  )  Çsin»  A  —  sin»  î) 
"°"  "      cos»Z  SSStî ' 

.    o      sin  A  cos  A.     Vsin»  A  cos»  A  —  sin»  /  cos»  l 

C08»t  '  C08*l 


LE  CADRAN  SOLAIRE  A  RÉTROGRADATION. 


331 


(4) 


sinR  = 


sin2A  —  v/sin«2  A  —  sin«2  f 


2cos«Z 

Il  est  en  général  plus  simple  de  calculer  les  valeurs  de  R,  au  moyen  des 
formules  |1  )  et  (2)  et  en  faisant  la  différence  (R  -h  r)  —  r  =  R. 


TABLEAU  DES  VALEURS  DE  R, 

au  solstice  d'été  et  pour  les  différentes  déclinaisons  du  style. 


l 

(R  +  r) 

r 
• 

R 

0* 

23*.28' 

23*.  28' 

0<».00' 

2* 

23*.  29' 

23*.  23' 

0'.06' 

4- 

23*.32' 

23-.  09' 

0-.23' 

6* 

23'.36' 

22*.  44' 

0«.52' 

8- 

23-.  43' 

22-.  08' 

1-.35' 

10* 

23*.  51' 

21-.20' 

2».3l' 

12* 

24«.01' 

20*.  19' 

3«.42' 

14* 

24*.  14' 

19-.02' 

h\  12' 

16* 

24*.  28' 

17*.24' 

7-.04' 

18* 

24*.  45' 

15M9' 

9\26' 

20* 

25-.  04' 

12-.  32' 

12*.  32' 

22* 

25*.  26' 

8*.  23' 

17\03' 

23*.  28' 

25*.  44' 

O-.OO' 

25-.  44' 

A  =  i 

>3*.28' 

TABLEAU  DES  VALEURS  DE  R, 

pour  différentes  déclinaisons  du  Soleil,  la  différence  (A  — 0  des  déclinaisons 
du  Soleil  et  du  style  étant  constante  et  égale  à  :       3% 28'. 


(R  +  r) 

r 

R 

A=   7*.28' 

7-.  29* 
11-.35' 
15%  49' 
20*.  17' 
25*.  04' 

6M9' 
8M5' 
9-.  50' 
11M4' 
12%  32' 

1*.  10' 
3«.20' 
5*.  59' 
9%  02' 
12-.  32' 

i    -    4-        (  

A  =  11*. 28'  / 

i   =   8-        )  

A  =  15*.28'  ) 

Z    =12*        i  

A=l9-.28'  ; 

Z   =16*        i  

A  =  23*.  28' 

i  =20*      (  •••••••••; 

332 


L'ASTRONOMIB. 


TABLEAU  DES  VALEURS  MAZIMA  DE  R, 

pour  différentes  déclinaisons  du  Soleil, 


8in(R-+-r)  = 


A- 

sinA 


/ 


cosA 
sinR  =  tangA 


cosr  = 


cosA 
cosA 


A 

R 

0* 

0* 

4* 

4».  41' 

8* 

8*.  05' 

12» 

12*.  16* 

16* 

16\40' 

20* 

2f.21' 

23*.  28' 

25».44' 

La  longueur  d'ombre  à  midi  est 

égale  à  0. 

La  fig.  107  représente  les  différentes  courbes  ; 

Fig.  107 


10*   «•    w*    »•   10»    20»  trtyn»' 


Les  déclinaisons  l,  se  mesurent  sur  l'abscisse,  et  les  angles  de  rétrogradation  R, 
sur  leg  ordonnées.   *  '"  ' 


LE  CADRAN  SOLAIRE  A  RÉTROGRADATION.  ;383 

La  courbe  des  R  a  été  tracée  en  prenant  les  dififérences  des  ordonnées  de  la 
courbe  des  (R-4-  r)  et  de  celle  des  r.  On  voit  dans  la  courbe  des  R,  pour  A  =  23»28', 
qu'elle  diffère  très  peu  du  cercle  qui  a  été  tracé  en  pointillé.  Les  autres  courbes 

Fig.  108. 

w>i — , — . — '■ ^ — . — . — . ^ -.00* 


pour  des  déclinaisons  A  =  20,  16o,  i2o,  sont  simplement  tracées  avec  des  arcs  do 
cercles,  raccordés  à  la  courbe  des  maximum  par  des  tangentes. 

Les  longueurs  d*ombre  sont  représentées  en  vraie  grandeur  pour  un  style 
de  0",20;  elles  se  mesurent  sur  les  ordonnées,  au  moyen  d'une  échelle  métrique. 

Projection  verticale. 

Au  centre  de  la  sphère  céleste  G  s'élève  un  style  vertical,  dont  le  zénith  est  en  Z. 

HHo  =  trace  du  plan  horizontal. 

OE  =  trace  du  plan  de  Téquateur. 

PPo  =  ligne  des  pôles  —  axe. 

SK  =  trace  du  parallèle  décrit  par  le  Soleil. 

KNTS  =  rabattement  du  plan  KS,  divisé  en  heures  indiquées  en  chiffres 
romains. 

L'angle  SOE  =  A  =  déclinaison  du  Soleil. 

L'angle  ZOE  :=  l  =  déclinaison  du  style. 

a  =:  angle  horaire  (compté  à  partir  du  méridien)  du  plus  grand  écart  de  Tombre. 
.  p  =:  angle  horaire  (compté  à  partir  de  6^),  du. lever  au  coucher  du  Soleil. 


«34 


L*ASTRONOMIE. 


En  projection  horizontale  : 

HHo  est  la  trace  du  plan  méridien. 

MTN'  =  projection  de  Tare  SK  décrit  par  le  Soleil  au-dessus  de  l'horizon. 

T'  OT;  =  trace  du  plan  vertical  tangent  à  la  projection  N'TM  de  SK. 

Fig.  109. 


X. 


MU 


>-> 


:v-,.-::^ 


■■^:-^ 


<if 


i 


T4^ 


U  l" 

[   !  ; 
î   i  ! 

•  qT^ 

\\  \     \ 

i  !  ! 

w 

^T* 

./^ 


n«i 


r-    "-#1 


Oi L 


B, 


«h 


.i liw 


2*»  2*j^m     3,H 


N'O,  direction  du  rayon  lumineux  au  coucher  du  Soleil,  et  dont  le  proIong:e- 
ment  indique  la  direction  de  l'ombre. 

t;  12»»  Ti  . . .  4»>  =  trace  de  l'ombre  de  l'extrémité  d'un  style  vertical.  —  Les 
heures  sont  indiquées  en  chiffres  arabes. 

BB^i . . .  indique  les  longueurs  d'ombre  aux  différentes  heures,  à  partir  de  B,  et 
pour  un  style  dont  la  vraie  grandeur  serait  =  OB. 

L'aire  du  plan  horizontal  balayée  par  l'ombre  du  style  est  teintée  en  noir.  La 
partie  balayée  deux  fois  est  plus  foncée. 

.  La  .ligne  O  12^,  prolongement  de  MO  indique  la  direction  et  la  grandeur 
d'ombre  à  midi.  Celle-ci  s'écarte  peu  à  peu  du  méridien  jusqu'en  OT^  prolongement 


LE  CADIAlf'  SOLAIRE  A  RÉTROGRADATION.  «35 

de  TO,  tangent'  à  Tellipse  N'T'O.  Dès  lors,  Tombre  se  rapproche  du  méridien 
jusqu'à  ce  qu'elle  ait  prit  la  direction  du  prolongement  de  N'O.  N'  étant  le  lieu 
du  Soleil  au  moment  où  il  s'abaisse  au-dessous  de  Thorizon  du  cadran. 

(solstice) 
R  =  10-. 
Commencement  de  la  rétrogradation  après  midi 

a  =  2''40-,    p  =  0''33-. 
Coucher  du  Soleil  =  6^33-. 

Expérience  du  11  août  1881,  faite  par  Af.  Camille  Flammarion 
k  Lausanne  {fig.  110). 

A  =15*  10'    i  =  n% 
longueur  d'ombre  à  midi,  la  longueur  du  style  étant  de  0'»,20  : 

tang(A  —  0=  tang3»10  =  0,055  x  longueur  du  style 
longueur  d'ombre  =  0,055  x  20  =  l^™,!. 
Inclinaison  du  cadran  sur  l'horizon  : 

Latitude  de  Lausanne  =  46*31  . 
Inclinaison^  46*31'  -  12*  =  34'31'. 

Rétrogradation  de  l'ombre  : 

sin(R -h  r,)  =  0,26747 
i 
cosr  =  0,98  673 

(R+r)  =  15*31',    r  =  9*2r 

(R  +  r)  — r  =  R  =  6*10'. 

Conmiencement  de  la  rétrogradation  après  midi  : 

co8,=  -i2îig|L  =  0,78415 
tang  15*10 

a  =  38*2r  =  2''33-'. 
Coucher  du  Soleil  pour  le  cadran  : 

8inp  =  0,05365 

p  =  3*-f-4'à5'=12-. 

=  6»»  12». 

La  trace  de  l'ombre  de  l'extrémité  du  style  de  0°»,20,  tel  qu'il  a  servi  pendant 

l'expérience,  est  indiquée  en  ligne ;  tandis  que  la  trace  de  l'ombre 

figurée  dans  l'épure  est  celle  d'un  style  égal  à  OB  =  0»,5. 

A  =  70*    Z  =  40* 
R  =  26*31' 
a  =  ,4M9-. 


336 


L'ASTRONOMIE. 


Le  Soleil  ne  disparaît  pas  de  l'horizon  et  la  direction  de  l'onibre  est  la  même  à 
midi  et  à  minuit. 

A  =45-    l  =  ib\ 

Fig.  110. 


.** 


V 


N. 


li  -i  \  \  \ 


#  r*  »        ft  cosA         -  rt 

cos(R-+-r)  =  0,    cosr=-— T-  =  l,    r  =  0. 

COS  A 

sinR  =  cosr  =  1 
90-. 


LE  CADRAN  SOLAIRE  A  RÉTROGRADATION. 


337 


On  remarque  ici,  que  la  rétrogradation  est  continue,  Tombre  faisant  un  angle 
droit  avec  le  méridien  immédiatement  avant  et  après  midi. 

Détermination  des  heures  du  commencement  et  de  la  fin  de  la  rétrogradation. 
Soit  e  =  rayon  de  l'arc  STPN  décrit  du  centre  I  (parallèle  solaire) 

e  =  IS:=  OD  =  cosA 

ZT        7A 

seca  =  -r-  = - 

e       cosA 

Fiff.  111. 


vm 


M'*m 


ZI,  considéré  comme  faisant  partie  du  triangle, 

ZIO  =  OIcotg/; 


mais 
Donc 


OI  =  DS  =  sinA. 
ZI  =  sinAcotgZ 


338 
et 

on  a  aussi 


(5) 


L'ASTRONOMIE. 


.  ZI      sin  A     .    ,      .        4      4    I 

séca  —---=:        ^  cotg/  =  tangA  cotg  /. 


cosA 


%écoL  — 


cosa 
I 


langA  cotg/ 

_  tang/ 
*  ~"  tang  A 


égal  heure  de  l'azimut  maximum,  en  réduisant  les  degrés  en  minutes,  et  en  divisant 
par  15,  pour  avoir  des  minutes  de  temps. 

Heure  du  lever  et  du  coucher  du  Soleil  pour  le  plan  du  cadran, 

.   ^      NC      KT        KT 
'         e  e       cosA 

Kl  =:  01  tangl  =  sin  A  tang/ 

Kl      sin  A, 


sinB  =^  —  = jT 

*^        e        cosA 


tang/ 


(  6  )  sin  p  =  tang  A  tang  /. 

L'heure  du  commencement  de  la  rétrogradation  à  partir  de  la  ligne  méridicuuc 
et  de  midi  est  donnée  par  la  formule 

cosa=  . ^V  » 

tang  A 


LE  CADRAN  SOLAIRE  A  RÉTROGRADATION.  339 

dans  laquelle  l  représente  la  déclinaison  du  style,  et  A  la  déclinaison  du  Soleil. 
Dans  l'exemple  du  texte,  (Juvisy),  solstice  d'été,  on  a 

Dans  Texpérience  faite  à  Lausanne,  le  11  août  1881,  on  a 

cosa  =  ,  ^^"fr!.Tn>  =  9.89439  =  38«21'  =  2" 33-. 
tangl5'l0 

La  valeur  de  la  rétrogradation  peut  se  calculer  par  la  formule  suivante  : 

Soit  A  =  déclinaison  du  Soleil. 

/  =  déclinaison  du  style  en  latitude  géographique  du  lieu  pour  lequel  le  cadran 
serait  horizontal. 

R  =  angle  de  rétrogradation  de  Tombre,  les  valeurs  de  R  peuvent  être  calculées 
eu  fonction  de  Z  et  de  A  : 

.    Ti       sin2A  —  v/smrrÂ^^^sîn*T7 
2cos'  / 

l']u  mettant  sin2  A  en  facteur  commun  et  en  faisant 

sin?/ 


sin2A 


:  smç> 


la  formule  devient 


sin2Asin* 
sinR  = 


(I) 


si  l'on  suppose 


Au  solstice  d'été 


cos*  / 

i  =  0%    on  a    R  =  0* 

/  —  A,    on  a    sinR  =  tangA. 

sinR  =  tang23'28' 
R=^  25*44'. 

Tel  est  l'angle  maximum  décrit  par  l'ombre  du  style  pendant  son  mouvement 
de  rétrogradation. 

L'heure  du  lever  et  du  coucher  du  Soleil  pour  le  plan  du  cadran  est  donnée 
par  la  formule 

sin0  —  tangA  tang/. 

Lever  du  Soleil     —   C*  -+-  ^  • 
io 

Coucher  du  Soleil  =^   e*"  -h  ^  • 
Durée  du  jour        =  12''  -\~  p- 


340  L'ASTRONOMIE. 

Exemple.  —  Calcul  du  plus  long  jour  de  Tannée,  à  Paris  : 

A  r^  23-28'    i  =  48*50' 
tangArr  0.43412 
tang/--- 1.14363 
sinp-r  0.49  647 
p    -20M0' 
2p  =  59*32' ---3572' 
2|P  -^238-    -3^58- 
Durée  du  jour  r-.  lî"  -h-  3''58-  =  15''58" 
Réfraction  ^  -  9- 

Durée  totale  du  jour  du  lever  au  coucher  du  Soleil  =  16''7'". 

A  Taide  de  ces  formules  et  des  épures,  nos  lecteurs  ont  maintenant  entre  les 
mains  toute  la  théorie  du  cadran  solaire  à  rétrogradation. 

Etienne  Guillemin. 

Colonel  du  génie,  à  Lausanne. 


L^ÉPOQUE  GLACIAIRE 

ET  LES  ANCIENS  GLACIERS  DES  ALPES. 

Pour  le  touriste,  si  fier  d'atteindre  sur  nos  Alpes  ces  masses  immenses  de 
glace,  devant  lesquelles  il  est  saisi  d'admiration  et  d'effroi,  rétonnemenl 
S3rait  bien  plus  grand  encore  s'il  pouvait  se  représenter  l'étendue  et  le  vo- 
lume gigantesques  de  ces  glaciers  au  commencement  de  l'époque  quaternaire. 

La  Science  nous  explique  parfaitement  aujourd'hui  ce  phénomène,  au 
moyen  des  données  les  plus  positives  déduites  de  l'observation  des  faîls 
anciens,  comparés  avec  ceux  qui  s'opèrent  journellement  autour  de  nous. 

Les  glaciers  anciens,  comme  les  glaciers  actuels,  ont  laissé  partout  des 
traces  de  leur  passage,  et  un  rapide  coup  d'œil  jeté  sur  la  longue  chaîne  des 
Alpes  et  dans  les  vallées  qui  s'ouvrent  à  leur  pied,  suffit  pour  nous  montrer 
le  développement  de  ces  mers  de  glace  et  les  espaces  parcourus  qui,  pour 
quelques-unes,  ont  été  de  plus  de  400^"*. 

Il  faut  se  représenter,  avant  tout,  les  cimes  de  nos  montagnes  beaucoup 
plus  élevées  qu'elles  ne  le  sont  actuellement.  L'une  des  dernières  oscilla- 
tions du  sol,  vers  le  déclin  de  l'époque  tertiaire  avait  achevé  l'exhaussement 
le  plus  important  de  notre  système  de  montagnes.  Le  calcul  du  volume  des 
roches  que  les  courants  fluviatiles  et  surtout  glaciaires  ont  arrachées  à  ces 
sommets  pour  aller  combler  au  loin  de  pi-ofondes  vallées,  donnerait  à  ces 
monts  une  élévation  que  l'on  a  évaluée  le  double  de  celle  qu'ils  présentent 
actuellement. 

L'origine  des  anciens  glaciers  a  été  attribuée  à  des  causes  multiples.  La 
précession  des  équinoxes,  le  plus  ou  moins  d'excentricité  de  l'ellipse  ter- 


LtPOQUE  GLAGAIRE  ET  LES  ANCIENS  GLACIERS  DES  ALPES. 


341 


restre,  une  déviation  probable  du  grand  courant  le  Gulf-Stream,  les  vents 
humides  provenant  du  Sahara,  alors  vaste  mer  intérieure  de  l'Afrique»  sont 
autant  de  causes  distinctes,  mais  insuffisantes  pour  expliquer  Timmense 
étendue  d'un  pareil  phénomène,  et  surtout  sa  longue  durée.  Les  causes  les 
plus  vraisemblables  sur  lesquelles  repose  la  théorie  de  la  formation  et  de 

Fig.  nn. 


CARTE   DES 

AftCUNS  OLACtCRS 

DES     AtPES 

rORT ,  MART1K &.DF.  KORTTl-LKT 
FALRAN     et     CUAWTR£ 


Tex tension  des  anciens  glaciers  sont  :  une  évaporation  constante  à  la  sur- 
face du  sol,  favorisée  par  une  température  relativement  douce  et  uniforme: 
la  condensation  de  ces  vapeui's  sur  les  sommets  élevés;  leur  transformation 
en  brouillards,  en  pluies  et  en  neiges  abondantes,  enfin  Tinfluence  de  l'ir- 
radiation solaire  sensiblement  atténuée  par  ces  masses  de  vapeurs  suspen- 
dues dans  l'atmQsphère. 
Le  sol  ainsi  peu  à  peu  refroidi,  ces  neiges  finirent  par  se  changer  en 


342  L*ASTRONOMIB. 

glace.  Du  Mont-Viso,  -du  Mont-Cenis,  du  Mont-Blanc,  du  Mont-Rose,  du 
Splugen,  du  Gothard,  du  Bi*cnner,  en  un  mot,  de  toute  la  chaîne  des  Alpes, 
ces  glaces  sont  descendues  et  ont  envahi  les  vallées  et  les  plaines  en  vertu 
de  leur  force  propre  d'expansion.  La  nature  du  sol  pouvait  offrir  des  obstacles 
à  la  marche  d'un  glacier  et  môme  en  faire  dévier  le  cours;  dans  ce  cas,  le 
sol  résistant  apparaît  profondément  creusé  parfois,  mais  surtout  rayé,  poli 
et  moutonné  par  le  frottement  de  ces  débris  de  roches  dures  que  la  glace 
relient  enchâssés  et  qu'elle  entraîne  dans  son  cours.  Mais  lorsque  le  terrain 
n^était  formé  que  d'anciennes  alluvions,  les  ondes  glacées  se  sont  facilement 
frayé  un  passage  et  ont  atteint  des  distances  énormes. 

Ces  courants  de  glace,  pareils  aux  courants  des  eaux,  ont  déposé  à  leurs 
côtés  et  à  leur  extrémité  ces  amas  de  boue,  dite  glaciaire,  qui  forment  de 
vraies  collines  ou  moraines,  et  ont  semé  çà  et  là  sur  leur  parcours  les  blocs 
erratiques,  énormes  parfois,  dont  la  présence  dans  nos  contrées  a  été  de  tous 
temps  l'objet  des  plus  étranges  légendes. 

Les  anciens  géologues  désignent  encore  tous  ces  matériaux  erratiques  sous 
le  nom  de  diluvium^  terme  légué  par  la  théorie  ancienne  et  erronée  du  déluge 
universel  auquel  leur  transport  était  attribué. 

C'est  en  suivant  ces  dépôts  morainiques,  qui  diffèrent  essentiellement  des 
alluvions  anciennes  par  le  manque  absolu  de  stratification  et  par  ces  pierres 
anguleuses  et  striées  qu'ils  contiennent,  que  l'on  peut  tracer,  avec  certitude, 
rétendue  des  anciens  bassins  glaciaires.  Par  les  rayures  qu'ils  ont  gravées 
sur  les  rochers  sous-jacents  ils  ont  marqué  eux-mêmes  les  directions  qu'ils 
ont  suivies  dans  leur  progression. 

Aujourd'hui,  on  sait  avec  précision  quels  ont  été  les  anciens  glaciers  des 
deux  versants  de  la  chaîne  alpine,  et  quel  a  été  leur  parcours.  Sans  parler 
des  glaciers  de  la  Reuss,  de  la  Linth  étudiés  surtout  par  M.  Favre,  et  de  tant 
d'autres  de  l'intérieur  de  la  Suisse,  citons  l'immense  glacier  du  Rhône  qui, 
depuis  le  Valais,  s'est  étendu  jusqu'aux  collines  lyonnaises. 

Il  a  été,  pour  ainsi  dire,  le  centre  de  tout  le  réseau  glaciaire  formé  par  les 
glaciers  inférieurs  de  l'Arve,  de  l'Isère,  du  Drac  et  de  la  Romanche,  et  a 
environné  tout  le  versant  Ouest-Nord  et  Nord-Est  des  Alpes.  Il  s*est  en  outre 
étendu,  d'un  côté,  jusqu'au-delà  de  Lyon,  et  par  une  autre  branche  projetée 
au  Nord,  il  s'est  rapproché  des  Vosges  parle  Jura.  Sa  masse  de  glace,  après 
avoir  rempli  les  vallées  entre  les  Alpes  et  le  Jura,  au  sortir  de  l'étroit  débou- 
ché du  Bugey  et  du  Dauphiné,  s'est  étendue  en  éventail,  et  sa  dernière  mo- 
raine frontale  s'est  étalée  en  demi-cerde  depuis  Bourg,  au  plateau  de  la 
Bresse,  aux  collines  lyonnaises,  aux  environs  de  Vienne,  jusqu'à  la  Côte- 
Saint- André.  (Anciens  glaciers,  par  MM.  Falsan  et  ChaJttre). 

Sur  le  versant  italien,  les  anciens  glaciers  ont  été  très  nombreux,  mais 


L'ÉPOQUE  GLACIAIRE  ET  LES  ANCIENS  GLAQERS  DES  ALPES.  343 

aucun  d'eux  n'a  atteint  les  proportions  gigantesques  du  glacier  du  Rhône, 
puisque  la  glace  n'a  jamais  dépassé  les  bords  du  Pô. 

Les  glaciers  de  la  Stura,  de  la  Maira,  de  la  Vraita,  du  Pô,  du  Pellice,  en 
partant  des  Alpes-Maritimes,  sont  plus  considérables  si  on  les  compare  à  ceux 
des  régions  du  Nord  et  du  Nord-Est.  La  Doire  Ripaire  a  porté  ses  moraines 
jusqu'à  Rivoli,  près  de  Turin;  la  Doire  Baltée  s'est  avancée  jusqu'à  Ivrée, 
où  ses  moraines  terminales  forment  presque  un  cercle.  Le  glacier  du  Tessin, 
au  cours  tortueux,  s'est  étendu  depuis  le  Gothard  jusqu'au  delà  du  lac 
Majeur;  celui  de  l'Adda  s'est  prolongé  jusqu'à  Monza;  le  glacier  de  FOglio 
a  atteint  le  petit  lac  d'Iseo,  et  enfin,  tout  à  fait  à  l'extrémité  orientale  de  la 
chaîne  des  Alpes  italiennes,  on  signale  les  glaciers  de  TAdige,  de  la  Brenta, 
de  la  Piave  et  du  Tagliamento  dont  le  premier,  le  plus  considérable,  réunis- 
sait à  lui  seul  tous  les  glaciers  du  Tyrol,  et,  depuis  le  Brenner,  s'étendait 
jusqu'au  Sud  du  lac  de  Garde.  (MM.  Gastaldi,  Stoppani,  Mortillet,  etc.) 

Quoi  de  plus  imposant  que  cette  masse  mouvante  de  glace,  descendant  le 

Fig.  114. 


Rochers  moulonnés,  polis  et  striés,  à  Montagnole  (Savoie). 

long'des  pentes  de  ces  monts  gigantesques,  gagnant  peu  à  peu  les  vallées  et 
les  plaines,  n'étant  arrêtée  par  aucun  obstacle,  moutonnant  (fig.  114)  et  rayant 
les  roches  inférieures,  et  laissant  sur  son  passage,  semblables  à  des  digues  im- 
menses, cette  suite  de  collines  morainiques  latérales  et  frontales,  qui  montrent 
jusqu'à  quel  niveau  elle  a  pu  s'élever?  Et  quelle  force  devait  avoir  ce  cou- 
rant glaciaire  pour  traîner  à  des  distances  prodigieuses  des  blocs  énormes  de 
pierres  granitiques  et  autres,  arrachés  au  mont  où  ils  avaient  pris  naissance! 
n  n'est  pas  rare  de  rencontrer  à  de  grandes  distances  de  nos  sommets  alpins 
des  roches  cubant  plusieurs  centaines  de  mètres,  gisant  sur  un  sol  de  nature 
bien  différente,  telles,  par  exemple,  la  pierre  de  la  Mule  du  Diable^  (fig.  115) 
bloc  erratique  de  624  mètres  cubes,  provenant  de  la  Morienne,  et  gisant  à 
Artas,  entre  Bourgoin  et  Lyon;  la  Pierre  de  Rancé,  à  Villards-les-Dombes, 


:U4 


L'ASTRONOMIE. 


bloc  de  granit  de  cent  mètres  cubes,  pi'ovenant  du  col  du  Bonhomme,  à  la 
base  sud  du  Mont-Blanc,  et  tant  d'auti*es  parsemés  sm*  toute  l'étendue  gla- 
ciaire, dont  Torigine  et  la  nature  sont  parfaitement  reconnues. 

De  môme  que  le  naviresillonne  la  mer  porté  par  les  flots,  les  blocs  erra- 
tiques atteignaient  les  plaines,  les  vallées  et  le  sommet  des  collines,  portés 
par  les  ondes  de  glace. 

D'ailleurs  quel  autre  agent  assez  puissant  aurait  pu  opérer  un  tel  dépla- 
cement? Toutes  les  autres  données  que  Ton  a  invoquées  pour  l'expliquer, 
n*ont  point  résisté  à  Tobservation  exacte,  et  encore  moins  celle  qui  attribuait 

Fiff.  115 


La  Pierre  de  la  Mule-du-Diable.  —  Bloc  de  schiste  cblorileux  de  la  Maurienne 
(624  mètres  cubes).  Dans  la  moraine  frontale  d'Artas  (Isère). 

le  transport  de  ces  matériaux  glaciaires  aux  déluges  ou  à  des  débâcles  de 
lacs. 

En  effet,  quelle  masse  d'eau  assez  colossale,  au  cours  assez  torrentiel, 
aurait  pu  faire  glisser  ces  blocs  le  long  des  hautes  montagnes,  les  poussera 
travers  des  espaces  immenses,  et  les  hisser  souvent  sur  les  plateaux  et  au 
sommet  des  collines,  où  on  les  voit  encore  fréquemment,  perchés  les  uns 
sur  les  autres,  en  équilibre,  formant  de  véritables  pyramides?  Quelque  vio- 
lente qu'elle  eût  pu  être,  toute  la  fureur  d'une  mer  n'aurait  pu  obtenir  un 
pareil  résultat.  Mais  pendant  que  des  savants  de  toutes  les  écoles  rompaient 
des  lances  pour  faire  triompher  leurs  théories  plus  ou  moins  étranges,  de 
simples  bergers  donnaient  la  clé  du  grand  problème. 

Uhumble  chasseur  de  chamois,  le  montagnard  Perraudin,  de  la  vallée  de 
Bagnes  dans  le  Valais,  révélait  le  premier  à  M.  de  Charpentier  que  les  gb- 
ciers  avaient  dû  ôtre  anciennement  beaucoup  plus  grands,  et  étaient  descen- 
dus de  la  cime  et  des  flancs  des  montagnes  en  transportant  avec  eux  ces 
masses  de  roches  granitiques  qu'ils  y  avaient  arrachées. 

Plus  tard,  de  simples  bûcherons  explicjuaient  la  môme  théorie  comme  on 
explique  un  fait  très  naturel.  Donc  rien  d'anormal  dans  la  marche  des  gla- 


L'ÉPOQUE  GLAGAIRE  ET  LES  ANOENS  GLAGERS  DBS  ALPES.  345 

ciers.  Cette  révélation  fut  la  base  des  recherches  et  des  études  de  M.  de  Char- 
pentier, et  servit  de  guide  sûr  à  tous  ceux  qui  entreprirent  depuis  de  déve- 
lopper et  d'approfondir  cette  importante  question. 

Le  climat  devenu  plus  sec,  moins  uniforme,  Tévaporation  moins  abondante, 
les  glaciers  furent  de  moins  en  moins  alimentés;  par  suite,  leur  volume  di- 
minua peu  à  peu,  et  atteignit  les  proportions  qu'on  leur  connaît  actuellement. 

Ce  travail  de  retrait,  lent  et  intermittent,  a  donné  lieu  à  la  formation  d'au- 
tres moraines  secondaires,  parallèles  aux  terminales,  qui  marquent  les 
différentes  stations  de  ces  mers.de  glace  dans  leur  marche  en  arrière. 

Suivant  M.  de  Morlillet,  ces  moraines  secondaires  étaient  bien  inférieures 
aux  autres,  parce  que  la  boue  glaciaire,  au  lieu  de  s'amonceler,  allait  com- 
bler les  sillons,  les  bassins  que  la  glace  avait  creusés;  souvent  même  ces 


Fig.  116. 


Bloc  erratique  perché.  —  Brèche  triarique  de  la  Carentaire  (40  mètres  cubes).  —  Bourget  (Savoie). 

dépôts  furent  un  remblai  insuffisant,  et  c'est  alors  que  se  formèrent  les  lits 
des  fleuves  et  les  bassins  des  lacs  actuels.  Mais  ce  n'est  là  qu'une  simple 
hypothèse. 

Si  quelques  points  de  détail  restent  incertains,  l'ensemble  des  faits  est 
suffisamment  démontré  pour  qu'il  soit  impossible  de  nier  qu'à  l'aurore  de 
l'époque  quaternaire,  il  s'est  produit,  surtout  au  centre  de  l'Europe,  une 
grande  extension  glaciaire.  En  présence  de  la  théorie  rationnelle  et  positive, 
basée  sur  cette  démonstration  de  faits  purement  physiques,  les  traditions 
bibliques,  la  légende  du  Déluge  universel  érigée  en  théorie  diluvienne,  ne 
se  soutenant  que  par  l'intervention  du  surnaturel,  de  l'incompréhensible, 
sont  enfin  tombées.  Faut-il  encore  croire  à  l'extermination  de  la  race 
humaine  pendant  cette  époque  (à  l'exception  cependant  des  hôtes  privilégiés 
de  l'arche  miraculeuse)  et  à  la  submersion  totale  par  consé(ïuent  de  tout  ce 
qui  germait  et  vivait  dans  le  sein  et  à  la  surface  de  la  terre?  En  réponse  à 
cette  antique  légende,  la  Paléontologie  nous  montre  l'homme  vivant  par- 


346 


L'ASTRONOMIE. 


tout  aux  bords  de  ces  masses  de  glace,  chassant  le  renne,  Tantilope  saïga,  le 
cheval  et  même  le  mammouth.  Partout,  à  la  limite  des  régions  glaciaires,  on 
retrouve  des  traces  de  son  séjour  et  des  débris  nombreux  de  son  petit  mobi- 
lier primitif  répondant  aux  besoins  principaux  de  la  vie.  De  son  côté,  la 
paléontologie  végétale  et  animale  a  prouvé,  par  ses  dernières  découvertes, 
qu'à  cette  époque,  faune  et  flore  vivaient  en  face  de  ces  glaciers,  et  témoi- 
gnaient même  d'un  climat  relativement  tempéré. 

La  grande  extension  des  glaciers  quaternaires  s'explique  donc  par  le 
concours  de  causes  climatériques  et  telluriques  parfaitement  démontrées. 
Elle  a  été  commune  à  toutes  les  régions  du  globe,  et  de  nos  jours  encore, 


Fitr.  m. 


Bloc  de  gneiss  amphilolique  de  l'Oiseau  (95  mètres  cubes).  —  Vallon  de  Thodure. 

d'importants  et  de  nombreux  glacière  se  forment  et  se  meuvent  dans  des 
conditions  identiques,  sinon  dans  des  proportions  aussi  vastes,  sur  toutes  les 
grandes  chaînes  de  montagnes,  non  seulement  de  l'Europe,  mais  du  monde 
entier  :  principalement  au  Caucase,  à  l'Himalaya,  aux  Andes  de  Patagonie, 
où  le  fleuve  de  glace  s'étend  jusqu'à  la  mer,  et  à  la  Nouvelle-Zélande,  où  les 
blocs  de  glace  qui  se  détachent  du  glacier  tombent  au  milieu  d*une  végéta- 
tion luxuriante  de  fougères  arborescentes.  Notons  encore  que  la  latitude  de 
toutes  ces  contrées  ne  dépasse  guère  40*.  Un  froid  excessif  n'est  donc  pas 
nécessaire  pour  produire  et  alimenter  un  glacier,  et  sa  présence  n'influe  pas 
sur  les  contrées  environnantes  au  point  d'y  paralyser  toute  la  vie  organique. 
Les  glaciers  dominant  toujours  le  sommet  de  nos  monts,  il  suffirait  d'une 
légère  modification  dans  la  température  pour  leur  faire  reconquérir  leurs 
anciennes  proportions. 


PASSAGE  SUR  LE  DISQUE  SOLAIRE.  347 

Toutefois,  il  n*6St  pas  probable  que  nous  soyons  jamais  les  témoins  d'un 
tel  fait,  étant  donné  la  lenteur  d'un  coiiraht  de  glace  relativement  à  la  rapi- 
dité si  grande  du  courant  de  la  vie  humaine.  C'est  peut-être  là  une  des  causes 
les  plus  puissantes  qui  nous  empêchent,  trop  souvent,  de  concevoir  les  phé- 
nomènes les  plus  grandioses  de  la  nature. 

Ernest  Chantre,. 

Directeur-adjoint  du  Muséum  d'Histoire 
naturelle  de  Lyon. 


PASSAGE  SUR  LE  DISQUE  SOLAIRE 

D'UN  ESSAIM  DE  CORPUSCULES,  VU  A  L'OBSERVATOIRE 
DE   ZAGATEGAS  (MEXIQUE). 

J*ai  institué  à  TObservatoire  de  Zacatecas,  situé  à  2502°>  au-dessus  du  nivea  u 
de  la  mer,  robservation  quotidienne  de  Fëtat  de  la  surface  solaire,  en  dessinant 
par  voie  directe  et  par  projection  les  taches,  facules  et  granulations,  ainsi  que 
les  protubérances  de  la  chromosphère  solaire,  au  moyen  du  spectroscope. 

A  cet  effet,  j'adapte  à  l'ëquatorial  de  0",1G  d'ouverture  un  appareil  de  projec- 
tion qui  reçoit  sur  une  feuille  de  papier  une  image  du  Soleil  de  0"',250  de  dia- 
mètre, le  champ  de  la  lunette  no  se  projetant  lui-même  que  sur  une  surface  peu 
éclairée  de  0™,260.  Lorsque  le  disque  solaire  offre  un  certain  intérêt,  je  prends 
des  photographies  de  0%067  de  diamètre,  au  moyen  de  plaques  instantanées  au 
gélatinobromure  d'argent. 

La  coupole  de  TObservatoire  a  de  petites  fenêtres  et  d'épais  rideaux  noirs,  de 
sorte  qu'il  ne  pénètre  à  travers  l'objectif  que  l'image  seule  du  Soleil.  Cette  dis- 
position permet  de  noter  toujours  avec  précision  et  clarté  les  facules  et  les 
moindres  détails  des  taches  ainsi  que  les  granulations,  grâce  à  la  transparence 
de  l'atmosphère,  à  l'altitude  à  laquelle  se  trouve  situé  l'Observatoire,  sous  un 
ciel  tropical  (22o46'â4'9  de  latitude  Nord). 

Le  12  août  1883,  à  8*>  du  matin,  je  commençais  à  dessiner  les  taches  solaires, 
lorsque  j'aperçus  tout  à  coup  un  petit  corps  lumineux  qui  pénétrait  dans  le  champ 
de  la  lunette,  se  dessinait  sur  le  papier  me  servant  à  reproduire  les  taches  et 
parcourait  le  disque  du  Soleil  en  se  projetant  comme  une  ombre  presque  cir- 
culaire. 

Je  n'étais  pas  revenu  de  ma  surprise  que  le  même  phénomène  se  reproduisit 
de  nouveau  et  cela  avec  une  telle  fi'équence  que,  dans  l'espace  de  2*»,  je  pus 
compter  jusqu'à  283  corps  traversant  le  disque  du  Soleil. 

Peu  à  peu  les  nuages  gênèrent  l'observation  qui  ne  put  être  recommencée 
qu'au  moment  du  passage  du  Soleil  par  le  méridien  et  seulement  durant  40"  ; 
pendant  cet  intervalle,  on  compta  de  nouveau  le  passage  de  48  autres  corps. 
Les  traces  suivies  par  ces  corps  indiquent  un  mouvement  direct  do  l'Ouest  à 
l'Est  plus  où  moins  incliné  au  Nord  ou  au  Sud  du  disque.  En  quelques  minutes 
d'observation,  j'ai  noté  que  ces  corps,  qui  paraissaient  noirs   et  sombres, 


348 


L'ASTKONOMIE. 


les  uns  parfaitement  ronds  et  les  autres  plus  ou  moins  élargis,  en  se  projetant 
sur  le  disque  solaire,  offraient  des  images  lumineuses  en  quittant  les  bords  et 
en  traversant  le  champ  de  la  lunette. 

Les  intervalles  des  passages  étaient  variables  :  tantôt  il  en  passait  un  ou  deux, 
n'employant  qu'un  tiers,  une  demi-seconde,  au  plus  une  seconde  pour  trar 
verser  le  disque  solaire,  et  une  ou  deux  minutes  s'écoulaient  avant  qu'il  en 
apparût  d'autres;  tantôt  il  eu  passait  15  ou  20  presque  à  la  fois,  de  sorte  qu'il 


Lignes  suivies  par  les  corpuscules  devant  le  disque  solaire. 


PP'  Cercles  de  df^clinAlson. 
DD'  Cercles  parallèles. 
EO  Equateur  solaire. 

KS  Diamètre  polaire  du  Soleil,  diamètre  solaire  ap- 
parent =  1899'. 


AA'»  BB'  tone  de  la  tr«Jectoire  des  eorpaieiiles  sur  le 

disque  solaire. 
Les  lignes  intermédiaires  ont  été  sniviet  par  plu* 

sieurs  corpuscules. 


était  difficile  de  les  compter.  J'ai  pu  fixer  la  trajectoire  de  plusieurs  de  ces  corps 
sur  le  disque  solaire,  en  notant  l'entrée  et  la  sortie  sur  le  papier  qui  me  servait 
à  dessiner  les  taches;  ce  papier^  ainsi  que  la  lunette  de  léquatorial,  suivait, au 
moyen  d'un  mouvement  d'horlogerie,  le  mouvement  diurne  apparent  du  Soleil 
sur  la  voûle  céleste.  La  fig,  118  est  une  copie  réduite  du  dessin  que  j*ai  fait  du 
disque  solaire  ce  jour-là  (de  250«™  de  diamètre)  avec  les  trajectoires  des  corps 
et  les  taches  solaires. 


PASSAGE  SUR  LE  DISQUE  SOLAIUE. 


349 


Prenant  souvent  des  photographies  du  Soleil,  quand  son  disque  présente  de 
notables  taches  et  facules,  je  me  mis  en  mesure  de  photographier  également  le 
phénomène  rare  et  intéressant  du  passage  de  ces  corps  par  le  disque  solaire. 

A  cet  effet,  je  remplaçai,  dans  le  même  équatorial,  l'objectif  de  0»',16  par  un 
autre  d'égale  force,  mais  à  foyer  chimique,  auquel  j'adaptai  Toculairc  et  la 
chambre  photographique.  Après  divers  essais  pour  mettre  parfaitement  au  point 
les  corps,  je  réussis  à  prendre  diverses  photographies,  dont  j'adresse  à  VAstro- 
nomie  la  plus  intéressante.  Pendant  que  je  prenais  ces  photographies,  un  aide 
comptait  les  corps  au  chercheur  de  Téquatorial.  La  photographie  a  été  prise  au 
collodion  humide  au  ^jô  ^^  seconde.  Cette  rapidité  ne  me  laissa  pas  le  temps  de 
filtrer  et  de  préparer  convenablement  les  bains  :  aussi  le  négatif  est-il  un  peu 

Fipr.  ito. 


Photographie  du  SoleU  et  de  l'un  des  corpuscules. 


voilé  par  le  révélateur.  L'image  du  Soleil  n'est  pas  au  foyer,  mais  bien  celle  du 
corps,  qui  m'offrait  à  ce  moment  plus  d'intérêt. 

Bien  que,  dans  la  projection  et  à  simple  vue,  tous  les  corps  parussent  ronds 
ou  sphériques,  on  remarque  dans  les  diverses  photographies  que  les  corps  ne 
sont  pas  sphériques,  mais  pour  la  plupart  de  formes  irrégulières. 

J'ai  dit  que,  dans  la  projection  du  champ  de  la  lunette,  ces  corps  paraissaient 
lumineux  et  dégageaient  comme  des  traînées  brillantes;  mais  qu'en  traversant  le 
disque  solaire,  ils  paraissaient  opaques.  En  observant  avec  attention  la  photo- 


350  L'ASTRONOMIE. 

graphie  et  le  négatif,  on  note  un  corps  entouré  d'une  nébulosité  et  de  traînées 
obscures  qui,  dans  le  champ  de  la  lunette  et  en  dehors  du  disque,  paraissaient 
brillantes.  Cela  me  ferait  croire  que  les  traînées  brillantes  au  passage  du  corps 
par  le  disque  absorbaient  la  lumière  actinique  du  Soleil  ou  diminuaient  sa  puis- 
sance photogénique. 

Dans  raprès-midi,  les  nuages  m'interdirent  toute  observation. 

Je  pris  donc  mes  mesures  et  établis  tout  un  plan  d'observations  dans  le  cas  où 
le  phénomène  se  reproduirait  le  jour  suivant. 

Le  13  août,  les  deux  premières  heures  du  jour  m'ofiFrirent  un  ciel  nuageux 
jusqu'à  8^  du  matin;  puis  les  nuages  s'effacèrent  un  peu  et  je  pus  observer. 
Aussitôt  le  même  phénomène  m'apparut  de  nouveau,  et  durant  les  45  minutes 
d'observation  que  nous  permit  l'état  du  ciel,  nous  comptâmes  dl6  corps  traver- 
sant le  disque  solaire. 

Aussitôt  après  l'observation  du  12,  j'avais  télégraphié  aux  Observatoires  de 
Mexico  et  de  Puebla  pour  les  prier  d'observer  ce  phénomène,  mais  il  fut  invi- 
sible de  ces  Observatoires.  En  vue  de  vérifier  d'une  façon  indirecte  la  distance 
approximative  de  cet  essaim  de  corps,  je  mis  avec  soin  au  point  le  chercheur 
de  la  lunette,  l'équatorial  et  une  lunette  à  miroir  argenté  de  Foucault  de  0".10  de 
d  iamètre,  en  les  dirigeant  sur  le  disque  solaire  et  sur  les  corps  ;  en  outre, 
j'eus  dans  la  nuit  l'occasion  de  les  diriger  également  vers  les  planètes  et  la 
Lune,  qui  était  depuis  depuis  deux  jours  dans  son  premier  quartier,  sans 
changer  le  foyer,  et  la  Lune  seule  se  voyait  presque  au  foyer. 

Cette  circonstance,  jointe  à  l'invisibilité  du  phénomène  à  Mexico  et  à  Puebla 
ou  ailleurs,  me  fait  croire  que  ces  corps  étaient  assez  proches  de  la  Terre,  à  une 
moindre  distance  que  la  Lune,  et  que  leur  parallaxe  considérable  était  cause 
qu'à  Mexico  et  à  Puebla  ils  étaient  projetés  hors  du  disque  solaire. 

José  A.  y  Bonilla. 

Directeur  de  l'Observatoire  de  Zacatecas  (Mexique). 

Note  de  la  Rédaction.  —  L'observation  de  M.  Bonilla  est  fort  intéressante, 
mais  n'est  pas  facile  à  expliquer.  La  date  des  12  et  13  août  fait  songer  au  courant 
d'étoiles  filantes  de  cette  époque;  mais  il  serait  singulier  qu'on  n'eût  rien  vu  à 
Mexico  ni  à  Puebla.  Seraient-ce  des  oiseaux?  Nous  avons  examiné  avec  beau- 
coup d'attention  la  photographie  dont  la  fig,  119  est  une  reproduction  :  le  corps 
noir  est  ovale,  précédé  et  suivi  de  légères  traînées;  sa  longueur  est  de  0"",9,  sa 
largeur  de  0«",6  à  0««,7,  le  diamètre  solaire  est  de  66™»,  (l'astre  n'est  pas  au 
foyer,  mais  le  corpuscule).  En  dehors  du  Soleil,  les  traînées  paraissaient  bril- 
lantes» —  Nous  serions  portés  à  croire  qull  s'agit  là  d'oiseaux,  d'insectes,  ou  de 
poussières  supérieures,  en  tout  cas  de  corpuscules  appartenant  à  notre  atmos- 
phère. 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  35i 

NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS, 

OBSERVATION  D*UNB  TROMBE  MARINE. 

Monsieur  le  Directeur, 

Quelques  détails  sur  une  des  trombes  marines  dont  votre  numéro  du  mois  de 
mars  donne  des  esquisses  pouvant  intéresser  les  lecteurs  de  la  Revue ,  je  crois 
utile  de  vous  adresser  l'esquisse  que  j'ai  faite  moi-même  de  ce  phénomène. 

Ma  villa,  à  San  Rémo,  se  trouve  à  la  hauteur  de  15«>  au-dessus  du  niveau  con- 

Fig.  120. 


Trombe  marine  observée  à  San  Remo. 

stant  de  la  Méditerranée,  cette  élévation,  à  l'horizon  de  la  mer  coupe  la  vue  à 
une  distance  d'environ  8  milles  anglais,  soit  13"^°».  La  trombe  s'est  développée 
exactement  sur  la  ligne  de  l'horizon.  C'est  ainsi  que  la  distance  de  la  trombe  en 
ligne  directe  m'étant  connue,  j'ai  pu  tirer  parti  de  ce  fait  pour  en  déterminer  les 
dimensions. 

Avant  d'aborder  cette  partie  de  mon  sujet,  permettez-moi  de  décrire  ce  que 
j'ai  observé. 

De  ma  chambre  j'ai  une  vue  étendue  de  la  mer.  Selon  mon  habitude,  je  prends 
note  des  vaisseaux  qui  passent.  Le  13  janvier  dernier,  à  11^  10""  (heure  de  Rome), 
j'ai  remarqué  un  objet  noir  sur  l'horizon.  Je  crûs  d'abord  qu^un  bateau  à  vapeur 
projetait  une  mince  colonne  de  fumée;  mais  elle  était  si  nettement  dessinée  qu'il 


352  L'ASTRONOMIE. 

m'est  venu  immédiatement  à  l'idée  que  c'était  une  trombe  marine.  Je  cours  appeler 
ma  famille  pour  venir  la  regarder;  à  mon  retour,  moins  d'une  minute  après,  je 
vois  la  trombe  en  forme  de  serpent  depuis  la  mer  jusqu'aux  nuages.  Il  est  à 
remarquer  que  la  trombe  a  commencé  par  le  bas.  Je  m'enferme  chez  moi  pour 
l'étudier  et  je  braque  mon  télescope  sur  elle.  Par  un  aperçu  rapide»  je  remarque 
un  mouvement  rotatoire  dans  la  colonne  d'eau,  ainsi  que  de  petits  jets  en  dehors. 
Je  prends  note  en  même  temps  de  la  portion  du  champ  visuel  occupée  par  le 
diamètre  de  ce  que  j'appelle  le  tuyau.  Le  champ  visuel  de  mon  télescope  étant 
trop  restreint,  je  prends  alors  une  lorgnette,  pour  mieux  voir  Tensemble.  Je 
l'examine  attentivement  d'un  bout  à  l'autre,  commençant  par  les  nuages  pour- 
pres et  chiffonnés  qui  cachent  l'extrémité  :  cependant  je  constate  un  faible  élar- 
gissement en  forme  de  trompette  là  où  l'extrémité  se  perd  dans  les  nues;  pour  le 
reste  du  tuyau,  il  me  paraît  à  peu  près  cylindrique.  La  ligne  centrale  du  tuyau  est 
claire,  les  bords  sont  noirs.  Le  tuyau  se  termine  en  pointe  noire  à  une  petite 
distance  de  la  mer  et  parait  s'insérer  au  milieu  d'un  cylindre  transparent  dont 
les  bords  verticaux  ressemblent  aux  mâts  d'un  navire.  On  ne  peut  pas  se  rendre 
compte  de  la  jonction  du  tuyau  avec  le  cylindre;  mais  on  remarque  que  parfois  il 
y  a  de  petits  jets  en  dehors  du  cylindre,  ainsi  que  du  tuyau,  produit  apparem- 
ment par  la  force  centrifuge.  Le  cylindre  s'élève  au  milieu  d'une  corbeille  noire, 
d'eau  bouleversée,  toujours  en  tourbillon.  La  corbeille  grandit  de  plus  en  plus, 
et  finalement  présente  l'aspect  d'un  brouillard.  A  ce  moment-là  je  constate  un 
mouvement  de  descente  tout  le  long  du  tuyau  et  tout  s'évanouit.  Le  phéno- 
mène dura  dix  minutes. 

Il  me  reste  maintenant  à  dire  quelques  mots  sur  la  manière  dont  j'ai  procédé 
pour  calculer  les  dimensions. 

Ayant  pris  note  du  diamètre  apparent  de  la  trombe,  comme  je  l'ai  vu  à  travers 
mon  télescope,  j'ai  pris  une  règle  subdivisée  en  40'^"*"  d'un  pouce  [anglais,  je 
la  place  contre  un  meuble,  je  me  retire  à  une  distance  de  36  pieds  anglais  où  je 
plante  mon  télescope  et  je  constate  que  le  diamètre  apparent  du  tuyau  de  la 
trombe  a  dû  couvrir  25  de  ces  subdivisions.  Donc  :  la  base  (36)  est  à  |  comme  la 
base  connue  est  au  diamôtre  : 

0.625X506,8^0  ._  .^  ci         •     J        i.  rr-r^r 

jrry =  733  pouces  35  =  61  pieds  11  =  5' 59*. 

Le  tuyau  de  la  trombe  avait  donc  un  diamètre  de  près  de  20  mètres.  A  la  dis- 
tance de  8  milles,  chaque  degré  d'arc  correspond  à  737  pieds  anglais  (soit 
225").  L'extrémité  supérieure  du  tuyau  se  perdait  dans  les  nues  à  une  élé- 
vation de  i5<»  au-dessus  de  l'horizon  soit,  à  une  élévation  de  .plus  de  3^". 
L'inclinaison  du  tuyau  était  comme  l'hypoténuse  d'un  triangle  rectangle  dont  les 
petits  côtés  auraient  eu  chacun  une  longueur  de  3^«  au  moins.  Donc  le  tuyau 
devait  avoir  une  longueur  de  4  kilomètres  et  demi  environ. 

Quant  à  la  corbeille,  son  diamètre  était  en  moyenne  de  240  mètres.  J.'ai  pu  véri- 
fier ce  diamètre  en  le  comparant  avec  un  objet  terrestre  se  trouvant  tout  près 


NOUVELLES  DE  LA   SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  353 

de  la  ligne  visuelle.  A  la  un,  le  tourbillon  d'eau  formant  la  corbeille  f&t  projeté  en 
Tair  à  une  hauteur  presque  incroyable;  mais  pendant  le  phénomène  la  couronne 
de  la  corbeille  mesurait  une  hauteur  d'environ  150™. 

J'ai  vérifié  plus  tard  toutes  ces  dimensions  par  l'emploi  d*un  sextant,  braqué 
sur  des  objets  terrestres  qui  m'avaient  servi  de  comparaison  de  grandeur  lorsque 
la  trombe  se  trouvait  presque  en  ligne  directe  avec  ces  objets. 

Pour  se  former  quelque  idée  des  forces  énormes  de  la  Nature  qui  se  mani- 
festent par  des  effets  si  prodigieux,  on  peut  faire  la  comparaison  suivante. 

Le  tuyau  de  la  trombe  avait  un  diamètre  cinq  fois  plus  grand  que  la  colonne 
Vendôme,  à  Paris.  La  superficie  de  la  corbeille  dépassait  de  beaucoup  celle  de 
la  place  Vendôme.  La  couronne  de  la  corbeille  se  formait  à  une  hauteur  quatre 
fois  plus  élevée  que  la  colonne  même.  Quant  à  la  longueur  du  tuyau,  on  peut 
s'en  faire  une  idée  par  l'avenue  des  Champs-Elysées  :  la  trombe  était  deux  fois 
plus  longue  que  la  distance  qui  s'étend  de  TArc-de-Triomphe  à  la  place  de  la 
Concorde.  F.  A.  Curtis,  à  San  Remo. 

Taches  solaires  visibles  àrœll  nu.  —MM.  Gunziger  à  Oldham  (Angleterre), 
Jacquot,  au  Havre,  Bruguière  et  Lihou  à  Marseille  signalent  plusieurs  taches 
solaires  visibles  à  Vœil  nu  : 

26  juin,  8*» 30™  du  soir,  à  Oldham,  une  tache  se  voit  parfaitement  à  l'œil  nu,  au 
soleil  couchant,  sans  qu'il  soit  utile  de  se  servir  d'un  verre  noirci.  Visible  aussi 
les  27,  28  et  29. 

30  juin.  —  La  grande  tache  du  11  juin  est  revenue  et  on  la  distingue  fort  bien 
à  l'œil  nu.  * 

8  juillet.  —  Un  beau  groupe  de  taches,  apparu  le  l®**  au  bord  oriental  du  Sol  eil, 
est  visible  à  l'œil  nu  le  8  et  le  9.  Le  10,  à  la  jumelle. 

21  juillet.  —  Belle  tache  type,  régulière,  arrivée  le  17.  Visible  à  l'œil  nu. 

Distances  des  étoiles.  Nouvelles  mesures.  —  U Astronomie  a  publié  da  ns 
son  dernier  numéro  les  nouvelles  mesures  obtenues  sur  plusieurs  étoiles  remar- 
quables. Voici  une  étoile  à  ajouter  aux  précédentes. 

Étoile  2398  2  Dragon.  —  C'est  une  étoile  double  non  physique,  un  groupe 
de  perspective,  dont  on  trouve  les  mesures  dans  le  catalogue  de  Flammarion, 
p.  120.  D'après  les  observations  qui  viennent  d'être  faites  par  M.  Lamp,  l'étoile 
principale,  mesurée  pendant  les  années  1883  et  1884  avec  deux  étoiles  de  compa- 
raison de  9«,4  et  7^,8  grandeurs,  situées,  la  première  à  24' à  l'Ouest,  et  la  seconde 
à  2'44''  à  l'Ouest  (à  peu  près  sur  la  même  déclinaison)  l'étoile  principale  du  couple 
2  2398  a  offert  pour  parallaxe  : 

0,''84  ±  0%034. 

Cette  étoile  peut  donc  être  ajoutée  à  la  liste  des  étoiles  les  plus  proches  de  la 
Terre. 

Chute  d'un  uranolitlie  à  Valls,  Tarragone  (Espagne).  —  Le 7  juillet  dernier, 
vers  dix  heures  du  matin,  a  eu  lieu  dans  la  ville  de  Valls,  sur  la  prison,  et  dans 


354  L'ASTRONOMIE. 

la  cour  de  cet  établissement,  la  chute  d'un  uranolithe  qui  tomba  du  ciel  comme 
une  étoile  filante,  en  faisant  un  bruit  semblable  à  celui  d'un  papier  qu'on  déchire, 
mais  beaucoup  plus  fort. 

Pendant  ce  même  jour,  on  a  entendu  des  tonnerres  lointains,  mais  à  Theure  de 
la  chute  le  ciel  était  presque  pur. 

Cet  uranolithe  que  j'ai  eu  entre  les  mains,  et  dont  j'ai  l'honneur  de  vous 

Fig.  121. 


Uranolithe  tombé  le  7  juillet  1885  à  YaUs  (Espagne). 

adresser  un  dessin  très  exact  et  de  grandeur  naturelle,  s'était  enfoncé  jusqu'à 
W  centimètres  de  profondeur  dans  le  sol  durci.  Un  prisonnier  se  précipita  pour 
le  déterrer  :  il  était  très  chaud.  Il  est  un  peu  plus  gros  qu'une  noix  et  son  poids 
est  de  70  grammes.  Il  est  constitué  de  particules  de  fer  réunies  dans  une  sub- 
stance pierreuse,  et  il  me  paraît  appartenir  au  groupe  des  sporadosidères,  sous 
groupe  des  poly sidères,  de  M.  Daubrée.  \  José  Comas. 

Retour  de  la  Comète  de  Tnttle.  —  La  petite  comète  télescopique  de  Tuttle. 
dont  la  période  est  de  13  ans  10  mois,  et  dont  le  dernier  passage  au  périhélie  a 
eu  lieu  le  30  novembre  1871,  vient  de  revenir  comme  le  calcul  l'annonçait.  A 
l'Observatoire  de  Nice,  MM.  Perrotin  et  Charlois  l'ont  découverte  le  8  août,  nébu- 
losité faible,  sans  condensation,  de  2'  de  diamètre,  sans  queue.  Positions  observées  : 

8  août 7»'20-25'  -+-  28-37' 

13    — 7  37     1  4-  25  29 

Réservée  aux  grands  instruments. 


OBSERVATIONS   ASTRONOMIQUES 

A  FAIRE  DU  15  SEPTEMBRE  AU  15  OCTOBRE  1885. 
Principaux  oliJetB  célestes  en  évidence  pour  Tobservation. 

I»  CIEL  ÉTOILE  : 

Pour  l'aspect  du  Ciel  étoile  durant  cette  période  de  Tannée,  il  faut  se  reporter 
soit  aux  cartes  publiées  dans  la  première  année  de  la  Revue,  soit  aux  descrip- 
tions données  dans  Les  Étoiles  et  les  Curiosités  du  Ciel,  pages  594  à  635. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  355 

Les  soirées  encore  chaudes  et  toujours  calmes  de  la  un  de  la  seconde  moitié  de 
septembre  doivent  être  employées  par  les  astronomes  à  Tétude  toujours  agréable, 
toujours  nouvelle,  des  étoiles  multiples,  des  amas  et  des  nébuleuses  qui  peuplent 
la  voûte  céleste.  Vénus  brille  dans  le  Ciel  du  couchant,  dans  le  voisinage  du 
brillant  Antarès.  Mais  ce  sera  surtout  le  matin,  vers  cinq  heures,  qu'il  faudra  se 
livrer  à  l'observation  des  brillantes  planètes  Mars,  Mercure,  Jupiter  et  Saturne. 

2<»  SYSTÈME  SOLAIRE  : 

Soleil.  —  Le  15  septembre,  le  Soleil  se  lève  à  5^38»  du  matin  et  se  couche  à 
ghiim  du  soir;  le  i»»"  octobre,  le  lever  a  lieu  à  G*»!"  et  le  coucher  à  5"» 37»;  enfin, 
l'astre  du  jour  se  montre  au-dessus  de  Thorizon  à  6^22»  du  matin,  pour  dispa- 
raître au-dessous  à  5^  9»  du  soir.  La  durée  du  jour  sera  donc  de  12^33™  le  d5  sep- 
tembre, llï»36™  le  l*'  octobre  et  10*»47«  le  15  octobre  :  les  jours  diminuent,  dans 
cet  intervalle  d'un  mois,  de  44"  le  matin  et  de  i^^"^  le  soir. 

La  différence  entre  l'instant  du  midi  vrai  et  celui  du  moyen  va  sans  cesse  en 
augmentant.  Le  15  septembre,  la  matinée  dure  6'»22"  et  la  soirée  6ï>il™  seule- 
ment, différence  11»;  le  1»'  octobre,  matinée  5^*59»,  soirée  5^37»,  différence  22«; 
le  15  octobre,  matinée  5^ 38»,  soirée  5"» 9",  d'où  une  considérable  différence  de  29". 

La  déclinaison  boréale  du  Soleil  est  de  2^52'  à  midi  moyen,  le  15  septembre. 
Cette  déclinaison  devient  nulle  le  22  septembre,  à  9^25»  du  soir  :  à  cet  instant, 
le  Soleil  change  d'hémisphère  et  c'est  alors  qu'a  lieu  Véquinoxe  d'automne, 
ainsi  appelé  parce  qu'il  y  a  égalité  absolue  entre  la  durée  du  jour  et  celle  de  la 
nuit.  En  ce  moment,  finit  Yété  et  commence  la  saison  d'automne.  La  déclinaison 
australe  du  Soleil  est  de  3<»21'  aAi  l»**  octobre  et  de  8o4r  au  15  octobre.  C'est  cette 
diminution  de  11» 33'  qui  produit  la  décroissance  rapide  de  la  longueur  des  jours. 

La  lumière  zodiacale  devient  de  plus  en  plus  intéressante  à  admirer  le  matin, 
à  rOrient,  environ  deux  heures  avant  le  lever  du  Soleil. 

Lune.  —  Du  15  au  24  septembre,  le  croissant  lunaire  se  présentera  dans  des 
conditions  défavorables  pour  l'observation,  attendu  que  le  16  septembre,  jour  du 
Premier  Quartier,  la  Lune  ne  s'élève  que  de  23»  au-dessus  de  l'horizon  de  Paris, 
lors  de  son  passage  au  méridien.  Mais  du  24  septembre  au  5  octobre,  notre 
satellite  s'offrira,  le  matin,  dans  de  bonnes  conditions  pour  l'étude  des  curiosités 
que  notre  savant  confrère,  M.  Philippe  Gérigny,  a  si  bien  décrites  dans  les 
années  1883  et  1884  de  cette  Revue. 

La  plus  forte  marée  de  l'année  1885  sera  celle  du  10  septembre  au  matin.  La 
haute  mer  aura  lieu  à  6*>48»  du  matin  à  Saint-Malo  et  au  mont  Saint-Michel.  Le 
mascaret,  à  Quillebœuf  ou  à  Caudebec,  sera  le  plus  imposant  vers  10^30»  du 
matin.  Nous  invitons  les  nombreux  lecteurs  de  VAstronomie  à  profiter  des 
billets  d'aller  et  retour  à  prix  réduit  que  la  Compagnie  des  chemins  de  fer  de 
l'Ouest  met  à  la  disposition  des  excursionnistes  pour  aller  visiter  à  ce  moment- 
là  le  mont  Saint-Michel  et  l'embouchure  de  la  Seine. 

p  <  PQIe  16  septembre,  à    6''24-  matin.      DQ  le  l"  octobre,  à  Ui'SS-  matin. 

PHASES...  )  p^j^  2^  »  à    8    4         »  NLleS         »       à   7  41         » 


356  L  ASTRONOMIE. 

Eclipse  partielle  de  Lur\e,  le  24  septembre  1885,  en  partie  visible  à  Paris. 

Dans  la  nuit  du  23  au  24  septembre,  il  y  aura  une  éclipse  partielle  de  Lune. 
Malheureusement,  le  phénomène  ne  pourra  être  observé  à  Paris  ni  en  Europe, 
sauf  en  Portugal,  car  Tombre  de  la  Terre  ne  pénétrera  sur  le  disque  lunaire  qu'à 
6'»24"  du  matin  et  que  le  coucher  de  la  Lune  a  lieu  à  5**45™.  Mais  les  astronomes 
des  deux  Amériques  et  de  TOcéanie  pourront  étudier  toutes  les  phases  de 
réclipse  partielle. 

L'entrée  de  la  Lune  dans  la  pénombre,  temps  moyen  de  Paris,  aura  lieu  à 
5*»12°>  du  matin;  Ventrée  dans  Vombre à  6»» 24"  et  le  milieu  de  Véclipse  à  7^58=; 
la  sortie  de  Vombre  h  9*» 31™  et  la  sortie  de  la  pénombre  à  10*» 44".  La  grandeur 
de  l'éclipsé  sera  de  0'n,784,  le  diamètre  de  la  Lune  étant  1. 

Pendant  la  durée  de  Téclipse,  la  Lune  passera  au  zénith  des  lieux  situés  sen- 
siblement sur  réquateur  depuis  Quito  (81«3'  de  longitude  Ouest)  jusqu'à  l'ile 
Christmas  (161»  32'  de  longitude  Ouest). 

Occultations  et  appulse  visibles  à  Paris, 

Sept  occultations  seront  observables  à  Paris,  dans  la  première  moitié  de  la 
nuit.  A  ce  nombre,  il  faut  ajouter  une  appulse  et  une  occultation  d'étoiles  de 
4«  grandeur  qui  ont  lieu  après  minuit. 

!•  T*  Capricorne  (6,5  grandeur),  le  19  septembre,  de  8"»  15"  à  9'* 37"  du  soir.  Cette  com- 
posante de  la  double  t  disparaîtra  en  un  point  du  disque  lunaire  placé  à  27*  au-dessus 
du  point  le  plus  à  r£st  et  réapparaîtra  en  un  autre  point,  à  14*  à  droite  et  aunlessous 
du  point  le  plus  au  Nord,  dans  la  partie  éclairée.  A  Greenwich,  la  durée  de  roccuUation 
ne  diffère  que  d'une  minute  en  moins  de  celle  de  Paris. 

2*  X*  Capricorne  (5,5  grandeur),  le  19  septembre,  de  9*' 44-  à  10'*57-  du  soir.  La  dispa- 
rition s'effectue  à  33*  au-dessous  et  à  gauche  du  point  le  plus  au  Nord  du  disque  de  la 
Lune  et  la  réapparition  à  10*  à  droite  du  même  point.  A  Londres,  la  composante  n'est 
occultée  que  pendant  l''8". 

Les  deux  étoiles  qui  composent  la  double  t  sont  distantes  de  31'  tandis  que  le  diamètre 
lunaire,  au  même  moment,  n'est  que  de  29'40'.  C'est  à  cause  de  cette  distance  de  31' 
que  la  différence  entre  le  commencement  des  deux  occultations  est  de  1*29*. 

3*  18  Verseau  (5,5  grandeur),  le  20  septembre,  de  6*'59*'  à  8'"3-  du  soir.  L'étoile  s'éteint 
dans  la  partie  obscure  du  disque  de  notre  satellite,  en  un  point  situé  à  42*  au-dessus  et 
à  gauche  du  point  le  plus  bas,  pour  se  rallumer  subitement  en  un  point  de  la  partie 
éclairée,  placé  à  40*  au-dessous  du  point  le  plus  occidental.  A  Greenwich,  l'étoile  est 
occultée  pendant  l'-S-. 

4»  B.A.C.  7774  (G.5  grandeur),  le  21  septembre,  de  10M8  à  11''37-  du  soir.  La  dispari- 
tion se  fait  à  l'Orient,  à  41*  au-dessus  du  point  le  plus  à  gauche  du  bord  de  la  Lune  et 
la  réapparition  au  Nord,  à  26*  au-dessous  et  à  droite  du  point  le  plus  élevé.  La  durée 
de  l'occultation,  à  Londres,  n'est  que  de  l''8". 

5*  T]  Poissons  (5*  grandeur),  le  25  septembre,  de  8'' 16-  à  9'*  17  du  soir.  L'étoile  disparait 
à  gauche  du  bord  de  la  Lune,  à  4*  au-dessous  du  point  le  plus  à  l'Est,  et  reparaît  à 
droite,  à  34*  au-dessus  du  point  le  plus  à  l'Ouest.  A  l'Observatoire  de  Greenwich,  la 
durée  de  l'occultation  n'est  que  de  57". 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES. 


357 


6*  48  Taureau  (6*  grandeur),  le  28  septembre,  de  10*'3'"  à  10*» 49"  du  soir.  La  disparition 
de  Tétoile  a  lieu  au  Sud,  à  23*  à  gauche  du  point  le  plus  bas  et  la  réapparition  à  TOc- 
cident,  dans  la  partie  obscure  du  disque  de  la  Lune,  à  8*  au-dessous  du  point  le  plus  à 
droite.  Cette  occultation  sera  visible  dans  le  nord  de  TEurope. 

7*  T  Taureau  (4*  grandeur),  le  28  septembre,  de  11*'55"  à  12*' 47-  du  soir.  Cette  belle 
étoile,  dont  Toccultation  est  représentée  fig.  122,  disparait  à  l'Orient,  à  24*  à  gauche  du 
point  le  plus  bas  et  reparaît  à  l'Occident,  à  10*  au-dessous  du  point  le   plus  à  droite. 


Flflr.  122. 


Fier.  123. 


Occullalion  de  7  Taureau  par  la  I^uno,  Occultation  de  X  Gémeaux  par  la  Lune, 

le  28  septembre,  de  ll'>5ô'»  à  12'>47'"  du  soir.  le  l"  octobre,  de  12»'47'»  à  13*' 37"»  du  soir. 

Cette  remarquable  occultation  pourra  être  étudiée  dans  tout  le  nord-ouest  de  l'Europe. 

8*  6*  Taureau  (4*  grandeur),  le  29  septembre,  à  5*'2l"  du  matin.  A  Paris,  il  y  aura 
simple  appulse  :  l'étoile  ne  fera  que  frôler  le  bord  lunaire,  à  la  très  faible  distance  de 
(^2  et  en  un  point  situé  à  l'Est,  à  33*  à  gauche  du  point  le  plus  bas.  Mais  les  observateurs 
qui  se  trouveront  au  nord-ouest  de  l'Observatoire  de  Paris,  verront  disparaître  la  bril- 
lante étoile  derrière  le  disque  de  notre  satellite,  et  la  durée  du  phénomène  sera  d'autant 
plus  longue  que  le  lieu  d'observation  sera  plus  éloigné  de  notre  Observatoire  national. 
C'est  ainsi  qu'à  Londres,  l'occultation  sera  complète  pendant  38  minutes. 

9  X  Gémeaux  (4*  grandeur),  le  l"  octobre,  de  12'' 46"  à  13*'37  du  soir.  La  disparition 
s'efifectué  au  Sud,  à  18*  à  gauche  du  point  le  plus  bas  du  disque  lunaire,  et  la  réappa- 
rition à  rOuest,  à  15*  au-dessus  du  point  le  plus  à  droite.  Les  occultations  d'étoiles  de 
4*  grandeur  sont  rares,  c'est  pour  cela  que  nous  recommandons  particulièrement  l'ob- 
servation de  X  Gémeaux.  L'occultation  est  représentée  fig,  123.  Le  phénomène  se  pro- 
duisant le  jour  du  Dernier  Quartier,  on  verra  l'étoile  arriver  en  contact  avec  le  limbe 
éclairé  de  la  Lune  et  reparaître  subitement  dans  le  vide,  à  une  certaine  distance  de  la 
partie  visible  de  notre  satellite. 

Les  nombreux  lecteurs  que  V Astronomie  compte  dans .  les  diverses  régions 

de  notre  globe  terrestre,  pourront  encore  '  observer  les  diverses  occultations 
suivantes  : 

Occultalions  diverses. 

!•  p  Capricorne  (3'  grandeur),  le  19  septembre,  vers  l"»  du  soir,  temps  moyen  de 
Paris.  Cette  occultation  pourra  être  observée  dans  toute  l'Amérique  méridionale. 


358 


L'ASTRONOMIE. 


2*  Aldébaran  {{'•  grandeur),  le  29  septembre,  vers  8^  du  matin.  La  Lune  se  couchant 
à  11*23-  du  matin,  l'occultation  sera  visible,  à  l'aide  d'une  lunette  astronomique  de 
moyenne  puissance,  dans  les  observatoires  de  TËurope. 

Le  18  septembre,  à  iO*>  du  matin,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  apogée  : 
404  000«^-;  diamètre  lunaire  =  29'34',6. 

Le  3  octobre,  à  11*"  du  soir,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  périgée 
367  800^»  ;  diamètre  lunaire  =  32'  28',8. 

MERCunE.  —  Durant  la  seconde  moitié  du  mois  de  septembre,  la  planète  Mer- 
cure sera  facilement  visible  à  Toeil  nu,  le  matin  à  rOrient,  sous  l'aspect  d'une 
étoile  de  première  grandeur.  Le  18  septembre,  à  7^  du  soir,  la  planète  atteint  sa 
plus  grande  élongation  occidentale  à  17°  51'  du  Soleil.  Bien  que  cette  distance  du 
Soleil  soit  peu  importante,  Mercure  se  lève  néanmoins  1  heure  41  minutes  avant 
Tastre  du  jour.  Cela  tient  à  ce  que  la  déclinaison  de  la  rapide  planète  ne  cesse 
d'être  boréale  et  diffère  en  moyenne  de  7o30'  de  celle  du  Soleil. 

L'emploi  d'une  jumelle  marine  sera  souvent  indispensable  aux  personnes  qui 
ont  la  vue  faible. 


Jours. 

Lei 

rer. 

Passage] 

tféridten. 

Différence 

16  Septembre... 

4"  3- 

matin. 

10" 50- 

matin. 

l''36' 

19       »      

4    3 

11  49 

1  41 

21        H       

4    6 

10  50 

l  40 

24       ).      

4  18 

10  55 

l  33 

28       »      

4  36 

11    3 

1  21 

1"  Octobre 

4  54 

Il  11 

l    7 

4           *..... 

5    5 

11  16 

0  59 

5           »      

5  17 

11  21 

0  50 

Lion. 


Vierge. 


Le  mouvement  de  Mercure  ne  cesse  d'être  direct,  dans  la  période  de  temps 
comprise  entre  le  15  septembre  et  le  15  octobre  1885. 

Le  22  septembre,  vers  minuit.  Mercure  sera  en  conjonction  avec  x  Lion  ;  h 
planète  se  trouvera  au  sud  de  Tétoile,  à  la  faible  distance  d'environ  20*.  Le  25,  à 
1»>  de  l'après-midi,  Mercure  se  trouvera  à  3'  au  nord  de  (x  Lion.  Le  27,  à  9^  du 
matin,  nouvelle  conjonction  :  Mercure  sera  visible  à  52^  au  nord  de  Jupiter.  Le 
30,  la  planète  Mercure  se  présentera  à  lol2'au  nord  de  p  Vierge. 

Le  5  octobre,  entre  1*»30">  et  2^»  du  matin,  Mercure  sera  en  conjonction  avec 
7)  Vierge,  à  18°  au  nord  de  l'étoile  et  avec  Uranus,  à  2^V  au  nord  de  cette 
dernière. 

Le  18  septembre,  le  diamètre  de  Mercure  est  de  7',2  ;  sa  distance  à  la  Terre  de 
138  millions  de  kilomètres  et  sa  distance  au  Soleil  de  46  millions  de  kilomètres. 

Vénus.  —  Bien  que  se  couchant  peu  de  temps  après  le  Soleil,  on  peut  aperce- 
voir l'éclatante  Vénus,  chaque  soir,  dans  le  ciel  de  l'Occident.  Avec  une  lunette 
astronomique,  on  pourra  distinguer  la  phase  accentuée  que  présente  le  disque  de 
VÉtoile  du  Berger,  dont  les  j  seulement  sont  éclairés,  vers  le  20  septembre.  La 
grandeur  de  la  phase  va  sans  cesse  en  diminuant,  à  mesure  que  la  planète  se 
rapproche  de  la  Terre  et  que,  par  suite,  son  diamètre  va  en  augmentant. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  359 

Jours.  Passage  Méridien.  Coucher.  Différence  Soleil.    Constellation. 

16  Septembre...  2^  5-  soir.  7*15-  soir.  1*»  6-  Vierge. 

19       »      2    7         »  7  11         »  18  » 

22»      28         »  76         »  19  » 

25       »      2  10        »  7    0        »  110  Balance. 

28        »      2  12         »  6  56         d  1  12  » 

2  Octobre 2  15         »  6  50         ■  1  15  » 

5        »      2  18         »  6  47         »  1  18  . 

8       »      2  21         >;  6  44         »  121 

Il       »       2  23         »  6  40         »  123  Scorpion. 

14        »       2  26         »  6  38         »  127  » 

Vénus  continue  sa  marche  rapide  et  directe  à  travers  les  constellations  zodia- 
cales de  rhémisphère  austral.  La  planète  se  trouvera  six  fois  en  conjonction  avec 
des  astres  remarquables,  dans  Tintervalle  compris  entre  le  15  septembre  et  le 
15  octobre.  Le  21  septembre,  vers  minuit,  Vénus  sera  éloignée  de  1<»  de  X  Vierge, 
au  sud  de  Tétoile;  le  28  septembre,  à  1^  du  matin,  à  1»18'  au  sud  de  Fétoile  de 
2®  grandeur,  p  Balance;  le  11  octobre,  à  midi,  à  6<»23'  au  sud  de  la  Lune,  et  vers 
minuit,  à  lo46'  au  sud  de  X  Balance;  le  13  octobre,  à  14'  au  nord  de  8  Scorpion; 
le  14  octobre,  vers  midi,  à  2®  51'  au  sud  de  p  Scorpion. 

Le  l»'  octobre,  le  diamètre  de  Vénus  est  de  14',2.  La  distance  de  cet  astre  à  la 
Terre  est  alors  de  172  millions  de  kilomètres  et  sa  distance  au  Soleil  de  108  mil- 
lions de  kilomètres. 

Mars.  —  Mars  continue  à  se  rapprocher  doucement  de  la  Terre  et  se  lever  aux 
environs  de  minuit.  Mars  est  très  facile  à  distinguer,  à  cause  de  sa  teinte  rou- 
geâtre  et  de  sa  ressemblance  avec  une  étoile  de  première  grandeur,  dans  son 
mouvement  direct  à  travers  la  constellation  du  Cancer,  à  peu  près  à  égale  distance 
de  Procyon  et  de  Castor. 

Jours.  Leyer.  Passage  Uérldicn.  ConstelUtion. 

19  Septembre 0*35"  matin.  8*» 22*  matin.  Cancer. 

23      »    0  33  »  8  17  »                       • 

27     »    0  30  »  8  11  » 

1»' Octobre 0  27  *•  8    5  » 

5         p        0  25  -  7  59 

9         »        0  22  »  7  53  »                       n 

la         »        0  18  »  7  46  *                       » 

Le  23  septembre.  Mars  traversera  Tamas  du  Cancer  et  le  27,  la  planète  passera 
au  nord  de  Tétoile  S. 

Le  l»»"  octobre,  le  diamètre  de  Mars  est  de  6*  ;  sa  distance  à  la  Terre  est  de 
272  millions  de  kilomètres  et  au  Soleil  de  235  millions  de  kilomètres. 

Petites  planètes.  —  Cérès  se  couche  deux  heures  après  le  Soleil  et  s'éloigne 
constamment  de  nous.  Cérès  devient  absolument  invisible. 

Comme  la  précédente,  P&llas  et  Junon  s'éloignent  de  nous  et  restent  tout  à 
fait  invisibles. 

Vesta  se  rapproche  assez  vite  de  la  Terre.  Elle  poursuit  sa  marche  directe  à 


360  L'ASTRONOMIE. 

travers  la  constellation  du  Taureau,  où  il  est  aise  de  la  suivre,  à  l'aide  d'une 
jumelle  marine  ou  d'une  lunette  astronomique  munie  d'un  faible  oculaire.  Le 
18  septembre,  au  soir,  le  petite  planète  se  trouvera  en  conjonction  avec  l  Tau- 
reau. I^  planète  sera  au  sud  de  l'étoile,  à  la  distance  de  3«  20'. 

Joars.  Lever  de  VetU.  PasMge  Méridien.  GonstelUtioa. 

19  Septembre 10*  4"  soir.  5*'37*  matin.          Taureau. 

24      »     9  48  •  5  21          •                       » 

29      »     9  32  •  5    5 

4  Octobre 9  15  »  4  48         -                        » 

9        »        8  57  »  4  31          » 

14        n        8  39         »  4  12         .  I. 

Le  8  octobre,  Vcsta  est  éloignée  de  305  millions  de  kilomètres  de  la  Terre  et 
de  380  millions  de  kilomètres  du  Soleil. 

Coordonnées  au  28  sept.  :    Ascension  droite...      5*'37*.    Déclinaison...     17M5'S. 
»  8  cet.     :  »  »  5  43  »  17  43  S. 

Jupiter.  —  Jupiter  est  visible  le  matin,  dans  le  ciel  de  l'Orient,  environ  deux 
heures  avant  le  lever  du  Soleil. 

Jours.  Lever.  Patsafçc  Mi'ridien.  ConsteUatioD. 

5  Octobre 4**  13- matin.  lO** 35- matin.  Lion. 

9         »      42         »  10  23         »  B 

13         »      3  51         »  10  10         »  » 

Le  mouvement  de  Jupiter  est  direct.  La  planète  se  rapproche  de  ^  Vierge.  Le 
10  octobre,  le  diamètre  de  Jupiter  est  de  29',2;  sa  distance  à  la  Terre  est  de 
937  millions  de  kilomètres  et  au  Soleil  de  804  millions  de  kilomètres. 

L'étude  des  éclipses  des  satellites  de  Jupiter  redevient  possible.  C'est  ainsi  quo 
le  12  octobre,  à  4*>i6™  du  matin,  ou  pourra  observer  Vimmcrsion  du  4*  satellito 
et  le  13  octobre,  à  5*>1™  du  matin,  Vimmersion  du  !«•'  satellite. 

Saturne.  —  Cette  brillante  planète  est  visible  durant  une  partie  de  la  soirée. 
Elle  continue  sa  marche  vers  TEst,  dans  la  constellation  des  Gémeaux,  suivant 
la  ligne  |xS.  Il  faut  observer  ses  remarquables  anneaux  qui  se  présentent  sou? 
leur  forme  la  plus  large,  bien  qu'ils  se  resserrent  déjà  depuis  plusieurs  mois. 

Jonrt.  Lever.  Passage  Méridien.        Constellation. 

18  Septembre 10'' 43- matin.  G** 43- matin.  Gémeaux. 

23      »     10  25         »  6  24         »  » 

28      i)     10    6         »  6    0         •  » 

3  Octobre 9  47         »  5  47         >.  » 

8        »        9  28         •  5  28         »  • 

13       i>        9    9         »  5    8         »  » 

Le  !•»•  octobre,  Saturne  a  un  diamètre  de  16',8;  la  distanoe  de  la  planète  à  la 
Terre  est  de  1327  millions  de  kilomètres  et  au  Soleil  de  1336  millions  de 
kilomètres. 

Uranus.  —  Uranus  se  lève  le  matin,  deux  heures  avant  le  Soleil. 

Eugène  Vimont. 


CORRESPONDANCE. 


M.  DuMÉNiL,  à  Yébleron  (Seine-Inférieure)  a  observé,  le  17  juillet  dernier,  à  S** 40"  du 
soir,  Vénus  et  Mercure  réunis  dans  le  champ  de  la  même  lunette  (50"*"  d'objectif).  C'est 
là  une  conjonction  assez  rare.  Nous  avons  reçu  sur  ce  point  un  certain  nombre  d'obser- 
vations qui  seront  résumées  dans  notre  prochain  numéro. 

.  M.  Rbnoult,  à  Paris.  —  L'idée  d'une  société  scientifique  populaire  à  Paris  est  certai- 
nement excellente,  et  tous  les  amis  de  la  science  applaudiraient  de  grand  cœur  à  sa 
fondation.  Par  sa  nature  comme  par  son  but  elle  différerait  complètement  de  l'associa- 
tion scientifique  ainsi  que  de  l'association  française,  qui  de  leur  côté  ont  déjà  rendu 
d'éminents  services.  Le  point  capital  est  de  trouver  les  moyens  de  la  réaliser  pratique- 
ment. 

M.  José  Comas,  en  Espagne.  —  Mille  remerciements.  Nous  regrettons  de  ne  pas  con- 
naître votre  adresse.  Une  lettre  envoyée  à  Valls  (Tarragona)  nous  est  retournée  avec  la 
mention  a  inconnu  ». 

M.  Charles  Sburbau,  à  Angers.  —  Vous  trouverez  tous  les  renseignements  demandés 
dans  VAstroyiomie  populaire  et  dans  cette  Revue  môme. 

.  MM.  RÉGHiD  et  Nahmias-Bey,  à  Constantinople.  ■--  Nous  ne  pouvons  pas  comprendre 
l'infini.  11  s'impose  à  nous  dans  son  écrasante  réalité,  et  l'Astronomie  tout  entière  n'est 
au'une  dissertation  de  fourmi  sur  l'éternel  poème.  Superflu  de  chercher  ce  qu'il  v  a  au- 
delà  du  dernier  monde.  Superflu  d'imaginer  aucune  fimite  à  l'espace.  Superflu  de  sup* 
puter  les  millions  d'années  comme  Us  milliards  ^e  kilomètres.  Les  questions  ultimes 
restent  sans  solution.  Mais,  comme  le  signataire  de  ces  belles  pages,  l'auteur  des  Récits 
de  l'Infini  pense  qu'au-delà  de  la  science  positive,  ce  qu'il  y  a  de  plus  divin  dans 
l'homme  c'est  le  rêve. 

L'idée  des  sphères  concentriques  est. grandiose  dans  son  immensité.  Mais  nous  n'at- 
teignons toujours  pas  l'infini. 

M.  D.  D.  Howard,  à  Auburn.  —  Tous  les  projets  reçus  relativement  à  la  Réforme  du 
Calendrier  ont  été  classés  pour  être  lus  et  examinés  lors  du  concours. 

M.  Lassalle,  à  Paris.  —  Merci  de  votre  intéressante  communication.  Le  grand  pro- 
blème de  la  direction  des  ballons  est  en  partie  résolu,  comme  vous  pouvez  vous  en 
rendre  compte  par  cette  Revue  même  (n«  d'octobre  1884).  Placer  les  aéronautes  au- 
dessus  du  ballon  ne^  pourrait  qu'accroître  les  difficultés. 

M.  A.  Saval,  à  Elbeuf.  —  Tout  n'est  pas  vrai,  mais  tout  n'est  pas  faux,  dans  cet 
ordre  d'idées.  Il  se  prépare  là,  comme  dans  le  magnétisme,  une  nouvelle  branche  dans 
l'arbre  toujours  grandissant  des  connaissances  humaines.  Mais  il  faui  n'avancer  qu'avec 
précaution  et  se  défier  des  expérimentateurs.  Jusqu'à  présent  on  y  a  perdu  beaucoup  de 
temps  pour  un  médiocre  résultat. 


lÂISON  HOLTENI 

FONDÉE  A  PARIS  EN   1782 


ATELIERS  ET  MAGASINS 
44;  me  da  Châtean-d'Ean,  44 

PARIS 

CONSTRUCTION  D'INSTRUMENTS 

d'optique,  de  physique,  de 

mathématiques  et  de  marine. 


ÏÏISEIGBEMEW  PAR  LES  PROJECnOUS    Tachyg-apac  m^.... 

Instructions  pratiques  sur  l'emploi  des  appareils  de  projection.  Broch.,240p.,  108 fig.  2'^50 

Guide  pratique  spécialement  destiné  aux  instituteurs.  Brochure  avec  fleures 0 

Les  projections  lumineuses  et  l'enseif^nement  primaire,  conférence  faite  aux  membres 

du  congres  pédagogique,  par  M.  Stanislas  Meunier.  Brochure O 

Deux  conférences  sur  les  aérostats  et  la  na  navigation  aérienne,  par  M.  Gaston  Tis- 

sandier.  Brocliurc 1 

Lies  glaciers,  confôrenco  par  M.  Stanislas  Meunier.  Brochure 1 

Gataloerue  32,  photographies  d'après  nature,  vues,  paysages,  monuments 0 

—  38,  —  et  tableaux  pour  renseignement 0 

39,  appareils  et  tableaux  dé  commerce »       »» 

—  40,  —  accessoires  pour  l'enseignement  et  les  conférences  publiques.  »       » 

—  41 ,  tableaux  simples  et  à,  mouvement  pour  les  appareils  du  catalogue  40 »       » 

Photoerraphies  sur  verre  des  figures  de  la  présente  Revue  (Reproductions  autorisées  par 

l'éditeur) 1     50 


25 

76 

60 

w 

76 

76 


Lunettes  terrestres  et  astronomiques.  —  Jumelles  de  théâtre  et  de  campagne 

Fournitures  photographiques.  —  Onjectifs.  —  Appareils.  —  Produits  et  accessoires 

ENVOI    FRANCO    DE    DIVERS    PROSPECTUS 


DIAMÈTRE 

des  cercles. 

M* 

m 

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s  . 

■Il- 

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II 

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i-,60 

0«,15 

0-,18 

0-,135 

l-;90 

0«,i5 

0-,18 

A.   BARDOU 

COHSTRUCTEIA  l*tllS1IMKinS  HPHIK 

FOURNISSEUR  DU  MINISTÈRE  DE  LA  ODEIllE 

Circulaire  ministérielle  du  29  Juillet  1812, 
55,  rae  de  Chabrol,  à  Paris. 


Lnnettes  astronomiques,  corps  cuivre  avec  chercheur,  tuLc 
d'oculaire  à  crémaillère  pdur  la  mise  au  foyer.  Monture  equato- 
riale  à  latitude  variable  de  0*  à  90*,  cercle  hocaire  etcerck^  d» 
décliDf9.i8on  donnant  la  minute  par  les  verniers;  pince  pour  6xer 
la  lunette  en  déclinaison.'  Pied  en  fonte  de  fer  reposant  par  troia 
vis  calantes  sur  trois  crapaudines  (fig.  1  ). 

L'oculaire  le  plus  faible  est  muni  a'un  réticule. 


OCULAIRES. 

Célestes. 


Orosslssemenu. 


100,  160  et  270 
100,  150, 500  et  4bô 


Lunettes  astronomiques  et  terrestres,  corps  cuirre  av»: 
chercheur,  pied  fer  et  soutien  de  stabilité  servant  à  diri^r  U 
lunette  par  mouvement  vertical  lent  au  moyen  d*ane  cremiil* 
ière;  tube  d'oculaire  à  crémaillère  pour  la  mise  au  fojer.  Lia- 
strument  {fig.  2)  et  ses  accessoires  sont  calés  dans  une  boite  ea 
sapin  rouge 


Célestes. 


Grossissements. 


60  et  150     ' 
75,  120  et  200 
85,  190  et  240 
100,  100  et  270 


:  9  £  6 


c  -  =  ï 


Lunettes  astronomiques  et  terrestres,  corps  cuivre, |i<|' 
fer,  mouvements  prompts,  tube  d'oculaire  à  crémaillère  pour  la 
mise  au  foyer.  L'instrument  et  ses  accessoires  sont  cales  dans 
une  boite  en  sapin  rouge. 


M  é 

m 

II 

s.- 

§8 

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0-,057 

0«,85 

0-,061 

Ç.,90 

0«,075 

Terres- 

tres. 

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2: 

— 

— 



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35 

1 

1 

40 

1 

1 

50 

2 

OCULAIRES. 

Célestes. 


Grossis- 
sements. 


90 

100 

80  et  150 


100 
140 
190 


On  peut  ajouter  et  l'on  ajoute  généralement  à  ces  Jiv^'rs 
modèles  : 

Monture  à  prisme  pour  obser\'er  facilement  an  zenità. 
Prix 86  r. 

Ecran  pour  examiner  les  taches  du  Soleil.  Prix lo  ^ 


Paris.  —  Imp.  Gauthier-Villars,  55,  quai  des  Grands- AuRUBlias. 


4°  Année. 


N»  10.       0CTH\885     Octobre  1885. 


REVUE  MENSUELLE 

D'ASTRONOMIE  POPULAIRE 

DE  MÉTÉOROLOGIE  ET  DE  PHYSIQUE  DU  GLOBE, 

DONNANT    LB    TABLEAU    PERMANENT    DES    DÉCOUVERTES    ET    DES    PROGRÈS    RÉALISÉS 
DANS    LA    CONNAISSANCE    DE    L'UNIVERS 

PUBLIÉE    PAR 

CAMILLE  FLAMMARION, 

AVEC  LB  CONCOURS  DES 

PRINCIPAUX  ASTRONOMES  FRANÇAIS  ET  ETRANGERS 


ABONNEMENTS  POUR  UN  AN  : 

Paris  :  12  fr.  —  Départements  :  13  fr.  —  Étranger     14  fr. 

Prix  du  Numéro  :  1  fr.  80  o. 

La  Revue  paraît  le  l**^  de  chaque  Mois. 


^  PARIS. 

GAUTHIER-VILLARS,  IHPRIHEUR-LIBRAIRË 

DE    L*OBSERVATOIRE    DE    PARIS, 
Quai  des  Augustins,  55. 


1885 


SOMMAIRE  DU  No  10  (OCTOBRE  1885). 

Apparition  d'ane  étoile  dans  lanébnlense  d'Andromède,  parM.  C.  Flammarion  {1  figure).- 
L'Astronomle  chez  les  Javanais,  par  M.  R.  A.  Van  Sandick  (3  figures).  —  Théorie  de  la 
variation  séculaire  de  l'aiffaille  aimantée,  par  M.  Diamilla  Muller  .—Éclipse  partteUe 
de  Inné  dn  30  mars  1886,  par  M.  Ed.  du  Buisson  (2  figures).  —L'Astronomie  des  anciens 
philosophes  greoa,  par  M.  £.  Rossi  de  Giustiniani.  —  Le  cataclysme  de  Krakatoa  en- 
tendu aux  antipodes.  —  Nonvelles  de  la  Science.  Variétés  :  La  grande  marée  du  Mont 
Saint-Michel,  par  M.  C.  Gabillot  (2  figures).  La  rétrogradation  de  Tombre,  par  M.  A.  Blain 
Môme  sujet,  par  M.  Paul  JoiTô.  Curieux  effets  de  la  foudre  (1  figure).  Bolide  lent  ou  bradyte.  - 
pbserTations  astronomiques,  par  M.  E.  Vimont  (2  fleures). 


ARTIGUES  SOUS  PRESSE 

POUR  PARAITRE  DANS  LES  PROCHAINS  NUMÉROS  DE  LA  REVUE. 

FLAMMARION.  —  L'oriflrine  des  constellations.  —  L'étoile  double  (i  du  Dragon. 

BERTHELOT.  —  Sur  les  sifi^nes  des  métaux  rapprochés  des  simples  des  planètes. 

ERICSON.  —  Nouvelle  mesure  d^la  température  du  Soleil. 

TOUNG.  —  Les  problèmes  actuels  de  r  Astronomie. 

BARRÉ  (DO.  —  La  météorolofirie  en  Australie. 

FENET.  —  Les  curiosités  sidérales  vues  dans  les  instruments  moyens. 

VIMONT.  —  Instructions  pour  Tusag^e  des  instruments. 

DETAILLE.  —  L'Astronomie  des  anciens  Egyptiens.  —  La  périodicité  des  éléments 
magnétiques. 

6.  HERMITE.  —  Détermination  du  nombre  des  étoiles  de  la  voie  lactée. 

LESPIAULT.  —  Démonstration  élémentaire  des  lois  de  Newton. 

6ALLT.  —  Eclipses  de  Soleil  et  de  Lune  qui  arriveront  de  l'an  1886  h  l'an  2000. 

6.  TRAMBLAT.  —  Photographie  lunaire  dans  les  instruments  de  moyenne  puis- 
sance. 

H.  RAPIN.  —  Le  Jour  sidéral  et  la  rotation  de  la  Terre. . 

LBMSTRONE  ET  NORDENSKIŒLD.  —  Les  aurores  boréales. 


PRINCIPAUX  ARTICLES  PUBLIAS  DANS  LA  REVUE. 

BERTRAND  (J.),  de  l'Institut.  —Le  satellite  de  Vénus. 

DAUBRAE,  Directeur  de  l'Ecole  des  mines.  —  Les  pierres  tombées  du  Ciel. 

DENNIN6  (A.),  astronome  à  Brûtol.  —  Observations  télescopiques  de  Jupiter,  de  Venu 
de  Mercure. 

FATE,  Président  du  Bureau  des  Longitudes.  —Nouvelle  théorie  du  Soleil.  —  DistribntloB 
des  taches  solaires.  —  Mouvements  lents  du  sol  en  Suisse.  —  La  formation  du  sys- 
tème solaire.     * 

FLAMMARION.  —  Les  carrières  astronomiques  en  France.  —  Conditions  d'habita- 
bilité de  la  planète  Mars.  —  Constitution  physique  des  comètes.  —  Une  genèse  dans 
le  Ciel.—  Comment  on  mesure  la  distance  du  soleil.— Les  étoiles,  soleils  de  rinflni.- 
D'où  viennent  les  pierres  qui  tombent  du  Ciel?  —  Les  étoiles  doubles.  —  Chute  d'un 
corps  au  centre  de  la  terre.  —  La  conquête  des  airs  et  le  centenaire  de  Montgolfler.  -^ 
Les  grandes  marées  au  Mont  Saint-Michel.  —  Phénomènes  météorologiques  obser- 
vés en  ballon.  —  Une  excursion  météorologique  sur  la  planète  Mars.  —  Les  flam- 
mes du  Soleil.  —  Les  illuminations  crépusculaires  et  le  cataclysme  de  Krakatoa.- 
La  planète  transneptunienne.  —  L'étoile  du  Berger.  —  L'histoire  de  la  Terre.  —  Les 
vicumes  de  la  foudre.  —  Les  conditions  de  la  vie  dans  l'univers. 

GÉRI6NT,  astronome.  —  Comment  la  lune  se  meut  dans  l'espace.  —  Ralentissement  do 
mouvement  de  la  Terre.  —  La  formation  du  système  solaire.  —  Etudes  sélènographl- 
qnes.  —  L'èquatoriai  coudé  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  L'hèUomètre.  —  La  nais- 
sance de  la  Lune.  —  Les  grands  instruments  de  l'Astronomie. 

HENRT,  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  Découvertes  nouvelles  sur  UranuB.  —  La  photo* 
graphie  céleste. 

HERSGHEL  (A.-S.).  —  Chute  d'un  uranolithe  en  Angleterre. 

JAMIN,  de  l'Institut.  —Qu'est-ce  que  la  rosée? 

JANSSBN,de  Tlnstitut,  directeur  de  l'Observatoire  de  Meudon.  —  La  photographie  céleste.  - 
Résultats  de  l'éclipsé  de  Soleil  du  6  Mai  1888.  ' 

MOUCHEZ  (amiral),  directeur  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  Travaux  actuels  de  l'Observa- 
toire de  Paris.—  L^Observatoire  du  Pic  du  Midi.—  Création  d'une  succursale  de  l'Ob- 
servatoire. 

PARMENTIER  (général).  —  Distribution  des  petites  planètes  dans  l'espace. 

PERROTIN,  directeur  de  rObservatoirede  Nice.— La  comète  de  Pons.  — La  planète  Uranns. 

SCHIAPARELLI,  directeur  de  TObservatoire  de  Milan.  —  Les  canaux  de  la  planète  Mars. 

TROUVELOT,  de  l'Observatoire  de  Meudon.  —  La  comète  de  Pons.  —  Ombres  observées 
sur  le  Soleil.  —  La  planète  Mars  en  1884. 


Les  communications  relatives  à  la  rédaction  doivent  être  adressées  A  M.  G.  Flammarion,  Direc- 
teur de  la  Revue,  40,  avenue  de  l'Observatoire,  À  Paris,  ou  k  l'Observatoire  de  Juvisy  ; 
ou  bien  k  M.  Gèrigny,  Secrétaire  de  la  Rédaction,  41,  rue  du  Montparnasse, À  Paris. 


Le  plan  du  Journal  comporte  une  grande  variété  d'articles.  Chaque  Numéro  con- 
tient des  descriptions  de  science  populaire  rédigées  pour  les  lecteurs  qui  ne  font  pu 
profession  de  science,  pour  les  gens  du  monde  en  général;  des  études  plus  appro- 
fondies  destinées  aux  astronomes  amateurs;  et  des  recherches  intéressant  le» 
savants  curieux  de  pénétrer  de  plus  en  plus  les  grands  problèmes  de  U  nature. 


OCT 141885 


—  li'ASTRON^OMIE.  —  361 

APPARITION  D'UNE  ÉTOILE 

DANS    LA    NÉBULEUSE    D'ANDROMÈDE. 

Le  31  août  dernier,  nous  recevions  la  dépêche  suivante  : 

[De  Reims,  pour  Juvisy.  —  Déposé  sous  le  N®  22401,  le  31  août,  à  l»»  55"  du  soir.) 

«  Observez  étoile  condensée  au  centre  de  la  nébuleuse  d'Andro- 
a  mède.  »  «  P.  Lajoye.  » 

L'observation  de  l'auteur  de  ce  télégramme  avait  été  faite,  au  plus 

FiR  m. 


La  nébuleuse  d'Andromède  et  son  étoile  nouveUe. 

tard,  la  \eille,  c'est-à-dire  le  30,  et,  en  effet,  la  soirée  du  dimanche 
30  août  a  été  admirablement  belle.  Le  mauvais  temps  du  lundi  31  em- 
pêcha la  vérification  immédiate  de  cette  curieuse  annonce.  Mais,  quel- 
ques jours  après,  la  sérénité  du  ciel  nous  permit  de  constater  qu'un 
Octobre  1885.  10 


3Ô2  L'ASTRONOMIE. 

changement  remarquable  s'était  réellement  opéré  dans  la  nébuleuse 
d'Andromède. 

Notre  première  impression  toutefois  (et  elle  nous  est  restée)  a  été  que 
ce  n'était  pas  le  noyau  de  la  nébuleuse  qui  s'était  condensé,  mais  que 
c'était  une  étoile  variable  qui  se  trouvait  là,  —  soit  dans  la  nébuleuse 
elle-même,  soit  devant  elle.  Il  ne  se  manifestait  aucune  nébulosité  dans 
cette  étoile,  aucun  disque  :  elle  se  présentait  avec  l'éclat  d'une  étoile 
de  7"  à  8®  grandeur,  brillante  comme  un  point  lumineux,  sans  scintil- 
lation toutefois  et  un  peu  jaune. 

Voici  quelques  remarques  extraites  du  registre  d'observations  df 
l'observatoire  de  Juvisy  : 

6  septembre.  10^.  —  L'étoile  est  la  plus  brillante  de  toutes  celles  du  champ  do 
Toculaire  N»  1 .  Environ  7«  \  grandeur.  Elle  est  moins  brillante  que  les  deux  étoiles 
qui  sont  au-dessous  de  v.  surtout  moins  éclatante.  Relativement  à  la  nébuleuse 
elle-même,  son  éclat  est  si  grand,  toutefois,  qu'il  empêche  de  bien  distinguer  !♦• 
noyau  de  la  nébuleuse.  On  croit  voir  une  étoile  au  travers  du  brouillard. 

9.  10^.  —  L'étoile  est  du  môme  éclat,  et  les  conditions  restent  les  mêmes.  EHlr^ 
diffère  par  sa  netteté  du  noyau  de  la  petite  nébuleuse  (M.  3?)  qui  se  voit  à  un 
champ  au  sud  de  la  grande  (M.  31).  La  petite  nébuleuse  (H.  v.  18)  qui  existe  à 
un  champ  et  demi  au  nord-ouest  est  très  pâle. 

11.  10^.  —  L'étoile  est  brillante  mais  un  peu  jaune.  Atmosphère  très  pure  aprê- 
la  tempête. 

14.  10^.  —  On  distingue  mieux  le  noyau  de  la  nébuleuse,  à  côté  de  l'étoile. 
Celle-ci  est  un  peu  plus  faible.  Paraît  de  8  \. 

16.  10*>.  —  L'étoile  offre  le  même  éclat  que  celle  de  Tangle  inférieur  du  qua- 
drilatère de  la  petite  nébuleuse  du  Sud,  surtout  lorsqu'on  les  regarde  fixement 
Tune  et  Tautre;  en  regardant  obliquement,  l'étoile  nouvelle  parait  plus  brillante. 
Quand  on  regarde  de  face  les  deux  autres  du  quadrilatère,  surtout  celle  du  haut. 
elles  disparaissent  (lunette  de  108,  grossiss.  =  52).  Éclat  =  8  j  à  9«  gr. 

Comme  on  le  voit,  l'impression  est  tout  entière  en  faveur  de  la  varia- 
bilité d'une  étoile  et  non  d'un  changement  arrivé  dans  la  nébuleuse. 

Le  4  septembre,  nous  recevions  par  l'utile  circulaire  de  Lord  Craw- 
ford,  la  copie  d'un  télégramme  expédié  de  l'Observatoire  de  Kîel,  le 
31  août  à  minuit,  annonçant  la  même  découverte  faite  à  Dorpat,  par 
M.  Hartwig.  L'annonce  de  M.  Hartwig  avait  été  envoyée  de  Dorpat  à 
10**  13"  du  soir,  et  telle  est  la  date  de  sa  première  observation.  Or,  à 
cette  heure-là,  nous  avions  reçu  depuis  huit  heures  le  télégramme  de 
M.  Lajoye,  dont  l'observation  est  antérieure  d'un  jour  à  celle  de  Tas- 


APPARITION  D'UNE  ÉTOILE  DANS  LA  NÉBULEUSE  D'ANDROMÈDE        363 

tronome  russe.  Aussi  nous  empressâmes-nous,  dès  le  reçu  de  la  cirou- 
laire,d'envoyer  à  Lord  Grawford  un  télégramme  lui  signalant  la  priorité 
de  notre  correspondant.  La  circulaire  suivante  (5  septembre)  a  par  con- 
séquent inscrit  M.  Lajoye  parmi  les  «  découvreurs  »  du  changement 
arrivé  dans  la  nébuleuse.  Entre  l'obserA^ateur  français  et  l'observateur 
russe,  c'est  le  premier  qui  a  la  priorité. 

D'après  la  même  circulaire,  toutefois,  il  aurait  été  précédé  lui-même,  dès 
le  19  août,  par  une  observation  de  M.  IsaacW.  Ward.  D'après  le  Journal 
du  Ciely  la  nouvelle  étoile  a  été  observée,  le  30,  par  M.  Thibault; 

«  Avec  la  lunette  de  75"»"»  et  un  oculaire  de  15  à  20  diamètres,  écrit-il,  la  vue 
était,  il  y  a  quelques  jours,  splendide  comme  lumière,  mais  je  n'avais  rien  vu  que 
ce  qu*en  disait,  autrefois  Simon  Marins  :  «  Elle  ressemble  à  une  chandelle  vue  à 
travers  un  morceau  de  corne.  »  L'apparence  était  exactement  ce  que  figurent  les 
deux  dessins  donnés  dans  Touvrage  Les  Étoiles  de  Flammarion,  comme  repré- 
sentant ce  que  l'on  peut  voir  avec  une  lunette  de  75™°*  ou  de  108"".  Ce  so/r. 
dimanche,  vers  8^20",  je  me  mets  à  observer  cette  nébuleuse,  et,  à  mon  grand 
étonnement,  je  vois  juste  au  centre  un  point  brillant  comme  une  étoile  de 
6«  grandeur,  mais  un  peu  plus  terne.  » 

D'autre  part,  M.  L.  Gulley  nous  mande  de  Rouen  que  le  17  août,  un 
télescope  Foucault  de  0  "^20  «  montrait  une  étoile  à  la  place  du  noyau 
habituel.  » 

Quelle  que  soit  la  date  précise  du  changement,  il  vient  certaine- 
ment (  *  )  de  se  passer  là,  dans  les  profondeurs  du  Ciel,  un  phénomène 
du  plus  haut  intérêt.  Ce  n'est  pas  que  le  noyau  de  l'immense  nébuleuse 
se  soit  subitement  condensé  en  soleil  (ce  serait  là  une  merveille  plus 
fantastique  encore  que  toute  variation  dans  Téclat  d'une  étoile);  mais 
c'est  la  constatation  de  la  variabilité  d'une  étoile  singulièrement  située. 
Elle  n'est  pas  tout  à  fait  au  centre  de  la  nébuleuse,  et  ne  coïncide  pas 
avec  le  noyau.  Elle  le  précède  d'une  quantité  qui  a  été  estimée  par 
M.  Ralph  Copeland  à  1%6  (et  à  5'' au  sud),  par  M.  Bigourdan  à  l',2. 

D'après  les  observations  faites  à  l'Observatoire  de  Paris,  la  com- 
paraison de  l'étoile  nouvelle  avec  une  voisine  (154  B,D +  40*^  =  969 
Weisse  20**)  l'étoile  a  diminué  d'éclat  dans  la  proportion  suivante  : 

6  septembre 7,3 

11         —       8,2 

IV.         —        9,0 

(»)  C'est-à-dire  que  nous  venons  de  recevoir  l'ondulation  lumineuse  partie  de  là  à 


364  L'ASTRONOMIB. 

A  l'Observatoire  de  Palerme,  la  nébuleuse  a  été  examinée  par  notre 
savant  correspondant  M.  Riccô.  «  Le  nouveau  noyau,  nous  écrit-il,  est 
à  peu  près  au  milieu  de  la  nébuleuse;  avec  Tillumination  du  champ,  il 
ressemble  tout  à  fait  à  une  petite  étoile.  Son  spectre  est  semblable  à 
celui  des  étoiles.  En  remplaçant  la  lampe  qui  sert  à  Tillumination  du 
champ  par  une  lampe  à  alcool  salé,  j'ai  trouvé  que  ledit  spectre  s'étend 
seulement  du  côté  le  plus  réfrangible  de  la  raie  D  du  sodium  (X=  589).  » 

Parmi  les  observations  faites  à  Paris,  nous  remarquons  celles  de 
M.  SchmoU,  à  l'aide  d'une  petite  lunette  Bardou  de  7S"". 

«  Depuis  vos  derniers  conseils^  nous  écrit-il  à  la  date  du  7  septembre,  je  tiens 
un  journal  spécial  de  toutes  mes  observations,  quelles  qu'elles  soient,  et  voici  ce 
que  j'y  relève  : 

a  12  août.  9^.  —  Nébuleuse  d'Andromède  :  noyau  très  clair,  mais  petit,  comme 
une  étoile.  Oculaire  grossissant  80  fois.  —  Avec  le  grossissement  de  150,  noyau 
plus  grand,  mais  moins  lumineux,  sauf  le  centre,  qui  brille  très  vivement.  La 
forme  elliptique  est  difficile  à  saisir. 

«  6  septembre.  9*».  —  Ciel  très  pur.  La  forme  elliptique  est  visible  avecle  gros- 
sissement de  80,  surtout  si  Ton  remue  un  peu  l'instrument.  Il  y  a  certainement 
une  étoile  au  centre  du  noyau. 

«  Aussi  jugez  de  mon  étonnement  ce  matin  en  recevant  le  journal  annonçant 
qu'on  vient  de  découvrir  à  l'Observatoire  de  Vienne  une  étoile  de  7«  grandeur 
dans  cette  fameuse  nébuleuse.  » 

Sans  connaître  le  changement  arrivé,  M.  Lihou  le  remarquait  à  Tob- 
servatoire  de  la  Société  scientifique  Flammarion,  de  Marseille,  et,  nous  le 
signalait  dans  les  termes  suivants  : 

La  nébuleuse  d'Andromède  se  présente  actuellement  avec  une  belle  étoile 
de  l'*  grandeur  au  centre  même  du  noyau.  Ce  ne  peut  guère  être  une  petite  pla- 
nète. Ce  n'est  point  là  leur  région.  Je  croirais  plutôt  à  la  présence  derrière  la 
nébuleuse  d'une  étoile  qui  tout  d'un  coup  aurait  augmenté  d'éclat. 

Le  10  août  dernier,  M.  Codde  et  moi,  nous  nous  trouvions  sur  la  tour  de  la 
Société  pour  voir  les  étoiles  filantes.  Il  faisait  un  fort  clair  de  lune.  Les  étoiles 
de  2«  grandeur  étaient  juste  visibles  dans  la  région  est  du  ciel,  nous  avions  à 
notre  disposition  la  petite  lunette  de  75«°>  grossissant  35  fois  environ. 

Je  cherchai,  ce  soir-là,  si,  malgré  la  présence  de  la  Lune,  je  ne  pourrais  pas  voir 
la  nébuleuse  d'Andromède.  A  sa  place  même  je  trouvai  une  belle  nébuleuse  ronde, 
avec  étoile  de  7«  grandeur  au  centre;  elle  n'ofl'rait  pas  son  aspect  ordinaire. 

l'époque  de  la  variation,  laquelle  est  antérieure  à  notre  observation  terrestre  de  tout  le 
temps  que  la  lumière  emploie  pour  franchir  la  distance  qui  nous  sépare  de  cette  région 
céleste. 


APPARITION  D'UNB  ÉTOILE  DANS  LA  NÉBULEUSE  D'ANDROMÈDE.        365 

M.  Codde  fut  de  mon  avis,  mais  vu  la  présence  de  la  Lune,  la  faiblesse  de  l'in- 
strument employé,  nous  n*y  portâmes  pas  grande  attention. 

A  la  Société  astronomique  de  Nantes,  M.  Le  Biboul  signale  de  son  côté 
la  constatation  de  l'étoile  nouvelle  par  les  observateurs  de  cette  Société. 

Nos  lecteurs  trouveront  dans  notre  ouvrage  Les  Étoiles  l'histoire  de 
cette  curieuse  nébuleuse,  depuis  sa  première  inscription  dans  les  cata- 
logues d'étoiles,  faite  par  l'astronome  persan  SûG,  au  dixième  siècle  de 
notre  ère,  jusqu'aux  observations  télescoplques  faites  par  Bond  et  Trou- 
velot  aux  États-Unis.  Nous  ne  reviendrons  pas  ici  sur  ces  détails.  Mais 
nous  rappellerons  que  d'une  part  quinze  cents  étoiles  ont  été  relevées 
dans  l'observation  télescopique  de  cette  nébuleuse  et  que  d'autre  part 
son  spectre  étant  continu,  dépourvu  de  raies,  sa  constitution  reste  in- 
connue, de  sorte  que  nous  ne  savons  pas  encore  si  elle  est  gazeuse  ou 
si  elle  est  composée  d'un  amas  d'étoiles.  Pourtant,  comme  ce  spectre  est 
rogné  du  côté  du  rouge,  la  nébuleuse  serait  plutôt  stellaire  que  gazeuse. 
Néanmoins  nulle  résolvabilité!  Mais  quelle  étendue  !  En  ne  la  supposant 
pas  plus  éloignée  que  les  étoiles  les  plus  proches,  elle  ne  mesurerait  pas 
moins  de  cinq  cent  cinquante-cinq  milliards  de  lieues  de  diamètre  !  !  Si 
c'est  une  agglomération  d'étoiles,  une  voie  lactée,  elle  est  incompara- 
blement plus  vaste.  William  Herschel  pensait,  d'après  son  aspect  (lui 
qui  avait  tant  étudié  les  nébuleuses),  qu'elle  devait  être  deux  mille  fois 
plus  éloignée  que  Sirius.  Nous  n'aurons  pas  l'audace  d'écrire  quelle 
grandeur  correspond  à  cette  distance.  L'aspect  parle  en  faveur  d'une 
nébulosité;  mais  nul  n'ignore  qu'il  faut  se  déûer  des  apparences. 

Il  ne  s'agit  certainement  pas  ici  d'une  condensation  de  noyau,  mais 
d'une  étoile  temporaire.  Cette,  étoile  variable  est-elle  en  connexion  avec 
la  nébuleuse,  ou  bien  se  trouve-t-elle,  par  perspective,  juste  devant  elle? 
Deux  faits  viennent  nous  ordonner  la  plus  grande  circonspection. 

Et  d'abord,  ne  serait-il  pas  bien  singulier  qu'une  étoile  variable  se 
trouvât  précisément  en  perspective  devant  ce  point  du  ciel?  Il  n'y 
a  pas  beaucoup  d'étoiles  variables.  Qu'il  s'en  trouve  une  justement  près 
du  centre  de  cette  nébuleuse,  ce  serait  bien  extraordinaire.  Que  cette 
variable  n'appartienne  pas  à  la  classe  générale  des  variables  (puisque 
depuis  trois  cents  ans  qu'on  observe  la  nébuleuse  au  télescope  on  ne  l'a 
jamais  vue),  mais  à  la  classe,  beaucoup  plus  rare,  des  étoiles  tempo- 
raires: c'est  ce  qui  augmente  encore  la  difficulté. 

Le  second  fait  qui  nous  jette  absolument  dans  la  perplexité,  c'est  que 


366  L'ASTRONOMIE. 

ce  n'est  pas  la  première  fois  que  pareil  événement  arrive  dans  une  né- 
buleuse. 

Entre  le  9  et  le  21  mai  1860,  l'amas  d'étoiles  du  Scorpion,  connu  sous 
le  nom  de  80  Messier,  s'est  transformé,  en  apparence,  de  nébuleuse  en 
étoile.  Jusqu'alors,  il  avait  offert  l'aspect  d'une  pâle  nébulosité  comé- 
taire,  bien  définie,  graduellement  condensée  vers  le  centre,  et  William 
Herschel  voyait  en  lui  un  beau  type  d'amas  d'étoiles.  Le  9  mai  1860,  il 
offrait  le  même  aspect  que  d'habitude,  comme  on  le  voit  par  les  observa- 
tions de  M.  Pogson.  Le  21  mai,  M.  Luther,  à  l'Observatoire  de  Kœnigs- 
berg,  et  le  28,  M.  Pogson  à  l'Observatoire  d'Hartwell,  constatèrent  chacun 
de  leur  côté,  et  sans  être  en  rapport  l'un  avec  l'autre,  que  cette  petite 
nébuleuse  avait  disparu,  et  qu'à  sa  place  on  voyait  une  étoile  de 
V  grandeur l 

Était-ce  là  une  condensation  de  la  nébuleuse  en  étoile?  NuUementj 
Le  10  juin,  l'étoile  avait  disparu  à  son  tour,  et  la  nébuleuse  était  reve- 
nue !  Elle  y  est  toujours.  Tout  près  de  là,  il  y  a  déjà  deux  étoiles  varia- 
bles, S  et  T  du  Scorpion.  En  est-ce  une  troisième,  qui  se  trouve  juste 
entre  l'amas  nébuleux  et  nous?  C'est  possible;  mais  il  faut  avouer  que 
ce  serait  bien  extraordinaire.  Et  ce  qui  l'est  encore  plus,  c'est  que  le 
même  fait  vienne  de  se  produire  juste  devant  la  nébuleuse  d'Andromède, 
en  une  tout  autre  région  du  ciel.  C'est  même  d'une  telle  invraisemblance 
que  nous  admettrons  que  l'étoile  d'Andromède  comme  celle  du  Scorpion 
doivent  appartenir  à  ces  nébuleuses,  mais  sans  être  pourtant  une  con- 
densation subite  et  incompréhensible  du  noyau. 

Quelque  inattendue  qu'elle  soit,  cette  conclusion  est  confirmée  par  un 
troisième  fait.  Dans  la  nébuleuse  du  Navire,  l'étoile  y)  subit  des  fluctua- 
tions qui  la  portent  de  l'invisibilité  jusqu'à  l'éclat  même  de  Sirius.  On 
en  a  vu  la  description  détaillée  (deux  siècles  d'observations)  dans  Les 
Étoiles  [p.  548]. 

La  même  conclusion  est  encore  confirmée  par  un  quatrième  fait  : 
l'étoile  qui  apparut  dans  le  Cygne  en  1876  est  actuellement  remplacée 
par  une  nébuleuse  planétaire. 

Ajoutons  encore  que  sur  les  24  étoiles  temporaires  observées  depuis 
les  origines  de  l'astronomie,  presque  toutes  sont  apparues  dans  la  Voie 
lactée;  celles  des  années  123,  1012  et  1876  n'en  sont  pas  éloignées: 
une  seule  est  un  peu  loin,  celle  de  1876,  dans  la  Couronne  boréale. 

Ainsi,  selon  toute  probabilité,  la  nébuleuse  d'Andromède  est  un  amas 


L'ASTRONOMIE  CHEZ  LES  JAVANAIS.  367 

d'étoiles  (de  20"  à  30"  grandeur?)  et  l étoile  qui  vient  de  briller  vers 
son  centre  est  un  de  ses  soleils  dont  la  photosphère  a  subi  une  soudaine 
conflagration...  soleil  immense,  sans  doute  des  milliers  de  fois  plus 
gigantesque  que  le  nôtre  !  Le  ciel  est  grand;  l'homme  est  imperceptible. 

Camille  Flammarion. 


L'ASTRONOMIE  CHEZ  LES  JAVANAIS. 

Chez  les  peuples  peu  civilisés,  les  idées  de  religion  ont  partout  pour  base 
les  notions  d'Astronomie  plus  ou  moins  précises  que  Thomme  acquiert  en 
observant  journellement,  sans  les  comprendre,  les  mouvements  du  Soleil,  de 
la  Lune  et  des  astres.  Ainsi,  pour  approfondir  l'Astronomie  des  peuples  de 
Textrême  Orient,  il  est  absolument  nécessaire  d'étudier  leur  religion,  car 
Tastronome  est  prêtre  d'abord,  et  ses  idées  d'Astronomie  sont  cachées  dans 
les  allégories  religieuses  et  les  légendes  préhistoriques  qui  se  propagent  de 
génération  en  génération,  de  père  en  fils. 

Parmi  les  peuples  qui  habitent  TArchipel  Malais,  nous  allons  considérer 
d'abord  les  Dajacs,  indigènes  encore  sauvages  de  Tîle  de  Bornéo.  Le  Révérend 
D""  Abé,  de  la  Mission  anglaise,  qui  a  étudié  la  religion  des  habitants  du  nord 
de  l'île,  nous  raconte  qu'elle  a  pour  base  a  la  peur  des  puissances  célestes  » 
qui  demeurent  dans  les  étoiles.  Pour  les  Dajacs,  le  centre  de  l'univers  et  la 
résidence  du  Créateur  «  Fapa  »  se  trouve  dans  la  Constellation  des  Pléiades. 

L'origine  de  la  Constellation  des  Pléiades  est  racontée  dans  une  légende, 
très  populaire  chez  les  peuples  Dajacs.  Elle  est  si  curieuse,  qu'elle  intéres- 
sera certainement  vos  lecteurs  des  deux  mondes. 

Dans  les  temps  reculés,  les  habitants  de  Bornéo  étaient  pauvres  et  mal- 
heureux. Ils  se  nourrissaient  de  fruits  et  d'herbes,  car  ils  ignoraient  la  cul- 
ture des  champs.  Un  jour,  après  une  inondation  terrible,  huit  Dajacs  furent 
sauvés  miraculeusement  :  après  avoir  flotté  très  longtemps  sur  des  eaux 
inconnues,  ils  eurent  le  bonheur  d'aborder  une  île  déserte.  En  errant,  ils 
découvrent  là  un  escalier,  qui  touchait  au  Ciel,  et  qui  les  conduisit  jusque 
dans  les  étoiles,  où  ils  trouvèrent  des  arbres,  des  plantes,  des  rivières,  des 
animaux  et  des  hommes  célestes. 

Ces  hommes  célestes  se  nourrissaient  de  riz,  cultivé  dans  des  rizières  vastes 
et  magnifiques.  Les  huit  Dajacs  apprirent  là  l'usage  et  la  culture  du  riz. 
Renvoyés  à  la  Terre  pour  instruire  leurs  frères,  le  Créateur  «  Fapa  »  leur 
permit  d'emporter  rdme  du  riz.  Sous  leur  direction  l'île  de  Bornéo  fut 
bientôt  couverte  de  rizières  ;  de  peuple  nomade  les  Dajacs  devinrent  agricul* 
teurs.  Les  huit  Dajacs,  bienfaiteurs  de  leur  peuple,  après  leur  mort,  rappelés 


368 


L'ASTRONOMIE. 


par  le  Créateur  «  Fapa  »,  furent  changés  en  étoiles.  Par  une  cause  quelconque 
un  des  huit  tomba  du  Ciel  et  fut  changé  en  pierre.  Les  sept  autres  forment 
la  constellation  des  Pléiades  ou  «  Sekerah  »  qui,  en  effet,  chez  les  Dajacs  de 
nos  jours,  règle  la  culture  des  rizières.  Car  les  prêtres  Dajacs  observent  la 
position  des  Pléiades  par  rapport  à  Thorizon  et  à  la  Lune,  et  c'est  ainsi 
qu'ils  fixent  non  seulement  les  dates  pour  les  fêtes  religieuses,  mais  aussi 
les  dates  pour  la  plantation  et  la  récolte  du  riz. 
Cependant  les  Pléiades  ne  sont  pas  la  seule  constellation  connue  par  les 

Fig.  125. 


?iAe 


•tf**"»* 


Le  calendrier  javanais. 

Dajacs.  Ils  connaissent  Orion,  qu'ils  nomment  Pite  Perenuk^  Sirius  ou  Surieu, 
et  la  Grande  Ourse.  Parmi  les  planètes  ils  distinguent  spécialement  Tétoile  du 
soir,  Vénus,  qu'ils  nomment  Shirwanuh.  il  est  intéressant  de  remarquer 
que  les  Dajacs  ont  sur  l'origine  du  monde  des  notions  qui  offrent  cer- 
taines ressemblances  avec  le  récit  de  la  création  exposé  dans  le  premier 
livre  de  la  Genèse.  Ils  gardent  notamment  encore  la  tradition  d'un  déluge 
qui  aurait  causé  la  mort  de  tous  les  êtres  vivants,  à  l'exception  de 
quelques  Dajacs,  élus  par  Dieu.  Comme  tous  les  peuples  sauvages,  ils  ont 
encore  le  culte  des  fétiches  ;  ils  adorent  et  vénèrent  des  morceaux  de  pierre 
noire.  Ils  croient  que  ces  pierres  sont  tombées  des  étoiles  comme  messages  ou 
incarnations  des  dieux.  Quelques  exemplaires  de  ces  dieux  de  pierre  sont  en 
effet  des  uranolithes,  et  les  indigènes,  supposant  qu'ils  sont  originaires  des 
Pléiades,  leur  attribuent  une  force  surnaturelle  plus  grande  qu'aux  autres. 

L'île  de  Java,  située  entre  les  parallèles  de  5°  30'  et  de  8**  30' de  latitude  aus- 
trale, est  habitée  par  des  peuples  d'origine  malaise,  qui  sont  agriculteurs 
depuis  des  dizaines  de  siècles.  Nous  avons  à  Java  les  restes  d'une  civilisatioa 
très  développée,  importée  par  les  Indous,  mais  à  peu  près  détruite  plus  tard 


L'ASTRONOMIE  CHEZ  LES  JAVANALS. 


369 


par  Tadoption  de  nslam.  Devenus  mahométans,  les  Javanais  employent  ordi- 
nairement le  calendrier  arabe  ou  le  Hidjrah,  qui  est  basé  sur  Tannée  lunaire 
de  douze  mois  et  dont  la  durée  totale  est  de  354  à  355  jours*  La  date  du 
nouvel  an  par  exemple,  dans  un  espace  de  trente-trois  ans,  parcourt  toute 
Tannée  grégorienne  ou  tropique.  On  conçoit  aisément  que,  pour  l'agriculteur, 
Tannée  lunaire  soit  fort  peu  pratique,  s'il  veut  calculer  une  époque  quelconque 
des  saisons,  ou  des  moissons,  qui  dépendent  de  Tannée  solaire.  Aussi  les 
Javanais  ont-ils  gardé  leur  année  solaire,  et  Tappliquent-ils  pour  résoudre 
les  questions  de  date  qui  se  rencontrent  dans  l'agriculture. 
M.  Oudemans  nous  décrit  les  méthodes  dont  se  servent  les  Javanais  pour 


Méthode  des  ombres  pour  diviser  l'année  solaire  en  douze  mongso  ou  mois. 

se  procurer  la  connaissance  d'une  époque  déterminée  de  Tannée  solaire  ou 
tropique.  La  méthode  la  plus  en  vogue  à  Java  mérite  une  description  plus 
détaillée.  Le  Javanais  observe  les  ombres  projetées,  pendant  toute  Tannée,  à 
midi,  par  un  bâton  vertical  ou  bien  par  un  homme  debout.  Pour  fixer  les  idées, 
prenons  la  moyenne  entre  les  parallèles  de  5^30*»  et  de  8*» 30'  de  latitude  Sud, 
entre  lesquelles  est  située  Tlle  de  Java,  (soit  7**).  L'inclinaison  de  Técliptique 
étant  23^30',  nous  trouvons  deux  valeurs  extrêmes  pour  les  distances  de 
zénith  du  Soleil  à  Java  à  midi  (fig.  126)  : 


A  JAVA,  LATITUDE  AUSTRALE  7'. 

Distance  zénithale  maximum  Z  1,  21  juin,  solstice  d'été 30%5  Nord. 

Distance  zénithale  maximum  Z  D,  22  décembre,  solstice  d'été . .    16*,5  Sud. 

La  figure  nous  donne  directement  : 

Longueur  maximum  de  l'ombre  à  midi  le  21  juin  =  AF 

^  AB  tang.  30%5  =  0,5890  x  AB 
Longueur  maximum  de  l'ombre  à  midi  le  22  décembre  -^  AG 

=  AB  tang.  16%5  =  0,2962  x  AB 

10* 


370  L  ASTRONOMIE. 

d'où  Ton  déduit  approximativement  : 

AF  =  2  AC. 

Les  Javanais  ont  découvert  d'une  manière  tout  à  fait  empirique  la  relation  : 
AF  =  2AC. 

En  divisant  AG  en  deux  parties  égales  et  AF  en  quatre  parties  égales, 
la  ligne  CF,  comprise  entre  les  deux  maxima  de  longueur  d'ombre,  se  trouve 
partagée  en  six  parties  égales.  Dans  un  an  solaire,  l'ombre  du  point  B  se 
déplace  de  F  à  C  et  vice  versa  de  G  à  F,  tandis  que  les  points  J  et  D  coïnci- 
dent avec  les  solstices  d'hiver  et  d  été.  Le  temps  nécessaire  à  parcourir  une 
des  parties  égalesrs'appelle  un  mongso  ou  mois. 

On  comprendra  que  :  1"*  la  longueur  de  chaque  mois  n'est  pas  égale  : 
2*»  les  12  mongso  constituent  l'année  solaire  ou  tropique;  3*  les  points 
F  en  G  correspondent  aux  solstices. 

Les  douze  mongso  forment  le  calendrier  javanais,  fondé,  comme  on  le 
voit,  sur  l'année  tropique. 

Les  Hollandais,  dans  leurs  relations  avec  les  indigènes,  ne  font  usage  que  du 
calendrier  grégorien;  le  calendrier  arabe  est  employé  dans  le  calcul  des 
fêtes  de  rislam.  Mais  les  Javanais,  conservateurs  par  excellence,  ont  con- 
tinué de  préférer  leur  division  en  mongso.  Dans  les  derniers  temps,  les  Java- 
nais eux-mcmes  ne  savaient  plus  calculer  leurs  mongso  d'une  manière  bien 
exacte.  Dans  les  calendriers  javanais  on  trouvait  une  différence  notable  entre 
la  longueur  du  même  mongso  et,  en  ajoutant  la  durée  des  12  mongso,  pris 
du  même  calendrier,  quelquefois  l'addition  était  360  ou  362  jours,  ce  qui  est 
évidemment  fautif;  car  la  somme  doit  donner  nécessairement  la  durée  totale 
de  l'année  solaire,  soit  trois  cent  soixante-cinq  jours  un  quart. 

M.  le  D^  A.  B.  Gohen  Stuart,  a  proposé  en  1855,  au  Sultan  ou  Sousouliounan 
de  Soura,  Karta,  Pakou  Bouwono  VII,  de  régler  l'année  des  mongso  d'une 
manière  définitive.  Le  Sultan,  chef  titulaire  des  Javanais  en  toute  matière 
concernant  la  religion  ou  les  usages  (adat),  a  adopté  la  méthode  de 
M.  Gohen  Stuart,  qui  est  acceptée  universellement  depuis  cette  époque.  Le 
premier  jour  de  Tan  I  a  été  le  22  juin  1855,  les  mongso  ont  successivement 
une  longueur  de  41,  23,  24,  25,  27,  43,  43.  26  (dans  une  année  bissextile  :?7;. 
25,  24,  23,  41  jours.  L'addition  nous  donne  365  ou  366  jours. 

Les  années  bissextiles  ne  coïncident  pas  avec  les  années  bissextiles 
grégoriennes;  ainsi  le  commencement  du  môme  mongso  ne  cori-espond 
pas  toujours  à  une  certaine  date  de  notre  calendrier,  mais  peut  en  différer 
d'un  ou  deux  jours;  le  nouvel  an  javanais  solaire  correspond,  par  exemple, 
au  21  ou  22  juin  de  notre  année. 

La  deuxième  méthode  employée  par  les  Javanais  pour  calculer  une  époque 


L'ASTRONOMIE  CHEZ  LES  JAVANAIS.  371 

déterminée  de  Tannée  solaire  est  l'étude  des  astres.  Chez  eux  comme  chez  les 
Dajacs,  chez  les  Grecs  et  chez  les  Égyptiens,  nous  trouvons  les  pléiades 
cocnme  régulatrices  de  l'année,  et  ensuite,  en  second  lieu,  Orion. 

Pour  déterminer  les  époques  de  la  culture  des  rizières,  Tagriculteur 
javanais  observe  deux  constellations  :  lintang  wolouh  ou  les  Pléiades,  et  lintang 
loukouh  ou  Orion  [fig.  127). 

Les  Trois  Rois  sont  8,  e  et  Ç  Orion.  Près  de  cette  constellation  il  y  a  trois 

Fig.  127. 


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CoDstellatioDs  observées  par  les  Javanais  pour  les  époques  de  la  culture  du  riz. 

I.  CoDStellation  :  «  lintang  loukouh  *  ou  la  Charrue, 

C,  >,  è  Orion  (les  trois  Rois) La  Charme. 

c,  •,  i  Orion La  sellette. 

X  et  p  (Rigel) Les  Karban  ou  boaufs  de  charrue. 

II.  Conatellatlon  :  lintang  wolouh  (les  Pléiades)  se  oompose  de  six  étoiles  des  Pléiades. 

petites  étoiles  dirigées  du  Nord  au  Sud,  c,  6  et  i  Orion,  et  encore  deux 
grandes  étoiles  qui  sont  situées  au  Nord-Est  et  au  Nord-Ouest  de  ces  petites 
étoiles,  X  et  p  Orion.  (Rigel)  Dans  les  Trois  Rois,  8,  e  et  Ç  Orion,  le  Javanais 
voit  la  Charrue,  dans  les  trois  petites  étoiles  c,  6  et  t  Orion,  la  Sellette,  et  dans 
les  deux  grandes  étoiles,  x  et  p  Orion,  les  bœufs  de  charrue,  La  constellation 
entière  se  nomme  la  Charrue  (loukouh). 

Le  laboureur  calcule  la  hauteur  de  ces  étoiles  au-dessus  de  l'horizon  et  leur 
position  par  rapport  au  méridien,  soit  une  demi-heure  après  le  coucher  du 
Soleil,  soit  le  matin  une  demi-heure  avant  Taube,  et,   par  l'expérience, 


372  L'ASTRONOMIE. 

ces  positions  lui  donnent  les  mongso,  sans  intermédiaire  de  la  méthode  des 
ombres.  M«  Oudemans  a  vérifié  les  résultats  javanais,  et  il  en  tire  la  consé- 
quence que  1^  méthode  employée  est  peu  précise  et  bien  imparfaite. 

Comme  nous,  les  Javanais  emploient  des  semaines  de  sept  jours;  mais  ea 
même  temps  ils  ont  des  semaines  de  cinq  jours,  de  sorte  que  le  même  jour 
peut  être  désigné  par  deux  mots. 

Le  jour  javanais  commence  au  coucher  du  soleil,  et  non  à  minuit  comme 
chez  nous.  A  une  latitude  de  7^  les  jours  sont  à  peu  près  égaux  ;  le  soleil  se 
couche  tous  les  jours  à  peu  près  à  six  heures,  c'est  le  moment  choisi  pour 
changer  la  date.  C'est-à-dire  que  chez  eux  le  soir  du  V  décembre,  par 
exemple,  précède  le  matin  de  la  même  date. 

Quant  à  la  division  du  jour,  c'est-à-dire  de  la  période  entre  deux  couchers 
successifs  du  soleil,  il  paraît  que,  dans  les  temps  reculés,,  les  Javanais  divi- 
saient cette  période  en  seize  heures.  Aujourd'hui,  ils  suivent  généralement  la 
division  européenne  en  vingt-quatre  heures.  Mais  il  faut  ajouter  que  les 
heures  fixées  par  les  rites  des  prières  de  Tlslam  arabe  (cinq  par  jour)  sont 
également  très  répandues. 

Tout  Javanais  est  quelque  peu  astronome.  On  voit  partout  des  cadrans 
solaires,  composés  d'un  demi-cercle  de  bois  divisé  en  12  et  placé  dans  un 
plan  vertical;  au  centre  du  cercle  est  fixée  une  aiguille  de  bambou  ou  de  fer 
perpendiculaire  au  plan  du  cercle  et  bien  orientée  au  méridien.  Pour  exécuter 
cette  opération  le  Javanais  n'a  pas  besoin  de  compas.  Le  premier  enfant  venu 
connaît  le  Nord,  et  si  on  lui  demande  quelle  heure  il  est,  un  seul  coup  d'œil 
en  haut  suffit  pour  répondre.  Tout  Javanais  vous  dira  l'âge  de  la  Lune  et 
par  suite  la  date  de  l'année  lunaire,  sans  avoir  consulté  de  calendrier. 

R.  A.  Van  Sandick, 
Ingénieur  des  ponts  et  chaussées  aux  Indes  Néerlandaises. 


THÉORIE  DE  LA  VARIATION  SÉCULAIRE 

DE  ^AIGUILLE  AIMANTÉE. 

On  ne  saurait  douter  que  les  oscillations  séculaires  du  courant  magnétique  ne 
fassent  partie  d'un  cycle  dont  la  durée  correspond  avec  celle  de  quelque  grand 
phénomène  astronomique. 

Mais  quel  peut  être  ce  phénomène?' 

Trente  années  d'études  et  d'observations  me  conduisent  aux  déductions  sui- 
vantes. 

Je  partage  en  trois  points  distincts  le  phénomène  général  du  magnétisme  ter- 
restre :  La  cause,  la  forme,  la  période  totale  du  phénomène. 

lo  La  cause  productrice  du  phénomène  émane  incontestablement  du  Soleil, 


THÉORIE  DE  LA  VARIATION  SÉCULAIRE  DE  L'AIGUILLE  AIMANTÉE.      373 

qui  influence  la  Terre  comme  toutes  les  planètes.  Cette  force  n'est  qu'une  modi- 
fication de  l'attraction.  Attraction  solaire,  électricité,  magnétisme,  toutes  forces 
qui  se  transforment  harmonieusement  les  unes  dans  les  autres,  et  concourent  à 
modifier  et  à  rétablir  l'équilibre  de  notre  système  planétaire,  et  l'équilibre  de 
rUnivers. 

Cette  cause,  du  reste,  ressort  d'une  manière  absolue  de  la  solution  du  troisième 
problème,  c'est-à-dire  de  la  démonstration  de  la  durée  périodique. 

2®  La  forme  que  présente  le  phénomène  sur  la  surface  terrestre  est  la  résul- 
tante complexe  de  l'obliquité  de  Taxe  du  monde  par  rapport  au  Soleil;  delà 
distribution  irrégulière  de  la  matière  qui  constitue  la  masse  du  globe;  de  l'acti- 
vité plus  ou  moins  grande  de  la  surface  du  SoleiL 

Par  le  fait  de  l'obliquité  de  Taxe  terrestre  a  lieu  la  période  de  24  heures  connue 
sous  le  nom  de  variation  diurne,  et  la  période  des  saisons  appelée  variation 
annuelle. 

Parle  fait  de  la  distributioa  irrégulière  de  la  matière  qui  constitue  la  masse 
terrestre,  et  de  la  distribution  accidentée  des  continents  et  des  mers,  a  lieu  l'irré- 
gularité du  réseau  magnétique,  c'est-à-dire  le  défaut  de  parallélisme  relatif  entre 
les  différentes  lignes  isogones,  isoclines  et  isodynamiques^  et  le  défaut  d'opposi- 
tion des  pôles  magnétiques. 

L'activité  plus  ou  moins  grande  de  la  surface  solaire  règle  tous  les  phéno- 
mènes des  perturbations  dans  la  circulation  magnétique,  les  différences  d'inten- 
sité, les  déviations  accidentelles  de  l'aiguille,  les  décharges  lumineuses  des 
aurores  polaires,  etc. 

30  La  période  vraie,  la  période  totale,  proprement  dite  séculaire  du  magné- 
tisme terrestre  n'est  que  la  conséquence  directe  des  lois  du  mouvement  de  la 
Terre  dans  l'espace;  ou,  pour  être  plus  précis,  la  conséquence  du  grand  phéno- 
mène astronomique  de  la  précession  des  équinoxes  et  de  la  nutation  de  Vaxe  de 
la  Terre. 

C'est  sur  ce  fait  unique  que  j'appelle  l'attention  des  astronomes  et  des  physi- 
ciens, parce  que,  à  mon  avis,  il  nous  conduit  à  résoudre  l'important  et  difficile 
problème  de  la  variation  séculaire  du  magnétisme  terrestre  et  même  de  la  cause 
du  magnétisme. 
Il  faut  examiner  l'ensemble  général  du  mouvement  de  l'aiguillo  aimantée. 
En  24  heures,  l'aiguille  accomplit  sa  courbe  diurne  pour  revenir  à  son  point  de 
départ,  qui  toutefois  n'est  pas  le  même  point  de  la  veille. 

En  12  mois,  la  même  aiguille  parcourt  sa  courbe  annuelle,  contenant  365  courbes 
diurnes,  pour  rechercher  la  même  position  occupée  l'année  précédente  à  la 
même  date;  n^ais  cette  ancienne  position  recherchée  n'est  pas  le  même  point 
qu'elle  avait  quitté. 

En  une  longue  série  d'années,  dont  nous  ne  pouvons  pas  établir  le  nombre,  la 
même  aiguille,  après  avoir  coïncidé  avec  le  méridien,  se  déplace  vers  TEst, 
jusqu'à  former  un  angle  maximum  de  déclinaison;  ensuite  elle  rebrousse  chemin, 
repasse  par  le  méridien,  décline  vers  l'Ouest  jusqu'à  former  un  angle  maximum 


374  L'ASTRONOMIE. 

donné;  puis  revient  de  nouveau  sur  ses  pas,  se  déplace  toujours  vers  l'Est,  et, 
selon  toute  probabilité,  elle  s'arrête  avant  d'arriver  à  Vangle  primitif,  ou  elle  le 
surpasse. 

Et  ce  mouvement  se  répète  et  se  renouvellera  tous  les  jours,  tous  les  ans,  sans 
cesse,  pendant  des  années,  pendant  des  siècles,  jusqu'à  ce  que  l'aiguille  ait 
accompli  son  grand  cycle,  renfermant  toutes  les  centaines  de  milliers  de  courbes 
des  siècles,  des  années,  des  jours. 

Quel  est  donc  ce  grand  cycle? 

Les  observations  établissent  que  si  le  pôle  magnétique,  observé  d*un  point 
quelconque  du  globe,  employait,  à  l'Est  du  méridien,  le  même  temps  employé 
à  VOuest,  la  période  totale  de  la  révolution  du  pôle,  c'est-à-dire  la  variation 
séculaire,  serait  d'environ  650  ans,  en  supposant  que  ce  mouvement  représentât 
la  période  séculaire. 

S'il  en  était  ainsi,  on  devrait  admettre  que  le  déplacement  du  pôle  magnétique 
aurait  lieu  suivant  un  cercle  autour  du  pôle  terrestre,  soit  à  latitude  invariable, 
soit  à  latitude  variable.  Dans  ce  cas,  on  pourrait  supposer,  par  analogie,  que  la 
période  d'environ  650  ans  devrait  se  rapporter  à  la  même  cause  qui  produit  la 
période  décennale  des  perturbations,  des  taches  solaires  et  des  aurores  polaires, 
savoir  à  l'activité  de  la  surface  du  Soleil. 

En  effet,  comme  on  a  remarqué  qu'un  premier  cycle  des  perturbations 
magnétiques  et  des  taches  solaires  correspond  à  la  période  de  dix  à  onze 
années;  comme  ensuite  on  a  vérifié  que  le  cycle  des  aurores  polaires  est  d'en- 
viron 60  ans  (période  que  l'on  doit  nécessairement  subdiviser  en  six  périodes 
moindres,  de  dix  à  onze  ans  chacune,  correspondantes  aux  alternatives  régu- 
lières que  présentent  les  taches  du  Soleil)  ;  ainsi  Ton  pourrait  conclure  que  la 
période  de  60  ans  représente  à  son  tour  une  subdivision  d'une  période  plus  grande 
de  650  ans,  correspondante  au  cycle  que  nous  venons  de  supposer  propre  de  la 
variation  séculaire  de  l'aiguille  aimantée. 

Si,  dis-je,  il  en  était  ainsi,  la  cause  de  la  variation  séculaire  du  magnétisme 
terrestre  serait  toute  trouvée,  car  elle  serait  la  même  qui  règle  les  différentes 
périodes  décennales  et  sexagénaires,  qui  dans  ce  cas  cacherait  une  autre  grande 
période  encore  inconnue,  c'est-à-dire  l'activité  même  de  la  surface  du  Soleil. 

Mais,  malheureusement,  nous  avons  constaté  que  le  pôle  magnétique,  dans  sa 
révolution  séculaire,  ne  suit  pas  un  cercle,  mais  une  courbe  irrégulîère,  à  double 
courbure,  qui,  tout  en  marchant,  pourra  se  modifier,  suivant  la  nature  des  lieux 
qu'il  devra  parcourir,  et  dont  l^a  périphérie  pourra  seulement  être  vérifiée  par 
les  observateurs  de  l'avenir.  Par  conséquent  la  période  sus-indiquée  de  650  ans 
comme  variation  séculaire  est  purement  et  simplement  hypothétique. 

En  outre  de  cela,  lorsqu'on  examine  le  mouvement  général  de  la  circulation 
magnétique;  lorsqu'on  voit  que  l'aiguille  aimantée  ne  revient  jamais  exacte- 
ment à  la  même  place  sur  un  point  quelconque  de  la  surface  du  globe;  lorsq[u  on 
sait  que  les  pôles,  l'équateur  et  les  méridiens  magnétiques  se  déplacent  sans 
cesse;  lorsqu'on  yoit  que  tout  le  réseau  des  lignes  magnétiques  varie  toujours. 


THÉORIE  DE  LA  VARIATION  SÉCULAIRE  DE  L'AIGUILLE  AIMANTÉE.      375 

comme  varie  sans  cesse  la  position  relative  des  astres  dans  les  deux;  lorsque 
d'un  autre  côté  Ton  admire  le  travail  sublime  de  la  nature  dans  Tunité  de  ses 
forces  physiques,  en  face  des  phénomènes  les  plus  différents;  on  est  conduit  à 
appliquer  au  phénomène  magnétique  la  même  cause  qui  produit  le  même  effet, 
c'est-à-dire  la  loi  qui  règle  le  mouvement  de  la  Terre  dans  l'espace,  sauf  les 
modifications  de  détail,  inhérentes  à  la  nature  même  du  phénomène,  essen- 
tiellement mobile. 

Voyons  donc  si  réellement  nous  avons  trouvé  le  grand  phénomène  astrono- 
mique qui  se  rapporte  d'une  manière  complète  à  roscillation  diurne,  annuelle  et 
séculaire  du  magnétisme  terrestre. 

Avec  rinfluence  directe  du  Soleil,  on  peut  expliquer  le  phénomène  tout  entier 
de  la  circulation  magnétique  de  la  Terre. 

Avec  les  fluctuations  plus  ou  moins  accentuées  de  la  surface  solaire,  on  peut  se 
rendre  compte  de  tous  les  phénomènes  des  perturbations  et  des  orages  magné- 
tiques. 

Avec  les  lois  du  mouvement  de  la  Terre,  on  a  la  clef  de  toute  la  marche  régu- 
lière, diurne,  annuelle,  séculaire,  de  l'aiguille  aimantée. 

La  vérification  en  est  facile  et  à  la  portée  de  tout  le  monde;  elle  met  en  évi- 
dence un  fait  nouveau  de  l'unité  harmonieuse  des  forces  de  la  nature. 

En  effet,  comme  la  période  de  dix  à  onze  ans  des  perturbations  magnétiques 
et  des  taches  solaires  est  une  subdivision  de  la  période  de  60  ans  ;  comme 
celle-ci  est  probablement,  à  son  tour,  une  subdivision  d'une  autre  période  plus 
étendue  de  650  ans;  cette  dernière  doit  être  une  subdivision  du  grand  cycle  final, 
proprement  dit  séculaire,  qui  correspondra  à  celui  de  la  précession  des  équinoxes. 

Il  faut  bien  se  rappeler  que  le  fait  de  la  précession  a  été  dévoilé  aux  astro- 
nomes bien  longtemps  avant  qu'ils  aient  pu  en  découvrir  la  cause. 

En  résumé  :  je  ne  sais  pas  qui  oserait  aujourd'hui  mettre  en  doute  l'influence 
directe  du  Soleil  sur  Taiguille  aimantée,  qu'il  y  a  à  peine  trente  ans  on  niait 
absolument;  je  ne  sais  pas  non  plus  qui  pourrait  méconnaître  la  coïncidence  des 
périodes  des  taches  solaires,  des  perturbations  magnétiques  et  des  aurores  polaires. 
De  la  même  manière  je  ne  crois  pas  qu'il  soit  facile  de  contredire,  avec  des  argu- 
ments solides,  l'idée  que  je  publie  aujourd'hui  pour  la  première  fois,  savoir  : 

La  cause  de  la  variation  séculaire  du  magnétisme  terrestre  se  trouve  dans 
les  lois  mêmes  du  mouvement  de  la  Terre  dans  V espace,  dans  les  lois  de  la 
précession  des  équinoxes  et  de  la  nutation; 

Et  l'autre  idée,  qui  en  est  la  conséquence  nécessaire,  c'est-à-dire  : 

La  cause  de  tous  les  phénomènes  magnétiques  est  la  même  que  celle  de  la 
gravitation  universelle. 

DiAMILLA  MULLER. 
Milan,  août  1885. 


376  L'ASTRONOMIE. 

ÉCUPSE  PARTIELLE  DE  LUNE  DU  30  MARS  1885. 

Observations  prises  de  la  gare  de  Saint-Denis,  lie  de  la  Réunion  (>). 

Le  temps,  menaçant  depuis  quelques  jours,  fut  splendide  le  30  au  lever  de  la 
Lune,  qui  nous  trouva  prêts,  à  6^», 

J'observais  avec  uue  lunette  de  108™™,  de  Secrétan,  oculaire  terrestre,  champ 
de  35', 

La  Lune  sort  de  Thorizon  avec  une  couleur  rouge  brique  clain 


Marche  de  la  Lune  dans  Tombre  de  la  Terre  pendant  l'écUpse  du  30  Mars 
observée  à  TUe  de  la  Réunion. 

O'^lô^ûO».  Le  bord  Sud-Est,  quoique  plus  sombre  que  le  reste,  semble  s'iriser 
légèrement.  Le  Nord- Est  très  clair  relativement. 

6^26°k  Le  bord  Sud-Est  s'assombrit  sensiblement. 

6'>29".  Sous  l'influence  de  la  pénombre,  les  cirques  se  détachent  plus  nettement, 
Platon  est  noir,  on  le  voyait  à  peine  tout  à  l'heure. 

6*»  32™.  Kepler  sombre,  bien  visible.  Aristarque  toujours  très  brillant. 

6^  35™.  Remparts  de  Tycho  brunissent. 

5h  41m  50».  lor  contact.  Le  bord  de  l'ombre  transparente  arrive  presque  au  bord 
de  Schickard. 

6^47".  L'échancrure  s'avance,  Hainzel  va  entrer  dans  l'ombre  transparente.  Le 
bord  éclipsé  disparaît. 

6*»  50™  30^  Le  bord  redevient  visible. 

(*)  Chronomètre  réglé  temps  moyen  de  Saint-Denis  sur  l'état  absolu  d'un  autre  dont 
la  marche  n'avait  pas  été  vérifiée  depuis  six  mois.  Je  ne  crois  pas,  cependant,  à  une 
erreur  de  plus  d'une  minute  environ. 

M.  Auguste  Mestres,  à  qui  je  témoigne  ici  toute  ma  reconnaissance  pour  avoir  mis 
son  bureau  à  ma  disposition,  comme  observatoire,  a  bien  voulu  prendre  part  à  mon 
petit  travail,  en  tenant  le  chronomètre  et  la  plume. 


ÉCLIPSE  PARTIELLE  DE  LUNE  DU  30  MARS  1885.  377 

6^  52".  L*ombre  transparente  rase  la  mer  des  Humeurs. 

gb  57ni  Tycho  et  Kepler  dans  l'ombre  transparente.  Le  bord  disparaît  au  centre 
de  Tare  éclipsé  et  forme  deux  cornes  claires. 

Le  bord  de  Tombre  est  mal  déâni;  l'ombre  transparente  est  certes  égale  à  bien 
deux  fois  le  diamètre  de  Tycho, 

7*>  3«  3».  Contact  Tycho,  qui  est  en  plein  dans  l'ombre  transparente. 

7^  10"  7».  Contact  Arisiarque. 

7h  12»  15»,  5.  Contact  Copernic.  Toute  la  partie  éclipsée  complètement  invisible  ; 

Fig.  129. 


Nord 

Marche  de  l'ombre  sur  le  disque  lunaire  pendant  Téclipse  du  30  Mars 
observée  &  File  de  la  Réunion. 

Aristarque  seul  paraît  comme  un  promontoire  blanchâtre  dans  l'ombre,  et  très 
bien  visible  (oculaire  terrestre). 

7*»  16™.  A nsiarque  toujours  visible. 

7*>  17"».  L'ombre  coupe  Ptolémée  en  deux. 

7b  25™  18*.  Les  Apennins  entrent  dans  l'ombre, 

7*»  32™  51».  Contact  Manilius,  Bord  éclipsé  toujours  invisible. 

7^  34™  30*.  Le  bord  de  l'ombre  sur  le  bord  est  du  golfe  des  Iris,  celui  de  l'ombre 
transparente  sur  les  monts  Hémus. 

L'ombre  transparente  ne  me  paraît  pas  de  beaucoup  plus  large  que  1  minute. 

7^4i™.  L'ombre  s'avance  sensiblement  de  l'Ouest  au  Nord  et  presque  pas  de 
l'Est;  elle  glisse. 

7b  42».  Bord  éclipsé  absolument  invisible. 

7b  44m  50s.  Contact  de  la  pointe  Nord,  golfe  des  Iris. 

7h  48».  Platon,  Posidonius  et  Proclus  à  égale  distance  de  l'ombre. 

7*»  53™.  Contact  de  Tombre  transparente  avec  Posidonius. 

7b  53m  gs.  Contact  Proclus  avec  ombre. 

7b  55m  25».  Contact  Posidonius  avec  ombre. 

10- 


378  L'ASTRONOMIE. 

7h  56m  /ii9^  5,  Contact  mer  des  Crises, 

7^  58™  20».  Bord  éclipsé  toujours  invisible. 

8^  2°»  30«.  Une  petite  étoile  très  brillante  paraît  brusquement  au  bord  supérieur 
Vrai  diamant  tremblottant  sur  le  bord  absolument  invisible  de  la  Lune. 

8^  4"  20».  Les  cornes  s'allongent.  Merdes  Crises,  éclipsée  jusqu'au  bord  septen- 
trional, reste  visible  néanmoins.  Platon  reste  sur  le  bord  extrême  de  l'ombre. 

8^.  10".  Mer  des  Crises  dans  l'ombre,  mais  toujours  visible.  Cirque  de  Posido- 
nius  redevient  visible.  Platon  marque  toujours  la  limite  de  l'ombre. 

8*»  11™.  Bord  éclipsé  reparaît  faiblement. 

8^  12™.  L'ombre  passe  par  la  pointe  nord  de  la  mer  des  Crises,  Egède,  Platon 
et  le  milieu  du  golfe  de  la  Rosée. 

8'>14™.  Platon  semble  s'éclairer. 

8^  17™.  Le  disque  s'éclaire  par  l'Est  vers  le  Sud-Est. 

8*>  19™  MAXIMUM.  Golfe  des  Iris  reparaît  dans  l'ombre  transparente,  et  les  alen- 
tours de  Platon  s'éclairent. 

8^  23™  20».  Le  bord  Sud-Est  s'illumine. 

gh  24™  45».  Aristarque  apparaît  déjà  comme  un  point  dans  l'obscurité  (ocul.  terr.i. 

8^  27™  32».  Ombre  rase  le  fond  du  golfe  des  Iris, 

8^  39™  25».  Contact  extérieur  Posidonius  (retour). 

gh  Qm  48s.  Contact  extérieur  Copernic. 

9^  12™.  Le  bord  éclipsé  visible  à  l'œil  nu. 

9*»  14"  50».  Contact  intérieur  mer  de  la  Sérénité,  extérieur  mer  des  Crises  (celle-ci 
invisible). 

N.  B.  L'ombre  est  bien  plus  nette  dans  son  contour  qu'à  l'entrée;  l'ombre 
tran^arente  bien  accentuée.  L'estimation  de  sa  largeur  =  1  fois  1/2  diamètre 
Platon  du  Nord  au  Sud,  me  paraît  la  plus  exacte. 

A  partir  de  9*»  15™,  la  Lune  étant  à  45»  et  ma  lunette  n'ayant  qu'un  pied  à  six 
branches  et  une  distance  focale  assez  grande,  l'observation  devint  très  pénible, 
et  je  dus  attendre  la  fin  de  l'éclipsé  pour  noter  la  sortie. 

gu  45in  34».  Pétavius  sort  de  Tombre. 

9*»  53™  12».  Sortie.  L'ombre  transparente  marquée  sur  le  bord. 

Mon  attention  s'est  portée  tout  particulièrement  sur  l'estimation  de  Vombre 
transparente,  signalée  par  M.  Flammarion,  à  propos  de  Téclipse  du  4  octobre  1884, 
et  qu'il  a  si  ingénieusement  appliquée  à  la  détermination  de  l'épaisseur  de  l'atmo- 
sphère terrestre.  Dans  l'éclipsé  du  30  mars,  elle  ne  nous  a  pas  paru  aussi  large 
que  deux  fois  Platon,  mais  environ  une  fois  et  demie. 

Ed.  Du  Buisson. 

(Saint-Denis,  Réunion.) 

P.  S.  Avec  le  mois  d'avril,  les  lueurs  crépusculaires  sont  revenues  avec  une 
intensité  inouïe.  Chaque  soir  l'Occident  est  en  feu,  et  les  rougeurs  vont  colorer 
les  nuages  jusqu'au  Sud-Est  :  cest  le  cas  du  12  avril. 


L'ASTRONOMIE  DES  ANCIENS  PHILOSOPHES  GRECS.  379 

L'ASTRONOMIE  DES  ANCIENS  PHILOSOPHES  GRECS. 

La  Revue  a  publié,  en  avril  1884,  une  petite  description  poétique  concer- 
nant le  véritable  système  du  monde,  chanté  par  Proclus. 

L'Hymne  au  Soleil  est,  en  effet,  remarquable  non  seulement  au  point  de 
vue  poétique;  mais,  ce  qui  est  le  plus  étonnant  encore,  au  point  de  vue 
scientifique. 

Il  est  certain  que  les  grands  philosophes  de  l'antiquité  avaient  parfaite- 
ment connu  la  véritable  organisation  de  notre  système  planétaire,  mais  la 
réserve  et  les  réticences  commandées  alors  par  les  lois  établies  obligeaient 
souvent  ces  savants  à  cacher,  sous  des  emblèmes  et  des  figures,  toutes  leurs 
connaissances  acquises  dans  le  domaine  de  la  Science.  Les  vérités  astrono- 
miques étaient  de  ce  nombre.  Si,  trois  mille  ans  plus  tard,  Galilée  eut  à 
rétracter  la  vérité,  à  plus  forte  raison  les  savants  d'alors  devaient-ils 
cacher  aux  profanes,  sous  peine  de  persécutions,  les  mystères  de  la  Science. 
Dans  le  siècle  où  il  écrivait  ;  Proclus,  le  célèbre  néo-platonicien,  n'avait  pas 
de  réserve  à  garder  pour  décrire,  d'après  les  idées  de  Pythagore  et  d'Orphée, 
en  y  associant  celles  de  Plotin,  de  Jamblique  et  de  Syrianus,  son  maître,  la 
véritable  organisation  du  Cosmos.  Un  peu  mystique  de  sa  nature  et  plaçant 
Textase  au-dessus  de  la  raison,  Proclus,  emporté  par  la  fougue  de  son 
imagination,  décrit  sous  l'inspiration  des  Muses  et  chante  dans  la  langue 
des  dieux  la  danse  des  planètes  autour  du  Titan  aux  rênes  d'or  qui  tient  la  clé 
des  sources  de  la  Vie, 

Les  appréciations  des  modernes  concernant  les  astronomes  de  l'antiquité 
ne  sont  pas  toujours  justes.  On  ne  doit  pas  trop  prendre  à  la  lettre  ce  que 
nous  disent  Plutarque,  Diogène  de  Laerce,  Elias  Spartien  et  bien  d'autres 
encore,  car,  tout  bons  historiens  qu'ils  soient,  ils  n'étaient  pas  toujours  très 
compétents  pour  juger  les  hypothèses  hardies  de  ces  grands  explorateurs  du 
Ciel,  hypothèses  pour  la  plupart  vérifiées  de  nos  jours.  Toutes  ces  questions 
de  la  philosophie  ésotérique  pouvaient  être  en  dehors  de  leur  domaine,  ou 
bien,  ne  voulant  pas  attaquer  les  croyances  reçues,  ils  acceptaient,  malgré 
eux,  les  enseignements  de  la  philosophie  populaire. 

Peut-on  sérieusement  supposer  qu'Anaxagore,  appelé  le  génie  par  ses  con- 
temporains, ôv  oî  TOTe  vouv  TTpocTfiYopeuffav,  ait  pu  croire  et  enseigner  que  le  Soleil 
était  une  pierre  enflammée^  fiuSpo;  Sia7rv»po(;,pas  plus  grande  que  le  Péloponèse? 
Une  pareille  absurdité  de  la  part  de  celui  qui  donna  les  premiers  germes  à  la 
philosophie  de  Kepler  et  de  Newton  paraît  inadmissible.  Qu'Anaxagore  ait 
soutenu  une  telle  opinion  devant  les  ignorants,  je  n'en  doute  pas.  Le  maître 
d'Euripide,  .d'Archélaûs  et  de  Socrate  devait,  plus  ou  moins,  respecter  les 
croyances  populaires.  Malheureusement  pour  lui,  l'amour  de  la  vérité  fut 


380  L'ÂSTHONOMIE. 

quelquefois  chez  lui  plus  grand  que  la  crainte.  Il  osa  enseigner  publiquement 
quelques  vérités  de  l'École  ionienne,  et  c'est  alors  qu'il  fut  persécuté  par  ses 
concitoyens  et  ne  dut  son  salut  qu'à  la  protection  de  Périclès,  son  disciple 
et  son  ami. 

Je  laisse  de  côté  Anaximandre,  qui,  dit-on,  prétendait  que  le  SoleU  est 
un  chariot  d'un  feu  très  vif  qui  s'échappe  par  une  ouverture  circulaire j  Philolaûs, 
qui  enseignait  à  ses  disciples  que  le  Soleil  est  une  masse  de  verre,  Xénophane, 
qui  soutenait  qu'il  y  a  plusieurs  soleils  et  plusieurs  lunes,  opinions  dont 
l'authenticité,  d'ailleurs,  n'est  rien  moins  que  prouvée.  Arrivons  à  des  concep- 
tions plus  sûres. 

Pyihagore  et  Platon  croyaient  que  les  planètes  s'étaient  formées  aux  dépens 
de  l'atmosphère  solaire. 

La  célèbre  Cosmogonie  de  Laplace  ne  dit  pas  autre  chose. 

Les  planètes,  d'après  Platon,  furent  lancées  en  ligne  droite  dans  l'espace, 
et  la  pesanteur  ou  l'attraction  changea  ce  mouvement  et  le  rendit  circulaire. 

Gela  fut  démontré  mathématiquement  par  Kepler  et  Newton. 

Anaxagore,  interrogé  sur  la  raison  qui  fait  que  les  corps  célestes,  malgré 
leur  pesanteur,  sont  retenus  dans  leurs  orbites,  répond  que  la  rapidité  de 
leur  cours  les  conserve  dans  cet  état,  et  que,  si  ce  mouvement  venait  à  se 
ralentir,  l'équilibre  étant  rompu,  toute  la  machine  du  monde  subirait  un 
bouleversement  : 

Tri  (npôSp^  Si  icepiSivi5<Tei  ouviortavai  xa\  dvaôévtoi  xotTevex^i^ffeaOau 

(DiOG.  Laert,  in  Anax&g,,  lib.  11,  12.) 

Peut-on  concilier  cette  idée  grandiose  avec  l'idée  enfantine  d'un  Soleil  de 
la  dimension  du  Péloponèse? 

Simplicius,  philosophe  éclectique,  croit  aussi  que  la  force  centrifuge 
contre-balance  la  pesanteur  et  que  là  est  le  secret  de  l'équilibre  des  corps. 

Les  Stoïciens  pensaient  qu'un  fluide  éthéré  formait  les  liens  de  l'univers.  Ce 
fluide  n'est  autre  que  l'éther  des  modernes. 

Aristote,  dans  son  traité  de  Mundo,  ircpl  xo^jacu,  donne  le  nom  de  divin  à  ce 
fluide.  Empédode  l'appelle  irafAipavooDv,  radieux,  lumineux  par  lui-même.  La 
racine  du  mot  éther  l'indique  :  aïôeiv  veut  dire  brûler.  En  langue  sanscrite,  le 
fluide  universel  est  appelé  dschtra,  d'où  probablement  le  mot  grec  a^pw, 
astre.  Les  Pythagoriciens  le  considéraient  comme  un  cinquième  élément 
d'une  subtilité  infinie  et  remplissant  l'univers.  Ce  cinquième  élément  no 
serait-il  pas  la  matière  radiante  de  Grookes? 

Si  Proclus  a  décrit  poétiquement  le  vrai  système  du  monde,  le  voici  exposé, 
tel  qu'il  était  admis  parles  Pythagoriciens. 


L'ASTRONOMIE  DES  ANCIENS  PHILOSOPHES  GRECS.  381 

nudayopixoi  d^v  $è  ^^v,  oiSTe  âxCviiTOVy  oSre  h  yd^tf  t^c  irepiçopSç  oSaav,  dXX)e  x<ixXi|) 
tcepl  Tb  icup  aI(Dpoufiivr|V. 

(Plut,  opéra,  1. 1.  p.  67.) 

Théon  de  Smyrne  dit  aussi  : 

"Oti  ?0Ti  Y?)  (AST^wpoç  xal  xivetTai  ic6p\  xb  Toiu  X07;iOU  {Jl^OOV. 

Ce  n'est  pas  seulement,  de  la  part  des  astronomes  grecs,  la  conception 
vraie  du  système  planétaire  qui  doit  nous  étonner.  Ces  géants  de  l'antiquité 
ont  pu  aussi  s'élever,  par  la  pensée,  jusqu'à  la  conception  de  quelques-unes 
des  lois  qui  régissent  l'univers  sidéral,  lois  découvertes  et  démontrées 
mathématiquement  par  les  astronomes  modernes. 

Leur  del  de  cristal,  tant  critiqué  encore  aujourd'hui,  ciel  sur  lequel  étaient 
attachées  les  étoiles,  est  une  interprétation  fausse  du  mot  cristal.  Ce  ciel 
ridicule  devait,  sans  doute,  satisfaire  le  peuple,  mais  il  est  plus  rationnel  de 
croire  qu'il  signifiait,  pour  les  astronomes  grecs,  ou  la  transparence  des 
espaces,  ou  la  froide  température,  xpucrro^Xoç,  glace,  qui  règne  dans  ces 
régions  lointaines. 

Si  Aristote  a  appelé  les  étoiles  IvSeîefiéva  ictpa,  astres  fixés,  ce  n'est  pas  qu'il 
croyait  que  les  étoiles  fussent  attachées  au  Ciel,  mais  il  entendait  par  là 
qu'elles  conservent  toujours  entre  elles  la  même  distance  apparente. 

Les  astronomes  modernes,  tout  en  sachant  que  les  étoiles  sont  en  mouve- 
ment dans  l'espace,  ne  les  appellent-ils  pas  encore  étoiles  fixes? 

Aristote  a  même  évité  dans  ses  écrits  l'expression  ciel  de  cristal,  et  Platon 
dit  expressément  dans  son  Timée  que  les  astres  ont  un  mouvement  de 
rotation. 

Hcraclide  et  tous  les  Pythagoriciens  enseignaient  que  chaque  étoile  est 
un  monde  composé,  comme  le  nôtre,  d'un  soleil  et  de  planètes  : 

*'£xa9T0v  Tuv  â^£p(i)v  X09U.0V    ôirap^etv,  ^v  irepu^ovxa^  dfoTpaTe  xa\  alO^pi,  Iv  tÇ 
diTEtpo)  alOe^pi. 

(Plut,  de  Placitis,  1,  2,  c.  13  et  30.) 

Anaximène  croyait  que  les  étoiles  étaient  des  masses  immenses  de  feu, 
autour  desquelles  certains  corps  terrestres  que  nous  ne  pouvons  apercevoir, 
accomplissent  des  révolutions  périodiques  : 

'AvaÇijxÉvYjç  TfopivTjV  jxàv  t)|v  çuoiv  Twv  dfoTpiDv,  irapi^eiv  $è  Tivi  xal  -^tbiBri  ac^fxaTOt, 
(TufxiueptoepopLeva,  toiroiç  dtfpaxa. 

(Stobœus,  p.  53.) 

Devant  une  pareille  conception  de  l'univers,  le  ciel  de  cristal  vole  en  éclats 
pour  nous  faire  entrevoir  la  magnificence  des  espaces  célestes.  La  Galaxie 


382  L'ASTRONOMIE. 

même  a  été,  par  la  puissance  de  l'esprit  de  Démocrite,  résolue  en  étoiles  : 

Av)u.oxpiTO<   iroXXcov  xa\   pitxpcliv,   xa\   ouvexôSv   dortpcov   ov{Açii}Ti2[op.£va>v   i'kkT^kou^ 
o\jvauYoe9(iLbvy  oïde  t^v  ieuxv<o9tv  dLirtxoXct. 

(Plut,  de  Placitis,  liv.  I£I,  c.  1.; 

Si  nous  descendons  de  ces  hauteurs  jusqu'à  notre  système  solaire,  nous 
trouvons  que  les  anciens  avaient  deviné  la  topographie  de  la  Lune. 

Proclus,  dans  son  Commentaire  sur  Timée,  rapporte  trois  vers  de  cet 
ancien  philosophe,  dans  lesquels  il  dit  que  la  Lune  est  une  terre  comme  la 
nâtrey  qui  a  ses  montagnes  et  ses  vallées  : 

Miq^axo  S*  JXXv|v  YOtîav  direipoETOv,  ^Jv  tc  9eXiiv7|V 
'AOavaTov  xX^C^oiv,  lirt^Ocvioi  $à  xi  {jii{vv|v. 
'H  icoXX'  oup'  ï/iti,  icoTX'  dforea,  ico^Xà  {oXaOps. 

(Proclus,  de  Orpheo,  lib.  IV.) 

Le  phénomène  des  marées,  occasionné  par  Tattractionl  lunaire  et  expliqué 
par  Newton,  a  aussi  été  deviné  par  Pythéas  de  Marseille,  contemporain 
d'Aristote  : 

IluOéac  6  MaaoraXt(ft»Tiic  tt)  icXT)pf09«i  vfiç  9cXi{vv)ç   xh^   irXT)fA.{fcupa(  fvno^aiy  T«j  Se 

(Plut,  de  Placitis,  lib,  III,  c.  17.) 

Les  comètes  mêmes,  qui  n'ont  pas  brisé  le  ciel  de  cristal  des  anciens, 
avaient  été  observées  par  eux.  Stobée  ainsi  qu'Aristote  exposent  en  ces  termes 
le  sentiment  des  Pythagoriciens  :  Les  disciples  du  philosophe  de  Samos 
croient  que  les  comètes  sont  des  astres  errants  qui  ne  paraissent  que  dans  un 
certain  temps  de  leurs  cours  ; 

To)v  UuâaYOptxuv  Ttve<  (ùv  dorépa  f  adv  sTvai  tov  xo(iLiqTr,v  tcov  o3x  aUi  ^aivoiuvotiv 
oià  Bl  Tivoç  $ta>pior{iévou  /povou  luepioSucSç  dvotTeXXovxuv. 

Aller  plus  loin  serait,  sans  doute,  fatiguer  le  lecteur.  Ces  quelques  pages 
sont  une  réhabilitation  en  faveur  des  astronomes  grecs.  Sans  doute  la  Science 
a  progressé,  et  nul  n'oserait  comparer  les  prodiges  accomplis  de  nos  jours 
avec  Tétat  des  connaissances  anciennes.  Ces  prodiges  sont  le  résultat 
de  trois  mille  ans  d'études  patientes  et  laborieuses  faites  par  tous  les  savants 
de  l'univers.  Mais  ce  qui  étonne  et  étonnera  toujours,  c'est  que  les  grands 
hommes  de  l'antiquité  soient  arrivés,  plus  ou  moins,  et  par  la  seule  puis- 
sance de  leur  génie,  à  la  vraie  conception  de  la  plupart  des  phénomènes 
de  l'univers.  Ils  ont  émis  des  hypothèses  et  ces  hypothèses  hardies  ont 
été  presque  toutes  confirmées  de  nos  jours. 

E.  ROSSI  DE  GlUSTINlANI. 


LE  CATAaYSME  DE  KRAKATOA  ENTENDU  AUX  ANTIPODES.  383 

LE  C4TACLYSME  DE  KRAKATOA  ENTENDU  AUX  ANTIPODES. 

Le  9  mars  dernier,  M.  Forel,  de  Morges,  communiquait  à  l'Académie 
les  curieux  documents  qui  suivent  : 

Voici  d'abord  l'observation  originale,  telle  qu'elle  in*est  adressée  par  un  de 
mes  compatriotes  établi  au  Honduras  : 

Au  sud  de  Cuba,  par  80*  longitude  Ouest  de  Greenwich  et  20*  latitude  Nord,  sont  trois 
îlots  connus  sous  les  noms  de  Gros-Caïman,  Petit-Caïman  et  Caïman-Brac,  habités  par 
des  pêcheurs  de  tortues  :  station  de  sauvetage  pour  les  naufragés  et  agences  du  Lloyd. 
Au  mois  d'octobre  1883,  comme  je  me  trouvais  dans  Tîled'Utila,  sur  la  côte  du  Honduras, 
les  journaux  nous  entretinrent  des  grandes  éruptions  volcaniques  du  détroit  de  la  Sonde 
et,  en  causant  avec  le  capitaine  Robert  Woodville,  qui  venait  de  recevoir  des  nouvelles 
des  Caïmans,  j'appris  ce  qui  suit.  Le  dimanche,  26  août  1883,  les  habitants  de  Gaîman- 
Brac  furent  surpris  d'entendre  des  bruits  comme  le  roulement  lointain  du  tonnerre;  le 
ciel  était  cependant  serein  et  leur  première  idée  fut  qu'un  croiseur  espagnol  était  aux  prises 
avec  un  flibustier  cubain.  Ne  voyant  rien  au  sud,  ils  traversèrent  l'île  en  courant  au 
nord  ;  mais  de  quelque  côté  qu'ils  portassent  leurs  regards,  ils  n'aperçurent  ni  fumée  ni 
navire.  Cependant  la  canonnade  continuait  et,  en  revenant  sur  leurs  pas,  ils  se  convainquirent 
que  ces  bruits  étaient  souterrains.  Au  premier  moment,  ils  s'attendaient  à  voir  leur  îlot 
s'engloutir  ou  se  transformer  en  volcan  ;  maïs  peu  à  peu,  les  détonations  cessant,  leurs 
craintes  se  dissipèrent.  Ce  phénomène  extraordinaire  n'en  fît  pas  moins  les  frais  de 
maintes  conversations;  on  n'avait  oublié  ni  le  fait  ni  la  date,  lorsque  les  journaux 
publièrent  les  premières  dépêches  sur  le  cataclysme  de  Krakatoa,  et  les  curieux  consta- 
tèrent bientôt  que  les  Caïmans  et  Java  sont  à  peu  près  aux  antipodes  l'un  de  l'autre  ; 

les  hypothèses  alors  d'aller  leur  train. 

Edmond  Rodlbt. 

Sans  vouloir  être  trop  affirmatif,  et  sans  accepter  d'enthousiasme  un  fait  aussi 
étrange  que  la  propagation  des  bruits  souterrains  de  l'éruption  de  Krakatoa  à 
travers  la  masse  entière  du  globe,  j'indiquerai  les  motifs  qui  me  font  accueillir 
provisoirement  cette  observation. 

Et  d'abord  il  n'est  pas  probable  que  les  bruits  des  Caïmans  proviennent  de 
l'un  des  volcans  des  continents  voisins.  D'après  M.  C.-W.-C.  Fuchs,  il  y  a  eu 
dans  ces  parages  deux  éruptions  pendant  l'été  de  1883.  L'Omotepec,  l'un  des  vol- 
cans insulaires  du  lac  Nicaragua,  est  entré  en  éruption  le  19  juin,  avec  formation 
d'un  nouveau  cratère  et  émission  de  laves;  au  mois  d'août  les  laves  étaient 
encore  brûlantes.  Le  Cotopaxi,  dans  TÉtat  de  l'Equateur,  a  eu,  à  la  fin  d'août, 
une  courte,  mais  violente  éruption,  accompagnée  de  tremblement  de  terre.  La  di- 
stance directe  de  Caïman-Brac  à  ces  deux  volcans  est  pour  TOmotepec  de  1 100*^, 
pour  le  Cotopaxi  de  2  300*^»;  il  n'y  aurait  rien  d'impossible  à  ce  que  les  bruits  de 
Caïman-Brac  vinssent  de  l'un  ou  de  l'autre  de  ces  volcans  ;  mais  ce  n'est  pas 
probable.  D'autre  part,  s'il  y  avait  eu  dans  ces  jours-là  une  énorme  éruption, 
assez  bruyante  pour  être  entendue  à  une  aussi  grande  distance,  les  journaux  en 
auraient  parlé  assez  pour  que  les  habitants  des  CaTmans  et  d'Utila  en  eussent 
des  nouvelles  et  n'allassent  pas  chercher  à  Krakatoa  l'origine  des  bruits  qui  les 


384  L'ASTRONOMIE. 

étonnaient.  D'autre  part  encore,  s'il  y  avait  eu  les  26  et  27  août  une  grande  érup- 
tion volcanique,  la  coïncidence  avec  le  cataclysme  de  Krakatoa,  qui  préoccupait 
le  monde  entier,  eût  été  assez  évidente  pour  attirer  Tattention  du  public,  et  le 
fait  aurait  été  depuis  longtemps  signalé. 

Les  bruits  des  Caïmans  pourraient-ils  être  attribués  à  une  éruption  sous- 
marine  d'un  volcan  voisin,  passée  inaperçue  ?  Ce  n*est  pas  probable.  En  effet  les 
Grandes- Antilles,  d*où  dépendent  le  Caïmans,  ne  sont  point  un  territoire  volca- 
nique; les  régions  volcaniques  les  plus  rapprochées  sont  la  côte  occidentale  de 
l'Amérique  centrale  et  les  Petites-Antilles. 

Nous  n'avons  donc,  jusqu'à  plus  ample  informé,  aucune  raison  qui  nous  fasse 
attribuer  à  un  phénomène  volcanique  rapproché  les  bruits  de  Caïman-Brac;  au 
contraire,  plusieurs  faits  parlent  en  faveur  de  l'hypothèse  qui  les  rapporte  à 
l'éruption  de  Krakatoa. 

!<"  L'éruption  de  Krakatoa,  des  26  et  27  août  1883,  a  été  accompagnée  de  bruits 
souterrains  décrits  dans  les  îles  de  la  Sonde  et  les  terres  avoisinantes  comme 
comparables  au  son  d'une  canonnade  lointaine,  ou  au  roulement  du  tonnerre;  le 
caractère  des  bruits  de  Krakatoa  a  été  le  même  que  ceux  entendus  à  Calman- 
Brac. 

2<>  Les  bruits  souterrains  de  l'éruption  de  Krakatoa  ont  eu  une  intensité  con- 
sidérable; ils  ont'  été  entendus  à  une  distance  dépassant  tout  exemple  connu. 
Les  points  extrêmes  où  les  explosions  ont  été  entendues  sont  Ceylan,  le  Burmah, 
Manille,  Dirch  (Nouvelle-Guinée),  Perth  (Côte  occidentale  de  l'Australie),  soit 
dans  un  cercle  mesurant  environ  3  300*^™  ou  30»  de  rayon.  Il  est  vrai  que  30«  de 
la  circonférence  ne  représentent  que  la  moitié  du  rayon  terrestre,  ou  le  quart  de 
la  distance  directe  entre  Krakatoa  et  les  Caïmans. 

30  Caïman-Brac  est  assez  près  des  Antipodes  de  Krakatoa.  En  effet,  Krakatoa 
est  situé  par  105o30'  longitude  Est  de  Gr.  et  6»  latitude  Sud.  Caïman-Brac  est 
par  790  30'  longitude  Ouest  et  19o30'  latitude  Nord.  L'antipode  de  Krakatoa  est 
donc  à  40 30'  plus  à  l'Est  et  à  13o30'  plus  au  Sud  que  Caïman-Brac;  il  est  situé  au 
milieu  des  États-Unis  de  Colombie,  sur  le  fleuve  de  Madgalena,  entre  les  villes 
d'Antioquia  et  de  Tunja.  Si  l'hypothèse  énoncée  est  exacte,  serions-nous  en 
présence  d'un  fait  de  propagation  directe  du  son,  à  travers  le  noyau  central  de  la 
Terre,  ou  bien  d'un  nœud  de  convergence  de  diverses  sources  qui  auraient  suivi 
les  couches  superficielles  de  l'écorce  terrestre  et  seraient  venues  interférer  de 
l'autre  côté  du  sphéroïde? 

40  Le  jour  oti  les  bruits  souterrains  ont  été  entendus  aux  Caïmans  correspond 
assez  bien  à  ce  que  nous  savons  de  l'éruption  de  Krakatoa.  En  effet,  d'après  le 
rapport  de  M.  Verbeck  les  détonations  de  Krakatoa  se  sont  fait  entendre  les  26 
et  27  août. 

Si  les  rapports  soupçonnés  entre  ces  bruits  souterrains  et  l'éruption  de  Kra- 
katoa pouvaient  être  confirmés,  ce  serait  un  fait  des  plus  importants  pour  la 
Physique  du  globe.  Nous  sommes  déjà  débiteurs  au  cataclysme  inconcevable  du 
détroit  de  la  Sonde  des  phénomènes  les  plus  intéressants  :  la  propagation  des 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  385 

vagues  aériennes  aux  baromètres  du  monde  entier,  la  propagation  des  vagues 
marines  aux  marégraphes  d'Europe  et  d'Amérique,  le  Soleil  vert  de  Tlnde  en 
septembre  1883,  les  feux  crépusculaires  de  Tautomne  de  1883,  la  couronne  solaire 
de  1884  (encore  apparente  en  mars  1885),  Fétat  anormal  de  la  polarisation  atmo- 
sphérique, la  propagation  du  son  jusqu'à  30«  de  distance  du  centre  des  explosions. 
Si  nous  devions  étendre  cette  propagation  des  ondes  sonores  jusqu'à  la  région 
des  antipodes,  ce  serait  certainement  un  fait  d'un  très  haut  intérêt. 

Aux  documents  qui  précèdent,  M.  A.  Lienas  a  ajouté  les  suivants  à 
la  date  du  18  mai  : 

Dans  sa  séance  du  9  mars  dernier,  l'Académie  a  reçu  de  M.  Forel,  de  Morges, 
une  Note  annonçant  que  des  bruits  souterrains  avaient  été  perçus  le  26  août  1883 
aux  îles  HavaT,  c'est-à-dire  presque  aux  antipodes  de  Krakatoa. 

Or  voici  ce  qui  a  été  observé  à  l'île  de  Saint-Domingue,  où  j'habite.  Le  lundi 
28  août  1883,  le  jour  même  que  le  cataclysme  de  Java  était  à  son  maximum,  on 
a  entendu  ici  de  4*»  à  b^  du  soir  des  détonations  souterraines  entremêlées  de 
crépitements,  simulant  à  s'y  méprendre  le  bruit  d'un  combat  éloigné.  Ces  déto- 
nations, entendues  depuis  la  baie  Samana  jusqu'à  la  plaine  de  l'Artibonite,  sur 
une  longueur  de  deux  cents  lieues,  ont  mis  en  émoi  les  populations  de  l'île. 

Nos  lecteurs  ajouteront  ces  documents  importants  à  tous  ceux  que 
nous  avons  déjà  publiés  sur  le  plus  grand  cataclysme  géologique  de 
Vhistoire. 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS. 

lia  grande  marée  aa  Mont  Saint-Michel.  —  L'invitation  adressée  par  la 
Revue  h  propos  de  la  grande  marée  du  9  septembre  a  porté  ses  fruits;  les  journaux 
l'ont  répandue  à  travers  le  monde  des  baigneurs  ,et  le  mascaret  à  Caudebec 
comme  l'envahissement  de  la  baie  du  Mont  Saint-Michel  ont  eu  des  milliers  de 
contemplateurs.  J'ai  pensé  que  peut-être  un  croquis  du  spectacle  offert  par  l'arri- 
vée de  la  mer  à  la  porte  même  de  la  ville  féodale  compléterait  Tétude  autrefois 
publiée  par  la  Revue  sur  ce  même  sujet  (1883,  n»  8,  p.  279-285),  et  j'ai  pris  d'après 
nature  les  deux  dessins  ci-dessous. 

On  voit  sur  ces  deux  dessins  l'extrémité  de  la  fameuse  jetée  qui  aboutit  aux  rem- 
parts. Comme  tous  les  voyageurs  s'en  souviennent,  une  passerelle  va  de  cette 
jetée  à  la  porte  de  la  ville,  pour  permettre  aux  visiteurs  d'arriver,  à  marée  haute, 
jusqu'à  cette  porte.  Hier  soir  et  ce  matin,  10  septembre,  la  mer  ayant  envahi  la 
porte  d'entrée  elle-même,  il  était  impossible  de  descendre  de  la  passerelle,  et  de 
robustes  pêcheurs  prenaient  voyageurs  et  voyageuses  dans  leurs  bras  pour  les 
porter  dans  la  ville.  La  scène  ne  manquait  pas  de  pittoresque,  surtout  hier  soir. 
à  la  lueur  des  lanternes,  par  un  vent  terrible*  Les  petits  cris  d'effroi  jetés  par 


Fig.  130. 


La  porte  d'entrée  du  Mont  Saint-Michel  à  marée  basse,  le  10  septembre  1885 

Fig.  131. 


La  porte  d'entrée  du  Mont  Saint-Michel  a  marée  haute,  le  10  septembre  1883. 


NOUVELLES  DE   LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  387 

les  dames  ajoutaient  en  passant  une  note  humaine  non  disgracieuse  au  bruit 
sourd  de  la  tempête  et  au  tableau  de  Tenvahissement  de  la  mer. 

Le  premier  croquis  représente  la  porte  d'entrée  du  Mont  Saint-Michel,  à  marée 
basse,  quelques  heures  avant  la  grande  marée.  Le  second  représente  la  même  porte 
à  l'heure  de  la  pleine  mer,  l'eau  arrivant  dans  Tintérieur  de  la  ville  jusqu'à  l'hôtel 
Foulard. 

Quoique  chacun  s'attendît  à  la  grandeur  du  phénomène  qu'il  était  venu  contem- 
pler^ nul  ne  pouvait  s'empêcher  de  reconnaître  qu'en  effet  l'élément  redoutable 
poussé  par  la  tempête  obéissait  ponctuellement  aux  prédictions  de  l'Astronomie  ; 
plus  d'un  touriste  aura,  un  instant  au  moins,  songé  à  la  puissance  de  l'attraction 
de  la  Lune  et  du  Soleil  sur  notre  planète,  et  à  la  majesté  des  lois  qui  régissent 
le  mouvement  des  mondes  dans  l'immensité. 

C.  Gabillot. 
Mont  Saint-Michel,  10  septembre. 

LA  KÉTROGRADATION  DE  L'OBfBRB. 

Monsieur  le  Directeur, 

La  dissertation  que  vous  avez  publiée  sur  la  rétrogradation  de  l'ombre  apprend 
que,  grâce  à  une  disposition  particulière  d'un  cadran  solaire  horizontal,  en  se 
servant  d'une  inclinaison  calculée  mais  anormale  de  la  table  des  heures,  on  peut 
reproduire  scientifiquement  le  phénomène  de  l'ombre  revenant  sur  elle-même, 
et,  avec  Pierre  Nonius  que  fit  le  premier  cette  expérience,  vous  concluez  à  «  un 
pieux  mensonge  »  d'Isaïe  inspiré  «  par  un  bon  motif  ». 

Je  n'opposerai  point  à  cette  conclusion  les  arguments  par  lesquels  le  Père  Cla- 
vius,  dans  son  opuscule,  in  fabricâ.  instrumenti  ad  horologia,  répondit  à  la 
thèse  de  son  contemporain  Nonius.  (Ce  mathématicien,  vous  le  savez,  en  pre- 
nant une  part  importante  à  la  réforme  grégorienne  du  calendrier  était  en  mesure 
de  traiter  avec  compétence  cette  question.)  Mais,  pour  arriver  à  une  déduction 
bien  différente  de  la  vôtre,  j'oserai  demander  à  votre  bienveillance  la  permission 
de  mettre  en  regard  de  l'hypothèse  qui  sert  de  base  à  votre  argumentation  une 
seconde  hypothèse,  non  moins  plausible,  sinon  plus  probable. 

Pour  renouveler  scientifiquement  ce  que  nous  appelons  le  prodige  d'Isaïe,  il 
suffit,  dites-vous,  de  disposer,  comme  vous  l'avez  fait  à  Juvisy,  un  cadran  hori- 
zontal (condition  sine  quâ  non)  et  d'incliner  le  style  fixé  perpendiculairement  à 
la  table  de  telle  sorte  qu'il  se  trouve  inférieur  de  quelques  degrés  à  la  déclinaison 
du  Soleil.  Ce  procédé  avait  été  exposé  au  commencement  du  dix-septième  siècle 
par  le  savant  commentateur  Cornélius,  à  Lapide  :  «  Talia  horologia  naturaliter 
erigi  possunt  ubivis  locorum,  videlicet,  si  ita  erigantur  plana  ut  altitudinem  poli 
habeant  minorem  quam  graduum  231/2.  Unde,  ubi  ea  est  altitude,  scilicet,  inter 
aaquatorum  et  alterutrum  Tropicorum  naturaliter  id  accidit.  » 

Le  cadran  d'Ezéchias  était-il  analogue  à  celui-ci?  On  peut  le  croire,  répondez- 
vous  :  c'est  votre  hypothèse.  On  peut  aussi  supposer  le  contraire. 


388  L*ÂSTRONOMIB. 

Pour  discuter  ce  fait,  nous  n'avons,  vous  et  moi,  d'autres  documents  que  le 
texte  de  la  Bible.  Or  il  me  semble  que  les  détails  empruntés  au  chapitre  20  du 
IV«  livre  des  Rois,  au  chapitre  38  d'Isaïe,  et  encore  au  ir«  livre  des  Paralipo- 
mènes,  chapitre  32  se  rapportent  à  un  cadran  solaire  vertical  plutôt  qu'hori- 
zontal : 

1<*  Ce  cadran,  œuvre  d'art  et  d'ornementation  sans  doute  autant  que  d'utilité, 
était  évidemment  monumental  dans  ses  proportions  et  en  harmonie  avec  les 
constructions  grandioses  et  les  lignes  architecturales  du  palais  construit  autrefois 
par  Salomon,  car,  même  sous  le  règne  d'Ezéchias,  on  le  nommait  encore  le 
cadran  dAchaz.  De  nos  jours,  lorsque  nous  parlons  de  l'horloge  de  Lepaute, 
nous  rappelons  le  souvenir  de  l'horloge  monumentale  du  Luxembourg,  son  chef- 
d'œuvre,  et  non  pas  des  pendules  vulgaires  sorties  des  mains  de  ce  célèbre  hor- 
loger. Nous  sommes  donc  pareillement  autorisés  à  croire  que  le  cadrau,  dit 
d'Achaz,  se  distinguait  par  ses  proportions  des  cadrans  d'un  usage  commun  dans 
la  ville  de  Jérusalem  et  dans  tout  le  royaume  de  Juda. 

2o  De  plus,  ce  cadran  solaire  tracé  sur  une  large  surface,  et  de  toute  nécessité 
dans  un  endroit  très  découvert,  (puisqu'il  devait  indiquer  les  divisions  du  jour 
pendant  toutes  les  heures  de  soleil)  était  évidemment  en  vue  des  diverses  parties 
du  Palais,  et  plus  particulièrement  des  appartements  royaux;  car,  c'est  de  son 
lit,  remarquez-le  bien,  qu'Ezéchias  mourant  suit  le  phénomène  de  la  rétrogra- 
dation sur  les  lignes  indicatrices  des  degrés,  avant  même  le  traitement  médicinal 
conseillé  par  le  prophète.  (Quant  à  une  constatation  officielle  du  fait  par  procu- 
reurs «  sous  les  yeux  de  quelques  personnages  envoyés  par  lui  »  ni  vous  ni  moi 
ne  prenons  au  sérieux  cette  supposition.) 

Or,  cette  double  condition,  si  je  ne  m'abuse,  ne  pouvait  être  réalisée  que  par 
un  cadran  vertical  appliqué  ou  tracé  sur  la  muraille  en  face  de  la  fenêtre  de  la 
chambre  du  roi. 

3»  Vous  supposez  en  outre,  et  c'est  la  conséquence  de  votre  assertion,  que  le 
phénomène  de  la  rétrogradation  opéré  naturellement  par  le  seul  déplacement  de  la 
table  d'heures,  s'accomplit  avec  la  lenteur  de  l'ombre  qui  parcourt  les  degrés 
d'un  cadran  ordinaire. 

Rien  dans  le  texte  sacré  ne  nous  autorise  à  le  croire  :  cette  rétrogradation  eût 
demandé  dix  heures,  si  chaque  division  avait  la  valeur  d'une  vingt-quatrième 
partie  du  jour,  ou  de  cinq  heures  si  les  lignes  indiquaient  les  demi-degrés.  Le 
récit  du  prodige  laisse  supposer  au  contraire  un  fait  instantané  ou  du  moins  très 
rapidement  accompli,  car  ce  signe  d'une  prochaine  guérison  donné  par  le  sei- 
gneur à  Ezéchias  porta  la  confiance  et  la  conviction  dans  l'esprit  du  roi  avant 
même  qu'Isaïe  eut  demandé  aux  serviteurs  les  figues  qui  devaient  être  appli- 
quées sur  l'ulcère.  Lorsqu'une  intervention  surnaturelle  (vraie  ou  supposée) 
produit  un  événement  merveilleux,  l'attente  des  spectateurs  ne  demeure  jamais 
longtemps  en  suspens. 

Nous  pourrions  incidemment  nous  demander  si  un  fait  aussi  extraordinaire, 
produit  en  témoignage  d'une  guérison  inattendue,  passa  inaperçu  dans  le  reste 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE-  —  VARIÉTÉS.  389 

de  la  Judëe  ou  s*il  laissa  quelque  trace  historique.  C'est  à  cette  question  que 
répond  le  chapitre  32  du  II«  livre  des  Paralipomènes,  verset  31  :«....  in  lega- 
tione  principum  Babylonis  qui  missi  fuerant  ad  eum  (Ezechiam)  ut  înterrogarent 
de  portento  quod  acciderat  super  terram.  »  Les  Babyloniens  et  Chaldéens,  entre 
tous  les  peuples  d'alors,  s'intéressaient  aux  événements  astronomiques.  Or  nous 
apprenons  que  surpris  de  ce  prodige  survenu  à  l'occasion  de  la  maladie  d'Ezé- 
chias,  ils  envoient  officiellement  une  ambassade  pour  connaître  par  le  détail  un 
fait  aussi  surprenant. 

La  rétrogradation  de  Tombre  se  manifesta-t-elle  seulement  sur  le  cadran 
d'Achaz  ?  ou  bien  ce  phénomène  eût-il  son  contre-coup  dans  la  région  !  je  n'ai  pas 
la  prétention  de  résoudre  le  cas;  mais  l'ambassade  babylonienne  m'autorise  à 
croire  que  ce  fait  cosmographique  eut  une  autre  cause  qu'un  tour  de  presti- 
digitation. 

A.  Blain, 

Aumônier  des  sourds- muets,  à  Poitiers. 

Réponse.  —  l»  Le  seul  texte  auquel  nous  puissions  recourir  (  Rois,  IV,  20  et 
Paralipomènes,  II,  32),  car  le  chapitre  38  d'Isaïe  ne  paraît  qu'une  répétition  tron- 
quée, ne  s'explique  pas  sur  la  position  du  cadran  solaire  d'Achaz.  Il  pouvait  donc 
être  horizontal  aussi  bien  que  vertical.  Les  cadrans  solaires  horizontaux  ont 
naturellement  précédé  les  verticaux. 

2<»  Ce  même  texte  ne  dit  pas  non  plus  que  le  cadran  ait  été  monumental,  ou 
seulement  grand  ou  petit,  ou  orné.  Isaïe  n'y  donne  pas  une  plus  longue  description 
qu'au  «  cataplasme  de  figues  »  (textuel). 

3o  Ce  même  texte  ne  dit  pas  davantage  que  le  roi  l'ait  vu  de  son  lit.  En  une 
teUe  occurence  on  a  bien  pu  porter  le  roi  jusqu'à  la  terrasse,  ou  il  a  pu  avoir 
la  force  de  faire  quelques  pas  pour  constater  le  miracle.  Il  paraît  du  reste 
(d'après  le  texte),  avoir  été  guéri  sans  retard. 

4<>  La  constatation  du  fait  de  la  rétrogradation  n'aurait  demandé  ni  dix  heures 
ni  cinq  heures;  en  une  heure  on  en  est  suffisamment  convaincu. 

50  La  Bible  ne  dit  pas  que  l'ambassade  babylonienne  ait  reçu  aucune  preuve 
de  l'authenticité  d'une  rétrogradation  réelle  du  soleil.  Il  reste  probable  que  le 
phénomène  ne  s'est  produit  que  sur  le  cadran  d'Achaz. 

6<>  L'application  du  cadran  solaire  à  rétrogradation  à  l'explication  du  miracle 
d'Isaïe  reste  intéressante  à  plusieurs  points  de  vue.  D'abord,  elle  ne  date  pas  de 
notre  siècle  d'incrédulité  et  n'appartient  ni  à  M.  le  colonel  Guillemin,  ni  à 
M.  Flammarion,  puisque  d'après  les  remarques  érudites  de  M.  l'abbé  Blain,  elle 
aurait  déjà  été  l'objet  de  discussions  il  y  a  près  de  trois  cents  ans.  Ensuite  elle 
parle  hautement  en  faveur  des  connaissances  cosmographiques  des  Chaldéens 
et  des  Hébreux  et  en  faveur  de  celles  du  prophète  Isaïe  en  particulier.  D'un  autre 
côté  encore,  elle  justifie  une  assertion  souvent  traitée  de  mensongère  par  les 
historiens  et  explique  un  événement  incompréhensible.  Enfin  elle  inviterait 
les  auteurs  sceptiques,  si  nombreux  à  notre  époque,  à  traiter  d'une  façon  moins 
cavalière  les  miracles  inexpliqués.  Pour  eux,  Tauteur  du  Livre  des  Rois  est  un 


390  L'ASTRONOMIE. 

naïf  ou  un  menteur.  Pour  nous,  il  est  vëridique  et  Isale  mérite  d'être  élevé  au 
rang  d'astronome.  Quant  au  roi  Ezéchias  en  particulier,  nous  ne  le  défendrons 
pas  plus  que  la  Bible  ne  le  défend  elle-même.  Et  Dieu  sait  ce  qu'elle  dit  de  lui. 
de  ses  pères  et  de  ses  fils  !  Mais  paix  à  leur  ombre.  Ne  la  ressuscitons  pas  pour 
la  faire  rétrograder  à  son  tour. 

Même  snjet. 

Monsieur  le  Directeur, 

J'ai  lu  votre  article  sur  le  cadran  solaire  à  rétrogradation  avec  d'autant  plus  de 
plaisir  que,  depuis  sept  ans  que  je  suis  professeur  d'hydrographie,  je  ne  manque 
pas  chaque  année  de  signaler  à  mes  élèves  la  marche  rétrograde  du  Soleil  sur 
l'horizon,  comme  M.  l'examinateur  hydrographe  Dubois  l'a  constaté  en  1B82  lors 
de  son  inspection  à  Saint-Nazaire. 

Il  m'engagea  à  cette  époque  à  vous  transmettre  mes  propres  remarques,  mais 
la  Revue  n'ayant  pas  encore  traité  de  questions  de  ce  genre,  je  ne  crus  pas 
devoir  vous  adresser  mes  notes,  persuadé  d'ailleurs,  que  d'autres  que  moi  avaient 
dû  en  naviguant  faire  les  mêmes  observations. 

Embarqué  à  ma  sortie  de  l'École  navale  sur  le  vaisseau  d'application  le  Jean- 
Dart^  j'eus  à  remettre  en  1872  à  mon  officier  de  poste  de  nombreux  calculs  de 
deux  hauteurs  et  l'intervalle. 

En  partant  de  Brest  je  m'étais  habitué  à  me  servir  du  tracé  approximatif  des 
droites  de  hauteur  pour  trouver  le  signe  de  la  correction  en  latitude. 

Je  continuais  toujours  les  mêmes  errements,  lorsqu'un  jour  je  constatai  une 
difiFérence  entre  les  résultats  ainsi  obtenus  et  ceux  fournis  par  la  règle  des 
signes;  j'avais  sans  réfléchir  tracé  ma  droite  de  hauteur  comme  à  l'ordinaire  en 
me  basant  sur  la  marche  directe  de  l'ombre.  Je  fus  aussi  conduit  à  examiner 
cette  question  avec  un  plus  grand  soin  et  à  reconnaître  que  dans  le  cas  où  la 
latitude  et  la  déclinaison  étant  de  même  nom,  la  latitude  est  plus  petite  que  la 
déclinaison,  l'astre  passe  deux  fois  au  même  vertical  dans  la  matinée. 

J'eus  d'ailleurs  l'occasion  de  constater  ce  fait  une  nouvelle  fois  :  ayant  pris  un 
certain  jour  deux  hauteurs  à  quelques  heures  de  distance  et  n'ayant  pas  constaté 
à  l'aide  du  compas  le  mouvement  en  azimut  entre  les  deux  observations,  je 
me  mis  comme  à  l'ordinaire  à  faire  mon  calcul  et  je  ne  fus  pas  peu  surpris  de 
trouver  la  même  longitude  et  le  même  azimut  pour  mes  deux  calculs.  Mes  deux 
droites  de  hauteur  se  confondant  dans  ce  cas,  la  méthode  Pagel  indiquait  une 
indétermination. 

Je  fus  ainsi  conduit  à  rédiger  la  note  suivante  pour  calculer  la  position  du  lieu 
dans  ce  cas  particulier,  méthode  très  pratique  lorsque  les  observations  sont 
faites  à  terre. 

On  prend  au  théodolite  la  hauteur  H  de  Tastre  A  dans  un  azimut  quelconque 
et  l'on  note  l'heure  au  chronomètre;  on  laisse  la  lunette  dirigée  dans  le  même 
cercle  vertical  et  l'on  note  la  hauteur  de  l'astre  au  moment  du  2«  passage.  (Il  n'est 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  391 

pas  nécessaire  de  noter  Theure  au  chronomètre  au  moment  de  cette  deuxième 
observation.) 
Les  deux  triangles  sphériques  donnent 

cos  A  —  sin  L  sin  H  =  cos  L  ces  H  cos  Z, 
cos  A  —  sin  L  sin  H'  =  cos  L  cos  H'  cos  Z, 
d'où 

cosA  — sinLsinH  _  cos  H  _ 
cos  A  —  sin  L  sin  H'  ""  cos  H'  ' 
par  suite 

cos  A  (  cos  H'  —  cos  H  )  =  sin  L  (  sin  H  cos  H'  —  sin  H'  cos  H  ), 

d'où 

.    -       cosA  fcosH'  — cosH) 

sin  Li  =    : — TTt ÎT7T > 

sin(H  — H  ) 


sinL  = 


^    .    H  +H 

cos  A  sin — ô — 

H'-H 

cos T 


La  latitude  étant  déterminée  d'une  manière  exacte  par  cette  formule,  on  trouve 
la  longitude  à  l'aide  de  lai*-©  observation. 

Cette  méthode  très  pratique  à  terre,  lorsqu'on  observe  une  étoile,  présente  des 
difficultés,  à  la  mer,  à  cause  de  l'impossibilité  où  Ton  se  trouve  de  prendre  deux 
hauteurs  dans  le  même  vertical  ;  aussi  doit-on  éviter  d'observer  dans  les  circon- 
stances précédentes. 

Pour  faire  profiter  mes  élèves  de  la  pratique  que  m'a  donnée  m'a  courte  navi- 
gation je  ne  manque  chaque  année  de  leur  parler  du  mouvement  azimutal  du 
Soleil. 

Si,  par  mouvement  direct,  on  entend  le  mouvement  dans  le  sens  des  aiguilles 
d'une  montre,  les  habitants  de  l'hémisphère  Sud  qui  n'habitent  pas  la  zone  torrMe 
n'ont  jamais  vu  l'ombre  marcher  dans  le  sens  direct,  à  moins  qu'ils  n'aient  installé 
le  curieux  cadran  solaire  à  rétrogradation  qui  est  pour  eux  le  cadran  solaire  à 
marche  directe  que  vous  nous  avez  signalé  dans  la  Revue, 

Paul  Jaffé, 
Professeur  d'Hydrographie,  ancien  officier  de  marine. 

Curieux  elTets  de  la  foudre..  —  Le  dimanche  28  juin,  à  l'heure  où  M.  Flam- 
marion présidait  à  Argentan  la  réunion  triennale  de  la  société  scientifique  qui 
s'est  créée  sous  son  nom  et  qui,  déjà  si  florissante  et  élevée  au  chiffre  de  520 
membres,  rend  à  la  science  et  à  l'instruction  publique  des  services  appréciés, 
—  à  l'heure  où  Ton  traitait  là  de  quelques  questions  scientifiques  actuellement  à 
l'ordre  du  jour  et  des  problèmes  les  plus  intéressants  des  sciences  naturelles,  — 
le  Directeur  de  la  Revue  recevait,  à  Juvisy,  dans  son  observatoire  bien  fermé,  la 
visite  imprévue  et  fort  indiscrète  de  la  foudre. 

Tout  d'abord,  elle  se  précipita  sur  la  coupole  avec  une  telle  violence  que  tout 
le  quartier  en  tressaillit;  les  habitants  ne  se  souviennent  pas  avoir  jamais  en- 
tendu pareil  foudroiement.  Elle  a  dû  frapper  un  boulon  de  fer  qui  affleure  à 


392 


L'ASTRONOMIE. 


rextérieur,  pénétrer  dans  la  coupole  un  peu  au-dessus  du  plancher,  et  elle  a 
arraché  avec  une  violence  inouïe  deux  morceaux  de  plinthe  formant  angle,  atta- 
chés par  de  longues  pointes  de  fer  (qui  sont  restées  dans  la  muraille),  ainsi  que 
toute  la  partie  inférieure  d*une  poutre  massive  verticale.  Le  morceau  de  poutre 
arraché  mesure  0'n,13  de  largeur  à  la  base,  0%02  d'épaisseur  et  0«,65  de  hau- 
teur; il  a  été  arraché  de  bas  en  haut  et  finit  par  de  simples  filaments.  Lorsqu'on 
songe  à  la  force  qui  a  été  mise  en  jeu  pour  enlever  violemment  et  d*un  seul  coup 

Fig.  132. 


Eclat  de  bois  lancé  par  la  foudre  derrière  le  gond  d'une  charnière  de  fenêtre. 
'  (  Demi-grandeur  naturelle.) 


un  pareil  morceau  d'une  poutre  aussi  massive,  détacher  nettement  comme  par 
un  coup  de  hache  des  fibres  si  serrées,  Tesprit  en  reste  confondu. 

Mais  ce  n'est  rien  encore.  Ce  morceau  de  chêne  a  été  réduit  en  fragments  sé- 
parés les  uns  des  autres  dans  le  sens  des  fibres,  généralement  en  long,  de  toute 
la  longueur  du  morceau  enlevé,  mais  très  variés  en  largeur  et  épaisseur,  les  uns 
mesurant  trois  à  quatre  centimètres  de  large,  les  autres  étant  déchirés  en  lanières 
jusqu'à  la  dimension  de  simples  fils.  Le  tout  a  été  projeté  avec  une  force  considé- 
rable à  l'opposé  du  mur  de  la  crémaillère,  dans  toutes  les  directions,  jusqu'à  5, 
6  et  8  mètres  de  distance,  suivant  l'éloignement  des  murs.  Que  ces  fragments 
aient  été  lancés  contre  les  murs ,  c'est  ce  qui  est  évident  par  l'exemple  que 
voici  : 

Autour  du  cylindre  en  maçonnerie  qui  forme  la  base  de  la  coupole,  il  y  a  six 
petites  fenêtres  rondes  en  verres  de  couleur,  six  sortes  de  hublots  de  navire,  de 
0™,60  de  diamètre,  s'ouvrant  à  l'aide  de  charnières.  Ces  charnières  se  composent 
de  deux  parties  :  l'une,  inférieure,  fixée  dans  le  mur;  l'autre,  supérieure,  fixée 


NOUVELLES  DE  LÀ  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  393 

dans  la  monture  de  la  fenêtre  et  tournant  autour  d'un  pivot  sortant  de  la  pre- 
mière. Entre  ces  deux  parties  il  y  a  naturellement  un  léger  jeu,  un  intervalle 
d'un  millimètre  environ.  Eh  bien!  dans  la  fenêtre  qui  se  trouve  juste  en  face  du 
point  par  où  la  foudre  est  entrée  dans  la  coupole,  à  cinq  mètres  de  distance, 
cet  agent  mystérieux,  aussi  subtil  qu'étrange,  a  trouvé  moyen  de  faire  pénétrer 
en  arrière  du  pivot,  tout  contre  la  fenêtre,  un  morceau  de  bois  lancé  avec 
une  telle  force  qu'il  est  absolument  impossible  de  l'en  retirer.  En  soulevant 
la  fenêtre  sur  ses  gonds,  on  voit  qu'il  est  hermétiquement  engagé  derrière  le 
pivot!  Il  faut  qu'il  y  ait  eu  entre  ce  bois  et  le  fer  sur  lequel  il  s*est  précipité  une 
attraction  inimaginable.  Au  pied  de  cette  fenêtre,  des  fragments  de  bois  proje- 
tés sont  hachés  en  filaments,  comme  du  chanvre.  L'instantanéité  de  cette  projec- 
tion fait  supposer  une  vitesse  prodigieuse  ;  pourtant  le  verre  de  la  fenêtre  n'est 
même  pas  fendu. 

  quelques  mètres  de  là,  cinq  thermomètres  étaient  posés  verticalement  les 
uns  à  côté  des  autres,  sur  un  meuble,  contre  une  fenêtre.  Comme  si  un  souffle 
violent  les  avait  repoussés,  ils  ont  été  renversés  pêle-mêle,  et  l'un  d'eux  lancé 
sur  le  parquet,  sans  être  cassé  pourtant!  Il  y  a  sur  ce  même  meuble  un  sextant 
monté  sur  un  massif  pied  de  fonte,  qui  semble  être  la  cause  du  passage  de  la 
foudre  de  ce  côté-là. 

On  est  loin  d'être  d'accord  sur  la  nature  de  l'électricité.  Dans  l'état  actuel  de 
la  théorie,  il  est  quelque  peu  hérétique  d'écrire  que  la  foudre  est  entrée  par  un 
point  et  sortie  par  un  autre.  Nous  ne  savons  si  la  foudre  est  au  courant  de  la 
théorie  et  se  dirige  suivant  les  principes  du  «  potentiel  »,  mais  ce  qu'il  y  a  de 
bien  visible,  c'est  que,  sur  le  mur  du  cylindre  en  maçonnerie  qui  supporte  la 
coupole,  on  voit,  à  l'Ouest,  en  outre  des  faits  et  gestes  rapportés  plus  haut  : 
lo  une  plinthe  arrachée  violemment  près  d'un  piton  en  fer,  au  niveau  du  par- 
quet; 2<»  un  éclair  en  zigzag  tracé  par  la  fusion  de  la  peinture  le  long  du  mur, 
et  3»  un  petit  trou  en  forme  d'entonnoir  qui  se  termine  en  pointe  d'aiguille.  Le 
plâtre  arraché  de  ce  trou  (de  sortie?)  a  été  projeté  à  deux  mètres  de  distance.  Ce 
trou  s'arrête-t-il  dans  le  mur  même?  A  l'extérieur,  on  ne  distingue  absolument 
rien.  Quoi  qu'il  en  soit,  tous  les  dégâts  consistent  en  fragments  arrachés  par 
violente  répulsion  et  projetés  au  loin. 

Il  est  bien  difficile  de  déterminer  les  lois  qui  président  à  ces  phénomènes.  Que 
le  fer  soit  un  conducteur  excellent  de  l'électricité,  c'est  un  fait  d'observation 
universelle.  Ainsi,  à  l'Observatoire  de  Juvisy  notamment,  tous  les  dégâts  et  tous 
les  transports  de  matière  ont  eu  lieu  près  d'objets  en  fer.  Mais  voyez  pourtant  la 
singularité!  D'énormes  solives  de  fonte  qui  traversent  le  parquet  de  la  coupole, 
et  sont  portées  à  leurs  deux  extrémités  par  d'autres  barres  de  fer  posées  le  long 
des  murs  de  refond,  paraissent  n^avoir  exercé  aucune  influence  sur  la  jnarcho 
de  la  foudre;  celle-ci  s'est  attachée  à  des  jouets,  à  des  pointes  de  fer,  clouant  une 
plinthe  à  une  charnière  de  fenêtre,  et  a  effleuré  le  tout  pour  s'échapper  horizon- 
talement sans  descendre  ni  au  second  étage,  ni  au  premier,  ni  au  rez-de-chaussée, 
quoique  la  rampe  du  grand  escalier  et  tous  ses  barreaux  soient  en  fer.  Il  semble 


394  L'ASTRONOMIE. 

qu'elle  aurait  dû  se  précipiter  sur  ces  centaines  de  kilos  de  fer  et  tout  fracasser. 

Un  coup  de  tonnerre  est  une  brusque  rupture  d'équilibre  entre  la  force  élec- 
trique contenue  dans  un  objet  et  celle  du  nuage  orageux.  Mais  la  manifestatioD 
même  de  Téclair  nous  montre  la  subtilité  et  les  caprices  apparents  de  cette  rup- 
ture. Pourquoi,  libre  à  travers  Tair  lui-même,  Téclair  ne  suit-il  pas  une  ligne 
droite,  qui  devrait  être  le  chemin  le  plus  court,  et  dessine-t-il  des  zigzags?  Com- 
ment cette  rupture  d'équilibre  prend-elle  délicatement  une  lanière  arrachée  à 
une  boiserie,  pour  aller  la  piquer  obliquement,  latéralement,  contre  une  fenêtre, 
derrière  un  gond,  dans  une  place  large  comme  une  aiguille?  Pourquoi,  ayant, à 
deux  pas  de  sa  chute,  un  réservoir  de  plomb  rempli  de  deux  mille  litres  d'eau, 
la  foudre  ne  s'est-elle  pas  précipitée  sur  ce  réservoir  pour  descendre  par  les  con- 
duites de  plomb,  comme  elle  le  fait  si  souvent? 

Les  météorologistes  et  les  électriciens  ont  beaucoup  à  faire  encore. 

Pourtant  on  no  terminera  pas  l'Observatoire  de  Juvisy  sans  y  installer  un 
paratonnerre.  Mais  le  subtil  agent  suivra-t-il  le  chemin  qu'on  lui  aura  préparé? 

Bolide  lent  ou  bradyte.  —  Aux  bolides  lents  ou  bradytes  signalés  autrefi^is 
par  M.  Flammarion  vient  s'ajouter  l'observation  suivante. 

Le  23  juillet  dernier,  à  9*>30  du  soir,  on  a  vu,  à  Marseille,  apparaître  une  bril- 
lante étoile  dans  la  constellation  de  la  Balance,  à  15o  au-dessus  de  l'horizoD. 
L'étoile  atteignit  Téclat  de  Vénus,  se  dirigeant  vers  TEst,  et  laissant  derrière  elle 
une  légère  traînée  de  feu.  Elle  marchait  parallèlement  à  l'horizon,  et  employa 
près  de  deux  minutes  pour  parcourir  six  à  sept  degrés. 

B.  LiHOU. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES 

A  FAIRE  DU  15  OCTOBRE  AU  15  NOVEMBRE  1885. 
Principaux  ol^ets  célestes  en  évidence  pour  Inobservation. 

lo  CIEL  ÉTOILE  : 

Pour  l'aspect  du  ciel  étoile  durant  cette  période  de  Tannée,  se  reporter  soitaui 
cartes  publiées  dans  la  première  année  de  la  Heuue,  soit  aux  descriptions  données 
dans  les  Étoiles  et  les  Curiosités  du  Ciel,  pages  594  à  C35. 

Les  belles  constellations  d'automne  sont  visibles  dès  7>»  du  soir.  Il  faut  profiter 
des  nuits  encore  tièdes  d'octobre  et  du  commencement  de  novembre,  pour 
étudier  les  étoiles  multiples,  les  amas,  les  nébuleuses  et  en  particulier  la  nébu- 
leuse d'Andi'omède  dans  laquelle  vient  d'apparaître  une  étoile  variable  dont 
l'éclat,  s'est  subitement  accru.  Vénus,  Vesta  et  Saturne  sont  visibles  dans  la 
première  moitié  de  la  soirée,  Mars,  Jupiter  et  Uranus,  dans  la  seconde  moitié. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  395 

2»  SYSTÈME  SOLAIRE   : 

Soleil.  —  Le  15  octobre,  le  Soleil  se  lève  à  6*>22™  du  matin  et  se  couche  à 
5*»9«»  du  soir;  le  l*"*  novembre,  le  lever  a  lieu  à  6^49»  du  matin  et  le  coucher 
à  4'»  38";  enfin,  Tastre  du  jour  se  montre  au-dessus  de  Thorizon  de  Paris,  à  7*>11=> 
du  matin,  le  15  novembre,  pour  disparaître  au-dessous  à  4*>18"»  du  soir.  La  durée 
du  jour  est  de  10>»47™  au  15  octobre,  de  9^49"  au  l»»"  novembre,  et  de  9*»7'» 
au  15  novembre.  Les  jours  décroissent  dans  cet  intervalle  d'un  mois,  de  49«»  le 
matin  et  de  51°^  le  soir,  soit  une  diminution  totale  de  1^40". 

La  difTérenco  entre  l'instant  du  midi  vrai  et  celui  du  midi  moyen  va  sans  cesse 
en  augmentant.  Le  15  octobre,  la  matinée  dure  5^38°»  et  la  soirée  5^9»»,  dif- 
férence 29«»;  le  !«»•  novembre,  matinée  b^ii^,  soirée  4^38»,  différence  33"»;  le 
15  novembre,  matinée  4*>49",  soirée  4^  18",  différence  31", 

Le  Soleil  s'éloigne  toujours  rapidement  de  Féquateur.  Sa  déclinaison  australe 
est  de  8o4r  à  midi  moyen,  le  15  octobre,  et  de  18o37'  au  15  novembre.  A  mesure 
que  le  Soleil  se  rapproche  de  Thorizon,  lors  de  son  passage  au  méridien,  les 
quantités  de  chaleur  et  de  lumière  qu'il  nous  envoie  vont  en  diminuant  constam- 
ment, la  mauvaise  saison  avance  très  vite,  malgré  la  courte  période  de  beaux 
jours  qui  arrive  au  début  de  novembre,  surtout  vers  le  11  de  ce  mois.  Cette 
période  est  connue  depuis  longtemps  sous  le  nom  d'Été  de  la  Saint-Martin  et 
constitue  l'une  de  ces  remarquables  oscillations  de  température  qui  se  reprodui- 
sent périodiquement  aux  mêmes  dates  de  Tannée.  Nous  prions  nos  lecteurs  de  se 
reporter  à  l'intéressant  article  de  M.  Roche,  publié  dans  cette  Revue,  année  1883, 
pages  287-292. 

La  lumière  zodiacale  est  toujours  facile  à  observer  le  matin,  à  l'Orient, 
environ  deux  heures  avant  le  lover  du  Soleil. 

Lune.  —  Dans  le  voisinage  de  la  Pleine  Lune,  le  disque  de  notre  satellite  sera 
suffisamment  élevé  pour  que  l'étude  de  sa  surface  puisse  se  faire  dans  des  condi- 
tions avantageuses. 

Le  9  octobre  prochain,  il  y  aura  encore  une  grande  marée  sur  les  côtes  de 
rOcéan  et  de  la  Manche.  La  haute  mer  aura  lieu  à  4^6"»  du  soir  à  Quiberon  et  à 
Lorient,  et  à  6^50™  à  Saint-Malo  et  au  Mont  Saint-Michel.  Cette  marée,  comme 
celles  des  10  et  H  septembre,  pourrait  occasionner  des  désastres  si  elle  était 
favorisée  par  le  vent.  Rien  de  plus  grandiose,  de  plus  imposant  que  ce  phéno- 
mène des  hautes  marées. 

PQ  le  IG  octobre,  à    l''30«  matin.      NL  le    6  novembre,  à    9M2-  soir. 
Ph.\$es...      PL  le  23       »        à    9  32     soir.        PQ  le  14  »         à  10    9       » 

DQ  le  30       »        à    6    7        » 

Occultations  visibles  à  Paris. 

Deux  occultations  seulement  seront  observables  dans  la  première  moitié  de  la 
nuit. 

1*  B.  A.  G.  1526  (6-  grandeur),  le  26  octobre,  de  10"»  l-  à  10M8-  du  soir.  Cette  petite 
étoile,  dont  roccultation  est  représentée  fig,  133,  disparaît  à  TOrient,  à  42*  au-dessus 


396 


L'ASTRONOMIE. 


du  point  le  plus  à  gauche  du  disque  lunaire,  et  reparaît  du  même  côté,  à  14*  au-dessous 
et  à  gauche  du  point  le  plus  élevé.  A  Greenwich,  il  y  aura  simple  ap puise. 
2*  1  Cancer  (6»  grandeur),  le  29  octobre,  de  10"» 5"  à  10*»  38-  du  soir.  La  disparition  se 


FIg.  133. 


Fijç.  134. 


OccullatioD  de  B.  A.  C.  1526  par  la  Lune, 
le  26  octobre,  de  10'»  1"  à  10^  IS»  du  soir. 


Occultation  de  1  Cancer,  par  la  Lune, 
le  29  octobre,  de  10»»  5-  à  10*38  du  soir. 


fait  à  l'Orient,  à  8*  au-dessus  du  point  le  plus  à  gauche,  et  la  réapparition  également 
du  même  côté,  à  5*  au-dessous  et  à  gauche  du  point  le  plus  au  Nord. 

L'occultation  est  représentée  fi  g.  134.  A  Greenwich,  la  durée  de  l'occultation  n'est 
que  de  vingt  et  une  minutes. 

Occultations  diverses. 
Les  nombreux  astronomes  dispersés  dans  les  diverses  régions  de  notre  globei 
pourront  étudier  facilement  quelques-unes  des  remarquables  occultations  qu, 
suivent  : 

1*  p  Capricorne  (3«  grandeur),  le  16  octobre,  vers  9'»  du  soir,  heure  de  Paris,  temps 
moyen.  Le  phénomène  sera  observé  dans  le  sud  de  l'Afrique  et  dans  l'Amérique  mé- 
ridionale. Les  limites  de  latitude  des  lieux  d'observation  sont  2<>  S.  et  66*  S. 

2*  Aldébaran  (l'*  grandeur),  le  26  octobre,  à  2'»  de  l'après-midi.  Les  diverses  phases 
de  l'occultation  pourront  être  suivies  à  l'aide  d'une  forte  lunette  astronomique,  dans 
l'Europe  occidentale.  Mais  ce  seront  les  habitants  de  la  Russie  orientale  et  de  l'Asie 
centrale  qui  pourront  voir,  à  l'œil  nu,  la  disparition  et  la  réapparition  de  cette  brillante 
étoile. 

3*  Vesta,  le  27  octobre,  à  S**  du  soir.  L'occultation  de  la  petite  planète  ne  pourra  être 
observée  complètement  que  dans  l'Europe  orientale.  A  Paris,  la  Lune  ne  sera  que 
depuis  dix  minutes  au-dessus  de  l'horizon,  lorsque  Vcsta  réapparaîtra  à  25*  à  droite  et 
au-dessous  du  point  le  plus  élevé  du  disque  lunaire. 

4"  p  Vierge  (3,5  grandeur),  le  3  novembre,  vers  ô*»  du  matin.  Cette  belle  occultation 
pourra  être  étudiée  sans  difficulté  dans  l'Afrique  méridionale  et  l'Amérique  du  Sud. 

5'  Jupiter,  le  3  novembre,  vers  10'"  du  matin.  En  Europe,  on  pourra  voir,  en  plein 
jour  et  avec  une  bonne  lunette,  Jupiter  au  nord  de  la  Lune.  Le  phénomène  sera  visible 
dans  la  partie  centrale  et  méridionale  de  l'Amérique  du  Sud. 

6'  Ti  Vierge  (3,5  grandeur),  le  3  novembre,  à  1^  du  soir.  Visible  dans  les  îles  de 
rOcéanie,  au  lever  de  la  Lune. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  397 

7*  Ubamus,  le  3  novembre,  vers  11^  du  soir.  L'occultation  sera  observable  dans  l'Asie 
centrale  et  méridionale. 

8*  p  Gaprigornb  (3*  grandeur),  le  13  novembre,  à  5^  du  matin.  Le  phénomène  sera 
visible  dans  les  îles  Gambier. 

lie  16  octobre,  à  6^  du  matin,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  apogée  : 

403  600'^»  ;  diamètre  lunaire  =  29' 36',  2 

Le  28  octobre,  à  8^  du  soir,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  périgée  : 
368  600^;  diamètre  lunaire  =  32'24',6. 

Le  13  novembre,  à  2^  du  matin,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  apogée  : 

404  000^»;  diamètre  lunaire  =  29'34',  4:, 

Mercure.  —  Mercure  se  trouve  en  conjonction  supérieure  avec  le  Soleil, 
le  16  octobre,  à  10^  du  matin.  Cette  planète  reste  invisible  dans  la  période  comprise 
entre  le  15  octobre  et  le  15  novembre. 

VÉNUS.  —  Vénus  se  rapproche  de  nous  avec  une  rapidité  considérable.  Déjà, 
on  peut  la  distinguer,  à  l'œil  nu,  dans  les  feux  du  couchant,  près  d'une  heure 
avant  la  disparition  du  Soleil,  ainsi  que  nous  avons  pu  le  constater  à  Carnac, 
le  13  septembre  dernier,  M.  et  M°>e  Auguste  Nayel,  de  Lorient,  et  moi.  Il  est 
certain  que,  par  un  ciel  bien  pur  et  à  Taide  d'une  jumelle  marine,  on  reconnaîtra 
aisément  l'éclatante  Vesper,  à  tout  moment  de  la  journée.  Avec  un  grossisse- 
ment de  50  fois  à  150  fois,  les  astronomes  distingueront  la  phase  de  plus  en  plus 
accentuée  qu'offre  VÉtoile  du  Berger.  Le  20  octobre,  les  j^  seulement  du  disque 
seront  éclairés. 

Jours.  PaaiAge  Uéridien.  Coucher.  Différence  Sololl.    CoDBtcUatlon. 

17  Octobre 2''29-  soir.  6''36-  soir.  1^31-  Scorpion. 

20       »      2  33         »  6  35         »  1  36  » 

23       »      2  36         »  6  34         »  1  40  Ophiuchup. 

26       »      2  39         »  6  34         »  1  46 

29       »      2  43         »  6  35         «  1  52 

1" Novembre.  .  2  46         v  6  36         »  158  * 

4       »      .  .     . .  2  50        »  6  39         M        .  2    6  Sagittaire. 

7        M      2  53         ->  6  41         )>  2  12 

10       »        2  56         »  6  44         »  2  20  » 

13       »      3    0         »                48         »  2  28  i> 

Le  mouvement  de  Vénus  est  direct,  à  travers  les  constellations  de  l'hémisphère 
Sud.  La  planète  se  trouvera  quatre  fois  en  conjonction  avec  des  étoiles  et  une  fois 
avec  la  Lune,  dans  l'intervalle  d'un  mois,  du  15  octobre  au  15  novembre. 

Le  17  octobre,  sur  les  deux  heures  de  l'après-midi,  Vénus  sera  placée*  à  2<'9' 
au  nord  de  l'étoile  a  Scorpion;  le  19  octobre,  à  3^  du  matin,  à  2» 37'  au  nord  d'An- 
tarés;  le  29  octobre,  vers  5*>  du  soir,  à  38'  au  sud  de 6  Ophiuchus;  le  10  novembre, 
à  8*»  du  soir,  à  7<»49'  au  sud  de  la  Lune;  le  11  novembre,  sur  les  i^  du  soir,  à  41' 
au  sud  de  X  Sagittaire. 

Le  1«»  novembre,  le  diamètre  de  Vénus  est  de  17',  4.  La  distance  de  cet  astre  à 
la  Terre  est  alors  de  140  millions  de  kilomètres  et  sa  distance  au  Soleil  de 
108  millions  de  kilomètres. 


398  L'ASTRONOMIE. 

Mars.  —  Mars  s'avance  vers  la  Terre  et  augmente  d'éclat.  Il  sera  très  facile  de 
découvrir  cette'  planète,  dans  la  constellation  du  Lion,  surtout  à  cause  de  sa 
teinte  rouge  et  de  son  voisinage  de  Régulus. 

Jours..  Lever.  Passage  Méridien.  ConstellatloD. 

17  Octobre OMC-  matin.  7»'40-  matin.  Lion. 

21        »  G  12         •  7  33         »  » 

25        M        0    9  ..  7  26 

29        »        0    6  »  7  19 

2  Novembre.   ..  .           minuit.  7  11         m 
6       »        11  56      soir.  7    4»* 

10       »        11  51         »  6  56 

14        »        11  46         II  0  48         «  » 

Le  mouvement  de  Mars  est  direct.  Le  1«'  novembre,  vers  4*>  du  matin,  la  pla- 
nète sera  visible  à  4*16'  au  nord  du  disque  de  notre  satellite;  le  3  novembre, 
Mars  se  trouvera  au  nord  de  Régulus,  et  à  la  faible  distance  de  I^IO'.  Mars  et 
Régulus,  astres  de  première  grandeur,  pourront  être  observés  dans  le  champ 
d'une  même  jumelle  marine,  du  !«'  au  7  novembre. 

Le  !«'  novembre,  le  diamètre  de  Mars  est  de  T;  sa  distance  à  la  Terre  est  de 
237  millions  de  kilomètres  et  au  Soleil  de  240  millions  de  kilomètres. 

Petites  planètes.  —  Cérès,  Pallas  et  Junon  sont  invisibles,  dans  la  constel- 
lation de  la  Balance  ;  elles  se  couchent  environ  une  heure  après  le  Soleil. 

Vesta  se  présente  dans  d'excellentes  conditions  pour  Tobservation.  Elle  est 
située  à  la  limite  des  constellations  du  Taureau  et  d'Orion;  elle  forme  le  sommet 
d'un  triangle  ayant  pour  base  la  ligne  qui  unit  x  d'Orion  à  Ç  Taureau.  Les  per- 
sonnes douées  d'une  vue  excellente  pourront  la  reconnaître  à  l'œil  nu;  mais  pour 
les  observateurs  qui  jouissent  d'une  vue  ordinaire,  une  jumelle  marine  sera 
indispensable. 

Joars.  Lever  de  Vcsta.  Passage  Méridien.  CoustcUatioD. 

19  Octobre 8'' 21*   soir.  3»" 54- matin.  Orign. 

24        »        8    1         «  3  34         w  Taureau. 

29       »        7  41  ..  3  14 

3  Novembre 7  19         »  2  53         «  .• 

8        w        :   0  57  »  2  31  n 

13        «        6  33  w  2    8         »  » 

Du  15  au  19  octobre,  la  marche  de  Vesta  est  directe,  c'est-à-dire  dirigée  vers 

'Est;  mais  à  partir  de  cette  dernière  date,  le  mouvement  de  la  petite  planète 

devient  rétrograde. 
Le  7  novembre,  Vesta  est  éloignée  de  257  millions  de  kilomètres  de  la  Terre 

et  de  381  millions  de  kilomètres  du  Soleil. 

Coordonnées  au  28  Oct.  :    Ascension  droite...       5''45'".    Déclinaison...     17*40' N. 
1»  7Nov.:  »  u  5  41  »  17  41  N. 

Jupiter.  —  Cette  admirable  planète  se  dirige,  d'un  mouvement  direct,  à  travers 
la  constellation  de  la  Vierge,  et  brille  du  plus  vif  éclat,  dans  le  ciel  de  l'Orient, 
près  de  quatre  heures  avant  le  Soleil.  Le  21  octobre,  à  3^  du  soir,  Jupiter  sera 
au  nord  et  à  la  faible  distance  de  20'  de  l'étoile  p  Vierge. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  399 

Jours.  LeTer.  Passage  Méridien.       Constellation. 

17  Octobre 3^40-  matin.  9»» 57-  matin.  Vierge. 

21        «        3  29         »  9  45         »  » 

25        »        3  17  M  9  32  » 

29       »        3    4  »  9  18 

2  Novembre 2  54  >»  9    6  » 

6  »»        2  42  »  8  53  » 

10       )»        2  30         w  8  40         M  » 

14       »        2  18         »  8  26         »  » 

Le  l'^r  novembre,  le  diamètre  de  Jupiter  est  de  30'',2.  La  distance  de  la  planète 
à  la  Terre  est  de  908  millions  de  kilomètres  et  la  distance  au  Soleil  de  805  millions 
de  kilomètres. 

Éclipses  des  satellites  de  Jupiter. 

11  Octobre 16''46"  Immersion  du  4«  satellite. 

12  »       17    1  «  1 

4  Novembre 17  11  »  1  » 

7       »        17    4  •  2 

15       »        14  55  «  3 

»        »       18    0  Emersion  3  » 

Remarques.  —  Le  29  octobre,  à  5^  du  matin,  le  !«'  et  le  4®  satellites  sont 
cachés  derrière  le  disque  de  Jupiter.  Le  l®'  novembre,  le  2o  satellite  est  occulté. 
Le  2  novembre,  à  4^30n»  du  matin,  les  4  satellites  sont  d'un  même  côté  de  la 
planète.  Les  14  et  15  novembre,  au  matin,  Tun  des  satellites  est  éclipsé,  tandis 
que  les  3  autres  sont  à  TOccident. 

Saturne.  —  Cette  belle  planète  est  visible  dans  la  constellation  des  Gémeaux 
pendant  la  plus  grande  partie  de  la  nuit.  On  la  distinguera  d'abord  à  sa  teinte 
légèrement  plombée,  puis  à  sa  position  voisine  des  étoiles  de  3®  grandeur  e, 
|JL  et  Y  Gémeaux.  Un  grossissement  de  40  fois  suffit  pour  montrer  ses  admirables 
anneaux  et  un  grossissement  de  200  fois,  pour  les  séparer  les  uns  des  autres. 

Jours.  Lever.  Passage  Méridien.         ConstellatiOD. 

18  Octobre 8*'49'-    soir.  4*» 49- matin.  Gémeaux. 

23         »      8  29  »  4  29         »  » 

28         »      8    9  B  4    9  »  » 

2  Novembre 7  49  »  3  49  »  » 

7  »        7  29  »  3  29  «  » 

12»        79  »  39  D  » 

Depuis  le  15  jusqu'au  20  octobre,  à  i^  du  soir,  le  mouvement  de  Saturne  est 
direct;  à  partir  du  20  octobre,  la  planète  a  ne  marche  rétrograde.  Le  28  octobre, 
à  5*»  du  soir,  Saturne  sera  en  conjonction  avec  la  Lune,  et  à  4o8'  au  nord  de 
notre  satellite. 

Le  i«'  novembre,  Saturne  a  un  diamètre  de  17',8.  La  distance  de  la  planète  à  la 
Terre  est  de  1254  millions  de  kilomètres  et  au  Soleil  de  1336  millions  de  kilo- 
mètres. 

Uranus.  —  Dranus  est  visible  le  matin,  à  TOrient,  dans  la  constellation  de  la 
Vierge,  entre  les  étoiles  de  troisième  grandeur  y  et  r,. 


400 


L*ASTRONOMIE. 


Jours. 
15  Octobre... 
20       » 
25       » 
30       » 

4  Novembre. 

9       » 
14       »    .    ... 


Ut«. 

PaMtgeMMdieii. 

4M3-  matin. 

10^1-  matin. 

VisaoE. 

4  26        • 

10  23        • 

4    7         » 

10   4 

3  48 

945        » 

3  31 

9  27 

3  13         » 

9    8         » 

2  54         » 

8  49         » 

Le  mouvement  d'Uranus  est  direct  Le  l*'  novembre,  le  diamètre  de  la  planète 
est  de  3',8;  sa  distance  à  la  Terre  est  de  2831  millions  de  kilomètres  et  au  Soleil 
de  2710  millions  de  kilomètres. 

Coordonnées  au  1*'  Novembre  :    Ascension  droite.    12^21".    Déclinaison..    1*34' S. 

Neptune.  —  La  planète  Neptune  se  trouve  dans  les  meilleures  conditions 
possibles,  puisqu'elle  passe  au  méridien  dans  le  voisinage  de  minuit.  Le  mou- 
vement de  Neptune  est  rétrograde,  dans  la  constellation  du  Taureau.  La  planète 
est  au-dessous  des  PléTades,  sur  la  droite  qui  unit  8  Bélier  à  y  Taureau,  aux  |  de 
cette  ligne,  à  partir  de  8.  Un  grossissement  de  200  fois  est  nécessaire  suffira  pour 
découvrir  Neptune. 


Joars. 

Lever 

Passade  Méridien. 

GonsteUation. 

8  Octobre 

6^53-  matin. 

2*25- 

soir. 

Taureau. 

18       »        

6  14 

» 

1  45 

» 

» 

28       V       

5  34 

II 

1    5 

» 

» 

4  Novembre 

5    6 

» 

0  37 

I» 

» 

12       »       

4  34 

» 

minuit. 

9 

» 

Le  !•'  novembre,  la  distance  de  Neptune  à  la  Terre  est  de  4271  millions  de 
kilomètres  et  au  Soleil  de  4413  millions  de  kilomètres. 

Coordonnées  au  1*' No vemb.  :    Ascension  droite. .    3*31*.    Déclinaison..    17M2'N. 

Etoiles  filantes.  —  Chaque  année,  du  19  au  25  octobre,  quelques  averses 
d'étoiles  filantes  émanent  de  plusieurs  points  radiants,  notamment  d'un  point 
situé  entre  Aldébaran  et  p  Taureau,  d'un  autre  voisin  de  y  Gémaux  et  d'uD 
troisième  assez  rapproché  de  PoUux. 

Mais  c'est  dans  la  nuit  du  iS  au  14  novembre  que  la  Terre  rencontre  l'un  des 
essaims  d'étoiles  filantes  les  plus  remarquables  et  les  mieux  connus.  Depuis 
longtemps,  les  astronomes  ont  désigné  cet  essaim  sous  le  nom  de  Léonides,  parce 
que  les  corpuscules  enflammés  qui  le  composent,  semblent  sortir  d'un  point 
voisin  de  x  Lion.  L'orbite  céleste  de  ces  météores  a  été  identifiée  avec  celle  de 
la  comète  I  de  1866.  Le  nombre  des  étoiles  filantes  observées  atteint  sod 
maximum  après  des  périodes  successives  distantes  les  unes  des  autres  d'environ 
33  ans. 

Outre  ce  centre  principal,  il  y  en  a  encore  deux  autres  d'une  importonee 
secondaire.  L'un  est  placé  un  peu  à  l'ouest  de  (  Persée  et  l'autre  à  Test  de  la 
Tête  du  Dragon. 

Eugène  Vimont. 


CORRESPONDANCE. 

M  DuPRAT,  à  Alger,  a  observé  de  nouveau  les  fameuses  lueurs  crépusculaires  qui  ont 
reparu  le  58  juillet  avec  une  intensité  remarquable.  Klles  ont  continué  jusqu'au  milieu 
du  mois  d'août. 

M.  A.  GuNZiQER,  à  Oldham.  —  Veuillez  agréer  nos  remerciements  pour  renvoi  de 
l'excellent  annuaire  de  Stonyhurst.  Vous  trouverez  sans  doute  les  renseignements  que 
vous  désirez  dans  l'Astronomie  pratique  de  Souchon  (Gauthier-Villars). 

MM.  Joseph  Kleiber,  à  Saint- Péterbourg,  Guiilermo  Molina,  à  San  José  de  Costa 
lîica,  José  Banbtto,  à  Lisbonne,  Mantovani  à  Saint-Denis  (Réunion),  J.  Greslot,  à 
Meaux,  Victor  Boutilly,  à  Lunéville,  Rémi  Thouvenin,  à  Laneuveville.  —  Votre  pro- 
jet relatif  à  la  réforme  du  Calendrier  a  été  reçu  et  classé  avec  les  pièces  du  concours. 

Un  lecteur  de  Fontainebleau.  —  Rien  n'est  plus  vrai.  Mais  les  étoiles  sont  si  éloignées 
que  le  mouvement  propre  du  Soleil  en  25.000  ans  ne  modifie  pas  sensiblement  la  projec- 
tion de  la  fig.  25.  Cependant  il  y  a  peut-être  lieu  de  consacrer  un  article  spécial  a  la 
question.  (  Voy.  notre  carte  des  Mouvements  propres  dans  le  Grand  Atlas  et  dans  V As- 
tronomie populaire).  La  translation  du  Soleil  n'empêchera  pas  Véga  d'être  polaire 
dans  douze  mille  ans. 

M.  A.  DayraS;  à  Limoges.  Veuillez  recevoir  nos  remerciements.  Observation  intéres- 
sante. Nous  reviendrons  sur  ce  sujet. 

M.  Narciso  de  Lagerda,  à  Lisbonne.  —  La  carte  sélénographique  que  vous  désirez, 
contenant  tous  les  détails  nécessaires  à  l'observation  télescopique  pratique,  vient  préci- 
sément d'être  faite  par  MM.  Flammarion  et  Gaudibert.  £lle  a  la  dimension  de  l'un  des 
hémisphères  de  la  grande  carte  céleste  et  elle  sera  gravée  dans  quelques  mois. 

M.  P.  JuiLLARD,  à  Valentigney.  —  Il  est  prouvé  par  toutes  les  observations  que  la 
circulation  des  planètes  autour  du  Soleil  est  réglée  par  l'attraction  seule  de  cet  astre,  à 
l'exclusion  de  toute  influence  stellaire.  Les  excentricités  des  orbites  planétaires  et  les 
aphélies  ne  peuvent  pas  avoir  pour  cause  l'attraction  d'une  ou  plusieurs  étoiles. 

M.  E,  Gaultier,  à  Neuillé.  —  Observation  remarquable.  Mille  remerciements. 

M.  J.  COLOMBAT.  —  Le  curieux  phénomène  gue  vous  avez  observé  doit  être  dû  à  la 
réflexion  de  la  lumière  solaire  renvoyée  par  d'imperceptibles  cristaux  de  glace  en  sus- 
pension dans  Tair.  U  est  fort  rare. 

M.  J.  A.,  à  Blois.  —  Nous  ne  partageons  pas  votre  appréciation.  L'auteur  de  l'article 
n'a  rien  de  commun  avec  les  tendances  dont  vous  parlez.  Il  ne  s'est  jamais  occupé  de 
politique.  Pourtant  il  croit  au  progrès  et  malgré  le  cadran  solaire  d'Isaïe  (qui  est  d'ail- 
leurs tout  en  faveur  de  l'astronomie  hébraigue  et  chaldéenne  de  cette  époque)  il  pense 
que  la  Science  est  plus  avancée  aujourd'hui  qu'il  y  a  deux  ou  trois  mille  ans. 

M.  Lestrade,  à  Toulouse.  —  Votre  lettre  a  été  transmise  à  M.  Gérigny,  qui  a  toute 
autorité  pour  les  calculs  dont  il  s'agit. 

M.  F.  fiELTRAMO,  à  Mercedes  (Uruguay).  Tous  les  rayons,  toutes  les  couleurs,  voya- 

£eant  avec  la  même  vitesse,  l'effet  que  vous  signalez  ne  se  produirait  pas  pour 
,umen.  —  Merci  en  faveur  de  l'Observatoire  populaire  ;  mais  sa  fondation  est 
ajournée.  —  Paris  et  la  France  ne  sont  pas  meilleurs  qu'une  autre  région  de  la  planète 
pour  se  consacrer  à  l'Astronomie,  qui,  nulle  part,  à  moins  de  circonstances  exception- 
nelles, ne  donne  ce  qu'on  peut  appeler  «  une  position  ». 

M.  H.  MuLLER,  à  Lischert.  —  !•  On  n'adopte  pas  l'entretien  de  la  chaleur  solaire  par  la 
chute  des  météores  (du  moins- par  cette  chute  seule)  parce  que  précisément,  comme  vous 
le  dites,  elle  augmenterait  la  masse  de  l'astre  d'une  manière  sensible,  et  il  en  résulterait 
un  accroissement  dans  la  vitesse  des  mouvements  planétaires.  —  2*  Votre  explication 
relative  aux  plantes  est  parfaitement  fondée.  —  3*  Tous  les  ouvrages  de  Flammarion  se 
trouvent  chez  tous  les  libraires  bien  approvisionnés. 

M.  Cassabois,  à  Paris.  —  Veuillez  recevoir  nos  très  vifs  remerciements  pour  les 
errata  et  pour  les  figures  indiquées.  Nous  en  tiendrons  compte  lors  du  prochain  tirage. 

M.  PiROux,  à  Alexandrie.  —  Mille  remerciements.  Sera  rectifié  à  la  prochaine 
occasion. 

M.  CoiONET,  à  Paris.  —  Observation  très  exacte  et  qui  peut  se  renouveler  toutes  les 
fois  que  Bételgeuse  n'est  pas  élevée  dans  le  ciel  et  qu  il  y  a  de  l'humidité  dans  l'atmos- 
phère. Elle  scintille  beaucoup.  Sa  couleur  est  jaune  orange,  (voyez  les  Etoiles,  p.  454), 
rouge  quand  elle  est  basse.  Le  vert  est  un  effet  d'optique. 

M.  PÉROCHB,  à  Lille.  •—  Nous  avons  reçu  votre  très  intéressante  brochure.  Peut-être 
aurons-nous  l'occasion  de  parler  un  jour  de  ces  grandes  études  et  de  vos  ingénieuses 
idées.  En  tous  cas,  bien  des  remerciements. 

M.  DuPRAT,  à  Alger.  —  Le  défaut  de  votre  lunette  doit  tenir  à  la  courbure  imparfaite 
de  l'objectif,  peut-être  à  une  altération  de  la  surface  des  verres  ou  encore  à  la  mauvaise 
disposition  des  diaphragmes.  Il  faudrait  la  faire  examiner. 

Merci  pour  vos  onservations  de  tremblements  de  terre.  Vous  savez  qu'elles  nous  sont 
fort  utiles  pour  la  rédaction  de  notre  statistique  annuelle. 

M.  SouLiÉ,  à  Ivry.  —  Nous  avons  reçu  votre  lettre  contenant  les  détails  de  votre 
appareil.  Nous  espérons  qu'il  nous  sera  bientôt  possible  d'en  parler  dans  la  Revue, 

M.  MoNiBR,  à  Paris.  —  La  question  que  vous  nous  adressez  fera  l'objet  d'un  de  nos 
prochains  articles. 

M.  Anglas,  à  Paris.  —  Bien  des  remerciements  pour  votre  joli  dessin  de  la  nébuleuse 
d'Andromède  ainsi  que  pour  le  détail  de  votre  observation  parfaitement  conforme  à 
celles  des  autres  observateurs. 

M.  Guillaume,  à  Péronnas.  —  Remerciements.  Nous  espérons  publier  toutes  les  ob- 
sci*vations.  Pour  Tobjectif  de  81""",  prière  de  vous  adresser  à  M.  Bardou. 


A.   BARDOU 

CONSTRUCTEUR  D1RSTRURER1S  mm 

FOUnNISSKUa  DD  ministère  de  la  CCE8IE 

Circulaire  ministérielle  du  29  Juillet  i^rl 
65,  rue  de  Oiabrol,  à  Paris. 


Lunettes  astronomiques,  corps  cuivre  avec  chercheur,  tuk 
doculalre  à  crt  itiaillère  pour  la  mise  au  foyer.  Monture  équat- 
riftle  a  latitud©  variable  de  O»  a  90%  cercle  horaire  et  ccnlej^ 
dâcliiifUSOii  lion  fiant  la  minute  par  les  verniers;  pince  ponrfiirr 
la  lunette  OD  décHnaison.  Pied  en  fonte  de  fer  reposant  par  iroj 


vi«  calantes  sur  trois  crapaudlnes  {fig.  1). 
i  d'un  ré 


L'oculaire  le  plus  faible  est  muni 


réticule. 


100.  160  et  270 
100,  150, 200  et  430 


1450 


I^xinett^^  astronomlqnes  et  teppeetres,  corps  cmvre  ive: 
cherclicur,  pied  fer  et  soutien  de  stabilité  servant  à  dinger  u 
lunette  par  mouvement  vertical  lent  au  moyen  d'une  atm- 
1ère  Mube  d^oculaire  à  crémaillère  pour  la  mise  au  foyer,  un- 
et  rumen  t  {fig.  2  )  et  ses  accessoires  sont  calés  dans  uneboiiefn 
Bapin  rouge 


PS    -^ 

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OCULAIRES. 

Célestes. 


GrosslBsements. 


80  et  150 
75,  120  et  200 
85,  130  et  240 
100,  160  et  270 


"T" 

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-C-T 

oS:é 

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275 

Î3 

360 

5d 

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3? 

fôO 

« 

Limettes  astronomiques  et  terrestres,  con>? .fu^'^'f  >; 
fer,  mouvements  prompts,  tube  d'oculaire  à  crémaillère  Fur 
mise  au  foyer.  L'instrument  et  ses  accessoires  sont  caies  u* 
une  boite  en  sapin  rouge. 


M  é 

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Terres- 
tres. 


OCULAIRES. 

Célestes. 


M   O 

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Grossis- 
semcDts. 


90 

100 

80  et  150 


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PRIX. 

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175 

25 
25 

190 

22i. 

On  peut  ajouter  et  l'on  ajoute  généralement  à  ces  »vf  - 

modèles  ;  ^^^^ 

Montnre  à  prisme  pour  observer  facilement  w  ^  ^^ 

Bcrâii  pour  examiner  les  tâches  du  Soleil.  Prix- 


Paris.  —  Imp.  Gauthier-Villars,  55,  quai  dos  Grands-Au^uslins. 


4°  Année. 


NP^  1(31885 


N»  11. 


Novembre  1885. 


REVUE  MENSUELLE 

D'ASTRONOMIE  POPULAIRE 

DE  MÉTÉOROLOGIE  ET  DE  PHYSIQUE  DU  GLOBE, 

fifvmiyn^lt    TABLBiU    permanent    DBS    DÉCOUVBRTBS    BT    DBS    PROORàS    RÉALISÉS 
'   -^'^,  \  '^  -  DANS    LA    CONNAISSANCB    DE    L'UNIVBRS 


-7 


PUBLIEE    PAR 


CAMILLE  FLAMMARION, 

AVEC  LE  CONCOURS  DES 

PRINCIPAUX  ASTRONOMES  FRANÇAIS  ET  ETRANGERS 


ABONNEMENTS  POUR  UN  AN  : 

Paris  :  12  fr*  —  Départements  :  13  fr.  —  Étranger     14  fr. 

Prix  DU  Numéro  :  1  fï>.  20  o. 

La  Revue  parait  le  l***  de  chaque  Mois. 


PARIS. 


6AUTH1ER-Y1LLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DE    l'observatoire    DE    PARIS, 
Quai  des  Augustins,  55. 

1885 


■«H^MMMlM 


SOMMAIRE  DU  N^»  ii  (NOVEMBRE  1885). 

Le  cadran  solaire  de  Nice,  (1  flgure).  —  L'étoile  nouTellement  allumée  dans  la  grande 
nébuleuse  d* Andromède,  par  M.  E.  L.  Trou VELOT  (1  flgure).  —  Compléments  snrTétoile 
nouTêlle,  par  M.  Camille  Fi^ammarion  —  Les  points  sombres  énlgmatlqaes  observés 
dans  les  cratères  lunaires,  par  M.  C.  M.  Gaudibbrt  (1  flgure).  —  L*étoUe  double  ii  du 
Dragon,  par  M.  Camille  Flammarion  (3  figures).  —  Nouvelle  mesure  de  la  température 
du  Soleil,  par  M.  J.  Ericsson  (2  flgures).  —  La  météorologie  en  Australie,  par  M.  le  D' 
Edmond  Barré.  —  Éclipses  totales  de  Soleil  visibles  en  Angleterre  depuis  mille  ans 
(  1  flguro  ).  —  Nouvelles  de  la  Science.  Variétés  :  Concours  pour  la  réforme  du  calendrier. 
Les  lueurs  crépusculaires  ;  couronne  autour  du  Soleil,  par  M.  P.  Tacchini.  Passage  de  la  planète 
Mars  devant  ramas  du  Cancer,  par  M.  Léon  Fenet  (1  flgure).  Le  mont  Pilât,  laboratoire  des 
nuages.  Société  scientlflque  Flammarion,  d^Marscille.  Mercure,  Mars  et  Saturne  dans  une  lunette 
deSS^-.par  M.  Guiot  (2  flgures).  Propagation  des  tremblements  de  terre,  par  M.  Trkmeschwi 
Erreurs  accréditées.  Les  ténèbres  de  la  neuvième  plaie  d'Egypte.  Les  nuits  d'Angleterre.  Nou- 
velles mesures  du  compagnon  de  Sirius.  —  Observations  astronomiques,  par  M.  E.  \\uoin 
(2  figures  ).  Occultation  d'Aldébaran,  par  M.  Edouard  Blot. 


ARTICLES  SOU8  PRESSE 

POUR  PARAITRE  DANS  LES  PROCHAINS  NUMÉROS  DE  LA  REVUE. 

FLAMMARION.  ^  L'origine  des  constellations. 

BERTHELOT.  —  Sur  les  signes  des  métaux  rapprochés  des  signes  des  planètes. 

TOUNG.  —  Les  problèmes  actuels  de  FAstronomle. 

FENET.  —  Les  curiosités  sidérales  vues  dans  les  Instruments  moyens. 

VIMONT.  —  Instructions  pour  Tusage  des  Instruments. 

DETAILLE.  —  L'Astronomie  des  anciens  Egsrptlens.  —  La  périodicité  des  éléments 
magnétiques. 

G.  HERMITE.  —  Détermination  du  nombre  des  étoiles  de  la  vole  lactée. 

LBSPIATJLT.  —  Démonstration  élémentaire  des  lois  de  Newton. 

GALLT.  —  Eclipses  de  Soleil  et  de  Lune  qui  arriveront  de  Tan  1886  &  l'an  2000. 

G.  TRAMBLAT.  —  Photographie  lunaire  dans  les  Instruments  de  moyenne  puis- 
sance. 

H.  RAPIN.  --  Le  Jour  sidéral  et  la  rotation  de  la  Terre. 

LEMSTRONE  ET  NORDBNSKIŒLD.  —  Les  aurores  boréales. 

P.  GÉRIGNT.  —  Réflexions  sur  la  Philosophie  des  Sciences. 

L.  TROUVELOT.  —  Remarq[uables  protubérances  solaires  diamétralement  opposées. 

DE  BOE.  *-  La  lumière. 

FLAMMARION.  —  L'univers  antérieur. 


PRINCIPAUX  ARTICLES  PUBLIÉS  DANS  LA  REVUE. 

BERTRAND  (J.),  de  l'Institut.  —Le  satellite  de  Vénus. 

DAUBRÉSE,  Directeur  de  l'Ecole  des  mines.  —  Les  pierres  tombées  du  Ciel. 

DENNING  (A.),  astronome  à  Bristol.  —  Observations  télescoplques  de  Jupiter,  de  Véniu 
de  Mercure. 

FATE,  Président  du  Bureau  des  Longitudes.  »  Nouvelle  théorie  du  Soleil.  —  Distribution 
des  taches  solaires.  —  Mouvements  lents  du  sol  en  Suisse.  —La  formation  du  sys- 
tème solaire, 

FLAMMARION.  —  Les  carrières  astronomiques  en  France.  —  Conditions  d'habita- 
bilité de  la  planète  Mars.  —  Constitution  physlq[ue  des  comètes.  —  Une  genèse  dans 
le  Ciel.  —  Gomment  on  mesure  la  distance  du  soleil.  —  Les  étoiles,  soleUs  de  rinflni.- 
D*où  viennent  les  pierres  qui  tombent  du  Ciel?  ~  Les  étoiles  doubles.  —  Chute  d'un 
corps  au  centre  de  la  terre.  —  La  conquête  des  airs  et  le  centenaire  de  Montgolfler.  - 
Les  grandes  marées  au  Mont  Saint-Michel.  —  Phénomènes  météorologiques  obser- 
vés en  ballon.  —  Une  excursion  météorologique  sur  la  planète  Mars.  —  Les  flam- 
mes du  Soleil.  —  Les  Illuminations  crépusculaires  et  le  cataclysme  de  Kralcatoa.- 
La  planète  transneptunlenne.  —  L'étoile  du  Berger.  —  L'histoire  de  la  Terre.  —  Les 
victimes  de  la  foudre.  —  Les  conditions  de  la  vie  dans  l'univers. 

GÉRIGNT,  astronome.  —  Comment  la  lune  se  meut  dans  l'espace.  --  Ralentissement  ds 
mouvement  de  la  Terre.  —  La  formation  du  système  solaire.  —  Etudes  sélènographi- 
ques.  —  L'èqnatorlal  coudé  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  L'héllomètre.  —  La  nais- 
sance de  la  Lune.  —  Les  grands  instruments  de  l'Astronomie. 

HENRY,  de  TObservatoire  de  Paris.  —  Découvertes  nouvelles  sur  Uranus.  —  La  photo- 
graphie céleste. 

HERSCHEL  (A.-S.).—  Chute  d'un  uranollthe  en  Angleterre. 

JAMIN,  de  rinstitut.  —  Qu'est-ce  que  la  rosée  ? 

JANSSEN,de  l'Institut,  directeur  de  l'Observatoire  de  Meudon.  ^  La  photographie  oéleste.  — 
Résultats  de  l'ècUpse  de  Soleil  du  6  Mal  1 888. 

MOUCHEZ  (amiral),  directeur  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  Travaux  actuels  de  l'Obserra- 
tolre  de  Paris.—  L'Observatoire  du  Pic  du  Midi.—  Création  d'une  succursale  de  l'Ob- 
servatoire. 

PARMENTIBR  (général).  —  Distribution  des  petites  planètes  dans  l'espace. 

PERROTIN,  directeur  de  l'Observatoire  de  Nice.— La  comète  de  Pons.  — La  planète  Uranus. 

SCHIAPARELLI,  directeur  de  TObservatoire  do  Milan.  —  Les  canaux  de  la  planète  Mars. 

TROUVELOT,  de  TObservatoire  de  Meudon.  —  La  comète  de  Pons.  —  Ombres  observées 
sur  le  Soleil.  —  La  planète  Mars  en  1884. 


Les  communications  relatives  à  la  rédaction  doivent  être  adressées^  M.  C  Flammarion,  Diree< 
leur  de  la  Revue^  40,  avenue  de  l'Observatoire,  à  Paris,  ou  k  l'Observatoire  de  Juvlsy  ; 
ou  bien  à  M.  Gérlgn y.  Secrétaire  de  la  Rédaction^  9,  rue  d'Alençon,&  Paris. 


Le  plan  du  Journal  comporte  une  grande  variété  d'articles.  Chaque  Numéro  coU' 
lient  des  descriptions  de  science  populaire  rédigées  pour  les  lecteurs  qui  ne  font  ps» 
profession  de  science,  pour  les  gens  du  monde  en  général;  des  études  plus  tpôro- 
fondies  destinées  aux  astronomes  amateurs;  et  des  recherches  intiressanï  ut 
savants  curieux  de  pénétrer  de  plus  en  plus  les  grands  problèmes  de  la  nature^ 


v|OVlO\B85 


—  I.*ASTRONOMIX.  —  401 

LE  CADRAN  SOLAIRE  DE  NICE. 

Le  magnifique  cadran  solaire  que  l'on  admirait  à  la  façade  sud  du  théâtre 


Fig.  135.  —  Le  cadran  solaire  de  Nice. 

italien  de  Nice  a  été,  non  détruit,  mais  détaché,  lorsqu'on  dut  démolir  cet 

édifice  en  partie  renversé  par  le  terrible  incendie  dont  personne  n'a  perdu 

Novembre  4885.  il 


402  L'ASTRONOMIE. 

le  souvenir.  Depuis,  ce  théâtre  a  été  remplacé  par  le  théâtre  municipal  actuel. 
Peut-être  la  municipalité  de  Nice  eût-elle  été  bien  inspirée  de  rétablir  l'œuvre 
élégante  du  colonel  Wagner  sur»  la  nouvelle  façade.  Quoi  qu'il  en  soit,  nous 
pensons  que  la  reproduction  fidèle  de  ce  beau  modèle  de  cadran  solaire  sera 
bien  à  sa  place  dans  la  Revue  et  nous  sommes  heureux  de  pouvoir  la  publier  ici. 

Dans  une  réunion  agréable,  écrivait  à  ce  propos,  en  1868,  le  regretté  colonel 
Wagner  lui-même,  dans  une  telle  réunion,  on  ne  songe  guère  à  consulter  Tai- 
guiile  de  la  pendule.  C'est  sans  doute  à  un  sentiment  analogue  qu'il  faut  attri- 
buer cette  insouciance  qui  a  si  longtemps  fait  négliger  la  réglementation  des 
heures  dans  la  bonne  ville  de  Nice. 

Aujourd'hui  cette  insouciance  n'existe  plus,  grâce  surtout  à  l'honorable 
M.  Coventry,  un  des  hôtes  habituels  de  Nice,  qui,  pendant  plusieurs  années  de 
suite,  a  fait  tirer  le  canon  tous  les  jours,  à  midi,  avec  une  régularité  et  une  pré- 
cision parfaites. 

A  ce  signal,  les  chantiers  s'animaient  subitement^  puis  devenaient  déserts; 
les  ouvrières  impatientes  quittaient  leur  atelier;  les  promeneurs,  par  un  geste 
devenu  instinctif,  tiraient  leur  montre,  dont  ils  suivaient  avec  intérêt  les  varia- 
tions, et  les  horloges,  qui  jusqu'alors  étaient  allées  à  la  dérive,  sonnaient 
presque  aussitôt  dans  toute  la  ville. 

Maintenant  que  le  pli  de  l'exactitude  est  pris,  le  canon  devenu  muet  laisserait 
une  lacune  regrettable,  sans  l'existence  du  cadran  solaire  récemment  construit 
sur  la  façade  sud  du  théâtre  impérial. 

Ce  cadran  donne  toutes  les  indications  qu'on  peut  demander  au  Soleil. 

Sur  la  plaque  de  marbre  qui  forme  le  cadran  solaire  proprement  dit,  les 
lignes  horaires  permettent  de  lire  l'heure,  de  quart  d'heure  en  quart  d'heure,  ou 
de  l'estimer  à  un  instant  quelconque. 

Plus  bas,  Yéquation  du  temps,  représentée  par  une  courbe,  donne  la  cor- 
rection à  faire  subir  au  temps  vrai  ainsi  lu,  pour  avoir  le  temps  moyen,  c'est-à- 
dire  l'heure  usuelle.  La  courbe  en  8  du  cadran  indique  directement  le  midi  moyen 
qu'annonçait  autrefois  le  canon  du  château.  Les  courbes  dorées,  dites  lignes  de 
déclinaison,  correspondent  à  l'entrée  du  Soleil  dans  les  divers  signes  du  zodiaque. 

Sur  les  côtés,  deux  échelles  permettent  de  lire,  en  temps  vrai,  pour  tous  les 
jours  de  l'année,  les  heures  du  lever  et  du  coucher  du  Soleil,  du  commencement 
de  Vaurore  et  de  la  fin  du  crépuscule. 

Le  point  lumineux  indique,  du  reste,  lui-même  ces  divers  renseignements; 
et  il  donne,  en  outre,  la  date  par  son  passage  sur  celle  des  deux  échelles  qui 
correspond  au  semestre  de  l'année,  dans  lequel   on  se  trouve. 

a  Enfin,  dans  la  frise,  au-dessus  du  cadran,  on  voit  les  différences  entre  l'heure 
de  Nice,  et  celle  des  principales  capitales  du  monde. 

La  hauteur  totale  de  ce  monument  gnomonique  était  de  7"  40,  et  sa  largeur 


L'ÉTOILE  ALLUMÉE  DANS  LA  NÉBULEUSE  D'ANDROMÈDE.  403 

de  4'";  la  statue  représentant  la  ville  de  Nice  mesure  2°^  50,  et  les  génies  figu- 
rant les  quatre  saisons  1"20  environ. 

Ce  cadran  solaire  vient  de  disparaître  pour  tout  lé  monde,  excepté  pour  les 
lecteurs  de  Y  Astronomie.  On  peut  le  considérer  comme  un  modèle  d'élégance 
et  de  bon  goût  pour  la  construction  de  tout  cadran  solaire  monumental,  soit 
qu'il  s'agisse  d'un  château,  d'une  villa,  ou  bien  d'un  lycée,  d'un  collège  ou 
d'un  musée,  etc.  Il  est  remarquable  au  point  de  vue  artistiq[ue  comme  au 
point  de  vue  scientifique.  Sa  devise  elle-même  est  l'une  des  mieux  choisies  : 
L'ombre  passe;  la  lumière  demeure. 


L'ÉTOILE  NOUVELLEMENT  AUTJMÉE 

DANS  LA  GRANDE  NABULEUSE  D'ANDROMADE. 

La  carte  qui  accompagne  la  présente  étude,  (fig.  136)  donne  la  région 
centrale  de  la  grande  nébuleuse  d'Andromède  où  vient  tout  récemment  de 
s'allumer  une  étoile  nouvelle.  Cette  carte,  dressée  en  1874,  à  l'aide  de  la 
lunette  de  15  pouces  d'ouverture  de  l'Observatoire  de  Harvard- Collège, 
présente  aujourd'hui  un  certain  intérêt;  car,  outre  la  partie  centrale  de  la 
nébuleuse,  elle  contient  encore  toutes  les  étoiles  alors  visibles  avec  ce  grand 
instrument  dans  la  partie  du  ciel  où  l'étoile  nouvelle  vient  d'apparaître. 

Il  était  intéressant  de  savoir  si  la  nouvelle  apparition  était  une  étoile  déjà 
connue,  et  si,  par  sa  position,  elle  correspondait  avec  l'une  des  étoiles 
figurées  sur  ma  carte,  ou  bien  si  elle  en  était  absente  et  par  conséquent 
invisible  à  cette  époque. 

Or,  en  comparant  cette  carte  avec  la  même  région  de  la  nébuleuse,  on 
reconnaît  immédiatement  que  deux  étoiles  aujourd'hui  visibles  dans  le  ciel 
manquent  à  l'appel,  et  n'ont  pas  été  figurées  sur  elle.  L'une  d'elles,  très 
brillante,  située  en  A  (/îg.  136),  est  très  rapprochée  du  noyau  de  la  nébuleuse 
31  M.,  qu'elle  précède  de  1,4»  environ.  C'est  l'étoile  nouvelle  que  l'on 
observe  depuis  près  de  deux  mois.  L'autre,  beaucoup  plus  faible,  et  située 
en  B,  est  plus  éloignée  de  ce  noyau,  qu'eUe  précède  do  2V  environ,  sa  décli- 
naison étant  aussi  plus  australe  que  celle  de  la  première.  C'est  aussi  une 
étoile  nouvelle,  de  13-14*  grandeur,  mais  dont  l'apparition  est  inconnue,  et 
peut  tout  aussi  bien  remonter  à  plusieurs  années,  comme  elle  peut  remonter 
à  quelques  mois  seulement. 

Comme  cette  partie  centrale  de  la  grande  nébuleuse  a  été  étudiée  avec  un 
soin  particulier,  et  avec  un  instrument  beaucoup  plus  puissant  que  la 
lunette  de  12  pouces  de  l'Observatoire  de  Paris,  obligeamment  mise  à  ma 
disposition  par  M.  Bigourdan;  ou  celle  de  8  pouces,  de  l'Observatoire  de 


404 


L'ASTRONOMIE. 


Meiidon,  qui,  l'une  et  l'autre  m'ont  servi  à  faire  la  comparaison  du  ciel 
avec  ma  carte,  il  est  certain  que  ces  deux  étoiles  n'auraient  pu  échapper 
au  pouvoir  supérieur  du*  15  pouces,  si,  à  cette  époque,  elles  avaient  brillé 
avec  le  même  éclat  que  la  plus  faible  d'entre  elles,  qui  est  aujourd'hui 
visible  avec  le  8  pouces.  Si  ces  deux  étoiles  existaient  alors,  comme  cela 
semble  fort  probable,  il  fallait  qu'elles  fussent  certainement  au-dessous  de 
la  16-17*  grandeur,  pour  avoir  passé  inaperçues. 

L'étoile  A  dont  l'apparition  remonte  seulement  à  quelques  semaines 
décroît  assez  rapidement  d'éclat.  De  la  6-7*  grandeur,  lors  de  sa  découverte, 
je  l'évaluais  comme  suit  aux  dates  suivantes  : 


Temps  moyen 

de  Paris.  Grandeur. 

1885    Sept.     8 lO'-aO'"  7,2 

»        16 10    »  8,5 

«        18 10  30  8,8 

»        20 10    5  9,1 

D        28 9  15  t0,2 


Temps  moyen 
de  Pari». 

1885    Oci.       1 9''25- 

»         7 8  35 

»        14 9    » 

»        16 8  10 


Grandeor. 
10,6 
11,0 
11,5 

11,5 


En  même  temps  qu'elle  décroissait  en  éclat,  sa  couleur  subissait  aussi  des 
changements  légers,  mais  très  appréciables.  Le  8  septembre,  elle  était  fran- 
chement rougeâtre-orangé.  Le  1 6  du  même  mois,  elle  me  paraissait  très  légère- 
ment bleuâtre,  et  depuis  cette  dernière  date  elle  m'a  toujours  paru  blanchâtre. 

Bien  que  située  sur  une  partie  très  brillante  de  la  nébuleuse,  ses  contours 
m'ont  toujours  paru  d'une  netteté  remarquable  et  mieux  définis  que  ceux 
de  n'importe  quelle  autre  étoile  de  son  voisinage. 

En  voyant  apparaître,  si  subitement,  une  étoile  brillante  au  centre  d'une 
nébuleuse  fortement  condensée  et  pourvue  d'un  noyau  quasi-stellaire,  plu- 
sieurs observateurs  s'étaient  demandé  si  l'étoile  nouvelle  ne  s'était  pas 
formée  aux  dépens  de  la  matière  nébuleuse  qui  semble  l'entourer.  Avant 
d'avoir  fait  aucune  mesure,  et  quand  cette  étoile  était  à  son  maximum 
d'éclat,  on  pouvait,  à  la  rigueur,  supposer  que  le  noyau  de  la  nébuleuse,  alors 
invisible,  s'était  transformé  en  étoile.  Aujourd'hui  on  sait  qu'il  n'en  est  pas 
ainsi,  que  le  noyau  existe  toujours,  et  que,  tout  à  fait  distinct  de  l'étoile,  il 
en  est  éloigné  de  plus  de  16''.  Du  reste,  il  existe  un  fait  qui  semble  peu 
favorable  à  cette  hypothèse.  En  effet,  si  l'étoile  nouvelle  s'était  formée  aux 
dépens  de  la  nébuleuse,  il  serait  indispensable,  semble-t-il,  qu'elle  fût  entourée 
par  cette  matière  nébuleuse  en  voie  de  condensation.  Or,  l'étoile  nouvelle 
n'avait  pas  ses  bords  diffus;  mais,  au  contraire,  ils  se  distinguaient  parleur 
netteté;  ce  qui  n'aurait  pas  eu  lieu  si  elle  eût  été  plongée  dans  la  nébulosité. 

Plusieurs  astronomes  ont  cru  reconnaître  des  changements  dans  la  nébu- 
leuse elle-même.  Le  fait  est  délicat  et  très  difficile  à  constater,  même  pour 


L'ÉTOILE  ALLUAIÉE  DANS  LA  NÉBULEUSE  D'ANDROMÈDE. 


405 


ceux  qui  ont  fait  une  étude  de  cette  nébuleuse  et  ici  connaissent  parfaitement. 
En  effet,  la  lumière  de  l'étoile  nouvelle  affaiblissant,  comme  elle  le  doit,  la 
lumière  beaucoup  plus  faible  de  la  nébuleuse,  ne  peut  manquer,  par  cela 
même,  de  lui  donner  un  tout  autre  aspect  que  celui  qui  lui  appartient,  et  c'est 

Fig.  136. 


■ 

1 

■■ 

Bl 

^^^^^■■1 

^m^^ii 

HHIH 

mni 

m 

^^H 

iiiiii 

^^m 

■■i 

Région  centrale  de  la  nébuleuse  d'Andromède. 

en  effet  ce  qui  a  lieu.  Mais  le  changement  est-il  réel,  ou  simplement  apparent? 
Lors  de  son  apparition,  l'étoile  nouvelle  était  si  brillante,  qu'elle  effaçait 
pour  ainsi  dire  complètement  la  lumière  émisepar  le  noyau  de  la  nébuleuse  ; 
aussi  était-il  alors  fort  difficile  à  reconnaître.  Mais  à  mesure  qu'elle  perd  de 
son  éclat,  il  devient  plus  lumineux,  et  peu  à  peu,  on  voit  s'élargir  et  s'allumer 
la  nébulosité  qui  Tentoure.  Déjà,  le  7  octobre,  on  pouvait  reconnaître  la  forme 


406 


L'ASTRONOMIE. 


ovoïde  extérieure  de  31  M.,  qui  n'était  plus  visible  depuis rapparition  de  cette 
étoile.  En  1874,  quand  je  fis  Tétude  de  la  grande  nébuleuse,  je  trouvai  31  M. 
un  peu  plus  brillante  que  32  M.  ^tuée  aussi  dans  la  même  nébuleuse.  Aujour- 
d'hui, qu'une  étoile  brille  sur  elle,  c'est  naturellement  le  contraire  qui  a 
lieu;  mais,  à  en  juger  par  les  faits  que  nous  venons  de  faire  connaître,  il 
paraît  fort  probable  que  son  affaiblissement  est  dû  entièrement  à  la  lumière 
de  la  nouvelle  étoile. 

Une  question  non  moins  intéressante,  et  déjà  soulevée,  se  présente.  Les 
étoiles  visibles  sur  la  grande  nébuleuse  d'Andromède  sont-elles  en  connexion 
physique  avec  elle,  ou  en  sont-elles  tout  à  fait  indépendantes?  Comme  on  le 
sait,  ces  étoiles  sont  nombreuses.  Sur  les  39  cartes,  semblables  à  celle  gui 
est  reproduite  (/îg.  136),  et  qui  réunies  ensemble  forment  la  carte  entière  de 
la  nébuleuse  d'Andromède,  telle  qu'elle  a  été  publiée,  mais  sous  une  forme 
beaucoup  réduite,  dans  les  «  Annals  of  the  Harvard  Collège  Observatory, 
Vol.  Vin,  Part  1,  pi.  33  »,  on  compte  1283  étoiles  comprises  entre  la  10*  et 
la  17®  grandeur.  Ces  étoiles,  en  général  fort  petites  et  assez  serrées,  res- 
semblent beaucoup»  en  cela,  aux  étoiles  qui  composent  la  Voie  lactée.  Or,  la 
nébuleuse  d'Andromède  est  très  rapprochée  de  la  Voie  lactée,  et  il  i*ésulte 
même  d'une  étude  que  je  fis  de  la  Galaxie,  en  1875,  que  cette  nébuleuse  est 
comprise  dans  sa  bordure,  qui  s'avance  même  encore  un  peu  au-delà,  vers 
le  Sud. 

Si  l'on  étudie,  d'après  ma  carte,  la  distribution  des  étoiles  sur  cette  nébu- 
leuse, on  reconnaît  que  pour  des  surfaces  égales,  les  étoiles  sont  de  moins 
en  moins  nombreuses,  à  mesure  qu'elles  s'éloignent  de  la  Voie  lactée.  En 
effet,  sur  huit  bandes  parallèles  à  la  Galaxie,  que  l'on  a  tracées  sur  cette 
carte,  et  divisées  en  carrés  égaux  et  de  même  largeur  que  ces  bandes,  la 
moyenne  des  étoiles  appartenant  à  chaque  carré  des  différentes  bandes  se 
présente  ainsi  qu'il  suit,  si  l'on  tient  compte  et  fait  la  correction  pour  un 
petit  amas  d'étoiles  distribuées  sur  une  partie  de  deux  carrés  contigus  appar- 
tenant, l'un  à  la  quatrième  et  l'autre  à  la  cinquième  bande.  Dans  le  tableau 
suivant,  la  première  bande  est  la  plus  rapprochée  de  la  Voie  lactée,  et  les 
autres  s'en  éloignent  successivement. 


!'•  bande. 

34,5  étoiles  par  carré. 

5-«  bande. 

31,2  étoiles  par  carré 

2-      » 

32,3       »                 » 

6"«       » 

29,7       »               • 

3-      » 

32,0       »                 » 

7-0       „ 

30,0       »» 

4-      » 

31,3       »                 » 

8-       » 

28,0       »               » 

Comme  on  le  voit,  la  série  est  franchement  décroissante,  à  part  quelques 
irrégularités,  bien  naturelles,  du  reste,  puisque  les  étoiles  ne  sont  pasdis- 
tribuées^régulièrement  sur  la  Galaxie. 


L'ÉTOILE  ALLUMÉE  DANS  LA  NÉBULEUSE  D'ANDROMÈDE.  407 

D'après  les  faits  que  nous  venons  de  faire  connaître,  il  est  certain  que  la 
grande  nébuleuse  d'Andromède  est  située  dans  la  région  de  la  Voie  lactée,  et 
que  les  étoiles  visibles  sur  elle  appartieimenl,  sinon  en  totalité,  mais  au 
moins  en  grande  partie  à  cette  région.  Mais  bien  qu'elle  soit  située  dans  la 
région  de  la  Voie  lactée,  elle  peut  cependant  en  être  fort  éloignée,  et  ne  pas 
lui  appartenir.  En  effet,  trois  cas  sont  à  examiner  :  ou  la  nébuleuse  est 
située  entre  nous  et  la  Voie  lactée  ;  ou  bien  elle  fait  partie  de  cette  région  ; 
ou  enfin,  elle  est  située  au-delà,  et  plus  ou  moins  loin  dans  l'espace.  Si 
elle  est  située  entre  nous  et  la  Galaxie,  ce  qui  paraît  peu  probable,  elle 
ne  peut  manquer,  il  me  semble,  de  diminuer  l'éclat  et  la  netteté  du  con- 
tour des  étoiles  de  la  Voie  lactée  visibles  à  travers  elle.  Il  en  serait  encore  de 
même  si  elle  faisait  partie  de  la  Galaxie,  car  les  étoiles  nombreuses  qui  se 
trouveraient  soit  au  dedans,  soit  au  delà  de  sa  nébulosité,  devraient  avoir  des 
bords  diffus.  Si  au  contraire  la  nébuleuse  est  située  par  delà  la  Voie  lactée, 
les  étoiles  appartenant  à  cette  dernière  région  se  montreront  avec  des  con- 
tours bien  définis,  et  nettement  arrêtés  sur  la  nébuleuse.  Seulement,  si  la 
nébuleuse  possédait  quelques  étoiles  autour  d'elle,  il  serait  impossible  de  les 
distinguer  de  celles  de  la  Voie  lactée  par  la  netteté  de  leurs  contours.  Il  n'y 
aurait  que  les  étoiles  engagées  dans  la  nébuleuse  elle-même,  qui  pour- 
raient être  reconnues  comme  lui  appartenant,  comme  cela  s'observe  dans 
les  amas  d'Hercule  et  du  Centaure,  sur  lesquels  on  ne  voit  qu'un  nombre 
comparativement  fort  petit  d'étoiles  avec  des  bords  bien  définis,  tandis  que 
la  grande  majorité  d'entre  elles  n'ont  que  des  contours  vagues  et  diffus. 

Or,  aucune  des  étoiles  visibles  dans  la  nébuleuse  d'Andromède  ne  se  montre 
avec  des  bords  diffus  et  mal  arrêtés,  et  leurs  contours  sont  aussi  nettement 
définis  que  celui  des  autres  étoiles  de  la  Galaxie,  visibles  sur  le  fond  bleu 
du  ciel.  Si  l'on  admet,  comme  nous  ne  voyons  aucune  objection  à  le  faire, 
qu'une  nébuleuse  doit  affaiblir  l'éclat,  et  rendre  plus  ou  moins  diffus  le 
contour  des  étoiles  vues  à  travers  sa  substance,  on  peut  conclure  que  la 
nébuleuse  d'Andromède,  malgré  ses  grandes  dimensions,  est  située  au  delà 
de  la  Galaxie,  et  que,  si  elle  possède  des  étoiles  visibles  individuellement,  et 
reliées  physiquement  avec  elle,  elles  sont  fort  peu  nombreuses,  et  de  plus  ne 
sont  pas  engagées  dans  sa  nébulosité,  mais  sont  situées  entre  elle  et 
l'observateur. 

E.  L.  Trouvelot. 
Observatoire  de  Meudon,  17  octobre  1885. 


408  L'ASTKONOailË. 

COMPLÉMENTS  SUR  L'ÉTOILE  NOUVELLE. 

A  cette  savante  étude  de  M.  ^Thouvelot,  nous  pouvons  ajouter  quelques 
détails  complétant  Thistorique  do  cette  remarquable  apparition. 

La  rédaction  de  VAstronomie  a  reçu  un  grand  nombre  d'observations  dont 
nous  félicitons  chaleureusement  nos  lecteurs.  Ces  observations  témoignent 
une  fois  de  plus  que  l'étude  pratique  des  merveilles  célestes  est  beaucoup 
plus  répandue  qu'on  ne  le  suppose  en  général,  et  qu'à  l'aide  d'instruments 
souvent  très  élémentaires  on  peut  faire  des  recherches  non  seulement 
intéressantes,  mais  encore  d'une  utilité  réelle  pour  le  progrès  général  de  la 
Science.  Ici  encore,  ce  sont  les  astronomes  amateurs  qui,  comme  au  temps 
de  William  Herschel,  montrent  l'exemple  et  marchent  en  avant. 

L'intérêt  qui  s'attache  à  la  date  exacte  de  la  conflagration  de  la  nouvelle 
étoile  nous  engage  à  présenter  ici  brièvement  l'ensemble  des  résultats  obte- 
nus. Ces  résultats  confirment  absolument,  quant  à  la  nature  de  l'étoile,  les 
considérations  émises  dans  le  dernier  Numéro  de  la  Revue. 

Plusieurs  observateurs  ont  remarqué  que  la  nébuleuse  d'Andromède  parais- 
sait plus  brillante  au  mois  de  juillet  dernier  qu'elle  ne  l'est  habituellement. 
Cette  remarque  a  été  faite  séparément  en  diverses  réglons,  soit  à  Foeil  nu,  soit 
à  l'aide  de  divers  instruments.  Mais  en  comparant  attentivement  tous  les  témoi- 
gnages, il  est  difficile  de  décider  si  cette  visibilité  exceptionnelle  était  causée  par  la 
transparence  de  Tatmosphère  ou  par  un  réel  accroissement  de  lumière.  Quoiquil 
en  soit,  les  divers  observateurs  ne  signalent  pas  d'éioi/e  apparue  dans  la  nébuleuse. 

Le  6  août.  —  M.  Saxby,  d'East  Clendon  (Somerset)  observant  la  nébuleuse, 
remarqua  son  vif  éclat,  mais  n'aperçut  aucune  trace  d'étoile.  Il  en  fut  de  même 
le  9  et  le  10.  Éclat  singulier,  mais  pas  d'étoile. 

Le  10.  —  MM.  Lihou  et  Codde,  à  Marseille,  remarquèrent  le  vif  éclat  du  noyau 
et  le  comparèrent  à  celui  d'une  étoile  de  7«  grandeur.  Mais  on  n'y  porta  pas  d'at- 
tention spéciale,  surtout  à  cause  de  la  présence  de  la  Lune. 

Même  date.  —  M.  Hopkins,à  Forest  Gâte  (Angleterre),  a  observé  spécialement 
la  nébuleuse  à  l'aide  d'un  réfracteur  de  76™™,  muni  de  grossissements  de  50 
et  100  fois,  et  n'a  remarqué  aucune  trace  d'étoile. 

Le  13.  —  M.  J.  Gledhill,à  Bermerside,  Halifax.  Cet  habile  observateur  d'étoiles 
doubles  fut  frappé  de  l'éclat  de  la  nébuleuse  à  l'équatorial  de  0'»24;  mais  ne 
remarqua  aucun  éclat  stellaire. 

Même  date.  —  M.  R.,  de  Kœvesligethy,  en  Hongrie,  observant  la  nébuleuse, 
n'a  remarqué  aucune  étoile. 

Le  15.  —  M.  C.-L.  Prince,  à  Crowborough.  Nébuleuse  singulièrement  brillante. 
Mais  aucune  trace  d'étoile. 

Même  date.  —  Une  photographie  de  la  nébuleuse,  prise  par  M.  Common.  à 
Ealing  (Londres),  ne  montre  pas  la  nouvelle  étoile. 


COMPLÉMENTS  SUR  L'ÉTOILE  NOUVELLE. 


409 


Les  15  et  16.  —  M.  Tempel,  directeur  de  TObservatoire  de  Florence,  affirme 
que  rétoile  n'était  pas  visible  à  ces  deux  dates. 

Le  17.  —  M.  Ludovic  Gully,  à  Rouen,  dirigeslnt  un  télescope  Foucault  de  0™20 
sur  la  nébuleuse,  constata,  à  son  plus  vif  étonnement,  qu'une  étoile  se  montrait 
à  la  place  du  noyau.  Très  surpris  d*un  pareil  événement  et  n'osant  pas  y  croire, 
il  l'attribua  à  un  défaut  du  télescope,  attendant  que  l'observation  fût  confirmée. 

Le  19.  —  M.  Tsaac  Ward,  à  Belfast,  remarqua  dans  le  noyau  une  étoile  nette, 
mais  faible,  qu'il  qualifia  de  9  y  grandeur. 

Le  22.  —  M«®  la  baronne  de  Podwaniczky,  en  Hongrie,  observant  à  l'aide  d'une 
petite  lunette  de  80™»  munie  d'un  grossissement  de  18  fois,  remarqua  une  petite 
étoile  qu'elle  signala  à  M.  de  Konkoly,  l'astronome  de  O'Gyalla  dont  tous  nos 
lecteurs  connaissent  et  apprécient  les  travaux.  La  Lune  était  brillante. 

Le  30,  au  soir.  —  M.  P.  Lajoye,  à  Reims,  nous  signale,  le  premier,  l'apparition 
de  l'étoile.  (Voy.  l'astronomie,  p.  361.) 

Môme  date.  —  M.  Thibault,  à  Meung-sur-Loire,  signale  indépendamment,  de 
son  côté,  la  même  apparition.  Ces  deux  astronomes  amateurs  observent  le  ciel 
à  l'aide  de  petites  lunettes.  En  fait,  leur  constatation  eût  suffi  pour  enregistrer 
le  phénomène  dans  les  annales  de  l'Astronomie. 

Le  31,  au  soir.  —  M.  Hartwig,  astronome  à  l'Observatoire  de  Dorpat,  constate 
l'apparition  et  la  publie. 

Le  2  septembre.  —  Les  astronomes  reçoivent  communication  du  fait  par  «  Dun 
Echt  Circular  »,  le  vérifient  et  commencent  une  observation  méthodique  de 
rétoile.  On  voit  que  la  première  observation  est  celle  de  notre  savant  correspon- 
dant, M.  Gully,  de  Rouen. 

Les  estimations  de  grandeurs  peuvent  se  résumer  comme  il  suit  : 


Dates. 

Août  17... 

»        19... 


Sept 


30. 
31. 

1. 

2. 

3. 

4. 


Grandeurs. 
9 
9 
9 

H 


Sept. 


Oct. 


Dates. 

7... 
11.... 
15.... 
20.... 
27.... 

1.... 

8.... 
15..   . 


Grandeurs. 

7: 

8 

8 

9 
10 
104 
11 
Ht 


On  voit  que  l'étoile  nouvelle  diminue  rapidement  d'éclat. 

Plusieurs  essais  spectroscopiques  ont  été  faits  par  MM.  Iluggins,  Maunder,  de 
Konkoly,  Vogel,  etc.  Ilsn'ontdonné  aucun  résultat  certain,  l'étoile  n'émettant  qu'une 
faible  lumière  (jaune)  qu'il  était  difficile  d'ailleurs  de  séparer  de  celle  du  noyau 
de  la  nébuleuse.  Tout  ce  qu'on  en  peut  conclure,  c'est  que  le  spectre  de  l'étoile 
nouvelle  est  plus  court  à  ses  deux  extrémités  que  celui  d'une  étoile  ordinaire  du 
même  éclat  et  que  la  nébuleuse  a  moins  de  rouge  que  l'étoile.  Le  spectre  paraît 
appartenir  à  celui  des  étoiles  du  quatrième  type  de  Secchi.  Peut-être  une  confla- 
gration d'hydrogène. 

H' 


410  L  ASTRONOMIE. 

M.  Engelmann,  à  Leipsig,  a  mesuré  micromëtriquement  la  position  de  létoile 
relativement  au  noyau  de  la  nébuleuse.  L'étoile  est  à  i*,39,  à  TOuest,  du  noyau, 
et  à  3'9i  au  Sud.  On  a,  pour  Tangle  de  position  et  la  distance  du  noyau  relati- 
vement à  rétoile  : 

76M    et    16%  33. 

M.  Millosevich  a  trouvé,  à  Rome,  75*,  9  et  15',  10,  ce  qui  donne 

AA  — 1',29    et    (D  — 3',68. 
La  petite  étoile  de  1 1«  grandeur  qui  a  souvent  servi  de  point  de  comparaison, 
se  trouve,  d*après  M.  Engelmann,  relativement  à  Tétoile  nouvelle,  à 

262%  4    et    109-,  72 
précédant  l'étoile  nouvelle  de  9»,  55  et  se  trouvant  à  14',  47  plus  au  Sud.  A  l'Ob- 
servatoire de  Paris,  M.  Bigourdan  a  trouvé  de  son  côté  9»,  47  et  14*1.  On  ne  sau- 
rait exiger  un  meilleur  accord. 

Tel  est  le  résumé  des  observations  faites  sur  la  nouvelle  étoile  de  la  nébu- 
leuse d'Andromède.  Il  importait  d'enregistrer  aussi  exactement  que  possible 
son  état  civil.  La  conclusion  reste  la  même  que  celle  de  notre  première 
étude  :  il  ne  s*agit  pas  ici  d'une  condensation  dans  la  nébuleuse, mais  dune 
étoile  temporaire  associée  à  ce  lointain  univers.  Si  la  nouvelle  étoile  fait  de 
nouveau  parler  d'elle,  nos  lecteurs  en  seront  les  premiers  informés.  Mais  ce 
qui  vient  d'arriver  suffit  pour  nous  rappeler  que  le  Ciel  n'est  plus  l'image  de 
la  mort  et  que  ses  insondables  régions  sont  au  contraire  le  siège  perpétuel 
du  mouvement,  de  l'activité  et  de  la  vie.  Si  des  êtres  habitant  ces  régions  de 
Tespace  ont  pu  assister  de  près  à  cette  conflagration  prodigieuse,  ils  auront 
vu  un  monde  en  feu  qui,  dans  Téblouissement  d'un  céleste  drame,  a  tout 
d'un  coup  brillé  au  milieu  des  flammes  pour  retomber  graduellement  dans 
l'extinction  qui  doit  l'ensevelir.  C.  F. 

LES  POINTS  SOMBRES  ÉNIGMATIQUES 

OBSERVÉS  DANS  LES  CRATÈRES  LUNAIRES. 

L'article  si  intéressant  de  M.  Détaille,  dans  le  n»  8  de  la  Revue,  contenant  les 
observations  du  regretté  Julius  Schmidt  et  du  D'  Klein  sur  certains  points  som- 
bres observés  dans  la  Lune,  m'engage  à  présenter  à  la  rédaction  de  VAsirono- 
mie  les  études  que  j'ai  faites  sur  ce  sujet,  accompagnées  d'un  dessin  de  Copernic 
dans  lequel  j'indique  la  position  de  ces  points. 

Mon  dessin  est  loin  d'être  aussi  complet  que  celui  de  Secchi  (publié  p.  310).  11 
ne  contient  absolument  rien  des  environs  de  cet  immense  cirque.  Il  se  borne  à 
indiquer  le  sommet  circulaire  de  la  montagne,  les  principales  terrasses  du  talus 
intérieur  et  tous  les  détails  du  fond  que  mon  instrument  a  pu  me  révéler  au  mo- 
ment de  l'observation  et  qui  étaient  susceptibles  de  pouvoir  être  représentés. 

Ces  détails  sont  plus  nombreux  que  ceux  donnés  par  Secchi  et,  autant  que  je 
puis  le  savoir,  n'ont  jamais  été  publiés  dans  aucune  figure. 


LES  POINTS  SOMBRES  ÉNIGMATIQUES. 


411 


Je  tiens  particulièrement  à  faire  remarquer  que  mon  dessin  ne  contient  abso- 
lument rien  d'imaginaire.  A  Texception  des  deux  points  sombres,  vus  près  de  B, 
vers  le  Sud,  qui  y  ont  été  ajoutés  ensuite,  tout  ce  qu'il  représente,  même  les  mon- 
tagnes détachées  qui  forment  le  couronnement  du  cirque,  a  été  vu,  numéroté  et 
décrit  à  la  date  indiquée.  Je  n'ai  pas  cru  devoir  compliquer  le  dessin  en  y  ajoutant 
ces  chiffres,  ni  donner  Texplication  de  chaque  détail,  le  dessin,  à  quelques 
exceptions  pcès,  indiquant  suffisamment  leur  nature.  Cependant  je  pense  que 
quelques  extraits  de  mon  journal,  écrits  au  moment  même  de  mes  observations, 

Fig.  137 


Le  cratère  lunaire  de  Copernic.  (Dessin  de  M.  Gaudibert.) 


ne  seront  pas  inutiles  aux  lecteurs  qui  s'occupent  d'études  lunaires;  c'est  pour- 
quoi je  me  permets  de  les  ajouter  ici.  car  ils  sont  inséparables  du  dessin. 

Le  30  septembre  1877,  entre  4^30"  et  5^30°>  du  matin,  j'écrivais:  «  Sous  cette 
illumination  d'un  soleil  couchant,  avec  cette  atmosphère  calme  et  ce  léger 
brouillard  qui  la  pénètre,  Copernic  offre  au  regard  l'un  des  plus  beaux  spectacles 
que  Ton  puisse  concevoir.  La  pénombre  du  rempart  oriental  commence  juste  à 
envahir  le  talus  intérieur  de  ce  côté,  dont  les  détails  cependant  restent  encore 
bien  visibles.  C'est  une  occasion  très  favorable  pour  dessiner  l'ensemble  du  cra- 
tère. De  nombreuses  terrasses  et  des  montagnes  plus  ou  moins  allongées  gar- 
nissent le  talus  intérieur,  parmi  lesquelles  deux  cratères  seulement  sont  visibles 
du  côté  de  l'Ouest.  Le  fond  est  absolument  couvert  d'objets  de  grandeurs  diverses, 
depuis  le  pic  principal  qui  se  trouve  vera  le  centre  jusqu'aux  points  les  plus 


41Î  L'ASTRONOMIB. 

petits  qui  défient  la  vision,  et  il  ne  s'y  trouve  pas  un  seul  endroit  dont  on  puisse 
dire  qu'il  soit  parfaitement  uni.  Toutefois,  il  y  a  une  différence  très  frappante 
entre  la  moitié  nord  A  de  ce  fond. et  la  moitié  sud.  Tandis  que  cette  dernière  est 
parsemée  d'objets  visibles  au  premier  coup  d'oeil,  la  première  impression  que 
produit  l'autre  région  en  la  parcourant  du  regard  est  celle  d'une  plaine  parfai- 
tement unie.  Cependant,  en  cherchant  bien,  et  surtout  en  attendant  ces  moments 
où  il  semble  qu'un  voile  se  déchire  et  laisse  entrevoir  un  paysage  inconnu  aupara- 
vant, on  aperçoit  des  monticules  iàwmbrables  qui  apparaissent  et  dlaparaisaent 
au  gré  des  vagues  de  l'air.  L'impression  générale  que  laisse  l'observation  de  cette 
partie  Nord  du  fond  de  ce  cratère  est  que  ce  fond  est  très  raboteux,  mais  ces 
rugosités  sont  trop  petites  et  surtout  trop  nombreuses  pour  pouvoir  être  représen- 
tées dans  un  dessin  quelconque.  Cette  rugosité  s'étend  et  envahit  toute  la  par- 
tie sud  du  fond;  mais  ici,  pour  la  voir,  il  faut  une  attention  plus  concentrée  et 
faire  absolument  abstraction  des  objets  plus  saillants  qui  sollicitent  le  regard.  • 

Ce  sont  ces  derniers  objets  seulement  que  j'ai  pu  représenter  dans  le  dessin. 
Parmi  eux  on  voit  vers  le  Sud  et  puis  à  l'Est  trois  agglomérations  de  monticules 
de  forme  ovale.  Ce  sont  de  légers  renflements  du  sol  sur  lesquels  se  trouvent  les 
objets  représentés.  De  légères  traces  de  deux  de  ces  renflements  se  trouvent 
dans  le  dessin  de  Secchi,  sans,  toutefois,  les  petits  détails. 

Les  jmints  sombres  énigmatiques,  —  Ces  points  obscurs  étant  l'objet  d'une 
étude  attentive  et  suivie  par  des  observateurs  aussi  habiles  que  Klein,  en  Alle- 
magne, et  Elger  en  Angleterre,  il  y  a  tout  lieu  d'espérer  que  la  qualiflcation 
d'en  igmati que  ne  leur  sera  bientôt  plus  applicable.  Déjà  Klein  les  a  appelés  des 
cratères,  et  il  est  certain  que  l'analogie  vient  à  l'appui  de  cette  opinion. 

On  voit  à  l'est  du  fond  du  cratère  Alphonse,  une  tache  sombre  et  à  sou  centre 
se  trouve  un  petit  cratère.  Une  autre  tache  semblable,  mais  ronde,  se  trouve  au 
sud-ouest  du  mcme  cirque  qui  a  également  un  cratère  à  son  centre.  Au  sud  de 
Madler,  dans  la  mer  du  Nectar  il  y  a  deux  taches  sombres  près  Tune  de  Tautre  et 
chacune  a  aussi  un  cratère  à  son  centre.  Un  peu  plus  au  Sud  et  plus  près  de 
Beau  mont,  il  y  a  encore  une  tache  sombre  qui  contient  trois  cratères  dans  ses 
étroites  limites.  Enfin,  dernièrement,  le  19  juin  1885,  j'ai  aperçu  pour  la  première 
fois  une  petite  tache  grise  au  sud  du  fond  de  Cyrille,  dans  laquelle  j'ai  trouvé 
deux  petits  cratères  exactement  semblables  et  tout  proches  l'un  de  l'autre.  Ce  qu'il 
y  a  de  remarquable  ici  c'est  que  la  carte  de  Schmidt  ne  contient  qu'un  seul  de 
ces  cratères  et  il  représente  tout  à  côté,  mais  dans  une  autre  direction,  une 
petite  montagne  blanche  plus  difficile  à  voir  que  le  cratère  qui  manque.  Serait- 
ce  un  oubli,  ou  bien  le  cratère  s'est-il  formé  depuis  l'observation  de  Schmidt  ? 

Quant  aux  deux  taches  qui  sont  sur  le  talus  intérieur  sud  de  Copernic,  il  me 
semble  que  ce  dont  il  faudrait  s'assurer  tout  d'abord,  c'est  si  elles  ont  actuelle- 
ment l'aspect  cratériforme  ou  non.  Dans  le  cas  où  elles  n'auraient  pas  encore  cet 
aspect,  il  est  plus  que  probable  que  le  premier  changement  qui  s'y  opérera  ce 
sera  de  le  leur  donner.  C.  M.  Gaudibert. 


L'ÈTOILl!:  DOUBLE   jj.  DU  DUAGON. 


413 


L'ÉTOILE  DOUBLE  p.  DU  DRAGON. 

C'est  là  uiifî  charmanto  petite  étoile  double,  sur  laquelle  j'ai  appelé  l'attention 
en  1878  {Catalogue,  p.  104)  à  cause  des  deux  interprétations  différentes  que  l'on 
pourrait  faire  de  son  mouvement.  Chacun  peut  la  trouver  à  l'œil  nu  dans  le  ciel: 

Fig.  138. 


/       •••       ■■•*                  .,-v 

■                          0  * 

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La  constellation  du  Dragon. 

elle  est  au  bout  de  la  tête  du  dragon  (elle  marque  la  langue  dans  les  anciens 
dessins),  et  il  suffît  de  regarder  la  tête  ($ y  ?'')  de  cette  constellation  pour  la  recon- 
naître. La  carte  ci-dessus  (fig,  138)  y  aidera  et  ne  laissera  aucune  équivoque. 

Le  Dragon  ne  se  couche  jamais  pour  la  France.  Le  soir,  sa  tête  passe  au  zénith 
en  juillet  et  août,  descend  au  Nord-Ouest  en  septembre,  octobre  et  novembre, 
glisse  au-dessus  de  l'horizon  Nord  en  décembre,  janvier  et  février,  et  remonte 


414 


L'ASTRONOMIE. 


par  le  Nord-Est  en  mars,  avril  et  mai,  pour  planer  au  dessus  de  nos  têtes  pen- 
dant nos  belles  soirées  d'été. 

Cette  étoile  [x  du  Dragon  est  de  5«  grandeur  et  elle  se  compose  de  deux  astres 

de  même  éclat,  écartés  à  2',  5  Tun  de  l'autre.  On  peut  essayer  sa  lunette  sur  ce 

couple.  Un  objectif  de  95»»"»  doit  séparer  très  nettement  les  deux  composantes, 

Elles  se  présentent  sous  l'aspect  suivant  (/i^.  139).  Elles  sont  blanches  l'une  et 

l'autre. 

Les  astronomes  observent  cette  étoile  double  depuis  cent  ans  et  même  davan- 

Fig.  139. 


L'étoile  double  ia  du  Dragon. 
1—  =  r 


tage,  car  c'est  au  mois  de  décembre  1779  que  William  Herschel  la  dédoubla  pour 
la  première  fois.  Depuis  cette  époque,  les  deux  composantes  se  sont  grandement 
déplacées,  comme  on  peut  en  juger  par  le  petit  tableau  suivant  qui  résume  les 
observations,  et  par  la  figure  140,  qui  l'accompagne. 

1781 220«  r,35 

1804 215  3  ,60 

1837 200  3,24 

1852 190  2,96 

1867 180  2,74 

1880 170  2,56 

1884 166  2,46 

Il  est  probable  que  la  distance  mesurée  par  Herschel  est  un  peu  trop  grande. 
L'étoile  va  continuer  de  descendre  vers  la  droite  de  la  figure  et  passera  proba- 
blement à  son  péri-astre  vers  1940,  comme  l'a  calculé  M.  Berberich.  La  durée  de 
révolution  serait  de  648  ans. 

L'hypothèse  d'un  mouvement  en  ligne  droite  devient  de  moins  en  moins  pro- 
bable. 


L'ÉTOILE  DOUBLE  (x  DU  DRAGON.  415 

C€s  deux  étoiles  constituent  un  système  physique,  car  elles  sont  emportées 
dans  Fespace  par  un  mouvement  propre  commun  qui  s'élève  à  14'  par  siècle. 

Elles  sont  à  peu  près  de  même  éclat;  cependant  elles  varient  Tune  et  l'autre. 
Quelquefois  (et  c'était  le  cas  l'année  dernière),  on  a  vu  celle  du  Sud  un  peu 
supérieure  à  celle  du  Nord. 

Elles  ont  été  examinées  au  spectroscope  à  l'Observatoire  de  Greenwiçh  (  le 
16  juin  1879).  Les  deux  étoiles  n'ont  montré  aucune  différence  sensible  dans  leurs 
spectres;  chacun  d'eux  appartient  au  second  type  ou  au  type  solaire.  Les  groupes 
E  et  6  étaient  bien  visibles  (  b  moins  distinct  que  E),  et  d'autres  lignes  se  mon- 
traient de  temps  en  temps.  On  n'a  pu  faire  aucune  mesure  de  déplacements  de 
raies,  les  spectres  étant  trop  mal  définis. 

Ces  deux  composantes  paraissant  blanches,  on  aurait  pu  les  croire  du  premier 


1781 

o 


Pig.    140. 

1837 
O 

S 

O       1M7 

°        1880 

î         °o188V 

Y,,y. ^ — po"E 


Mouvement  observé  sur  Fétoile  double  {i.  du  Dragon. 
10—  =  1' 

type;  maïs  cette  observation  montre  qu'ils  sont  du  second,  comme  notre  propre 
soleil  et  Arcturus. 

Il  serait  bien  intéressant  de  déterminer  leur  parallaxe: 

Si  quelques-uns  de  nos  lecteurs  dirigent  un  soir  une  lunette  vers  ce  couple 
intéressant,  ils  pourront  remarquer  que  les  deux  étoiles  qui  l'avoisinent  appar- 
tiennent l'une  et  Tautre  à  Tordre  des  étoiles  multiples.  D'un  côté  les  étoiles  16-17, 
de  sixième  grandeur,  à  90*  de  distance  l'une  de  l'autre;  (l'une  des  deux  est  double 
elle-même  et  a  un  compagnon  à  4').  De  l'autre  côté,  l'étoile  v,  de  quatrième  gran- 
deur, se  compose  de  deux  écartées  à  62*.  Une  jumelle  grossissant  de  trois  à  quatre 
fois  suffit  pour  les  dédoubler.  Ces  étoiles  sont  remarquées  depuis  deux  siècles 
(Flamsteed,  1690),  et,  il  y  a  cent  ans,  William  Herschel  croyait  qu'elles  avaient 
changé  de  position  Tune  par  rapport  à  l'autre.  C'était  là  une  conclusion  prématurée. 
La  comparaison  des  observations  faites  depuis  un  siècle  prouve ,  au  contraire, 
qu'elles  restent  fixes  Tune  par  rapport  à  l'autre,  mais  qu'elles  sont  animées  d'un 
mouvement  propre  commun  dans  Tespace,  et  que,  par  conséquent,  elles  forment 


416  L'ASTRONOMIB. 

un  système  physique.  Si,  ce  qui  est  assez  probable,  elles  gravitent  l'une  autour  de 
Tautre,  comme  depuis  deux  siècles  elles  n'ont  certainement  pas  tourné  de  plus  de 
2  degrés,  elles  emploient  peut-être  36  000  ans  (360  siècles)  pour  tourner  de  360« 
ou  d'une  révolution  entière  !  Quel  œil  mortel  pourrait  contempler  sans  intérêt 
ces  deux  soleils,  perdus  dans  le  fond  de  l'espace,  à  une  distance  inimaginable  de 
nous,  et  écartés  l'un  de  l'autre  à  plusieurs  milliards  de  lieues  (quoique  pour  nous 
ils  paraissent  se  toucher),  qui  sont  emportés  tous  deux  ensemble,  comme  deux 
frères  jumeaux,  dans  une  destinée  commune,  et  qui  sans  doute  distribuent  autour 
d'eux,  aux  terres  célestes  bercées  dans  leur  attraction  et  dans  leur  lumière,  les 
rayonnements  féconds  d'une  vie  étrange  et  mystérieuse  ! 

On  n'observe  jamais  le  ciel  sans  profit.  Chaque  étoile  pourrait  être  le  sujet  d'une 
dissertation  scientifique  et  philosophique  de  la  plus  haute  éloquence.        C.  F. 


NOUVELLE  MESURE  DE  U  TEMPÉRATURE  DU  SOLEtt. 

A  l'époque  du  solstice  d'été  de  1884,  j'ai  entrepris  une  série  d'expériences  dans 
le  but  de  déduire  la  température  de  la  surface  du  Soleil  des  quantités  de  chaleur 
transmises  à  un  moteur  solaire.  Si  l'on  se  reporte  aux  détails  déjà  publiés  sur 
cette  espèce  de  moteur  (Astronomie,  t.  II,  p.  197),  on  reconnaîtra  que  la 
chaudière  cylindrique,  construite  dans  le  -but  spécial  de  produire  de  la  vapeur 
ou  de  dilater  de  Tair,  n'est  pas  disposée  de  manière  qu'on  puisse  mesurer  exac- 
tement l'étendue  de  la  surface  exposée  à  l'action  des  rayons  solaires  réfléchis 
par  le  miroir.  On  s'apercevra  facilement  que  le  fond  seul  de  cette  chaudière 
cylindrique  est  soumis  à  l'action  des  rayons  réfléchis  dont  la  densité,  si  Toû 
peut  s'exprimer  ainsi,  va  graduellement  en  diminuant  vers  l'extrémité  du  vase. 
De  plus,  les  imperfections  de  la  surface  du  miroir  ne  permettent  pas  une  déter- 
mination précise  de  la  marche  des  rayons  réfléchis  près  des  bords. 

En  conséquence,  j'ai  dû  construire  un  instrument  de  grandes  dimensions  :  il 
se  compose  d'un  réflecteur  polyédrique  {fig.  141),  formé  d'une  série  de  miroirs 
inclinés,  et  d'une  chaudière  centrale  conique  disposée  de  telle  manière  que  chaque 
point  de  sa  surface  reçoive  une  même  quantité  de  chaleur  rayonnante  pendant 
le  même  temps.  Le  réflecteur  est  limité  par  deux  polygones  réguliers  dont  les 
plans  sont  distants  do  0™,305.  Chacun  d'eux  présente  96  côtés;  le  diamètre  du 
polygone  supérieur  est  de  2", 43  (8  pieds),  celui  du  polygone  inférieur  de  1»,8- 
(6  pieds),  de  sorte  que  ces  deux  diamètres  sont  dans  le  rapport  de  8  à  G. 

Les  côtés  parallèles  de  ces  deux  bases  sont  réunis  par  des  miroirs  plans  en 
verre  épais,  argentés  sur  la  face  antérieure.  Quand  le  réflecteur  est  dirigé 
perpendiculairement  en  face  du  Soleil,  chaque  miroir  intercepte  un  faisceau  de 
rayons  dont  la  section  droite  est  de  210«i,39,  de  sorte  que  la  surface  entière 
reçoit  la  chaleur  solaire  rayonnant  normalement  à  travers  un  anneau  d'une  su- 
perficie de  210%  39  x  96  =  2«q,01?7.  La  fig.  142  représente  une  coupe  transvcr- 


NOUVELLE  IMESURE  DE  LA  TEMPÉRATURE  DU  SOLEIL. 


417 


sale  de  Finstrument  dirigé  vers  le  Soleil;  les  rayons  directs  et  réfléchis  ont  été 
indiqués  en  traits  ponctués. 

Le  réflecteur  et  la  chaudière  conique  sont  supportés  par  un  disque  plat  et  huit 
rayons  coudés  à  leur  extrémité  suivant  un  atnglc  de  45o.  Le  tout  est  installé  sur 
un  pivot  vertical  qui  permet  à  l'opérateur  de  suivre  le  mouvement  diurne  du 

Fig.  141. 


Le  pyromôtre  solaire  de  M.  J.  Ericsson. 

Soleil,  tandis  qu'un  axe  horizontal,  ménagé  à  la  partie  supérieure  du  pivot  et 
relié  à  des  tiges  convenablement  disposées  au  dessous  du  disque,  permet  de 
donner  au  réflecteur  Tinclinaison  correspondant  à  la  hauteur  du  Soleil.  La  chau- 
dière est  formée  d'une  tôle  plate  de  0™'»,43  d'épaisseur;  elle  est  fermée  à  ses 
extrémités  supérieure  et  inférieure  par  des  substances  non  conductrices  de  la 
chaleur.  Grâce  à  une  forte  vis  qui  traverse  le  fond  et  pénètre  dans  le  disque,  la 
chaudière  peut  être  installée  et  démontée  dans  Tespace  de  cinq  minutes,  fait 
important,  comme  on  le  verra  tout  à  Fheure.  Il  est  à  peine  nécessaire  d'ajouter 
que  les  circonférences  limites  du  cône  doivent  être  proportionnelles  aux  péri- 
mètres limites  du  réflecteur,  afln  que  chaque  portion  de  la  surface  de  la  chau- 
dière reçoive  des  rayons  réfléchis  d'égale  densité.  Ainsi,  le  diamètre  supérieur 
situé  dans  le  plan  du  grand  polygone  du  réflecteur  sera  au  diamètre  inférieur 

If* 


418  L'ASTRONOMIE. 

situé  dans  le  plan  du  petit  polygone  comme  8  est  à  6.  Cette  condition  remplie, 
la  température  communiquée  à  Tintérieur  de  la  chaudière  sera  parfaitement  uni- 
forme. Un  tube  court,  qui  passe  à  travers  le  couvercle  supérieur,  renferme  un 
thermomètre  destiné  à  la  mesure  de  la  température  intérieure.  La  tige  de  ce 
thermomètre,  étant  un  peu  plus  étroite  que  le  trou  du  tube,  ménage  ainsi 
une  petite  ouverture  qui  assure  l'équilibre  nécessaire  avec  la  pression  extérieure. 
Dans  le  cours  des  expériences,  les  indications  du  thermomètre  ont  été  remar- 
quablement promptes,  ce  qui  tient  à  ce  que  le  réservoir  se  trouvait  à  la  fois 
soumis  à  la  chaleur  rayonnante  et  à  la  chaleur  transmise  par  conductibilité. 

Les  dispositions  précédentes  fournissent  le  moyen  de  déterminer  avec  une 
précision  complète  la  diffusion  des  rayons  qui  viennent  agir  sur  le  vase  œntral 

Fig.  142. 


Cloupe  du  pyromëtre  solaire  montrant  la  marche  des  rayons  réfléchis. 

du  pyromètre  solaire.  Mais  la  détermination  de  la  température  que  la  radiation 
solaire  complète  pourrait  communiquer  au  réflecteur  polyédrique  exige  que  Ton 
connaisse  exactement  Tabsorption  atmosphérique.  En  outre,  il  est  indispensable 
qu'on  puisse  estimer  correctement  la  perte  de  chaleur  due  à  la  réflexion.  Consi- 
dérons séparément  ces  deux  points. 

La  principale  raison  qui  nous  a  déterminé  à  entreprendre  nos  expériences  dans 
le  voisinage  du  solstice  d*été  a  été  la  facilité  qui  se  présentait  alors  de  détermi- 
ner l'absorption  atmosphérique,  la  distance  zénithale  du  Soleil  à  midi  n'étant 
que  de  i7ol2',  à  New-York  (>). 

(»)  La  diminution  d'intensité  qu'éprouvent  les  rayons  solaires  en  traversant  une 
atmosphère  sereine  dépend  de  l'épaisseur  traversée;  en  négligeant  la  courbure  de  la 
surface  limite  de  l'atmosphère,  cette  diminution  sera  proportionnelle  à  la  sécante  delà 
distance  zénithale  du  Soleil.  En  conséquence,  une  observation  de  la  température  pro- 
duite par  la  radiation  solaire  correspondant  à  une  distance  zénithale  dont  la  sécante 
est  le  double  de  celle  de  i7^12',  soit  de  61*28',  permettra  de  déterminer  le  minimum  de 
l'absorption  atmosphérique  à  New- York.  Le  résultat  d'observations  poursuivies  pen- 
dant plusieurs  années  montre  que  le  maximum  de  l'intensité  solaire  à  i7*12'  de  dis- 
tance zénithale  s'élève  à  36%7  tandis  qu'à  61* 28',  il  n'est  que  de  29*,1.  Donc  le  minimum 
de  l'absorption  atmosphérique  à   New- York,  à  Tépoque   du    solstice   d'été  est  de 

7  fi 

36,7  —  29,1  =  7,6  ou  ^  =  0,207  de  l'énergie  rayonnante  du  Soleil  dont  les  rayons  pénè- 
trent dans  l'atmosphère  terrestre. 


NOUVELLE  MESURE  DE  LA  TEMPÉRATURE  DU  SOLEIL.  419 

Dans  le  but  de  déterminer  la  perte  d'énergie  due  à  la  réflexion  des  rayons  sur 
les  miroirs,  j'ai  construit  un  appareil  spécial  qui,  grâce  à  un  mécanisme  paral- 
lactique,  reste  dirigé  perpendiculairement  en  face  du  Soleil  pendant  toute  la 
durée  des  observations.  Il  consiste  principalement  dans  un  ensemble  de  deux 
miroirs  plans  construits  de  la  même  manière  et  avec  les  mêmes  substances  que 
ceux  du  réflecteur,  et  assemblés  à  angle  droit  Tun  sur  l'autre.  Un  thermomètre 
est  disposé  entre  eux  deux  de  manière  que  sa  tige  soit  dirigée  vers  le  Soleil.  Les 
rayons  solaires  pénètrent  directement  par  l'ouverture  d'un  diaphragme  approprié, 
se  réfléchissent  sur  les  deux  miroirs  inclinés,  et  viennent  enfin  agir  simultané- 
ment sur  les  deux  faces  opposées  du  réservoir  thermométrique.  Des  expériences 
souvent  répétées  ont  fourni  des  résultats  qui  ne  diffèrent  entre  eux  que  fort  peu, 
et  dont  la  moyenne  indique  que,  par  la  réflexion  sur  les  miroirs  polyédriques,  les 
rayons  du  Soleil  perdent  les  0,235  de  leur  énergie,  avant  d'atteindre  la  chau- 
dière. 

Ces  études  préliminaires  achevées,  on  a  pu  entreprendre  les  recherches  défini- 
tives, en  s'appuyant  sur  la  proposition  que  :  Les  températures  produites  par 
une  source  de  chaleur  rayonnante  ^  à  différentes  distances  de  cette  source, 
sont  en  raison  inverse  de  la  diffusion  des  rayons  à  ces  distances  respectives. 
En  d'autres  termes,  la  température  communiquée  par  la  radiation  solaire  est 
proportionnelle  à  la  densité  des  rayons. 

Il  n'est  peut-être  pas  inutile  do  rappeler  que  Newton,  voulant  estimer  la  tem- 
pérature à  laquelle  fut  soumise  la  comète  de  1680  lors  de  son  passage  au  péri- 
hélie, basa  son  calcul  sur  le  résultat  de  ses  observations  pratiques  qui  l'avaient 
conduit  à  admettre  que  le  maximum  de  la  température  communiquée  par  la  radia- 
tion solaire  était  d'un  tiers  de  celle  de  l'eau  bouillante.  Les  recherches  modernes 
ont  montré  que  l'observateur  de  1680  ne  s'était  trompé  que  de  3»  en  moins 
dans  son  évaluation  de  l'intensité  solaire  à  la  latitude  de  Londres.  La  distance 
de  la  comète  au  centre  du  Soleil  étant  à  la  distance  de  la  Terre  au  Soleil 
comme  6  est  à  1000,  l'auteur  des  Principes  en  concluait  que  les  densités  des 

rayons  étaient  entre  elles  comme  1000  est  à  6  »  ou  comme  28  000  est  à  1  ;  d'où  il  suit 

que  la  comète  devait  être  soumise  à  une  température  de  28  000  x  "y"  =  930  000<>., 

soit  2000  fois  la  température  du  fer  rouge.  La  distance  de  la  comète  à  la  surface 
du  Soleil  étant  égale  à  un  tiers  du  rayon  solaire,  on  voit  que,  d'après  la  doctrine 
de  Newton,  on  en  déduit  pour  la  température  de  la  surface  solaire  : 

930  000x^1  =  1653  0000. 

Pour  établir  l'exactitude  de  cette  proposition,  que  la  température  varie  comme 
la  densité  des  rayons,  j'ai  montré  que,  pour  des  distances  zénithales  correspon- 
dantes, la  diminution  de  la  température  solaire  quand  la  Terre  se  trouve  à  l'aphé- 
lie, est  exactement  en  rapport  avec  l'augmentation  de  diffusion  des  rayons  pro- 
duite par  le  plus  grand  éloignement  du  Soleil.  On  a  objecté  à  cette  démonstration 


420  L'ASTRONOMIE. 

que  l'excentricité  de  rorbite  terrestre  est  trop  petite  et  la  température  produite 
par  la  radiation  solaire  trop  basse  pour  qu'on  puisse  trouver  dans  ces  données 
une  base  suffisante  pour  la  détermination  de  la  température  solaire. 

Afin  de  compléter  la  démonstrartion,  le  pyromètre  solaire  a  été  disposé  de 
manière  que  la  densité  ou  la  diffusion  des  rayons  réfléchis  puisse  être  modifiée 
et  portée  de  5040  à  10241.  Ce  résultat  fut  obtenu  par  l'emploi  de  deux  chaudières 
dont  les  diamètres  respectifs  sont  de  25"»,  4  et  50«n,8.  Pour  ce  qui  est  de  la  has&e 
température  produite  par  les  rayons  solaires,  il  est  visible  qu'on  détruit  Tobjec- 
tion  grâce  à  l'expédient  adopté,  qui  consiste  à  augmenter  la  densité  des  rayons 
par  leur  concentration  sans  élever  leur  température. 

Conformément  aux  dimensions  indiquées  plus  haut,  la  chaudière  de  25»,4  de 
diamètre  présente  aux  rayons  réfléchis  une  surface  de  2139«<i,67,  celle  de  ^,% 
une  surface  de  4347eq,73.  La  section  du  cylindre  annulaire  de  rayons  solaires  qui 
vient  frapper  le  réflecteur  polyédrique  est  de  2™<i,0197,  comme  il  a  été  calculé 
plus  haut. 

Pour  ce  qui  concerne  la  diffusion  des  rayons  solaires  pendant  la  durée  des 
expériences,  je  pense  que  les  explications  suivantes  seront  facilement  comprises. 
La  surface  d'une  sphère  dont  le  rayon  est  égal  à  la  distance  aphélie  de  la  Terre 


au  Soleil  est  à  la  surface  de  la  Terre  comme  218,1    est  à  1,  tandis  que  le  réflec- 
teur du  pyromètre  solaire  intercepte  un  anneau  de  2"»<i,0l97.  Il  en  résulte  que  ce 

^0  107 
réflecteur  reçoit  la  chaleur  rayonnante  développée  par  "     '    =  0«!,4245delasur- 

218,1 
face  solaire.  Mais,  la  chaudière  de  25«'»,4  présentant  une  surface  de  2139«*ï,67,  on 
en  conclut  que  les  rayons  solaires  réfléchis  sont  diffusés  dans  le  rapport  de 
2139,67  à  0,4245  ou  de  5040  à  1;  la  diffusion  des  rayons  agissant  sur  la  chaudière 
de  50«°»,8  est  donnée  par  le  rapport  de  4347,73  à  0,4245  ou  10  241  à  1. 

Les  conditions  atmosphériques  s'étant  montrées  défavorables,  le  maximum  de 
la  température  solaire  n'a  pas  été  observé.  Aussi  les  chaudières  du  pyromètre 
solaire  n'indiquaient  pas  le  maximum  de  la  température  :  le  nombre  le  plus  élevé 
observé  sur  le  thermomètre  de  la  petite  chaudière  a  été  de  187®  et  sur  celui  de 
la  grande  Ul^  au-dessus  de  la  température  de  Tair  ambiant.  Cependant, nous  ne 
tenterons  d'établir  aucune  compensation  relativement  aux  mauvaises  conditions 
atmosphériques  et  à  la  perte  de  chaleur  solaire  qui  en  fut  la  conséquence,  notre 
intention  étant  de  baser  uniquement  nos  recherches  sur  les  expériences  effec- 
tuées à  New- York,  dans  le  voisinage  du  solstice  d'été  de  1884.  11  est  à  remarquer 
que  la  température  de  la  grande  chaudière  fut  proportionnellement  plus  haute 
que  celle  de  la  petite,  ce  qui  est  dû  à  ce  que  cette  dernière,ayant  nécessairement 
une  température  plus  élevée,  perdait  plus  de  chaleur  par  rayonnement  et  par 
conductibilité.  Ou  sait  en  effet  que'  la  déperdition  de  chaleur  s'accroît  plus  rapi- 
dement que  la  température. 

La  perte  due  à  la  réflexion  imparfaite  sur  le  miroir  est,  comme  il  a  été  dit 
plus  haut,  les  0,235  de  l'énergie  des  rayons  solaires  directs.De  plus,  l'énergie  des 


NOULELLE  MESURE  DE  LA  TEBfPËRATURE  DU  SOLEIL.  421 

rayons  solaires  agissant  sur  le  réflecteur  est  réduite  de  0,207  par  l'absorption 
atmosphérique;  en  conséquence,  la  température  que  l'énergie  solaire  est  capable 
de  communiquer  à  la  grande  chaudière  est  111  x  1,235  x  1,207  s  165,  46.  Il  est 
à  peine  nécessaire  d'observer  que  cette  temptfbsfeure,  développée  par  la  radiation 
solaire  après  une  diffusion  de  plus  de  10  000  fois,  doit  être  regardée  comme  une 
température  actuelle,  puisqu'une  atmosphère  parfaitement  transparente  et  un 
réflecteur  capable  de  transmettre  la  totalité  des  radiations  solaires  permettraient 
sûrement  de  l'observer. 

Le  résultat  des  expériences  entreprises  pendant  Tété  de  1884  peut  être  main- 
tenant facilement  établi  :  la  diffusion  des  rayons  solaires  agissant  sur  la  chau- 
dière de  ôOc'^.S  étant  dans  le  rapport  de  1  à  10241,  la  température  de  la  surface 
solaire  ne  saurait  être  inférieure  à 

1650,46  X  10  241  =  1  694475o. 

Cette  évaluation  inférieure  doit  être  acceptée,  à  moins  qu'on  ne  montre  que 
la  température  produite  par  la  chaleur  rayonnante  n'est  pas  en  raison  inverse 
de  la  diffusion  des  rayons.  Les  physiciens  qui  mettent  en  doute  l'existence  d'une 
aussi  haute  température  doivent  songer  qu'à  cause  de  la  forte  attraction  de  la 
masse  solaire,  l'hydrogène  à  la  surface  de  cet  astre  supposé  à  une  température  de 
4000O,  serait  presque  deux  fois  aussi  dense  que  l'hydrogène  à  la  surface  de  la  Terre, 
et  à  la  température  ordinaire,  et  que,  à  cause  de  la  grande  profondeur  de  l'atmos- 
phère solaire,  sa  densité  serait  si  énorme  à  cette  température  relativement  basse, 
que  les  mouvements  rapides  observés  dans  les  enveloppes  solaires  ne  sauraient 
s'y  produire.  Une  extrême  ténuité  peut  seule  rendre  compte  des  vitesses  extra- 
ordinaires reconnues  par  les  observateurs  des  phénomènes  solaires.  Mais  une 
ejc^rôme  ténuité  est  incompatible  avec  une  basse  température  et  la  pression  pro- 
duite par  une  colonne  atmosphérique  qui  dépasse  probablement  80  000^™ 
de  hauteur,  et  qui  se  trouve  soumise  à  la  puissante  attraction  du  Soleil,  laquelle 
n'est  diminuée  que  d'un  quart  à  cette  élévation.  Ces  faits  montrent  bien  que  la 
haute  température  indiquée  par  nos  expériences  est  nécessaire  pour  éviter  une 
densité  inadmissible  de  l'atmosphère  solaire. 

Il  n'entre  pas  dans  nos  intentions  de  discuter  pour  le  moment  la  nécessité  de 
la  ténuité  de  l'atmosphère  solaire  pour  rendre  compte  des  phénomènes  de  la  ra- 
diation solaire.  Nous  voulons  seulement  faire  remarquer  qu'au  simple  point  de 
vue  dynamique, l'énorme  densité  de  l'enveloppe  solaire  qui  devrait  résulter  d'une 
température  relativement  basse  présente  une  objection  capitale  contre  les  con- 
clusions de  Pouillet,  Vicaire,  Sainte-Claire-Deville,  et  d'autres  éminents  savants 
qui  ont  admis  que  la  température  de  la  surface  solaire  ne  saurait  dépasser  3000". 

J.  Ericsso.v. 


422  L'ASTRONOMIE. 

LA  MÉTÉOROLOGIE  EN  AUSTRALIE. 

On  a  dit  quo  ce  serait  un  lieu  commun  de  louer  Tharmonie  du  Monde;  en 
effet,  les  savants  ont  fréquemment  fait  remarquer  quelle  merveilleuse  variété 
y  règne,  et  comment  les  phénomènes  les  plus  inattendus  naissent  de  lois  fixes 
et  immuables. 

Malheureusement,  si  Tharmonie  règne  dans  des  phénomènes  qui  sont  da 
domaine  de  la  Science,  il  n'en  est  pas  de  même  de  celle  qui  devrait  exister  entre 
tous  les  peuples  qui  habitent  les  différentes  parties  du  Globe;  et  cela  vient  sou- 
vent de  l'ignorance  où  l'on  est  des  choses  qui  se  passent  à  quelques  mille  lieues 
de  nous. 

Voyez  l'Australie  : 

Depuis  quelque  temps,  on  a  beaucoup  parlé  de  cette  grande  Terre  océanienne, 
à  propos  de  la  protestation  de  ses  habitants  contre  le  voisinage  des  condamnés 
qu*on  voulait  interner  dans  ces  lointaines  régions.  Cette  cinquième  partie  du 
Monde  mériterait  cependant  d'être  plus  connue  qu'elle  ne  Test  actuellement. 

Le  vieux  monde  de  la  vieille  Europe  est  un  peu  routinier  ;  il  vit  aisément  sur 
la  foi  des  anciennes  traditions.  Pour  lui,  les  peuples  océaniens  sont  encore,  sinon 
des  sauvages,  du  moins  des  individus  qui  ne  se  permettraient  pas  d'avoir  l'initia- 
tive du  progrès  dans  les  arts,  les  sciences  et  l'industrie,  sans  lui  en  demander  la 
permission. 

Quelle  profonde  erreur! 

C'est  la  réflexion  que  nous  nous  faisions  en  assistant  à  une  conférence  de  notre 
savant  collègue  et  ami,  M.  le  baron  Michel,  qui  n'a  pas  craint  la  longueur  du 
voyage,  en  vrai  marin  qu'il  est,  pour  aller  remplir  en  Australie  une  mission  que 
lui  avait  confiée  le  Gouvernement. 

Tous  nous  avons  partagé  son  émotion  lorsqu'il  nous  a  dit,  avec  son  éloquences! 
persuasive,  combien  ces  peuples  éloignés  de  nous  aimaient  la  France;  mais  aussi 
combien  ils  étaient  blessés  de  l'indifférence  de  cette  dernière  à  l'égard  de  l'Aus- 
tralie. Les  autres  nations,  paraît-il,  n'ont  pas  commis  cette  faute  :  rAlIemagne, 
par  exemple,  est  représentée  à  Sidney  par  un  consul  général  d'une  rare  intelli- 
gence et  d'une  extrême  affabilité,  tandis  que  les  Français  n'ont  que  des  repré- 
sentants secondaires,  qui  n'ont  aucune  influence. 

«  Comment  voulez-vous  que  nous  nous  intéressions  à  votre  pays,  disaient  les 
»  principaux  habitants,  puisque  vous  dédaignez  le  nôtre?  Et  cependant,  vous 
»  n'auriez  qu'à  entr'ouvrir  les  lèvres  pour  que,  de  notre  côté,  nous  ouvrions  la 
»  bouche  toute  grande.  » 

La  France  est  entourée  d'adorateurs  souvent  jaloux;  pourquoi  les  éloiperen 
prenant  des  airs  d'indifférence? 

Nous  prions  nos  lecteurs  de  nous  pardonner  cette  digression  dans  le  domaine 
des  relations  internationales;  nous  nous  empressons  de  quitter  cette  terre  ingrate 
pour  nous  occuper  de  choses  qui  font  l'objet  de  la  Revue. 

L'Australie  serait  presque  un  ovale  régulier,  si  elle  ne  présentait  au  Nord  et  au 


LA  MÉTÉOROLOGIE  EN  AUSTRALIE.  423 

Sud  deux  spacieux  enfoncements.  Une  ligne  continue  de  récifs  madre'poriques 
l'environne  :  ce  sont  là  autant  d'assises  jalonnées  pour  un  futur  continent.  Mais, 
phénomène  bizarre,  tandis  que  Sumatra,  Java,  Bornéo,  la  Nouvelle-Guinée, 
la  Nouvelle-Calédonie  s'exhaussent,  TAustralie,  au  contraire,  voit  son  sol 
s'abaisser. 

Le  climat  australien  est  sec,  et,  par  suite,  partout  où  le  sol  est  bas,  la  terre  est 
calcinée.  Rien  de  plus  aride  que  ce  littoral  désolé.  Il  y  a  de  longues  périodes  de 
sécheresse  qui  sont  désastreuses;  ensuite  des  pluies  torrentielles  se  produisent. 
Des  voyageurs  ont  manqué  mourir  de  soif  là  où  d'autres  avaient  failli  périr  noyés 
par  suite  des  inondations. 

Nous  disions  plus  haut  que  les  peuples  Océaniens  ont  fait  des  progrès  étonnants 
dans  les  sciences,  la  météorologie,  par  exemple. 

Avec  cet  esprit  pratique  qui  distingue  tout  particulièrement  les  Australiens,  ils 
ont  vite  compris  que  des  observations  météorologiques  constantes,  bien  combi- 
nées et  régulièrement  publiées,  avaient  une  grande  importance  dans  un  pays  où 
rélevage  est  une  des  principales  industries,  et  où  le  mouvement  des  navires,  le 
long  des  côtes,  est  relativement  considérable. 

Toutes  les  colonies  australiennes,  c'est-à-dire  aussi  bien  la  Nouvelle-Zélande 
et  la  Tasmanie  que  le  continent  australien,  ont  établi  une  sorte  de  réseau  composé 
d'observatoires  météorologiques  reliés  par  un  fil  télégraphique;  et  ces  observa- 
toires existent  partout  où  il  y  a  un  instituteur  placé  à  côté  d'une  station  de 
télégraphe. 

Chaque  jour  une  dépêche,  contenant  les  hauteurs  barométrique  et  thermomé- 
trique, la  direction  et  la  force  des  vents,  Tétat  de  l'atmosphère,  etc.,  etc.,  est 
adressée  à  l'observatoire  de  la  capitale  de  la  colonie.  Ces  renseignements  sont 
immédiatement  portés  soit  sur  une  carte,  soit  sur  un  tableau,  soit  môme  sur  les 
deux  à  la  fois  ;  ces  documents  sont  affichés  en  maints  endroits,  et  notamment  à 
l'hôtel  des  postes,  à  côté  du  tableau  des  mouvements  maritimes;  ils  sont  égale- 
ment communiqués  à  la  presse,  et  chacun  peut  les  recevoir  à  domicile. 

Dans  la  Nouvelle-Galles  du  Sud,  sous  l'inspiration  du  savant  Directeur  de  l'Obser- 
vatoire de  Sidney,  M.  Russell,  la  carte  météorologique  indique  d'une  façon  sai- 
sissante la  quantité  approximative  de  pluie  tombée  dans  les  diverses  parties  de  la 
Colonie.  Cette  quantité  est  donnée  par  des  cercles  noirs  d'un  plus  ou  moins  grand 
diamètre.  D'un  coup  d'oeil  on  peut  juger  de  l'état  de  sécheresse  ou  d'humidité,  ce 
qui  a  une  très  grande  importance  dans  un  pays  où  les  pâturages  constituent  une 
des  principales  sources  de  richesses.  Il  est  peu  d'éleveurs  ou  de  négociants  en 
laines  qui  ne  consultent  fréquemment  ces  cartes. 

Enfin,  chaque  année,  les  gouvernements  coloniaux  publient  la  statistique  com- 
plète des  observations  météorologiques. 

L'espace  nous  faisant  défaut,  nous  sommes  obligé  de  nous  arrêter.  Mais  nous 
dirons,  en  terminant,  que  l'Australie,  pays  de  création  récente,  dont  les  habitants 
ont  un  remarquable  esprit  d'initiative  et  d'entreprise,  n'est  pas  restée  en  arrière 
pour  ce  qui  touche  à  l'étude  des  phénomènes  météorologiques;  et  la  vieiJle  Europe 


424  L'ASTRONOMIE. 

n*a  qu'à  prendre  ses  mesures  si  elle  ne  veut  pas  être  devancée  dans  un  avenir 
peu  éloigné.  Les  Allemands,  noua  lo^répétons,  le  savent  bien;  leur  pavillon 
sillonne  les  mers  de  ces  contr^i^;  Ds  y  ont  établi  des  dépôts  de  charbon.  La 
France  n'a  rien  de  semblable  ;  aft  colonie  de  la  Nouvelle-Calédonie  est  absolu- 
ment isolée  et  lui  échappera  peut-être  un  jour,  alors  qu'il  lui  serait  si  facile  de 
s'emparer  des  Hébrides. 

D**  Edmond  Barré. 


ÉCLIPSES  TOTALES  DE  SOLEIL 

VISIBLES   EN   ANGLETERRE   DEPUIS   MILLE  ANS. 

La  Société  royale  astronomique  de  Londres  a  publié  récemment  une  carte  inté- 
ressante des  éclipses  totales  de  Soleil  qui  sont  passées  depuis  mille  ans  sur 
l'Angleterre,  d'après  les  calculs  de  M.  J.  Maguire,  notre  savant  collègue  de 
Nordwich.  Nous  avons  construit  la  carte  ci-dessous  (/ig.  143)  d'après  celle  de 
l'astronome  anglais,  en  lui  donnant  la  plus  grande  clarté  possible,  Sur  cette  carte. 
il  y  a  treize  passages  d'éclipsés  :  la  ligne  pleine  représente  la  marche  du 
centre  de  l'ombre  et  deux  lignes  ponctuées  tracent  pour  chaque  éclipse  les  bords 
de  la  zone  éclipsée.  Sur  chacune  des  lignes  centrales  on  peut  lire  la  date  de 
Téclipse  qu'elle  représente  et  les  heures  de  son  passage.  Ces  treize  éclipses  sont 
les  suivantes  : 

Date.  Heure. 

878  octobre  29 i»>  17» 30» 

885  juin  15 îl  46  0 

1023  janvier  24 0  20  0 

1133  août  i 23  23  0 

1140  mars  20 2  49  0 

1185  mai  1 2  3  0 

1330  juillet  16 3  54  0 

1424  juin  26 3  6  0 

1433  juin  17 3  15  0 

1598  mars  6 22  25  30 

1652  avril  7 22  34  0 

1715  mai    2 21  7  0 

1724  mai  22 6  35  0 

Nous  publierons  prochainement  une  carte  analogue  des  éclipses  totales  de  Soleil 
arrivées  en  France  depuis  mille  ans,  et  de  celles  qui  arriveront  d'ici  à  mille  ans. 

(')  Le  mille  anglais  est  de  1G09-.  . 


rgcar  de  l'ombre 

en  mlllei  ('). 

Durée. 

168. 

2-13 

196 

4  55 

130 

2  24 

154 

4  34 

132 

3  26 

154 

4  33 

42 

0  56 

168 

4   14 

194 

4  27 

84 

1  34 

122 

3    0 

184 

4    0 

136 

2  48 

Fig.  la 


Tracé  des  éclipses  passées  sur  TAngleterro  depuis  mille  ans. 


426  L'ASTRONOMIE. 

NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS. 

Concours  pour  la  réforme  du  Calendrier.  —  Nous  avons  reçu,  de  toutes  les 
parties  du  inonde,  un  nombre  considérable  et  inattendu  de  mémoires  très  variés, 
qui  témoignent  de  l'intérêt  universel  attaché  à  cette  importante  question.  On  nous 
a  annoncé  en  même  temps  par  lettres  plusieurs  mémoires  qui  ne  nous  sont  pas 
encore  parvenus.  Dans  le  but  de  permettre  à  nos  lecteurs  les  plus  éloignés  d'entrer 
dans  la  lice  de  ce  concours  général,  et  pour  répondre  à  un  grand  nombrede  désirs 
manifestés,  la  durée  du  concours  est  prorogée  jusqu'au  31  décembre.  D'après 
rimportance  des  documents  reçus,  tout  nous  fait  présager  que  l'appel  deV Astro- 
nomie conduira  à  une  entente  générale  sur  l'urgence  de  la  réforme. 

Les  laeors  crépusculaires  :  couronne  autour  du  Soleil.  — M.  Forel écrivait 
récemment  que,  sur  les  hautes  montagnes,  lorsque  le  ciel  est  serein,  la  couronne 
solaire  ou  le  cercle  de  Bishop  est  tellement  apparent,  qu'il  frappe  tous  les  obser- 
vateurs; il  ajoute  que  les  montagnards  et  les  Alpinistes  sont  d'accord  pour  affir- 
mer que  c'est  là  un  phénomène  nouveau.  Je  puis  ajouter  une  observation  qui  con- 
firme le  fait  de  la  visibilité  de  la  couronne  sur  les  hautes  montagnes. 

Au  commencement  de  juillet,  je  suis  monté  sur  l'Etna,  et,  tandis  qu'à  Rome, 
Naples,  Messine,  Catane,  le  Soleil  se  montrait  entouré  d'une  large  couronne 
blanche,  j'ai  été  surpris  de  constater  que,  près  du  volcan,  à  3300™,  par  un  ciel 
très  pur,  d'un  bleu  foncé,  on  voyait  l'astre  entouré  d'une  auféole  blanche  con- 
centrique à  une  magnifique  couronne  rouge-cuivre.  La  couronne  se  transformait. 
près  de  l'horizon  en  un  arc  moins  défini  et  d'une  amplitude  plus  grande,  à  peu 
près  comme  on  l'observait  à  Rome  Tannée  dernière. 

Je  dois  cependant  ajouter  que,  depuis  le  2  juillet  1885,  j'ai  constaté  la  réappa- 
rition des  phénomènes  crépusculaires  rouges  et  du  grand  arc,  au  lever  et  au  cou- 
cher du  Soleil.  Ces  phénomènes  se  montrent  aujourd'hui  bien  plus  faibles  que 

ceux  de  1883  et  1884. 

P.  Tacchim. 

Remarque,  —  Dans  toute  la  France,  en  Suisse,  en  Belgique,  etc.,  les  dernières 
très  belles  lueurs  crépusculaires  ont  été  celles  des  2,  3,  4,  12  et  13  juin. 

Passage  de  la  planète  Mars  devant  l'amas  du  Cancer.  —  L'Astronomie  a 
annoncé  (p.  359)  que  la  planète  Mars  devait  traverser  l'amas  du  Cancer  le  23  Sep- 
tembre. Dans  la  matinée  de  ce  jour-là,  on  pouvait  en  effet  admirer  la  planète  rouge 
au  sud  de  l'étoile  t).  Les  deux  jours  suivants,  il  n'a  pas  été  possible  d'observer,  à 
cause  des  nuages,  et  ce  n'est  que  ce  matin  26  septembre  que  j'ai  pu  constater 
qu'elle  traversait  véritablement  le  bel  amas  stellaire  de  la  Crèche. 

Le  dessin  ci-joint  donne  la  portion  la  plus  intéressante  des  étoiles  de  ce  groupe 
et  représente  la  position  de  Mars  de  4»»  30"  à  5*»  30™  du  matin.  Avec  une  lunette 
de  95"»™  d'ouverture,  munie  d'un  grossissement  de  130  fois,  il  a  été  facile  decon- 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS. 


427 


stater  pendant  une  heure,  et  de  minute  en  minute,  le  déplacement  visuel  de  la 
planète  qui  se  rapprochait  de  plus  en  plus  des  trois  étoiles  notées  sur  la  carte  et 
portant  les  numéros  33,  36  et  38  du  catalogue  de  Paris,  1882. 
La  clarté  du  ciel  augmentant  d'instant  en  instant,  m'a  forcé  de  suspendre  cet 

Fig.  144. 


Passage  de  la  planète  Mars  devant  l'amas  du  Cancer,  le  26  septembre  1885,  de  4*>  30"  à  5**  30"  du  matin. 

examen,  regrettant  que  la  planète  n'ait  pas  occasionné  une  occultation  d'étoile, 
phénomène  des  plus  rarissimes  qu'il  nous  soit  donné  de  contempler. 

LÉON  Fenet, 
observateur  à  Beauvais. 

Le  mont  Pilai,  laboratoire  des  orages.  —  Au  mois  de  juillet  dernier,  me 
trouvant  au  sommet  du  mont  Pilât,  j'y  fus  témoin  de  la  formation,  sur  place,  au- 
dessus  de  ma  tête,  d'un  nuage  orageux  de  l'aspect  le  plus  sombre,  le  plus  mena- 


428  l/AiiTHONOMIE. 

çant,  autour  duquel  se  développèrent  d'autres  nuages  sombres  à  bords  jaunâtres. 
Bientôt  de  larges  gouttes  tombèrent,  des  éclairs  sillonnèrent  la  nue,  de  forts 
coups  de  tonnerre  se  firent  entendre  et  eu  un  clin  d'œil  Thorizon  fut  envahi  par 
la  traînée  pluvieuse,  qui  partit  dans  la  direction  du  Nord-Est. 

C'est  là  un  fait  dont  tous  les  observateurs  sont  constamment  témoins,  et  bien 
connu  dans  le  Lyonnais.  Aussi,  depuis  que  la  protectrice  aussi  généreuse 
qu'éclairée  des  études  météorologifiuos  dans  le  département  du  Rhône. 
Madame  Dumond,  a  qualifié  cette  uiontagne  du  titre  de  laboratoire  des  orages. 
cette  qualification  est  restée  comme  l'expression  de  l'absolue  réalité,  et  tous  les 
météorologistes  s'accordent  à  la  reconnaître  et  à  l'employer  dans  leurs  relations. 
Le  mont  Pilât  a  reçu  désormais  le  nom  qui  lui  appartient. 

1)1  météorologiste  de  Lyon. 

Société  scientifique  Flammarion,  de  Marseille.  —  Nous  apprenons  aver 
reconnaissance  que  le  Conseil  général  dos  Bouches-du-Rhône  vient  de  voter  une 
subvention  en  faveur  de  cette  importante  association  scientifique  et  de  son  obsen'a- 
toire  populaire.  Les  services  qu'elle»  a  dojà  rendus  par  ses  observations  astrono- 
miques qui  ont  répandu  le  goût  de  la  Science  en  montrant  avec  quelle  facilita 
chacun  peut  s'instruire  pratiquement  dans  la  connaissance  du  ciel,  ainsi  que  par  ses 
réunions  scientifiques  et  ses  confér^Mn-es,  à  la  tête  desquelles  on  a  salué  le  nom 
si  sympathique  de  M.  Marion,  l't'miuent  physiologiste;  l'autorité  morale  que  lui 
a  apportée  l'adhésion  d'un  grand  nombre  do  notabilités  de  la  ville,  notamment 
celle  des  principaux  professeurs  de  la  Faculté  des  Sciences,  ont  très  rapidement 
donné  à  cette  Société  un  grand  caractère  d'utilité  publique.  Nous  sommes  heureux 
de  féliciter  son  actif  président,  M.  Hruguière,  de  ce  magnifique  résultat.  11  n'est 
pas  douteux  que  la  Société  ne  dépasse  les  espérances  qu'elle  a  déjà  données  à  la 
grande  cité. 

Mercure,  Mars  et  Saturne  dans  une  lunette  de  SS»'"»  —  Je  me  fais  un  devoir 
de  vous  adresser  les  deux  dessins  ci-inclus  {fig,  145  et  146)  de  la  planète  Mercure, 
que  j'observe  depuis  trois  ans  à  ses  rares  époques  de  visibilité;  mais  que  je  n'ai 
jamais  vue  aussi  nettement  que  les  17  et  22  septembre  derniers,  de  u»»  à  G*"  du 
matin. 

Le  17,  à  5^25°^  du  matin,  je  distinguais  très  bien  le  disque,  la  planète  avait  la 
forme  d'un  croissant,  pareil  au  croissant  lunaire  le  surlendemain  du  derme 
quartier.  Les  cornes  étaient  légèrement  tron([uées  ;  à  l'œil  nu  la  planète  se  voyait 
comme  une  étoile  de  i^^  grandeur.  .le  l'ai  observée  à  pareille  heure  les  18  et  21. 
Le  22,  de  5^30°»  du  matin  à  6»»,  Mercure  avait  changé  déforme;  elle  était  comme 
la  Lune  au  jour  de  l»""  quartier.  La  corne  boréale  avait  l'aspect  d'un  crochet,  et 
la  corne  australe  était  légèrement  tronquée,  .le  l'ai  observée  à  l'aide  des  grossisse- 
ments de  150  et  220  fois;  les  deux  grossissements  m'ont  donné  le  même  résultat. 
Le  même  jour,  à  3*» 30™  du  matin,  j'ai  bifMi  dédoublé  l'étoile  52  d'Orion.  La  nébu- 
leuse planétaire  de  l'Éridan  au  sud  de  l'étoile  39  A  était  très  brillante  au  centre. 


NOUVELLES  DE  LA    SCIENCE.  —  VARIÉTÉS. 


459 


Je  résous  en  une  fourmillièrc  d'étoiles  Tainas  M  13  d'Hercule  en  l'observant 
depuis  quelques  jours  à  10*>  du  soir,  avec  un  •,'rossissement  de  200  fois. 

Les  16, 17,  18  et  le  22  septembre,  de  i'»  à  :.»'30™  du  matin,  la  planète  Mars  s'est 
présentée  dans  de  bonnes  conditions  de  visibilité,  la  phase  était  tournée  vers 
rOccîdent;  la  tache  brillante  du  pôle  borf^al  était  bien  visible.  On  distinguait 
aussi  uue  tache  sombre  au  centre  du  disquo,  en  forme  de  V.  Il  est  probable  que 
c'était  la  mer  du  Sablier. 

Le  21  septembre,  à  4*»  du  matin,  on  distinguait  sur  Saturne  les  deux  bandes 


FiR.  145. 


Fig.  146. 


Mercure  le  22  septembre  à  S»»  30"*  du  matin. 


:\h'n:urcle  17  septembre  à  .V' ■iô™  du  matin. 


voisines  de  l'équateur;  on  voyait  sur  les  anneaux  l'ombre  produite  par  le  disque 
de  la  planète.  Trois  satellites  formaient  un  triangle,  et  la  planète  trônait  au  centre 
de  ce  triangle.  L'effet  était  vraiment  admira])Io. 

Gl'iot, 
observateur,  à  Soissons. 


Propagation  des  tremblements  de  terre.  —  V Astronomie  a  déjà  signalé  de 
curieux  exemples  de  propagations  de  tremblonionts  de  terre  ressentis  î\  distance 
et  souvent  constatés  à  Taide  d'instruiiionts,  sans  lesquels  on  ne  se  serait  aperçu 
de  rien.  Voici  un  fait  qui  n'est  pas  moins  curieux.  La  secousse  d'un  tremblement 
de  terre  est  passée  récemment  sous  P;iiis  sans  que  personne  ait  paru  le  remar- 
([uer  dans  le  public.  Un  observateur  de  jjjrand  mérite,  bien  connu  de  nos  lecteurs, 
M.  Tremeschini,  nous  adressait,  le  21  août,  la  relation  suivante  : 

«  Dimanche  soir,  16  août,  une  armoire  vitrée  servant  de  bibliothèque  et  deux 
grandes  lunettes  adossées  au  mur  d'iino  inôro  située  au  rez-de-chaussée  de  la 
maison  que  j'habite  aux  Lilas  (Seine  i,  >e  trouvèrent  tout  à  coup,  et  sans  cause 
apparente,  ébranlées  d'une  manière  inusit^'o.  La  secousse  dura  deux  secondes 
environ. 


430  L'ASTIIONOMIE. 

a  Ma  première  impression  ayant  été  qu'il  s'agissait  d'un  tremblement  de  terre, 
j'ai  consulté  immédiatement  le  chronomètre;  il  était  sept  heures  vingUrois 
minutes. 

«  Je  sortis  aussitôt  pour  me  renseigner  auprès  des  voisins  sur  révénement; 
mais  leurs  réponses  ayant  été  unanimement  négatives,  je  n'ai  pas  cru  devoir  me 
préoccuper  davantage  du  fait.  Mais,  quelques  jours  après.unde  ces  mêmes  voisins 
vint,  avec  un  empressement  très  visible,  m'annoncer  (  il  avait  à  la  main  un  journal 
du  21  août)  que  «  dimanche,  vers  sept  heures  vingt  du  soir,  une  secousse  assez 
violente  a  été  ressentie  à  Orléans  et  dans  les  environs.  C'est  juste  l'heure,  ajoutâ- 
t-il, à  laquelle  vous  êtes  accouru  chez  nous  pour  nous  communiquer  votre  obser- 
vation ;  il  s'agissait  donc  bien  d'un  tremblement  de  terre.  » 

«  ËD  présence  de  cette  confirmation,  je  manquerais  à  mon  devoir  si  je  gardais 
le  silence.  Je  m'empresse  donc  de  faire  connaître  le  résultat  de  mon  observation: 

u  l**  Comme  je  l'ai  dit,  la  secousse  dura  2  secondes  environ. 

«  2°  La  secousse  fut  sensiblement  ondulatoire. 

«  3°  Par  la  raison  que  je  vais  vous  soumettre  la  secousse  a  dû  avoir  lieu  dans 
le  sens  Est-Nord-Est^  Ouest-Sud- Ouest.  (La  marche  du  phénomène  aurait  dans 
ce  cas  décrit  une  courbe.) 

«  Cette  raison,  la  voici  :  ayant  essa5'é  à  plusieurs  reprises  et  par  des  moyens 
variés,  de  reproduire  les  bruits  observés,  l'essai  m'a  constamment  réussi  quand  h 
direction  du  mouvement  était  imprimée  aux  meubles  dans  le  sens  de  l'Est  ou  d? 
l'Est-Nord-Est  et  vice  versa;  tandis  que  tout  essai  ayant  pour  base  un  tout  autre 
point  de  direction  a  invariablement  échoué. 

a  L'altitude  du  sol  de  la  maison  que  j'habite  est  d'environ  113  mètres  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer. 

«  Xote.  Dans  ce  egnre  de  phénomène,  il  n'y  a  pas  de  remarque  futile  :  contre 
leur  habitude,  depuis  sept  heures  du  soir  jusqu'après  la  secousse,  les  poules, 
comme  affolées,  ne  cessaient  de  monter  et  descendre  de  leur  perchoir  avec  une 
agitation  que  je  ne  me  suis  expliquée  qu'après.  » 

Tremeschini. 

D'après  une  communication  faite  par  M.  Renou,  à  la  séance  de  l'Académie,  du 
7  septembre,  ce  tremblement  de  terre  a  eu  lieu  à  7*>23",  exactement,  à  Orléans, 
à  Meung,  à  Marigny,  etc.  L'observation  de  M.  Tremeschini  est  donc  tout  parti- 
culièrement importante  et  intéressante. 

M.  D.  Luzet  nous  mande  d'Orléans  qu'un  tremblement  de  terre  assez  fort  a  eu 
lieu,  en  effet,  le  16  août,  à  7^23"»  du  soir,  que  dans  la  ville  plusieurs  vitres  ont  été 
cassées,  que  dans  la  campagne  sur  le  canal  d'Orléans  les  poissons,  au  moment 
de  la  secousse  firent  au-dessus  de  l'eau  des  bonds  de  0«»50  à  0«60,  que  la  secousse 
s'est  effectuée  dans  le  sens  sud-oucst-nord-est  et  que  le  tremblement  de  terre  a 
été  ressentie  dans  une  partie  de  la  Beauce,  de  la  Sologne  et  jusqu'à  Tours.  En 
1866,  les  inondations  de  la  Loire  ont  été  précédées  par  quelques  secousses  et  à 
cause  de  cette  coïncidence  les  riverains  éprouvent  des  craintes. 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  431 

Erreurs  accréditées.  —  Plusieurs  astronomes  s'imaginent  que  Laplace  n'a  pas 
connu  le  mouvement  des  sateUites  d'Uranus,  qui  s'exécute,  comme  on  le  sait, 
dans  un  plan  presque  perpendiculaire  à  Técliptique,  et  assurent  que  cette  consta- 
tation astronomique  est  venue,  depuis,  donner  un  coup  fatal  à  la  théorie  cosmo- 
gonique  de  Tillustre  astronome.  Nous  lisions  récemment  encore,  dans  une  Revue 
scientifique  (*)  généralement  [rédigée  avec  compétence  (quoique  non  exempte 
d'un  certain  esprit  de  système  —  mais  quel  est  l'esprit  absolument  libre?)  nous 
lisions,  disons-nous,  les  remarques  suivantes  dues  à  l'un  des  savants  les  plus 
éclairés  de  notre  époque. 

a  Au  temps  où  Laplace  publiait»  dans  son  Exposition  du  système  du  monde, 
la  célèbre  théorie  cosmogonique  qui  porte  son  nom,  on  ne  connaissait  ni  l'exi- 
stence de  la  planète  Neptune  et  de  son  satellite,  ni  la  direction  du  mouvement 
des  satellites  d'Uranus.  Le  grand  géomètre,  partant  de  ce  fait  que,  de  Mercure  à 
Saturne,  toutes  les  planètes  accomplissent  leur  mouvement  de  rotation  dans  le 
même  sens  que  leur  mouvement  de  translation,  et  que  leurs  satellites  évoluent 
dans  ce  même  sens  autour  d'elles,  en  avait  conclu  que  c'était  là  une  loi  générale 
et  absolue.  D'après  lui,  le  calcul  des  probabilités  démontrait  que,  si  l'on  venait 
à  découvrir,  quelque  part  dans  notre  système  solaire,  un  nouveau  satellite  ou  une 
nouvelle  planète,  il  y  aurait  des  milliers  de  milliards  à  parier  contre  un  que  la 
circulation  de  ce  satellite  ou  la  rotation  de  cette  planète  serait  directe^  comme 
toutes  les  autres,  —  «  ce  qui  forme,  disait-il  ailleurs,  une  probabilité  très  supé- 
rieure à  celle  des  événements  historiques  sur  lesquels  on  ne  se  permet  aucun 
doute.  » 

«  Hélas,  ici  comme  en  plusieurs  autres  cas,  ce  fut  le  un  qui  eut  raison  contre 
les  milliers  de  milliards. 

«  L'observation  ultérieure  des  satellites  d'Uranus  permit  de  constater  que  ces 
astres  évoluent  autour  de  leur  planète  en  sens  inverse  de  la  translation  de  celle- 
ci,  qui  elle-même  exécute  son  mouvement  de  rotation  dans  le  même  sens  que  ses 
satellites.  Ce  fait  renversait  la  prétendue  certitude  invoquée  par  Laplace.  Du 
même  coup,  il  ébranlait  singulièrement  sa  théorie  cosmogonique,  fondée  tout 
entière  sur  l'hypothèse  d'une  immense  atmosphère  solaire  tournant  tout  d'une 
pièce  avec  son  noyau  central,  et  aux  dépens  de  laquelle  se  serait  formé  successi- 
vement le  petit  monde  de  chaque  planète,  à  commencer  par  les  plus  extérieures. 
Dans  cette  théorie,  en  efiFet,  toutes  les  planètes  se  seraient  formées  de  la  même 
manière;  par  suite,  toutes  leurs  rotations  et  toutes  les  révolutions  de  leurs  satel- 
lites devraient  s'opérer  dans  le  même  sens.  Tout  mouvement  rétrograde,  formant 
une  exception  à  cette  uniformité  obligatoire,  forme  par  cela  même  une  objection 
péremptoire  contre  la  théorie.  » 

Cette  interprétation  n'est  pas  tout  à  fait  exacte.  Dès  la  première  édition  (\1%) 
de  VExposition  du  Système  du  monde,  Laplace  a  parlé  des  satellites  d'Uranus  et 
de  leurs  mouvements  non  pas  rétrogrades,  mais  «  à  peu  près  perpendiculaires  au 


(*)  Revue  des  questions  scientifiques;  janvier  1885,  p.  94. 


432  L'ASTRONOMIE. 

plan  de  Vécliptique  »,  Voyez  l""®  édition,  tome  I,  p.  84;  2«  édition,  1799,  p.  45; 
3«  édition,  1808,  p.  243;  4«  édition»  1813,  p.  46,  etc.  Il  est  doncinezact  dedireque 
l'observation  ultérieure  des  satellites  d'Uranus  a  apporté  une  opposition  inatten- 
due à  rhypothèse  cosmogonique  de  Laplace. 

Ce  géomètre  a  parfaitement  connu  cette  disposition;  mais  il  ne  Ta  pas  qualifiée 
de  rétrograde,  car  tel  n'est  pas  son  caractère  :  il  lui  a  appliqué  le  seul  terme 
qui  lui  convienne,  celui  de  perpendiculaire  au  plan  de  Técliptique,  comme  nous 
l'avons  fait  nous-même  dans  notre  réponse  à  la  nouvelle  théorie  présentée  par 
M.  Faye,*  (VAstronomie,  juin  1884,  page  211.)  C'est  là  un  point  capital,  puisque 
toute  la  nouvelle  théorie  cosmogonique  de  M.  Faye  repose  sur  cette  interpré- 
tation. 

Les  ténèbres  de  la  neuvième  plaie  d'Egypte.  —  Plusieurs  astronomes  ont 
cherché  si  ces  ténèbres  pourraient  avoir  pour  garant  de  leur  authenticité  une 
éclipse  totale  de  Soleil.  A  TAcadémie  des  Sciences  de  Vienne,  M.  E.  Malher  a 
présenté  récemment  des  calculs  qui  établissent  que  la  seule  éclipse  en  condition 
d'être  identifiée  avec  ce  récit  est  une  éclipse  annulaire  de  Soleil,  centrale  pour 
rÉgj'pte  le  13  mars  de  l'an  1335  avant  notre  ère.  Dans  ce  cas,  la  sortie  d'Egypte 
aurait  eu  lieu  le  27  mars  de  cette  même  année  (à  la  Pleine  Lunesuivantréclipseï 
et  non,  comme  l'admettent  les  chronologistes,  en  Tan  1312. 

Les  nuits  d'Angleterre.  —  L'Angleterre  est  le  pays  du  monde  où  l'Astro- 
nomie a  fait  le  plus  de  progrès  depuis  un  siècle.  Pourtant  c'est  l'un  des  moîas 
favorisés  du  ciel.  D'après  une  statistique  récemment  faite  par  M.  Johnson,  un 
relevé  établi  de  1859  à  1884  montre  que  le  nombre  annuel  des  soirées  propres  à 
l'observation  est  compris  entre  44  et  110. 

Nouvelles  mesures  du  compagnon  de  Sirins.  —  Aux  mesures  publiées  par  la 
Revue,  nous  pouvons  ajouter  les  suivantes,  qui  montrent  la  continuité  du  mouve- 
ment elliptique  de  ce  compagnon  le  long  de  l'orbite  calculée.  (Voir,  fig.  22, 
année  1884  p.  51  )  : 

1885 197  32%7  TM  Hough  à  Chicago. 

1 885 268  34  ,7  8  ,06  Hall  à  Washington . 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES 

A  FAIRE  DU  15  NOVEMBRE  AU  15  DÉCEMBRE  1885. 
Principaux  ol^ets  célestes  en  évidence  poar  robservation. 

lo  CIEL  ÉTOILE  : 

Pour  l'aspect  du  ciel  étoile  durant  cette  partie  de  Tautomne,  se  reporter  soit 
aux  cartes  publiées  dans  la  première  année  de  la  Revue,  soit  aux  descriptions 
données  dans  les  Etoiles  et  les  Curiosités  du  Ciel,  pages  594  et  635. 

Les  longues  soirées  de  cette  période  de  Tannée  sont  presque  toigours  favo- 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  433 

risées  par  un  Ciel  d'une  admirable  pureté.  C'est  principalement  dans  les  moments 
de  hautes  pressions  barométriques  qui  accompagnent  souvent  les  fortes  gelées, 
quand  l'atmosphère  immobile  se  maintient  assci"  longtemps  dans  un  calme 
absolu,  que  les  astres  resplendissent  du  plus  vif  éclat  et  répandent  leur  lumière 
sereine  sur  la  Terre  engourdie  par  le  froid. 

Mercure,  Vénus,  Vesta,  Saturne  et  Neptune  sont  observables  durant  la 
première  moitié  de  la  nuit,  Mars,  Jupiter  et  Uranus  dans  la  seconde  moitié. 

2«  SYSTÈME  SOLAIRE   : 

Soleil.  —  Le  15  novembre,  le  Soleil  se  lève  à  7^ H™  du  matin  et  se  couche 
à  -i^^lS"»  du  soir;  le  1"  décembre,  l'astre  du  jour  apparaît  au-dessus  de  l'horizon 
à  7*» 34™  du  matin,  pour  disparaître  au-dessous  à  4^4™  du  soir;  enfin,  le  lever  a 
lieu  à  7*>49™  le  15  décembre,  et  le  coucher  à  4*»2™  du  soir.  La  durée  dn  jour  est 
de  9*» 7™  au  15  novembre,  de  8*» 30™  au  l*»*  décembre  et  de  8^13™  au  15  décembre. 
Les  jours  décroissent,  dans  cet  intervalle  d'un  mois,  de  38™  le  matin  et  de  16™  le 
'soir,  soit  une  diminution  totale  de  54™. 

La  différence  entre  l'instant  du  midi  vrai  et  celui  du  midi  moyen  est  toujours 
considérable.  Le  15  novembre,  la  matinée  dure  4^49™  et  la  soirée  4*>18™,  diffé- 
rence 31™;  le  Ic'  décembre,  matinée  4^20»,  soirée  4^4™,  différence  22™;  le 
15  décembre,  matinée  4^11™,  soirée  4^2™,  différence  9™. 

Le  Soleil  s'éloigne  toujours  de  l'équateur  céleste.  Sa  déclinaison  australe,  au 
15  novembre,  est  de  18o37',  et  au  15  décembre,  de  23*18'.  Le  Soleil,  dans  sa 
marche  apparente,  se  rapprochant  sans  cesse  de  l'horizon,  les  quantités  de 
lumière  et  de  chaleur  que  nous  recevons,  diminuent  assez  vite.  Les  ombres 
s'allongent  et  la  réverbération  des  murailles  blanches  n'est  plus  qu'un  pâle 
souvenir  des  chauds  et  étincelants  rayons  de  juillet.  En  même  temps,  la  nuit  se 
produit  presque  aussitôt  après  la  disparition  du  Soleil  au-dessous  de  l'horizon. 

La  lumière  zodiacale  commence  à  devenir  visible  le  soir,  à  l'Occident, 
vers  5^30™. 

Lune.  —  Nous  voici  revenus  ^  l'époque  des  beaux  clairs  de  lune.  C'est  aux 
environs  du  Premier  Quartier,  le  soir,  et  du  Dernier  Quartier,  le  matin,  que 
notre  satellite  devra  être  particulièrement  observé. 

Un  phénomène  très  rare  se  produira,  le  7  décembre,  sur  les  5*>  du  soir  :  le 
mince  croissant  lunaire  sera  visible  à  l'œil  nu  environ  vingt-sept  heures  après 
la  néoménie.  Nous  insérerons  avec  plaisir  les  observations  qui  nous  seront 
adressées. 


Phases. 


PL  le  22  novembre,  à    9''49-  matin.      NL  le    6 décembre, à    l''26"  soir. 
PQ  le  29  »         à   2    6         »  PQ  le  14         »         à    6  31        » 

Occultations  visibles  à  Paris. 


Huit  occultations  seront  observables  durant  la  première  moitié  de  la  nuit. 
Deux  autres  très  importantes  pourront  être  étudiées  le  matin. 


434 


L'ASTRONOMIE. 


!•  6»  Taureau  (4*  grandeur),  le  22  novembre,  de  6''36-  à  7^21-  du  soir.  Cette  brillante 
étoile  s'éteindra  en  un  point  du  disque  lunaire  situé  à  23*  au-dessus  et  à  gauche  du 
point  le  plus  bas,  pour  se  rallumer  en  un  autre  point  situé  à  7*  au-dessous  du  point  le 
plus  occidental.  A  Greenwich,  la  durée  de  l'occultation  sera  de  48-. 

2*  La  composante  6*  (4*  grandeur),  le  22  novembre,  de  G»" 50-  à  7*7-  du  soir.  L'étoile 
disparait  au  sud  du  disque  de  la  Lune,  en  un  point  situé  à  12*  à  droite  et  au-dessus  du 
point  le  plus  bas,  et  reparaît  à  41*  au-dessous  du  point  le  plus  à  l'Ouest.  6*  disparaît  et 
réapparaît  du  même  côté  du  disque  lunaire.  Cette  anomalie  a  pour  cause  la  position 
inclinée  de  la  Lune  qui  n'est  levée  que  depuis  deux  heures. 

L'étoile  6  est  une  des  plus  curieuses  étoiles  doubles  que  les  bonnes  vues  puissent  dis- 
tinguer à  l'œil  nu.  Les  deux  composantes  sont  éloignées  de  5'37'' 

3«  75  Taureau  (6*  grandeur),  le  22  novembre,  de  6»'49-  à7''20-  du  soir.  C'est  la  seconde 


FIg.  147. 


Fig.  148. 


Occultation  d'Aldébaran,  parla  Lune,le  22  novembre 
deyi'ST-àlli'S-dusoir. 


Occultation  d'Uranus,  par  la  Lune,  le  l»décembre. 
de  5*  10-  à  6*23-  du  matin. 


des  Hyades  qui  est  occultée  durant  le  commencement  de  la  soirée;  elle  est  occultée,  à 
Paris,  une  minute  seulement  avant  6'.  L'étoile  s'éteint  dans  la  partie  orientale  du  disque 
de  la  Lune,  à  26*  au-dessus  du  point  le  plus  à  gauche,  et  se  rallume  à  4*  au-dessous  et 
à  droite  du  point  le  plus  élevé. 

A  Greenwich,  la  disparition  de  75  Taureau  se  produit  11-  avant  celle  de  6V 

4*  B.  A.  C.  1391  (5*  grandeur),  le  22  novembre,  de  7''24-  à  8*23-  du  soir.  Cette  autre 
Uyade  disparaît  derrière  le  disque  de  la  Lune,  quatre  minutes  après  la  réapparition  de 
la  précédente;  elle  s'éteint  en  un  point  situé  à  l'est  du  disque,  à 39*  au-dessous  du  point 
le  plus  à  gauche,  et  se  rallume  en  un  point  situé  à  l'ouest,  à  19*  au-dessus  du  point  le 
plus  à  droite.  Cette  occultation  pourra  être  étudiée  dans  l'Europe  occidentale. 

5*  Aldébaran  (1'*  grandeur),  le  22  novembre,  de  9*57-  à  11*8-  du  soir.  Cette  soirée 
du  22  novembre  comptera  parmi  les  meilleures  de  l'année,  attendu  qu*une  aussi  lonfjue 
série  d'observations  d'étoiles  de  5*,  4*  et  1"  grandeur,  ne  peut  se  produire  qu'à  des  inter- 
valles fort  éloignés.  L'occultation  est  représentée,  fig.  147. 

La  disparition  d'Aldébaran  aura  lieu  en  un  point  du  disque  de  la  Lune  situé  à 25*  au- 
dessous  du  point  le  plus  à  gauche,  et  la  réapparition  en  un  autre  point  situé  à  5*  au- 
dessus  du  point  le  plus  à  droite. 

L'étude  de  cette  belle  occultation  pourra  être  faite  dans  la  plus  grande  partie  de 
l'Europe,  de  l'Asie  et  du  nord  de  l'Afrique. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  435 

6*  117  Taureau  (6«  grandeur),  le  23  novembre,  de  S^T  à  6^45*  du  soir.  L'étoile  dispa- 
raît au  sud  du  disque  de  notre  satellite,  à  18*  à  gauche  du  point  le  plus  bas,  et  réappa- 
raît à  l'Occident,  à  6*  au-dessous  du  point  le  plus  à  4roite.  Le  phénomène  pourra  être 
étudié  principalement  dans  l'Europe  centrale. 

?•  Vesta,  le  23  novembre,  vers  Q^'SS»  du  soir,  appulse  de  la  petite  planète,  pour  Paris; 
mais  l'occultation  sera  visible,  dans  la  partie  inférieure  du  disque  lunaire,  pour  le  nord 
de  la  France,  la  Belgique,  la  Hollande  et  les  Iles  Britanniques. 

A  Greenwich,  la  disparition  se  produira  en  un  point  situé  à  28*  à  gauche  du  point  le 
plus  bas,  et  la  réapparition  à  13*  à  droite  de  ce  même  point. 

8*  26  Gémeaux  (5,  5  grandeur),  le  24  novembre,  de  il"» 8"  à  12'' 16-  du  soir.  La  dispari- 
tion a  lieu  au  sud-est  du  disque  lunaire,  à  43*  à  gauche  et  au-dessus  du  point  le  plus 
bas,  et  la  réapparition  se  produit  à  l'occident,  à  23*  au-dessus  du  point  le  plus  à 
droite.  Cette  occultation  sera  visible  dans  une  grande  partie  de  l'Europe. 

9*  Uranus,  le  1*'  décembre,  de  5^10-  à  6''23"du  matin.  La  planète  disparaît  à  l'orient, 
en  un  point  du  disque  situé  à  43*  au-dessous  du  point  le  plus  à  gauche,  pour  réapparaître 
à  38*  à  droite  et  au-dessous  du  point  le  plus  élevé.  L'occultation  qui  est  représentée 
fig.  148,  sera  observable  dans  la  majeure  partie  de  l'Europe. 

10«  X  ViERGB  (4,5  grandeur),  le  3  décembre,  de  4'' 28"  à  b^9''  du  matin.  L'étoile  s'éteint 
à  Torient  du  disque  lunaire,  à  8*  au-dessous  du  point  le  plus  à  gauche,  et  se  rallume 
du  même  côté,  à  16*  au-dessous  et  à  gauche  du  point  le  plus  élevé. 

L'occultation  sera  visible  dans  l'Europe  occidentale. 

Occultations  diverses. 

Les  nombreux  lecteurs  de  la  Revue  pourront  encore  être  témoins,  suivant  les 
régions  qu'ils  habitent,  des  occultations  qui  suivent  : 

i*  o  Poissons  (4*  grandeur),  le  19  novembre,  à  H»»  du  soir,  occultation  visible  dans  la 
Patagonie  et  les  Terres  australes. 

2*  r  Taureau  (4*  grandeur),  le  22  novembre,  vers  5**  du  soir.  Le  phénomène  sera  obser- 
vable dans  le  Nord  et  le  centre  de  l'Europe. 

3*  8  Taureau  (4*  grandeur),  le  22  novembre,  sur  les  ô"»  du  soir,  occultation  pour 
l'Afrique  méridionale. 

4*  X  Gémeaux  (4*  grandeur),  le  25  novembre,  à  2''  du  soir,  temps  moyen  de  Paris.  L'ob- 
servation pourra  être  faite  dans  le  centre  et  le  nord  de  TAsie. 

5*  p  Vierge  (3,5  grandeur),  le  30  novembre,  à  11»*  du  matin.  Visible  dans  l'Amé- 
rique du  Sud. 

6*  Jupiter,  le  30  novembre,  vers  H*»  du  soir.  Cette  curieuse  occultation  pourra  être 
étudiée  dans  les  principales  îles  de  l'Océan  Indien. 

7*  Ti  Vierge  (3,5  grandeur)  le  1*'  décembre,  à  !*•  du  matin.  Visible  dans  une  grande 
partie  de  l'Afrique  méridionale. 

8*  p*  Sagittaire  (4*  grandeur),  le  9  décembre,  vers  7*^  du  matin.  Visible  dans  le  Sud 
d  e  TAsie  et  l'Afrique  orientale. 

9*  p*  Capricorne  (3*  grandeur),  le  10  décembre,  à  midi.  Occultation  observable  dans 
l'Océan  Indien. 

Le  24  novembre,  à  9^  du  soir,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  périgée  : 
363.400»™  ;  diamètre  lunaire  =  32' 52', 6. 

Le  10  décembre,  à  10»»  du  soir,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  apogée  : 
404.900^»;  diamètre  lunaire  =  29'30'',2. 

Mercure.  —  Mercure  pourra  être  observé  un  grand  nombre  de  fois,  le  soir, 


436  L'ASTRONOMIE. 

peu  de  temps  après  le  coucher  du  Soleil,  dans  le  ciel  de  rOccident.  On  pourra 
employer  indifféremment  une  jumelle  marine  ou.  une  lunette  astronomique 
munie  d'un  faible  oculaire. 


Jours. 

20  Novembre 

24       »      

28       »      

2  Décembre 

4       »      

6       »      

10       »      

14       »      


Passage  Méridien. 


l»»  5- 
1  13 
1  19 
l  22 
1  21 
1  18 
1  6 
0  40 


soir. 


Concher. 


4''59- 
5    4 


soir. 


9 
14 
15 
14 

7 
49 


Différence  Soleil,    ConsteUatioB. 


0M6- 

Ophiuchus. 

0  55 

» 

l    3 

Saqittairk. 

1  10 

1  12 

1  12 

1    6 

0  47 

C'est  le  30  novembre,  à  minuit,  que  Mercure  atteint  sa  plus  grande  élongation 
orientale,  21®  14'. 

Jusqu'au  9  décembre,  le  mouvement  de  Mercure  est  direct  à  travers  les 
constellations  de  l'hémisphère  Sud;  à  partir  du  9  décembre,  le  mouvement 
devient  rétrograde.  La  planète  se  trouvera  en  conjonction  avec  Antarès  du 
Scorpion,  le  13  novembre,  vers  9  heures  du  soir;  la  planète  sera  au  nord  de 
l'étoile,  à  la  distance  de  2o30'.  Le  22  novembre,  à  midi.  Mercure  ne  sera  éloipé 
que  de  38'  de  6  Ophiuchus. 

Le  !••' décembre,  le  diamètre  de  Mercure  est  de  6^6.  La  distance  de  cet  astre  à 
la  Terre  est  de  148  millions  de  kilomètres  et  sa  distance  au  Soleil  est  de  54  mil- 
lions de  kilomètres. 

VÉNUS.  —  Cette  admirable  Etoile  du  Berger,  dont  le  vif  éclat  va  toujours  eu 
augmentant,  brille  dans  le  ciel  avant  même  la  disparition  du  Soleil  au-dessous 
de  l'horizon.  Par  une  froide  journée  de  novembre  et  de  décembre,  il  sera  déjà 
facile  de  trouver  Vénus,  sur  les  3*>  de  l'après-midi,  lors  de  son  passage  au 
méridien  du  lieu  d'observation,  à  une  faible  hauteur  de  16«  à  18<»  environ. 

Le  9  décembre,  à  7*>  du  matin,  Vénus  atteint  son  maximum  d'élongation  orien- 
tale 470 16',  du  Soleil.  C'est  alors  que  la  planète  se  couche  plus  de  trois  heures  et 
demie  après  le  Soleil  et  que  sa  phase  s'accentue  d'une  façon  très  rapide.  Vu 
dans  une  lunette  astronomique,  le  disque  de  Vénus,  pareil  à  celui  de  la  Lune  le 
jour  du  Premier  Quartier,  ne  présente  plus  qu'une  moitié  éclairée.  Cette  obser- 
vation offre  un  grand  attrait  à  tous  les  astronomes  amateurs. 


Jours. 

16  Novembre. 

19       »      

22       > 


soir. 


28  »  . . . . 
1"  Décembre. 

4       »      .... 

7  »  .... 
10  »  .... 
13       »      .... 


Passage  Méridien. 
3''  3- 
3  6 
8 
11 
13 
15 
16 
17 
18 


Coacher. 


Différence  Soleil.    ConsteUatioo. 


3 
3 
3 
3 
3 
3 
3 
3  19 


6''52- 

6  58 

7  3 
7  8 
7  13 
7  20 
7  26 
7  32 
7  38 
7  44 


soir. 


2''35- 
2  44 

2  52 

3  0 
3  7 
3^16 
3  23 
3  .30 
3  37 
3  43 


Saqittairb. 


Capbicorne. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  437 

Vénus  continue  sa  marche  directe  dans  les  constellations  du  Sagittaire  et  du 
Capricorne.  Le  16  novembre,  Vesper  sera  en  conjonction  avec  Tétoile  de 
seconde  grandeur  a  Sagittaire;  la  planète  sera  placée  à  34'  au  nord  de  l'étoile. 
Le  10  décembre,  à  11*»  du  soir,  conjonction  avec  la  Lune,  la  planète  étant  à  5«56' 
au  sud  de  notre  satellite. 

Le  i«'  décembre,  le  diamètre  de  Vénus  est  de  22',  8.  La  distance  à  la  Terre  est 
de  108  millions  de  kilomètres  et  au  Soleil  de  107  millions  de  kilomètres. 

Mars.  —  Mars  devient  de  plus  en  plus  facile  à  observer  dans  la  constellation 
du  Lion,  entre  Régulus  et  p  Vierge.  La  teinte  rougeâtre  de  sa  lumière  permet  de 
le  reconnaître  à  la  simple  vue.  Les  -^  du  disque  de  Mars  sont  éclairés. 

Jours.  Lever.  Passage  Méridien.  ConstoUation. 

18  Novembre ll^âl*  soir.  6''40"  matin.  Lion. 

22  •  »        11  35  »  6  31         »  » 

26       »      , 11  30  »>  6  23         »  » 

30        »      * il  24  >.  6  14         p  » 

3  Décembre 11  19  «•  6    7  » 

•     7       »        11  12  »  5  58  »  » 

11        il    6  »  5  48  »  » 

15       »        10  58  »  5  38  »  » 

Le  mouvement  de  Mars,  parmi  les  constellations  zodiacales,  est  direct.  Le 
16  novembre,  conjonction  avec  p  Lion,  la  planète  se  trouvant  à  lo56'  au  nord  de 
l'étoile;  le  29  novembre,  à  9^  du  matin,  Mars  est  à  S» 23'  au  nord  de  la  Lune;  le 
â  décembre,  à  minuit.  Mars  est  en  quadrature  avec  le  Soleil;  le  4  décembre.  Mars 
est  à  1<»6'  au  nord  de  x  Lion;  le  15  décembre,  Mars  est  à  47'  au  nord  de  <j  Lion. 

Le  !«"  décembre,  le  diamètre  de  Mars  est  de  8',  2.  La  distance  de  la  planète  à 
la  Terre  est  de  198  millions  de  kilomètres  et  au  Soleil  de  243  millions  de  kilo- 
mètres. 

Petites  planètes.  —  Cérès,  Pallas  et  Junon  demeurent  toujours  invisibles 
Pallas  et  Junon  passent  derrière  le  Soleil  le  16  novembre,  et  Cérès  le  24. 

Vesla  se  présente  dans  les  meilleures  conditions  possibles  pour  Tobservation 
puisqu'elle  passe  au  méridien  de  chaque  lieu,  à  minuit,  le  9  décembre.  Tous  les 
astronomes  pourront  distinguer  Vesta,  brillant  de  Téclat  d'une  étoile  de  6«  gran- 
deur, dans  la  constellation  du  Taureau,  et  formant  le  sommet  d'un  triangle  dont 
la  base  est  la  ligne  a,  C-  Le  22  novembre,  Vesta  sera  au  sud  de  î  Taureau,  à 
30  30'  seulement.  Chacun  sait  que  Vesta  est  la  plus  importante  des  petites  pla- 
nètes et  la  plus  facile  à  trouver  à  l'œil  nu.  C'est  le  10  décembre  que  la  planète 
atteint  sa  distance  minimum  à  la  Terre. 

Jours.  Lever  d 

18  Novembre 6^10- 

23  »        5  46 

28       »        5  22 

3  Décembre 4  56 

9       »       4  26 

13       n        4    6 


Vesta. 

Passage  Méridien. 

Constellation 

soir. 

1^45-  matin. 

Taureau. 

1  21         » 

» 

0  57         » 

V 

032         » 

» 

minuit. 

V 

11  37     soir. 

J» 

438  L'ASTRONOMIE. 

Vesta  continue  sa  marche  rétrograde  et  se  rapproche  peu  à  peu  des  Hyades. 
Le  7  décembre,  Vesta  est  éloignée  de  235  millions  de  kilomètres  de  la  Terre  et 
de  380  millions  de  kilomètres  du  Soleil. 

Coordonnées  au  27  Nov. :    Ascension  droite...       5''26".    Déclinaison...    17'5i'N. 
»  7  Dec.  :  »  »  5  15  »  18   1 N. 

Jupiter.  —  Jupiter  continue  son  mouvement  direct  à  travers  la  constellation 
de  la  Vierge,  dans  le  voisinage  de  Tétoile  tj,  au  sud  de  laquelle  il  passera,  le 
9  décembre  au  matin.  Les  deux  astres  ne  seront  distants  de  8'  et  pourront  être 
étudiés  dans  le  même  champ  d'une  lunette  astronomique.  Le  30  novembre,  à 
11*>  du  soir,  occultation  de  la  planète  par  la  Lune. 


Jours. 

Lever. 

Passage  Méridien. 

CoDsteilatloo. 

18  Novembre 

2»»  6- 

matin. 

8M3- 

matin. 

Vierge. 

22       »        

1  54 

0 

8    0 

26       »        

1  41 

^ 

7  46 

30       «        

l  29 

» 

7  33 

3  Décembre 

1  18 

» 

7  22 

7        n        

1    5 

» 

7    8 

11       »        

0  53 

» 

6  55 

15       »        

0  39 

» 

6  40 

Le  !«'  décembre,  Jupiter  a  un  diamètre  de  32',  2;  sa  distance  à  la  Terre  est  de 
850  millions  de  kilomètres  et  au  Soleil  de  805  millions  de  kilomètres. 

Saturne.  —  Saturne  est  visible  pendant  une  grande  partie  de  la  soirée,  dans 
la  constellation  des  Gémeaux,  non  loin  des  étoiles  e  et  (jl.  Le  24  novembre,  à 
11*»  du  soir,  la  planète  sera  visible  à  3o59'  au  nord  du  disque  de  notre  satellite. 
Il  faut  continuer  Tobservation  des  anneaux  de  Saturne,  en  se  servant  d'un  gros- 
sissement de  moyenne  puissance. 


Jours. 

17  Novembre 

Lever. 
6''48-    soir. 

Passage  Méridien. 

2'*  48-  matin. 

ConitellatloD 
GÉMEAUX. 

22       »        

6  27 

w 

2  27 

27       »        

6    6 

u 

2    6 

2  Décembre 

5  43 

» 

1  45 

7       »        

5  23 

» 

1  24 

12        »        

5    2 

» 

1    3 

Le  1«'  décembre,  Saturne  a  un  diamètre  de  18',  2;  sa  distance  à  la  Terre  est  de 
1205  millions  de  kilomètres  et  au  Soleil  de  1336  millions  de  kilomètres. 

Uranus.  —  Uranus  est  aisé  à  découvrir  à  Tœil  nu,  dans  le  voisinage  de 
Jupiter,  au  sud  et  presque  à  égale  distance  des  étoiles  tj  et  y  de  la  Vierge.  Uranus 
brille  comme  une  étoile  de  6«  grandeur,  à  3»  en  moyenne  de  y  ©t  t). 


Joors. 

Lever. 

Pasiage  Méridien. 

GonsteUatioD 

17  Novembre 

2»'43- 

matin. 

8''38- 

matin. 

VlBRQE. 

22       »        

2  24 

» 

8  19 

27       »        

2    6 

0 

8    0 

2  Décembre 

1  47 

» 

7  41 

7       »        

1  26 

» 

7  22 

12       »        

1  10 

» 

7    3 

OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  439 

La  marche  d'Uranus  est  directe.  Le  1«'  décembre,  le  diamètre  de  la  planète  est 
de  4";  la  distance  à  la  Terre  est  de  2775  millions  de  kilomètres  et  au  Soleil  de 
2711  millions  de  kilomètres. 

Coordonnées  au  l*-"  Décembre  :    Ascension  droite    12''26*34'.    Déclinaison   2*6' S. 

Neptune.  —  Neptune  continue  son  mouvement  rétrograde  dans  la  constella- 
tioa  du  Taureau;  cette  planète  est  située  entre  les  étoiles  X  Taureau  et  o  Bélier, 
presque  à  moitié  chemin. 

Jours.  Lever.  Passade  Méridien.  Constellation. 

22  Novembre 3''54*  soir.  11»' 20"    soir.  Taureau. 

2  Décembre 3  13  »  10  39         »                         » 

12        »        2  34  »  9  59         »                           » 

Le  l»'  décembre,  la  distance  de  Neptune  à  la  Terre  est  de  4273  millions  de 
kilomètres  et  au  Soleil  de  4413  millions  de  kilomètres. 

Coordonnées  au  !•' Décembre  :    Ascension  droite    3''27"20'.    Déclinaison    16'59'N. 

Étoiles  filantes.  —  Dans  les  nuits  des  27,  28  et  29  novembre,  on  remarque 
un  essaim  de  corpuscules  lumineux  qui  est  en  connexion  avec  la  comète  Biéla- 
Gambart  et  qui  a  donné  lieu,  en  1872,  à  un  grand  flux  d'étoiles  filantes.  La  ligne 
qui  renferme  la  région  d'émanation  est  très  irrégulière  et  le  centre  se  trouve  non 
loin  de  la  belle  double  y  Andromède. 

Dans  les  nuits  du  6  au  13  décembre,  on  constate  un  autre  courant  d'étoiles 
filantes  généralement  faible;  mais  ce  phénomène  présente  néanmoins  un  intérêt 
tout  spécial  :  il  y  a  eu  dans  le  passé  des  pluies  d'étoiles  d'une  intensité  exception- 
nelle. Il  existe  plusieurs  points  radiants  dont  les  deux  plus  importants  sont  l'un 
dans  les  Gémeaux,  à  Touest  de  Castor  et  l'autre  dans  la  tête  du  Petit  Lion,  vers 
la  Grande  Ourse. 

Étoile  variable.  —  Algol  ou  p  Persée  est  l'une  des  étoiles  variables  les  plus 
rapides,  les  plus  régulières  et  les  plus  facilement  observables.  Algol  passe  de  la 
2,2  grandeur  à  la  3,7  grandeur  dans  un  temps  très  court.  Cette  espèce  d'éclipsé 
partielle  ne  dure  que  six  minutes^  pendant  lesquelles  Algol  se  rapproche  de  la 
4*  grandeur.  La  diminution  principale  commence  1^26«  avant  l'instant  que  nous 
donnons  pour  le  minimum,  lorsque  l'étoile  p  est  déjà  descendue  à  la  3«  grandeur; 
Taugmentation  la  plus  apparente  se  montre  également  lorsque  l'étoile  est  revenue 
au  même  degré  d'éclat.  Notre  excellent  confrère,  M.  Bruguière,  a  fait,  dans  la 
soirée  du  2  octobre  dernier,  une  intéressante  observation  de  l'un  des  minima 
d' Algol. 

14  Novembre...  Diminution  principale  7^58"  soir.  Minimum  9'' 24-  soir. 

17         9         —              »  V  4  47         »  >  6  13  u 

4  Décembre....              »  »  9  41         »  »  11    7  » 

7         »          ....               »  »  6  29          »  »  7  55  )» 

10         »         ....              »  »  3  18         »  »  4  44  » 

Eugène  Vimont. 


440  LASTRONOMIE. 

Occoltation  d'Aldébaran,  22  novembre  1883.  —  Quatorze  fois  depuis  la  fin  de 
Tannëc  1884,  le  disque  de  la  Lune  est,i^nu  se  placer  entre  la  Terre  et  Âldébaran. 
produisant  chaque  fois  pour  certaines  réprions  terrestres,  une  occultation  de  cette 
belle  étoile.  A  chaque  révolutijon  sidérale  de  notre  satellite^  le  même  phéno- 
mène se  reproduira  jusqu'en  18.^8. 

Pour  la  Terre  entière,  considérée  comme  un  seul  observatoire,  les  occultations 
d'une  morne  étoile  se  produisent  ainsi  en  séries  qui  n*ont  rien  de  fortuit,  leur 
retour  étant  réglé  sur  le  déplacement  des  nœuds  de  Torbite  lunaire.  Mais  pour 
un  lieu  déterminé  de  la  planète,  Paris  par  exemple,  les  conditions  particulières 
de  longitude,  de  latitude  et  de  parallaxe  réduisent  de  beaucoup  le  nombre  des 
observations  possibles  d'un  ]^hénomènc  si  fréquent. 

L'occultation  d*Aldébaran  visible  à  Taris  le  22  novembre  1885,  sera  observable 
dans  TEurope  entière,  dans  le  centre  et  le  nord  de  l'Asie,  et  à  l'extrémité  N.-O. 
de  la  côte  africaine.  La  carte  (fig,  100)  de  la  page-313  peut  donner  une  idée  suffi- 
samment exacte  de  la  zone  d'observations,  en  prenant  sa  ligne  d'occultation 
centrale  pour  limite  sud  de  simple  contact,  et  en  reportant  la  limite  nord 
jusqu'au  80«  parallèle  de  latitude. 

La  Lune  et  l'étoile  passeront  ensemble  au  méridien  de  tous  les  lieux  situés 
par  19043'  Est  de  Paris  ;— l'occultation  sera  presque  centrale  pour  Paris.  Berlin, 
Kônigsberg. 

Voici  d'ailleurs  les  heures  du  commencement  et  de  la  Un  du  phénomène,  calcu- 
lées pour  différents  observatoires  européens  : 

TEMPS  DE  GRBBNWICH.  TEMPS  LOCAL. 

EntK'e.  Sortie.  Entrée.  Sottie. 

Greenwich 9^48-  10"  57»  »  » 

Paris 9  48  10  59  g^S?-  11^8 

Marseille 9  46  10  55  10    8  1117 

Palerme 10    3  10  53  10  56  1146 

Kônigsberg 10  16  11  27  11  38  12  49 

Pouikova 10  30  11  37  12  31  13  38 

A  minuit,  l'instant  de  la  Pleine  Lune  sera  passé  depuis  14  heures  environ,  et 
la  libration  aura  pour  valeurs  moyennes  : 

En  latitude 6-23'  N-S.  En  longitude 3*  17'  E-0. 

Edouard  Blot. 

Correspondance  :  Nous  avons  reçu  de  nombreuses  lettres  approuvant  ou  combattant 
rarticle  de  M.  Rossi  de  Giustiniani,  publié  dans  notre  dernier  numéro.  Remerciements 
à  nos  érudits  correspondants.  

ERRATA. 

Page  360,  ligne  11  en  remontant,  au  lieu  de  10^43*  matin,  mettre  10^43"  soir. 
Page  364»  ligne  27,  au  lieu  de  1^  grandeur,  lire  7*  grandeur. 

Page  400,  ligne  20  en  descendant,  au  lieu  de  6''53-  matin  et  de  2*»  25-  soir^  lire  6^53- 
soir  et  2'* 25"  matin. 


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Ce  livre,  destiné  aux  élèves  de  la  classe  de  Mathématiques  spéciales,  correspond  exactement  au 
programme  actuel  d'admission  à  l'École  Polytechnique.  Il  comprend  quatre  petits  Traités  dis- 
tincts, extraits  du  grand  Ouvrage  de  MM.  Jamin  et  Bouty,  mais  rédigés  spécialement,  et  des  l'ori- 
gine, en  vue  des  élèves  des  lycées. 

Ceux  d'entre  eux  qui  poursuivront  l'étudo  de  la  Physique,  soit  dans  les  grandes  Ecoles  de  l¥M 
soit  dans  les  Facultés,  pourront  se  procurer  le  reste  du  grand  Ouvrage.  Ils  y  trouveront,  traitée^ 
avec  tous  les  développements  que  comporte  l'état  actuel  de  la  Science,  les  malièi^es  correspondant 
à  l'enseignement  supérieur  de  la  Physique, 


BICHAT,  Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Nancy,  et  BLONDLOT,  Maître 
de  conférences  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Nancy.  —  Introduction  à  l'Étude 
de  rfilectricité  statique.  lu  8,  avec  64  figures  dans  le  texte;  1835  ....    4  fr. 

PRÉFACE 

Le  présent  Ouvrage  traite,  comme  l'indique  son  titre,  do  rÉloctricilé  en  équilibre.  Dans  lapensco 
des  Auteurs,  il  est  destiné  à  établir  une  transition  entre  renseignement  élémentaire  et  l'étude 
approfondie  de  la  Science;  il  contient  le  développement  des  questions  d'Électricité  statique  qui 
peuvent  être  exigées  des  candidats  à  la  licence  es  sciences  physiques.  Dans  la  partie  ihéorique, 
on  a  développé  les  calculs  indispensables  pour  l'intelligence  des  phénomènes,  en  laissant  de  cô(é 
les  questions  qui  présentent  un  intérêt  exclusivement  mathématique.  Dans  la  partie  expérimen- 
tale, on  a  donné  la  description  des  difl'érents  appareils  en  s'altachant  surtout  aux  organes  essen- 
tiels, de  façon  à  en  faire  comprendre  le  fonctionnement,  sans  insister  sur  les  détails  de  construc- 
tion et  de  manipulation. 

Il  va  sans  dire  qu'on  a  fait  de  nombreux  emprunts  aux  Ouvrages  spéciaux,  entre  autre?  à  cens 
de  C.  Maxwell,  de  Sir  W.  Thomaon,  de  MM.  Mascart  et  Joubert  et  de  M.  G.  Wiodemann.  A  côté  tle 
ces  emprunts,  on  trouvera  un  certain  nombre  de  raisonnements  et  de  démonstrations  qui  noui« 
sont  propres. 

Nous  espérons  que  ce  petit  livre  pourra  êlre  utile  aux  personnes  qui,  possédant  les  premier» 
éléments  de  la  Physique,  désirent,  soit  dans  un  but  scientifique,  soit  dans  un  but  tcchoiqu<^  ac- 
quérir en  Electricité  des  connaissances  solidement  établies. 


Paris.  —  Imp.  Gaulhier-Villars,  55,  quai  dos  Grands-AagusUns. 


DEC  191  ««3 


4**  Année. 


N"  12. 


.  lilécembre  1885. 


REVUE  MENSUELLE 

D'ASTRONOMIE  POPULAIRE 

DE  MÉTÉOROLOGIE  ET  DE  PHYSIQUE  DU  GLOBE, 

HOfCtfAITT    LB     TABLEAU    PSnJdANEIIT    DEâ    DËCpUVËHTBS    ET    DU    flOelEâ    BËALl^àÉB 
DAZia    LA    COft NAISSANCE    DK    L'UITIVIRI 

PUBLIÉE    PAB 

CAMILLE  FLAMMARION, 

JLVEC  LE  C&NCOUIiâ  D£a 

PRINCIPAUX   ASTRONOMES   FRANÇAIS   ET  ETRANGER3 


ABONNEMENTS  POOH  ITN   Aft: 

Pabis  :  12  fr.  —  Départements  :  13  fr,  —  ÊTBANi^ER     14  Ir. 

Paix  au  Numéro  :  1  f^«  20  c. 

La  Revue  paraR  Le  f*"*  ûû  chaque  Mois. 


^PARIS. 


GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBIIAIRE 

DE    l'observatoire    I*E    PARIS, 

1885 


SOMMAIRE  DU  N»  12  (DÉCEMBRE  1885). 

Remarquables  protubérances  solaires  diamétralement  opposées,  par  M.E.  L  Troc- 
VELOT  (3  figures).  —  L'écllpse  totale  de  Soleil  du  9  septembre  1886,  (1  figure). -Pro- 
tnbérance  solaire  remarquable,  par  M.  A.  Riccô.  —  L.*étoile  double  p  du  Cygne,  on 
Albireo,  par  M.  Camille  Flammarion.  —  L'ombre  de  Saturne  sur  ses  anneanx,  par 
M.  J.  Lamps  (1  figure).  —  Les  problèmes  actuels  de  1* Astronomie,  par  M.  C.-A.  Yoonc. 
—  Les  curiosités  sidérales.  Amas  d*étolles  du  Grand  Chien,  par  M.  Léok  Fexet 
(l  figure).  —  Curieux  phénomène  atmosphérique,  par  M.  Hodgkinson  (l  figure). -La 
trombe  de  rome,  par  M.  Vimont  (Ifigure).  —  NouveUes  de  la  Science.  Variétés  :  Occul- 
taùon,  par  M.  Ginieis  (l  figure).  Les  cadrans  solaires  hébraïques.  Singulières  prophéties  astro- 
nomiques. Un  témoignage  oculaire  do  211*  ans.  Aspect  des  nuages.  L*&me  humaine.  —  Obser- 
yations  astronomiques,  par  M.  £.  Yimont(3  figures). 


ARTICLES  SOUS  PRESSE 

POUa  PARAITRE  DANS  LES  PROCHAINS  NUMÉROS  DE  LA  REVUE. 

FLAMBSARION.  —  L'origine  des  constellations.  —  L'univers  antérieur.  —  Exposé  de 
toutes  les  recherches  relatives  &  la  température  intérieure  du  globe  terrestre. 

BERTHSLOT.  —  Sur  les  signes  des  métaux  rapprochés  des  signes  des  planètes. 

TOUNG.  —  Les  problèmes  actuels  de  l'Astronomie. 

FENET.  ^  Les  curiosités  sidérales  vues  dans  les  instruments  moyens. 

VIMONT.  —  Instructions  pour  l'usage  des  instruments. 

DETAILLE.  —  L'Astronomie  des  anciens  Egyptiens.  —  La  périodicité  des  éléments 
magnétiques. 

G.  HBRMITE.  —  Détermination  du  nombre  des  étoiles  de  la  voie  lactée. 

LESPIAULT.  —  Démonstration  élémentaire  des  lois  de  Newton. 

GALLT.  —  Eclipses  de  Soleil  et  de  Lune  qui  arriveront  de  l'an  1886  &  l'an  2000. 

G.  TRAMBLAT.  —  Photographie  lunaire  dans  les  instruments  de  moyenne  poii- 
sance. 

H.  RAPIN.  — >  Le  jour  sidéral  et  la  rotation  de  la  Terre. 

LEMSTRONB  ET  NORDENSKIŒBLD.  —  Les  aurores  boréales. 

P.  GÉRIGNT.  —  Réflexions  sur  la  Philosophie  des  Sciences. 

DE  BOE.  —  La  lumière. 

ARGELANDER.  —  Méthode  pour  l'observation  des  étoUes  variables. 

jiCtudes  sur  la  théorie  des  mirages,  sur  les  anciens  climats  de  l'histoire  de  la  Terre,  etc. 


PRINCIPAUX  ARTICLES  PUBLIÉS  DANS  LA  REVUE. 

BERTRAND  (J.),  de  l'Institut.  —Le  satelUte  de  Vénus. 

DAUBRÂE,  Directeur  de  l'Ecole  des  mines.  -*  Les  pierres  tombées  du  Ciel. 

DENNING  (A.),  astronome  è^  Bristol.  —  Observations  télescopiques  de  Jupiter,  de  VèBos 
de  Mercure. 

FATE,  Président  du  Bureau  des  Longitudes.  —  Nouvelle  théorie  du  SoleiL  —  Distrlbstion 
des  taches  solaires.  —  Mouvements  lents  du  sol  en  Suisse.  —  La  formation  du  sys- 
tème solaire. 

FLAMMARION.  —  Les  carrières  astronomiques  en  France.  —  Conditions  d'haMts- 
bilitè  de  la  planète  Mars.  —  Constitution  physique  des  comètes.  —  Une  genèse  dans 
le  Ciel.  —  Comment  on  mesure  la  distance  du  soleil.  —  Les  étoiles,  soleils  de  rinflni.- 
D*où  viennent  les  pierres  qui  tombent  du  Ciel?  —  Les  étoiles  doubles.  —  Chuta  d*nn 
corps  au  centre  de  la  terre. — La  conquête  des  airs  et  le  centenaire  de  Moatgolfter.  -. 
Les  grandes  marées  au  Mont  Saint-Michel.  —  Phénomènes  météorologiques  obser> 
vés  en  ballon.  —  Une  excursion  météorologique  sur  la  planète  Mars.  —  Les  flam- 
mes du  Soleil.  —  Les  illuminations  crépusculaires  et  le  cataclysme  de  Krakatoa.- 
La  planète  transneptunienne.  —  L'étoile  du  Berger.  —  L'histoire  de  la  Terre,  r-  Les 
victimes  de  la  foudre.  —  Les  conditions  de  la  vie  dans  l'univers. 

GÉRIGNT,  astronome.  —  Comment  la  lune  se  meut  dans  Tespaoe.  r-  Ralentissement  dn 
mouvement  de  la  Terre.  —  La  formation  du  système  solaire.  -*  Etudes  sèlènographi* 
ques.  —  L'équatorlal  coudé  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  L'héUomètre.  —  La  nais- 
sance de  la  Lune.  —  Les  grands  instruments  de  r  Astronomie. 

HENRY,  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  Découvertes  nouvelles  sur  Uranns.  —  La  photo« 
graphie  céleste. 

HBRSCHEL  (A.-S.).—  Chute  d'un  uranolithe  en  Angleterre. 

JAMIN,  de  rinstitut.  —  Qu'est-ce  que  la  rosée? 

JANSSBNfde  Tlnstitut,  directeur  de  TObservatoire  deMendon.  —  La  photographie  oélestê.  - 
Résultats  de  l'èclipse  de  Soleil  du  6  Mai  1888. 

MOUCHEZ  (amiral),  directeur  de  l'Observatoire  de  Paris.  —  Travaux  actuels  de  l'Obsem- 
toire  de  Paris.—  L^Observatoire  du  Pic  du  Midi.—  Création  d'une  succursale  de  l'Ob- 
servatoire. 

PARMENTIBR  (général).  —  Distribution  des  petites  planètes  dans  l'espace. 

PBRROTIN,  directeur  de  TObservatoire  de  Nice. — La  comète  de  Pons.  —  La  planète  Urannt. 

SCHIAPARELLI,  directeur  de  l'Observatoire  de  Milan.  —  Les  canaux  de  la  planète  Mars. 

TROUVELOT,  de  l'Observatoire  de  Meudon.  —  La  comète  de  Pons.  —  Ombres  observéet 
sur  le  Soleil.  —  La  planète  Mars  en  1884. 


Les  communications  relatives  à  ta  rédaction  doivent  être  adressées  &  M.  C  Flammarion,  Dtrec* 
teur  de  la  Revue.  40,  avenue  de  l'Observatoire,  A  Paris,  ou  à,  l'Observatoire  de  Juviif 
ou  bien  &  M.  G^rigny,  Secrétaire  de  la  Rédaction^  9,  rue  d'Alençon,àPari8. 


Le  plan  du  Journal  comporte  une  grande  variété  d'articles.  Chaque  Numéro  con- 
tient des  descriptions  de  science  populaire  rédigées  pour  les  lecteurs  qui  nefontpst 
profession  de  science,  pour  les  gens  du  monde  en  général;  des  études  plus  appro- 
fondies destinées  aux  astronomes  amateurs;  et  des  recherches  intéressant  les 
savants  curieux  de  pénétrer  de  plus  en  plus  les  grands  problèmes  de  la  nature. 


nECl91««'^ 


—  L'ASTRONOMIE.  -  441 

REMARQUABLES  PROTUBÉRANCES  SOLAIRES 

DIAMÉTRALEMENT  OPPOSÉES. 

On  sait  que  les  protubérances  solaires  qui  s'élèvent  à  3'  ou  4'  de  hauteur 

Plff.  149. 


ASPECT  DU  SOLEIL  LE  26  JUIN  1885 

Flammes  anlipodiques  de  460  000  kilomètres  do  hauteur. 

au-dessus  de  la  photosphère  sont  déjà  très  peu  communes,  et  que  celles  qui 
dépassent  cette  élévation  ne  s'observent  que  fort  rarement  et  de  loin  en  loin, 

DÉCEMBRE   1885.  ** 


U2  L'ASTttONOWlE. 

après  ries  années  d'intervalle.  Aussi  sont-elles  pour  cela  même  des  phéno- 
mènes très  intéressants  qui  méritent  dVître  signalés. 

Le  26  juin  1885,  à  1*'25'",  temps  moyen  de  Paris,  j'observai  une  de  ces 
protubérances  remarquables  qui  était  située  à  59%  sur  le  limbe  oriental  du 
Soleil.  Sa  partie  inférieure,  qui  était  mince,  peu  brillante  et  uniquement 
composée  de  fines  lanières  de  feu,  était  fortement  inclinée  à  la  surface 
solaire,  et  penchait  vers  son  pôle  nord  {fuj.  150).  A  3'  de  hauteur,  cette  raincç 
colonne  s'épanouissait  subitement  et  devenait  brillante  et  fort  compUquée, 
envoyant  des  branches  entrelacées  de  toutes  les  façons,  qui,  en  certains 
endroits,  occupaient  25**  à  30*  de  la  circonférence.  La  hauteur  mesurée  de 
cet  objet  était  de  10',  5,  ou  environ  un  tiers  de  diamètre  solaire,  mais  il  n'est 
pas  douteux  qu'il  était  encore  plus  élevé,  car  sa  partie  supérieure,  qui  était 
peu  lumineuse,  s'efïiiçait  graduellement  et  devenait  invisible,  non  parce 
qu'elle  se  terminait  là  où  l'œil  cessait  de  la  distinguer,  mais  bien  parce 
qu'elle  était  trop  sombre  pour  être  reconnue  plus  loin. 

L'activité  de  cette  protubérance  était  évidemment  décroissante,  car  son 
éclat  diminuait  si  rapidement  que,  quinze  minutes  après  cette  première 
observation,  on  n'en  voyait  plus  que  quelques  parties  qui  étaient  restées 
lumineuses,  et  qui  paraissaient  isolées  dans  l'espace  et  comme  suspendues 
au-dessus  du  Soleil,  à  des  hauteurs  qui  variaient  entre  5'  et  9'.  Dix  minutes 
plus  tard  on  n'en  distinguait  plus  aucune  trace.  Bien  qu'elle  fût  alors  invi- 
sible, il  est  évident,  d'après  la  manière  dont  elle  disparut,  que  cette  protu- 
bérance existait  encore  sous  une  forme  plus  ou  moins  modifiée;  seulement, 
ayant  perdu  une  grande  partie  de  sa  lumière,  elle  était  trop  sombre  pour 
pouvoir  être  distinguée. 

Sur  le  bord  occidental  du  Soleil,  à  239%  c'est-à-dire  en  un  point  diamé- 
tralement oppose  au  premier,  on  voyait  une  autre  protubérance  gigantesque 
dont  la  hauteur  était  à  peu  près  égale  à  celle  de  la  première.  Son  aspect 
était  arboriformc,  et  de  sa  base,  qui  ressemblait  à  la  racine  d'un  Pandanus, 
s'élevait  une  colonne  légèrement  ondulée,  de  5'  de  hauteur,  perpendiculaire 
à  la  surface,  et  se  ramifiant  en  branches  nombreuses  qui  diminuaient 
d'éclat  à  mesure  qu'elles  s'élevaient,  s'effaçant,  et  pour  la  plupart  devenant 
invisibles  avant  que  Ton  eût  reconnu  leur  sommet  (fig.  151). 

Cette  flamme  était  beaucoup  plus  active  que  sa  compagne  de  l'antipode, 
et  variait  saas  cesse  d'éclat  et  de  forme.  Parfois  elle  devenait  éblouissante, 
et  alors  elle  déplaçait  profondément  les  raies  de  l'hydrogène.  Comme  sa 
compagne  du  limbe  oriental,  elle  appartenait  évidemment  au  type  éruptif;  seu- 
lement, tandis  que  celle-ci  était  en  pleine  activité  éruptive,  celle  de  la  pre- 
mière commençait  à  décroître.  Bien  que  ne  correspondant  pas  exactement 
sur  le  limbe  avec  des  taches  solaires,  elle  était  cependant  en  rapport  avec 


REMARQUABLES  PROTUBÉRANCES  SOLAIRES. 


443 


elles,  car  elle  s'élevait  dans  le  voisinage  d'un  groupe  de  taches  assez  impor- 
tant qui  était  alors  situé  sur  le  limbe.  La  protubérance  du  limbe  oriental 
ne  correspondait  probablement  avec  aucune  tache,  car  la  première  fois  que 
je  pus  observer  le  Soleil,  le  surlendemain,  28  juin,  je  n'en  découvris  aucune; 
mais  je  constatai  l'existence  d'un  groupe  important  de  facules  qui  occupait 
l'endroit  où  j'avais  observé  cette  protubérance. 

Bien  que  la  hauteur  de  4G0 000  kilomètres,  à  laquelle  s'élevaient  ces  protu- 


Pig.  150. 


Fig.  151. 


Détail  des  deux  protubérances  de  la  fig.  149. 

bérances,  soit  quelque  chose  de  colossal,  cependant  ce  n'est  pas  tant  cette 
hauteur  qui  en  fait  des  objets  remarquables,  car  on  a  déjà  observé  des  pro- 
tubérances solitaires  qui  étaient  encore  plus  élevées  que  celles-ci.  C'est 
surtout  parce  qu'elles  étaient  deu-\  et  qu'elles  se  sont  montrées  simultané- 
ment sur  des  points  diamétralement  opposés  du  Soleil  qu'elles  acquièrent 
une  réelle  importance,  car  elles  semblent  indiquer  qu'une  relation  existait 
entre  elles.  En  elTet,  étant  connue  l'extrême  rareté  des  protubérances  qui 
atteignent  d'aussi  grandes  hauteurs,  il  paraîf  infiniment  peu  probable  que 


444  L'ASTRONOMIE. 

la  rencontre  simultanée  de  deux  éruptions  aussi  peu  communes,  sur  des 
points  diamétralement  opposés,  soit  fortuite,  ou  due  à  une  simple  coïnci- 
dence. Il  est  plus  vraisemblable  dépenser  qu'il  existait  entre  elles  une  rela- 
tion soit  directe,  soit  indirecte,  et  qu'elles  obéissaient  à  une  même  cause. 

On  savait  déjà  que  les  grandes  protubérances  se  montrent  assez  fré- 
quemment aux  extrémités  d'un  même  diamètre,  et  l'on  soupçonnait  môme 
qu'il  existait  entre  elles  une  relation;  mais,  comme  ces  objets  occupent 
souvent  une  étendue  en  longitude  assez  considérable  sur  le  Soleil,  il  deve- 
nait difficile  de  reconnaître  si  leur  rencontre  en  des  points  diamétralement 
opposés  étaient  de  simples  coïncidences,  ou  bien  si  elles  étaient  en  relation 
et  obéissaient  à  une  même  cause.  L'observation  du  26  juin  semble  être  en 
faveur  de  la  dernière  supposition. 

Déjà,  le  22  novembre  1884,  j'avais  observé  un  phénomène  à  peu  près  sem- 
blable. A  2**  40™,  on  voyait  une  protubérance  remarquable  située  à  247%  dont 
la  hauteur  était  de  8^  Sur  le  point  diamétralement  opposé,  il  n'y  avait  rien 
qu'une  petite  protubérance  de  45"  de  hauteur.  Le  ciel  s'étant  rapidement 
couvert,  je  ne  pus  continuer  mon  observation  qu'à  2**  15"  après  midi.  Alors, 
la  grande  protubérance  s'était  abaissée  de  plus  d'une  minute  d'arc,  tandis 
que  son  antipode  s'était  élevée  de  3'  environ. 

Le  16  août  1885,  à  9''25'°,  on  voyait,  à  90**,  une  protubérance  très  bril- 
lante, dont  le  sommet  atteignait  4'  d'élévation  (*).  Cet  objet  qui  était  fort 
tranquille  devint  éclatant,  quand  en  même  temps  il  s'éleva  rapidement  au- 
dessus  de  la  chromosphère.  Sa  hauteur  qui,  à  lO^'SO'",  était  de  4'51',  attei- 
gnait 9' 27"  à  11'» 20".  A  mesure  que  cette  protubérance  s'élevait,  elle  devenait 
de  moins  en  moins  lumineuse,  et  à  11''22™  elle  était  éteinte  et  complètement 
invisible.  Son  mouvement  était  assez  compliqué  et,  outre  le  mouvement 
perpendiculaire  qui  l'élevait  au-dessus  de  la  surface  de  l'astre,  son  sommet 
était  aussi  transporté  du  Nord  au  Sud  vers  l'équateur  solaire,  tandis  que  ce 
même  sommet  s'avançait  encore  vers  l'observateur  avec  une  vitesse  de  près 
de  200  kilomètres  par  seconde.  Cette  éruption  remarquable  n'avait  aucune 
antipode  symétrique  comme  le  26  juin,  néanmoins  elle  était  diamétralement 
opposée  à  une  région  solaire  en  grande  activité  et  correspondait  avec  une 
grande  tache  solaire  qui  venait  de  traverser  le  limbe. 

Enfin,  le  27  septembre  1885,  à  21'',  on  voyait  deux  petites  protubérances 
très  brillantes  et  appartenant  au  type  éruptif,  qui  déplaçaient  les  raies  de 
Thydrogène  l'une  vers  le  côté  le  plus  réfrangible,  et  l'autre  vers  le  côté  le 
moins  réfrangible  du  spectre,  indiquant  par  conséquent  des  mouvements 
en  sens  opposés.  Ces  protubérances,  situées  sur  des  points  diamétralement 

(')  Vuir  Comptes  rendus,  Tome  CI,  page  475. 


L'ÉOIPSE  TOTALE  DE  SOLEIL  DU  9  SEPTEMBRE  1885. 


445 


opposés,  nous  montrent  un  autre  cas  de  perturbations  et  de  jets  éruptifs 
se  produisant  simultanément  sur  des  régions  antipodes  de  la  surface  solaire. 

Observatoire  de  Meudon.  E.-L.  TrOUVELOT. 


L'ÉCUPSE  TOTALE  DE  SOLEIL  DU  9  SEPTEMBRE  1885. 

Nous  avons  Q.nnoncé{  l'Astronomie,  1885,  p.  12  et  315),  qu'uneéclipse  totale 
de  Soleil,  invisible  en  France,  devait  avoir  lieu  dans  la  nuit  du  8  au  9 
septembre  dernier.  On  l'a  observée  dans  quelques  îles  de  l'Océan  Pacifique, 


Fig.  152.  —  Aspect  du  Soleil  pendant  l'éclipsé  totale  du  9  septembre  1885. 

notamment  de  Nelson  (Nouvelle-Zélande)  où  la  photographie  reproduite  ici 
a  été  prise.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  dans  l'atmosphère  solaire  ainsi 
rendue  visible  par  Féclipse,  c'est  certainement  la  position  des  deux  éruptions 
diamétralement  opposées  que  Ton  voit  sur  le  dessin.  La  coïncidence  entre 
cette  observation  et  celle  de  M.  Trouvelot  est  digne  d'attention,  quoiqu'elle 
n'appartienne  pas  à  la  même  date.  Elle  nous  invite  à  penser  que  ces  jets  de 
flanmie  produits  aux  deux  extrémités  d'un  même  diamètre  solaire  ne  le  sont 
pas  fortuitement  et  qu'une  cause  générale  (électrique  peut-être?)  est  en  jeu 
dans  ces  manifestations  de  l'activité  solaire. 


!•>• 


446  L'ASTRONOMIE. 

PROTUBÉRANCE  SOLAIRE  REMARQUABLE. 

J'ai  observé,  à  Païenne,  du  16  au  19  septembre  1885,  une  belle  protubérance 
solaire,  remarquable  non  seulement  par  la  grandeui*  de  ses  dimensions,  mais 
aussi  par  l'étrangeté  de  sa  forme  et  surtout  par  la  rapidité  de  sa  disparition. 

Tout  à  fait  invisible  le  15  septembre,  elle  apparut  le  16  à  9*^15'"  du  matin  au 
bord  ouest,  entre  les  latitudes  -h  17**  et  ■+-  40*,  très  étendue  dans  le  sens  lon- 
gitudinal, mais  ne  s*élevant  qu'à  la  hauteur  deSS'^.  Le  17,  à  lO**,  elle  atteignait 
la  hauteur  de  r42"  =  |  du  rayon  solaire,  et  sa  forme  était  déjà  très  compli- 
quée. Le  18,  elle  se  montre  encore  plus  brillante,  plus  étrange  et  plus  haute, 
mesurant  jusqu'à  2'8''.  Le  19,  à  9*»  48™  elle  est  tout  à  fait  changée,  moins  éten- 
due, mais  plus  haute  encore.  Elle  ne  se  relie  à  la  chromosphère  que  par  une 
sorte  de  tronc  lumineux  ou  plutôt  par  les  racines  qui  s'en  détachent;  mais 
pendant  que  je  cherche  à  la  mesurer,  je  m'aperçois  qu'elle  subit  des  modifi- 
cations si  rapides  qu'il  m'est  impossible  de  les  suivre.  La  hauteur  diminue 
très  vite  et  se  réduit,  à  10''4™,  à  l'47'';  à  10*'9'",  le  tronc  est  divisé  en  segments 
irréguliers;  la  hauteur  n'est  plus  que  de  r26''.  A  10*» 23"*,  la  protubérance  est 
décomposée  en  trois  fragments  dont  le  plus  élevé  n'arrive  qu'à  T 15'.  A 10"  32", 
il  n'y  a  plus  que  deux  langues  faibles;  et  enfin  à  10''35™,  tout  a  disparu  (*). 

Pour  analyser  les  variations  irrégulières  de  ce  phénomène,  il  ne  faut  pas 
perdre  de  vue  que  nous  n'observons  que  la  partie  des  protubérances  qui 
se  projette  en  dehors  du  disque  solaire.  Nous  ignorons  si  les  protubérances 
observées  sont  simples,  ou  si  elles  résultent  de  la  superposition  de  plusieurs 
manifestations  semblables  s'élevant  de  différents  points  de  la  surface  solaire. 
Nous  ne  savons  pas  si  elles  sont  suspendues  dans  l'atmosphère  solaire,  ou  si 
leur  union  avec  la  chromosphère  est  seulement  apparente  et  due  à  ce  que  le 
contour  du  disque  solaire  se  projette  devant  ou  derrière.  Enfin  la  rotation 
diurne  du  Soleil  ne  produit  que  de  très  petits  changements  de  perspective 
dans  les  parties  des  protubérances  voisines  du  plan  du  bord  solaire,  tandis 
qu'elle  en  produit  de  très  sensibles  dans  les  parties  éloignées  de  ce  plan.  Mais 
les  changements  d'aspect  dans  un  court  intervalle  de  temps,  en  une  heure,  par 
exemple,  ne  sauraient  être  attribués  à  des  variations  de  perspective  et  résultent 
de  modifications  réellement  subies  par  la  protubérance  elle-même. 

Il  y  a  donc  lieu  de  supposer  que  le  16  on  ne  voyait  que  les  cimes  les  plus 

(  *  )  Voici,  à  propos  de  cette  remarquable  protubérance,  un  exemple  de  ces  étranges 
coïncidences  qui,  parfois,  frappent  vivement  Timagination.  Les  nombres  de  décès  par  le 
choléra  à  Palerme  ontété,  le  15  septembre,  5;  le  16,  21;  le  17,  71;  le  18,  163;  le  19, 189; 
maximum  suivi  d'une  décroissance  rapide,  de  sorte  que  l'apparition,  raccroissemenl,  le 
maximum  de  hauteur  et  la  disparition  de  la  grande  protubérance  ont  coïncidé  avec  le 
développement,  le  maximum  et  rafTaiblissement  de  l'épidémie  ! 


L^ÉTOILE  DOUBLE  p  DU  CYGNE,  OU  ALBIREO.  447 

élevées  de  la  protubérance,  dont  la  hauteur  paraissait  s'accroître  à  mesure 
que  la  rotation  du  Soleil  l'amenait  plus  près  du  bord  occidental.  Mais  à  partir 
du  19  les  changements  deviennent  si  rapides,  la  disparition  est  si  brusque, 
qu'on  est  bien  obligé  d'admettre  que  la  protubérance  s'est  réellement  affais- 
sée dans  l'espace  d'une  vingtaine  de  minutes^  et  cependant  sa  hauteur  était 
presque  le  septième  du  rayon  solaire;  soit  environ  100  000*'"  au-dessus  de 
la  chromosphère:  il  aurait  fallu  huit  globes  terrestres  empilés  pour  atteindre 
cette  prodigieuse  élévation.  Cette  masse  énorme  de  gaz  enflammés  s'est  éva- 
nouie, s'est  éteinte  en  quelques  minutes  sous  nos  yeux  ! 

Il  est  remarquable  qu'aucune  tache  n'ait  été  observée  dans  la  région  solaire 
située  au-dessous  de  cette  protubérance.  On  n'y  a  vu  qu'un  groupe  de  facules 
dont  l'éclat  n'avait  rien  d'extraordinaire. 

Observatoire  de  Palerme.  A.   RiCCÔ. 

« 

Taches  du  Soleil  en  1885.  —  Nous  avons  reçu  de  plusieurs  correspondants  et 
collaborateurs  de  V Astronomie  de  remarquables  dessins  des  grandes  taches 
récemment  parues  à  la  surface  du  Soleil  (et  dont  quelques-unes  étaient  assez 
vastes  pour  être  visibles  à  Toeil  nu)  ainsi  que  d'importantes  statistiques  sur  les 
fluctuations  de  l'activité  solaire  en  1885.  L'abondance  des  matières  nous  a  em- 
pêché jusqu'ici  de  publier  ces  documents  si  intéressants.  Mais  ils  le  seront  inces- 
samment. 


L'ÉTOEE  DOUBLE  Ç>  DU  CYGNE,  OU  ALBIREO. 

Cette  étoile  double  est  l'une  des  plus  belles  du  ciel,  et  en  même  temps  l'une 
des  plus  faciles  à  observer.  Ses  deux  composantes  sont  de  3®  et  de  6*  gran- 
deurs, et  écartées  à  34'',3  l'une  de  l'autre.  Une  petite  lunette  de  oO™"*  d'ob- 
jectif suffit  pour  opérer  le  dédoublement  et  pour  apprécier  la  riche  coloration 
de  ce  couple  céleste  ;  l'étoile  la  plus  brillante  est  jaune  d'or^  la  seconde  est 
d'un  beau  bleu  saphir.  —  Cette  belle  étoile  est  à  l'extrémité  sud-ouest  de  la 
constellation  (voy.  VAstronomie,  1883,  fig.  80,  p.  217). 

M.  Bail  vient  de  déterminer  la  parallaxe  de  cette  étoile  à  l'Observatoire 
Dunsink  de  Dublin,  et  a  trouvé  pour  cette  valeur  le  chiffre 

K  =  0',482  ±  0',054. 

Cette  valeur  correspond  à  la  disUççe  428  000,  la  distance  moyenne  de  la 
Terre  au  Soleil  étant  prise  pour  unité.  C'est-à-dire  que  ce  couple  céleste  gît 
dans  l'espace  à  15  trillions  836  milliards  de  lieues  d'ici.  En  raison  de 
75  000  lieues  par  seconde,  la  lumière  emploie  211 146  600  secondes  pour  venir 
de  là,  c'est-à-dire  2  444  jours,  ou  6  ans  et  253  jours. 

A  cette  distance-là,  le  demi-diamètre  de  l'orbite  terrestre,  vu  de  face,  se 


448  L'ASTRONOMIE. 

réduit  à  un  trait  presque  imperceptible,  de  0*^,482  ou  de  moins  d'une  demi- 
seconde  d'arc  de  longueur.  Mais  les  deux  étoiles  qui  composent  ce  système 
sont  à  34*^,3  Tune  de  Tautre,  Cet  écartement,  en  supposant  même  qu'il  soit 
justement  vu  de  face,  ce  qui  est  peu  probable,  correspond  à  71  fois  la  valeur 
précédente,  à  71  fois  37  millions  de  lieues,  ou  a  2  627  millions  de  lieues.  Telle 
est  donc,  au  minimum,  la  distance  qui  sépai'e  l'un  de  l'autre  les  deux  soleils 
composant  ce  système  de  la  constellation  du  Cygne. 

Cette  distance  surpasse  de  400  millions  de  lieues  le  diamètre  entier  de  notre 
système  solaire,  actuellement  connu,  le  diamètre  entier  de  l'orbile  de 
Neptune. 

Les  deux  étoiles  de  ce  couple  sont  emportées  dans  l'espace  par  un  mouve- 
ment propre  commun.  Mais  elles  ne  tournent  pas  l'une  autour  de  l'autre.  Du 
moins  leur  position  respective  n'a-t-elle  pas  sensiblement  varié  depuis  la 
première  mesure  qui  en  a  été  faite,  il  y  a  plus  d'un  siècle,  par.Bradley, 
en  1755.  —  Voici  les  principales  mesures  que  nous  avons  pu  recueillir  en 
diverses  publications  : 

1755 57*  ,6  34%20  Bradley. 

1782 54,9  34,83  Herschel. 

1800 54  ,5  34  ,28  Piazzi. 

1822 54,7  34,38  South. 

1830 55  ,5  34  ,51  Dawes. 

1832 55,7  3i,29  W.  Struve. 

1837 55,0  34,4  Am.  Smith. 

1850 56  ,4  34  ,45  Fletcher. 

1862 55,5  34,20  P.  Smyth. 

1869 55  ,7  34  ,48  Dembowski. 

1877 55  ,8  34  ,30  Flammarion. 

1879 55  ,9  34 ,84  Jedrzejewicz. 

1881 55,9  34,34  Franz. 

Il  n'y  a  pas  de  variation  sensible.  L'angle  de  position  est  de  56'  environ  et 
la  distance  de  34'',3,  à  un  ou  deux  dixièmes  de  seconde  près.  La  précession  fait 
lentement  varier  l'angle  sans  changer  la  distance;  mais  cette  variation  même 
est  très  faible.  i 

La  vitesse  de  révolution  des  corps  célestes  est  réglée  par  leurs  masses. 
Supposons  que  celte  étoile  double  pèse  autant  que  notre  soleil,  ni  plus  ni 
moins.  Comme  Técartement  des  deux  composantes  surpasse  de  plus  du  double 
(de  2,36)  la  distance  de  Neptune  au  Soleil,  la  formule  du  calcul  donne,  en 
prenant  pour  unité  la  révolution  et  la  dislance  de  Neptune  : 

a;  =  V' 13,1442  ==3,63. 

Comme  la  révolution  de  Neptune  est  de  164  ans  281  jours,  ou  163",769t 
la  révolution  de  ce  double  système  serait  donc  de  598  ans. 
Nous  pouvons  donc  en  conclure  que  ce  double  soleil  pèse  beaucoup  moins 


L  OMBRE  DE  SATURNE  SUR  SES  ANNEAUX.  449 

que  celui  qui  nous  éclaire,  puisque,  loin  d'opérer  sa  révolution  en  600  ans 
environ,  il  gravite  si  lentement  qu'il  emploie  certainement  plusieurs  milliers 
d'années.  Cette  conclusion  est  d'autant  plus  certaine  que,  selon  toute  proba- 
bilité, nous  ne  voyons  pas  de  face  la  ligne  qui  joint  les  deux  étoiles. 

La  coloration  de  ces  deux  soleils  est  remarquablement  belle,  comme  celle 
d'un  grand  nombre  de  couples  fixes,  chacun  d'eux  (voy.  Les  Étoiles,  p.  198) 
offre  un  spectre  spécial  prouvant  une  constitution  différente.  C.  F. 


L'OMBRE  DE  SATURNE  SIR  SES  AKNEAUX. 

La  large  ouverture  de  Tanneau  a  donné,  l'hiver  dernier,  à  Saturne,  un  aspect 

des  plus  intéressants,  tout  en  offrant  une  excellente  occasion  d'étudier  avec 

succès  aussi  bien  les  proportions  de  l'anneau  que  celles  du  globe.  Ajoutons 

Fig.  153. 


Saturna  et  ses  anneaux,  observés  le  21  janvier  1885 

que  les  conditions  atmosphériques  ont  été  des  plus  favorables  pendant  plu- 
sieurs soirées,  notamment  le  21  janvier  de  cette  année,  qui  est  la  date  à 
laquelle  nous  avons  pris  le  dessin  ci-joint. 

Voici  l'explication  de  ce  dessin  : 

Relativement  au  système  annulaire,  c'est  l'anneau  le  plus  éloigné  qui 
présente  une  nuance  assez  sombre  gris  mat.  On  n'a  jamais  aperçu  la  sépara- 
tion d'Enke,  tandis  qu'on  pouvait  suivre  tout  autour  de  l'anneau  celle  de 
Cassini,  qui  n'a  cessé  d'être  visible  en  haut  et  en  bas  que  quand  l'état  de  l'at- 
mosphère était  tout  à  fait  défavorable.  Elle  est  entièrement  noire  dans  toutes 
ses  parties  et  se  détache  môme  très  bien  au  passage  devant  le  globe,  bien  que, 


450  l/ASTRONOMIE. 

dans  cet  endroit,  elle  soit  très  étroite.  L'anneau  intérieur  reflète  une  lumière 
jaune  blanchâtre  bien  claire  et  ne  présente,  sur  toute  sa  surface  aucune  bande 
ou  traits  obscurs.  L'anneau  sombre  que  Ton  appelle  Vanneau  de  crép«  est  bien 
visible  et  se  détache  distinctement  sur  le  fond  noir  du  ciel,  en  se  distinguant 
de  l'anneau  intérieur,  bien  qu'ici  la  ligne  de  séparation  paraisse  moins 
prononcée.  En  observant  le  globe,  on  aperçoit  d'abord  la  bande  équatoriale 
blanche  qui,  en  clarté,  n'est  dépassée  que  par  l'anneau  intérieur  et  égale  à 
peu  près  celui-ci  en  largeur  tel  qu'il  apparaît  sur  les  anses.  Sur  cette  rone 
claire  passe  une  étroite  bande  obscure  qui,  vers  le  Sud,  se  joint  à  une  zone 
plus  large  et  moins  obscure,  pendant  que,  du  pôle  sud,  descend  une  calotte 
gris  sombre  qui,  surtout  sur  le  bord  du  globe,  présente  une  nuance  très 
foncée.  Pendant  quelques  soirées,  où  l'atmosphère  était  justement  très  favo- 
rable, l'étroite  bande  équatoriale  présentait  une  coloration  faiblement  rou- 
geâtre.  D'autres  observateurs  lui  contestent  cette  couleur  ;  mais  je  crois  l'avoir 
observée  assez  distinctement  et  l'avoir  constatée  si  souvent  qu'il  est  impossible 
que  je  ne  puisse  me  former  une  opinion  précise  sur  ce  point.  L'ombre  portée 
sur  l'anneau  par  le  globe  est  d'un  noir  foncé  et  affecte  la  forme  d'un  cône 
raccourci  qui  déborde  très  peu  sur  le  devant,  mais  d'autant  plus  du  côté  opposé. 

Absence  complète  de  point  de  départ  pour  la  fixation  de  la  durée  de  rotation; 
les  contours  saillants  des  bandes  ainsi  que  la  graduation  des  lueurs  de  chacune 
des  parties  s'écoulant  peu  à  peu,  rendent  cette  fixation  impossible  pour  le 
moment. 

Le  dessin  laisse  à  désirer  dans  quelques  endroits.  La  zone  polaire  du  Nord 
devrait  être  tenue  un  peu  plus  foncée  et  l'étroite  bande  noire  foncée,  qui  la 
touche,  un  peu  plus  claire.  Il  manque  à  la  calotte  polaire  la  continuation 
non  interrompue  et  la  dégradation  de  ton  vers  l'Equateur.  Enfin  on  a  donné 
une  trop  grande  extension  à  l'ombre  du  côté  de  l'Est  (gauche). 

Observaloire  de  Bothkamp.  .  J.  LaMPS. 


LES  PROBLÈMES  ACTUELS  DE  L'ASTRONOMIE. 

Le  navigateur  qui  parcourt  la  mer  intérieure  du  Japon  voit  constamment  surgir 
devant  lui  de  nouvelles  îles  et  de  nouvelles  montagnes  de  ce  pays  enchanteur. 
Quelques-unes  paraissent  tout  à  coup  en  arrière  des  rochers  ou  des  îlots  qui  déro- 
baient leurs  grandes  lignes  ;  d'autres  sont  voilées  par  des  nuages  qui  ne  laissent 
rien  entrevoir  de  leurs  formes  jusqu'au  moment  où  la  brise  entraîne  ce  rideau. 
La  plus  grande  partie,  semblables  à  des  points  minuscules  qui  se  détachent  sur 
rhorizon,  n'atteignent  que  fort  lentement  leurs  vraies  dimensions.  Même  avant 
d'arriver  en  vue,  elles  révèlent  quelquefois  leur  présence  par  de  légers  mouvements 


LES  PROBLÈMES  ACTUELS  DE  L'ASTRONOMIE.  451 

dans  le  ciel  et  dans  Fair,  signes  tellement  subtils  que  Toeil  exercé  de  Thafoile 
marin  peut  seul  les  découvrir. 

De  mémeaussi^  lorsque  nous  examinons  l'avenir  de  la  science,  nous  apercevons 
de  nouveaux  problèmes  et  de  grands  sujets  d'études.  Quelques-uns  sont  fort  nets 
et  tout  indiqués  :  ils  peuvent  être  traités  immédiatement,  sans  exiger  de  nou- 
veaux progrès;  d'autres  sont  moins  intéressants,  et  quelques-uns,  encore  à 
l'état  de  simples  hypothèses^  sont  trop  vagues  et  indéfinis  pour  une  étude 
sérieuse. 

Je  me  propose  de  considérer  quelques-uns  des  problèmes  actuels  de  l'astrono- 
mie, les  plus  pressants,  dont  la  solution  semble  nécessaire  au  progrès  et  ceux 
aussi  qui  paraissent  intéressants  en  eux-mêmes  ou  probablement  très  féconds  au 
point  de  vue  philosophique. 

Prenant  d'abord  les  questions  qui  nous  touchent  de  plus  près,  nous  avons  les 
problèmes  relatifs  aux  dimensions  et  à  la  figure  de  la  Terre,  à  l'uniformité  de  son 
mouvement  diurne,  à  la  fixité  de  ses  pôles  et  de  son  axe  de  rotation. 

I. 

D'après  les  idées  généralement  reçues,  nous  connaissons  les  dimensions  de  la 
Terre  avec  une  exactitude  suffisante  pour  les  besoins  de  l'astronomie.  Telle  était 
mon  opinion,  il  n'y  a  pas  encore  bien  longtemps,  et  j'ai  été  un  peu  étonné  lorsque 
le  surintendant  de  notre  Nautical  Almanac  me  dit  que  l'incertitude  actuelle  est 
encore  suffisante  pour  produire  des  embarras  sérieux  dans  la  réduction  et  dans 
la  comparaison  de  certaines  observations  de  la  Lune.  La  longueur  de  la  ligne  qui 
joint  l'observatoire  naval  de  Washington  à  l'observatoire  royal  du  cap  de  Bonne- 
Espérance  est  incertaine,  non  à  quelques  centaines  de  pieds,  comme  on  le  sup- 
pose, mais  peut-être  à  quelque  mille  pieds,  elle  est  probablement  de  plus  d'un 
mille  (1609  mètres),  et  au  moins  égale  à  la  dix  millième  partie  de  la  distance.  De 
plus^  la  direction  de  cette  ligne  est  entachée  de  la  même  incertitude.  Il  va  sans 
dire  que  les  portions  d'un  même  continent,  reliées  entre  elles  par  un  réseau  géo- 
désique,  ont  des  positions  bien  mieux  définies.  Au  fur  et  à  mesure  des  triangula- 
tions effectuées,  la  forme  et  les  dimensions  de  chaque  portion  de  continent  seront 
de  mieux  en  mieux  déterminées;  mais,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  nous 
n'avons  pas  de  moyens  satisfaisants  pour  obtenir  la  précision  désirable  dans  les 
positions  relatives  des  lieux  séparés  par  des  océans,  la  triangulation  étant  impos- 
sible. Les  déterminations  astronomiques  de  la  latitude  et  de  la  longitude  n'attei- 
gnent pas  ce  but. 

Il  est  bien  évident  que,  si  la  Terre  était  un  sphéroïde  de  révolution,  s'il  n'y  avait 
pas  d'attractions  irrégulières  des  montagnes  et  des  vallées,  une  densité  variable 
avec  les  différentes  couches  du  sol,  la  difficulté  serait  aisément  surmontée.  Mais, 
actuellement,  nous  n'obtiendrons  rien  de  plus  précis  sans  une  triangulation  com- 
plète de  la  Terre  entière,  sans  un  réseau  géodësique  embrassant  l'Asie,  l'Afrique, 
l'Europe  et  passant  en  Amérique  par  la  Sibérie  et  le  détroit  de  Behring. 

Théoriquement  il  est  possible  et  bien  concevable  que  le  problème  puisse  être 


452  L'ASTRONOMIB. 

un  jour  renversé  et  que  la  géodésie  soit  redevable  de  ses  données  les  plus  pré- 
cises aux  observations  du  mouvement  de  la  Lune.  Quand  les  positions  relatives  de 
deux  ou  plusieurs  observatoires  éloignés  aurant  été  bien  déterminées  par  la  trian- 
gulation (Greenwich,  Madras  et  le  cap  de  Bonne- Espérance  par  exemple)  et  qu'on 
aura  obtenu  par  des  méthodes  perfectionnées  et  des  observations  faites  en  ces 
stations  fondamentales  la  position  de  la  Lune  et  son  mouvement  relatif,  avec  une 
précision  qui  surpasse  tout  ce  que  nous  pouvons  atteindre  aujourd'hui,  on  pourra 
aussi  théoriquement  fixer  la  position  d^une  autre  station  par  des  observations 
semblables  effectuées  simultanément;  grâce  à  la  Lune,  on  pourra  traverser  l'océan 
et  rattacher  sûrement  les  nouvelles  stations  aux  repères  primitifs.  Dans  l'état 
actuel  de  l'astronomie  d'observation,  on  ne  peut  employer  aucune  méthode  qui 
donne  des  résultats  bien  certains  ;  mais  avant  la  jonction  de  l'Amérique  à  l'Europe 
par  le  détroit  de  Behring,  l'exactitude  des  observations  de  la  Lune  ne  sera  guère 

augmentée. 

H. 

Une  autre  question  plus  grave  et  plus  importante  se  pose  à  Tastrononome  :  la 
rotation  de  la  Terre  autour  de  son  axe  est-elle  uniforme?  et,  si  elle  ne  l'est  pas, 
dans  quelles  limites  varie-t-elle?  C'est  qu'en  effet  la  durée  de  cette  rotation  nous 
fournit  une  mesure  fondamentale,  celle  de  l'unité  de  temps. 

Jusqu'à  présent,  il  n'y  a  pas  lieu  de  supposer  que  la  variation  de  cette  unité 
atteigne  une  valeur  appréciable  avec  les  moyens  d'observation  dont  nous  dispo- 
sons. Cependant  on  soupçonne  depuis  longtemps  que  les  changements  de  forme 
et  de  dimensions  de  notre  globe  doivent  modifier  la  durée  du  jour.  Le  déplace- 
ment du  sol  ou  des  différentes  couches  terrestres  par  les  tremblements  de  terre, 
par  l'élévation  graduelle  ou  les  dépôts  dus  à  Faction  des  fleuves,  des  rivières  et 
des  courants  marins,  l'accumulation  ou  la  disparition  des  glaces  dans  les  régions 
polaires  ou  sur  la  cime  des  montagnes,  telles  sont  les  causes  qui  doivent  produire 
des  effets  sensibles.  Nous  devons  même  ajouter  l'action  des  marées  et  des  vents 
alizés.  Mais  toutes  ces  modifications  sont  tellement  faibles  ou  se  compensent  si 
bien  que  le  résultat  final  est  inappréciable,  ou  du  moins  n'a  pu  encore  être  déter- 
miné. 

Certaines  irrégularités  encore  inexpliquées  dans  le  mouvement  de  la  Lune  nous 
ont  fait  soupçonner  une  variation  sensible  dans  la  durée  de  la  rotation  de  la 
Terre.  De  tous  les  corps  célestes,  la  Lune  est  celui  qui  se  déplace,  dans  le  ciel, 
avec  la  plus  grande  rapidité.  Son  mouvement  est  tel  qu'une  petite  erreur  d'une 
ou  deux  secondes  dans  le  moment  de  l'observation  amène  des  différences  sen- 
sibles dans  la  position  observée.  Une  erreur  d'une  seconde  de  temps  produisant 
un  écart  d'une  demi-seconde  dans  la  position  conclue,  cette  quantité,  toute 
minime  qu'elle  est,  se  trouve  cependant  mesurée  avec  la  plus  grande  facilité. 
Aucun  autre  corps  céleste  ne  possède  un  mouvement  apparent  aussi  considérable, 
à  l'exception  toutefois  du  satellite  intérieur  de  Mars,  astéroïde  si  faible  que  Tob- 
servation  exacte  est  à  la  seule  portée  des  plus  grands  instruments,  et  encore 
quand  la  planète  est  tout  près  de  la  Terre. 


LES  PROBLÈMES  ACTUELS  DE  L'ASTRONOMIE.  453 

Depuis  quelque  temps,  cependant,  les  mouvements  de  la  Lune  ont  été  étudiés 
avec  le  plus  grand  soin,  non  seulement  au  point  de  vue  théorique,  mais  encore  à 
Taide  des  observations  et  des  instruments  les  plus  parfaits.  En  dépit  de  tout,  il 
existe  encore  quelques  irrégularités  qui  échappent  aux  plus  minutieuses  recher- 
ches. Nous  sommes  donc  conduits  à  admettre  Tune  des  trois  hypothèses  suivantes  : 
ou  bien  la  théorie  mathématique  actuelle  de  la  Lune  est  incomplète  et  ne  peut 
représenter  exactement  les  attractions  du  Soleil,  de  la  Terre  et  des  autres  astres 
connus;  ou  encore  une  force  inconnue,  autre  que  l'attraction  universelle,  fait 
sentir  ses  effets;  ou  enfin  le  mouvement  de  rotation  de  notre  Terre,  plus  ou  moins 
irrégulier,  dérange  tous  les  calculs  et  confond  toutes  les  prévisions. 

Si  la  dernière  est  réellement  la  vraie,  c'est  un  fait  très  regrettable,  qui  limite 
nécessairement  l'exactitude  de  toutes  les  prédictions,  à  moins  qu'on  ne  trouve 
d'autres  mesures  de  temps  invariables  et  convenables  pour  remplacer  le  jour  et 
la  seconde. 

La  question  qui  se  présente  à  l'esprit  est  celle-ci  :  Comment  peut-on  vérifier 
rinvariabilité  de  la  durée  du  jour?  A  la  vérité,  les  mouvements  de  la  Lune 
laissent  matière  à  soupçon,  mais  rien  de  plus,  puisqu'il  est  au  moins  aussi 
probable  que  la  théorie  mathématique  est  légèrement  inexacte  ou  incomplète, 
que  le  jour  est  sensiblement  variable. 

Jusqu'à  présent,  les  témoignages  les  plus  marquants  sont  les  passages  de. Mer- 
cure sur  le  Soleil  et  les  éclipses  des  satellites  de  Jupiter.  En  somme,  le  résultat 
des  recherches  laborieuses  du  professeur  Newcomb  et  de  ses  discussions  de  tous 
les  passages,  de  toutes  les  éclipses  bien  observées  et  des  occultations  des  étoiles, 
tend  plutôt  à  établir  la  durée  sensiblement  constante  du  jour  et  à  considérer 
comme  une  chose  à  peu  près  certaine  (je  cite  ses  propres  paroles)  que  les  a  iné- 
galités du  mouvement  de  la  Lune  non  expliquées  par  la  théorie  de  la  gravitation 
existent  réellement,  et  de  telle  sorte  que  son  moyen  mouvement  de  1800  à  1875 
était  réellement  moindre  (c'est-à-dire  plus  lent)  qu'entre  1720  et  1800  ».  Jusqu'à 
ces  derniers  temps,  les  observations  des  satellites  de  Jupiter  n'ont  pas  été  faites 
avec  une  assez  grande  exactitude  pour  que  l'on  puisse  les  consulter  avec  fruit 
dans  la  solution  d'une  question  aussi  épineuse.  Mais  à  présent,  elles  sont  l'objet 
des  plus  grands  soins  à  Cambridge  (Etats-Unis)  et  ailleurs;  aussi  les  nouvelles 
méthodes  d'observation  promettent-elles  une  précision  de  beaucoup  supérieure  à 
tout  ce  qui  a  été  obtenu  jusqu'ici.  Évidemment  on  ne  doit  pas  attendre  la  solution 
rapide  d'un  problème  aussi  ardu.  Une  étude  du  satellite  de  Neptune,  seul  et  fort 
éloigné,  exempt  par  suite  de  toutes  ces  perturbations,  fournirait  peut-être  des 
données  utiles. 

IIL 

Un  autre  problème  d'astronomie  terrestre  est  relatif  à  la  fixité  de  la  position 
de  Taxe  de  notre  globe.  De  même  que  les  déplacements  de  la  matière  sur  la  sur* 
face  ou  à  l'intérieur  de  notre  sphéroïde  doivent  amener  des  changements  dans  la 
durée  de  sa  rotation,  de  même  aussi  ils  produisent  de  légères  variations  dans  les 

12'* 


454  L'ASTRONOMIE. 

positions  de  Paxeet  des  pôles,  variations  assurément  très  faibles.  On  doit  cepen- 
dant se  demander  s'ils  sont  assez  minimes  pour  échapper  à  nos  investigations. 
Il  est  facile  de  voir  que  les  déplacements  de  Taxe  terrestre  seront  indiqués  par 
les  variations  des  latitudes  de  nos  observatoires.  Si,  par  exemple,  le  pôle  se 
transporte  d'une  centaine  de  pieds  vers  l'Europe,  les  latitudes  des  observatoires 
européens  augmenteront  d'une  seconde  environ,  tandis  qu'en  Asie  et  en  Amérique 
les  effets  seront  très  faibles. 

L'évidence  expérimentale  du  déplacement  du  pôle,  qui  est  cependant  loin  d'at- 
teindre une  valeur  marquée,  est  une  conséquence  des  résultats  obtenus  par 
Nyren,  en  comparant  les  déterminations  de  la  latitude  de  Poulkowa,  effectuées 
à  Faide  du  grand  cercle  vertical  pendant  les  trente-cinq  dernières  années.  Elles 
semblent  démontrer  une  diminution  lente  et  continue  de  la  latitude  de  cet  obser- 
vatoire, s'élevant  à  une  seconde  environ  par  siècle,  comme  si  le  pôle  nord  s'éloi- 
gnait de  Poulkowa  d'environ  un  pied  (0">,30)  chaque  année. 

Les  observations  de  Greenwich  et  de  Paris  ne  démontrent  pas  ce  fait  ;  mais 
elles  ne  sont  pas  concluantes,  à  cause  de  leur  faible  différence  de  longitude.  La 
question  est  certainement  douteuse,  mais  elle  est  d'une  telle  importance  qu'à  la 
réunion  de  l'Association  géodésique  internationale  tenue  à  Rome  l'année  der- 
nière, on  a  adopté  un  programme  d'observations  organisées  à  ce  sujet.  Le  plan 
de  M.  Pergola,  qui  avait  présenté  cette  motion,  est  de  choisir  des  couples  de 
stations,  ayant  à  peu  près  la  même  latitude,  mais  différant  beaucoup  en  longitude, 
et  de  déterminer  les  différences  de  leurs  latitudes  par  les  observations  des  mêmes 
groupes  d'étoiles,  faites  de  la  même  manière  avec  des  instruments  semblables, 
et  déduites  au  moyen  de  méthodes  et  de  formules  identiques.  Autant  que  pos- 
sible, les  mêmes  astronomes  poursuivraient  ces  recherches  pendant  plusieurs 
années  et  changeraient  de  stations,  afin  d'éliminer  les  erreurs  dues  à  leurs  équa- 
tions personnelles.  La  principale  difficulté  du  problème  consiste  surtout  dans  la 
faible  valeur  de  la  quantité  cherchée,  et  il  n'y  a  de  chance  de  succès  qu'en 
employant  une  attention  extrême  dans  toutes  les  opérations. 

D'autres  problèmes,  relatifs  à  la  rigidité  de  la  terre,  à  sa  constitution  et  à  sa 
température  intérieure,  offrent  aussi  des  rapports  avec  l'astronomie  et  peuvent  être 
étudiés  en  donnant  une  certaine  extension  aux  méthodes  et  aux  considérations 
astronomiques;  mais  ils  sont  en  quelque  sorte  sur  les  confins  de  notre  science, 
et  le  temps  ne  nous  permet  que  de  les  citer  pour  mémoire. 

Observatoire  de  Princeton  (Elats-Unis).  C.-A.  YoUNd  (M- 

(A  suivre,)  

LES  CURIOSITÉS  SIDÉRALES. 

AMAS  D^iTOILES,  M.  41,  DU  GRAND    CHIEN. 

Ayant  pour  but  d'exposer  ici  les  principales  merveilles  du  ciel  sidéral,  nous 
avons  rintention  de  donner,  pour  chaque  mois,  le  dessin  d'un  amas  stellaire 

'  (')  D'après  la  traduction  de  la  Revue  sciejitifique. 


LES  CURIOSITÉS  SIDÉRALES.  455 

ou  globulaire,  ou  d'une  nébuleuse  remarquable  classée  parmi  les  objets  les  plus 
curieux  du  Firmament. 

Nous  ne  reproduirons  ici  que  les  groupes  d'étoiles  qui  se  décomposent  facile- 
ment dans  une  lunette  astronomique  de  0",  095  d'ouverture;  néanmoins  tous  ces 
x\mas  sont  visibles  plus  ou  moins  nettement  avec  un  instrument  inférieur  de 
0°»,  075  ou  0™,  050  seulement.  Quelques-uns  d'entre  eux,  surtout  parmi  les  plus 
brillants,  peuvent  être  aperçus  aux  jumelles. 

Il  n'est  pas  nécessaire  de  posséder  un  équatorial  pour  la  recherche  de  ces 
magnifiques  créations.  Au  moyen  des  alignements  célestes  appropriés  à  la 
connaissance  suffisante  des  quatre  premières  grandeurs   des  étoiles,   il   sera 

Fig.  154. 


N 

L'amas  d'étoiles  du  Grand  Chien. 

facile  de  trouver^  en  peu  de  minutes,  tel  amas  ou  telle  nébuleuse  appartenant  à  la 
catégorie  des  astres  visibles,  avec  une  lunette  ou  un  télescope  de  moyenne  force. 

Nous  décrirons  ici  ce  que  nous  avons  examiné  personnellement,  et  ce  n'est  que 
par  exception  que  nous  ajouterons  quelques  particularités  observées  par  les 
astronomes  célèbres,  notre  but  étant  d'être  utile  aux  commençants  et  aux  obser- 
vateurs munis  d'instruments  de  moyenne  puisssance. 

Parmi  les  beaux  amas  parfaitement  décomposables  en  étoiles  distinctes,  il  en 
est  un,  que  l'on  distingue  comme  une  tache  lumineuse  dans  une  simple  jumelle 
de  théâtre,  et  qui  est  situé  dans  la  constellation  du  Grand  Chien,  à  4°  environ  au 
sud  de  Sirius. 

Les  époques  favorables  pour  l'observer  facilement  coïncident  naturellement 
avec  la  visibilité  de  la  plus  belle  étoile  du  ciel,  c'est-à-dire  avec  l'hiver  :  après 
minuit  en  novembre  et  décembre,  à  minuit  pendant  le  mois  de  janvier,  et  pendant 
toute  la  soirée  en  février  et  mars. 

Sa  position  sur  la  sphère  céleste  est  de  6^  41"»  en  a,  et  de  —  20°  37'  en  00. 


456  L'ASTRONOMIE. 

Voici  sa  description  abrégée  (en  langage  symbolique)  extraite  des  ouvrages  de 
William  et  John  Herschel. 

<  No  1454,  du  grand  Catalogue  général  des  nébuleuses  et  amas  d'étoiles,  inséré 
dans  les  Transactions  philosophiques  pour  1864. 

«  N<»  411,  du  Catalogue  des  transactions  philosophiques  pour  1833. 

<  Catalogué  sous  le  no  41  par  Messier. 

«  Un  bel  amas  remarquable!  e  B  =  excessivement  brillant;  t  G  =  très  grand; 
n  R  î  =  notablement  riche  ;  p  C  =  peu  condensé  ;  formé  d'étoiles  de  8«  à  11«  gran- 
deur. 8  =  diamètre  de  20'  à  25'  en  moyenne.  » 

Il  suffit  de  l'examiner  avec  un  grossissement  d'environ  85  fois,  pour  se  rendre 
compte  de  cette  merveille  sidérale.  Dans  un  espace  de  près  de  25'  en  diamètre, 
(environ  les  trois  quarts  de  la  Lune)  l'œil  peut  apercevoir  les  92  étoiles  repré- 
sentées sur  le  dessin  ci-contre,  avec  leurs  positions  et  leurs  grosseurs  relatives 
et  comprenant  plusieurs  séries  d'éclats  de  la  8»  à  la  11«  grandeur. 

Dans  la  partie  nord  (image  renversée)  on  remarque  un  beau  petit  losange 
formé  par  quatre  étoiles  principales  dont  une  double  de  8*  et  9^  grandeur  placée  sur 
le  petit  axe.  A  côté,  en  se  dirigeant  vers  le  centre  de  Tamas,  existe  un  charmant 
petit  couple  d'étoiles  de  9®  à  10®  grandeur.  Vers  le  milieu  du  groupe,  une  étoile 
un  peu  rougeâtre  de  7«  et  8«  grandeur  semble  briller  un  peu  plus  que  les  autres. 
Toutes  les  grosseurs  paraissent  mélangées  et  leur  arrangement  semble  produire 
plusieurs  courbures  divergentes  ayant  un  aspect  ramifié.  Enfin,  la  partie  centrale, 
plus  brillante  que  les  bords,  offre  à  la  vue  un  premier  indice  de  concentration. 

Une  opinion  personnelle,  que  j'indique  ici  avec  toute  la  réserve  due  à  un 
pareil  projet  et  sans  pouvoir  actuellement  me  prononcer  définitivement,  c'est  qu'il 
m'a  semblé  que  certaines  étoiles,  parmi  les  principales,  ont,  depuis  une  dizaine 
d'années,  changé  légèrement  d'éclat. 

Il  n'est  pas  de  spectacle  comparable  à  l'examen  de  ces  opulentes  associations 
de  soleils.  Si  l'on  songe  à  leurs  grandeurs  et  surtout  à  leur  éloignement  indivi- 
duel, on  ne  peut  qu'être  effrayé  de  la  durée  du  trajet  que  la  lumière  a  dû  em- 
ployer pour  franchir  l'insondable  intervalle  qui  nous  en  sépare. 

En  effet,  on  peut  se  représenter  la  distance  et  les  dimensions  de  ce  groupe, 
relégué  certainement  dans  les  abîmes  constellés  de  notre  immense  Voie  Lactée, 
en  prenant  pour  base  l'échelle  des  profondeurs  ^tellaires  établie  d'après  lesrésul* 
tats  des  jauges  célestes. 

Voici  les  chiffres  quelque  peu  problématiques,  mais  fondés  sur  des  données 
moyennes  acceptables  :  en  tous  cas,  ils  ne  donneraient  qu'un  minimum. 

Distance  à  la  Terre  =  2  058  000  000  000  000  lieues. 
Diamètre  de  l'Amas  =       15  000  000  000  000      — 
Trajet  de  sa  Lumière  =  857  années. 

En  prenant  pour  base. 

!•  La  distance  d'Arcturus  à  la  Terre 60  trillions  de  lieues. 

2*  Le  trajet  de  sa  lumière 25  ans. 

.3*  La  vitesse  de  la  lumière  en  une  seconde 75  000  lieues. 

4*  Et  la  profondeur  stellaire  des  étoiles  de  9*  grandeur.  3t,3 


CURIEUX  PHÉNOMÈNE  ATMOSPHÉRIQUE. 


457 


Il  semble  que  cet  univers  loîatain  ait  au  minimum  15  000  milliards  de  lieues  de 
diamètre.  Telle  est  Timmensité  d'une  de  ces  fourmilières  célestes  dont  chaque 
point  plus  ou  moins  brillant  est  un  véritable  Soleil,  et  que  nous  apercevons 
comme  une  tache  laiteuse  dans  le  champ  d'une  jumelle  de  théâtre. 

LÉON  Fenet. 


CURIEUX  PHÉNOMÈNE  ATMOSPHÉRIQUE. 

Nous  trouvons  dans  l'intéressante  Revue  anglaise  Nature  la   remarquable 
observation  suivante  faite  en  Irlande  le  6  juin  dernier. 
Il  faisait  chaud,  une  légère  bise  soufflait  de  l'Est,  le  ciel  était  sans  nuage,  à 

Fig.  155. 


Remarquable  halo  observé  au-dessus  d'un  lac. 

l'exception  de  quelques  cirrus  et  cirro-stratus  réunis  à  l'horizon  septentrional. 
Occupé  à  pêcher  en  bateau  sur  l'un  des  lacs  de  Tlrlande,  je  fus  surpris  d'un 


4[)S  I/ASTUONOMIK. 

changement  dans  le  caractère  de  la  lumière  réfléchie  par  la  surface  de  l'eau  et 
par  les  objets  éloignés.  Ayant  dirigé  mes  regards  vers  le  Soleilje  remarquai  qu'il 
était  entouré  d'un  halo  extrêmement  brillant  d'environ  48<>  de  diamètre;  l'espace 
intérieur  était  rempli  d'une  vapeur  d'un  aspect  lourd  et  d'une  couleur  bleu  sombre 
qui,  en  obscurcissant  les  rayons  du  Soleil,  produisait  vraisemblablement  l'effet  de 
lumière  particulier  qui  avait  d'abord  attiré  mon  attention.  Il  était  alors  i^30«  de 
l'après-midi.  Je  fis  remarquer  le  phénomène  à  l'un  de  mes  amis,  le  D''  Simpson,  et 
voici  le  détail  des  apparences  dont  nous  nous  sommes  souvenus.  Le  cercle  prin- 
cipal a  (fig.  155)  était  formé  d'une  bande  brillante  et  bien  définie  d'environ  8»  de 
largeur  où  les  couleurs  du  spectre  se  succédaient  dans  leur  ordre  habituel,  le  rouge 
à  l'intérieur  et  le  plus  près  du  Soleil;  toute  la  bande  était  parfaitement  nette,  mais 
la  partie  boréale  était  la  plus  brillante.  Vers  2^,  je  remarquai  une  sorte  de  protu- 
bérance en  forme  de  croissant,  formée  par  les  vapeurs  de  couleur  sombre  de  l'in- 
térieur du  halo  principal,  et  s'étendant  sur  une  largeur  de  6o  à  7®,  dans  le  quadrant 
sud-ouest  de  celui-ci.  Cette  protubérance  était  d'abord  limitée  extérieurement  par 
une  frange  faiblement  colorée,  mais  bientôt  elle  fut  bordée  d'un  arc  de  spectre  e, 
au  moins  aussi  brillant  que  la  région  la  plus  brillante  du  halo  principal.  Les 
portions  adjacentes  de  celui-ci,  soit  par  comparaison,  soit  par  l'efiTet  des  vapeurs 
de  la  protubérance  qui  en  obscurcissaient  l'éclat,  me  parurent  beaucoup  plus 
pâles  que  le  reste  du  cercle.  En  même  temps  que  se  formait  cet  arc  secondaire  e, 
un  large  anneau  blanc  b  se  dessinait  lentement  autour  d'un  centre  situé  au  nord 
du  Soleil  et  ne  tardait  pas  à  prendre  un  contour  bien  défini  :  son  diamètre  était 
de  72».  S'il  eût  été  complet,  sa  portion  australe  aurait  passé  devant  le  disque 
solaire;  mais  après  avoir  coupé  le  halo  primitif  en  deux  endroits  qu'il  rendait  par 
.cela  même  plus  ternes,  il  s'éteignait  graduellement  avant  d'atteindre  le  Soleil. 
Ce  dernier  anneau  commença  à  disparaître  environ  un  quart  d'heure  après  la 
première  remarque  que  j'en  avais  faite,  la  portion  nord-ouest  s'aflfaiblissant  la 
première.  Je  ne  remarquai  pas  de  faux  soleils  aux  points  d'intersection  des 
anneaux  excentriques  avec  le  cercle  principal,  et  comme  je  n'étais  malheureuse- 
ment pas  muni  de  mon  petit  polariscope  de  poche,  je  ne  pus  savoir  jusqu'à  quel 
point  le  phénomène  était  dû  à  la  double  réfraction.  L'arc  e  pouvait  bien  avoir 
une  pareille  origine;  mais,  en  tout  cas,  il  appartenait  à  un  cercle  de  rayon  p/us 
petit  que  celui  de  a.  Le  Rév.  T.-G.  Beaumont,  qui  observa  aussi  ce  spectacle, 
assure  qu'il  vit  d'abord  à  la  place  du  cercle  principal  un  anneau  beaucoup  plus 
petit  autour  du  Soleil,  lequel  aurait  pour  ainsi  dire  sauté  de  sa  première  posi- 
tion à  celle  de  l'anneau  a.  La  figure  155,  quoique  faite  d'après  un  dessin  pris 
assez  rapidement  sur  nature,  représente  le  phénomène  aussi^  bien  que  cela  est 
possible  en  l'absence  de  tout  instrument  de  mesure. 

Alex.  Hodgkinson. 


LA  TROMBE  DE  L'ORNE. 


459 


LA  TROMBE  DE  L'ORNE. 

Huit  mois  se  sont  à  peine  écoulés  depuis  le  passage  du  Tornado  qui  dévasta 
les  cantons  de  Carrouges  et  d'Écouché,  qu'un  phénomène  tout  à  fait  semblable, 
vient  de  ravager  les  cantons  d*Athis,  de  Putanges  et  de  Briouze  (voir  la  Carte 
dessinée  par  M.  Deguerne,  fig.  156). 

Le  mercredi  matin,  28  octobre  1885^  sur  les  onze  heures  un  quart,  les  habitants 
de  cette  partie  du  Bocage  normand  sentirent  tout  à  coup  un  vent  glacial,  venant 

Fig.  Iâ6. 


EJdoicEV  Se 


Marche  de  la  trombe  du  28  octobre  1885. 

de  l'Ouest.  Aussitôt,  le  ciel  devint  tout  noir,  quelques  coups  de  tonnerre  loin- 
tains se  firent  entendre,  annonçant  l'orage  qui  s'approchait. 

Au  milieu  d'une  nuit  à  peu  près  complète,  un  violent  coup  de  foudre  fit  con- 
naître l'arrivée  subite  de  la  tourmente,  avec  ses  grondements  et  ses  sifflements 
terribles  qui  dominaient  le  bruit  occasionné  par  les  branches  et  les  cimes  des 
arbres,  rompues,  tordues  et  jetées  au  loin.  Bientôt  on  aperçut  une  sorte  de  fumée 
blanchâtre,  au  centre  de  laquelle  les  spectateurs  terrifiés  distinguèrent  une 
énorme  boule  jetant  des  milliers  d'étin(9elles  dans  tous  les  sens  et  s'avançant 
avec  une  rapidité  extraordinaire. 

11  était  onze  heures  et  demie  quand  le  bourg  important  de  la  Carneille  fut 
atteint  par  le  tourbillon  impétueux.  En  un  instant,  vingt  peupliers  sont  étêtés  et 
leurs  branchages  réduits  en  menus  fragments.  Le  faîte  et  les  chevrons  de  l'ancien 
bâtiment  qui  servait  d'école,  sont  soulevés  comme  une  feuille  qu'emporte  le  vent 
et  transportés  dans  un  pré  où  dix  chênes  vigoureux  gisent  déjà  sur  le  flanc.  La 
toiture  du  presbytère  s'envole,  les  ardoises  s'entrechoquent  sous  l'effort  d'un 


460  L'ASTRONOMIE. 

appendice  mobile  qui  termine  la  colonne  blanchâtre,  s^émietteat  en  an  instaat 
et  leurs  légers  morceaux  vont  s'abattre  dans  les  champs  sous  forme  de  pluie. 
Une  couverture  en  zinc  est  arrachée,  tordue  et  lancée  à  deux  cents  mètres  de  là. 


Coupant  monts  et  vallées,  la  Trombe  abat  ou  brise  tous  les  obstacles  qui  se 
trouvent  sur  son  passage.  Au  bois  Saint-André,  au  Val-de-Rouvre,  les  pom- 
miers, les  poiriers  et  les  chênes  sont  déracinés»  tordus,  parfois  même  seulement 
ébranchés  :  dans  un  plant,  plus  de  cinquante  arbres  ont  été  enveloppés  par  la 
colonne  mobile  qui  les  a  complètement  dégarnis  en  ne  leur  laissant  d'intact  que 
le  tronc.  C'est  en  ce  moment  que  l'ouragan  a  exercé  ses  plus  grandes  dégrada- 
tions et  que  les  nombreuses  personnes  occupées  aux  travaux  de  la  saison,  frap- 
pées de  panique,  se  sont  cachées  ou  enfuies  dans  toutes  les  directions. 

La  Rouvre,  grosse  rivière,  affluent  de  l'Orne,  se  présente  alors  avec  son  vallon 
étroit,  sinueux,  aux  pentes  escarpées,  où  des  centaines  d'ouvriers  extraient  le 
granit.  Tout  à  coup,  le  tourbillon  suit  le  flanc  occidental  du  coteau,  arrache  les 
broussailles  éparpillées  sur  sa  route,  rencontre  le  lit  de  la  rivière  dont  il  fouette 
l'eau  avec  un  bruit  effrayant.  Des  masses  d'écume  divisée  sont  aspirées  et  entraî- 
nées par  la  trombe  dévastatrice  qui  fait  alors  un  léger  coude  à  gauche. 

Les  carriers  et  piqueurs  de  pierre,  étonnés,  remplis  d'une  juste  crainte, 
croient  leur  dernière  heure  venue,  se  couchent  sur  le  sol  détrempé  par  la  pluie 
diluvienne  ou  s'abritent  sous  quelque  roche  surplombante.  Autour  d'eux,  les  peu- 
pliers et  les  aulnes  s'abaissent  jusqu'au  niveau  du  sol.,  plient,  rompent  et  laissent 
leurs  rameaux  danser  dans  les  airs  une  sarabande  échevelée. 

La  terreur  est  partout,  dans  les  bourgs  et  les  villages  :  de  mémoire  d'homme  on 
n'a  vu  rien  d'aussi  terrifiant. 

*  * 

Des  gréions  de  la  grosseur  d'un  œuf  de  poulette,  ne  cessent  de  tomber,  mar- 
quent des  bleus  sur  le  corps  des  gens  qu'ils  atteignent,  hachent  les  pommes  et  les 
poires,  et  brisent  les  carreaux  et  les  toits. 

A  la  Châletière,  à  la  Durandière,  l'orage  gronde  avec  un  bruit  sourd,  éclate 
très  bas.  L'appendice  blanchâtre  suit  les  sinuosités  du  terrain,  renverse,  brise 
tout  ce  qui  s'oppose  à  sa  marche  en  avant.  Des  chênes  sont  tordus,  voltigent  en 
l'air,  font  plusieurs  fois  le  moulinet  pour  aller  retomber  soit  en  avant,  soit  sur  le 
côté  de  la  région  détruite.  Quant  aux  couvertures  des  fermes,  tout  disparaît  :  tuiles, 
ardoises,  chaume  sont  émiettés  et  se  joignent  aux  feuilles  sèches  des  arbres.  Les 
portes  et  les  fenêtres  sont  endommagées,  s'ouvrent  avec  fracas,  blessant  et 
repoussant  les  personnes  qui  veulent  les  fermer.  Des  hommes  et  des  femmes  qui 
n'ont  pu  quitter  le  centre  du  Tornade,  sont  renversés,  bousculés  et  meurtris.  Des 
chevaux  sont  tués,  des  barrières  détruites,  des  billots  de  pressoir  enlevés  à  vingt 
pas;  des  sapins  cassés  au  ras  de  leur  tige,  s'en  vont  par-dessus  la  vallée,  en  fai- 
sant entendre  leurs  craquements  unis  au  bruit  de  la  tempête. 


NOUVELLES  DE   LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  461 

Sur  Cràmesnil  et  Chénedonit,  la  Trombe  a  continué  ses  ravages,  accompagnée 
de  grêle  et  de  pluie,  pour  aller  finir  à  un  kilomètre  au  nord  de  la  gare  des  Yve- 
teaux-Fromentel. 

Pour  parcourir  une  trajectoire  rectiligne,  longue  de  15  000  kilomètres  et  sou- 
vent large  de  40  mètres,  le  tourbillon  n'a  mis  que  cinq  minutes,  ce  qui  lui' 
donne  une  vitesse  moyenne  de  translation  de  cinquante  mètres  par  seconde. 

Un  déluge  d'eau  a  inondé  la  malheureuse  région  éprouvée.  Quant  aux  pertes, 
elles  se  chiffrent  par  dizaines  de  mille  francs,  ainsi  que  je  Tai  constaté  lors  de 
ma  visite  dans  les  hameaux  dévastés.  Eugène  Vimont. 


NOUYELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS. 

Occnltation.  —  Le  21  septembre,  j'ai  observé  l'occultation  de  l'étoile  B.  À.  0. 
7774  qui  a  disparu  à  10*»  40™,  à  i'W  du  cercle  terminateur,  par  6»  de  latitude 
Nord-Est;  une  droite  partant  du  golfe  torride  coupant  Copernic,  Kepler  et  un 


w 


Occultation  de  l'étoile  7774  B.A.C  observée  par  M.  Ginieis.  à  Saint-Pons. 
(Longitude  =  0-25'  18'  E.  Latitude  =  43«29'2y.) 

autre  cirque  plus  petit,  et  se  dirigeant  sur  le  bord  de  la  Lune  par  la  pointe  Nord 
d'Hévélius  dont  le  versant  Ouest  était  éclairé  —  rencontrait  l'étoile  au  moment 
de  sa  disparition. 

Le  19  septembre  j'avais  observé  celle  de  t>  du  Capricorne.  Ces  phénomènes 
sont,  sans  contredit,  des  plus  intéressants  pour  tout  étudiant  du  ciel.  Il  est  diffi- 
cile d'en  être  témoin  sans  se  rendre  compte  des  mouvements  célestes  et  sans 
réfléchir  à  l'insondable  distance  qui  s'étend  de  la  Lune  aux  étoiles  en  apparence 
voisines  devant  lesquelles  elle  passe.  G.  Ginieis. 


462  L'ASTRONOMIE. 

Prétendne  commiinication  avec  les  habitants  de  BCars. — Plusieurs  journau 
rapportent  qu'un  astronome  italien  aurait  inventé  un  télescope  plus  puissant  que 
tous  ceux  qui  ont  été  construits  jusqu'ici  et  aurait  aperçu  à  la  surfoce  de  la  pla- 
nète Mars  des  signaux  consistant  en  figures  géométriques,  qu'un  membre  de  la 
Société  royale  astronomique  de  Londres  aurait  môme  pu  déchiffrer  —  nouveau 
GhampoUion  des  hiéroglyphes  célestes.  —  Il  n'est  peut-être  pas  hors  de  propos  de 
dire  à  nos  lecteurs  qu'il  n'y  a  rien  de  vrai  dans  cette  histoire.  Quoique  nos  con- 
naissances sur  le  monde  de  Mars  soient  déjà  fort  avancées,  nous  n'en  sommes 
pas  encore  là.  Quant  à  Tidée  d'une  communication  géométrique  à  tenter  entre  la 
Terre  et  les  autres  mondes,  elle  n'est  pas  nouvelle.  On  peut  la  lire,  exposée 
en  détail,  dans  La  pluralité  des  mondes  habités  (p.  215),ouvrage  publié  il  y  a 
bientôt  un  quart  de  siècle.  Et  elle  date  de  plus  loin  encore. 

Les  cadrans  solaires  hébraïques.  —  A  propos  de  la  discussion  qui  a  été  sou- 
levée par  le  cadran  solaire  à  rétrogradation  de  l'observatoire  de  Juvisy,  on  peut 
remarquer  que  l'objection  tirée  de  l'hypothèse  que  le  cadran  d'Achaz  pouvait  être 
vertical  est  assez  surprenante.  Les  hébreux,  qui  appellent  le  cadran  solaire  Isal 
hammahaloth,  désignent  aussi  par  ce  même  mot  une  terrasse  élevée  où  l'on 
venait  se  chauffer  au  soleil.  Le  mot  latin  solarium,  cadran  solaire,  a  aussi  la 
double  signification  du  mot  hébreu  correspondant.  Il  est  donc  de  toute  éridence 
que  le  cadran  solaire  était  anciennement  horizontal  puisqu'il  était  confondu  dans 
le  langage  avec  le  lieu  où  il  était  placé,  soit  une  plateforme  exposée  aux  rayons 
du  Soleil  du  matin  au  soir.  Il  est  d'ailleurs  tout  naturel  de  supposer  quEzéchias 
se  tenait  sur  sa  terrasse,  au  soleil,  en  sa  qualité  de  malade,  et  que  l'idée  du  pro- 
dige demandé  à  Isaïe  lui  a  été  suggérée  par  la  vue  même  du  cadran  d'Achaz.  On 
peut  aussi  remarquer,  d'autre  part,  que  la  réflexion  du  savant  correspondant  de 
V Astronomie  au  sujet  de  l'ambassade  des  princes  de  Babylone,  qui  vinrent  inter- 
roger Ézéchias  sur  le  prodige  a  quod  acciderat  super  terram  »  n'est  pas  en  faveur 
de  sa  thèse,  sur  Tauthenticité  réelle  du  phénomène,  puisque  ces  ambassadeurs, 
d'après  la  Bible  elle-même,  paraissent  seulement  auoir  entendu  parler  de  ce 
prodige  et  qu'ils  viennent  se  renseigner  (interrogare)  auprès  du  roi;  la  rétro- 
gradation du  Soleil  n'avait  donc  pas  été  observée  par  eux,  à  Babylone  ni  ailleurs. 
Toutes  les  opinions  sincères  sont  respectables  ;  mais  on  ne  peut  qu'applaudir 
aux  efforts  du  savant  et  du  penseur  qui  essaye  d'expliquer  des  récits  historiques 
traités  de  mensongers  ou  d'absurdes  par  tant  de  sceptiques  qui  trouvent  plus  com- 
mode de  nier  que  d'étudier.  Un  lecteur  de  Lille. 

Singulières  prophéties  astronomiques.  —  A  propos  de  la  nouvelle  étoile 
apparue  dans  la  nébuleuse  d'Andromède,  le  D^  Sophus  Tromholt  raconte,  dans  un 
journal  de  Norvège,  la  curieuse  histoire  suivante  : 

«  Peu  de  temps  après  que  M'  Asaph  Hall  eût  découvert,  en  1877,  les  deux  satel- 
lites qui  accompagnent  la  planète  Mars,  on  a  fait  la  curieuse  remarque  que  Swift, 
dans  les  Voyages  de  Gulliver,  attribuait  aux  astronomes  de  Laputa  la  connais- 
sance [des  deux  lunes  circulant  autour  de  cette  planète  dans  des  conditions 


NOUVELLES  DE  LA  SCIENCE.  —  VARIÉTÉS.  463 

presque  identiques  à  celles  que  l'observation  à  révélées.  Voltaire,  aussi, 
racontant,  dans  Micromégas,  les  aventures  des  deux  êtres  humains  transportés  à  la 
surface  de  Mars,  dit  qu'ils  virent  les  deux  lunes  inconnues  aux  astronomes  de  la 
Terre;  mais  sans  doute  il  avait  pris  cette  idée  dans  Fouvrage  de  Swift.  La  nou- 
velle étoile  de  la  nébuleuse  d'Andromède  vient  de  fournir  une  preuve  nouvelle 
et  non  moins  remarquable  que  les  poètes  peuvent  quelquefois  devenir  prophètes 
en  Astronomie.  Dans  une  revue  hongroise,  Losonczi  Phônix,  le  célèbre  auteur 
Maurus  Jékai  a  publié,  en  1851,  une  histoire  où  il  est  question  de  cette  étoile. 
Dans  ce  récit,  un  vieux  Malais  (?)  raconte  que  le  Mauvais  Esprit,  Asafiel,  a 
révélé  au  roi  Saûl  et  à  ses  fils  Texistence  de  l'étoile  dans  la  nébuleuse,  et  leur  a 
prédit  que  ceux  qui  ne  pourraient  pas  la  voir  périraient  dans  la  prochaine  bataille. 
Le  Malais  révèle  aussi  l'existence  de  l'étoile  à  ses  auditeurs,  et  en  décrit  la  posi- 
tion avec  une  telle  précison  qu'il  est  impossible  de  ne  pas  reconnaître  la 
nébuleuse  d'Andromède  comme  la  seule  dont  il  puisse  être  question,  bien  que  cette 
nébuleuse  ne  soit  pas  nommée.  Cette  histoire,  d'après  Jôkai  serait  une  légende 
biblique  ou  judaïque.  L'auteur  de  ces  lignes  a  consulté  un  hébraTsant  qui  compte 
parmi  les  plus  grandes  autorités  dans  les  questions  bibliques,  et  lui  a  demandé 
si  la  Bible  contenait  quelque  détail  relatif  à  ce  sujet.  On  lui  a  répondu  qu'il  n'y 
avait  rien  de  pareil  dans  tout  le  livre  et  qu'il  est  bien  difficile  d'admettre  que  la 
nébuleuse  d'Andromède  puisse  être  mentionnée  dans  aucune  légende  juive.  Cette 
nébuleuse  est  citée  pour  la  première  fois  par  un  astronome  persan  du  dixième 
siècle;  elle  ne  fut  découverte  en  Europe  qu'en  1612.  Il  serait  fort  intéressant  de 
s'assurer  si  réellement  quelque  tradition  juive  à  conservé  le  souvenir  d'une 
étoile  dans  la  nébuleuse  d'Andromède,  car  on  pourrait  conclure  de  là  que  cet 
astre  nouveau  n'est  qu'une  étoile  variable  à  longue  période,  Je  me  propose  de 
demander  à  Jôkai  si  son  histoire  est  fondée  sur  quelque  vieille  tradition  ou  si,  au 
contraire,  elle  n'est  qu'un  fruit  de  son  imagination;  même  dans  ce  dernier  cas,  le 
fait  serait  déjà  fort  curieux,  et  la  coïncidence  bien  remarquable.  » 

Un  témoignage  ocnlaire  de  215  ans.  —  Nous  trouvons  dans  l'intéressante 
Revue  astronomique  américaine  The  Sidéral  Messenger  le  fait  suivant  digne 
d'être  conservé.  11  semble  à  peine  croyable,  à  première  vue,  qu'un  événement 
éloigné  à  215  années  de  distance,  puisse  être  rapporté  par  une  personne  qui  n'est 
séparée  du  témoin  oculaire  que  par  un  seul  intermédiaire.  Tel  est  cependant  le 
cas  dans  le  fait  que  voici.  Un  vénérable  recteur  anglais,  M.  Falconer,  qui  est 
mort  en  1884  à  l'âge  de  84  ans  tenait  directement  de  son  grand'père,  le  Docteur  Fal- 
coner de  Bath,  qu'il  avait  entendu  raconter  maintes  fois  par  sa  grand'mère  ses  sou- 
venirs relatifs  à  la  comète  de  Halley.  Or  cette  grand'mère  avait  été  très  frappée  de 
l'apparition  de  cette  magnifique  comète  en  l'an  de  grâce  1669.  Elle  était  alors  une 
petite  fille  de  six  ans  ;  mais  l'impression  resta  très  vive  dans  son  esprit  pendant 
sa  vie  entière.  Le  docteur  Falconer,  le  seul  intermédiaire  entre  sa  bisaïeule  et  son 
petit  fils,  naquit  en  1744  et  mourut  en  1824.  Voilà  assurément  un  fort  curieux 
exemple  de  mémoire  astronomique. 


464  L'ASTRONOMIE. 

Aspect  des  nnages.  —  Dans  V Astronomie  y  page  271,  sous  le  titre:  Nuages  sm- 
guliers,  M.  Quëlin  décrit  un  phénomène  intéressant,  indiquant,  selon  toute  appa* 
rence,  la  présence  de  vents  superposés.  On  doit  savoir  en  effet  que,  sous 
rinfluence  du  vent,  la  surface  d'une  masse  de  nuages  se  ride  comme  la  surface 
de  Teau,  en  travers  de  la  direction  du  vent.  En  outre,  des  balles  de  coton  ou 
cumuli  s'alignent  comme  les  compagnies  d'un  régiment  en  marche  sur  une 
route.  Ils  se  mettent  en  file.  De  plus,  si,  à  la  surface  interne  d'une  sphère,  on  trace 
sur  un  plan  sécant  plusieurs  lignes  parallèles,  on  voit,  du  centre  de  la  sphère,  ces 
lignes  converger  vers  leurs  deux  extrémités  et  donner  à  ces  extrémités  l'apparence 
en  éventail  indiquée  sur  la  flg.  93  de  V Astronomie,  A  leurs  deux  extrémités  et  sur 
les  fiancs,  les  nuages,  se  projetant  les  uns  sur  les  autres,  donnent  des  masses 
grises  continues.  Quant  aux  masses  situées  sur  les  lignes  qui  passent  au  zénith, 
on  les  voit  distinctes  les  unes  des  autres.  Elles  produisent  alors  l'aspect  de  la 
fig.  93.  Si  les  intervalles  des  masses  de  nuages  s'accentuent  dans  toutes  les 
colonnes  parallèles,  sous  Tinfluence  d'une  légère  modification  dans  le  vent,  on 
peut  voir  ce  que  signale  M.  Quélin,  quatre  éventails  placés  rectangulairement 
aux  quatre  coins  de  l'horizon. 

D'après  les  indications  de  M.  Quélin,  le  vent  était  du  Nord-Est,  à  la  surface  de 
la  terre,  sans  doute.  En  haut,  dans  les  nuages,  il  devait  être  du  Nord-Ouest  ou  du 
Sud-Est,  c'est-à-dire  de  l'un  des  points  de  convergence  de  la  fig.  93.  Ensuite  ■  ces 
nuages  venaient  du  Sud  »  (très  probablement  du  Sud-Ouest).  C'est  à  ce  courant, 
sans  doute  momentané,  qu'il  faut  probablement  attribuer  la  deuxième  série 
d'éventails.  La  superposition  des  courants  nuageux  est  un  fait  très  fréquent,  sur- 
tout au  printemps  à  l'époque  des  mauvais  temps. 

Ayant,  à  diverses  reprises,  observé  les  mêmes  faits,  j'en  ai  cherché  les  causes, 
qui  m'ont  semblé  être  celles  que  je  viens  d'indiquer.  Tardy. 

L^àme  humaine.  —  Malgré  son  caractère  tout  spécial,  nous  croyons  intéres- 
sant de  publier  la  lettre  suivante  signée  :  «  Un  abonné  de  l'île  de  Jersey.  » 

«  En  lisant  l'Histoire  de  la  Terre  que  vous  avez  publiée  dans  la  Revue  de 
septembre  et  octobre  (1884jr,  la  comparaison  que  cette  lecture  oblige  de  faire  entre 
l'homme  actuel  et  l'ichtyosaure,  le  plésiosaure,  l'iguanodon  et  toute  la  série  des 
sauriens  et  batraciens  antédiluviens  a  un  peu  bouleversé  mes  idées  nouvelles, 
et  je  me  pose  depuis  lors  une  question  que  je  me  permets  .de  vous  soumettre, 
espérant  que  vous  voudrez  bien  m'aider  à  en  trouver  la  solution.  La  voici  : 

«  Si,  comme  vous  semblez  le  supposer,  les  âmes  des  grands  hommes,  de  toute 
cette  phalange  de  philosophes  et  de  savants,  à  qui  la  Science  doit  d'être  aujour- 
d'hui ce  qu'elle  est,  doivent  avoir  une  autre  destinée  que  de  vivre  et  mourir  sur 
cette  Terre,  à  partir  de  quel  degré  de  transformation  de  la  race  humaine  est-il 
permis  aux  âmes  d'aspirer  à  cette  autre  existence? 

•  Car  je  crois  qu'il  doit  vous  répugner  comme  à  moi  d'admettre  que  l'intelli- 
gence (si  limitée  qu  on  l'a  nommée  instinct,  pour  la  distinguer  de  la  nôtre)  des 
animaux  desquels  nous  descendons,  puisse  aussi  prétendre  à  la  vie  éternelle. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  465 

>  D'autre  part,  il  nous  est  possible  d'admettre,  qu'à  une  époque  future,  dans 
des  millions  d'années  peut*être,  soit  par  suite  des  progrès  constants  de  la  civili- 
sation, soit  par  suite  d'une  transformation  de  l'espèce  humaine  actuelle,  inhé- 
rente à  la  Puissance  créatrice  de  l'univers  et  que  nous  ne  pouvons  concevoir,  il 
est  possible  d'admettre,  dis-je,  que  l'humanité  qui  peuplera  alors  la  Terre  pourra 
être  intellectuellement  aussi  éloignée  de  nous  que  nous  le  sommes  des  singes 
les  plus  intelligents,  et  qu'il  répugnera  également  à  cette  humanité  d'admettre 
que  des  intelligences  aussi  bornées  que  les  nôtres  (comparativement)  aient  pu 
prétendre  à  la  vie  éternelle.  » 

La  question  posée  par  notre  correspondant  sort  du  cadre  de  V Astronomie  et 
touche  à  des  sujets  qu'il  n'entre  pas  dans  notre  programme  de  soulever  dans 
cette  Revue;  mais  elle  est  d'un  intérêt  général,  et  il  est  possible  qu'elle  ait  été 
suggérée  à  beaucoup  d'autres  lecteurs  par  les  deux  articles  auxquels  l'auteur  se 
réfère.  Nous  essaierons  donc  de  lui  donner  la  réponse  scientifique  qui  nous  parait 
la  plus  rationnelle. 

Si  nous  admettons  —  et  il  est  difficile  de  s'y  refuser  —  que  le  principe  pensant 
est  un  être  simple,  qui  garde  pendant  notre  vie  son  identité,  qui  demeure  per- 
manent, qui  se  sent  responsable  des  actes  accomplis,  tandis  que  toutes  les  molé- 
cules cérébrales  ont  changé,  ont  été  renouvelées  maintes  fois,  ce  moi  est  un  être 
autre  que  la  matière  et  survit  à  la  destruction  du  corps  comme  il  a  survécu,  iden- 
tique à  lui-même^  à  toutes  ses  transformations. 

Tout  en  étant  immortel,  cet  être  peut  n'en  jamais  rien  savoir,  pas  plus  qu'un 
atome  quelconque,  lequel  est  aussi  immortel  que  lui  et  n'en  sait  rien. 

Pour  que  l'immortalité  soit  sentie,  il  faut  que  le  principe  qui  la  subit  garde  la 
mémoire  du  passé;  autrement,  sa  propre  identité  lui  reste  étrangère. 

Il  ne  peut  donc  exister  d'âmes  se  sachant  immortelles  que  celles  qui  ont  déjà 
ici-bas  conscience  d'exister  à  l'état  d'êtres  pensants,  qui  ont  acquis  une  valeur 
spirituelle  et  qui  sont  aptes  à  la  conserver  et  à  l'accroître.  Les  animaux  n'en  sont 
pas  là.  Et  l'on  peut  même  convenir,  sans  irrévérence,  qu'un  grand  nombre  d'êtres 
dits  humains  ne  sont  guère  plus  avancés  et  ne  sauraient  que  faire  de  ce  privilège. 

La  loi  du  Progrès,  visible  dans  toutes  les  évolutions  de  la  nature  organique, 
démontrée  par  le  développement  graduel  de  tous  les  êtres,  depuis  lalgue  jusqu'à 
l'homme,  serait,  dans  cette  conception  du  cosmos,  appliquable  à  l'être  humain 
comme  à  la  création  tout  entière. 


OBSERVATIONS   ASTRONOMIQUES 

A  FAIRE  DU  15  DÉCEMBRE  1885  AU  15  JANVIER  1886. 
Principaux  objets  célestes  en  évidence  poor  Inobservation. 

!<►  CIEL  ÉTOILE  : 

Pour  l'aspect  du  ciel  étoile  durant  le  commencement  de  l'hiver,  il  faut  se 


466  L'ASTRONOMIE. 

reporter  soit  aux  cartes  publiées  daus  la  première  année  de  V Astronomie,  soit 
aux  descriptions  données  dans  les  Étoiles  et  les  Curiosités  du  Ciel,  pages  594 
à  635. 

L'hiver  nous  ramène  son  cortège  composé  des  plus  brillantes  constellations  do 
ciel.  C'est  le  moment  d'étudier  les  étoiles  multiples,  les  amas  et  les  nébuleuses, 
la  lumière  zodiacale  et  les  principales  planètes.  Vénus,  Mars,  Vesta,  JupUer, 
Saturne  et  Neptune  sont  observables  pendant  la  première  moitié  de  la  nuit; 
Mercure,  Cérès,  Pallas,  Junon  et  Uranus,  dans  la  seconde  moitié. 

2o  SYSTÈME  SOLAIRE   : 

Soleil.  —  Le  13  décembre  1885,  le  Soleil  se  lève  à  7^49">  du  matin  et  se  couche 
à  4*» 2*»»  du  soir;  le  le  janvier  1886,  l'astre  du  jour  apparaît  au-dessus  de  l'horizon 
de  Paris  à  7>»56°»  du  matin,  pour  disparaître  au-dessous  à  4**  12»;  enfin,  le  lever 
a  lieu  à  7*>51"»  le  15  janvier  et  le  coucher  à  4^29°»  du  soir.  La  durée  du  jour  est  de 
8*»13"»  au  15  décembre,  de  8*>16»>  au  l***  janvier  et  de  8*»  38"»  au  15  janvier.  La  lon- 
gueur des  jours  décroît  de  2"»  le  matin  et  augmente  de  27»  le  soir,  ce  qui  donne 
un  gain  de  25™. 

Le  20  décembre  est  la  journée  la  plus  courte  de  Tannée,  puisque  le  Soleil  ne 
reste  que  8*»  10=*  au-dessus  de  notre  horizon.  Le  25  décembre,  le  midi  vrai  elle 
midi  moyen  coïncident.  Mais  à  partir  de  là,  la  durée  des  soirées  l'emporte  de 
plus  en  plus  sur  celle  des  matinées. 

Le  15  décembre,  la  déclinaison  australe  du  Soleil  est  de  23»  18'  et  elle  s'accroit 
jusqu'au  21  décembre,  à  3*>37«>  du  soir.  C'est  à  ce  dernier  instant  que  cette  décli- 
naison égale  la  valeur  de  l'inclinaison  apparente  de  l'écliptique.  Nous  atteignons 
le  solstice  d'hiver  et  une  nouvelle  saison  commence. 

Le  31  décembre,  à  5^  du  matin,  la  Terre  passe  au  périhélie  et  se  trouve  à  si 
distance  minimum  du  Soleil. 

Tous  les  soirs,  à  partir  d'une  heure  après  le  coucher  du  Soleil,  suivre  les  déve- 
loppements de  la  lumière  zodiacale,  et  en  étudier  attentivement  les  détails,  dans 
le  ciel  de  TOccident. 

Lune.  —  Nous  sommes  dans  la  période  des  splendides  clairs  de  lune.  Notre 
satellite  atteint  sa  plus  grande  hauteur  au-dessus  de  l'horizon,  lors  de  son  pas- 
sage au  méridien  de  chaque  lieu,  dans  notre  hémisphère  boréal. 

Le  6  janvier  1886,  sur  les  5*»  du  soir,  les  observateurs  pourront  voir,  à  l'œil  nu 
ou  dans  une  jumelle  marine,  le  viince  croissant  lunaire^  environ  treute-trois 
heures  après  la  néoménie.  C'est  là  un  phénomène  fort  curieux  et  nous  espérons 
que  nos  lecteurs  pourront  en  être  témoins. 

i  PL  le  21  décembre,  à    9^8-  soir.  NL  le    5  janvier,    à  7^'i3-  matin. 

PHASES...  1  DQ  le  28  »         à   0  31      »  PQ  le  13         »       à  0  34       » 

Occultations  et  appulse  visibles  à  Paris. 

Deux  occultations  se  produiront  le  soir,  une  appulse  et  deux  occultatiois 
d'importantes  étoiles,  le  matin. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES. 


467 


!•  Y  Taureau  (4*  grandeur),  le  20  décembre,  à  4^24-  du  matin.  Appulse  à  2',3  du  bord 
de  la  Lune.  Gomme  le  montre  la  fig.  158,  le  point  dont  l'étoile  s'approche  le  plus  est  à 


Fig.  1J8. 


Fig.  159. 


Appulse  de  r  Taureau,  Occultation  de  85  Baleine,  par  la  Lune, 

le  20  décembre  à  4''24-  du  matin.  le  14  janvier  de  7''26«  à  8*18-  du  soir. 

43*  au-dessous  du  point  le  plus  oriental  du  disque  de  notre  satellite.  Occultation  pour 
l'ouest  de  l'Europe. 
2*  B.  A.  G.  1526  (6«  grandeur),  le  20  décembre,  de  5^-  à  5"  19"  du  soir.  La  dispa- 

Fig.  160. 


2tf  24^ 


ti, 

5» 


10 


Janv 


±v£^  îémfis  U2L 


Passage  de  Saturne  auprès  de  {i  Gémeaux. 


rition  se  produit  à  l'Orient,  en  un  point  situé  à  42*  au-dessus  du  point  le  plus  à  gauche 
du  disque  de  la  Lune,  et  la  réapparition  a  lieu  du  môme  côté,  à  16*  à  gauche  du  point  le 
plus  au  nord.  L*apparence  exceptionnelle  de  cette  occultation,  tient  à  ce  que  la  Lune 
n  est  levée  que  depuis  une  heure  et  demie  quand  le  phénomène  se  produit. 

Dans  les  îles  Britanniques,  il  y  a  appulse  ;  dans  l'Europe  occidentale,  il  y  a  occultation. 

3*  T  Lion  (5*  grandeur),  le  27  décembre,  de  6*1-  à  7*4-  du  matin.  L'étoile  s'éteint  dans 


468  L'ASTRONOMIE. 

la  partie  orientale  du  disque  lunaire,  à  21*  au-dessus  du  point  le  plus  à  gauche;  elle 
reparaît  à  rOccident,  à  31*  au-dessus  du  point  le  plus  à  droite. 

L'occultation  sera  visible  dans  Touest  de  r£urope. 

4*  e  YiERGB  (4,5  grandeur)»  le  29  décembre,  de  4'' 16"  à  5*'28'"  du  matin.  La  disparition 
a  lieu  à  Test  du  limbe  de  notre  satellite,  en  un  point  situé  à  35*  au-dessous  da  point  le 
plus  à  gauche,  et  la  réapparition  à  36*  à  droite  et  au-dessous  du  point  le  plus  au  Nord. 

Visible  dans  TEurope  occidentale. 

5*  85  Baleine  (6*  grandeur),  le  14  janvier,  de  7»'26~  à  8''18-  du  soir.  Cette  occultation 
représentée  fig,  159,  se  produit  dans  la  partie  méridionale  du  disque  lunaire.  L'étoile 
disparaît  à  21*  au-dessous  du  point  le  plus  à  gauche  et  reparaît  à  2*  à  droite  du  point 
le  plus  bas. 

Il  y  aura  occultation  pour  le  nord-ouest  de  l'Europe  et  appulse  dans  le  centre. 

Occult&iioni  diverses. 

Les  nombreux  lecteurs  de  la  Revue  pourront  encore  étudier,  selon  les  contrées 
de  notre  globe  qu'ils  habitent,  les  occultations  remarquables  qui  suivent  : 

1*  B.  A.  G.  987  (6,5  grandeur),  le  18  décembre,  de  11"»!!-  à  12'»11-,  temps  moyeu  de 
Paris.  L'occultation  est  visible  dans  les  Iles  Britanniques,  à  Paris  et  dans  la  plus  grande 
partie  de  la  France. 

2*  Aldébaran  {{'*  grandeur),  le  20  décembre,  vers  9^45~  du  matin.  Cette  étoile  est 
occultée  pour  la  onzième  fois  de  l'année.  Les  limites  de  latitude  des  lieux  d'observa- 
tion sont  75* N  et  10*  N.  Visible  dans  l'Amérique  du  Nord. 

3*  B.  A.  G.  1930  (6,5  grandeur),  le  21  décembre,  vers  5"»  55-  du  soir.  L'occultation  sera 
visible  en  France  et  dans  les  Iles  Britanniques,    r, 

4*  p  YiEROB  (3.5  grandeur),  le  27  décembre,  à  4''15"  du  soir.  Visible  dans  le  nord  etle 
centre  de  l'Afrique. 

5*  V)  YiEROE  (3,5  grandeur),  le  28  décembre,  à  G^  du  matin.  Visible  dans  les  deux 
Amériques;  limites  de  latitude  25* N  et  44* S. 

6*  Jupiter,  le  28  décembre,  sur  les  9**  du  matin.  Gette  curieuse  observation  poarra 
être  faite  également  dans  les  deux  Amériques.  En  Europe,  les  astronomes  pourront 
apercevoir  les  deux  astres  dans  le  champ  d*une  même  lunette. 

7*  Uranus,  le  28  décembre,  vers  l*"  de  l'après-midi.  Les  limites  de  latitude  sont 20* N. 
et  88* N.  Ge  seront  les  habitants  du  nord-ouest  de  T Amérique  du  Nord  qui  pourront 
voir  l'occultation. 

8*  Y*  Vierge  (2,5  grandeur),  le  28  décembre,  à  4'»  du  soir.  L'occultation  ou  l'appulse 
ne  pourront  être  observés  que  dans  les  îles  situées  au  sud  de  l'Océan  Indien. 

9*  VÉNUS,  le  9  janvier  1886.  à  6*'23-  du  matin.  Gette  occultation,  si  rare  et  si  ^ema^ 
quable,  ne  pourra  être  étudiée  que  dans  le  sud  et  le  centre  de  l'Asie. 

Le  23  décembre,  à  li"  du  matin,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  périgée: 
358.300^;  diamètre  lunaire  =  33'20',2. 

Le  7  janvier  1886,  à  9^  du  matin,  la  distance  de  la  Lune  à  la  Terre  est  apogée  : 
405.940^;  diamètre  lunaire  =  29'27',2. 

Mercure.  —  Mercure  commence  une  période  de  visibilité  qui  doit  durer  environ 
six  semaines.  La  planète  atteint  sa  plus  grande  élongation  occidentale,  le  9  jan- 
vier, à  2^  du  matin;  elle  est  alors  à  23» 21'  à  l'ouest  du  Soleil,  et  se  lève  presque 
deux  heures  avant  lui.  Ce  n'est  qu'à  des  époques  assez  éloignées  que  Mercure 
demeure  aussi  longtemps  observable  à  la  simple  vue.  Nous  ne  saurions  donc  trop 
recommander  aux  disciples  d'Uranie  de  proâter  de  cette  circonstance  si  favorable 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  469 

pour  reconnaître  dans  le  ciel  de  TOrient,  un  astre  aussi  difficile  à  distinguer  à 
cause  des  lueurs  vives  de  Taurore. 

Jours.                          Lever.  Paisage  trëridlen .        Différence  Soleil.    Constellation. 

22  Décembre  1885  7»^  3- matin.  tl''26- matin.  0'»5l-  Ophiuchds- 

25        »      6  38         »  11    3  «  1  17  » 

28        »      6  20         •  10  46  »  1  36 

30  »      6  13         »  10  38  u  1  43  v 

2  Janvier  1886..  6    7         »  10  30  »  149  » 

5        »      6    7         »  10  27  »  1  48  » 

8        »      6    9          «  10  26  »  1  46  e 

11       ........       6  15        »  10  28         »  138  Sagittaire. 

14       »      6  21         u  10  31         >!  1  30  » 

Mercure  est  stationnaire  le  29  décembre,  au  matin.  Avant  cette  date,  son  mou- 
vement est  rétrograde;  après,  il  devient  direct.  Dans  les  jours  qui  précèdent 
Télongation  maximum,  le  disque  de  la  planète  offre  un  croissant  très  grand,  qui 
augmente  suffisamment  vite  jusqu'au  moment  de  l'élongation  maximum  où  il  se 
présente  sous  la  forme  d'un  quartier;  ensuite,  la  gibbosité  s'accroît  et  le  dia- 
mètre apparent  diminue  jusqu'à  la  disparition  de  Mercure  dans  les  feux  du  Soleil 
levant. 

Le  3  janvier,  à  7*»  du  matin,  Mercure  est  en  conjonction  avec  la  Lune,  à  2'»  34' 
au  sud  de  notre  satellite. 

Le  !<'''  janvier  1886,  le  diamètre  de  Mercure  est  de  7',8.  La  distance  de  cet  astre 
à  la  Terre  est  de  128  millions  de  kilomètres  et  sa  distance  au  Soleil  est  de 
54  millions  de  kilomètres. 

Vénus.  —  Vénus  atteint  peu  à  peu  son  maximum  d'éclat.  Chaque  après-midi, 
on  la  reconnaîtra  aisément  en  plein  jour,  surtout  vers  linstant  de  son  passage 
au  méridien  de  l'observateur.  On  pourra  facilement  encore  distinguer  le  crois^ 
sant  éclairéf  à  l'œil  nu.  en  regardant  la  planète  au  moyen  d'un  trou  percé  avec 
une  épingle,  dans  une  feuille  de  carton  léger.  Le  15  janvier,  le  quart  seulement 
du  limbe  de  la  planète  sera  éclairé. 

Vénus  se  couche  quatre  heures  après  le  Soleil  et  «resplendit  dans  le  ciel  de 
l'Occident,  parmi  les  constellations  du  Capricorne  et  du  Verseau.  La  brillante 
Vesper  se  rapproche  rapidement  de  Téquateur  et  sa  déclinaison  australe  demeure 
inférieure,  de  10^  en  moyenne,  à  celle  du  Soleil. 

Joors.  Passage  Méridien.  Concher.  Différence  Soleil.    Constellatloo. 

16  Décembre  1885.  3"  18-  soir.  7" 49-  soir.  3H7»  Capricorne. 

19        »      3  18  i)  7  54  »  3  51  » 

22        »      3  17  i>  7  59  »  3  55  • 

25        »      3  15  0  8    3  »  3  57 

28        »      3  13  »  8    7  »  3  59  » 

31  »      3  10  »  8  10  «  3  59  Verseau 

2  Janvier  1886..  3    7  »  8  U  »  3  58  » 

5  s  3    3  »  8  12  w  3  56  » 

8  »  2  59  1»  8  14  »  3  54  » 

11  »  2  53  »  8  13  »  349  « 

14  »  2  46  »  8  11  »  3  43  » 


^70  L  ASTRONOMIE. 

Vénus  continue  son  mouvement  direct  à  travers  le  Capricorne  et  le  Verseau 
Le  26  décembre,  au  matin,  conjonction  de  VespcT  avec  7  Capricorne;  la  planète 
est  placée  à  1»40'  au  nord  de  Tétoile.  Le  28  décembre,  au  matin,  Vénus  à  i^hk 
au  nord  de  0  Capricorne.  Le  3  janvier,  au  soir,  conjonction  avec  i  Verseau,  la 
planète  à  1»40'  au  nord.  Le  8  janvier,  Vénus  à  Î^IO'  au  sud  de  0  Verseau.  I.e 
9  janvier,  vers  G*»23">  du  matin,  occultation  de  Vénus  par  la  Lune. 

Le  15  décembre,  le  diamètre  de  Vénus  est  de  2C',6  et  le  15  janvier,  de  41',;'. 
La  distance  à  la  Terre  est  de  74  millions  de  kilomètres  au  l«^«"janvier,  et  auikJoil 
de  107  millions  de  kilomètres. 

Mars.  —  En  même  temps  que  Mars  continue  à  se  rapprocher  de  nous,  sa 
phase  va  en  croissant. 

Jours.                               Lever.  Passage  Méridien.  Constellation. 

19  Décembre  1885.  lOMU-  soir.  5*28-  matin.  Lion. 

Î3       •        10  iO         •  5  17  . 

27        »        10  31         »  5    6  • 

31        *        10  21          »  4  55  »  • 

2  Janvier  1880...  10  17         »  4  4U  •  • 

G       »        10    7         »  4  36  »  Vierge. 

10       »>        9  56         »  4  24  »  » 

14        »        0  13         »  4  10  •  • 

La  marche  de  Mars,  parmi  les  constellations,  est  toujours  directe.  U 
27  décembre,  à  9*»  du  matin,  la  planète  est  à  2" 48'  au  nord  de  la  Lune.  Le  14  jan- 
vier, Mars  est  à  2"  47'  au  nord  de  p  Vierge. 

Le  l»^*"  janvier  1886,  Mars  a  un  diamètre  de  iO',6;  sa  distance  à  la  Terre  est  de 
156  millions  de  kilomètres  et  au  Soleil  de  246  millions  de  kilomètres. 

Petites  planètes.  —  Cérès  devient  visible,  dans  le  voisinage  de  Mercure. 
non  loin  de  6  Ophiuchus.  Il  faut  employer  une  jumelle  de  marine.  Cérès  se  lève 
près  de  deux  heures  avant  le  Soleil. 

Coordonnées  au  8  janvier  1886  :    Ascension  droite    17''34".    Déclinaison   22*36'S. 

Pallas  est  observable  avec  une  faible  lunette  astronomique,  avant  4^  du  matio. 
Elle  se  dirige  suivant  la  ligne  X  ^  du  Serpent,  en  dehors  des  constellations  zodia- 
cales. 

Juura.  Lever  lie  Pallas.  Passage  Méridien .  Constellation. 

Î8  Décembre  1885.  4"»  4-  matin.  10''23-  matin.  Serpent. 

1"  Janvier  1886.. .  3  54         »  10  14          »  • 

5           »        3  43         »  10    4         »  • 

9           »        3  33          »                    9  54          »  » 

13           »        3  22         »/                    9  44          »  » 

La  marche  de  Pallas  est  directe.  Le  8  janvier  1886,  la  petite  planète  est  éloignée 
de  546  millions  de  kilomètres  de  la  Terre  et  de  447  millions  de  kilomètres  d« 
Soleil. 

Coordonnées  au  8  janvier  1886  :    Ascension  droite    17''8-.    Déclinaison    3*49'N. 

Junon  est,  comme  la  précédente,  observable  le  matin,  à  peu  de  distance  au 
nord  de  t,  Ophiuchus.  Employer  une  jumelle  marine. 


OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES.  471 

Jours.  Lever  de  Janon.  Passage  Méridien.  Constellation. 

1"  Janvier  1886....  4''57*  matin.  10''25-  matin.  Ophiuchus. 

5  »          4  47         9  9  51          M  » 

0         i>          i  30          »  0  41          «  .> 

13  » 4  25         »  9  30  w  » 

Le  mouvement  de  Junon  est  également  direct.  Le  8  janvier  1886,  la  petite  pla- 
nète se  trouve  à  605  millions  de  kilomètres  de  la  Terre  et  à  494  millions  de  kilo- 
mètres du  Soleil. 

Coordonnées  au  8  janvier  1886  :    Ascension  droite    16''55".    Déclinaison    lî'22'S. 

Vesta  est  encore  dans  d'excellentes  conditions  pour  une  étude  approfondie  de 
cette  charmante  petite  planète.  Tous  les  jours,  on  peut  la  distinguer  à  la  simple 
vue,  entre  Aldébaran  et  j;  Taureau. 

Jours.  Passage  Méridien.  Coacher  de  Vesta.  Constellation. 

17  Décembre  1885.         11M7"  soir.  6'' 49- matin.  Taureau. 

22  n        10  52  ».  6  25  »  » 

27       »        10  27         .  6    1         » 

31        »        10    8  »  5  43  »  » 

4  Janvier  1886....  9  50  »  5  25  »  » 

8       »        9  31  »  5    7  »  » 

12        »        9  13  »  4  50  »  » 

Vesta  continue  sa  marche  rétrograde,  dans  la  direction  de  e  Taureau,  la  plus 
septentrionale  des  Hyades.  Le  8  janvier,  la  petite  planète  est  éloignée  de 
252  millions  de  kilomètres  de  la  Terre  et  de  380  millions  de  kilomètres  du  Soleil. 

Coordonnées  au  27  Dec.  1885  :    Ascension  droite..     4'' 54-.    Déclinaison..    18*29'N. 
»  8  Janv.  1886:         »  «  4  44  »  18  53  N. 

Jupiter.  —  Jupiter  suit  son  mouvement  direct  dans  la  constellation  de  la 
Vierge  et  forme  le  sommet  d'un  petit  triangle  qui  a  pour  base  la  ligne  r,  y.  Il  faut 
étudier  ce  géant  de  notre  système  solaire  avec  une  lunette  astronomique  munie 
d'un  oculaire  de  moyenne  puissance.  La  planète  sera  occultée  par  la  Lune  le 
28  décembre,  au  matin. 

Jours.                              Lever.  Passage  Méridien.  Constellation. 

19  Décembre  1885.  0'*26-  matin.  6*26-  matin.  Vierge. 

23  »        0  12         »  6  12         .)  u 

27        »        11  57      soir.  5  57         »  » 

31        »        11  44         »  5  43         »  » 

2  Janvier  1886...        Il  36         •  5  35         »  » 

6  »        1121         »  5  20         »  0 

10        »        U    7         »  5    5         »  » 

14  »        10  52         »  4  50         w  » 

Le  <«>•  janvier,  Jupiter  a  un  diamètre  de  35^2;  sa  distance  à  la  Terre  est  de 
778  millions  de  kilomètres  et  au  Soleil  de  806  millions  de  kilomètres. 

Une  bonne  jumelle  marine  suffit  ordinairement  pour  étudier  la  configuration 
des  satellites  de  Jupiter. 

Saturne.  —  Saturne  continue  de  rétrograder  dans  la  constellation  des  Gémeaux. 
Un  phénomène  fort  rare  se  produira  le  10  janvier  à  8*"  38™  du  matin  :  à  l'œil  nu,  la 
planète  et  la  belle  étoile  de  3®  grandeur  ji  Gémeaux,  confondront  sensiblement 
leurs  rayons.  Mais  dans  une  forte  lunette  astronomique,  ainsi  qu'on  peut  le  voir 


472  L'ASTRONOMIE. 

à  Taide  de  l'excellente  carte  qui  précède  et  qui  a  été  dressée  par  notre  savant 
confrère,  M.  G.  Tramblay,  les  deux  astres  seront  vus  à  la  minime  distance 
de  i7',7,  la  planète  au  nord  de  l'étoile.  A  partir  de  5^  du  matin,  on  pourra  com- 
mencer l'observation. 


Jours. 

Coocher. 

17  Décembre  1885. 

0''41-  matin. 

8M2- 

matin. 

GÉMEAUX. 

22       »       

0  20 

8  21 

26       »        

minuit. 

8    1 

1*'  Janvier  1886.. 

U^SS-    soir. 

7  30 

5       »        

11  16         » 

7  14 

9       »        

10  59 

6  57 

13       »        

10  42         D 

6  40 

Baturne  passant  au  méridien  aux  environs  de  minuit,  se  présente  dans  les 
meilleures  conditions  pour  l'observation. 

Le  i«r  janvier,  le  diamètre  de  Saturne  est  de  i8',6.  La  distance  de  la  planète  à 
la  Terre  est  de  1191  millions  de  kilomètres  et  au  Soleil  de  1336  millions  de  kilo- 
mètres. 

Uranus.  —  La  planète  est  stationnaire  le  12  janvier,  à  4*»  du  matin;  son  mou- 
vement de  direct  devient  rétrograde.  Uranus  est  facile  à  découvrir,  à  la  simple 
vue,  dans  la  Vierge,  où  elle  occupe  le  sommet  de  l'angle  droit  d'un  triangle  rec- 
tangle dont  [l'hypoténuse  est  déterminée  par  la  ligne  y  r\  des  deux  principales 
étoiles  de  la  constellation.  Le  28  décembre,  occultation  de  la  planète  par  le  disque 
de  notre  satellite. 

Jours.                              Lever.  Passage  Méridien.  Constellation. 

22  Décembre  1885.  0''32-  matin.  6*'25*  matin.  Vieroe. 

27       » 0  13         »  6    6         »  » 

1"  Janvier  1886. .  1154      soir.  5  46         »  » 

6       »        Il  35         »                   5  27         »  » 

11        »        Il  15         »                   5    7         »  » 

Le  Icr  janvier,  le  diamètre  d'Uranus  est  de  4'.  La  distance  de  la  planèteà  la  Terre 
est  de  2698  millions  de  kilomètres  et  au  Soleil  de  2711  millions  de  kilomètres. 

Coordonnées  au  1*' Janvier  :    Ascension  droite    12*' 29".    Déclinaison   2*22'43'S. 

Neptune.  —  Peut  toujours  être  aperçu  avec  une  forte  lunette,  dans  la  constel- 
lation du  Taureau. 

Coordonnées  au  1*' Janvier  :  Ascension  droite    3'>24*28'.    Déclinaison   16*50'2'S. 

Étoilbs  filantes.  —  Dans  la  nuit  du  2  au  3  janvier,  un  essaim  d'étoiles  filantes 
peu  considérable,  mais  bien  caractérisé,  paraît  émaner  d'un  point  situé  près  de 
rhorizoii  septentrional,  entre  t  Hercule  et  p  Bouvier. 

Étoile  variable.  —  Les  minima  d'Algol  seront  aisément  observables  : 

27  Décembre  1885    Diminution  principale  S**  12"    soir.    Minimum  9^38"   soir. 
30         »         ....  »  »  5    1         »  >  6  27        » 

Eugène  Vimont. 


Errata.  —  Intervertir  l'ordre  des  nEUX  légendes  des  fig.  147  et  148  de  la  page  434; 
et  des  fig.  122  et  123  de  la  page  357. 


IMPRIMERIE   ET   LIBRAIRIE   DE   GAUTHIER-VILLAR8 
Quai  des  Orands-Augnstins,  55,  à  Paris. 

ENVOI  FRANCO  CONTRE  MANDAT-POSTE  OU  VALEUR  SUR  PARIS 


OUVRAGES  VENANT  DE  PARAITRE 


COURS  DE  PHYSIQUE 

A  l'usage 

DE  U  CUSSE  DE  MATHÉMATIQUES  SPÉCIALES 

PAR 

M.   JAMIN  I  M.   BOUTY 

Secrétaire  perpétuel  de  rAcadémie  des  Sciences.  |  Profeaseur  suppléant  à  la  Faculté  des  Sciences.. 

Deux  beaux  volumes  in-8  contenant  ensemble  plus  de  1000  pages,  avec  433  figures 
géométriques  et  ombrées  dans  le  texte  et  6  planches  sur  acier;  1886. . .    18  fr. 

ON  VEND  SÉPARÉMENT 

Tome  I  :  Instruments  de  mesure,  —  Hydrostatique.  —  Thermométrie.  —  Dila- 
tations. In-8,  avec  246  figures  dans  le  texte  et  1  planche 12  fr. 

Tome  II  :  Calorimétrie.  —  Optique  géométrique.  In-8,  avec  187  figures  dans  le 
texte  et  5  planches 8  fr. 

AVERTISSEMENT  PE  L'ÉDITEUR 

Ce  livre,  destiné  aux  élèves  de  la  classe  de  Mathématiques  spéciales,  correspond  exactement  au 
programme  actuel  d'admission  à  l'École  Polytechnique.  Il  comprend  quatre  petits  Traités  dis- 
tincts, extraits  du  grand  Ouvrage  de  MM.  Jamin  et  Bouty,  mais  rédigés  spécialement,  et  dès  Tori- 
gine,  en  vue  des  élèves  des  lycées. 

Ceux  d'entre  eux  qui  poursuivront  l'étude  de  la  Physique,  soit  dans  les  grandes  Ecoles  de  TEtat 
soit  dans  les  Facultés,  pourront  se  procurer  le  reste  du  grand  Ouvrage.  Ils  y  trouveront,  traitées 
avec  tous  les  développements  que  comporte  l'état  actuel  de  la  Science,  les  matières  correspondant 
à  l'enseignement  supérieur  de  la  Physique. 


BICHAT,  Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Nancy,  et  BLONDLOT,  Maître 
de  conférences  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Nancy.  —  Introduction  à  TËtude 
do  rfilectricité  statique.  In-8,  avec  64  figures  dans  le  texte;  1885 4  fr. 


PREFACE 


Le  présent  Ouvrage  traite,  comme  Tindique  son  titre,  de  l'Electricité  en  équilibre.  Dans  la  pensée 
des  Auteurs  il  est  destiné  à  établir  une  transition  entre  l'enseignement  élémentaire  et  l'étude 
approfondie  de  la  Science;  il  contient  le  développement  des  questions  d'Electricité  statique  qui 
peuvent  être  exigées  des  candidats  à  la  licence  es  sciences  physiques.  Dans  la  partie  théorique, 
on  a  développé  les  calculs  Indispensables  pour  l'intelligence  des  phénomènes,  en  laissant  de  côté 
les  Questions  qui  présentent  un  intérêt  exclusivement  mathématique.  Dans  la  partie  expérimen- 
tale on  a  donné  la  description  des  difTérents  appareils  en  s'attachant  surtout  aux  organes  essen- 
tiels de  façon  à  en  faire  comprendre  le  fonctionnement,  sans  insister  sur  les  détails  de  construc- 
tion et  de  manipulation.  .  ^       . 

Il  va  sans  dire  qu*on  a  fait  de  nombreux  emprunts  aux  Ouvrages  spéciaux,  entre  autres  a  ceux 
de  C.  Maxwell,  de  Sir  \V.  Thomson,  de  MM.  Mascart  et  Joubert  et  de  M.  G.  Wiedemann.  A  côté  de 
ces  emprunts,  on  trouvera  un  certain  nombre  de  raisonnements  et  de  démonstrations  qui  nous 

sont  propres.  .  ,,     ^  ,  , 

Nous  espérons  que  ce  petit  livre  pourra  être  utile  aux  personnes  qui,  possédant  les  premiers 
éléments  de  la  Physique,  désirent,  soit  dans  un  but  scientifique,  soit  dans  un  but  technique,  ac- 
quérir en  Électricité  des  connaissances  solidement  établies. 


MAISON    LEREBOURS    ET    SECRÉTAN 

G.  SECRÉTAN,  Successeur 
MAGASINS,  13,  place  du  Pont-Neuf.  —  ATELIERS,  54,  rue  Daguerre. 

Les  instruments  équatoriaux  désignés  ci-dessous  sont  des  instruments  complets,  à 
monture  très  stable,  avec  micromètre  de  position,  mouvement  d*horlogerie  isochrone, 
cercles  divisés  sur  argent,  divisions  de  calage,  rappel  dans  le  sens  horaire  sur  la  lunette, 
double  éclairage,  etc.,  etc. 

Pour  les  basses  latitudes,  le  pied  en  fonte  de  Tinstrument  aura  la  forme  rectangu- 
laire et  le  mouvement  d'horlogerie  sera  logé  dans  le  pied;  pour  les  hautes  latitudes,  le 
pied  sera  en  général  une  colonne  ronde  et  le  mouvement  d'horlogerie  sera  adapté  .i 
j'extérieur  de  la  colonne.  —  La  lunette  sera  pourvue  d'un  chercheur  de  grande  ouver- 
ture et  aura  au  moins  trois  oculaires  sans  compter  celui  du  micromètre  et  du  chercheur 

:  .  Lujidics  équâlorUb 

De   95-*   d'au  ver-     '' 

turBlibfé.P......  8.600 

De  1Û8-*  iï'ûuver- 

tum  libre*.. 4.000 

De  Î3â"*  d'ouver- 

lurt^  libre. 6.600 

Do  tûtl""   d'ouver- 

Lure  tibrt'. 9.000 

LuueUes  tuéridicmes 


660 


Debâ«*  de  diftinè- 
tre.etrclcdellf".. 

De  60—  avec  appa- 
reil de  ivtoiLnie- 
ment... 1.500 

t'trde  méridieujOb- 
jectir  de  67-- 
d'ouverturt',  très 
complet  t  retour- 
nement mécani- 
que.,...*,..,.... 4.000 

Lunette  muroJe ,  ob- 
jectif  do  55— 
d^ouvcriuru £50 


appareils  acxai^oires  pinr  les 
rélmdeurs  é<|ittori«ii. 

Spectro^jcopt^    stei-     '' 

laîredeSccohi...     200 
Spectroâcopiî    à   2 

prisme»..,, 600 

Spectroscûpû  avec 
vin  miororo  étriqué 
et  prisme  ^  vision 
directe. 650 


Spectroscope  à  2  prismes  en  flint  de 
48—,  objectif  de  27—  et  192—  de  dis- 
tance focale,  lentille  cylindrique  achro- 
matique,prisme  de  comparaison,  loupe 
pour  observer  l'image  sur  la  fente,  vis 
micrométrique  avec  tambour  divisé  sur 
argent,  second  tambour  servant  à  enre- 

fistrer  les  observations  faites  dans 
obscurité,  arrangement  pour  fixer 
avec  facilité  des  tubes  de  (xeissler  ou 
des  pointes  métalliques  entre  lesquelles 
on  fait  jaillir  l'étincelle  électrique,  3  '•• 
oculaires 1 ,000 


Le  même  avec  adjonction  d'un  prisme  à  ^  /' 
vision  directe 1^-^00 

Chambre  noire  pour  adapter  à  rinptru- 
mentet  pourvue  d*un  obturateur  instan- 
tané suivant  la  grandeur  de  Tinstru-     ^^^ 
ment T 800à    400 

Oculaire  à  g^rand  champ  et  faible  gros- 
sissement laissant  toute  la  lumière  que 
la  lunette  comporte ^*x 

Hélioscope 800 

Oculaire  à  lame  de  verre  divisée  en 
mailles  carrées  de  petit  niveau  pour 
prendre  des  mesures  avec  l'hélioscope.       0" 


Paris.  —  Imp.  Gauthier- Villars.  55,  quai  des  Grands-Âugustins. 


TABLE  DES  MATIÈRES 

DU  QUATRIÈME  VOLUME  DE  L'  «  ASTRONOMIE  ». 


N«  1. 

Pages. 

Annuaire  astronomique  pour  1885,  par  M.  G.  Flammarion 1 

L'Éclipsé  de  Lune  du  4  octobre  1884,  par  par  M.  G.  Flammarion 23 

Nouvelles  de  la  Science  :  Le  tremblement  de  terre  du  27  novembre,  31.  —  Ombres 
observées  sur  le  Soleil,  33.  —  Phénomène  observé  sur  une  tache  solaire,  34.  — 

Tué  par  un  aérolithe.  —  La  direction  des  ballons 35 

Observations  astronomiques,  par  M.  E.  Vimont 35 

N*2 

Observations  nouvelles  sur  Saturne  et  ses  anneaux,  par  M.  Henry  Pratt,  astro- 
nome à  Brighton 41 

Photographie  directe  d'une  trombe 47 

Archéologie  astronomique,  par  M.  G.  Flammarion 48 

Gonstruction  des  cadrans  solaires,  par  M.  Henri  Amat 55 

La  condensation  de  la  nébuleuse  solaire  dans  Thypothèse  de  Laplace,  par  M.  Mau- 
rice Fouché 55 

Les  tremblements  de  terre  de  TEspagne,  par  M.  Camille  Flammarion 60 

Nouvelles  de  la  Science  :  Encore  l'éclipsé  de  Lune,  69.  —  Nuages  singuliers,  70. 
—  La  comète  d'Encke.  —  Visibilité  de  Mercure.  —  La  lumière  zodiacale  71 .  — 
Les  occultations  d'AIdébaran.  —Recherches  photométriques  sur  Tanneau  de 
Saturne,  72.  —  Un  nouveau  pied  d'équatorial  à  la  portée  de  toutes  les  bourses. . .      73 

Observations  astronomiques,  par  M.  E.  Vimont 74 

Occultation  d*Aldébaran,  par  M.  E.  Blot 80 

N-3 

Les  tremblements  de  terre  [suite),  par  M.  G.  Flammarion 81 

Nouvelles    observations   sur  Jupiter,    par   M.    W.-F.    Dennino,    astronome    à 

Bristol 99 

Mouvement  propre  d'une  étoile  de  11*  grandeur,  voisine  d'AIdébaran 102 

Étude  océanographique,  par  le  colonel  H.  Mathiesen,  à  Hœskilde  (Danemark) 107 

Nouvelles  de  la  Science  :  Six  trombes  marines  observées  dans  l'espace  d'une  demi- 
heure,  110.  —  Halo  et  parhélies  observés  à  Orléans,  112.  —  Les  lueurs  crépus- 

culai  res 113 

Observations  astronomiques,  par  M.  E.  Vimont 113 

N-4 

Les  tremblements  de  terre  (suite  et  fin),  par  M.  G.  Flammarion 121 

Les  Grands  Instruments  de  l'Astronomie,  par  M.  Gériqny 138 

Le  Tornade  de  l'Orne,  par  M.  E.  Vimont , 147 

Nouvelles  de  la  Science  :  Influence  des  marées  sur  la  durée  de  la  rotation  de  la 
Terre,  152.  —  Satellites  de  Jupiter  visibles  à  l'œil  nu.  —  Passage  du  IV*  satel- 
lite de  Jupiter.    —    Magnétisme  terrestre,  154.  —  Ghute   d'uranolithe,   près 

d'Amiens.  —  Uranolithe  tombé  à  Hierschfelde,  en  Saxe 155 

Observations  astronomiques,  par  M.  E,  Vimont 155 

13 


474  TABLE  DES  MATIÈRES. 

Pages. 

Les  conditions  de  la  vie  dans  l'Univers,  par  M.  G.  Flammarion 16t 

Les  Grands  Instruments  de  l'Astronomie  (suite),  par  M.  P.  Gérign y 174 

Statistique  des  Tremblements  de  terre,  par  M.  C.  Détaille 183 

Nouvelles  de  la  Science  :  Chute  d'un  uranolithe  en  Turquie,  191.  —  L'appulse 
d'Aldébaran  photographiée  à  Prague,  192.  —  Société  scientifique  Flammarion, 

à  Marseille 193 

Observations  astronomiques,  par  M.  E.  Vimont 195 

N-6 

La  Photographie  directe  du  ciel,  par  la  Rédaction  de  la  Revue 201 

L'Observatoire  de  Nice  et  l'Astronomie  en  France,  par  M.  G.  Flammarion 206 

Murs  énigmatiques  observés  à  la  surface  de  la  Lune,  par  M.  E.-L.  Trouyblot...   212 
La  hauteur  des  lueurs  crépusculaires,  par  M.  Gh.  Dufour,  professeur  à  l'Académie 

de  Lausanne 216 

Nouvelles  de  la  Science  :  Les  saints  de  glace  et  le  mois  de  mai  1885, 224.  —  Phéno- 
mènes solaires  et  aurores  boréales.  —  Lueurs  crépusculaires  et  lumière  zodiacale, 
225.  —  Visibilité  de  Mercure.  —Vénus  visible  en  plein  jour.  —  Étoile  double  voi- 
sine du  p  du  Gapricorne,  226.  —  L'éclipsé  partielle  de  Lune,  du  30  mars,  obsenéeà 
Odessa. — Observations  curieuses  sur  la  Lune,  227. —La  Lune  à  Tenvers.— Aurores 
boréales.  —  Éruptions  volcaniques,  228.  —  Poussières  de  fer  dans  ratmosphère. 
—  Gréions  remarquables.  —  Les  victimes  de  la  foudre.  —  L'acide  carbonique  de 
Tair,  229.  —  Mouvements  lents  du  sol,  230.  —  Accélération  thermo-dynamique  du 
mouvement  de  rotation  de  la  Terre.  —  Densité  de  la  Terre.  —  Sur  le  mouvement 
relatif  de  la  Terre  et  de  Téther,  231.  —  Légers  tremblements  de  terre.  —  Les 
volcans  et  les  mesures  magnétiques.  —  L'inventeur  des  jumelles,  232.  —  Statue 
à  Giordano  Bruno.  —  L'Astronomie  popularisée,  233.  —  Un  cadran  solaire  de 

plus  de  deux  mille  ans.  —  Pensées 2J4 

Observations  astronomiques,  par  M.  E.  Vimont 235 

N»7 

Découverte  au  Groenland  de  masses  de  fer  natif,  d'origine  terrestre,  analogue  au  fer 

natif  d'origine  extra-terrestre,  par  M.  A.  Daubrée,  membre  de  l'Institut '^^^ 

Les  conditions  de  la  vie  dans  l'Univers  (suite  et  fin),  par  M.  G.  Flammarion 2W 

Tableau  des  divers  vitesses,  par  M.  James  Jackson '^ 

Nouvelles  de  la  Science  :  Nuages  singuliers,  271.  —  Taches  solaires  visibles  à 
l'œil  nu.  —  Lueurs  crépusculaires,  aurores  boréales,  taches  solaires.  —  Fausse 

alerte,  272.  —  La  Terre  et  l'Homme 273 

Observations  astronomiques,  par  M.  E.  Vimont 273 

N-8 

Le  Mascaret,  par  M.  G.  Flammarion 281 

l^éformeduGalendrier,  par  M.  Jules  Bonjban 28Î 

Les  grands  instruments  de  l'Astronomie  (suite),  par  M.  P.  Gériony ^^' 

Nouvelles  de  la  Science  :  Points  sombres  énigmatiques  observés  dans  les  cratères 
lunaires,  308.  —  Nouvelles  mesures  de  distances  d'étoiles,  309.  —  Occultation 
d'Aidébaran,  313.  —  Verrerie  d'optique.  —  Essai  de  lunettes.  —  Occultations.  — 

Petite  comète  télescopique,  314 ^^* 

Observations  astronomiques,  par  M.  P.  Vimont ^^^ 

N»9 

Le  cadran  solaire  à  rétrogradation  de  l'Observatoire  de  Juvisy,  et  le  miracle  d'Isaie, 
par  M.  G.  Flammarion ^*' 

Théorie,  formules  et  épures  de  la  rétrogradation  de  l'ombre,  par  M.  Etienne  Ghil- 
lemin,  colonel  du  génie  à  Lausanne ^ 


TABLE  DES  MATIÈRES.  175 

Pages. 

L'époque  glaciaire  et  les  anciens  glaciers  des  Alpes,  par  Ernest  Chantre,  direc- 
teur-adjoint du  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Lyon 340 

Passage  sur  le  disque  solaire  d*un  essaim  de  corpuscules,  vu  à  TObservatoire  de 
Zacatecâs  (Mexique),  par  José  A.  R.  Bonilla,  directeur  de  l'Observatoire  de 
Zacatecas 

Nouvelles  de  la  Science  :  Observation  d'une  trombe  marine,  351.  —  Taches 
solaires  visibles  à  l'œil  nu.  —Distances  des  étoiles,  nouvelles  mesures.  —Chute 
d'un  uranolithe  à  Valls,  Tarragone  (Espagne),  353.  —  Retour  de  la  comète  de 
Tuttle 354 

Observations  astronomiques,  par  M.  P.  Vimont 354 

N-  10 

Apparition  d'une  étoile  dans  la  nébuleuse  d'Andromède,  par  M.  G.  Flammarion..  361 
L'Astronomie  chez  les  Javanais,  par  M.  R.  A.  Vau  Samoigk,  Ingénieur  des  ponts 

et  chaussées  aux  Indes  Néerlandaises 367 

.  Théorie  de  la  variation  séculaire  de  l'aiguille  aimantée  par  M.  Diamilla  Muller.  .  372 

Éclipse  partielle  de  Lune  du  30  mars  1885,  par  M.  Ed.  du  Buisson 376 

L'Astronomie  des  anciens  philosophes  grecs,  par  M.  E.  Rossi  de  Giustiniani 379 

Le  cataclysme  de  Krakatoa  entendu  aux  antipodes 383 

Nouvelles  de  la  Science  :  La  grande  marée  au  mont  Saint-Michel,  385.  —  La 
rétrogradation  de  l'ombre,  387.  —  Curieux  effets  de  la  foudre,  391.  —  Bolide  lent 

ou  bradyte 394 

Observations  astronomiques,  par  M.  E.  Vimom 394 

N»  11 

Le  cadran  solaire  de  Nice,  par  M.  E.-L.  Trouvelot 401 

Compléments  sur  l'étoile  nouvelle,  par  M.  C.  Flammarion 408 

Nouvelle  mesure  de  la  température  du  Soleil,  par  M.  J.  Eriscon 416 

La  Météorologie  en  Australie,  par  le  D'.  Edmond  Barré 422 

Éclipses  totales  de  Soleil  visibles  depuis  mille  ans 424 

Nouvelles  de  la  Science  :  Concours  pour  la  réforme  du  calendrier.  —  Les  lueurs 
crépusculaires  :  couronne  autour  du  Soleil.  —  Passage  de  la  planète  Mars  devant 
l'amas  du  Cancer,  426.  —  Le  mont  Pilât,  laboratoire  des  orages,  427.  —  Société 
scientifique  Flammarion,  de  Marseille.  —  Mercure,  Mars  et  Saturne  dans  une 
lunette  de  95"",  428.  —  Propagation  des  tremblements  de  terre,  429.  —  Erreurs 
accréditées,  431.  —  Les  ténèbres  de  la  neuvième  plaie  d'Egypte.  —  Les  nuits 

d'Angleterre.  —  Nouvelles  mesures  du  compagnon  de  Sirius 432 

Observations  astronomiques,  par  M.  E.  Vimont 432 

Occultation  d'Aldébaran,  par  M.  Edouard  Blot 440 

N-  12 
Remarquables  protubérances  solaires  diamétralement  opposées,    par    M.   E.-L. 

Trouvelot 441 

L'éclipsé  totale  de  Soleil,  du  9  septembre  1885 445 

Protubérance  solaire  remarquable,  par  M.  A.  Riccè,  de  l'Observatoire  de  Palerme.    446 

L'Étoile  double  p  du  Cygne,  ou  Albireo,  par  M.  C.  Flammarion 447 

Curieux  aspect  de  l'ombre  de  Saturne  sur  ses  anneaux,  par  M.  J.  Lamps,  de  l'Obser- 
vatoire de  Bothkamp 449 

Les  problèmes  actuels  de  l'Astronomie,  par  M.  C.-A.  Youno,  de  l'Observatoire  de 

Princeton  (États-Unis) 450 

Les  curiosités  sidérales,  par  M.  Léon  Fenet 454 

Curieux  phénomène  atmosphérique,  par  M.  Alex.  Hodgkinson 457 

J.a  trombe  de  l'Orne 459 

Nouvelles  de  la  Science  :  Occultation,  461.—  Prétendue  communication  aux  habi- 
tants de  Mars.  —  Les  cadrans  solaires  hébraïques.  —  Singulières  prophéties 
astronomiques,  462.  —  Un  témoignage  oculaire  de  215  ans,  463.  —  Aspect  des 

nuages.  —  L'àme  humaine 464 

Observations  astronomiques,  par  M.  E.  Vimont 465 


TABLE  DES  GRAVURES. 


Fio.  Pagei. 

Frontispice 1 

1 .  Marche  et  positions  de  la  planète  J  upiter  pendant  Tannée  1885 14 

2 .  Marche  et  positions  de  la  planète  Saturne  pendant  Tannée  1885 16 

3.  Maximum  d'ouverture  des  anneaux  de  Saturne  en  1885  et  variation  générale  de 

leur  perspective 17 

4.  Esquisse  géométrique  pour  le  maximum  d'ouverture  des  anneaux  de  Saturne.  17 

5.  Inclinaison  en  1885  des  orbites  des  satellites  de  Saturne IS 

6.  Phases  de  Vénus  en  1885 19 

7.  Marche  et  positions  de  la  planète  Vénus  pendant  Tannée  1885 19 

8.  Marche  et  positions  de  la  planète  Mars  pendant  Tannée  1885 21 

9.  Marche  et  positions  de  la  planète  Uranus  pendant  Tannée  1885 >> 

10.  Hémisphère  terrestre  tourné  vers  la  Lune  au  milieu  de  TËclipse  du  4  oc- 

tobre 1884 S 

11.  Hémisphère  terrestre   tourné  vers  le  Soleil  au  milieu  de  Téclipse  du  4  oc- 

tobre 1884 3 

12.  Ombre  observée  sur  le  bord  d'une  tache  solaire ^ 

13.  Occultation  de  e  Poissons  par  la  Lune,  le  22  janvier  1885 37 

14.  Occultation  de  d  Lion  par  la  Lune,  le  1*'  février  1885 3î 

15.  Saturne,  le  11  février  1884,  d'après  les  observations  de  M.  Pratt ^1 

16.  Section  probable  des  anneaux  de  Saturne 46 

17.  Trombe  observée  aux  États-Unis 47 

18.  Étoiles  du  Nord  gravées  sur  un  polissoir  du  temps  de  Và.ge  de  pierre,  trouvé 

en  Russie 48 

19.  Construction  des  cadrans  solaires  :  Mur  vertical  5» 

20.  —                 —             —            Planche  horizontale 52 

21.  —                —             _           Coupe  selon  le  plan  méridien 53 

22.  —                 —              —           Coupe  parallèle  à  Téquateur 53 

23.  —                 —             —           Lemur 54 

24.  —                —             —           Cadran  vertical  du  Sud-Ouest 54 

25.  Extension  des  tremblements  de  terre  de  TËspagne  :  Açores,  Portugal,  Espagne. 

France,  Italie,  Autriche 67 

26.  Zone  d'intensité  maximum  du  tremblement  de  terre  en  Espagne ^ 

27.  Nuages  singuliers 70 

28.  Occultation  de  38  Bélier  par  la  Lune  le  20  février  1885 "^ 

29.  Occultation  de  o  Lion  par  la  Lune  le  27  février  1885 "^ 

30.  Carte  pour  l'occultation  d'Aldébaran  par  la  Lune,  le  22  février  1885 ^ 


TABLE  DES  GRAVURES.  477 

rw  Pages. 

31 .  Tremblements  de  terre  de  l'Espagne  :  Les  ruines  d'Alhama 81 

32.  —                  —                —         Effets  de  la  première  secousse —  85 

33.  Vue  générale  des  crevasses  de  Guevejar,  d'après  une  photographie 87 

34 .  Éruptions  à  Albunuelas 90 

35.  Crevasse  sur  la  route  de  Loja  à  Alhama  :  le  dernier  mulet 91 

36.  Aspect  de  Jupiter  le  27  novembre  1884 100 

37.  Aspect  de  Jupiter  le  31  décembre  1884 101 

38.  Mouvement  propre  d'Aldébaran 103 

39.  Mouvement  de  perspective  que  devrait  avoir  l'étoile  de  11*  grandeur  si  elle 

était  fixe 103 

40.  Mesures  micrométriques  faites  avant  1877  sur  l'étoile  voisine  d'Aldébaran 104 

41 .  Mouvement  relatif  séculaire  de  Tétoile  voisine  d'Aldébaran 105 

42.  Mouvement  propre  absolu  de  l'étoile  voisine  d'Aldébaran '. .  106 

43.  Positions  moyennes  annuelles  des  Lignes  isothermes  de  l'eau,  dans  la  région 

équatoriale  de  l'Océan  Atlantique 107 

44.  Trombes  marines  :  Aspect  des  trombes  à  10*45-,  à  10*48-  et  10''50- 110 

45.  —              —                 —                    à  10*58-età  nSàll^S-età  UMO-..  111 

46.  —  —     Premier  aspect  de  la  6«  trombe  et  dernier  aspect  de  la 

6*  trombe 111 

47 .  Halo  et  parbélies  observés  à  Orléans,  le  17  janvier  1885 1 12 

48.  Appulse  de  117  Taureau,  le  22  mars  1885 116 

49.  Occultation  de  BAC  3836  par  la  Lune,  le  28  mars  1885 116 

50.  Hommes  lancés  en  l'air  à  Port-Royal-de-la-Jamaîque  en  1692 121 

51 .  Déplacement  des  pierres  des  obélisques  de  San  Stéphane 123 

52.  La  ville  d'Oniah  disparaissant  entièrement  dans  des  crevasses 125 

53.  Gouffre  formé  près  d'Oppido  (Galabre)  en  1783 127 

54 .  Navires  jetés  sur  le  rivage  par  la  secousse  de  Krakatoa 129 

55.  Changements  produits  à  la  surface  du  sol 131 

56.  Oscillations  tracées  par  le  pendule  enregistreur  des  tremblements  de  terre...  135 

57.  Variations  du  nombre  des  tremblements  de  terre  suivant  les  heures  du  jour..  136 

58.  Variations  du  nombre  des  tremblements  de  terre  suivant  les  saisons 137 

59.  Observation  du  passage  apparent  d'une  étoile  derrière  l'un  des  fils  du  micro- 

mètre   143 

60.  Carte  de  la  région  ravagée  par  l'ouragan  du  16  février  1885 148 

61 .  Effet  du  tornade  sur  les  arbres 149 

62-      —              -              —              150 

63.  —              —              —              151 

64 .  Occultation  de  X  Gémeaux  par  la  Lune,  le  20  avril  1885 156 

65.  Occultation  de  d  Lion  par  la  Lune,  le  24  avril  1885 156 

60.  Principaux  mondes  du  système  solaire 161 

67.  Instrument  méridien  donné  par  M.  Bischoffsheim  à  l'Observatoire  de  Paris...  179 

68.  Distribution  des  volcans  sur  le  globe  terrestre 190 

69.  Uranolithe  tombé  à  Aïntale  (Turquie) 192 

70.  L*appulse  d'Aldébaran  photographiée  à  Prague 193 

71 .  Siège  de  la  Société  scientifique  Flammarion,  de  Marseille 195 

72.  Occultation  de  a  Ecrevisses  par  la  Lune, le  19  mai  1885 196 

73.  Occultation  de  6  Balance  par  la  Lune,  le  28  mai  1885 196 

74.  Amas  de  Persée,  photographié  directement 201 

75.  Photographie  directe  de  cinq  degrés  carrés  du  Ciel 205 

76.  Plan  général  de  l'Observatoire  de  Nice 207 

77.  La  coupole  flottante  de  22-  de  diamètre 208 

78.  La  coupole  sur  son  piédestal 209 

79.  Coupe  du  flotteur  de  la  coupole 210 

80.  Mur  rectiligne  traversant  le  cirque  lunaire  d'Eudoxe 213 

81 .  Détermination  de  la  hauteur  des  lueurs  crépusculaires 218 

82.  —                 —                 —                 —                  219 


478  TABLE  DES  GRAVURES. 

Fio.  Pages. 

83.  Grêlon  tombé  à  Philippeville ? 229 

84 .  Occultation  de  x*  et  x*  Capricorne  par  la  Lune,  le  29  juin  1885 236 

85.  Appulse  de  {i  Poissons,  le  6  juillet  1885 236 

86 .  Blocs  de  fer  natif  trouvés  au  pied  d'une  falaise  du  Groenland 241 

87.  Respiration  aquatique  et  respiration  aérienne 251 

88.  L'Eurypharj'nx  pelecanoïdes 255 

89.  Les  habitants  de  la  période  Jurassique 257 

90.  Ce  que  nous  respirons  dans  l'air  transparent 259 

91 .  Ce  que  nous  respirons  près  d'une  maison  en  démolition 260 

92.  Les  infusoires  de  l'eau  de  puits 261 

93.  Nuages  singuliers 271 

94.  Occultation  de  m  Vierge  par  la  Lune,  le  18  juillet  1885 275 

95.  Appulse  de  29  Ophiuchus  le  22  juillet  1885 275 

96.  Le  Mascaret,  à  Caudebec 281 

97.  Plan  de  l'embouchure  de  la  Seine 285 

98.  Carte  des  étoiles  fondamentales  de  la  Connaissance  des  Temps 297 

99.  Le  cratère  lunaire  de  Copernic,  d'après  Secchi 310 

100.  Carte  pour  l'occultation  d'Aldébaran  parla  Lune,  le  2  septembre  1885 313 

101 .  Occultations  9*  Sagittaire  par  la  Lune,  le  21  août  1885 316 

102.  Occultation  de  6*  et  6*  Taureau  par  la  Lune,  le  1*'  septembre  1885 316 

103.  Cadran  solaire  à  rétrogradation  de  l'observatoire  de  Juvisy 321 

104 .  Cadran  monté  à  charnière 324 

105.  Rétrogradation  de  l'ombre  sur  le  cadran  solaire 326 

106.  Epure  de  la  rétrogradation  de  l'ombre 329 

107.  _  _  _  332 

108.  —  -^  —  333 

109.  —  -  -  334 

110.  -  -  -_  336 

111.  -  _  _  337 

112.  -  _  -  338 

113.  Carte  des  anciens  glaciers  des  Alpes 341 

114.  Rochers  moutonnés,  polis  et  striés,  à  M ontagnols  (Savoie) ^ 

115.  La  Pierre  de  la  Mule-du-Diable 344 

116.  Bloc  erratique  perché 345 

117.  Bloc  de  gneiss  amphilolique  de  l'Oiseau 346 

118.  Lignes  suivies  par  les  corpuscules  devant  le  disque  solaire 348 

119.  Photographie  du  Soleil  et  de  l'un  des  corpuscules 349 

120.  Trombe  marine  observée  à  San  Remo 3ol 

121.  Uranolithe  tombé  le  7  juillet  1885  à  Valls  (Espagne) 354 

122.  Occultation  de  y  Taureau  par  la  Lune,  le  28  septembre  1885 357 

123.  Occultation  de  X  Gémeaux  par  la  Lune,  le  !•'  octobre  1885 357 

124.  La  nébuleuse  d'Andromède  et  son  étoile  nouvelle 361 

125 .  Calendrier  javanais 368 

126.  Méthode  des  ombres  pour  diviser  l'année  solaire  en  douze  mongso  ou  mois.  ^ 

127.  Constellations  observées  par  les  Javanais  pour  les  époques  de  la  culture 

du  riz 371 

128.  Marche  de  la  Lune  dans  l'ombre  de  la  Terre  pendant  l'éclipsé  du  30  mars 

observée  à  l'île  de  la  Réunion 3<6 

129.  Marche  de  l'ombre  sur  le  disque  lunaire  pendant  l'éclipsé  du  30  mars  observée 

à  l'île  de  la  Réunion 377 

130.  Porte  d'entrée  du  mont  Saint-Michel  à  marée  basse 386 

131 .  Porte  d'entrée  du  mont  Saint-Michel  à  marée  haute 386 

132.  Éclat  de  bois  lancé  par  la  foudre  derrière  le  gond  d'une  charnière  de  fenêtre.  392 

133.  Occultation  de  B.  A.  C.  1526  par  la  Lune,  le  26  octobre  1885 396 

134.  Occultation  de  l  Cancer  par  la  Lune,  le  29  octobre  1885 396 

135.  Le  cadran  solaire  de  Nice ^^^ 


TABLE  DES  GRAVURES.  479 

Fx«.  Pages. 

136.  Région  centrale  de  la  nébuleuse  d'Andromède 405 

137.  Le  cratère  lunaire  de  Copernic 411 

138.  La  constellation  du  Dragon 413 

139.  L'étoile  double  |i.  du  Dragon 414 

140.  Mouvement  observé  sur  Tétoile  double  {i  du  Dragon 415 

141 .  Le  pyromètre  solaire  de  M.  J.  Ericsson 417 

142.  Coupe  du  pyromètre  solaire  montrant  la  marcbe  des  rayons  réflécbis 418 

143.  Tracé  des  éclipses  passées  sur  l'Angleterre  depuis  mille  ans 425 

144.  Passage  de  la  planète  Mars  devant  Tamas  du  Cancer,  le  26  septembre  1885...  427 

145.  Mercure  le  22  septembre 429 

146.  Mercure  le  17  septembre 429 

147.  Occultation  d'Aldébaran  par  la  Lune,  le  22  novembre  1885 434 

148.  Occultation  d'Uranus  par  la  Lune,  Je  1"  décembre  1885 434 

149.  Flammes  antipodiques  de  460  000^"  de  hauteur 441 

150.  Détail  des  deux  protubérances  de  la  fig.  149 443 

151.  —                 -               -             *—        443 

152.  Aspect  du  Soleil  pendant  Téclipse  totale  du  9  septembre  1885 445 

153.  Curieux  aspect  de  l'ombre  de  Saturne  sur  ses  anneaux 449 

154.  Amas  d'étoiles  du  Grand  Chien 455 

155.  Curieux  phénomène  atmosphérique 457 

156.  Marche  de  la  trombe  de  TOrne  du  28  octobre  1885 459 

157.  Occultation  de  Tétoile  7774B.A.C' 461 

158.  Appulse  de  t  Taureau,  le  20  décembre  1885 467 

159.  Occultation  de  85  Baleine  par  la  Lune,  le  14  janvier  1880 467 

160.  Passage  de  Saturne  auprès  de  ii  Gémeaux 467 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


AbrèTlatlons  les  plus  usitées,  8. 

Académie  des  Sciences.  La  Direction  des 
ballons. 35.  —Tremblements  de  terre  en  Es- 
pagne, 88.  —  Les  Uranolithes,  '.'64.  —  Coor- 
données des  étoiles  circumpolaires,  307.  — 
Le  cataclysme  de  Krakatoa  entendu  aux  Anti- 
podes, 383.  —  Propagation  des  tremblements 
de  terre,  430. 

Accélération  du  mouvement  de  la  terre,  230. 

Acide  carbonique  de  Tair,  229. 

Aérollthes.  Tué  par  un  aérolithe,  35.  —  Chutes 
d'aérolithes  &  Amiens,  155;  —  en  Saxe,  155;  — 
en  Turquie,  191  ;  —  en  Espagne,  353. 

Amenda  astronomique  pour  1885,  7  à  14. 

Algnllle  aimantée.  Sa  déviation  à  Paris,  283. 

—  Théorie  de  sa  variation  séculaire,  372. 

Aldébaran.  Occultations  diverses.  6.  —  Oc- 
cultations mensuelles,  37,  77,  80,  117, 157,  237, 
276.  317,  358,  396,  434,  440,  474.  —  Les  occulta- 
tions d'Aldébaran,  72.  —  Mouvement  propre 
d' Aldébaran,  102.  —  Parallaxe  d'Aldébaran, 
106,  311.  —  Appulse  d'Aldébaran  à  Prague, 
192.  —  Occultation  du  2  septembre,  213.  —  Oc- 
cultation du  22  novembre,  440. 

Alpes.  —  Tremblements  de  terre  dans  la  ré- 
gion des  Alpes,  tassement  à  la  base  de  ces 
montagnes,  31, 32,  33. 

Amas  du  Cancer,  426. 

Anneaux  de  Saturne.  Leur  granacnr  et  leur 
étude,  16, 17, 18.  —  Observations  nouvelles,  41. 

—  Lignes  noires,  44.  —  Excentricité  des  an- 
neaux par  rapport  au  globe  de  Saturne,  45.  — 
Excentricité  des  anneaux,  45.  —  Ombre  du 
globe  sur  les  anneaux,  section  probable  des 
anneaux,  45.  —  Constitution  des  anneaux,  46. 

—  Recherches  photométriques,  72. 

Annuaire  astronomique  pour  1885, 1  à  23. 

Antipodes.  Le  cataclysme  de  Krakatoa  en- 
tendu aux  Antipodes,  383. 

Août  1885.  Observations  principales,  11. 
Apparition  d'une  étoile  dans  la  nébuleuse 
d'Andromède,  361,  403,  408. 

Appel  au  dévouement  scientifique  des  lecteurs 
de  la  Revue,  63. 

Appulse  d'Aldébaran,  à  Prague,  192. 

Aro-en-del  à  cheval  sur  le  méridien,  113. 

Archéologie  astronomique,  48. 

Ascension  droite  des  étoiles.  305. 

Astronomie.  Utilité  de  l'Astronomie,  1.  —  Les 
Grands  instruments,  138.  —  L'Astronomie  en 
France,  207.  —  L'Astronomie  popularisée,  233. 
— L'Astronomie  chez  les  Javanais,  367.  —  L'As- 
tronomie des  anciens  philosophes  grecs,  379. 

Astronomique.  Archéologie  astronomique, 48. 


u  Pression  de  l'air  et  ses  efret> 
sur  la  terre,  132.  —  Poussières  de  fer,  229. 

Aurores  boréales,  225,  228,  272. 

ATril  1885.  Observations  principales,  9. 

Bactéries  et  infusoires,  258. 

Ballons.  Direction  des  ballons,  35. 

Bandes  sombres  de  Saturne,  42. 

Bases  essentielles  d'un  calendrier  normal,  288. 

BoUde  lent,  394. 

Bradyte,  394. 

Bulletin  mensuel  de  la  Société  scientifique 
Flammarion  d'Argentan.  82. 

Bureau  central  météorologique  de  Fraocé, 

Bureau  des  Longitudes,  297. 

cadrans  solaires.  Construction  des  cadno^ 
solaires,  50.  —  Regrettable  faute  d'impression 
dans  le  texte,  120.  —  Un  cadran  solaire  de  i)lu« 
de  deux  mille  ans,  234.  —Cadran  solaire i ré- 
trogradation de  l'Observatoire  de  Javi^jet  le 
miracle  d'Isale,  321, 388,  389.— Cadran  solaire 
de  Nice,  401. 

Calculs  de  la  hauteur  des  lueurs  crépaKU- 
laires,  218. 

Calendrier.  Réforme  du  Calendrier,  287.  - 
•  Base,  288.  —  Critique,  291.  —  Plan,294.  -Con- 
cours, 426. 

Cataclysme  de  Krakatoa  entendu  aux  Ab- 
tipodes,  383. 

Catalogue  d'étoiles,  son  utilité,  139. 

Catastrophe  de  Lisbonne  en  1755, 96. 

Causes  des  lueurs  crépusculaires,  221,  2^2. 

Cercle  méridien,  141. 

Cérés.  Observations  astronomiques  meo* 
suelles,  39,  77,  118,  158,  198,  238,  ?78,  319,  35?, 
477. 

Chariot  (Constellation  du).  Dessin  de  Fâge  de 
pierre,  d'une  époque  inconnue,  48. 

Ciel  étoile.  Aspect  mensuel,  7  à  14.  -Étude 
mensueUe,  35,  74, 113, 155, 195,235,273, 314, 3o4. 
394,  432,  472.  —  Photographie  directe  du  cieL 
201. 

Cirque  lunaire  d'Eudoxe.  Mur  rectiligne,  213. 

Coloration.  Aspect  du  disque  lunaire  pendant 
une  éclipse  totale,  23,  69,  «O. 

Comète  télescopique,  314. 

Comète  d'Bnche.  Obsenrations  de  la  Comèk. 
71.  —  Mouvement  de  la  Comète  d'Eacke,  1«l>- 

Comète  de  Tuttle,  354. 

Compléments  sur  l'étoile  située  dans  U  nébu- 
leuse d'Andromède,  408. 

Concours  pour  la  réforme  du  Calendrier,  426. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


481 


Condensation  de  la  nébuleuse  solaire  dans 

rhypothëse  de  Laplace,  55. 
Conditions  de  la  vie  dans  l'Univers»  161,  249. 
Coordonnées  des  étoiles,  305. 
Gorpnsonles  vus  sur  le  disque  solaire,  347. 
Courant  (Le)  équatorial,  109. 
Couronne  autour  du  Soleil,  426. 
Cratères  lunaires.  Mur  rectiligne  d'Eudoxc, 

213.  —  Points  sombres  ênigmatiques  observés 

dans  Copernic,  Grlmaldi,  Gay-Lussac,  309, 

410. 

Crevasses  dans  le  sol,  à  Guevejar,  68, 89.  — 
Dans  les  Calabrcs,  124, 125. 

Critique  des  diverses  subdivisions  du  calen- 
drier grégorien,  291. 

Curieux  effets  de  la  foudre,  391. 

Décembre  1885.  —  Obser^'ations  principales. 

Déclinaison  des  étoiles,  177, 306. 

Découvertes  au  Groenland  de  fer  natif,  dori- 
gine  terrestre,  analogue  au  fer  natif  d'origine 
extra-terrestre,  241. 

Dégagements  de  gaz,  en  Espagne,  91. 

Densité  do  la  Terre,  231. 

Devise  du  cadran  solaire  de  Nice,  403. 

Distance  des  étoiles,  311,  353. 

Divisions  d'Encke  et  de  Cassini,  sur  Saturne, 
44.  , 

Éclipses.  Éclipses  de  Soleil  et  de  Lune,  5.  — 
Eclipse  totale  de  Lune  du  4  octobre  1884,  2:). 
—Eclipse  annulaire  de  Soleil  du  16  mars  1885, 
114.  -^  Eclipse  partielle  de  Lune,  le  30  mars 
1885, 113.  —  Eclipse  totale  de  Soleil  du  8  sep- 
tembre 1885,  315.  —  Eclipse  partielle  de  Lune 
du  24  septembre  1885,  356.  —  Eclipses  des  sa- 
tellites de  Jupiter,  40, 79,  119, 159, 200, 240,  360, 
399,  478.  —  Observation  d'une  éclipse  totale  de 
Lune  à  Constantinople.  69.— Eclipse  partielle 
de  Lune,  du  30  mars,  observée  à  Odessa,  227. 
—  A  la  Réunion,  37<3.  — -  Eclipses  totales  de 
Soleil  visibles  on  Angleterre  depuis  mille 
ans,  424. 

Enregistreur  (Pendule)  des  tremblements  de 
terre,  135. 

Époque  glaciaire  et  les  anciens  glaciers  des 

Équatoriale  (zone)  de  Saturne,  43.  —  Un  nou- 
veau pied  d'équatorial,  73.—  Le  courant  équa- 
torial,  109. 

Équinoxe.  Précession  des  équinoxes,  300. 

Erratique.  Bloc  erratique  perché,  345. 

Erreurs  d'observation,  144, 174, 299.  —  Erreurs 
accréditées,  431. 

Éruptions  volcaniques,  228. 

Essai  des  lunettes,  314. 

Essaim  de  corpuscules  vus  sur  le  disque  so- 
laire, 347. 

Éther.  Mouvement  relatif  do  la  Terre  et  do 
l'èther,23l. 

Étoile  de  11*  grandeur  voisine  d'Aldûbaran, 
102.  —  Catalogues  d étoiles.  139.  —  Etoiles 
doubles  et  multiples,  106.  —  Détermination  de 
la  déclinaison  des  étoiles,  177.  —  Etoile  double 
voisine  de  p  Capricorne,  226.  —  Apparition 
d'une  étoile  dans  la  nébuleuse  d'Andromède, 
361,  403, 40S.  —  Etoile  double  (*  Dragon,  413. 

ÉtoUes  filantes,  120,  160,  280,  400,  439,  480. 

Étoiles  fondamentales.  Détermination  de 
leur  position,  297. 

ÉtoUes  variables.  —  Algol,  439,  480. 

Étude  océanographique,  107. 

Excentricité  de  plusieurs  planètes  et  étoiles 
doubles,  168. 

Expérience  do  la  rétrogradation  de  l'ombre, 
à  Lausanne,  335. 


Explication  des  tremblements  de  terre,  96, 

Fausse  alerte,  272. 

Fer  natif  d'origine  terrestre,  analogue  au  fer 
natif  d'origine  extra-terrestre,  241. 

Février  1885.  Observations  &  faire,  8. 

Formation  des  planètes,  56. 

Formule  de  la  rétrogradation  de  l'ombre,  329. 

Foudre.  Les  victimes  de  la  foudre,  229.  —  Cu- 
rieux efiféts  de  la  foudre,  391. 

Galaxie  dans  le  ciel,  406. 

Gas  (Dégagements  de),  en  Espagne,  91. 

Glace.  Les  saints  de  glace  et  le  mois  de  mai 
1885, 224. 

Glaciers  des  Alpes,  340.  —  Glaciers  quater- 
naires, 346. 

Globe.  Étude  du  globe  de  Saturne,  42.  —  Tem- 
pérature de  l'intérieur  du  globe  terrestre,  62. 

Grégorien.  Critique  de  ses  subdivisions,  291. 

Gréions  remarquables,  229. 

Guévejar.  Modifications  dans  le  régime  des 
eaux,  crevasses,  68, 89, 90. 

Habitabilité  de  la  Lune,  4,  —  des  planètes, 
161, 162, 163, 164. 

Halo  observé  à  Orléans,  112. 
Hauteuif  des  lueurs  crépusculaires,  216. 
Horloge  sidérale.  Correction  des  erreurs,  174. 
InfUsolres  et  bactéries,  258. 
Instrument  méridien   et  les  observations 

méridiennes,  138, 174, 297. 
Irrégularités  sur  le  contour  de  l'ombre  de 

la  Terre  sur  le  disque  lunaire,  lors  do  lé- 

clipse  totale  du  4  octobre  1884,  28,  29.  :K). 
Janvier  1885.  Phénomènes  visibles,  8. 
Juillet  1885.  Observations  principales,  11. 
Juin  1885.  Observations  principales,  10. 
Jumelles.  L'inventeur  des  jumelles,  232. 
Junon.  Observations  astronomiques  de  chaque 

mois,  39,  78,  119,  158,  199,  238,  279,  319,  477. 

Jupiter.  Occultation  de  Jupiter  par  le  disque 
lunaire,  39G,  474.  —  Observations  astronomi- 
ques de  chaque  mois,  39,  78,  119,  159, 199,  239, 
279,  360,  398,  438,  478.  —  Visibilité  de  la  pla- 
nète, 14.  —  Satellites  de  Jupiter,  15.  —  For- 
mation de  Jupiter,  57.  —  Observations  de  la 
tache  rouge,  1)9.  —  3»  satellite  visible  k  l'œil 
nu,  154.  —  Passage  du  4»  satellite,  154.  —  Pho- 
tographie du  mouvement  de  Jupiter  et  de  ses 
satellites,  20i. 

Jnvlsy  (Observatoire  de).  Observation  de  Té- 
clipse  totale  de  Lune  du  4  octobre  1884,  30.  — 
Constellations  gravées  près  de  la  garde  d'un 
sabre  Japonais,  50.  —  Eludes  de  la  rétrogra- 
dation de  l'ombre,  321.  324.  — Apparition  d^me 
étoile  dans  la  nébuleuse  d'Andromède,  30"^  — 
Coups  de  foudre,  391. 

Krakatoa.  L'éruption  est  la  cause  des  lueurs 
crépusculaires,  222.  —  Poussières  lancées, 
249,  —  Cataclysme  entendu  aux  Antipodes,  383. 

Laboratoire  des  orages,  mont  Pilât,  427. 

Liaplace  (Hypothèse  de)  et  condensation  de  la 
nébuleuse  solaire,  55. 

Lueurs  crépusculaires,  teintes  variées,  113. 

—  La  hauteur  des  lueurs  crépusculaires, 
observations  variées,  216.  —  Causes  de  ces 
lueurs,  221,  222.  —  Phénomènes  de  lueurs  cré- 
pusculaires, 225,  272,  378,  426. 

Lune.  Étude  attentive  de  la  surface  lunaire,  4. 

—  Eclipses  de  Lune,  5.  —  Occultations  d'é- 
toiles par  la  Lune,  6.  —  Eclipse  totale  de 
Lune  au  4  octobre  1884,  23.  —  Observation.^ 
astronomiques  de  chaque  mois,  36,  75,  115, 
156,  196,  236,  275,  316,  355.  395,  433,  473.  —  Co- 
loration du  disque  pendant  une  éclipse  totale 
de  Lune,  70.—  Murs  ênigmatiques  sur  la  sur- 


482 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


face  lunaire,  2 1'2.  —  Eclipse  partielle  de  Lune, 
observée  à  Odessa,  227.  —  Tache  rougeâtre 
sur  le  disque  lunaire,  227,  228.  —  La  Lune  à 
l'envers,  228.  —  Le  Clair  de  Lune,  282.  — 
Points  sombres  énigmatiques ,  308,  410.  — 
Eclipse  partielle  du  30  mars  1885,  376. 

Lunette  méridienne,  141,  174,  207.  —  Essai  des 
lunettes,  314. 

Mal  1885.  Observations  principales,  10. 

Mafirnètisme  terrestre,  154.  —  Mesures  ma- 
gnétiques et  les  volcans,  232.  —  Phénomène 
général  du  magnétisme  terrestre,  372. 

Marées.  Les  grandes  marées  de  l'année,  leur 
observation  à  Saint-Malo,  dans  la  baie  du 
Mont-Saint-Michel  et  à  Caudebec,6.  —Grande 
marée  du  10  septembre,  355.  —  Grande  marée 
du  9  octobre,  395.—  Les  marées  ont-elles  pour 
efTet  de  ralentir  le  mouvement  de  rotation  de 
la  terre?  107.  —  Influence  des  marées  sur  la 
durée  de  la  rotation  de  la  terre,  152.  —  La 
grande  marée  au  mont  Saint- Michel,  385. 

Marine.  Trombe  marine  à  San-Remo,  351. 

Mars  1885.  Observations  principales,  9. 

Mars.  Visibilité  de  la  planMe  Mars,  20,  21,  428 

—  Observations  astronomiques  mensuelles, 
38, 198,  238,  277,  318,  359,  398,  437,  477.  —  Pas- 
sage devant  l'amas  du  Cancer,  426. 

Mascaret,  à  Caudebec,  281. 

Mercure.  Observations  astronomiques  men- 
suelles, 38,  117,  157,  197.  237,  276,  3T7,  358,  397, 
4.%>,  475.  —  Mercure  visible  à  l'œil  nu,  71, 226, 
428. 

Méridien.  Instrument  méridien  et  les  obser- 
vations méridiennes,  138, 174,  297. 

Mesure  de  la  température  du  Soleil,  416.  — 
Du  compagnon  de  Sirius,  432. 

Météorites.  Etude  des  météorltes,247.  —  Chute 
de  météorites  à  Laigle,  264.  —  De  Vais,  354. 

Météorologie.  Erreurs  d'observations,  301.  — 
La  Météorologie  en  Australie,  422. 

Miracle  d'Isale,  321. 

Monvement  propre  d'Aldébaran  et  d'une  étoile 
voisine  de  il«  grandeur.  102.—  Les  marées  ne 
ralentissent  pas  le  mouvement  de  la  terre, 
107.  —  Mouvements  lents  du  sol,  230.  —  Accé- 
lération du  mouvement  de  rotation  de  la  terre, 
230.  —  Mouvement  relatif  de  la  Terre  et  de 
l'éther,  231. 

Mnrs  énigmatiques  observés  à  la  surface  de 
la  Lune,  212. 

Nébuleuse  solaire  dans  l'hypothèse  de  La- 
place,  55.  —  Apparition  d'une  étoile  dans  la 
nébuleuse  d'Andromède,  361,  403,  408.  —  La 
nébuleuse  d'Andromède  et  la  voie  lactée,  406. 

Neptune.  Observation  de  cette  planète,  22, 400, 
439.  —  Formation  de  Neptune,  57.  —  Neptune- 
Soleil,  166.  —  Neptune  et  son  satellite,  431. 

Novembre  1885.  Observations  principales,  13. 

Nuages  singuliers,  70,  271. 

Nuits  d'Angleterre,  432. 

Nutatlon,  302. 

Observations  astronomiques  à  faire  chaque 
mois,  35,  74,  113, 155, 195,  235, 273,  314,  354,  394, 
432,472.— Observations  nouvelles  sur  Saturne 
et  ses  anneaux,  41.  —  Observations  thermo- 
métriques, 62.  —  Tache  rouge  de  Jupiter,  99. 

—  Observations  méridiennes,  138,  297.  —  Des 
étoiles,  140.  —  Erreurs  d'observation,  144, 174. 

—  Observations  curieuses  sur  la  Lune,  227, 
228, 308, 410.  —  Observations  de  nuit,  307. 

Obsenrateires.  Observatoire  du  Mont- Gros, 
31.— De  Juvisy, 50, 321.324,391.— DeBruxeUes, 
95.  —  De  Greenv/ich,  96,  415.  —  De  Paris,  138, 
141, 146,200,224,  363.  —  De  Lima,  146.  —  Du 
Parc  Sainl-Maur.  154.  —  De  Nice,  206.  —  De 
Washington,  311.  —  De  Puikova,  311.  —De 
Dunsink,312.  —  De  Zacatecas,  347.—  De  Klel, 


362.  —  De  Dorpat,  362.  —  De  Palerme,  3W.  - 
De  Kœnigsberg,  366.  —  D'Hartwell,  366. 
Ooonltations  d'étoiles  par  la  Lune,  (i,  7.  - 
Occultations  mensuelles,  36,  75,  115,  157,14^. 
236,  275,  316,  356,  395,  433,  473.  -  Occultations 
d'Aldébaran,  72,  313.  —  Occultation  de  .*  Ba- 
lance, 314.  —  D'Aldébaran,  le  22  novembre. 
440. 

Océan  atlantique,  ses  courants,  108. 

Octobre  1885.  Observations  principales,  i'. 

Ombre.  Irrégularités  observées  sur  le  contour 
de  Tombre  de  la  Terre  sur  le  disque  do  la 
Lune,  durant  Téclipse  totale  du  4  octobre  m, 
28,  29,  30.  —  Ombres  observées  sur  le  Soleil, 
33,  34.  —  Ombre  du  globe  de  Saturne  sur  àes 
anneaux,  45.  —  Rétrogradation  de  l'ombre. 
théorie  et  formules,  329, 387, 390. 

Optique.  Verrerie  d'optique  de  M.  Feil,  31». 

Orages.  Mont  Pliât,  laboratoire  des  orage^. 

Oscillations  tracées  par  le  pendule  eoregit- 
treur  des  tremblements  de  terre,  134. 

Pallas.  Observations  astronomiques  de  chaque 
mois,  39,  77,  i18,  158,  199,-^38,  278,  319,  kTl.  - 
Photographie  du  mouvement  de  Pallaâ,'20ft. 

ParaUaze  d'Aldébaran,  106,  311.-  DeVèp. 
311.  —  Delà  61*  du  Cygne,  311,  313.  -  lob 
Groombridge,  312.  —  Double  £  2486,  Cygne,  i 

Parbélies  observés  à  Orléans,  112. 

Passade  sur  le  disque  solaire  d'un  essaim  de 
corpuscules,  347.  —  Passage  de  la  planète 
Mars  devant  l'amas  du  Cancer,  426. 

Pendule  enregistreur  des  tremblements  dt- 
terre, 134. 

Pensées,  234. 

Phénomène  observé  sur  une  tache  solaire,  oi. 
35.  —  Phénomènes  géologiques  en  Espagne. 
90.  —  Le  mont  de  Cerisy,  9o.  —  PhèDomt-nes 
solaires  et  aurores  boréales,  21/5. 

Photographie  directe  d'une  trombe,  47.  -De 
l'appulse  d'.\ldébaran,  à  Prague,  192.  -  Pho- 
tographie directe  du  Ciel,  201.  -Du  Soleil  et 
d'un  corpuscule,  349. 

Photométriques  (Recherches),  sur  les  an- 
neaux de  Saturne,  72. 

Pilât  (mont),  laboratoire  des  orages,  4S7. 

Plaies  d*Éff7pte  et  les  ténèbres  de  la  oen- 
vième  heure,  432. 

Plan  de  réforme  du  Calendrier,  294. 

Planètes.  Planètes  visibles  de  mois  en  mois, 
7  k  14. 

Pluralité  des  Mondes,  161, 264, 265. 

Points  sombres  énigmatiques  observes  dans 
les  cratères  lunaires,  308, 410. 

Polaire  (région)  de  Saturne,  43. 

Poussières  de  fer  dans  ratmosphère/^"?. 

Précession  des  équinoxes,  SOI. 

Pression  atmosphérique,  ses  efTets  et  son  in- 
fluence sur  les  tremblements  de  terre,  132. 

Propagation  des  tremblements  de  terre,  4.'''- 

Pyrométre  solaire,  417. 

Ralentissement  (Le)  du  mouvement  de  rota- 
tion de  la  Terre  par  l'effet  dM  marées  «»te+ 
il?  107.  —  Influence  des  marées  sur  ladurte 
de  la  rotation  de  la  terre,  152. 

Ras  de  marée,  128, 129. 

Rédaction  de  la  Revue.  La  photographie  di- 
recte du  ciel,  203.  —  Note  sur  les  mrtéonte*. 
248.  —  Note  sur  un  passage  de  corpuscules» 
sur  le  disque  solaire,  350. 

Réforme  du  Calendrier,  287,  426. 

Réponse  à  M.  Faye,  161.  -  A  M.  Blaio,  3S9. 

Rétrogradation.  Cadran  solaire  à  rétrogra- 
dation, 321.  —  Théorie  et  formule,  329. -Ré- 
trogradation de  Tombre,  387,  390. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


iS3 


RéTOlutlons  du  globe  terrestre,  17t. 

Rochers  moutonnés,  polis  et  striés,  en  Savoie, 
343. 

Roches  basaltiques  du  Groenland,  246. 

Rotation  de  la  terre.  Les  marées  exercent- 
elles  une  influence?  107, 152.  —  Accélération 
du  mouvement  de  rotation  de  la  Terre,  230. 

Saints  de  glace  et  mai  1885, 224. 

Satellites.  Conûguration  des  satellites  de  Ju- 
piter, 15.  —  Satellites  de  Saturne,  18.  —  Eclip- 
ses des  satellites  de  Jupiter,  40,  79,  119,  1o9 
200,  240,  360,  399,  478.  —  Satellite  de  Jupiter 
visible  à  l'œil  nu,  154.  —  Passage  du  4*  satel- 
lite. 154.  —  Photographie  des  satellites  de 
Jupiter,  204.  —  Satellites  d'Uranu^  431. 

Satnrne.  Visibilité  de  la  planète,  15,  428.  — 
Ses  anneaux,  16,  17,  18.  —  Ses  satellites,  18. 

—  Observations  astronomiques  de  chaque 
mois,  40. 79, 120, 160,  200,  280.  320,  360,  399,  438, 
479.  —  Observations  nouvelles  de  Saturne  et 
de  ses  anneaux,  41.  —  Recherches  photomé- 
triques sur  les  anneaux,  72.  —  Temte  rou- 
geàtre  sur  le  disque  de  Saturne,  113. 

Septembre  1885.  Observations  principales,' 12. 

Sirius.  Nouvelles  mesures  du  compagnon  de 
Sirius,  432. 

Sociétés  scientifiques  Flammarion  de 
Jaën,  65,  194.  ~  De  Marseille,  71,  193,  364, 
428.  —  D'Argentan,  82,  9ô,  194,  391.  —  Do 
Bruxelles,  194.  —  De  Santa- Ké- de- Bogota, 
194.  —  De  Nantes,  365. 

Sol.  Mouvements  lents  du  sol,  230. 

Solaire  (nébuleuse)  dans  l'hypothèse  de  La- 
place,  55.  ~  Spectre  solaire,  210.  —  Phéno- 
mènes solaires,  225.  —  Passage  d'un  essaim 
de  corpuscules  sur  le  disque  solaire,  347.  — 
Le  pyromètre  solaire,  417. 

Soleil.  Soleil  pendant  l'année  1885,  3, 4.  —  Ac- 
tivité solaire,  3,  4.  —  Eclipses  de  Soleil,  5.  — 
Ombres  observées  sur  le  Soleil,  33,  34.  — 
Observations  mensuelles,  36,  74,  114,  155, 196, 
235,  274,  315,  355,  395,  433,  473.  —  Observation 
de  trois  soleils,  112.  — Nouvelle  mesure  delà 
température  du  Soleil,  416.  —Eclipses  totales 
de  Soleil  visibles  en  Angleterre  depuis  mille 
ans,  424. 

Spectre  solaire,  210.  —  Couronne  autour  du 
Soleil,  426. 

Statistique  des  tremblements  de  l«rre,  183. 

Statue  à  Giordano  Bruno,  233. 

Surélévation  du  sol  en  Espagne,  90. 

Tableau  des  diverses  vitesses,  2C6. 

Tache  rouffe  de  Jupiter,  99.  —  Tache  blanche, 

100. 

Taches  solaires,  leur  activité,  3,  4.  —  Phé- 
nomène observé  sur  une  tache  solaire,  34,  35. 

—  Taches  visibles  à  l'œil  nu,  272,  353. 
Ténèbres  de  la  neuvième  plaie  d'Egypte,  432. 
Température  de  rintérieur  du  globe  terrestre, 

62.  —  Variations  de  température,  299.  —  Nou- 
velle mesure  de  température  du  Soleil,  416. 

Terre.  Tremblements  et  secousses  à  sa  sur- 
face, 183.  —  Densité  de  la  Terre,  231.  —  Terre 
et  éther,  231.  —  La  Terre  et  l'homme,  273. 

Terrestre  (magnétisme).  Valeur  actuelle,  154 

—  Sa  cause,  sa  forme,  sa  période,  372. 


Théorie  de  la  rétrogradation  de  l'ombre,  3i9. 

—  De  la  variation  séculaire  de  l'aiguille  ai- 
mantée, 372. 

Thermométriques  (Observations)  à  la  surface 
du  globe  terrestre,  62. 

Tremblements  do  terre  du  27  novembre  188'i, 
dans  la  région  des  Alpes,  31,  32,  33.  —  En  Es- 
pagne, 60,  81,  121.  —  Au  Chili,  88.  —  Tremble- 
ments de  terre  observés  du  22  décembre  1884 
au  22  février  1885,  92.  —  Secousses  en  France, 
eu  Angleterre,  en  Belgique  et  au  Portugal,  94. 

—  Explication  des  tremblements  de  terre,  96, 
121.  —  Catastrophe  de  Lisbonne,  98.  —  De 
Port- Royal,  123.  —Tremblements de  terre  sui- 
vant les  heures  du  jour,  136.—  Statistique  des 
tremblements  de  terre,  183.  —  Légers  tremble- 
ments de  terre,  232.  —  Propagation  des  trem- 
blements de  terre,  429. 

Trombe.  Photographie  directe  d'une  trombe, 
47.  —  Six  trombes  marines  observées  dans 
Tespace  d'une  demi-heure,  110.  —  Trombe 
marine  à  San  Remo,  351.  —  Dans  l'Orne,  147, 
459. 

UniTers.  Conditions  de  la  vie  sans  l'Univers, 
161,  249. 

Uranolithe  tombé  près  d'Amiens,  155.  —  A 
Hierschfelde,  en  Saxe,  155.—  En  Turquie,  191. 

—  Etude  des  météorites,  247.  —  Uranolithcs 
de  Laigle,  264.  — Chute  d'un  uranolithe  &  Vais 
et  Tarragone,  353. 

Uranus.  Occultation  du  1"  décembre,  6.  —  Vi- 
sibilité de  la  planète,  en  1885,  21,  22.  —  Occul- 
tation d'Uranus  par  la  Lune,  37,  77,  117, 197, 
237, 276, 397, 435,  474.  —  Observations  astrono- 
miques de  chaque  mois,  40,  79,  120,  160,  200, 
240;280,399,438,480. 

Variation  du  nombre  des  tremblements  ilc 
terre  suivant  les  heures  du  jour.  136,  —  les 
saisons,  136,  137,  —  les  phases  de  la  Lune, 
137,  —  selon  les  distances  de  la  Lune,  138  — 
Variations  de  température,  299.  —  Variation 
séculaire  de  l'aiguille  aimantée,  372. 

Vénus.  Visibilité  de  la  planète  en  1885, 18,  lu. 

—  Occultation  de  Vénus  par  ia  Lune.  474.  — 
Observations  astronomiques  mensuelles.  38, 
77, 198,  237,  277,  318,358, 397, 436,  476.—  Visible 
en  plein  jour,  226, 397. 

Verrerie  d'optique  de  M.  Feil,  314. 

Vesta.  Occultation  de  Vesta  par  le  disque  lu- 
naire, 396,  435.  —  Observations  astronomiques 
de  chaque  mois,  39,  199,  239,  279, 320,  359,  398, 
437,  477; 

Victimes  des  tremblements  de  terre  en  Es- 
pagne, 66, 83,  130.  —  De  la  foudre,  229. 

Visibilité  de  Mercure,  71,  226.  —  De  Vénus, 
226,  397. 

Vitesse.  Tableau  des  diverses  vitesses,  206. 

Voie  lactée  et  la  nébuleuse  d'Andromède,  403. 

Volcans.  Volcans  actifs  à  la  surface  de  la 
Terre,  61, 122, 123.—  Distribution  des  volcans, 
189.  —  Eruptions  volcaniques,  228.  —  Volcans 
et  mesures  magnétiques,  232. 

Zodiacale  (lumière).  Observations  à  faire  dans 
le  cours  de  l'année,  36,  75,  115,  156,  315,  355, 
395,  433,  473.  —  Etude  de  la  lumière  zodiacale, 
71.  —  La  lumière  zodiacale  et  les  lueurs  cré- 
pusculaires, 225. 


TABLE  DES  AUTEURS. 


ADAMa.  —  Accélération  du  mouvement  de  rota- 
tion de  la  Terre,  231. 

Amat.  —  Construction  des  cadrans  solaires,  bO. 

Anoioné  (comte  d').  —  Parc  ravagé  par  le  Tor- 
nado  de  l'Orne,  147. 

Andrews.  —  Etudes  de  basaltes  d'Irlande,  242. 

Angot   —  Mouvement  relatif  de  la  Terre  el  de 
l'éther,23l. 

Atout-Tailfeb.  —  Plaques  isochromatiques, 

Aubin.  —  Acide  carbonique  de  l'air,  230. 

AuREL.  —  Coloration  du  disque  lunaire  durant 
l'éclipsé  totale  du  4  octobre  1884, 27. 

Backlund.  —  Calcul  des  éphémérides   de  la 
comète  d'Encke,  71. 

Baer,  îi  Caen.  —  Teinte  rouge&tre  observée  sur 
le  disque  de  Saturne,  113. 

Ball  (Robert).  —  Découverte  de  parallaxes  de 
plusieurs  étoiles,  312. 

Barda  (Aquilino).  —  Observation  du  disque  lu- 
naire pendant  l'éclipsé  totale  du  4  octobre  1884, 

Bardou,  opticien.  —  Essai  do  lunettes  Bardou, 
314. 

Barnard.  —  Découverte  d'une  étoile  double, 
226.  —  Découverte  d'une  comète  télescopiquc, 

Barré   (D*-  Edmond).  —  La  météorologie  en 
Australie,  422. 

Battandier  (D'  a.).  —  Les  volcans  et  les  me- 
sures magnétiques,  232. 

Beauretour  (baron  de).  —  Observation  d'un 
tremblement  de  terre  à  Nice,  31. 

Belly.  —  Tremblements  de  terre,  183. 

Belmonte.  —  Tremblements  de  terre,  183. 

Berbericii.  —  Mouvement  de  l'étoile  double  :* 
Dragon,  414. 

BÉRENGIER.  —  Portrait  de  Camille  Flammarion, 
193. 

Berge.  —  Observation  du  disque  lunaire  pen- 
dant l'éclipâc  totale  du  4  octobre  1884,  26. 

Bernoert,  de  Gand.  —  Préparation  de  plaques 
au  gélatino-bromure,  203. 

Bernouilli.  —  Les  pipéricoles,  260. 

BiOT.  —  Chute  de  météorites  dans  l'Orne,  264. 

BiGOURDAN,  Observatoire  de  Paris.  —  Observa- 
tion de  la  comète  d'Encke,  71,  —  de  la  nou- 


velle   étoile  apparue  dans    la  constellation 
d'Andromède,  363, 403.  410. 

BisCHOPFSHEiM.  —  Don  d*un  instrument  mén- 
dien  à  l'Observatoire  de  Paris,  147.  —  L'Obser- 
vatoire de  Nice,  207,  208,  211,  212. 

Blain  (abbé).  —  Nouveau  pied  d'équatoriaL  73. 
—  Rctrogadation  de  l'ombre  sur  un  cadran 
solaire,  miracle  d'Isale,  387. 

Blot,  astronome.  —  Occultations  d'Aldébana. 
6,  80,  313, 440.  —  Calculs  relatifs  h  ces  occul 
tations,  80,  313,  440. 

BoE  (de).  —  Surélévation  de  l'ombre  de  laTem 
sur  le  disque  lunaire  pendant  l'éclipsé  lotalr 
du  4  octobre  1884, 28.  30. 

Bond.  —  Observations  de  la  nébuleuse  d'An- 
dromède, 365. 

BoNiLLA  (José  y),  directeur  de  l'Observatoir? 
de  Zacatecas.  —  Passage  sur  le  disque  ii 
Soleil  d'un  essaim  de  corpuscules,  347. 

BoNJEAN  (Jules),  avocat  à  la  Cour  d'appel  et 
Paris,  —  La  Réforme  du  calendrier,  2fel. 

BoRRELLT,  astronome  à  l'Observatoire  de  Mar- 
seille. —  Observation  de  Téclipse  totale  de 
Lune  du  4  octobre  1884,  26. 

Braddon  (Julia).  —  Six  trombes  marines  obser- 
vées dans  une  demi-heure,  110. 

Brehm.  —Les  gigantesques  animaux terresîr:*. 
258. 

Broune  (0.  et  S.),  à  Odessa.  —  Observation <i': 
l'éclipsé  partielle  de  Lune  du  30  mars,  227. 

Bruguière,  Président  de  la  Société  scieotiîiqu; 
Flammarion,  a  Marseille.  —  ObservaùoQ<iu 
disque  lunaire  pendant  l'éclipsé  totale  Ju 
4  octobre  1884,  2S.  —  Tremblement  de  Terre 
à  Marseille,  32.  —  Teinte  rouge  sur  le  disque 
de  Saturne,  113.  —  Tremblements  de  terre, 
183.  —  Toast  à  M.  C.  Flammarion,  194.  - 
Visibilité  de  Mercure,  226.  —  Tache*  solaire^ 
272,  353.  —  Le  dévouement  scientiiique  d-' 
M.  Bruguière,  428. 

Buisson  (Ed.  du).  —  Eclipse  partielle  de  Loue 
du  30  mars  1885,  376.— Lueurs  crépusculairts 
378. 

Burnham.  —  Dédoublement  d'une  nouvfilît 
étoile  double,  226. 

Charlois.  —  Études  faites  à  rObservatoire  de 
Nice,  210.  —  Comète  de  Tutti e,  354. 

Chauveau.  —  Enquête  sur  les  dég&ts  occasion- 
nés par  le  tornade  de  l'Orne,  152. 

Chantre  (Ernest).  —  L'époque  glaciaire  el  le? 
anciens  glaciers  des  Alpes,  340. 


TABLE  DES  AUTEURS. 


485 


Chaves  y  Mkllo.  —  Secousses  aux  lies  Açores, 

63. 
Chairy,  à  Alger.  —Poussières  de  fer  dans  l'air, 

229. 
Clayton.  —  Plaques  isochroraatiques,  206. 
Charpentier  (de).  —  Les  glaciers  des  Alpes, 

344. 

'  Cborez.  —  Invention  des  jumelles,  232. 

CiCERCHiA.  —  Un  cadran  solaire  antique,  234. 

CooDE.  —  Observation  de  la  lumière  zodiacale, 
71 .  —  Visibilité  de  Mercure  à  l'œil  nu,  226.  - 
Observation  de  l'étoile  apparue  dans  la  nébu- 
leuse d'Andromède,  36&,  408. 

Cohen  Stuart.  —Réglage  de  Tannée  javanaise, 
370. 

CoLEMANN  (William).  —  Passage  du  4«  satellite 
de  Jupiter,  154. 

CoLOMBAT,  à  Montagny.  —  Les  lueurs  crépus- 
culaires et  la  lumière  zodiacale,  225.  —  Mou- 
vements lents  du  sol,  230. 

CovAS  (José).  —  Chute  d'un  uranolithe  à  Vais. 
353. 

CoMMON.  —  Photographie  de  la  nébuleuse 
d'Andromède,  408. 

COPELAND  (Ralph).  —  Position  de  l'étoile  décou- 
verte dans  la  nébuleuse  d'Andromède,  363. 

Courtois,  à  Muges.  —  Observation  du  disque 
lunaire  pendant  l'éclipsé  totale  du  4  octobre 
1884, 25. 

CovENTRY.  —  Midi,  à  Nice,  402. 

Cran  (de).  —  Disparition  du  disque  de  la  Lune 
pendant  une  éclipse  totale,  24. 

Crawford  (lord).  —  Circulaire  relative  à  L'appa- 
rition d'une  étoile  dans  la  nébuleuse  d'Andro- 
mède, 363. 

Créoncides  de  Castro.  —  Tremblements  de 
terre.  183. 

Croupbt  (D' de).  —  Eclipse  totale  de  Lune  du 
4  octobre  1884, 26. 

CuRTis,  à  San  Remo.  —  Observation  d'une 
trombe  marine,  351. 

CuviER.  —  Les  révolutions  du  globe  terrestre, 
171. 

Daguin,  à  Rayonne.  —  Observation  du  disque 
lunaire  pendant  l'écllpse  totale  du  4  octobre 
1884,  25. 

Darwin.  —  Influence  des  marées  sur  la  rotation 
de  la  terre,  153. 

Daubrée,  membre  de  l'Institut.  —  Découverte 
au  Groenland  de  masses  de  fer  natif,  d'origine 
terrestre,  analogue  au  fer  natif  d'origine 
extra- terrestre,  241. 

Dembowski.  —  Mouvement  propre  d'Aldébaran 
et  d'une  étoile  voisine,  104. 

Dbnnino,  astronome  à  Bristol.  —  Nouvelles 
observations  de  Jupiter,  99. 

Détaille,  astronome  à  Paris.  ~-  Statistique  des 
tremblements  de  terre,  183.  —  Distribution 
des  volcans,  189.  —  Points  sombres  énig- 
matiques  sur  la  Lune,  308. 

DoMEYKO.  —  Tremblements  de  terre  au  Chili, 
88. 

Dubois,  ingénieur- hydrographe.  —  Marche 
rétrogade  de  l'ombre  sur  un  cadran  solaire. 
390. 

Dubois,  vice-président  de  la  Société  scienti- 
fique Flammarion,  à  Marseille.  —  Toast  ù, 
M"*  Camille  Flammarion,  194. 

DuFouR,  à  Lausanne.  —  La  hauteur  des  lueurs 
crépuscolaires,  216. 


DuMOND  (M-«),  Protectrice  des  observations 
météorologiques  du  Rhône.  —  Le  mont  Pilât, 
laboratoire  des  orages,  427. 

DupRAT.  —  Gréions  remarquables,  229. 

DuvAL.  —  Aspect  du  disque  lunaire  pendant  une 
éclipse  totale  de  Lune,  25. 

Ehrenbero.  —  Organismes  contenus  dans  les 
sables  des  terrams  calcaires  et  siliceux,  259. 

EiCHENs.  —  Construction  d'instruments  méri- 
diens, 146. 

Eiffel.  —  Construction  de  la  coupole  tournante 
de  l'Observatoire  de  Nice,  206, 200. 

Elgbl.  —  Points  obscurs  sur  le  disque  lunaire, 
étude  de  la  Lune,  412. 

Enoelmann.  —  Mesures  mlcrométriques  de  la 
position  de  la  nouvelle  étoile  apparue  dans  la 
nébuleuse  d'Andromède,  410. 

Ericson.  —  Le  pyromètre  solaire,  417. 

Falsan.  —  Les  anciens  glaciers,  342. 

Fa  vas.  —  Etude  des  glaciers  de  la  Reuss  et  de 
la  Linth,  342. 

Faye  (H.).  —  Membre  de  l'Institut.  —  Sur  l'ori- 

flne  du  monde,  55.  —  Réponse  à  M.  Faye,  161, 
56,  258.  —  L'équinoxe  moyen  et  l'équinoxe 
apparent,  274.   —  Théories  cosmogoulques, 

Feil.  —  Construction  de  Téquatorial  de  Nice, 
209.  —  Verrerie  d'optique,  314.  —  rx)nstruction 
du  plus  grand  objectif  du  monde,  314. 

Findlay.  —  Le  flot  et  l'élévation  de  la  surface 
des  eaux,  108.  —  Le  courant  équatorial,  109. 

Fenet,  observateur  à  Beauvais.  —  Passage  de 
la  planète  Mars  devant  l'amas  du  Cancer,  426. 
—  L'amas  du  Grand  Chien,  454. 

Flammarion  (Camille).  —  Annuaire  astrono- 
mique pour  1885, 1  à  23.  —  Eclipse  de  Lune  du 
4  octobre  1884,  23  à  30.  —  Archéologie  astro- 
nomique. 48.  —  Théories  de  M.  Fave  sur  la 
Pluralité  des  Mondes,  55.  —  Les  Tremble- 
ments de  terre  de  l'Espagne,  60,  81,  121.  — 
Découverte  du  mouvement  propre  d'une 
étoile  de  11*  grandeur  voisine  d'Aldébaran, 
102.  — Les  conditions  de  la  vie  dans  l'Univers, 
réponse  à  M.  Faye,  161,  249.  —  Discours  et 
conférence  à  Marseille,  194.  —  L'Observatoire 
de  Nice  et  l'Astronomie  en  France,  206.  — 
Statue  &  Giordano  Bruno,  233.  —  Fausse 
alerte,  272.  —  Le  Mascaret,  281 .  —  Le  cadran 
solaire  à  rétrogradation  de  l'Observatoire  de 
Juvisy,  et  le  miracle  d'Isaîc,  321.  —  Expé- 
rience du  cadran  à  rétrogradation  de  Lau- 
sanne, 323, 335.  —Apparition  d'une  étoile  dans 
la  nébuleuse  d'Andromède,  361,408.  —  Confé- 
rence à  Argentan,  391.  —  Curieux  effets  de  la 
foudre  à  Juvisy,  391.  —  Cadran  solaire  de 
Nice,  401.  —  L'étoile  double  i»  du  Dragon,  413. 

Flourens.  —  Les  révolutions  du  globe,  171. 

Folache,  directeur  de  la  Société  scientifique 
Flammarion,  à  Jaên.  —  Observation  du 
disque  lunaire  pendant  l'éclipsé  totale  de 
Lune  du  4  octobre  188&,  25.  —  Tremblements 
de  terre,  &  Jaên,  65,  86. 

Fontaine,  à  Précy-sor-Oise.  —  Disque  lunaire 
durant  réclipse  totale  du  4  octobre  1884,  27. 

FoRCHHAMMER.  —  Fer  du  Groenland,  243. 

FoREL.  —  Etudes  sur  les  variations  du  nombre 
des  tremblements  de  terre  suivant  les  heures 
du  jour  et  les  saisons,  136,  137.  —  Le  cata- 
clysme de  Krakatoa  entendu  aux  Antipodes, 
383.  —  Couronne  solaire  sur  les  hautes  mon- 
tagnes, 426. 

FoncBÉ  (Maurice).  —  Condensation  de  la  nébu- 
leuse solaire  dans  l'hypothèse  de  Laplace,  55. 

FoucHÉ  (Paul).  —  Principaux  dessins  de  la 
Revue,  . 

Fric  (Jos.  et  Jan),  à  Prague.  —  Appulse  d'Al- 
débaran, 193. 


486 


TABLE  DES  AUTEURS. 


FucHs.  —  Eruptions  volcaniques  près  Cuba, 
383. 

Gabillot.  —  La  grande  marée  du  10  sep- 
tembre au  mont  Saint-Michel,  387. 

GA.1CBBT.  —Instruments  classiques,  146. 

GARNiERf  architecte  de  l'Opéra.  —  L'Observa- 
toire de  Nice,  207. 

Gastaldi.  —  Glaciers  des  Alpes,  343. 

Gaudibert.  —  Points  sombres  énigmatiques  sur 
la  Lune,  310,  410. 

Gauquelin.  —  Enquête  sur  les  dég&ts  occa- 
sionnés par  le  tornado  de  l'Orne,  152. 

GAUTniBR-ViLLARS  (Henry).  —  Observation  du 
disque  lunaire  pendant  Téclipse  totale  du 
4  octobre  1884,  25. 

Gautier.  —  Construction  d'appareils  spéciaux 
pour  la  photographie  directe  du  ciel,  202. 

GÉRiONY  (Philippe),  astronome,  &  Paris.  —  Les 
grands  instruments  de  l'Astronomie,  138, 174, 
297.  —  Influence  des  marées  sur  la  durée  de 
la  rotation  de  la  terre,  152. 

GiNiEis.  —  Disque  lunaire  durant  l'éclipsé 
totale  du  4  octobre  1884,  27. 

GiusTANi  (E.  Rossi  de).  —  L'astronomie  des 
anciens  philosophes,  379.  —  Observations  sur 
l'article  de  M.  de  Rossi  de  Giustani,  440. 

Gleohill.  —  Eclat  subit  de  la  nébuleuse  d'An- 
dromède, 408. 

Gonzalez  (lldefonso).  Secrétaire  de  la  Société 
scientifique  Flammarion,  à  Jaën.  —  Observa- 
tion du  disque  lunaire  pendant  l'éclipse  du 
4  octobre  1884,  25.  —  Tremblements  de  terre  & 
Jaën,  65. 

(tovi.  —  L'invention  des  jumelles,  232. 

Gray  (William).  —  Curieuses  colorations  du 
disque  lunaire,  228. 

Guillaume,  à  Péronnas.  —  Particularités  dans 
l'observation  du  disque  lunaire  pendant 
Téclipse  totale  du  4  octobre  1884,  26.  —  Les 
lueurs  crépusculaires,  113.  —  La  lumière 
zodiacale,  113. 

Gliillemin  (Etienne),  colonel  du  génie  à  Lau- 
sanne. —  Le  miracle  d^Isale,  cadran  solaire 
provisoire,  323.  —  Théorie,  formules  et  épures 
de  la  rétrogradation  de  l'ombre,  329. 

GuioT,  à  Soissons.  —  Observation  du  disque 
lunaire  pendant  l'éclipse  totale  du  4  octobre 
1884,  26.  —  Mercure,  Mars  et  Saturne  dans 
une  lunette  de  95  millimètres,  428. 

Gulley.  ~  Observation  d'une  étoile  apparue 
dans  la  constellation  d'Andromède,  363,  409. 

Gu.nziger.  —  Le  disque  lunaire  pendant  l'éclipse 
totale  du  4  octobre  1884, 27.  —  Taches  solaires 
visibles  a  l'œil  nu,  271,  353. 

Hall.  —  Parallaxes  de  Yéga  et  de  la  61*  du 
Cygne,  311. 

Hamoi  Bey.  -^  Uranolithe  d'Alntab,  192. 

llARTWiG.  —  Première  observation  de  l'étoile 
variable  apparue  dans  la  nébuleuse  d'An- 
dromède, 362,  409. 

Hauville,  observateur  à  Etretat.  —  Vénus 
visible  en  plein  jour,  220. 

IIexry  (Paul  et  Prosper).  —  Occultation  d'Aldé- 
baran,  72.  —  Photograpliie  directe  du  ciel, 
201.  —  Objectif  de  0«,76,  de  l'Observatoire  de 
Nice,  210. 

IIerschel  (W.).  —  Mouvement  propre  d'Aidé - 
baran  et  d'une  étoile  voisine  de  11*  grandeur. 
—  Nébuleuse  d'Andromède,  365.  —  Amas 
d'étoiles  du  Scorpion,  366.  —  Dédoublement 
de  (1  Dragon,  4 14. 

Uervé-Mango.n,  membre  de  l'Académie  des 
Sciences.  —  Direction  des  ballons,  35. 


Hipolito  Andrade.  —  Fausse  alerte,  272. 

HiRN.  —  Recherches  sur  les  anneaux  de  Sa- 
turne, 72. 

HoLDEN,  directeur  de  l'Observatoire  de  Wash- 
burn.  —  Photographie  directe  d'une  trombe. 
47. 

HopKiNS.  —  Observation  de  la  nébuleuse  d'An- 
dromède, 408. 

HuGGiNs.  —  Etude  spectroscopique  de  la  nou- 
velle étoile  d'Andromède,  409. 

Jackson  (James).  —  Tableau  des  diverses  vi- 
tesses, 266. 

Jacquot  (Maurice).  —  Particularités  que  pré- 
sente le  disque  lunaire  pendant  l'éclipse 
totale  du  4  octobre  1884, 26.  —  Taches  solaires 
visibles  à  l'œil  nu,  272,  353.  —  Lueurs  crépu»- 
culaires,  aurores  boréales  et  taches  solaires. 
272. 

Jappé  (Paul].  —  Marche  rétrograde  de  l'ombre 
sur  un  cadran  solaire,  390. 

Johnson.  —  Soirées  d'Angleterre  propres  aux 
observations  astronomiques,  432. 

JoHNSTRUP.  —  Fer  du  Groenland,  244. 

JôROENSEN.  ->  Analyse  du  fer  du  Groealand,  2ii. 

Kerhallet  (Ph.  de).  ~  Courants  et  marées,  lu?. 

Klein  (D').  —  Points  sombres  énigmatiques 
observés  dans  les  cratères  lunaires,  308,  iiû. 
412. 

KoHL  (Forvald).  —  Observation  du  disque  lu- 
naire pendant  une  éclipse  totale  de  Lune,  24. 
Ko.NKOLY,  astronome  à  O'Gyalla.  -La nouvelle 

étoile  vue  dans  la  nébuleuse  d'Andromède. 

409.    —  Etude    spectroscopique  de  l'étoile 

d'Andromède,  409. 
Krebs,  capitaine.  —  La  direction  des  ballons. 

35. 
Kropp   (Lorenzo),  astronome  à  Paysandu.  - 

Observations  furieuses  sur  la  Lune,  ^• 
Lagsrda  (de),  astronome  à  Lisbonne.  —  Vtéjio- 

mène  observé  sur  une  tache  solaire,  ^i,^*- 

Secousses  à  Lisbonne,  64.  —  3*  satellite  de 

Jupiter  visible  à  l'oeil  nu,  154. 
Lajoyb.  —  Découverte  d'une  étoile  au  centre  de 

la  nébuleuse  d'Andromède,  361, 363, 409. 
Lame  Y.  —    Irrégularités    sur   le  contour  de 

l'ombre,  pendant  l'éclipse  totale  de  Lune  Ju 

4  octobre  1884, 28. 
Lamp.  —  Nouvelles   mesures.  Distances  de« 

étoiles,  353. 
Landerer,   astronome  à  Tortose.  -  Ombres 

observées  sur  le  Soleil,  33, 34. 

Lange  de  Fbrrieres.  —  Le  disque  Innajj?  P^ 
dant  l'éclipse  totale  du  4  octobre  188i,  3'- 

Laur.  —  Tremblement  de  terre  à  Saint- 
Etienne,  33. 

Le  Biboul.  —  Observation  de  l'étoile  apparue 
dans  la  nébuleuse  d'Andromède,  par  iw 
membres  de  la  société  astronomiqueà  >anteN 
365. 

Leknwbnhœck.  —  Les  infusoires  d'une  goutte 
de  pluie,  260. 

Lbibnitz.  —  Les  pipéricoles,  260. 

Lbscarbault,  astronome  à  Orgères.  —  Obser- 
vation de  l'éclipse  totale  de  Lune  du4  octoDre 
1884, 29, 30. 

Lbverrier.  —  Détermination  du  mouvement 
propre  d'Aldébaran,  103.  -  Découverte  de 
Neptune,  140. 

Leyba  (H.),  à  Goro.  —  Tremblements  datent. 
183. 

LuwAs,  à  Haïti.  —  Cataclysme  de  Java,  385. 


TABLE  DES  AUTEURS. 


487 


LiHOL%  vicfr-secrétaire  de  la  société  scientifique 
Flammarion  de  Marseille.  —  La  lumière 
zodiacale,  71.  —  Tremblements  de  terre,  183. 

—  Taches  solaires  visibles  à  l'œil  nu,  272,  353. 

—  Nouvelle  étoile  apparue  dans  la  nébu- 
leuse d'Andromède,  364,  408.  —  Bolide  lenl, 
394. 

Lœwy,  sous-directeur  de  l'Observatoire  de 
Paris,  307.  —  Méthode  pour  obtenir  rapide- 
ment les  coordonnées  des  étoiles  circum- 
polaires, 307. 

LouviAT.  —  Observation  d'une  occultation 
d'étoile,  314. 

Luther,  Observatoire  de  Kœnigsberg.  —  Trans- 
formation de  ramas  du  Scorpion  en  étoile  de 
7*  grandeur,  366. 

LuxEUL  (Audemard).  —  Observation  du  disque 
lunaire  pendant  l'éclipsé  totale  du  4  octobre 
188i,25. 

LuzET.  —  Halo  et  parhélies  observés  à  Orléans, 
112.  —  Tremblement  de  terre,  430. 

Maguire.  —  Eclipses  totales  de  Soleil  visibles 
en  Angleterre  depuis  mille  ans,  424. 

Main.  —  Détermination  du  mouvement  propre 
d'Aldébaran,  103. 

Malher.  --  Les  ténèbres  de  la  neuvième  plaie 
d'Egypte,  432. 

Mariôn.  —  L'artemia  saliva  et  ses  transfor- 
mations, 263.  —  Services  rendus  à  la  science, 
428. 

Marth.  —  Satellites  de  Saturne,  18.  —  Les 
éphémérides  de  la  planète  Jupiter,  101. 

Martin.  —  Aspect  du  disque  lunaire  pendant 
1  éclipse  totale  du  4  octobre  ld84,25. 

Marucchi.  —  Découverte  d'un  cadran  solaire 
vieux  de  deux  mille  ans,  234. 

Mascart,  Observatoire  du  parc  Saint-Maur.  — 
Enregistreur  magnétique,  154. 

Mathiesen  (colonel  H.).  —  Les  marées  ralentis- 
.sent-elles  le  mouvement  de  rotation  de  la 
Terre?  107.  —  Discussion  sur  rinHuence  des 
marées,  152. 

Maunder.  —  Etude  spectroscopique  de  la  nou- 
velle étoile  d'Andromède,  40&. 

Mavrogordato.  —  Tremblements  de  terre,  183. 

—  Chute  d'un  aérolUhe  en  Turquie,  191. 

Maxwell.  —  Recherches  sur  les  anneaux  de 

Saturne,  72. 
Mayer  (J.).  —  Chute  d'un  uranolithe  en  Saxe, 

15ft.  ^  Tremblements  de  terre,  183. 

Mendbnthai  I..  —  Densité  de  la  Terre,  231. 

Mesures  (À'.:,uste).  —  Eclipse  partielle  de 
Lune  à  la  Réunion,  376. 

Michel  (le  baron).  —  Mission  en  Australie,  422. 

Mi'.HBLSoN.  —  Sur  le  mouvement  relatif  de  la 
Terre  et  de  l'éther,  231. 

Millosevicht.  —  Coordonnées  de  la  nouvelle 
étoile  apparue  dans  la  nébuleuse  d'Andro- 
mède, 410. 

MiLLOT.  —  Nuages  singuliers,  70. 

Miquel  {D').  —  Les  bactéries  de  l'air,  258, 263. 

Molteni.  —  Nouveau  genre  de  cadran  solaire, 
325. 

MoNCEL  (du),  membre  de  l'Institut.  —  Présen- 
tation du  Phonographe,  264. 

MoNC&ovEN.  —  Plaques  au  gélatino-bromure, 
203. 

MoRTiLLET  (de).  —  Glaciers  des  Alpes,  343, 345- 

Mouchez,  directeur  de  l'Observatoire  de  Paris. 
—  Photographie  directe  du  ciel,  201.  —  Projet 
de  coupole  tournante,  207. 


Moureaux,  Observatoire  du  Parc  Salnt-Maur. 
—  Valeur  actuelle  des  éléments  magnétiques 
à  Paris,  154. 

MuLLEN.  »  Coloration  subite  de  la  Lune  pen- 
dant une  éclipse  totale,  23. 

MuLLER  (Damllia).  —  Théorie  de  la  variation 
séculaire  de  l'aiguille  aimantée,  372. 

Muntz.  —  Acide  carbonique  do  l'air,  230. 

Nansouty  (général  de).  —  Tremblements  de 
terre,  183. 

Nauckhoff.  —  Fer  nickelé  du  Groenland,  244. 

Naybl  (M.  et  M"  Auguste),  à  Lorient.  —  Obser- 
vation de  Vénus  en  plein  jour,  à  Carnac,  397. 

Neisz.  —  Tremblement  de  terre  du  27  no- 
vembre 1884,  &  Menton,  31,  32. 

Névil  (M"«  de).  —  Particularités  de  Téclipse 
totale  de  Lune  du  4  octobre  1884, 26. 

NicoL.  —  Coloration  rouge  du  disque  lunaire 
pendant  l'éclipsé  totale  du  4  octobre  1884,  70. 

Niesten.  —  Irrégularités  sur  le  contour  de 
l'ombre,  pendant  l'éclipsé  totale  de  Lune  du 
4  octobre  1884,  28. 

NooUES,  ingénieur  civil  des  mines.  —  Les  trem- 
blements de  terre  d'Espagne,  88. 

Nordenskiold.  —  Fer  du  Groenland,  243. 

Orbigny  (Alcide  d\  —  Organismes  microsco- 
piques contenus  dans  le  sable,  259. 

Oudemans.  —  Méthode  javanaise  pour  obtenir 
la  connaissance  d'une  époque  déterminée  de 
l'année  solaire  ou  tropique,  369. 

Paille.  —  Aspect  du  disque  lunaire  pendant 
une  éclipse  totale  de  Lune,  25. 

Parséhian.  —  Observation  d'une  éclipse  totale 
de  Lune  à  Constantinople,  69. 

Pasteur,  membre  de  l'institut.  —  Le  myco- 
derma  vini,  263. 

Payan.  —  Observation  de  Mercure  à  l'œil  nu, 
71. 

Pechule.  —  Observation  de  l'éclipsé  totale  de 
Lune  du  4  octobre  1884,  23. 

Perrey  (Alexis).  —  Variations  du  nombre  des 
tremblements  de  terre  suivant  les  phases  de 
la  Lune  et  les  distances  lunaires,  137, 138. 

Perrotet  des  Pins.  —  Observation  du  disque 
lunaire  pendant  l'éclipsé  totale  du  4  octobre 
1884, 25. 

Perrotin,  Observatoire  de  Nice.  —  Etude  d'un 
tremblement  de  terre,  auprès  de  Nice,  31.  — 
Observation  de  la  comète  d'Encke,  71.  — 
Etudes  faites  à  l'Observatoire  de  Nice,  210.  — 
Comète  de  Tuttle,  354. 

Pictbt.  —  Appareils  frigorifiques,  209. 

PoDWANiczKi  (M»«  la  baronne  de).  —  Observa- 
tion de  la  nouvelle  étoile  apparue  dans  la  né- 
buleuse d'Andromède,  409. 

PoGsoN.  —  Amas  d'étoiles  du  Scorpion,  366. 

PoNTiATiNN  (Prince  Paul).  —  Dessin  astrono- 
mique trouvé  sur  un  polissolr  en  ardoise,  à 
Bologoé,  48. 

PouiLLET.  —  Température  de  la  surface  solaire 
421. 

Pratt  (Henry).  —  Observations  nouvelles  sur 
Saturne  et  ses  anneaux,  41. 

Prince.  —  Nébuleuse  d'Andromède  très  bril- 
lante, 408. 

Proctor.  —  Surélévation  observée  avant 
l'éclipsé  totale  de  Lune  du  4  octobre  1884,  30.. 

QuÉLEN,  directeur  do  l'Observatoire  populaire 
des  Ponts-de-Cé.  —  Nuages  singuliers,  271. 


TAtLE  D£^   AUTErtf. 


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k  v,*..— .  fer  c*  G"^*-«M  -iî. 

iUft  Ji»iL4;'.  —  I*»  %>  a*-  for,^  *!«•  Oif-r»,  îy*. 
Kvt^turm.  —  F*:r  Bi':»el*:  'ia  GroeoUo  1.  ri3. 
Kt'Mfcf.L.  'îir*-'*—^'  'î-  ''i!'»'-na»''.r<-  *!'-  <;  Îîi*^v. 

—  Cirt*  U»*-*.OT'f.'fJ,\'*K  '!':  1  A'ibtr-ii.-,  ii;.' 

^AivT »,''.'(. uns  Dc%:LLt.  —    T'-rx«j>-rilure    »'>- 
ftA^j/i'k  «vîiin  .  îr.^'-'ii'rijr,  —  Eruf^t.oo  du  Kra- 

t»A^T4  l'D'  de  Pi'.-lra  .  —  Vio-timet  de  U  foudre. 

SALVAXtc.  —  Edition  d'm  ftep/i/«*,  deBrehm,2S6, 

HAXBr.  '—  Vif  écUt  de  la  D'^bulcu«^c  d'Andro- 
ifUMie*  4(IH. 

hiiH^ti.LZuvY.  —  Obk'rrvalioû  d'une  eclii/fte 
totale  d<7  Lune,  23. 

»CMMi:»T.  —  lU'Oous'fTif  des  rx>iDts  «/^mlireii  de 
la  iiurfa/:e  lunaire,  :>iîi, 

SciiMOLU  >-  A(#parition  d'une  étoile  dans  la 
n<:tiijieuHe  d'Andromède^  ^>'«, 

ScutLZE.  '-  Acide  carbonique  de  l'air,  230. 

*Sfc2'XioEi.  —  Recherches  sur  le»  anneaux  de 
Saturne,  71. 

SiibAXOW.  —  Parallaxe  d*Ald^;baran,  312. 

Smith  (Laurenc/'i.  —  AnaW8«*  de  roches  asuo- 
tiU'Mn  au  fer  du  Groenland,  24 i. 

Stienstiop.  —  Mission  au  Groenland,  2'<&,  245. 

St^.piiam,  astronorno  k  TObservatoiro  de  Mar- 
Mcille.  —  Observations  du  disque  lunaire, 
pendant  l'éclipHe  totale  du  4  octobre  1884,  26. 

Stokl,  à  Harlem.  —  Tremblements  de  terre, 
181 

Stoppa.ii.  »  Glaciers  dCM  Alpes,  3i3. 

Strl've  (Otto).  ^  Mémoire  sur  la  parallaxe 
d'Aldéburan,  lOG,  J12. 

Stri:ve  (William).  —  Mouvement  propre  d'une 
rtoilu  de  11*  irrandcur,  voisine  d'Aldèbaran, 
m,  103,  104. 

TAcr.iiiNi.  —  Lueurs  crépusculaires,  couronne 
solaire,  4'26. 


Tav—Ji  «-.»  T*   „  Anj    —  .         •  -     -1  . . 

7-'»"'«i.  ii<r'i.:..^î.  t  >«i.».  —  r-  IL.    ^ 
a*  irrrr.  •.•&. 

>.  i-trrt.  iJi- 
Ta-  7- f  «-T.    *«•• .  :*  d»    i    T  "•:•*•-  >    - 

d*  la  L-r.-r,  l:.".  —  .,»--<ni;-  •!«    -  - . 
le.j*^  C  -\jQlr^2jr-î-f.   >.:    —  Er  -   . 
iiiA.:.t    a..-2:.«     lar^    .*    çn^i:   i 
d  Aûdron.*?dr,  «Ji». 

Tcm-E-  —  Comeie  tele^r--;  .  .l*  .  î-^ 

V%o>CEaa:   «Cbar:^».  —  Mo«  a::.  -- 
l'arrivée  du  maaoaret.  2^:^. 

Vallauie  'FirUx.  —  Sc-ï>:;s«*  tf-rsT- 
Linart^,   6*.  —  Tr<e2ii..z:i.iii»  -:     "  •• 
Espagne,  82, 83,  1S3. 

ViLAUL  —  Les  volcans  da  g^?':•^.  ?:.. 

VniECK.  —  Catastrophe  de  ILnfci;-*  x 

ViAH,  secrétaire    de    la    «-x-.Ae  *•: 
Flammarion,  de  Xaj^c.Ile  —  V.-  ; 

lumière  zodiacale.  71.  —  Mer.-'r 

226. 

ViCAiBE.  —  Températaj«  solaire.  'Ci. 

ViMoirr  (Eugène),  directear  d-:  U  Soc.-  >  •: 
tUique  Flammarion,  a  \rz\.rLià=,  .*:'  - 
Sa  collaboration  a  la  Revue',,  rf  S.  —  >  • 
valions  astronomiques  de  cbaqse  -  -  • 
74,  113,  155,  195.  235,  273.  314, 354. 1^.*-  . 
—  Le  Tornado  de  l'Orne,  147.— La  Tr  -  - 
l'Orne,  459. 


VoGEL.  —  Etude  spectroscopique  de  b  î^ -'•  - 

étoile  d'Andromède,  409. 
Waonek  (colonel).  —  ConstnictioDdcLaii:.- 

cadran  solaire  de  Nice,  402. 
Walkeb  (Miss).   —  Légers  tremWemecîî   : 

terre,  232. 

Wakd.    —  Première    observation  de  1 
apparue  dans  la  nébuleuse  d*Aodn>J2r Je,. • 

WiTH.  —  Miroir  d'un  télescope,  41. 
Zabokowski.  —  Animaux  antédiluviens.  ^>^ 

gigantesques  proportions,  258. 
Zaccone.  —  Eclipse  totale  de  Lune  da  k  octoi'rt 

1884,  25. 
ZoLLNEB.  —  Recherches  Pholométriques  sur  ic» 

anneaux  de  Saturne,  7^. 


FIN  DK  LA    QUATRIÈME    ANNÉE. 


Paris.  —  Inip.  Gauthier- Villar»,  55,  quai  des  Grands-Augustins. 


488 


TABLE  DES   AUTEURS. 


RAPPA.RD.  —  Observation  du  disque  lunaire 
pendant  Téclipse  du  4  octobre  1884, 27. 

Reisbt.  '^  Acide  carbonique  de  l'air,  230. 

Renakd  (capitaine).  —  La  direction  des  ballons, 
35. 

Rennes  et  fils.  —  Astronomie  popularisée,  233. 

Renou.  —  Tremblement  de  terre,  430. 

Rey  de  Morànoe  —  Principale  cause  des  trem- 
blements de  terre  d'Espagne,  96. 

Ricco.  —  Observation  de  la  nouvelle  étoile 
apparue  dans  la  nébuleuse  d'Andromède,  364. 

RiGOD,  président  de  la  société  astronomique 
du  Rhône.  —  Tremblement  de  terre  a  Lyon, 
33. 

RiNCK.  —  Fer  du  Groëland,  243. 

RivEAU.  —  Secousse  terrestre  observée  à  Anne- 
zay,  94. 

Ross  (John).  —  Découverte  de  fer  nickelé,  243. 

RoULET  (Edmond).  —•  Le  cataclysme  de  Kraka- 
toa  entendu  dans  les  trois  ilôts  des  Caïmans, 
près  Cuba,  383. 

Rousseau.  —  La  vie  au  fond  des  mers,  256. 

RuDOLPH.  —  Fer  nickelé  du  Groenland,  243. 

Russell,  directeur  de  l'Observatoire  de  Sidnoy. 
—  Carte  météorologique  de  l'Australie,  423. 

Sainte-Claire  Deville.  —  Température  so- 
laire, 421. 

Sandick  (van),  ingénieur.  —Eruption  du  Kra- 
katoa,  mouvements  du  sol,  33.  —  L'Astrono- 
mie chez  les  Javanais,  367. 

Santa  (D'  de  Pietra).  —  Victimes  de  la  foudre, 
229. 

Sauvage.  —  Edition  des  ReptileSt  de  Brehm,  256. 

Saxbt.  —  Vif  éclat  de  la  nébuleuse  d'Andro- 
mède, 408. 

ScHJELLERUP.  —  Observation  d'une  éclipse 
totale  de  Lune,  23. 

Schmidt.  —  Découverte  des  points  sombres  de 
la  surface  lunaire,  308. 

ScHMOLL.  —  Apparition  d'une  étoile  dans  la 
nébuleuse  d'Andromède,  364. 

ScHULZE.  —  Acide  carbonique  de  l'air,  230. 

Sesligbr.  —  Recherches  sur  les  anneaux  de 
Saturne,  72. 

SiiDANOW.  —  Parallaxe  d'Aldébaran,  3t2. 

Smith  (Laurence).  —  Analyse  de  roches  asso- 
ciées au  fer  du  Groenland,  244. 

Stbenstrop.  —  Mission  au  Groenland,  244,  245. 

Stéphan,  astronome  à  l'Observatoire  de  Mar- 
seille. —  Observations  du  disque  lunaire, 
pendant  l'éclipsé  totale  du  4  octobre  1884,  26. 

Stoel.  à  Harlem.  —  Tremblements  de  terre, 
183. 

Stoppani.  —  Glaciers  des  Alpes,  343. 

Struve  (Otto).  —  Mémoire  sur  la  parallaxe 
d'Aldébaran,  106,  312. 

Struve  (William).  —  Mouvement  propre  d'une 
étoile  de  11*  grandeur,  voisine  d'Aldébaran, 
102,  103,  104. 

Tacchini.  —  Lueurs  crépusculaires,  couronne 
solaire,  426. 


Tardy,  géologue  à  Bourg-en-Bresse.  —  Mou- 
vements lents  du  sol,  230. 

Teicpel.  —  Observation  de  la  comète  d'Encke, 
71.  —.Observation  de  la  nébuleuse  d'Andro- 
mède,  409. 

Thibault.  —  Obserx^ation  do  l'étoile  apparue 
dans  la  nébuleuse  d'Andromède,  363, 409. 

Thollon,  Observatoire  de  Nice.  —  Tremble 
ment  de  terre  du  27  novembre  1884,  près  de 
Nice,  31.  —  Curieux  spectre  solaire,  210. 

Thomson  (sir  William)  —  Accélération  du  mou- 
vement de  rotation  de  la  Terre,  230. 

Thore.  —  Observation  du  disque  de  la  Lunt.' 
pendant  l'éclipsé  totale  du  4  octobre  1884,  T,. 

TowNE,  astronome^  à  Sons.  —  TremblcmenU 
de  terre,  183. 

Tremeschini.  —  Propagation  des  tremblcmeoU 
déterre,  429. 

Trépied.  —  Observation  de  la  comète  d'Encke, 
71. 

Trouvelot,  astronome  à  l'Observatoire  de 
Meudon.  —  Observation  du  disque  luoairv 
pendant  Téclipse  totale  du  4  octobre  188S,  '2J. 

—  Tremblements  de  terre  et  secousses.  IW. 

—  Murs  énigmatiques  observés  a  la  surface 
de  la  Lune,  212.  —  Observatioas  de  laoï-bu- 
leuse  d'Andromède,  365.  —  Etoile  nouvolk'- 
ment  allumée  dans  la  graade  acbuleun- 
d'Andromède,  403. 

Tuttle.  —  Comète  télescopique,  35i 

Vacquerie   (Charles).  —  Mort  accideotcUc  i 

l'arrivée  du  mascaret,  285. 
Vallaure  (Félix).  —  Secousses  terrestres  a 

Linarès,   64.  —  Tremblements  de  terre  en 

Espagne,  82, 83,  183. 

VÉLAIN.  —  Les  volcans  du  globe,  191. 

Vbrbeck.  *  Catastrophe  de  Krakatoa,  384. 

Vian,  secrétaire  de  la  société  scientiûque 
Flammarion,  de  Marseille.  —  Visibilité  dtr  li 
lumière  zodiacale,  71.  —  Mercure  arœiUu. 
226. 

Vicaire.  —  Température  solaire,  421. 

ViMONT  (Eugène),  directeur  delà  Société  scien- 
tiflque  Flammarion,  a  Argentan  (Ornei.  - 
Sa  collaboration  à  la  Revue,  3  et  23.  -  Obser- 
vations astronomiques  de  chaque  mois,  3j. 
74,  113,  155,  195,  23S,  273,  314, 354, 3a4. 43?,  i:;^. 

—  Le  Tornado  de  l'Orne,  147.  —  La  Trombe  de 
l'Orne,  459. 

VoGEL.  —  Etude  spectroscopique  de  la  nouvdie 

étoile  d'Andromède,  409. 
Waoner  (colonel).  —  Construction  de l'ancicu 

cadran  solaire  de  Nice,  402. 
Walker  (Miss).   —   Légers  tremblements  lie 

terre,  232. 
Ward.   —  Première    observation  de  l'étoiU' 

apparue  dans  la  nébuleuse  d'Andromède,  ^^^ 

WiTH.  —  Miroir  d'un  télescope,  41. 
Zaeorowski.  —  Animaux  antédiluviens,  au* 

gigantesques  proportions,  258. 
Zaccone.  —  Eclipse  totale  de  Lune  du  4  octobre 

1884,  25. 
Zollner.  —  Recherches  Pholométriques  sur  le» 

anneaux  de  batume,  7^. 


FIN  DE  LA    QUATRIÈME    ANNÉE. 


Paris.  —  Imp.  Gauthier- Villars,  55,  quai  des  Grands-Auguslins. 


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